Le 23 novembre dernier, au tout premier jour de la grève générale illimitée des enseignantes et enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Gaétan Barrette a déclaré, sur les ondes de l’émission La Joute, à TVA, que le conflit se règlerait « avec du cash», en ce sens où une hausse salariale acceptable ramènerait le personnel enseignant en classe 1. Ma réaction fut immédiate : pas cette fois. Les troupes sont trop mobilisées et déterminées à aller jusqu’au bout pour améliorer les conditions de travail abominables dans lesquelles nous baignons depuis des années, me disais-je.
J’ai été naïf.
La hausse salariale nous assure le maintien de notre pouvoir d’achat pour les cinq prochaines années. C’est considérable quand on estime qu’une forte majorité de contribuables québécois n’obtiendront pas ce privilège. Toutefois, le reste de l’entente assure également le maintien de la dégradation de nos conditions et ne contribuera aucunement à ralentir la saignée du personnel scolaire. Tout ce qui, sur papier, peut ressembler à une avancée dans cette entente est assorti de conditions tellement hors du réalisme que la concrétisation s’avérera au mieux improbable, voire impossible.
Et ça, tout le monde dans le milieu de l’éducation en est conscient. Il reste que l’appât du revenu annuel dans les six chiffres a relégué le reste au second plan pour une majorité. Une courte majorité, mais une majorité tout de même. Pour moi, Jean-Frédéric Martin, c’est presque avantageux lorsque j’observe la situation avec un regard strictement égocentrique. J’écoulerai les trois années qui restent à ma carrière en collectant une augmentation rétroactive d’un an, ce qui bonifiera considérablement mon fonds de retraite. Mais je suis inquiet et très préoccupé pour mes jeunes collègues et pour l’avenir de ma profession.
Gaétan Barrette avait raison : c’est avec du cash que ça s’est réglé. Nous avons fait cinq semaines de grève pour ça.
1 Grève des enseignants: «Ça va se finir avec le « cash »». TVA, Montréal. Le 23 novembre 2023.
Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté
J’aurais bien sûr souhaité une issue différente. Je suis convaincu qu’une nouvelle ronde de négociations consécutive à un rejet de l’entente de principe aurait débouché rapidement sur davantage de gains. Cependant, la démocratie ne me décevra jamais.
Mais justement, après avoir lu et entendu tant de choses sur le sujet, le processus de consultation des instances de la FAE était-il démocratique ? Ma réponse est claire, oui.
Ce processus démocratique peut-il être amélioré ? Encore une fois, oui.
Patrick Lagacé a visé juste dans une de ses chroniques de la semaine dernière 2, les assemblées syndicales et les assemblées étudiantes possèdent plusieurs éléments communs qui se montrent complètement dépassés en 2024. Parmi ces éléments, on trouve le fait d’étirer les rencontres pour lester les personnes moins motivées et conserver en salle uniquement celles qui sont « crinquées » (selon l’expression de Lagacé).
Lors de notre rencontre locale, une enseignante a demandé que la période de votation soit prolongée afin de permettre à un maximum de collègues d’exprimer leur choix. On n’a même pas pu en faire une proposition parce que, semble-t-il, la logistique et la technologie ne permettaient pas de donner suite à ce souhait de l’enseignante. Le syndicat de la Haute-Yamaska (SEHY), dernière instance de la FAE à se prononcer, a pourtant pu le faire cette semaine.
Le processus de consultation que j’aimerais voir s’appliquer est le suivant :
- Inscription sur une liste de membres habilités à voter;
- Dépôt des documents et vidéo explicative sur un site intranet;
- Ouverture d’un forum de questions et réponses, actif jusqu’au moment du vote;
- Période de votation en ligne d’une durée de 24 à 36 heures, au plus tard une semaine après le début du processus;
- Ce processus serait identique et simultané pour toutes les instances.
Sur ce dernier point, la FAE et les mouvements syndicaux en général ont été beaucoup critiqués. On semble mal admettre que certaines instances puissent voter tout en connaissant les résultats de celles s’étant exprimées avant elles. Les élections fédérales canadiennes constituent pourtant un précédent très similaire, en ce sens où jusqu’à un passé plutôt récent, les électrices et électeurs de la Colombie-Britannique et de l’Ouest canadien pouvaient se rendre aux urnes en connaissant les premiers résultats dans les Maritimes, le Québec et l’Ontario.
Je réitère néanmoins que malgré les améliorations souhaitées, le mode de consultation se voulait démocratique. Je suis à même de constater que les résultats finaux, tant pour mon syndicat local que pour l’ensemble de la profession, reflètent ce que je perçois sur le terrain.
2 Lagacé, Patrick. La démocratie syndicalezzzzzzzzz. La Presse, Montréal. Le 26 janvier 2024.
Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté, 2e période
Jeudi soir, une amie m’a fait parvenir les dates des épreuves du ministère en français et en mathématiques. Ces dates venaient d’être publiées sur le site du ministère de l’Éducation. Ces épreuves ont généralement lieu entre la fin-mai et la mi-juin. Cette année, en raison de la grève, on a d’abord annoncé le report aux deux dernières semaines de l’année scolaire, jusqu’à l’avant-dernière journée du calendrier.
J’ai relayé l’information par télémessage à mes collègues de 6e année. S’en est suivi un cocasse échange de jurons sur nos écrans de cellulaires. Une seule journée pour la correction de cinq ou six volumineux examens, élèves n’ayant plus la tête ni le coeur à l’école, parents devançant les vacances estivales familiales pour épargner sur les billets d’avion, chaleurs insupportables dans des bâtiments non climatisés, etc. Sur les réseaux sociaux, on a de plus évoqué les sorties de fin d’année réservées, ainsi que les stages d’insertion déjà prévus.
Il a fallu moins de 24 heures pour que le ministère ne ramène ses dates à une plage plus raisonnable. Messieurs et mesdames les fonctionnaires du ministère de l’Éducation n’avaient pas vu tout ça, selon ce qui a été rapporté à La Presse. 3
Comme bien d’autres choses, messieurs et mesdames du ministère, comme bien d’autres choses.
3 Pilon-Larose, Hugo. Québec se ravise face à la grogne. La Presse, Montréal. Le 2 février 2024.
Dans le cours de musique
Je vais vous raconter une façon singulière de découvrir un artiste. Sur Facebook, dimanche, j’ai vu passer une publication commanditée qui m’a intrigué. Un jeune artiste offrait gratuitement, à qui en voulait bien, une cassette de son album. Oui, une cassette. Un virement de 5$ pour couvrir les frais postaux et je recevais, quelques jours plus tard, l’objet autographié, accompagné d’un code de téléchargement.
Cet artiste a pour nom Olivier Pépin, mais s’affiche sous celui de JALOUSE. Il compose par ordinateur, y mêlant quelques instruments. Le résultat donne un son très français, aux accents québécois. Le coup de marketing est réussi, j’ai fait une belle découverte musicale !
De l’album Nature morte, voici la pièce Caniche en laisse.
La bonne nouvelle de cette semaine
Il est toujours agréable de voir quelqu’un vaincre la maladie. Cette semaine marquait le retour de Sophie Thibault à l’animation du bulletin de nouvelles de 18 heures, à TVA. Ayant combattu un cancer de la peau, madame Thibault peut maintenant reprendre ses activités.