Je ne critiquerai pas Michael Rousseau, président et chef de la direction d’Air Canada, parce qu’il est unilingue anglophone. Je ne le critiquerai pas non plus parce qu’il n’a jamais appris la langue de Molière, malgré le fait que sa mère et sa conjointe soient francophones. Pas plus que je ne jugerai le fait qu’il vive en anglais, au Québec, depuis 14 ans. Avant de se raviser, il a mentionné qu’il n’avait pas l’intention d’apprendre le français ? C’est son droit le plus strict.
La pierre, les tomates, la pluie d’injures, les critiques sévères, c’est Air Canada qui les mérite. Jamais Michael Rousseau n’aurait dû être retenu pour ce poste s’il est incapable de s’exprimer dans les deux langues officielles canadiennes.
Depuis deux jours, l’histoire fait les manchettes. Et sur les réseaux sociaux, plusieurs ont raconté leurs mésaventures personnelles avec les difficultés de l’entreprise à servir adéquatement sa clientèle francophone. J’ai moi-même vécu cette mauvaise expérience avec eux. Je vous la résume.
Il y a une vingtaine d’années, j’effectuais la liaison Vancouver-Taipei sur un vol d’Air Canada. Comme pour toutes les traversées vers l’Asie, l’avion était gros et bondé. Mon voisin de siège était un homme d’affaires torontois. D’une gentillesse remarquable, il s’exprimait en deux langues, l’anglais et le mandarin. Aussi avons-nous tenu plusieurs conversations, dans la langue de Shakespeare, au cours des nombreuses heures qu’a duré notre voyage. Parmi les agents de bord, un seul s’exprimait en français. Choisissant mes combats, j’ai à plusieurs reprises préféré adresser en anglais mes demandes au personnel, plutôt que d’attendre que le seul membre d’équipage apte à s’exprimer dans ma langue ne se libère.
À l’époque, Air Canada éprouvait d’importantes difficultés financières et avait procédé à près de 4 000 mises à pied. Dans sa restructuration, l’entreprise avait annoncé vouloir sabrer dans ses services en français. Devant le tollé que cette déclaration avait suscité, elle avait pris la décision de sonder ses voyageurs. C’est ainsi qu’un court questionnaire écrit avait été soumis à tous les passagers du vol sur lequel je me trouvais.
À la question demandant si je tenais au maintien des services en français sur les vols d’Air Canada, j’ai bien entendu répondu par l’affirmative. Mais j’ai aussi convaincu mon voisin de siège de l’importance de maintenir ces services. Il a donc coché la même case que moi sur sa feuille. Le reste s’inscrit dans la lignée du mépris. Parce qu’il avait fourni cette réponse, on lui a affecté l’agent de bord s’exprimant en français, prétextant qu’il avait exigé d’être servi dans cette langue. J’ai dû servir d’interprète, non sans faire remarquer à l’employé le ridicule de la situation.
Le manque d’égard d’Air Canada envers sa clientèle francophone est établi depuis longtemps. Depuis les derniers jours, certains recommandent de boycotter la compagnie, ce qui s’avérerait plutôt difficile. Disposant d’un quasi-monopole, le transporteur s’impose souvent comme le seul choix vers plusieurs destinations.
La vigilance et la pression populaire demeurent essentielles. Et quand les acteurs politiques se mêlent au débat, comme c’est le cas actuellement, le mouvement de masse prend de la puissance. C’est, selon moi, la meilleure façon de faire passer le message.
Et je cite :
« Je leur dis : apprenez le Québec par cœur. Vous avez la langue, vous en avez parfois deux, c’est très très précieux. Dans le mot « apprendre », il y a le mot « prendre ». Bien apprendre sa langue, c’est prendre le pays. »
Gilles Vigneault, le 31 octobre 2021.
Dans le cours d’univers social
Croyez-le ou non, j’ai déjà soutenu financièrement le Parti communiste français. Sur une longue période, en plus. Précisons tout de suite que c’était à mon insu et que j’étais jeune. Pas jeune adulte, mais enfant et préadolescent.
Peut-être l’avez-vous fait aussi, à bien y penser.
Chaque semaine, je courais au dépanneur du coin pour me procurer le dernier numéro de Pif Gadget, un magazine français qui offrait, à chaque parution, un petit jouet à assembler ou une expérience scientifique à réaliser. Toutefois, le bidule était secondaire pour moi. Je dévorais la revue d’une couverture à l’autre. C’est beaucoup à partir de cette lecture hebdomadaire que j’ai développé ma culture générale.
Mais voilà, Pif Gadget était publié par le Parti communiste français. C’est quelque chose que j’ai appris au cours des dernières années, quand la chaîne Arte a diffusé un reportage sur le phénomène.
Voir la bande annonce du reportage d’Arte
En repensant à tout ce que j’y ai lu et appris, je constate que le magazine prêchait des valeurs humanistes, innovatrices pour l’époque, comme le respect des minorités et l’écologie. On était loin de l’endoctrinement politique. Je préfère penser que c’est ce que mon argent de poche a contribué à promouvoir.
Dans le cours de musique
Je l’ai déjà mentionné, je suis un inconditionnel de Klô Pelgag. Son talent est indéniable. Non seulement peut-elle adopter tous les styles, mais sa voix enchanteresse rend admirablement bien les vers qu’elle écrit sur les mélodies qu’elle compose. Avec son album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, lancé l’an dernier, elle sera sans doute l’artiste la plus récompensée au Gala de l’ADISQ, ce dimanche. De cet album, voici Mélamine, en #musiquebleue.
La bonne nouvelle de cette semaine
Les gouvernements québécois et canadien investiront conjointement une somme totale de 5 milliards $ afin d’aider le Québec à atteindre son objectif d’électrifier 55 % de son parc d’autobus, d’ici la prochaine décennie. Qui plus est, les entreprises québécoises Novabus et Lion Électrique seront mises à contribution pour la construction des nouveaux véhicules.
Une fois l’objectif atteint, ce sont 131 500 tonnes de CO2 qui, annuellement, cesseront d’être produites. La beauté de la chose, c’est que le Québec possède toutes les ressources pour s’affirmer comme chef de file dans ce créneau technologique.