Billet du 27 mai 2022 : Pendant ce temps, au Texas…

L’histoire se répète.

Et je cite :

« L’unique possibilité d’arrêter un gars méchant portant une arme, c’est un gars gentil avec une arme. »

Wayne LaPierre, vice-président exécutif de la National Rifle Association (NRA), le 21 décembre 2012, une semaine après la tuerie à l’école primaire Sandy Hook, au Connecticut.

Du même souffle, à l’époque, Wayne LaPierre avait exigé qu’on poste un policier armé à l’intérieur de chaque école des États-Unis.

Si, au moment où j’écris ces lignes, la NRA n’a toujours pas réagi suite à l’attentat d’Uvalde, certains de ses sympathisants, comme le sénateur Ted Cruz, n’ont pas tardé à le faire. En plus de revenir avec l’option du policier armé, cet hurluberlu a demandé à ce que toutes les nouvelles écoles construites ne disposent que d’un seul accès, voire une seule porte d’entrée et sortie. Je me demande ce que son service des incendies en pense.

Farfelue, l’idée de Cruz ? C’est le moins qu’on puisse dire. Mais que penser de celle du procureur général de son état, Ken Paxton, qui prône l’armement et la formation en maniement obligatoire de tous les enseignants ? Pas certain que mes consœurs et confrères du sud de la frontière soient très chauds à l’idée d’ajouter cette corde manquante à leur arc.

Fusillade dans une école au Texas : un élu républicain propose d’armer les enseignants

Il y a quand même quelques incongruités sur lesquelles les élus américains devraient se pencher avant de chercher à imposer des solutions irréfléchies. Que le deuxième amendement de leur constitution leur garantisse le droit de porter une arme est une chose. Mais à l’époque de son adoption, les armes devaient encore être bourrées à la poudre explosive avant d’être utilisées. On était loin des armes automatiques et semi-automatiques d’aujourd’hui.

Ensuite, est-ce normal de constater qu’une personne de 18 ans puisse se procurer ce genre d’arme en toute légalité, mais que cette même personne doive encore patienter trois ans, jusqu’à 21 ans, avant de pouvoir acheter ou consommer de l’alcool ?

Est-ce normal de pouvoir se procurer une arme d’assaut aussi facilement aux États-Unis, mais que la vente des chocolats Kinder Surprise y soit interdite sous prétexte que le jouet qu’ils contiennent risque d’étouffer les enfants ?

La Cour suprême des États-Unis s’apprête à renverser un arrêt historique vieux de 49 ans et à criminaliser de nouveau l’avortement. D’un autre côté, les tragédies de Sandy Hook et d’Uvalde ont, à elles seules, causé la mort de 48 personnes, presque toutes des enfants. Entre les deux événements, il s’est produit 71 autres tueries de masse, avec des armes à feu, chez nos voisins du Sud (source : Statista.com). C’est donc dire que ce pays cherche coûte que coûte à protéger l’enfant qui se trouve dans l’utérus de sa mère, au détriment des droits de cette dernière, mais n’est pas foutu de le faire convenablement une fois qu’il en est sorti. Et ce pays prétend être celui de toutes les libertés.

Actuellement, aux yeux du reste du monde, il se couvre de ridicule. Un ridicule meurtrier.


Dans le cours de français

Dans ma classe, cette semaine, j’ai donné un cours sur l’apostrophe. Lorsque je l’ai annoncé, certains de mes élèves ont réagi : «Avons-nous vraiment besoin de revoir l’apostrophe en 6e année?»

À la lumière des textes que je corrige, oui. Une erreur qui revient très souvent est celle du si il ou du si ils. Devant le pronom personnel masculin de la 3e personne, tant au singulier qu’au pluriel, le i du si doit s’élider et être remplacé par une apostrophe.

C’est d’ailleurs le but de l’apostrophe : indiquer qu’une voyelle a été supprimée dans un mot. L’emploi le plus fréquent est avec les déterminants la et le qui, devant un nom ou un adjectif commençant par une voyelle ou un h muet, devient l’. En fait, tous les mots se terminant par un a ou un e précédant un mot commençant par une voyelle ou un h muet doivent voir leur a ou leur e céder leur place à l’apostrophe.

Une notion que mes élèves trouvaient si simple se complexifiait soudainement. Quelques exercices auront tôt fait de leur rendre leur assurance.

Il est à noter, en terminant, que le mot apostrophe est de genre féminin.


Dans le cours de musique

Un peu de jazz, pas mal de country et beaucoup de rock. Ajoutez des paroles crues et une pincée d’humour et vous obtenez la recette des pièces musicales de Bill Boquet. Après quelques simples, le groupe nous arrive avec un premier album complet, intitulé Ailleurs qu’icitte. Longtemps après Le moustique de Joe Dassin, voici, en #musiquebleue, Le maringouin. C’est signé Bill Boquet.

Bill Boquet – Le maringouin – Ailleurs qu’icitte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il peut aussi se produire de très bonnes choses au Texas. Par exemple, une enzyme, mise au point par un groupe de scientifiques de l’Université du Texas à Austin, aurait la faculté de dévorer le plastique et le liquéfier en moins de 24 heures. Ceci constitue une avancée importante dans la lutte pour contrer la crise du plastique. Enfin une bonne nouvelle pour l’environnement.

Lire le reportage de l’American Chemical Society (en anglais).


Billet du 20 mai 2022 : Les saisons du cœur

Cette semaine, deux classiques de la musique québécoise me sont venus en tête. D’abord, l’album Si on avait besoin d’une cinquième saison, d’Harmonium. Ensuite, celui de Daniel Bélanger, Quatre saisons dans le désordre.

Pour être franc, la musique de ces deux œuvres, bien qu’excellente, demeure ici plutôt secondaire. Ce sont les titres des albums qui, en ce qui me concerne, s’accolent parfaitement à la météo des derniers jours. J’ai entendu certaines personnes qualifier mère Nature à l’aide d’épithètes frôlant la violence verbale, alors que d’autres l’affublaient d’un trouble mental en particulier.

La réalité climatique rattrape l’humanité, l’évidence s’affiche dans toutes les actualités. Mais plutôt que d’entendre les sobriquets à l’endroit de mère Nature, je préfère m’en remettre au génie d’Harmonium et de Daniel Bélanger. C’est ce qui permet, l’espace d’un court moment, Le Déni de l’évidence. Ça, c’est de Mes Aïeux.


Dans le cours de français

Au Québec, le mot garde-robe possède les deux genres. On peut l’employer tant au masculin qu’au féminin. Mais qu’en est-il de son pluriel ? On doit écrire garde-robes, le garde demeurant invariable. Même chose pour garde-fou qui, au pluriel s’écrit garde-fous.

Par contre, garde-chasse et garde-côte forment leur pluriel en accordant le garde. Ils doivent donc s’écrire gardes-chasse et gardes-côte.

Pourquoi cette distinction ?

Quand le garde désigne un objet qui réfère au verbe garder, cette portion du mot composé reste invariable. Toutefois, lorsqu’il prend la signification de gardien, s’appliquant alors à une personne, il doit s’accorder.

Il demeurera ainsi invariable pour les pluriels de garde-boue et de garde-manger. Notez cependant que la boue et la nourriture ne pouvant être dénombrées, on écrira des garde-boue et des garde-manger, en n’accordant aucune des deux parties du mot composé.


Dans le cours de mathématiques

Comment calculer un pourboire ? À qui doit-on le donner ?

Quiconque ayant le moindrement voyagé a pu le constater, les Canadiens en général et les Québécois en particulier ont la réputation d’être plutôt avares en ce domaine. Personnellement, je me rends compte que je laisse parfois un pourboire à quelqu’un qui n’en attend pas. Et j’hésite régulièrement entre le montant fixe ou le pourcentage de la facture.

Cette semaine, j’ai pu voir passer un reportage du journal 24 heures qui, en quelques paragraphes, démystifie la science du pourboire. Je l’ai sauvegardé dans mes favoris. Si cela peut vous être également utile, en voici la référence.

Coiffeur, livreur, barista: voici un guide pour savoir combien il faut donner de pourboire (et à qui) – 24heures.ca


Dans le cours de musique

Voici une belle découverte pour moi. Il s’agit d’Éric Charland, un auteur-compositeur-interprète qui a lancé la semaine dernière un premier album complet, Maladresse. Un rock québécois qui résonne, propulsant des paroles qui raisonnent, cette œuvre possède tout ce qu’il faut pour me plaire.

Finaliste au Festival international de la chanson de Granby ainsi qu’au concours Ma première Place des Arts, Éric Charland a remporté des prix aux Francofolies de Montréal, de même qu’au Festival en chanson de Petite-Vallée. En #musiquebleue, voici la pièce Ça va.

Éric Charland – Ça va – Maladresse – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il est de ces initiatives, portées par de jeunes personnes, pour lesquelles je manque de qualificatifs tellement elles m’impressionnent. À l’âge de 8 ans, en 1990, Alisha Wissanji a commencé à enseigner le français et les mathématiques aux enfants d’une famille afghane que ses parents avaient accueillie, dans sa ville natale de Granby. Dès lors, elle n’a jamais cessé de pourvoir à l’éducation d’enfants défavorisés.

Est-elle devenue enseignante au primaire ? Aucunement !

Après des études supérieures (elle possède un doctorat et un postdoctorat), Alisha Wissanji enseigne dans un cégep. Mais c’est à travers une fondation qu’elle a créée, la Fondation W., qu’elle continue son œuvre. Tous les samedis matin de l’année scolaire, des autobus emmènent les élèves bénéficiaires vers un cégep près de chez eux, où des cégépiens volontaires leur offrent d’abord le petit-déjeuner, avant d’entreprendre une journée de mentorat en français et en mathématiques.

Il existe une multitude d’exemples de jeunes ayant développé un emploi d’été au point de le convertir en PME. Le cas de Alisha Wissanji, qui a découvert sa vocation à l’âge de 8 ans et qui y a ensuite investi temps et énergie, est loin d’être unique. Toutefois, il mérite plus d’attention qu’il n’en a reçu jusqu’à maintenant. C’est toute une communauté qui en récoltera les bénéfices.


Billet du 13 mai 2022 : Anges et démons

Récapitulons :

D’un côté, Vladimir Poutine et ses sbires menacent l’occident de représailles nucléaires si elle continue d’aider l’Ukraine. D’un autre côté, l’armée russe serait sur le point de faire appel à ses réservistes pour aller combattre dans ce pays qu’elle attaque depuis février, et dont la prise ne devait être que formalité.

Poutine jappe fort et montre ses crocs. Mais en ne parvenant pas à s’imposer face à un seul état qu’il attaque, je l’imagine mal réussir à le faire devant les forces de l’OTAN.


Les décès de Mike Bossy et de Guy Lafleur en ont éclipsé deux autres, ceux des comédiens Yves Massicotte et André Richard, qui ont ainsi été soulignés de bien modeste façon. Avec leur envol, c’est tout un pan de ma jeunesse qui continue de s’éteindre. Le premier s’est fait connaître sous les traits de Centour, dans une des premières émissions produites par le ministère de l’Éducation du Québec. Le second a personnifié Fanfan Dédé.

Quant à André Arthur, contrairement à beaucoup d’autres, je me suis gardé d’émettre des commentaires sur les réseaux sociaux, à la suite de son décès. C’est cependant Dany Turcotte qui a le mieux exprimé ce que j’aurais eu envie d’écrire.

Et je cite :

« André Arthur est décédé. Un grand communicateur, un talent immense malheureusement au service du cynisme improductif ! Que l’on se repose en paix ! »

Dany Turcotte, humoriste et animateur, le 9 mai 2022.

Dans le cours de français, première période

Mes yeux d’enseignant ont saigné, cette semaine, quand j’ai aperçu une horreur orthographique dans le congélateur d’un supermarché près de chez moi.

(Photo d’un emballage alimentaire)

Constatez-vous la faute ?

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû voir «Porc effiloché style carnitas», et non «Porc éffiloché style carnitas». On ne doit jamais (jamais x 1000) mettre un accent aigu sur un e précédent une double consonne.


Dans le cours de français, deuxième période

Un jeune rorqual s’est pointé à Montréal, dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, cette semaine. Quelques jours plus tard, un deuxième rorqual est venu l’y rejoindre. Il y a maintenant deux rorquals ou deux rorquaux ?

Il y a bien deux rorquals. Ce mammifère possède un nom en -al qui fait son pluriel en -als, contrairement à la plupart des autres. En passant, il est faux de prétendre que chevals est maintenant accepté dans l’orthographe française. La seule façon d’écrire cheval au pluriel est chevaux.


Dans le cours d’anglais

J’ai éclaté de rire, jeudi, quand j’ai vu passer cette publication du prolifique auteur américain Stephen King, sur Twitter.

Qu’est-ce qui avait bien pu inciter le maître de l’horreur à emprunter une expression aussi québécoise, doublée de l’accent, par-dessus le marché ?

La réponse se trouvait dans son gazouillis précédent.

Traduction : «Si les hommes pouvaient porter des bébés, l’avortement serait un sacrement.»

Monsieur King a ainsi voulu corriger sa faute de frappe, ayant sauté le premier a de sacrament, façon d’écrire sacrement dans la langue de Shakespeare. Si je me fie aux nombreux commentaires, son erreur, bien innocente, a amusé tout un pan de la twittosphère !


Dans le cours de musique

Il y a environ un an, dans cette rubrique, je vous suggérais la pièce Bateaux, une première composition originale pour Marilyne Léonard. Sa voix et son style, tant dans les paroles que pour sa musique, avaient alors su capter mon attention. La semaine dernière, la jeune artiste a lancé son premier album, Vie d’ange. Dans la même lignée que Bateaux, j’ai savouré tous les titres.

Cette semaine, je me gâte en vous proposant un blues qui en est extrait, Seule.

Marilyne Léonard – Seule – Vie d’ange – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Merveilleuse histoire que celle de Gerda Cole et de Sonya Grist. La première est âgée de 98 ans. Elle en avait 18 lorsqu’elle a donné naissance à la seconde, en Angleterre, avant de la confier à l’adoption et de migrer vers le Canada, où elle a obtenu trois diplômes universitaires.

Les deux cherchaient à se retrouver depuis plusieurs années. Le contact a finalement été établi grâce aux recherches du fils de madame Grist, et la rencontre s’est concrétisée à Toronto le samedi 7 mai, veille de la fête des Mères.

Lire le reportage sur radio-canada.ca