Billet du 29 mars 2024 : Quelque chose de beau

Le printemps 2024 est arrivé le 19 mars dernier. La pleine lune, c’était le 25 mars. Le Québec célébrera donc Pâques ce dimanche 31 mars. Pourquoi ? Parce que, dans les États à tradition chrétienne, sauf chez les orthodoxes, Pâques est célébrée le dimanche suivant la première pleine lune du printemps.

Dans le monde de l’éducation, la fin de semaine de Pâques marque le début de la dernière étape de l’année scolaire. C’est à partir de cette date, qu’elle arrive en mars ou en avril, que le calendrier semble s’accélérer et nous propulser vers les vacances d’été, après avoir traversé une série d’examens et d’activités éducatives, à l’école ou ailleurs.

Plusieurs y voient une période intense, marquée par le stress, alors que d’autres y savourent un compte à rebours bien amorcé. Dans un cas comme dans l’autre, c’est le soleil, la verdure, l’air frais et les chants d’oiseaux qui se pointent. Quelque chose de beau renaît.


Dans le cours de français

Éric Duhaime se montre très actif sur les réseaux sociaux. J’ai déjà constaté des fautes bien pires sur certaines de ses publications, mais une a attiré mon attention, au cours des derniers jours.

#LeProfCorrige

Bon. Il y a d’abord « la gang », dans le quatrième paragraphe. Je soulignerais l’expression à grands traits rouges si elle était employée dans le travail d’un de mes élèves, mais c’est surtout sur une erreur au paragraphe suivant que je veux attirer votre attention.

« Les Québécois ne veulent pourtant rien savoir des libéraux centralisateurs, ni d’un 3e référendum perdant du PQ. »

La conjonction ni, qu’on emploie pour exprimer une négation, ne doit pas être précédée d’une virgule dans une phrase. On aurait donc dû lire :

« Les Québécois ne veulent pourtant rien savoir des libéraux centralisateurs ni d’un 3e référendum perdant du PQ. »


Dans le cours de français, deuxième période

Une expression heurte mes oreilles chaque fois que je l’entends. Cette semaine, elle a été prononcée par Paul Larocque, sur les ondes de TVA Nouvelles, ainsi que par Évelyne Charuest, à ICI Première. Les deux ont évoqué le « domaine pécunier ».

#LeProfCorrige

Quelle terrible faute ! L’adjectif s’écrit et se prononce pécuniaire. On aurait donc dû entendre « le domaine pécuniaire ». Cette erreur est tellement courante que je commence à craindre que l’usage en modifie la règle.


Dans le cours de musique

Un premier album tout en contraste pour le Montréalais Olivier Faubert. Neuf chansons aux paroles mélancoliques ou carrément tristes, sur des musiques rythmées et entraînantes. Voici la huitième plage de l’album, Perséides.

Olivier Faubert – Perséides – Pour ne pas mourir en hiver – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

C’est un véritable conte de fées.

Elle, 40 ans, Américaine, ex-patineuse artistique qui, 16 ans après avoir quitté son sport, écoule des jours heureux en administrant une boutique de manucure et d’esthétisme.

Lui, 32 ans, Québécois aux prises avec un trouble du déficit d’attention doublé d’hyperactivité (TDAH), se cherche désespérément une partenaire de danse sur glace pour poursuivre une carrière amateur en couple.

Elle enfile de nouveau les patins, ils se rencontrent, la chimie opère ! Deanna Stellato-Dudek et Maxime Deschamps ont remporté la médaille d’or en couple lors des Championnats du monde de patinage artistique tenus à Montréal, la semaine dernière. C’était contre toute attente.

Madame Stellato-Dudek, qui baragouine quelques mots de français, attend maintenant sa nouvelle citoyenneté : celle qui lui permettra de représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver de 2026 en Italie. Elle sera alors âgée de 42 ans.


Billet du 22 mars 2024 : Des chiffres (absents) et des lettres (doublées)

Il y a plusieurs années, j’avais vu un reportage à la télévision de Radio-Canada. On y expliquait que les nouvelles annonçant le décès d’un grand nombre de personnalités, toujours vivantes, étaient déjà montées et conservées quelque part dans une voûte de la société d’État. Ainsi, lorsque le décès survient, on n’a qu’à récupérer les bandes, mettre à jour la surimpression et envoyer le tout, très rapidement, à la salle de l’information.

Dans cette même émission, on a laissé Pierre Bourgault, qui était encore bien vivant, visionner et commenter son propre reportage nécrologique. Il l’avait fait avec la verve, l’esprit critique et la dose d’humour qu’on lui connaît.

Je présume qu’il en est de même pour les parutions en ligne sur Radio-Canada.ca, selon ce que j’ai pu constater mercredi, lors du décès d’Yves Michaud. Même si le sujet a été préparé, il faut procéder à une dernière relecture pour assurer un professionnalisme minimal avant de le diffuser. Voici ce qui a été publié :

On a fini par remplacer la parenthèse par 2024, quelques heures plus tard. Mais sur mon téléphone cellulaire, à tout le moins, l’alerte de Radio-Canada a été la première à s’afficher. À vouloir à tout prix remporter la course contre la montre, c’est celle du travail sérieux et compétent qu’on se met à risque de perdre.


Dans le cours de français

Il y a des enseignants qui nous marquent plus que d’autres. Si mon style d’enseignement est fortement influencé par celui de mon enseignant de français de première secondaire, ma professeure de sixième année m’a laissé quelques conseils utiles pour transmettre les règles de l’orthographe.

Elle est celle qui nous disait qu’on avait beau avoir deux yeux, il n’en faut qu’un seul pour apercevoir. Le verbe apercevoir ne prend donc qu’un seul p. Par contre, il faut deux mains pour applaudir. Le verbe applaudir en prend donc deux.

J’ai pensé à elle lorsque j’ai vu apparaître ceci sur un de mes réseaux sociaux, cette semaine.

J’ignore la source, mais je l’en remercie !


Dans le cours de musique

Quand Maude Audet arrive avec du nouveau matériel, je me le procure et je l’écoute. Et presque toujours, j’en diffuse un extrait ici. Elle nous fait cadeau, cette semaine, d’un mini-album de trois chansons. Il s’intitule tout simplement Chansons pour toi. En mettant le titre au singulier, on obtient celui de la pièce que je vous suggère, Chanson pour toi.

Maude Audet – Chanson pour toi – Chansons pour toi – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il faut avoir côtoyé quelqu’un souffrant de fibrose kystique pour comprendre à quel point cette maladie a un impact colossal non seulement sur la personne malade, mais aussi sur sa famille. Les recherches des dernières années ont permis de déboucher sur des avancées importantes qui leur donnent de l’espoir et améliorent grandement leur qualité de vie.

Le Trikafta est un médicament qui agit sur la source de la maladie, plutôt que sur ses symptômes. Il permet de liquéfier les muqueuses et d’éviter nombre d’infections chez les gens atteints de fibrose kystique. Plus de 90 % d’entre eux peuvent le recevoir. Il n’agit toutefois pas sur les dommages déjà causés.

C’est pourquoi Fibrose kystique Canada demande aux provinces et aux territoires de rembourser ce médicament prescrit aux enfants âgés de 2 à 5 ans. On estime ainsi pouvoir permettre à plusieurs d’entre eux de vivre une vie presque normale. Jusqu’ici, depuis l’automne dernier, l’Alberta, la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Nunavut ont répondu favorablement.


Billet du 15 mars 2024 : Économies de bouts de chandelles

Cinq jours après le passage à l’heure d’été, ressentez-vous encore les effets de ce changement ? De mon côté, j’ai l’impression que oui. Chez mes élèves, c’est indéniable. Quant à mon chien, c’est terrible.

Il faut remonter dans le temps de deux siècles et demi pour trouver les origines du changement d’heure. C’est Benjamin Franklin qui, le premier, aurait proposé cette solution pour économiser des chandelles, à l’époque. Ce n’est cependant que durant les deux Guerres mondiales que l’usage s’est propagé un peu partout sur la planète, toujours pour des raisons d’éclairage et d’économies d’énergie.

Cette réalité est-elle toujours actuelle ? Selon des études récentes européennes, les changements d’heure entraîneraient effectivement des économies modestes dans l’éclairage, mais pas dans le chauffage ni la climatisation 1. Toujours les mêmes économies de bouts de chandelles !

D’un autre côté, depuis les dernières années, plusieurs scientifiques et intervenants du domaine médical évoquent les effets néfastes des changements d’heure chez l’humain.

Enfin, la météorologue Ève Christian a publié ceci sur X, anciennement Twitter, cette semaine :

Le changement d’heure, vous, ça vous fait quoi ?

-> Actuellement, AVEC les changements d’heure :

  • le soleil se lève le plus tôt à 5 h 5 (l’été) et le plus tard à 7 h 35 (l’hiver)
  • le soleil se couche le plus tard à 20 h 48 (l’été) et le plus tôt à 16 h 11 (l’hiver)

-> Si on était à l’HEURE NORMALE à l’année :

  • le soleil se lèverait le plus tôt à 4 h 5 (l’été) et le plus tard à 7 h 35 (l’hiver)
  • le soleil se coucherait le plus tard à 19 h 48 (l’été) et le plus tôt à 16 h 11 (l’hiver)

-> Si on était à l’HEURE AVANCÉE à l’année :

  • le soleil se lèverait le plus tôt à 5 h 5 (l’été) et le plus tard à 8 h 35 (l’hiver)
  • le soleil se coucherait le plus tard à 20 h 48 (l’été) et le plus tôt à 17 h 11 (l’hiver)

Alors ? Vous préférez quoi ?

Source : X (Eve_Christian)

Personnellement, j’opte pour l’heure normale toute l’année. Je suis d’avis qu’une luminosité tôt le matin est beaucoup plus bénéfique pour le corps humain. Et puis en été, je considère que de pouvoir profiter de la lumière solaire jusqu’à 19 h 48 est largement suffisant. En hiver, la différence entre 16 h 11 et 17 h 11 m’apparaît bien mince.

Et surtout, on éviterait les bouleversements causés par le changement d’heure. Une fois ce débat derrière nous, on en ouvrira un autre pour déterminer deux nouvelles dates pour les changements de piles des détecteurs de fumée. 😊

1 Tassart, Anne-Sophie. Changement d’heure : quels effets sur le corps et sur la consommation d’énergie ? Sciences et avenir, Paris. Le 4 mars 2019.


Dans le cours d’univers social

Si le monde entier était représenté par 100 personnes (première partie) :

  • 50 seraient des femmes, 50 seraient des hommes;
  • 26 seraient âgés de 0 à 14 ans, 66 entre 15 et 64 ans, 8 de plus de 65 ans;
  • Il y aurait 33 chrétiens, 22 musulmans, 14 hindous, 7 bouddhistes, 12 d’une autre religion et 12 sans religion;
  • 83 sauraient lire et écrire, alors qu’il y aurait 17 analphabètes;
  • 7 posséderaient un diplôme universitaire ou collégial, 93 n’en auraient pas.

Suite dans le prochain billet.

(Source : 100people.org)


Dans le cours de musique

Il a tout juste 22 ans, il est originaire de Longueuil et il en est déjà à son quatrième album. Donnant dans le rap et le hip-hop, Fredz écrit, compose et chante en français. L’album s’intitule Demain il fera beau et la pièce a pour titre Mauvais rêve.

Fredz – Mauvais rêve – Demain il fera beau – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’Arabie saoudite n’est pas nécessairement reconnue pour sa promotion de l’égalité des genres. Elle a pourtant soumis une proposition étonnante aux circuits de tennis féminin (WTA Tour) et masculin (ATP Tour). Son offre, qui expirera dans trois mois si elle n’a pas été acceptée d’ici là, comprend une enveloppe de 2 milliards $ pour la fusion des deux circuits. On maintiendrait 14 tournois, dont les quatre du Grand Chelem, répartis sur 20 semaines. Cependant, on n’y inviterait que les 100 premiers joueurs classés et les 100 premières joueuses classées, reléguant les autres dans des circuits inférieurs.

Là où je vois une bonne nouvelle, c’est que les montants des bourses accordées aux femmes seraient exactement les mêmes que ceux des hommes. Il y aurait enfin une équité salariale dans un sport professionnel, et pas le moindre.

Le projet à deux milliards de dollars de l’Arabie saoudite qui peut bouleverser le visage du tennis. Le Figaro, Paris. Le 13 mars 2024


Billet du 8 mars 2024 : Pause bénéfique

La relâche scolaire fait du bien ! Elle est trop courte pour être qualifiée de vacances, mais trop longue pour être considérée comme un congé ; toutefois, elle constitue une pause bénéfique tant pour les élèves que pour le personnel des écoles. À moi, elle sert de mise à jour des obligations professionnelles, mais à un rythme plus lent. Elle me permet aussi de gérer quelques affaires personnelles. Mais surtout, elle permet également de m’accorder du temps personnel, du temps trop peu souvent disponible pour accomplir certaines activités durant l’année scolaire.

Instaurée à certains endroits dès les années 1970, ce n’est qu’au début des années 1980 que la semaine de relâche s’est étendue partout au Québec. Ce sont cinq jours de vacances d’été qui ont été déplacés à la fin de l’hiver. C’est la raison pour laquelle la rentrée scolaire commence à la fin du mois d’août plutôt qu’après la fête du Travail, comme c’était le cas auparavant.


Dans le cours d’éthique et culture religieuse

La semaine dernière, la Cour d’appel du Québec a confirmé la validité de la Loi 21, la Loi sur la laïcité de l’État. Dans les heures qui ont suivi, voici ce que le Bloc québécois a publié sur les réseaux sociaux :

Venant d’une formation politique qui se targue depuis toujours de représenter les intérêts des Québécoises et des Québécois, la boutade est indigne, inutilement arrogante, méprisante et condescendante. En manifestant sa satisfaction avec une expression on ne peut plus chrétienne (Alléluia signifie « Louez Dieu »), le Bloc envoie un pied de nez aux tenants des autres religions, comme si on leur confirmait que leurs signes religieux étaient plus dérangeants que ceux qui ont longtemps orné le décor d’un Québec catholique.

Le principe de la laïcité de l’État rallie environ les deux tiers de la population, selon les principaux sondages. S’il s’agit d’une majorité nette, on demeure quand même loin du consensus social. Retenons de plus que le gouvernement québécois a dû recourir à la clause dérogatoire, la fameuse clause « nonobstant », pour adopter sa Loi 21. « Il n’y a rien de nouveau sous le Soleil », rétorquerez-vous peut-être. Pourtant, un précédent a bien été créé ! Parce que jusqu’à l’adoption de cette loi, nos seuls recours à la clause dérogatoire consistaient à nous soustraire à l’application de la Charte canadienne des droits et libertés. Pour la Loi sur la laïcité de l’État, on a également dû, pour la première fois, se soustraire aux articles de la Charte des droits et libertés de la personne, celle-ci adoptée en 1975 par l’Assemblée nationale du Québec. Le gouvernement a ainsi délibérément contrevenu à sa propre charte.

Par cette réaction inconvenante, le Bloc québécois a raté une belle occasion d’agir avec unité et inclusion. Son attitude de crois ou meurs est déplorable.


Dans le cours de musique

Nicolas Boulerice écrit, compose et chante des airs de musique traditionnelle. Avec le groupe Le Vent du Nord, il a produit dix albums. Il en a également produit un en solo, un autre avec deux collaborateurs et deux avec Frédéric Samson.

Frédéric Samson est contrebassiste. De son côté, il a participé à quatre albums de Small World Project, en plus de ses collaborations avec Nicolas Boulerice.

Sorti le 1er mars dernier, CoolTrad constitue le deuxième album des deux collaborateurs. Il regroupe douze titres qui mêlent le chant traditionnel aux airs de jazz et de blues. Le résultat m’a immédiatement séduit. Amateur des trois styles, mais avec un léger penchant vers le blues, j’ai opté cette semaine pour Testament.

Nicolas Boulerice et Frédéric Samson – Testament – CoolTrad – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Je vous fais une petite révélation, je suis malentendant. À un faible degré, il est vrai, mais suffisamment pour porter des prothèses auditives. Pour les personnes atteintes d’une surdité totale, il est maintenant possible d’assister à un concert ou d’aller danser. La musique est ressentie… par la peau !

Jay Zimmerman, un musicien ayant perdu l’ouïe lors des attentats du 11 septembre 20011, s’est adjoint des ingénieurs afin de mettre sur pied le projet Music : Not Impossible. Ensemble, ils ont développé une technologie permettant à des personnes sourdes de ressentir la musique à travers leur peau, un peu comme si elle remplaçait les tympans, grâce à des appareils placés aux poignets, aux chevilles et sur le tronc2. Le collectif a organisé un concert auquel des centaines de spectateurs ont assisté. La moitié d’entre eux étaient sourds.

L’expérience s’est avérée concluante : tous ont affirmé l’avoir vécue de la même façon.

1 Jay’s Silent Symphony: When a Musician Goes Deaf (vidéo en anglais)

2 Music: Not Impossible Origin Story (vidéo en anglais)


Billet du 1er mars 2024 : Le grand fossé

Les écoles publiques continuent à se vider de leur personnel. En janvier dernier, l’une de mes collègues, l’une des meilleures enseignantes avec lesquelles j’aie eu le plaisir de travailler, est partie enseigner dans une école privée. Je l’ai revue samedi et, moins de deux mois après ce changement professionnel, elle recommence à s’épanouir dans son travail.

Ça m’a fait du bien de la sentir aussi soulagée. La lassitude dont elle se disait accablée depuis les derniers temps a fait place à un enthousiasme évident, malgré le stress d’une adaptation qui se poursuit. Son quotidien a changé. Elle est maintenant entourée de ressources humaines suffisantes pour faire face à toutes les situations. Elle dispose des ressources matérielles nécessaires à son enseignement, alors que les ressources informatiques qu’on lui alloue sont de qualité largement supérieure à celles du réseau public. Le tout dans un environnement agréable et des plus fonctionnels.

J’enseigne à l’école publique, bien que je sois un produit de l’école privée. J’ai trempé dans les deux mondes et je constate que le fossé qui les sépare, déjà large il y a 40 ans, est encore plus profond aujourd’hui. Si la qualité des enseignants est la même aux deux endroits, les outils et les équipes de travail des personnes qui prodiguent le savoir diffèrent à un haut degré.

Le problème est que l’école privée reçoit des subventions gouvernementales qui peuvent avoisiner les 70 % de leurs revenus, alors que le réseau des écoles publiques tombe en ruines, au sens propre comme au sens figuré. Le Québec est, de loin, la province canadienne la plus généreuse envers ses écoles privées. En guise de comparaison, l’Ontario ne donne aucun argent public aux siennes.

La situation actuelle est inacceptable et il faut y remédier. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Quand ton propre réseau d’éducation se meurt, tu dois y consacrer tout ton budget. Tout couper à l’école privée du jour au lendemain risquerait toutefois de causer une commotion dont les conséquences s’avéreraient pires que la situation actuelle. Il faut prendre le virage en douceur et y aller graduellement. Transférer annuellement 5 % à 10 % du budget d’un réseau à l’autre jusqu’à l’atteinte de l’objectif ? J’achète !

Il s’agit de la survie même de notre réseau d’éducation.


Dans le cours de sciences et technologie

C’était il y a 12 ans. Une sortie scolaire au Planétarium de Montréal m’avait permis d’apprendre qu’une éclipse solaire totale aurait lieu le 8 avril 2024. J’avais sur-le-champ sorti mon téléphone cellulaire et inscrit la date à mon agenda, me promettant de vivre l’expérience avec mes futurs élèves.

Au retour de la grève, il y a quelques semaines, j’ai annoncé à mes élèves mon intention de vivre ce moment en direct, en classe, avec eux. J’ai d’ailleurs inclus dans ma planification une étude du phénomène. Première tuile, mon centre de services scolaire, comme plusieurs autres, nous impose de rester à la maison pour des raisons de sécurité, le 8 avril prochain.

Qu’à cela ne tienne, j’ai encore l’option de l’enseignement à distance. Depuis la pandémie, j’invite toujours mes élèves à se brancher, à l’occasion. J’organise donc ma quincaillerie en conséquence. Autre tuile, une amie bien au fait du dossier m’implore de ne pas le faire. Elle m’indique que si un élève regarde l’éclipse sans prendre les bonnes précautions pendant mon cours à distance, je peux être tenu responsable des séquelles.

Ça devient complexe de vivre un moment historique en classe.

Je vais donc penser à autre chose. Après tout, je n’en suis pas à une innovation près. Même si ce n’est pas dans notre nature d’être créatif, on le devient quand on est enseignant.


Dans le cours de français

Pour les besoins de l’anecdote, je rappelle que j’enseigne à des élèves de 11 et 12 ans. Si la plupart d’entre eux savent bien chercher un mot dans le dictionnaire, il en est autrement de l’utilisation du Bescherelle. Les outils numériques, efficaces et accessibles, permettent une recherche précise, rapide et beaucoup plus intéressante pour des jeunes. Cette année, je me suis fait plus insistant en enseignant les rudiments de l’utilisation de cette classique référence imprimée.

Lors d’une période d’écriture, au cours de la semaine, une élève se promenait dans la classe avec son Bescherelle ouvert et montrait quelque chose à ses pairs, qui ne manquaient pas de sourire ou de s’esclaffer. Curieux, et voulant éviter que la situation ne vire en foire, j’ai invité l’élève à venir partager le fruit de sa découverte avec moi.

Dans l’index des verbes, à la fin de l’ouvrage, elle a mis le doigt sur le verbe chier.

Que de souvenirs me sont remontés en mémoire ! Le nombre de fois où, vers le même âge, mes amis et moi cherchions des mots du même acabit dans les ouvrages de référence et éclations d’un rire gras au simple constat de leur présence dans leurs pages.

Si Internet est une mine d’or, les livres, depuis une génération, prennent des allures de trésors cachés. Les sortir de terre enrichissent l’esprit. Heureux de voir mes élèves commencer à le constater.


Dans le cours de musique

J’ai eu droit à une belle surprise, cette semaine, avec la sortie du septième album de Christine Tassan et les imposteures. Jamais il ne se sera écoulé autant de temps, six ans, entre deux parutions du sextuor de jazz manouche. L’attente en a toutefois valu la peine. Quinze fois plutôt qu’une, un pur plaisir se dégage de l’écoute. Sur la route, le premier des quinze titres, est également celui de l’album. Le voici, en #musiquebleue.

Christine Tassan et les imposteures – Sur la route – Sur la route – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Décédé il y a 18 mois à l’âge vénérable de 96 ans, David Gottesman était un protégé de Warren Buffett. En 1964, il a fondé la firme d’investissements First Manhattan, grâce à laquelle il a fait fortune. Sa veuve, Ruth Levy Gottesman, a ainsi hérité d’une somme colossale.

Cette semaine, madame Levy Gottesman a remis 1 milliard $ au Albert Einstein College of Medicine, situé à New York, à la seule condition que cette somme serve à couvrir l’ensemble les droits de scolarité de tous les étudiants en médecine, actuels et à venir, de l’institution.

Aux États-Unis, les étudiants en médecine terminent leurs études avec une dette moyenne de 200 000 $. Chaque année d’étude leur coûte environ 63 000 $.

Archie, Ayana. Tuition will be free at a New York City medical school thanks to a $1 billion gift. NPR, Washington, D.C. Le 27 février 2024.