Billet du 17 mai 2024 : Couleurs dans le ciel et dans les mots

« Je reviendrai à Montréal
Dans un grand Boeing bleu de mer
J’ai besoin de revoir l’hiver
Et ses aurores boréales »

– Paroles de Daniel Thibon, pour Robert Charlebois.

Des aurores boréales à Montréal ? Jusqu’à vendredi soir dernier, il était clair à mon esprit que le seul sens logique qu’on pouvait donner à cette strophe était la rime. Pour moi, Montréal se situait trop au sud et possédait trop de pollution lumineuse pour qu’on puisse y admirer des aurores boréales. Il faut croire que je me suis trompé.

Voici la zone, large à souhait, où les aurores boréales du week-end dernier pouvaient être vues :

Source : National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)

Elles se sont formées à la suite d’une tempête géomagnétique de force G4 (sévère). Un tel phénomène se produit lorsque les taches solaires sont à leur maximum, c’est-à-dire lorsqu’on trouve une zone importante de la surface du soleil qui affiche une température inférieure au reste. Ce cycle solaire complet, à l’intérieur duquel on trouve ce maximum, dure 11 années. Il faut cependant remonter à 2005, soit 19 ans en arrière, pour trouver la dernière tempête géomagnétique sévère.

Ce phénomène peut aussi avoir des effets néfastes sur les réseaux et appareils électriques. Où étiez-vous le soir du 18 avril 1988 ? Je me trouvais justement au centre-ville de Montréal, alors que le Québec et une partie du Nouveau-Brunswick étaient plongés dans le noir à la suite d’une tempête géomagnétique. La direction d’Hydro-Québec s’en était montrée très embarrassée.

Quoi qu’il en soit, le ciel coloré du 10 mai 2024 a fait couler autant d’encre que le ciel noir du 18 avril 1988, pour des raisons fort différentes et plus agréables. Un ciel coloré demeurera toujours spectaculaire.


Dans le cours de français

Une autre nouvelle qui a fait couler beaucoup d’encre cette semaine est l’ajout de nouveaux mots et expressions à l’édition 2025 du dictionnaire Le Robert. Il y en a plus de 150. Et dans le lot, c’est d’ailleurs ce qui a beaucoup fait jaser ici, on trouve le verbe déguédiner et l’expression boss des bécosses, deux éléments tirés directement de notre coloré vocabulaire québécois.

À noter l’ironie, boss des bécosses fait son entrée dans Le Robert peu de temps après avoir été interdit d’utilisation à l’Assemblée nationale du Québec.

Parmi les autres nouveaux mots, notons le verbe stalker (espionner quelqu’un sur les réseaux sociaux), prompt et vocal qui deviennent des noms en plus d’être des adjectifs, chimichurri, edamame, kimchi, portobello, ainsi que surtourisme, sapiosexuel, climaticide et lithothérapie.


Dans le cours de sciences

Un article paru dans différents périodiques l’automne dernier est passé plutôt inaperçu dans les nouvelles, mais il n’en demeure pas moins important. L’exoplanète K2-18b a été découverte depuis un certain temps. Ce qui est nouveau, c’est que le télescope spatial James Webb a décelé dans son atmosphère des présences de méthane, de dioxyde de carbone et de sulfure de diméthyle, trois éléments qui, sur Terre, ne peuvent être produits que par des êtres vivants.

Des études plus poussées seront menées, d’une part pour savoir si ces gaz pourraient être produits autrement, mais aussi pour vérifier la présence possible d’eau sur K2-18b. Aurait-on trouvé une autre planète bleue ?


Dans le cours de musique

Feu de garde constitue le second album en deux ans de Bibi Club, un duo formé d’Adèle Trottier-Rivard et de Nicolas Basque. C’est aussi la deuxième fois que je vous propose une de leurs pièces en #musiquebleue. La lumière, les couleurs, voici Le feu.

Bibi Club – Le feu – Feu de garde – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Lors d’une réunion à Turin le mois dernier, les pays membres du G7 (Italie, Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni et États-Unis) ont annoncé la suppression progressive d’ici à 2035 de toutes les installations de centrales à charbon qui ne seront pas équipées d’un dispositif de captage de CO2. En d’autres termes, il s’agit de leurs plus anciennes centrales. Cette décision intervient après la COP28, organisée en décembre 2023 à Dubaï, où les participants s’étaient engagés à renoncer progressivement aux énergies fossiles.

Le charbon est responsable de 40 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre, contre 32 % pour le pétrole et 20 % pour le gaz. Les pays du G7, qui représentent 38 % de l’économie mondiale, sont désormais responsables de seulement 21 % des émissions de gaz à effet de serre.


Photo d’en-tête de ce billet : Jonathan Labelle


Billet du 10 mai 2024 : 1990 et l’heure de la conscientisation

Selon un rapport publié par le Journal de Québec, 4880 enseignants permanents ont démissionné au cours des cinq dernières années. 1 Cette tendance est inquiétante, car elle représente une hausse de 76 % par rapport à la période précédente. Pendant ce temps, le nombre total d’enseignants réguliers a augmenté de seulement 7 %. Bien que le taux de démission reste relativement bas (à environ 1,8 % sur 70 000 enseignants), il est crucial de reconnaître l’urgence d’agir pour préserver la qualité de l’éducation au Québec.

La pénurie d’enseignants est un problème criant dans les écoles publiques québécoises. Nous devons faire face à plusieurs défis quotidiens : les classes surchargées, le manque de temps pour un suivi individualisé et l’augmentation constante de la charge de travail. Ces conditions de travail difficiles poussent de nombreux collègues à démissionner, ce qui fragilise davantage le système et met en péril la qualité de l’éducation offerte aux élèves.

Il importe aussi de souligner que ces chiffres ne tiennent pas compte des professeurs contractuels et des suppléants. Pourtant, ces enseignants jouent également un rôle essentiel dans le système d’éducation. Il est donc impératif que des mesures soient prises pour soutenir l’ensemble du corps enseignant et garantir une éducation de qualité pour les générations futures. L’urgence d’agir est réelle.

1 Dion-Viens, Daphnée. Écoles publiques du Québec: 4880 enseignants ont démissionné depuis cinq ans. Le Journal de Québec. Le 6 mai 2024.


Sur le réseau X (anciennement Twitter), cette semaine, quelqu’un a osé une question pertinente, directement liée à ce qui précède : que demande-t-on aux enseignants en 2024 qu’on ne leur demandait pas en 1990 ?

La réponse de Sylvain Duclos, enseignant et influenceur, est complète. Je me retiens pour ne pas écrire parfaite. Je vous invite à la lire en entier.


Dans le cours de français

Toujours sur X, mais particulièrement lorsqu’il s’appelait Twitter, je savourais chacune des publications de Bernard Pivot, décédé cette semaine. Son érudition, exprimée de la manière la plus profonde, avec en prime une touche de poésie et une dose d’humour, me rejoignait plus de cette façon que lors des émissions qu’il animait. Un simple coup d’œil sur la biographie qui coiffe son compte permet d’en saisir toute l’ampleur.

Source : X (@bernardpivot1)

Il faut remonter au 5 juin de l’an dernier pour trouver sa dernière intervention, une publication de quelqu’un d’autre qu’il avait relayée. La précédente, originale, avait été publiée deux mois plus tôt, soit le 5 avril 2023. Elle constitue en quelque sorte un court testament littéraire.

Sa complaisance envers l’écrivain Gabriel Matzneff, qui vantait à travers sa littérature ses crimes pédophiles, est cependant venue l’entacher plus de 30 ans après les faits. La publication du livre Le consentement, en 2020, écrit par une victime de Matzneff, puis le décès de Denise Bombardier, en 2023, ont tour à tour fait ressortir des archives un extrait de 1990 de l’émission Apostrophes, qu’il animait, et où il questionne l’écrivain sur un ton badin, avant que madame Bombardier ne devienne la seule personne sur le plateau à s’insurger.

Bernard Pivot fera amende honorable en 2019, juste avant la publication du livre de la victime de Matzneff, Vanessa Springora. 2 Sa sortie avait alors été effectuée trois jours après une première, dans laquelle il avait maladroitement rejeté la faute sur la mentalité qui prévalait en 1990.

2 Gibert, Vincent. Matzneff: Bernard Pivot « regrette » de « ne pas avoir eu les mots qu’il fallait ». Huffpost. Le 30 décembre 2019.


Dans le cours de français, deuxième période

Tous les matins, j’arrive très tôt sur mon lieu de travail. J’y suis chaque fois accueilli par le concierge et mes collègues du service de garde de l’école. Une de celles-ci m’a appris un nouveau mot, il y a quelques jours.

Ce mot est fifrelin. Qu’est-ce qu’il signifie ? Réponse après la bonne nouvelle de la semaine.


Dans le cours de musique

Avec les journées qui allongent et le temps plus doux qui se pointe, je vous propose cette semaine des rythmes cubains, avec Habana Café. Après des sorties en 2009 et 2014, où le groupe s’est même permis une adaptation d’un succès de La Bolduc, le mini-album Mami como me gusta a vu le jour, le 3 mai dernier. L’extrait que je vous suggère a pour titre La Mañanita.

Habana Café – La Mañanita – Mami como me gusta – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’histoire est simple. Une restauratrice du Bas-Saint-Laurent, en visite à Montréal, s’est fait voler son véhicule. C’est un modèle prisé par les voleurs, en édition spéciale, de surcroît. Les policiers n’ayant laissé que peu d’espoir à la victime (environ un véhicule volé sur 10 000 est retrouvé), cette dernière s’est tournée vers les réseaux sociaux.

Le réseau québécois des restaurateurs a mis la main à la pâte (quel jeu de mots !) et a rapidement propagé l’information. L’un d’eux a retrouvé le véhicule et a même fait fuir le voleur, durant l’attente des policiers.

La restauratrice récupérera bientôt son véhicule, après quelques réparations.

Bérubé, Nicolas. Des gastronomes retrouvent un VUS volé en un temps record. La Presse, Montréal. Le 8 mai 2024.


Dans le cours de français, deuxième période (réponse)

Un fifrelin est une babiole, une petite chose sans valeur. Selon Larousse, le mot est familier et vieux.


Billet du 3 mai 2024 : Ce qui vole bas et ce qui vole plus haut, plus loin

Le 30 avril dernier, le président de la Chambre des Communes du Canada, Greg Fergus, a pris une décision audacieuse en expulsant le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, de la période des questions. Cette décision a été prise suite à l’utilisation par Poilievre du terme « wacko » pour décrire le premier ministre Justin Trudeau. Certains chroniqueurs, comme Thomas Mulcair et Mathieu Bock-Côté, ont remis en question cette expulsion en réclamant même la démission du président Fergus, mais je soutiens fermement que l’expression utilisée par Poilievre, qu’on peut traduire par dingue, taré ou cinglé, était antiparlementaire.

Premièrement, il est essentiel de rappeler que la Chambre des Communes est un lieu de débat politique où les échanges doivent se faire dans le respect des règles et des normes parlementaires. Les députés ont la responsabilité de maintenir un niveau de langage approprié, même lorsqu’ils expriment leur désaccord. En qualifiant le premier ministre de « wacko », Poilievre a franchi une ligne qui ne peut être tolérée dans un contexte parlementaire.

Deuxièmement, l’expulsion de Poilievre n’est pas une atteinte à la liberté d’expression. Au contraire, elle renforce l’intégrité du processus démocratique. Les parlementaires doivent être conscients de l’impact de leurs mots sur l’image de l’institution et sur la qualité des débats. En maintenant les débats à un niveau respectueux, le président de la Chambre des Communes préserve l’intégrité du Parlement et favorise des échanges constructifs.

Bien que certains puissent considérer l’expulsion de Poilievre comme une mesure sévère, elle est justifiée. Les expressions antiparlementaires ne devraient pas avoir leur place dans notre démocratie, à Ottawa comme à Québec. Les députés ont la responsabilité de maintenir un niveau de respect et de civilité, et le président Fergus a agi en conséquence. Il est temps de reconnaître que la politique ne doit pas être un terrain de jeu pour les insultes, mais plutôt un espace où les idées et les arguments peuvent s’affronter de manière constructive.


Dans le cours d’art dramatique

Il semble que la Cinémathèque québécoise se cherche une plateforme numérique pour diffuser ses films. Il est vrai que le concept des projections en salles n’est probablement plus le mieux adapté pour contribuer au rayonnement de notre patrimoine cinématographique. Les moyens financiers de l’organisme ne se comparant pas à ceux de l’Office national du film, par exemple, un partenariat devient l’option la plus viable.

Personnellement, c’est avec l’application de Télé-Québec que j’aimerais voir ce partenariat se concrétiser. Elle est déjà très conviviale, intéressante, en plus de posséder un répertoire de films déjà bien garni, mais qui pourrait certes accroître son offre en s’associant avec la Cinémathèque.

Sous l’égide du ministère de la Culture, ceci pourrait constituer un guichet culturel des plus considérables.


Dans le cours de français

Prenez le temps de visionner ce qui suit. Je parie que, comme moi, vous ne pourrez réprimer un large sourire !


Dans le cours de musique

J’y vais cette semaine avec une #musiquebleue de circonstance. C’était difficile de choisir autre chose. Cette version, seize ans plus tard, me donne toujours des frissons.

Céline Dion, Jean-Pierre Ferland et Ginette Reno – Un peu plus haut, un peu plus loin – Spectacle de la Saint-Jean sur les plaines d’Abraham (2008) – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Voici à quoi ressemblaient les palmarès des albums et des chansons sur iTunes, dimanche dernier.

Un peu plus haut dans ce billet, j’évoquais le rayonnement de notre culture cinématographique. Grâce aux Cowboys Fringants (et à Andréanne A. Malette), notre culture musicale resplendit.