« Je reviendrai à Montréal
Dans un grand Boeing bleu de mer
J’ai besoin de revoir l’hiver
Et ses aurores boréales »– Paroles de Daniel Thibon, pour Robert Charlebois.
Des aurores boréales à Montréal ? Jusqu’à vendredi soir dernier, il était clair à mon esprit que le seul sens logique qu’on pouvait donner à cette strophe était la rime. Pour moi, Montréal se situait trop au sud et possédait trop de pollution lumineuse pour qu’on puisse y admirer des aurores boréales. Il faut croire que je me suis trompé.
Voici la zone, large à souhait, où les aurores boréales du week-end dernier pouvaient être vues :
Elles se sont formées à la suite d’une tempête géomagnétique de force G4 (sévère). Un tel phénomène se produit lorsque les taches solaires sont à leur maximum, c’est-à-dire lorsqu’on trouve une zone importante de la surface du soleil qui affiche une température inférieure au reste. Ce cycle solaire complet, à l’intérieur duquel on trouve ce maximum, dure 11 années. Il faut cependant remonter à 2005, soit 19 ans en arrière, pour trouver la dernière tempête géomagnétique sévère.
Ce phénomène peut aussi avoir des effets néfastes sur les réseaux et appareils électriques. Où étiez-vous le soir du 18 avril 1988 ? Je me trouvais justement au centre-ville de Montréal, alors que le Québec et une partie du Nouveau-Brunswick étaient plongés dans le noir à la suite d’une tempête géomagnétique. La direction d’Hydro-Québec s’en était montrée très embarrassée.
Quoi qu’il en soit, le ciel coloré du 10 mai 2024 a fait couler autant d’encre que le ciel noir du 18 avril 1988, pour des raisons fort différentes et plus agréables. Un ciel coloré demeurera toujours spectaculaire.
Dans le cours de français
Une autre nouvelle qui a fait couler beaucoup d’encre cette semaine est l’ajout de nouveaux mots et expressions à l’édition 2025 du dictionnaire Le Robert. Il y en a plus de 150. Et dans le lot, c’est d’ailleurs ce qui a beaucoup fait jaser ici, on trouve le verbe déguédiner et l’expression boss des bécosses, deux éléments tirés directement de notre coloré vocabulaire québécois.
À noter l’ironie, boss des bécosses fait son entrée dans Le Robert peu de temps après avoir été interdit d’utilisation à l’Assemblée nationale du Québec.
Parmi les autres nouveaux mots, notons le verbe stalker (espionner quelqu’un sur les réseaux sociaux), prompt et vocal qui deviennent des noms en plus d’être des adjectifs, chimichurri, edamame, kimchi, portobello, ainsi que surtourisme, sapiosexuel, climaticide et lithothérapie.
Dans le cours de sciences
Un article paru dans différents périodiques l’automne dernier est passé plutôt inaperçu dans les nouvelles, mais il n’en demeure pas moins important. L’exoplanète K2-18b a été découverte depuis un certain temps. Ce qui est nouveau, c’est que le télescope spatial James Webb a décelé dans son atmosphère des présences de méthane, de dioxyde de carbone et de sulfure de diméthyle, trois éléments qui, sur Terre, ne peuvent être produits que par des êtres vivants.
Des études plus poussées seront menées, d’une part pour savoir si ces gaz pourraient être produits autrement, mais aussi pour vérifier la présence possible d’eau sur K2-18b. Aurait-on trouvé une autre planète bleue ?
Dans le cours de musique
Feu de garde constitue le second album en deux ans de Bibi Club, un duo formé d’Adèle Trottier-Rivard et de Nicolas Basque. C’est aussi la deuxième fois que je vous propose une de leurs pièces en #musiquebleue. La lumière, les couleurs, voici Le feu.
La bonne nouvelle de cette semaine
Lors d’une réunion à Turin le mois dernier, les pays membres du G7 (Italie, Canada, France, Allemagne, Japon, Royaume-Uni et États-Unis) ont annoncé la suppression progressive d’ici à 2035 de toutes les installations de centrales à charbon qui ne seront pas équipées d’un dispositif de captage de CO2. En d’autres termes, il s’agit de leurs plus anciennes centrales. Cette décision intervient après la COP28, organisée en décembre 2023 à Dubaï, où les participants s’étaient engagés à renoncer progressivement aux énergies fossiles.
Le charbon est responsable de 40 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre, contre 32 % pour le pétrole et 20 % pour le gaz. Les pays du G7, qui représentent 38 % de l’économie mondiale, sont désormais responsables de seulement 21 % des émissions de gaz à effet de serre.
Photo d’en-tête de ce billet : Jonathan Labelle