Je me rends compte que les choses vont bien au Québec quand le plus gros débat de la semaine a porté sur la fête des Mères, la fête des Pères et la nouvelle fête des Parents. Quelques enseignantes, guidées par de bienveillantes intentions, ont simplement pris la décision d’emprunter la voie de la déclaration de l’ONU et de souligner la fête des Parents le 1er juin, plutôt que les traditionnelles fête des Mères et fête des Pères. S’en est suivi un tollé démesuré.
Pourquoi fais-je référence à des intentions bienveillantes ? Il suffit d’avoir enseigné à des orphelins ou à des enfants abusés pour sentir le malaise, parfois le mal-être, de certains élèves à qui on impose la confection d’un cadeau artisanal, destiné à un adulte disparu ou violent, pour une de ces deux fêtes. Les en exempter ne règle rien, le temps alloué pour les autres leur faisant réaliser leur différence.
Je n’ose pas imaginer ce que les enseignantes concernées ont dû ressentir en constatant la commotion que leur initiative a soulevée. Ceci sans compter les injures, les insultes et les menaces qui leur ont été adressées via les médias et les réseaux sociaux. En pleine fin d’année scolaire, elles ont beaucoup d’autres choses à gérer.
La récupération politique qu’en ont faite certaines personnes est abjecte.
En passant, pourquoi tient-on pour acquis que du temps de classe doit être utilisé pour souligner des événements hors de la mission scolaire ?
Mon hypothèse est claire et directe : l’aspect commercial a pris le dessus. À l’époque où les écoles étaient confessionnelles, il était normal d’y fêter Pâques et Noël. Un côté traditionnel s’est instauré et, bien que la société ne reflète plus exactement les mêmes réalités, un consensus réclame que nous le fassions toujours, selon un concept qui a évolué en évacuant l’histoire religieuse pour tout concentrer sur la vente de musique, de décorations monstrueuses, de cadeaux et de chocolat. Pour le reste, lire les nombreux autres événements que le consensus social nous impose de souligner, je considère à tout le moins contreproductif que nous ayons à sacrifier autant de précieuses heures de pédagogie pour faire vivre les Walmart et les Dollarama de ce monde.
Comme pour bien d’autres choses, on a transmis implicitement aux écoles un rôle qui incombe aux familles.
Dans le cours de français
On arrive au moment de l’année où les principaux dictionnaires, le Petit Robert et le Petit Larousse illustré, annoncent en grande pompe les nouveaux mots qui effectueront leur entrée dans leurs pages. Bien honnêtement, j’ai déjà constaté des entrées plus marquées que cette année. On trouve tout de même quelques éléments intéressants.
D’abord, signe de l’actualité des dernières années, on salue l’arrivée officielle du mot complosphère (Ensemble des personnes qui participent à la diffusion d’idées jugées complotistes sur Internet, selon le Petit Robert). Dans la même catégorie, on voit également apparaître covidé et covidée. Les informations françaises des derniers mois sont aussi à l’origine de l’arrivée du verbe nasser, qui signifie encercler des manifestants.
Il faut également souhaiter la bienvenue, ou pas, à quelques anglicismes, dont le nom crush, ainsi que les verbes ghoster et bader. Issu de l’univers virtuel, le mot métavers, avec l’accent aigu sur le e, est maintenant accrédité.
L’influence québécoise se fait également sentir, cette année. D’abord avec l’apparition du mot infonuagique, mais aussi avec celle de notre poète David Goudreault, dans le Petit Robert des noms propres.
Dans le cours de français, deuxième période
En fait, j’aimerais commenter une nouvelle qui concerne la chanson francophone. J’y reviendrai donc Dans le cours de musique, après la #musiquebleue.
Dans le cours de musique
Roberto « Bob » Bissonnette est mort tragiquement en septembre 2016, à l’âge de 35 ans. Après 15 saisons de hockey dans les rangs juniors, universitaires et semi-professionnels, il s’est lancé dans la chanson, enregistrant quatre albums, dont deux ont obtenu la certification disque d’or.
Impliqué dans plusieurs organisations, il s’était porté acquéreur de quelques titres de propriété des Capitales de Québec, l’équipe de baseball de la ligue Frontière. C’est trois mois plus tard qu’il a péri dans l’écrasement d’un hélicoptère, qui a également coûté la vie au pilote. Le président des Capitales, Michel Laplante, s’en est tiré miraculeusement.
Depuis, la Fondation Bob Bissonnette a été mise sur pied. Elle offre de l’aide monétaire et matérielle à des jeunes ou à des organismes œuvrant avec eux, afin de leur permettre de pratiquer un sport ou une activité culturelle. En guise de financement pour la Fondation, on a récemment édité en CD et en DVD le spectacle que Bob Bissonnette avait donné à l’Impérial de Québec, en 2011. Tiré de cet album, voici son plus grand succès, Mettre du tape su’ ma palette.
Dans le cours de musique, deuxième période
Il semblerait que la musique francophone… Et puis non, pas ici non plus ! J’en fais ma bonne nouvelle de la semaine.
La bonne nouvelle de cette semaine
La chanson francophone se porte plutôt bien, semble-t-il ! Selon le magazine Les Inrockuptibles1, pour l’année 2022, 279 simples et 47 albums de musique francophone ont obtenu la certification d’exportation à l’étranger, soit une hausse de 38 % par rapport à 2022. Le rap et l’électro contribuent largement à cette augmentation, d’après les chiffres présentés.