Billet du 28 février 2020 : Le français d’Emmanuelle Latraverse

Dans le cours de français

Emmanuelle Latraverse, journaliste à TVA/LCN, est à mon avis une professionnelle de l’information hors pair. Elle sait analyser, apporter un éclairage nouveau, trouver et présenter la nouvelle. La seule chose que je puisse lui reprocher, c’est de ne pas se relire avant de publier. Il est donc fréquent de trouver des erreurs de français dans ses publications.

Ayant découvert ceci il y a déjà quelque temps, j’ai songé à me rendre explorer son compte Twitter, afin de trouver des phrases à faire corriger par mes élèves de 6e année, dans le cadre d’une activité en classe. La manne s’est avérée plutôt abondante. Pour la période allant du 18 au 21 février, j’ai retenu pas moins de cinq publications, que mes élèves ont analysées.

Si pour certaines d’entre elles on constate des erreurs orthographiques ou grammaticales évidentes, d’autres affichent plutôt des coquilles, qu’un langage plus populaire qualifie de fautes de frappe. Quoi qu’il en soit, une relecture avant publication aurait certainement pu permettre à Madame Latraverse d’identifier les erreurs et de les corriger. C’est là un des messages que j’ai transmis à mes élèves.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire « des chefs héréditaires », plutôt que « de chefs héréditaires ». Mais surtout, on aurait dû lire « l’injustice subie », plutôt que « l’injustice subies ». Le participe passé s’accorde avec injustice, qui est féminin singulier et non féminin pluriel.

Pour les quatre autres, un clic sur le mot Ici vous mènera directement à la publication concernée, sur le compte Twitter d’Emmanuelle Latraverse.

Ici, on aurait dû lire « pour rencontrer les Mohawks », plutôt que « pour rencontre les Mohwks ».

Ici, on aurait dû lire « se rendra à Smithers », plutôt que « ne rendra à Smithers ».

Ici, on aurait dû lire « Il y en a qui ont une haute opinion d’eux-mêmes. », avec un trait d’union, un s à la fin d’eux-mêmes et un point final, plutôt que « Il y en a qui ont une haute opinion d’eux même ….. », avec cinq points qui ne constituent pas un signe de ponctuation.

Finalement, ici, on aurait dû lire « du climat explosif », plutôt que « d climat explosif ».

Dans le cours d’art dramatique

Comme plusieurs, je suis demeuré perplexe, cette semaine, quand j’ai appris que suite à la plainte d’un parent, une enseignante d’art dramatique d’une école de Montréal avait retiré la chanson Les 100 000 façons de tuer un homme, de Félix Leclerc, d’un projet qu’elle travaillait avec ses élèves. Sous forme de satire, le texte de cette chanson conclut que la meilleure manière de détruire un être humain est d’en faire un chômeur. C’est là, semble-t-il, que le parent en question a accroché.

Bien que j’aurais moi-même agi différemment, j’estime que l’enseignante a pris une bonne décision. Dans un contexte où on doit réagir à une plainte, particulièrement dans le milieu de l’éducation, le fait de choisir ses combats et d’éviter les vagues peut constituer une très sage décision. Mais je trouve dommage que l’on rate une si belle occasion de promouvoir un des plus grands poètes québécois.

À partir du moment où les mots conviennent, chaque phrase peut révéler un sens que même un élève d’âge primaire peut comprendre, si on prend le temps de lui expliquer ou, encore mieux, de le lui faire découvrir. Cette nouvelle m’a rappelé une histoire similaire, survenue il y a une dizaine d’années, quand un enseignant ou une enseignante avait revu les paroles de L’Hymne à l’amour, d’Édith Piaf, en y remplaçant la finale « Dieu réunit ceux qui s’aiment », afin de rendre la chanson politiquement correcte face à toutes les croyances. Ceci avait également soulevé tout un tollé dans la population.

Je me souviens que j’avais alors fait écouter la chanson à mes élèves, dans sa version originale, comme amorce d’une discussion sur la nouvelle. Bien sûr, j’en avais aussi profité pour expliquer qui était Édith Piaf.

Et si je faisais la même chose avec Les 100 000 façons de tuer un homme ?

Dans le cours d’univers social (ou quand Andrew Scheer lève son verre à la Pat’Patrouille)

Le premier ministre du Québec, François Legault, a aussi réagi à la nouvelle mentionnée plus haut. Il déplorait la décision de retirer cette chanson de Félix Leclerc. Mais une autre personnalité politique, dans un autre dossier, s’est également portée à la défense d’un élément culturel s’adressant aux enfants, cette semaine.

En effet, Andrew Scheer, chef du Parti conservateur du Canada, a sévèrement critiqué la CBC, lui reprochant d’avoir cité un professeur d’université qui s’interrogeait sur un aspect qui, selon lui, faisait l’éloge du capitalisme dans l’émission Pat’Patrouille.

Loin de moi l’idée de m’exprimer sur qui a tort et qui a raison dans ce dossier. Mais je dois admettre que j’ai souri quand j’ai vu Monsieur Scheer lever son verre à la Pat’Patrouille, à la fin de son laïus.

Lien vers la défense de la Pat’Patrouille et du capitalisme, par Andrew Scheer.

La nouvelle heureuse de cette semaine

À partir d’aujourd’hui, j’inclurai une bonne nouvelle dans mon billet hebdomadaire. La tentation était forte de revenir avec l’histoire de David Ayres, ce conducteur de surfaceuse qui a connu son heure de gloire, samedi dernier, en relevant les deux gardiens de but blessés des Hurricanes de la Caroline et en remportant le match face aux Maple Leafs, à Toronto. Mais tout a déjà été mentionné sur ce sujet.

J’aborderai plutôt une statistique intéressante qui donne un côté agréable et positif, ne serait-ce que pour l’économie, à une importante accumulation de neige. La National Ski Area Association a en effet rendu son rapport annuel, la semaine dernière. Selon ce qu’on y découvre, la saison 2018-2019 se classe au 4e rang des 40 dernières années au niveau de l’affluence dans les stations de ski, en Amérique du Nord. Pas moins de 59 343 000 skieuses et skieurs ont ainsi pu pratiquer leur sport favori, l’hiver dernier.

Et j’en suis ! Certaines stations québécoises sont d’ailleurs demeurées ouvertes jusqu’à la Fête des mères, en mai de l’an dernier. L’importante chute de ce jeudi permettra certainement à la saison actuelle de prendre une sérieuse option sur le haut de ce classement, dans le prochain rapport annuel.

Mais il y a quand même quelque chose que je trouve fantastique dans l’histoire de David Ayres. Cet homme s’est levé, samedi matin, et a vécu sa journée comme il vivait toutes les autres, sans se douter que la soirée lui réservait un événement qui ferait en sorte que toute l’Amérique du Nord allait le connaître, avantageusement, dès le lendemain !

Bonne relâche !

Être enseignant, c’est aussi parfois accompagner ses élèves à différentes sorties. Ainsi, le 13 février dernier, nous avons profité d’une magnifique journée d’hiver pour aller prendre l’air dans une station de glisse des Laurentides. Certains élèves ont déjà mentionné qu’ils allaient profiter de la semaine de relâche scolaire pour y retourner, cette fois en famille.

Allez ! C’est le temps d’une pause. À bientôt.

Billet du 21 février 2020

Dans le cours d’anglais

Après plus d’une centaine de corrections de la langue française, publiées sous la rubrique #LeProfCorrige depuis 18 mois, voici que je me lance dans la correction d’une publication en anglais. Revendiquant une plus grande aisance dans l’utilisation de la langue de Molière que dans celle de Shakespeare, je renonce d’emblée à l’idée de le faire régulièrement. Mais je trouvais cette perle intéressante. Alors voici :

Ici, on aurait dû lire « Three years after you’re gone », plutôt que « 3 years after your gone »; « you’re still trying », plutôt que « you still trying »; « you were still blaming Bush », plutôt que « you where still blaming bush » et « …, you might see », plutôt que « might see ». On remarque ici plusieurs erreurs de conjugaison, ainsi que dans l’emploi des pronoms. #LeProfCorrige

Entre les blocages autochtones et le projet de loi 40

Difficile de commencer un nouveau blogue sans commenter l’actualité du moment. Pendant qu’une grande partie du Canada subit de plus en plus concrètement les conséquences de la mobilisation autochtone, c’est peut-être une autre crise, celle-là dans le domaine de l’éducation, qui menace d’éclore au Québec.

Hier matin, un ami s’interrogeait sur la pertinence de bloquer des routes, des ponts ou des chemins de fer, face à une opinion publique qui, se sentant prise en otage, se positionnera contre les revendications des manifestants. Après une courte réflexion, je lui ai répondu que les groupes autochtones, à mon avis, voyaient au-delà de l’opinion publique. Ce qu’ils visent, c’est la cause. C’est là que j’ai constaté un parallèle à établir avec une bataille qui s’amorce dans mon domaine d’expertise, soit l’éducation.

Avec le dépôt du projet de loi 40, le gouvernement du Québec promeut surtout l’abolition des commissions scolaires, position populaire s’il en est une. Le texte déposé ratisse cependant beaucoup plus large et ses différents articles mécontentent à peu près tous les acteurs du milieu. Une mobilisation importante de ce groupe s’annonce donc à son tour, à plus ou moins court terme.

Historiquement, les moyens de pression dans le monde de l’éducation se sont avérés beaucoup moins dérangeants pour la population que ce qui a pu être déployé par d’autres groupes. Pour différentes raisons, il est plutôt récent que les enseignantes et les enseignants puissent compter sur une opinion publique qui leur est favorable. Et pour leurs deux principaux syndicats, la FAE et la CSQ, l’avancement de la cause passe par un appui important de la population.

La situation a cependant beaucoup évolué depuis les dernières négociations de la convention collective, il y a cinq ans. Déjà, à l’époque, entre 20% et 25% des nouveaux enseignants quittaient la profession au cours des cinq premières années. Depuis, j’ai vu des stagiaires abandonner avant même d’avoir complété le stage, de nombreux collègues partir en congé de maladie, plus d’une fois pour certains, et d’autres devancer la retraite.

La pénurie d’enseignants est devenu un problème tellement important, que de nombreux groupes d’élèves voient défiler plusieurs enseignants différents au cours d’une seule année scolaire. Un grand nombre de ces derniers n’ont pas les qualifications requises.

Mais ce qui m’interpelle particulièrement, cette fois, c’est de constater cette différence importante : les enseignantes et les enseignants ne s’en remettent pas qu’à leurs syndicats. Élément nouveau, ils ont formé des groupes de discussion sur les réseaux sociaux. Et si je me fie à ce que j’y lis, pour plusieurs, c’est la dernière chance. À bout de souffle, le mot démission apparaît de plus en plus souvent dans leur vocabulaire.

Après la pénurie, serons-nous témoins d’un exode ? C’est à suivre.

Dans le cours de musique

Je suis de ceux qui affirment qu’un être humain peut développer une complicité très étroite avec un objet. Il est fréquent, par exemple, de voir un musicien fusionner avec son instrument ou un gardien de but parler avec ses poteaux. B.B. King et Patrick Roy sont les noms qui me viennent en tête, en écrivant ces lignes.

Ainsi, je sympathise avec la pianiste canadienne de renommée mondiale, Angela Hewitt, dont la relation avec avec son F278 Fazioli s’est abruptement terminée, fin janvier, quand des déménageurs ont échappé le piano. Modèle unique, avec ses quatre pédales, l’instrument est une perte totale.

Angela Hewitt
(Photo : Facebook)

Ce piano italien accompagnait l’artiste partout, depuis 2003, en concert comme dans les studios d’enregistrement. Il s’est produit dans plusieurs pays, sur divers continents. Très attristée, Madame Hewitt, sur sa page Facebook, a souhaité à son compagnon de longue date d’être heureux au paradis des pianos. Elle a également relayé des extraits d’enregistrements sur lesquels elle affectionne particulièrement ses qualités sonores.

Sur la cour d’école

Chaque jour, avant d’entrer en classe, mes collègues et moi prenons 15 minutes pour marcher à l’extérieur avec nos élèves. Ce moment est bénéfique pour tous, il contribue à la motivation et à la concentration.
Mercredi de la semaine dernière, la nature nous offrait ce magnifique spectacle, vers 7:45, le matin. #gratitude