Billet du 25 décembre 2020 : Journal de vacances des Fêtes (1 de 2)

Je m’étais pris des notes toute la semaine. Il y a plein de sujets que j’aurais voulu aborder cette semaine. Rozon, Salvail et la présomption d’innocence. Les rassemblements pour Noël, les voyages dans le Sud et la hausse des cas de Covid. Mais c’est Noël, aujourd’hui. Oublions pour un moment la Covid, mettons de côté Rozon et Salvail, concentrons-nous sur la joie, l’allégresse, le partage et le pardon. Parce qu’en ce temps de l’année, particulièrement, il faut savoir pardonner. Même Donald Trump l’a fait toute la semaine… Oups !


Spectacle de Noël

C’est le temps de l’année où, habituellement, les Grands Ballets Canadiens présentent Casse-Noisette à la Place des Arts de Montréal. Pour la première fois en près de 60 ans, le spectacle sur scène a fait relâche, cédant la place à deux représentations télévisuelles, sur les ondes de ICI ARTV. La première a eu lieu le 18 décembre, alors que la seconde prendra place lundi soir prochain, 28 décembre, à 20 heures.

Mais comme nous avons pu en être témoins à plusieurs moments depuis le début de la pandémie, certaines personnes démontrent de la créativité et une très grande originalité. C’est le cas du Washington County School District, dans l’état américain de l’Utah, qui a synchronisé les phares et les feux de ses autobus scolaires avec la Danse de la Fée Dragée, de l’oeuvre de Tchaïkovski. Le spectacle mérite d’être vu et revu.

Source

Lecture de vacances

J’achève la lecture de Papy : le peintre amoureux, de Claude Desjardins. Le livre raconte l’histoire de Clément Gravel, dit Papy, un nonagénaire qui s’est mis à peindre des tableaux afin de susciter les rires de son épouse mourante. Ce simple synopsis sert de toile de fond à une fresque des plus captivantes, l’auteur relatant à la manière d’un roman la vie du peintre amoureux jusqu’à son crépuscule, en passant par sa rencontre avec celle qui allait l’accompagner et l’inspirer durant plus de soixante années. Doté d’une personnalité forte et rebelle, même à une époque où l’obéissance était de mise, Clément Gravel a couché son univers, dans la réalité et sur toile, autour de son épouse Pauline, sa muse depuis leur première rencontre dans les rues de Québec, en 1952.

Journaliste de profession, Claude Desjardins en est à son premier livre. L’actrice Marie Tifo en assure la préface.

Papy : le peintre amoureux
Claude Desjardins, Les éditions de l’Ours qui dort, Blainville, 2020, 166 pages.


Dans mes écouteurs

Pour ma #musiquebleue de cette semaine, je me suis demandé quelle était la plus belle chanson de Noël québécoise. Le choix est vaste. Il y a des classiques comme le Noël au camp, de Tex Lecor, ou Le sentier de neige, des Classels. Il y a aussi les chansons des deux albums de Maryse Letarte, qui a particulièrement bien mené sa mission de créer des pièces de Noël originales, en 2008 et 2015. Mon choix s’est finalement arrêté sur celle qui est pour moi la plus poétique, mélodieuse et naïve, Marie-Noël. Popularisée par Robert Charlebois, qui en a composé la mélodie, c’est par son auteur Claude Gauthier qu’elle a d’abord été endisquée, en 1965. Elle a depuis été reprise par une multitude d’artistes.

La version que je vous offre en est une de Robert Charlebois, accompagné par les Petits Chanteurs du Mont-Royal.


La bonne nouvelle de cette semaine

Il fait toujours bon de constater qu’il n’y a pas qu’au Québec que l’on défende et protège la langue française, sur le continent nord-américain. Un groupe de jeunes louisianais, qui ont eux-mêmes décidé d’apprendre la langue de leurs ancêtres, alors qu’elle n’est plus parlée par leurs parents, a lancé un mini-album de chants de Noël, le 4 décembre dernier.

Intitulé Joyeux Noël, Bon Chrismeusse, l’oeuvre regroupe six chansons américaines, adaptées en français ou en créole louisianais. En tout, une vingtaine de personnes ont participé à l’élaboration de cet intéressant projet, sous la direction du parolier et guitariste Chas Justus. Le résultat est original et très agréable à entendre.

Vous pouvez écouter ou télécharger ce mini-album à partir de sa page Bandcamp.


En ce 25 décembre, je voudrais vous souhaiter un très joyeux Noël. Merci de m’accompagner chaque vendredi à travers les billets de ce blogue. Profitez de chaque moment de joie que cette période de l’année nous offre, même si la version 2020 se souligne à plus petite échelle. Le retour à la normale n’en sera que plus apprécié !


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Billet du 18 décembre 2020 : La lumière au bout du tunnel

La tempête s’approche. Les fauves nous guettent. L’armée ennemie nous encercle.

Prenez l’image que vous voulez, mais des faits bien concrets prennent forme devant nos yeux. Devant les miens, en tout cas. Au printemps dernier, mon seul contact avec la Covid-19 se limitait à ce que les médias diffusaient quotidiennement. Une lointaine connaissance en avait été fortement atteinte, mais c’est tout.

Maintenant, les ravages se rapprochent de mon entourage. De mon entourage professionnel, d’abord, avec plusieurs dizaines de classes qui ferment quotidiennement, partout au Québec. Dans le cercle plus étroit de mes connaissances, ensuite. Cette semaine, j’ai eu un entretien téléphonique avec une amie atteinte, ainsi que tous les membres de sa famille immédiate. Dieu merci, je respecte les règles. Quand je ne suis pas sur mon lieu de travail ou en train de faire de l’épicerie, je reste chez moi.

Surtout, je porte mon couvre-visage, je me lave les mains régulièrement et je désinfecte les objets manipulés par des gens extérieurs à ma bulle. Le vaccin vient d’arriver à la rescousse et le calendrier nous offre une pause de quelques semaines. La lumière a commencé à poindre au bout du tunnel, il faut poursuivre les efforts, donner un petit coup supplémentaire. La victoire est proche, mais le match n’est pas encore terminé.

Et je cite :

« Pour vrai, isolez-vous. Là, on sent que la Covid est partout. Je sais pas vous, mais ça se rapproche de tout mon entourage. Ne gâchez pas vos vacances de Noël. Isolez-vous. »

Léa Stréliski, humoriste et auteure, le 17 décembre 2020

Dans le cours de français

On a beau passer une grande partie de sa vie avec le nez plongé dans un dictionnaire, il est certaines orthographes qu’on a l’impression qu’on ne retiendra jamais. Dans mon cas, il y a ballade et balade, pallier et palier, censé et sensé. Chaque fois que je dois écrire un de ces six mots, je dois immanquablement en vérifier l’orthographe.

Balade, avec un seul l, est une promenade. Ballade avec deux l est un poème mis en musique. Comme dans La ballade des gens heureux, le grand succès de Gérard Lenorman.

Pallier, avec deux l, signifie compenser ou corriger. Comme dans pallier à une situation. Palier avec un seul l est un plancher ou un étage. Comme dans prendre l’ascenseur jusqu’au troisième palier.

Finalement, censé avec un c est un synonyme de supposé. Comme dans ce vaccin est censé être efficace à 95%. Remarquez que censé est toujours précédé du verbe être et toujours suivi d’un verbe à l’infinitif. Quant à sensé, avec un s, il désigne quelque chose qui a du sens, comme lorsqu’on évoque les paroles sensées d’un sage. Le contraire est insensé.

Maintenant que j’ai pris le temps de vous expliquer chacune des particularités de ces trois paires d’homophones, quelqu’un peut-il les retenir et me les rappeler lorsque j’en aurai besoin ? Merci.


À travers l’application de visioconférence

Mercredi, la députée Marwah Rizqy, critique libérale en matière d’éducation, publiait sur son compte Facebook une note dans laquelle elle reprochait au ministre de l’éducation, Jean-François Roberge, de ne pas avoir livré la marchandise. Au sens propre comme au sens figuré. Pour appuyer ses propos, elle juxtaposait les nouvelles de deux quotidiens montréalais, publiées à quatre mois d’intervalle.

Source : Facebook

Est-ce vraiment la situation vécue sur le terrain ? À plusieurs endroits, dont Montréal, oui. En ce qui me concerne, j’ai le privilège d’enseigner dans une école primaire située en milieu favorisé, ce qui permet d’ordinaire une meilleure flexibilité dans l’utilisation des budgets. La direction de l’école est également très proactive et s’est enquis dès la rentrée des classes des besoins des familles advenant un nouveau confinement. Elle a par la suite procuré à l’école la quantité nécessaire d’appareils Chromebook et a ainsi pu s’assurer que tous nos élèves disposent de l’équipement requis, personnel ou prêté, pour suivre nos cours à distance. Mais la situation diffère selon les endroits, ce qui crée de l’inéquité et des variations importantes dans les apprentissages.

Cette histoire me fait finalement mentir. Lorsque j’ai écrit ici, il y a quelques semaines, que les professionnels de l’enseignement québécois étions prêts pour de l’enseignement à distance, c’était en me basant en partie sur les paroles prononcées par le ministre, l’été dernier. Je réalise maintenant que même si mes collègues et moi offrons depuis hier un enseignement à distance à nos élèves, d’autres professionnels et leurs élèves n’ont pas ce privilège, faute d’avoir obtenu la quincaillerie promise. Ne pas avoir réussi à livrer la marchandise en neuf mois appelle un constat d’échec.


Dans le cours d’univers social

C’est d’éducation à la citoyenneté dont il sera question dans ce bloc. Nous vivons dans une société où une personne accusée est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. Et c’est tant mieux. Personnellement, je préfère laisser courir dix coupables que de condamner une personne innocente. Ce système ne prévient cependant pas toutes les injustices.

Gilbert Rozon, comme O. J. Simpson en 1995, a bénéficié du doute raisonnable. Si le second était accusé d’un double meurtre, Rozon était accusé d’agression sexuelle. Mais c’était la deuxième fois. La première, en 1998, il avait été accusé pour des gestes posés à l’endroit d’une employée du Manoir Rouville-Campbell. Il avait obtenu une absolution totale. Une vingtaine d’années plus tard, un groupe de femmes, plusieurs connues, dénoncent des gestes de même nature. Un seul cas donnera lieu à des accusations, celui d’Annick Charette, une employée de Télé-Québec. On connaît la suite.

La juge Mélanie Hébert n’a d’ailleurs pas mâché ses mots. Elle a admis ne pas croire Gilbert Rozon, mais devoir l’acquitter en raison de nos règles de droit. Tout cela le jour où quatre députées de l’Assemblée nationale déposaient un rapport de 190 recommandations visant à mieux accompagner les victimes d’agressions sexuelles.

Il faut souligner le courage d’Annick Charette, qui continuera de lutter pour la cause. Quant à Gilbert Rozon, plusieurs auraient de toute évidence souhaité le voir à l’ombre. Mais pour celui qui carbure aux feux de la rampe, c’est une pénombre en marge de la société qui l’attend, malgré l’acquittement.


Dans le cours de musique

La #musiquebleue déroule le tapis rouge à Pierre Lapointe, cette semaine. Son dernier album, Chansons hivernales, est tout indiqué pour fournir la pièce musicale qui agrémentera mon billet de cette semaine avant Noël. Mon choix s’est arrêté sur Maman, Papa. Les paroles de cette chanson lui ont été inspirées par un ami dont les parents acceptent mal l’annonce de son homosexualité. Chanson touchante, s’il en est une. Et qui porte sérieusement à réflexion.


La bonne nouvelle de cette semaine

La 18e édition de la journée Portes ouvertes sur les fermes du Québec, qui devait avoir lieu en septembre, a été annulée cette année. Comme plusieurs autres événements et festivals, d’ailleurs. Afin de pallier (deux l, ici ? Oui, merci.) à la situation, l’Union des producteurs agricoles a lancé un jeu en ligne, cette semaine. Ce jeu, intitulé Kasscrout, s’adresse aux élèves des 2e et 3e cycles du primaire (8 à 12 ans), mais en tant qu’adulte, je m’y suis laissé prendre et y ai joué durant plusieurs minutes !

Il permet de faire découvrir les produits du terroir québécois aussi bien que les régions administratives de la Belle Province. En ce sens, il constitue un bon outil d’apprentissage d’une partie importante du programme d’univers social.

On peut accéder à la page du jeu en se rendant sur Kasscrout.ca.


Et puis ? Quelle chanson tourne en boucle dans votre tête ? Celle de Pierre Lapointe ou celle de Gérard Lenorman ?


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Billet du 11 décembre 2020 : La distance a de l’importance

La semaine prochaine marquera le retour de l’enseignement à distance, pour les élèves et les membres du personnel des écoles primaires du Québec. Pour toutes les classes n’ayant subi aucun isolement préventif cet automne, ce sera une première depuis le printemps dernier. Durant quatre jours, les 17, 18, 21 et 22 décembre, les cours aux élèves se donneront via des plateformes de visioconférence, dans le cas qui m’implique.

Comme je l’expliquais dans un billet antérieur, nous sommes prêts. Technologiquement, du moins. Académiquement aussi. Psychologiquement ? C’est ce qui reste à voir. Les élèves ont été tellement marqués par le confinement du printemps qu’ils auraient préféré demeurer à l’école. Et que dire de mes collègues et moi.

Respectons les règles et restons chacun chez soi, en ce temps des Fêtes. C’est un grand coup à donner, mais il est nécessaire. Et surtout, nous mettons ainsi toutes les chances de notre côté pour voir les écoles rouvrir à la date prévue, le 6 janvier 2021.


Dans le cours de français

La lecture que je dévore quotidiennement, depuis les dernières semaines, se trouve ailleurs que dans un bouquin. C’est sur Twitter qu’elle est publiée. À la manière d’un roman-feuilleton, le journaliste franco-américain William Reymond diffuse tous les matins ses observations et enquêtes du jour sur les suites de la dernière élection américaine. Le contenu est très captivant !

Le flair de William Reymond pour prédire les actions à venir de Donald Trump et de son entourage est impressionnant. Il a été le premier à qualifier de coup d’état tous les accrocs à la démocratie dont Trump s’est rendu responsable. Il tient également le compte des gains et revers du camp présidentiel dans les différentes cours américaines, alors que ce dernier tente de faire reconnaître une fraude électorale lors du scrutin de novembre. En date d’hier matin, le compte était d’une victoire contre 55 défaites.

Je me surprends à me rendre chaque jour sur son compte Twitter pour prendre connaissance du dernier épisode (c’est ainsi qu’il les appelle). L’angle abordé par William Reymond diffère de celui de tous les autres médias, en plus d’être teinté d’une grande dose d’humour. C’est un rendez-vous quotidien, au moins jusqu’au 20 janvier prochain.


Dans le cours de mathématiques

Des statistiques horrifiantes ont circulé sur les médias sociaux, cette semaine. Celles-ci en constituent un exemple. Voici le palmarès des dix journées les plus meurtrières dans l’histoire des États-Unis.

1- Le 8 septembre 1900 – L’ouragan de Galveston – 8 000 morts;
2- Le 17 septembre 1862 – La bataille d’Antietam, durant la guerre de Sécession – 3 600 morts
3- Le 9 décembre 2020 – Décès liés à la Covid-19 – 3 157 morts
3- Le 11 septembre 2001 – Attaques de l’État islamique en sol américain – 2 977 morts
4- Le 10 décembre 2020 – Décès liés à la Covid-19 – 2 900 morts
5- Le 2 décembre 2020 – Décès liés à la Covid-19 – 2 885 morts
6- Le 3 décembre 2020 – Décès liés à la Covid-19 – 2 857 morts
7- Le 8 décembre 2020 – Décès liés à la Covid-19 – 2 821 morts
8- Le 4 décembre 2020 – Décès liés à la Covid-19 – 2 637 morts
9- Le 1er décembre 2020 – Décès liés à la Covid-19 – 2 610 morts
10- Le 7 décembre 1941 – Attaque de Pearl Harbor – 2 403 morts

Ces chiffres donnent froid dans le dos.


Dans le cours de français, deuxième période

L’Office québécois de la langue française a publié un message qui a fait couler beaucoup d’encre, le 30 novembre dernier.

Plusieurs ont réagi, notamment des anglophones québécois, dont certains estimaient que des mots français, comme rendez-vous ou déjà-vu, étaient courants dans la langue de Shakespeare et que de ce fait, il n’y avait pas de quoi faire un plat (sans mauvais jeu de mots) avec l’utilisation de « take out » dans une publicité francophone.

Ma position dans ce débat est cohérente avec ce que je répète à mes élèves chaque fois qu’ils me demandent l’autorisation d’utiliser un anglicisme dans une situation d’écriture. Premièrement, le mot doit figurer dans un dictionnaire de langue française. Deuxièmement, il ne doit pas y avoir d’équivalent en français. Dans le cas qui nous préoccupe, aucune de ces deux conditions n’est respectée.

Et en réponse à celles et ceux qui reprochent à l’OQLF d’être trop pointilleux et de gaspiller des deniers publics en publicités inutiles, je répondrai que ce genre d’intervention fait clairement partie de son mandat.


#LeProfCorrige

Deux coquilles à l’intérieur d’une publication de l’animateur Bernard Drainville, cette semaine :

À la dernière ligne, on aurait dû lire « (…) on a réussi », plutôt que « (…) on a réussit ». Réussir est un verbe de 2e groupe, dont le participe passé s’écrit réussi. C’est ce participe passé qui constitue le troisième élément, après le pronom personnel et l’auxiliaire, d’un verbe conjugué au passé composé, comme c’est le cas ici.

Et juste au-dessus, on aurait dû voir « prête-noms » et non « prêtes-noms ». La portion verbe d’un nom composé demeure invariable au pluriel. Par exemple, le pluriel de casse-tête est casse-têtes.


Dans le cours de musique

Pour la #musiquebleue de cette semaine, mon choix s’arrête sur la chanson À ma manière, de Roxane Bruneau. La pièce fait partie de l’album Acrophobie, lancé le mois dernier. Les paroles d’À ma manière sont lourdes de sens et appellent à l’affirmation de soi. Mais au-delà des paroles, chantées sur un rythme pop-rock des plus entraînants, Roxane Bruneau a conçu un vidéoclip qui met en lumière (sous les néons) une douzaine de personnalités, de tous les âges et de tous les genres, qui ont été des précurseurs dans plusieurs domaines, souvent en nageant à contre-courant. Des personnes qui s’affirment et qui permettent à la société d’évoluer, grâce à leurs messages sincères et audacieux. Un vidéoclip simple, sans artifice, mais à voir.


La bonne nouvelle de cette semaine

Il y en a une qui éclipse toutes les autres, c’est l’homologation par Santé Canada du vaccin contre la Covid-19 de Pfizer et BioNTech. La vaccination pourra donc commencer dès la semaine prochaine. Tout est dit !


Billet du 4 décembre 2020 : Une semaine toute littéraire

Il faut souvent peu de choses pour semer le bonheur. Il y a quelques semaines, la directrice de l’école où j’enseigne, lors d’une rencontre avec mes élèves, leur suggérait d’écrire une lettre à leurs grands-parents et de la leur poster. Les communications ayant beaucoup évolué, le courrier personnel est pratiquement disparu de la réalité moderne. D’ailleurs, aucun de mes élèves, âgés de 11 et 12 ans, ne savait comment poster une lettre. Afin de favoriser les suites à sa suggestion, ma patronne m’a offert une roulette de timbres, dans les jours qui ont suivi.

J’ai donc saisi l’occasion pour démarrer ce projet d’écriture dans ma classe. Hier, nous avons marché jusqu’à une boîte postale située à proximité de l’école et chacun de mes 24 élèves a posté sa lettre. Au cours des prochains jours, autant de grands-parents ou de couples de grands-parents, isolés par les mesures sanitaires, recevront ces mots d’amour. Certains voleront jusqu’en France, au Brésil, au Maroc et en Haïti.

La magie de Noël demeure bien présente.


Dans le cours de français

Plusieurs événements liés à la littérature se sont déroulés, au cours des derniers jours. Outre le Salon du livre de Montréal, qui y est allé cette année d’une édition entièrement virtuelle, les prestigieux prix Goncourt et Renaudot ont été décernés cette semaine. Une première, le Renaudot 2020 de l’essai a été attribué à une Québécoise, Dominique Fortier, pour sa biographie de la poétesse Emily Dickinson. Le livre est intitulé Les villes de papier.


Dans le cours de français, deuxième période

Une association de libraires demande à des personnalités de diffuser une liste de suggestions de livres pour le congé des Fêtes. Parmi elles, le premier ministre du Québec, qui se plie volontiers à l’exercice. Ses suggestions de livres sont diffusées, au même titre que celles des autres personnalités impliquées. Mais comme l’actuel premier ministre n’a toujours pas reconnu que du racisme systémique était vécu au Québec, et aussi parce que parmi ses suggestions se trouve celle d’un auteur qui ne fait pas l’unanimité, l’association de libraires reçoit une série de menaces et d’invectives. Au point où elle décide de retirer les choix du premier ministre de sa liste de diffusion. Ce qui crée le tollé inverse. Les libraires reviennent donc sur leur décision, 24 heures plus tard, et diffusent de nouveau les choix du premier ministre.

C’est bien cela ?

Ah bon.


En tant que lecteur, je remercie François Legault pour sa liste littéraire, que je trouve fort intéressante. Oui, Mathieu Bock-Côté en fait partie. Et en effet, je suis plus souvent qu’autrement en désaccord avec ses positions que je trouve rétrogrades, exclusives et d’un nationalisme se rapprochant de celui des Le Pen. Mais je lis quand même Mathieu Bock-Côté ! Parce que, justement, je veux connaître et comprendre les arguments de celles et ceux dont les opinions diffèrent des miennes.

Quant à la position du premier ministre sur le racisme systémique, je propose d’en débattre sur une autre tribune que celle offerte par les libraires. Il me semble que ce serait plus pertinent.


Dans le cours de musique

Je fais une exception, cette semaine. Comme à l’habitude, j’irai de la présentation d’une musique toute québécoise. Cependant, plutôt que d’y aller avec une émergence artistique, je profiterai de l’espace que je m’offre chaque semaine pour rendre hommage au grand André Gagnon, décédé hier. Peu de gens le savent, mais André Gagnon est à l’origine de la musique de la plupart des chansons de La souris verte, une émission qui a bercé mon enfance. Il a passé sa carrière à composer des oeuvres originales ou à adapter celles d’autres compositeurs, comme Claude Léveillé, dans tous les styles. Son grand succès de l’album Neiges, Wow, s’inscrit dans la plus pure mouvance disco du milieu des années 1970. C’est toutefois un autre succès, tiré de l’album Le Saint-Laurent, que je vous propose en #musiquebleue. En hommage à un pianiste québécois de renommée mondiale, voici Un piano au soleil.


La bonne nouvelle de cette semaine

En septembre dernier, le chroniqueur Patrick Lagacé publiait un billet dans lequel il était question de deux frères jumeaux de 17 ans, originaires du Congo, qui pour suivre leurs cours à distance s’installaient aux abords d’une bibliothèque montréalaise, au froid, car c’était pour eux la seule manière de pouvoir bénéficier d’un réseau sans fil efficace. La chronique avait suscité une immense vague de réactions, de laquelle une campagne de sociofinancement a été mise sur pied afin de soutenir financièrement ces jeunes immigrants et leur mère.

La semaine dernière, Lagacé récidivait en publiant cette fois un reportage sur la mère des deux garçons. Plusieurs fois par an, notamment dans le cadre de cours d’univers social, je répète à mes élèves, exemples à l’appui, à quel point nous sommes chanceux de vivre ici, au Québec, au Canada. Non seulement le contenu de ce texte s’ajoutera-t-il à ma liste d’exemples, mais le courage et la volonté de cette mère d’offrir un bel avenir à ses fils est digne de mention dans ma rubrique de bonne nouvelle hebdomadaire.

Victime de violences au Congo, cette mère a profité d’une tournée au Canada de la troupe de danse dont elle faisait partie pour demander son statut de réfugiée. Les garçons, demeurés au Congo, étaient alors âgés de trois ans. Ils en avaient neuf lorsqu’après maintes démarches, leur mère les a revus, ici, à Montréal. Elle s’est rapidement adaptée à la vie québécoise en suivant, peu de temps après son arrivée, un cours pour devenir préposée aux bénéficiaire, métier qu’elle pratique depuis, toujours dans le même CHSLD. En ne maintenant qu’un lien téléphonique avec eux, elle s’est privée de la majeure partie de l’enfance de ses fils. Malgré cela, et malgré la rigueur de nos hivers, elle répond un franc « Jamais ! » à son interlocuteur, lorsqu’il lui demande si elle éprouve le moindre regret de se trouver maintenant ici.

De toute évidence, la force et la persévérance des fils sont tout droit héritées de leur mère.