Billet du 24 février 2023 : Histoire d’eau

L’été dernier, des camions-citernes avaient dû alimenter en eau plus d’une centaine de communes françaises, les nappes phréatiques, fournissant les deux tiers de l’eau potable, ayant atteint un niveau historiquement bas. La situation s’annonce encore plus inquiétante pour cette année.

Alors que les précipitations de l’automne et de l’hiver permettent généralement aux nappes de se remplir, plus des trois quarts de celles de France demeurent sous les normales mensuelles. 1 Cela signifie qu’à moins d’un mois de mars exceptionnellement pluvieux, la pénurie d’eau potable touchera une plus grande partie du territoire à l’été 2023, inscrivant ainsi un autre record historique. Et si les canicules des dernières années reviennent accabler les populations européennes, la situation pourrait s’annoncer très difficile chez nos cousins.

Au Nord de l’Amérique, nous avons le privilège de résider sur des terres baignées par des quantités de cours d’eau, desquelles nous puisons cette source de vie. Il n’y a rien d’inquiétant ici à ce chapitre, du moins pour l’instant. Mais rappelons-nous que les changements climatiques surviennent rapidement et que leurs conséquences bouleversent toute la planète. Évitons le gaspillage et protégeons nos ressources.

1 Nappes d’eau souterraine au 1er janvier 2023. Gouvernement français. Le 13 janvier 2023.


Dans le cours de français

C’est aujourd’hui, 24 février, qu’on souligne le premier anniversaire de la guerre en Ukraine. Dans un contexte orthographique, doit-on écrire les un an de l’événement ou les un ans de l’événement ?

Avec un autre nombre, on ne s’interrogerait pas : on célèbrera les trente ans de La petite vie en tournant de nouveaux épisodes. Avec trente, le nom an doit s’inscrire au pluriel. Mais dans l’exemple du paragraphe précédent, où deux déterminants, un pluriel et l’autre singulier précèdent le nom, avec lequel doit-on accorder ce dernier ?

Il faut ici écrire les un an, en conservant an au singulier. Comme il s’agit d’une seule année écoulée, le singulier doit l’emporter.


Dans le cours de français, deuxième période

Le polémiste Jeff Fillion publie beaucoup sur Twitter. Et ses fautes de français sont nombreuses. La tentation s’est souvent montrée forte de les corriger ici, mais l’effet pervers aurait alors été de donner une certaine importance à ses insanités, qui volent généralement plus bas que ses erreurs orthographiques et grammaticales. Comme une fois n’est pas coutume, je le ferai cette semaine.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire recevoir, sans la cédille sous le c. Français de premier cycle du primaire, Jeff.

J’aurais aussi préféré lire emploi à la place de job, de même que groupe au lieu de gang, mais les deux anglicismes choisis par Fillion sont quand même admis dans nos dictionnaires.


Dans le cours de musique

Depuis vingt ans, ils s’amusent et font ce qu’ils aiment, c’est-à-dire des reprises et des compositions originales pop rock, avec un son rappelant la belle époque du new wave. Le groupe Les Incendiaires, créé par Rudy Berhnard et Frédéric Otis, s’inspire de toute évidence des notes musicales d’Indochine et de The Cure.

Son plus récent album, In abstracto, est disponible depuis le 17 février dernier. Troisième plage parmi les douze qu’il contient, voici, en #musiquebleue, Le parfum du Tao.

Les Incendiaires – Le parfum du Tao – In abstracto – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il n’y a pas lieu de se réjouir quand une personne perd quelque chose d’aussi précieux que sa liberté. Si on est une victime réelle ou potentielle d’un acte criminel que cette personne a posé, par contre, on est en droit de ressentir un soulagement si on obtient confirmation qu’elle sera hors d’état de nuire pour un certain temps.

En écrivant ces lignes, je pense aux victimes de Harvey Weinstein, qui ont vu cette semaine 16 années de prison s’ajouter aux 23 qu’il purge déjà. J’arrête ici.


Déjeuner en paix

Stephan Eicher – Déjeuner en paix – Hôtel S

Billet du 17 février 2023 : Des adultes persévérants pour amener les jeunes à persévérer

C’est aujourd’hui que prennent fin les Journées de la persévérance scolaire, pour l’année 2023. En fait, c’est aujourd’hui que se terminent les activités annuelles visant à les souligner, parce que la cause, elle, doit être promue de septembre à juin.

Cette année, pour la première fois, c’est à titre de conférencier que j’ai pu m’impliquer dans l’événement. À l’invitation du psychopédagogue Richard Robillard, lui-même convié par l’Instance régionale de concertation de la Montérégie (IRCM), deux autres enseignants et moi avons débattu, durant deux heures, de l’importance qu’occupe la persévérance des adultes dans l’influence de celle des jeunes, devant les acteurs scolaires, économiques et communautaires de la région.

Selon ce que j’ai mentionné, développer la persévérance chez les élèves nécessite trois ingrédients essentiels : un lien d’attachement avec l’adulte, un sentiment de sécurité dans l’environnement scolaire et une bonne coopération entre tous les intervenants. Lorsque tout est établi, on peut commencer à travailler la persévérance des jeunes.

Mais la mise en place de ces trois éléments nécessite temps et efforts. Il faut donc des adultes persévérants pour amener les jeunes à persévérer. Le travail doit d’abord se faire sur nous-mêmes.


Dans le cours de français

Quand un élan déjà entrepris continue sa poussée, parle-t-on d’un air d’aller, d’une ère d’aller ou d’une erre d’aller ? Bonne question.

Il faut d’abord savoir que l’expression se veut typiquement québécoise et n’est guère utilisée dans le reste de la francophonie. Pour connaître la bonne orthographe, il suffit d’analyser les mots qui la composent. Premièrement, air est de genre masculin, alors qu’ère et erre sont féminines.

Air peut désigner au moins trois éléments, soit le gaz qu’on respire, une mélodie ou l’apparence d’une personne. Dans les trois cas, on s’éloigne de l’élan ou de la poussée.

Une ère constitue un espace de temps ou une époque. Rien à voir avec une force de propulsion.

Quant à erre, elle définit la vitesse résiduelle par laquelle un véhicule ou un bateau continue d’avancer, alors qu’il n’est plus propulsé ou tiré par une autre force. Tiens, tiens. C’est aussi le seul des trois mots à partir duquel on peut former un verbe, soit errer, qui peut prendre deux significations. Outre commettre une erreur, errer réfère à un déplacement sans but précis. Il s’agit donc d’un mouvement sans grande poussée, cette fois au sens figuré.

L’erre d’aller est donc la bonne chose à écrire. Et on l’emploie au féminin.


Dans le cours de musique

«La solastalgie est une forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux passés, actuels ou attendus, en particulier concernant la destruction des écosystèmes et de la biodiversité, et par extension le réchauffement climatique.» (Source : Wikipédia)

Solastalgie est également le nom d’un projet musical initié par Jérôme Dupras, bassiste du groupe Les Cowboys fringants, accompagné par Jérôme Dupuis-Cloutier et Guillaume St-Laurent. Regroupant huit plages instrumentales composées sous la trame de l’écoanxiété, la première compilation du trio est parue il y a tout juste une semaine. En #musiquebleue, voici la pièce titre de l’album éponyme.

Solastalgie – Solastalgie – Solastalgie – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il fut une époque où on ne mangeait que des légumes de saison, au Québec. Ce qui signifie que le nombre de végétaux pouvant être consommés en hiver et au printemps s’avérait plutôt limité. Puis, des techniques de conserves se sont développées, ce qui a permis à nos ancêtres d’étirer le plaisir pour quelques mois supplémentaires.

Depuis quelques générations, l’évolution des moyens de transport nous permet de savourer à peu près tous les fruits et légumes, y compris ceux qu’on peut qualifier d’exotiques, durant toute l’année.

Puis, il y a une dizaine de jours, un reportage de Radio-Canada est venu démontrer qu’à partir d’abris d’automobiles, on pouvait cultiver certains légumes même en hiver, sans autre chauffage que les rayons de soleil frappant les parois de plastique. Malgré le froid extérieur, la température sous la bâche est naturellement maintenue au-dessus du point de congélation, permettant à des légumes robustes, comme la laitue ou le radis, de croître.

Des abris d’auto pour faire pousser des légumes verts en hiver. Radio-Canada. Le 7 février 2023.


Billet du 10 février 2023 : Déjeuner en paix

«J’abandonne sur une chaise le journal du matin
Les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent»

Cette chanson de Stephan Eicher a joué en boucle dans ma tête, tout au long de la semaine. L’actualité me l’inspirait chaque matin, avant même les premières lueurs, en écoutant les informations.

«Je vais à la fenêtre et le ciel ce matin
N’est ni rose ni honnête pour la peine»

Pendant qu’un an plus tard la population ukrainienne continue de lutter pour repousser les attaques russes, au moins deux ballons-espions chinois ont été repérés dans les cieux des Amériques. Les États-Unis, après en avoir abattu un, ont émis la conclusion qu’il faisait partie d’une flotte comprenant une quarantaine d’engins du genre, capables de capter et de géolocaliser des communications sur cinq continents.1

«Cette fois je ne lui annoncerai pas
La dernière hécatombe»

Au moment où j’écris ces lignes, les séismes qui ont secoué la Turquie et la Syrie, lundi, auraient fait un minimum de 21 000 morts et 68 000 blessés, selon Reuters.2 Pour des raisons strictement politiques, Bachar el-Assad empêche l’aide humanitaire internationale de franchir ses frontières pour venir au secours de la population syrienne.3

«Est-ce que tout va si mal?
Est-ce que rien ne va bien?
L’homme est un animal, me dit-elle»

À propos de l’animal, après Paris et New York, c’est maintenant au tour de Montréal d’être infestée par les rats.4

Et pour garnir le tout, l’innommable tragédie de Laval.5

«Plus rien ne la surprend sur la nature humaine
C’est pourquoi elle voudrait enfin si je le permets
Déjeuner en paix»

Le grand Doris Lussier a dit un jour que la seule chose qui manquait à son bonheur était celui de tous les autres. C’est un peu ce que je ressens. Oui, déjeuner en paix, dans le sens le plus propre de l’expression. Je nous le souhaite.

Merci, Stephan Eicher.

1 Le ballon chinois abattu était «clairement» équipé d’outils d’espionnage, selon les États-Unis. Le Figaro. Le 9 février 2023.

2 Séismes de 2023 en Turquie et Syrie. Google.

3 Séisme : les secours bloqués dans la Syrie de Bachar el-Assad. LCI sur YouTube. Le 7 février 2023.

4 Les rats pullulent à Montréal. Radio-Canada. Le 30 janvier 2023.

5 Drame de la garderie de Sainte-Rose à Laval. Google Actualités.


Dans le cours de français

Y a-t-il une faute dans cette publication d’Éric Duhaime ?

Eh bien non ! La personne qui a porté ceci à mon attention se demandait si M. Duhaime n’aurait pas dû écrire la lettre que j’ai faite parvenir, étant donné que le participe passé employé avec l’auxiliaire avoir s’accorde généralement avec le complément direct si celui-ci est placé avant le verbe, comme c’est le cas ici. Il importe cependant de préciser que ce même participe passé doit demeurer invariable s’il est suivi d’un verbe à l’infinitif, comme c’est également le cas dans ce libellé. Qu’elle est belle notre langue, avec toutes ses complications ! Le chef conservateur québécois a donc bien rédigé cet extrait.

En fait, un peu plus bas, il aurait été préférable d’écrire du professeur de l’Université Laval, mais l’utilisation de la préposition à, dans ce contexte, ne constitue pas une faute.


Dans le cours de musique

Si j’avais possédé les talents d’un auteur-compositeur, je les aurais exploités comme le fait David Höff ! J’aurais lâché mon fou en conjuguant des paroles absurdes avec de la musique rock, en plus de jouer à l’hurluberlu dans mes entrevues avec les médias.

De son récent premier album 40th Deluxe Edition, qu’il jure avoir écrit en 1982, voici Modèle européen.

David Höff – Modèle européen – 40th Deluxe Edition – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il est toujours agréable, du moins pour moi, de voir des Québécoises et des Québécois s’illustrer sur la scène internationale. Surtout lorsqu’ils y parviennent en franchissant les barrières de milieux plutôt fermés.

Après Serban Ghenea, Daniel Lanois, Céline Dion, Walter Ostanek, Kaytranada, Leonard Cohen, Arcade Fire et François Girard, le maestro Yannick Nézet-Séguin est devenu, dimanche dernier, le neuvième artiste québécois à remporter un prix Grammy. Au surplus, il s’en est vu octroyer un deuxième au cours de la même soirée.

Comme directeur musical des orchestres et des chœurs du Metropolitan Opera, il a d’abord reçu le Grammy du Meilleur enregistrement d’opéra pour Fire Shut Up in My Bones. Puis, comme pianiste-accompagnateur de Renee Fleming, on lui a remis celui du Meilleur album solo vocal classique pour Voice Of Nature — The Anthropocene.

Un prix Grammy est déjà difficile à remporter, particulièrement pour quelqu’un qui est né hors du pays de l’Oncle Sam. Accomplir l’exploit, deux fois plutôt qu’une, dans un domaine comme l’opéra, tient du remarquable.


Stephan Eicher – Déjeuner en paix – Hôtel S

Billet du 3 février 2023 : Dans une forme majuscule

«Comment vas-tu?» est une question à laquelle je réponds quotidiennement. Je vais bien. Je vais même très bien.

Mon passeport demeurera en règle pour encore quelques années. À court terme, je n’aurai donc pas à m’engager dans des démarches compliquées et interminables pour le renouveler. Aussi, je pratique une profession dont le salaire, bien que non indexé à l’inflation, me permet toujours de me procurer les denrées alimentaires essentielles, incluant des fruits et des légumes. J’occupe justement un emploi, ce qui fait que je n’ai pas à m’embourber dans les méandres congestionnés du système d’assurance-emploi.

Tous les membres de ma famille bénéficient actuellement d’une bonne santé. Il en est de même pour moi. Je n’ai donc pas à affronter un milieu hospitalier dont les ressources déclinent et s’amenuisent, et qui croule sous une pression insoutenable.

Je possède une maison que je suis capable de payer, parce qu’achetée à un prix abordable, il y a dix ans.

Oui, je vais bien, tout en étant conscient que je demeure, du moins pour l’instant et pour toutes ces raisons, dans une classe privilégiée. Ajoutons que je dispose encore de mille motifs pour rire et sourire, tous les jours, et que mon entourage démontre très adéquatement sa présence et son attention.

Serai-je en mesure d’écrire la même chose le mois prochain ou dans un an ? On verra. Développer ma pleine conscience constitue l’une de mes plus belles réalisations des deux dernières années.

Aujourd’hui, je vais très bien.


Dans le cours de français

En chronique à Rouge FM, cette semaine, Jean-René Dufort y est allé d’une critique des incongruités de la langue française, à travers un discours dont j’aurais aimé être l’auteur ! Si vous disposez de cinq minutes, je vous invite à l’écouter. Sourires et hausse du bagage intellectuel assurés. Probablement quelques éclats de rire, aussi.

Jean-René Dufort sur les ondes de Rouge FM – Le 27 janvier 2023.


Dans le cours de français, deuxième période

Plusieurs corrections à effectuer, cette semaine. Je souligne en premier lieu que d’ordinaire, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, maîtrise de brillante façon son français, tant à l’oral qu’à l’écrit. Il a cependant commis deux impairs dans ses publications, au cours des derniers jours.

Voici le premier :

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire Canadien avec un c majuscule. Être (un) Canadien implique que le mot fait partie de la classe des noms. Dans ce cas, comme il fait référence à un peuple, il s’agit d’un nom propre.

Ensuite :

#LeProfCorrige

Ici, à l’inverse, on aurait dû voir Parti québécois, avec un q minuscule. Pourquoi ? Parce que le mot québécois est employé comme adjectif, qui vient qualifier le nom Parti. De la même manière, on écrira Parti libéral, Parti conservateur, Parti vert et Assemblée nationale, tel que monsieur St-Pierre Plamondon l’a fait, à l’intérieur de la même publication.

À sa défense, cependant, dans ses documents officiels, le Parti québécois utilise également les majuscules aux deux mots. La grande majorité des médias et ouvrages de référence, de leur côté, emploient la règle de grammaire convenablement.


L’autre faute est tirée d’un article diffusé sur le site de TVA Nouvelles.

La nouvelle est terrible, je sais.

#LeProfCorrige

Ici, il aurait fallu employer le pluriel et lire une allergie sévère aux produits laitiers. Si elle n’était allergique qu’à un seul produit laitier, une précision se serait avérée nécessaire.


Dans le cours de musique

À peu près toutes les chansons de Sébastien Lacombe me rejoignent, tant pour les paroles que pour les mélodies et orchestrations. Aussi ai-je été heureux d’apprendre, cette semaine, que son plus récent album, Le chemin des possibles, lui valait d’être nominé à titre d’auteur-compositeur francophone de l’année aux Prix de la musique folk canadienne. Les galas de dévoilement des récipiendaires auront lieu à Vancouver, les 1er et 2 avril 2023.

En #musiquebleue, tirée de cet album, voici la pièce Far West.

Sébastien Lacombe – Far West – Le chemin des possibles – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

J’étais un élève de secondaire 5, en 1984, alors que le Québec tout entier acclamait Gaétan Boucher qui, aux Jeux olympiques de Sarajevo, remportait deux médailles d’or et une de bronze en patinage de vitesse. Aujourd’hui, à moins de cinq années de ma retraite de l’enseignement, ce même Gaétan Boucher a gagné les Jeux mondiaux des maîtres, dans la même discipline.

Dans la catégorie des 65 ans et plus, il a terminé premier aux 500 m et 1 000 m, deuxième au 1 500 m et quatrième au 3 000 m, ce qui lui a permis de devancer un Hollandais au classement. Heureux de ce retour fructueux, il envisage des participations à d’autres compétitions, au cours de la prochaine année.


Photo de l’en-tête : Sophie Lussier