Billet du 30 octobre 2020 : Hocus POTUS

À quel genre de magie aurons-nous droit, cette semaine ? Premièrement, les enfants québécois seront autorisés à passer l’Halloween, samedi, en pleine deuxième vague de la pandémie de coronavirus, alors que nos mesures sanitaires font des mécontents et que l’Europe reconfine. Un an après le cafouillage de l’an dernier, quand les pluies diluviennes du 31 octobre avaient incité certaines municipalités à repousser au 1er novembre, au milieu d’un vent à écorner les boeufs, la traditionnelle cueillette de bonbons, la situation permettra-t-elle aux enfants de retrouver cette ambiance festive automnale et une récolte abondante ? Réponse demain, dans nos rues et les bulletins de nouvelles de fin de soirée.

Dans le cours d’univers social

Ensuite, le réveil de mercredi matin en sera-t-il un d’euphorie ou de dur lendemain de veille pour les États-Unis et la planète, suivant l’élection à la présidence américaine ? L’ère Trump se poursuivra-t-elle quatre années de plus ou fera-t-elle place à un nouveau POTUS, en l’occurence Joe Biden ?

La seule prédiction à laquelle je me risque, c’est que Biden remportera le vote populaire. Mais le système électoral américain étant ce qu’il est, alors que 48 des 50 états accordent la totalité des votes des grands électeurs à un seul des deux candidats, Donald Trump dispose d’excellentes chances de demeurer à la Maison-Blanche. Rappelons qu’en 2016, il avait remporté le vote du collège électoral 304 contre 227, alors que son adversaire Hillary Clinton avait obtenu, au niveau de la population, près de 3 millions de votes de plus que lui.


Dans le cours de français

Triste nouvelle, mercredi matin, alors que la francophonie apprenait le décès d’Alain Rey, le rédacteur en chef des éditions Le Robert. Il n’avait que 24 ans lorsqu’il a été engagé par Paul Robert, en 1952, demeurant au sein de l’entreprise jusqu’à sa mort. On lui doit tous les dictionnaires de la maison, en collaboration avec différents linguistes.

Ce qu’il y a de particulier avec Alain Rey, c’est que seul son amour de la langue française l’a guidé tout au long de son parcours. En effet, bien qu’il eût fait des études en lettres, il n’a jamais reçu de diplômes universitaires.

Il y a quelques mois à peine, il s’était prononcé sur le genre du mot Covid. J’y avais d’ailleurs fait allusion dans mon billet du 5 juin dernier.

Et je cite :

« Les verbes pleurent, les adjectifs sont tristes, les noms versent des larmes, les adverbes sont infiniment chagrins, le français est en deuil: Alain Rey a refermé ses précieux dictionnaires. »

Bernard Pivot, le 29 octobre 2020

Dans la salle du personnel

Excellente nouvelle pour nous, enseignants, en milieu de semaine, alors que le gouvernement du Québec annonçait la conversion de trois journées de classe de la présente année scolaire en journées pédagogiques. Contrairement à ce que plusieurs croient, les journées pédagogiques ne sont pas des jours de congé pour les enseignants. Ce sont des journées de formation, de réunion, de planification, parfois de correction.

Il y a deux ans, en raison de fermetures des écoles lors de tempêtes de neige ou d’importantes chutes de verglas, nos journées pédagogiques situées entre la mi-février et le début du mois de juin avaient toutes été rayées du calendrier, à l’école où j’enseigne. Durant cette période, il y avait eu la relâche scolaire, les congés de Pâques et celui de la Fête de Dollard-Reine-Patriotes (appelez-le comme vous voulez), mais aucun de ceux-ci ne nous permettait de nous réunir entre collègues, à l’école. Il avait donc fallu le faire sur notre temps personnel, durant près de cinq mois.

Avec la surcharge de travail que la situation actuelle nous demande, en ce temps de Covid, cette décision est vraiment bienvenue.


Dans le cours d’éducation physique

Le 7 octobre dernier, un jeune hockeyeur américain de 18 ans, Mitchell Miller, réalisait son grand rêve alors qu’il était repêché en 4e ronde par les Coyotes de l’Arizona. Trois semaines plus tard, il ne fait déjà plus partie de l’organisation et ne jouera probablement jamais dans la LHN. Alors qu’il avait 14 ans, Miller a intimidé un camarade de classe de race noire et présentant des retards de développement. Il faut préciser que les gestes posés étaient graves et ont résulté en accusations devant une cour de jeunesse.

Ce qu’il y a de malheureux, en plus de ce qu’ont subi la victime et sa famille, c’est que les Coyotes avaient fait le pari de prendre part à la réhabilitation complète de Miller, considérant son attitude, sans l’excuser, comme une erreur de jeunesse. La pression populaire s’est cependant montrée plus forte et la formation professionnelle n’a eu d’autre choix que de couper les ponts avec son jeune défenseur.

Les conséquences sont lourdes pour tous les acteurs, dans cette histoire. J’espère qu’elle servira d’exemple dans certains milieux.


Dans le cours d’univers social, deuxième période

À travers les pages de ce blogue, je me suis généralement gardé une réserve sur les questions politiques. Je transgresserai ma propre règle aujourd’hui. Dans un rassemblement au Michigan, mardi, Donald Trump a évoqué devant ses partisans le 25e Amendement qui ferait de Kamala Harris la première femme à la présidence des États-Unis, la ridiculisant au passage. Vous pouvez écouter l’entièreté de son discours en suivant ce lien, mais entre 12:25 et 12:50, Trump déclare : « Après trois semaine à la présidence, Joe se fera descendre. Alors Kamala, tu es prête ? »

Quand on connaît les liens de Trump avec les Proud Boys, cette milice armée prête à le maintenir au pouvoir coûte que coûte, on peut se demander où cette déclaration l’aurait mené, quelques minutes à peine après l’avoir prononcée, s’il n’avait pas été président des États-Unis.


Extrait de Monsieur Bellum, par Hergé (1939)

Et je cite :

– Vous trouvez pas ça bizarre que ce ne soit que des républicains qui testent positif à la COVID-19?

– Pas plus étrange que lorsque mon chum Jimmy, au CEGEP, qui répétait toujours que le condom n’était pas confortable, a attrapé la gonorrhée.

Louis T., humoriste, le 25 octobre 2020

Jouons avec les mots

Dans mon dernier billet, je vous demandais de me nommer le plus long mot de la langue française dont on ne prononce aucune des lettres. La réponse est oiseaux, dont on ne prononce ni le [o], ni le [i], ni le [s] (qui se prononce [z]), ni le [e], ni le [a], ni le [u], ni le [x].

Cette semaine, je vous demande de me nommer le mot le plus court contenant toutes les voyelles, à l’exception du y. C’est facile ! Réponse dans mon billet du 6 novembre.


Dans le cours de musique

Cette semaine, je me suis vraiment amusé en découvrant l’album Le camp de vacances de Jérôme 49, de Jérôme 50. Pourquoi celui qui s’affiche sous le pseudonyme de Jérôme 50 a-t-il choisi de s’appeler Jérôme 49 dans le titre de cet album ? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit, l’artiste y revisite les grands classiques des camps de vacances avec des paroles contemporaines et franchement moins innocentes que les originales. J’admets avoir éclaté de rire par moments, lors de l’écoute.

Pour l’extrait de cette semaine, en #musiquebleue, je vous propose sa version de Trois p’tits chats. Amusez-vous !


La bonne nouvelle de cette semaine

Joey Moss est décédé. En soi, cela n’a rien d’une bonne nouvelle, au contraire. La bonne nouvelle, c’est tout ce qui entoure la vie de cet homme. Comment il a su faire sa place dans la cour des grands. Comment les grands ont donné sa chance à la différence et largement bénéficié des retombées positives de leur action.

Joey Moss est né avec la trisomie 21, en 1963. Un jour de 1984, un certain Wayne Gretzky, qui le connaissait, a proposé aux Oilers d’Edmonton de l’engager comme préposé au vestiaire de l’équipe. Dès le départ, aux dires de plusieurs, Moss accomplissait ses tâches avec une rigueur incomparable. Au point où les Eskimos d’Edmonton, de la Ligue canadienne de football, lui ont offert le même emploi, quelques années plus tard. Heureux et reconnu dans toute l’Alberta, Joey Moss a cumulé les deux fonctions jusqu’à lundi dernier, jour de son décès.

Tant au hockey qu’au football, les joueurs et autres éléments de l’organisation le considéraient comme un membre de l’équipe à part entière. Mourir à 57 ans, c’est jeune. Mais pour quelqu’un atteint de trisomie 21, cet âge est vénérable. La considération qu’il a reçue a-t-elle eu un effet sur sa longévité ? J’ose croire que oui. En fait, j’en suis certain.

Photo : Page Facebook des Oilers d’Edmonton.

Image en titre du billet : Shutterstock


Billet du 5 juin 2020 : Entendez-vous ?

Dans le cours de français

C’est hier, le 4 juin, que Le Petit Robert 2021 et Le Robert illustré 2021 sont apparus sur les rayons des librairies. Comme chaque année, le pédagogue et rédacteur en moi s’intéresse aux nouveaux mots et nouvelles expressions qui y sont admis. Cette année, l’actualité s’est montrée particulièrement influente. Parmi les nouveautés, on y retrouve covid, déconfiner, déconfinement et distanciation (sociale et physique), mots et expressions dont il a été question dans mes billets des dernières semaines.

Ainsi, covid peut maintenant s’écrire en lettres minuscules. L’ouvrage semble également se diriger vers l’omission du trait d’union, lorsqu’il s’agit d’un covid en particulier, comme le covid 19. Lorsqu’il s’agit d’un covid, viens-je de mentionner ? Comme le covid 19 ? Alors qu’il n’y a pas si longtemps, j’insistais sur son genre féminin ? Le Petit Robert n’a pas statué et lui a octroyé les deux genres. On pourra donc continuer d’évoquer la covid, autant que le covid. À noter ici qu’aux dires mêmes d’Alain Rey, linguiste et rédacteur en chef des éditions Le Robert, seul l’usage populaire en France justifie le genre masculin de covid. L’Organisation mondiale de la Santé, l’Office québécois de la langue française et, nouvellement, l’Académie française, recommandent plutôt le genre féminin.

J’ai également eu l’occasion de livrer mon analyse bien humble et personnelle sur le verbe déconfiner et son pendant nominal déconfinement, mais également sur le nom distanciation. Dans le billet où je m’exprimais sur ce dernier mot, j’en arrivais à la conclusion qu’une distanciation ne pouvait être ni sociale, ni physique, dans le contexte grammatical lié à la maladie à coronavirus. Ainsi, dans son édition 2021, Le Petit Robert vient actualiser sa définition du mot. Dans un premier temps, il ajoute le mot quelqu’un (qqn) à sa définition initiale de distanciation, qui est maintenant ainsi libellée : « Recul, détachement pris par rapport à qqn, qqch. ». Ensuite, il insère pour la première fois l’expression distanciation sociale, la définissant comme le « fait de maintenir une distance de sécurité entre les personnes pour des motifs sanitaires. » Une référence officielle permet donc maintenant les aspects physique et social à la distanciation.

Parmi les autres mots qui entrent dans Le Petit Robert par la grande porte, notons télétravail, téléconsultation, technophile et technophobe, détox, THC, hypercentre, halloumi, kombucha, IPA, veggie, mocktail, sexto, savoir-être, présentéisme, polyamour, pansexuel, se désâmer, cloud, blacklister, cluster, brainstormer, trackeur, spammer et story.

Certains anglicismes vous font sourciller ? Moi aussi.


« Une grande nation n’est pas jugée par son nombre de milliardaires ou ses allégements fiscaux. Elle est jugée par la façon dont elle traite ses personnes les plus vulnérables. »

Bernie Sanders, le 29 mai 2020

Dans le cours de mathématiques

Un nombre, 21. Comme dans 21 secondes. Et un calcul. Un calcul politique.

Un habile calcul politique ? C’est la question que je me suis posée quand j’ai entendu le long silence du premier ministre Justin Trudeau, lorsque interrogé sur la menace du président américain de déployer son armée face aux manifestants dans son propre pays. Le calcul politique ne suscitait aucun doute pour moi. Mais était-ce habile ?

Écouter les réflexions des analystes peut certes contribuer à se forger une idée. Se tourner vers les réactions de l’opposition donne généralement une bien meilleure indication. L’opposition critiquera, c’est presque un automatisme. Mais la force ou la faiblesse de ses arguments poivrera une plaie ouverte ou témoignera au contraire d’un agacement devant un adversaire qui vient de marquer des points.

Comment a donc réagi l’opposition ? D’abord, les Conservateurs et les Verts sont demeurés plutôt avares de commentaires. Les chefs du Bloc québécois et du NPD ont réagi. Mais si Justin Trudeau a pris 21 secondes avant de répondre à une question, Yves-François Blanchet et Jagmeet Singh ont mis 25 heures avant de réagir.

Suite aux premiers commentaires des analystes qui, de façon consensuelle, avançaient que le long silence parlait beaucoup, monsieur Blanchet a évoqué le passé de professeur de théâtre du premier ministre, tout en lui reprochant son manque de courage. De son côté, monsieur Singh a plutôt comparé le silence de Justin Trudeau au silence de ceux qui ne réagissaient pas quand lui-même était victime de racisme.

En bout de ligne, est-ce le premier ministre qui en sort égratigné ou l’opposition qui semble agacée ? En ce qui me concerne, on se rapproche plus de la seconde option.


« Vu sur Nat Géo Wild. Un lion tient dans ses crocs le cou d’un buffle jusqu’à sa mort, étouffé. Vu sur les télés. Un policier blanc de Minneapolis appuie son genou sur la gorge de George Floyd jusqu’à sa mort, asphyxié. Une différence: l’homme noir a dit: »Je ne peux pas respirer. » »

Bernard Pivot, le 4 juin 2020

Dans le cours d’éthique et culture religieuse

Dans la foulée de l’affaire George Floyd, aux États-Unis, le tennisman québécois Félix Auger-Aliassime a relaté sur ses réseaux sociaux une histoire de profilage racial vécue par son père, dans les rues de Québec. Selon ses dires, rapportés par Radio-Canada, l’homme était au volant de sa Mercedes, lorsqu’il a été interpellé par la police locale.

« La policière a dit à mon père qu’il s’agissait d’une simple vérification, puisqu’il est plutôt rare de voir une personne de couleur noire à bord d’un véhicule de luxe dans ce quartier », a précisé l’athlète.

Nous avons pu lire et entendre toutes sortes de statistiques, au cours de la dernière semaine, sur des interventions policières de tout acabit concernant des personnes blanches, noires, arabes, hispaniques ou asiatiques. Effectivement, les chiffres semblent plus lourds dans un sens que dans l’autre. Différents corps de police ont déjà pris l’engagement de se pencher sur la question et d’apporter des correctifs à cette situation inacceptable.

Au-delà de la couleur de la peau du père de Félix Auger-Aliassime, un fait me dérange énormément. Ne vit-on pas dans une société où s’applique la présomption d’innocence ? Dans le cas qui nous préoccupe, on a interpellé quelqu’un qui n’avait commis aucun crime, seulement pour vérifier si par hasard il n’en avait pas commis un. C’est un geste que je trouve également condamnable. La technologie permet depuis plusieurs années de dicter un numéro de plaque minéralogique et d’obtenir rapidement les informations recherchées. Ceci contrevient tout autant au principe de présomption d’innocence, mais c’est définitivement plus discret.


Dans le cours de musique

Deux des plus grands rappeurs québécois, Koriass et FouKi, ont uni leurs talents pour produire l’album Génies en herbe, lancé la semaine dernière. Fidèles à ce qu’ils ont pu offrir dans le passé, les deux artiste présentent un produit doté d’une poésie exceptionnelle. En #musiquebleue, voici la pièce éponyme.


Les bonnes nouvelles de cette semaine

Je vous soumets trois bonnes nouvelles, plutôt qu’une seule, cette semaine. La première me touche particulièrement. Étant impliqué depuis longtemps dans la communauté des Basses-Laurentides, je peux témoigner du dévouement et de la générosité de la famille Farsa, propriétaire du restaurant du même nom. Dans la région, on ne compte plus les heures de bénévolat de Simon Farsa et de son entourage auprès des organismes sociaux et communautaires, pas plus qu’on ne continue de compter ses nombreux dons en nourriture.

L’an dernier, suites aux inondations à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, la famille Farsa avait offert des centaines de repas aux sinistrés et aux bénévoles. Eh bien ceux qui en ont bénéficié ont récemment orchestré un retour d’ascenseur. Les résidents locaux ont ainsi convenu d’encourager en bloc le restaurant Farsa, durement touché par la crise de la covid 19, en budgétant l’achat régulier de repas pour emporter. Cet élan de solidarité est hors du commun.

Un Québécois à la tête de Twitter

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le réseau social Twitter a défrayé les manchettes, cette semaine. Après s’être dressé devant les publications du président américain, le géant du microblogage a nommé le Québécois Patrick Pichette à la présidence de son conseil d’administration. À son actif, monsieur Pichette revendique l’expérience des conseils d’administration chez Bombardier, Google et la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau, entre autres.

M’entends-tu ?

L’excellente série québécoise M’entends-tu ?, créée par Florence Longpré, était déjà diffusée sur les plateformes TOU.TV et Club Illico, en plus du site de son diffuseur, Télé-Québec. Voilà qu’elle sera maintenant disponible sur Netflix, devenant ainsi accessible dans plus de 190 pays. C’est un autre beau rayonnement pour la culture québécoise.


Billet du 27 mars 2020 : Ce virus qui nous ouvre les yeux

Dans le cours de français

Nous baignons dans les paradoxes, depuis les derniers jours. La situation vécue mondialement nous plonge dans un univers surréel devant lequel nous assimilons ce qui nous arrive en même temps que nous réfléchissons aux tenants et aboutissants de l’avant et de l’après coronavirus. Cette condition, c’est dans un état de confinement que nous la vivons.

C’est ce qui amène le premier paradoxe.

Le mot confinement, vu comme un presque isolement, vient du latin confinium, qui signifie voisinage. Présentement, notre vie est tout, sauf voisinage. Se reclure est le mot d’ordre, pester contre les désobéissants fait partie de notre quotidien, nous qui revendiquons d’ordinaire le statut de rebelles. Autre paradoxe.

Dans la même famille que confinement et confiner, on note aussi le nom masculin pluriel confins. Se rendre aux confins d’un endroit, d’un territoire, c’est atteindre ses limites. C’est se rendre loin. Alors que demeurer confiné chez soi, c’est rester où on est. Encore un paradoxe.

Et pour reprendre les mots d’Alain Rey, les confins de la langue française, c’est le monde. C’est vaste !

Dans le cours d’éthique et culture religieuse

La COVID-19 bouleverse l’humanité, je ne vous l’apprends pas. La peur envahit une majorité, mais les craintes se répandent partout. Alors que l’humain est programmé pour se montrer réfractaire aux changements, voilà qu’à peu près tout a basculé en l’espace de quelques semaines. Avant la relâche scolaire, le Canada présentait des statistiques de plein emploi. Au cours des dix derniers jours, on y a vu apparaître plus d’un million de nouveaux chômeurs.

Pourtant, paradoxe, la morosité demeure bien enfouie et ce sont des sourires que l’on constate sur la plupart des visages. Bien sûr, les ruées dans les épiceries et magasins à grande surface ont donné lieu à quelques engueulades et scènes disgracieuses, mais de façon générale, la résilience accomplit très bien son oeuvre.

Je constate personnellement deux chambardements majeurs. Le premier, c’est qu’une égalité sociale vient de s’établir. Peu importe son statut, tout le monde vit cette situation de la même façon. La chanteuse Madonna l’explique plutôt bien dans cette vidéo, diffusée dimanche dernier. Et la réaction négative de certains puissants de ce monde, dont au moins un a ouvertement réclamé des sacrifices humains pour épargner l’économie de son pays, confirme cet état de fait. Leur peur est palpable.

Le second élément que je constate, c’est que la pause imposée par les différents gouvernements s’applique au sens large. D’abord, beaucoup prennent le temps de marcher, de passer du temps en famille, de lire, de ressortir les jeux de société, de réapprendre à cuisiner, bref, de vivre.

Mais au-delà de ce que chacun vit personnellement, on peut aussi constater des changements sociaux qui étaient impensables, il y a quelques jours à peine. Par exemple, plusieurs états en conflit observent actuellement une trêve, gouvernements et oppositions travaillent main dans la main, les faits divers ont pratiquement disparu des bulletins de nouvelles, le prix de l’essence a chuté de manière radicale et la pollution a diminué considérablement. Moins d’automobiles, presque plus d’avions dans le ciel, les usines fermées, tout ceci fait en sorte que l’air est soudainement devenu plus pur et qu’on entend très bien les chants des oiseaux, en ce début de printemps.

Et les nombreux arcs-en-ciel, dessinés par les enfants et leurs parents avant d’être affichés dans les fenêtres des maisons, n’est qu’un exemple parmi d’autres de la grande démonstration de solidarité dont nous sommes témoins. La collaboration des institutions financières, des gouvernements et des administrations municipales, pour alléger le fardeau financier des affligés, en est un autre.

Bien sûr, l’humanité viendra à bout de ce virus et la vie finira par reprendre son cours. Mais il aura certainement réussi à marquer l’histoire. Et ce ralentissement de rythme, cette liberté que nous goûtons en ce moment, malgré les craintes et incertitudes, aurons-nous envie d’en conserver un morceau lorsque la machine se remettra à fonctionner à plein régime ? Je le souhaite.

Il n’en tient qu’à nous d’exprimer haut et fort ce que nous voulons et ce que nous ne voulons plus. Si la force et le courage manquaient aux représentants de ma génération pour pouvoir le faire, je suis d’avis que les générations qui nous suivent, celle de mes enfants et celle de mes élèves, sauront nous rappeler à l’ordre. Parce qu’ils découvrent maintenant les beautés que nos ascendants et nous n’avons pas su entretenir et conserver, pour mieux les leur léguer.

La bonne nouvelle de cette semaine

Tous ces concerts gratuits, qui nous sont offerts par différents artistes, pour égayer nos journées de confinement. Chris de Burgh nous en présente un quotidien sur sa page Facebook, mais plusieurs autres, dont Francis Cabrel, Coldplay, Matthieu Chédid, Fred Pellerin, Neil Diamond, Alfa Rococo et Yannick Nézet-Séguin, pour ne nommer que ceux-là, ont gracieusement offert leurs prestations.

Bravo et merci.