Pour la deuxième fois depuis le début de l’actuelle année scolaire, la COVID-19 a frappé mon groupe. Sauf que contrairement à la première, ce sont cette fois-ci tous mes élèves qui ont dû recevoir l’enseignement à distance, le nombre d’individus atteints justifiant la « fermeture » de la classe.
Sincèrement, les jeunes et moi avons à peu près tous aimé l’expérience. Les méthodes pédagogiques de la dernière semaine n’ont pas paru si inconnues puisque je pratique un enseignement hybride depuis au moins deux ans. Le changement de décor et l’horaire plus souple, bien que quand même chargé, apportaient une fraîcheur nouvelle à l’exercice. Néanmoins, nous avons bien hâte de nous retrouver en chair et en os, au début de la semaine prochaine. Rien n’équivaut au contact humain.
Et je vous rassure, tout le monde se porte bien.
Dans le cours de français
Que de bouleversements dans la langue française, au cours des derniers jours !
D’abord, l’Association québécoise des professeur. e. s de français (AQPF) a secoué les colonnes du temple en demandant au ministère de l’Éducation du Québec de réformer l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir, afin que celui-ci demeure toujours invariable. Pour celles et ceux qui éprouveraient des difficultés avec la règle actuelle, rappelons qu’un participe passé employé avec l’auxiliaire avoir s’accorde en genre et en nombre avec le complément direct, si ce dernier est placé avant le verbe dans la phrase. Prenons l’exemple suivant :
La balle que j’ai lancée a brisé la fenêtre de ma remise.
Il y a ici deux participes passés employés avec l’auxiliaire avoir, soit lancée et brisé. Le premier (lancée) s’accorde avec le complément direct (La balle) parce qu’il est placé avant le verbe. Le second (brisé) demeure invariable parce que son complément direct (la fenêtre de ma remise) se trouve après le verbe.
Mais il y a des exceptions ! Chaque fois qu’il est question de mesures (poids, distance, temps, etc.) ou de prix, le participe passé employé avec avoir demeure toujours invariable. Ainsi, on écrira :
Les dix kilomètres que j’ai couru (et non courus) ;
Les trois heures que j’ai passé (et non passées) à t’attendre ;
Les vingt dollars que j’ai payé (et non payés).
Alors, le participe passé employé avec avoir devrait-il toujours demeurer invariable, tel que le propose l’AQPF ? Je suis ouvert à l’idée. Pour rester vivante, la langue française se doit d’évoluer. Toutefois, mon adhésion pleine et entière se concrétisera quand l’ensemble de la francophonie adoptera cette réforme. Pour le moment, seulement des associations québécoises et belges militent en ce sens.
Dans l’autre dossier, le Petit Robert a intégré, cette semaine, le pronom personnel iel dans son édition en ligne. Rien n’a encore été confirmé, mais son édition papier devrait suivre dès 2022. Iel et iels sont des pronoms de conjugaison de troisième personne, absents de tout genre. Ils seraient utilisés pour désigner une personne qui ne se décrit ni comme homme ni comme femme.
Selon les porte-parole du Robert, l’usage est devenu suffisamment courant, bien qu’encore rare, pour le reconnaître. Le Petit Larousse illustré, toutefois, refuse d’inclure ces pronoms, prétextant que le il, le elle, le on, de même que les pendants pluriels ils et elles, suffisent à toutes les désignations.
Robert, le précurseur ; Larousse, le conservateur. Parions qu’à plus ou moins long terme, le iel et le iels seront enseignés dans les écoles.
Dans le cours de mathématiques
Un tableau avec des chiffres, ça vous dit ? Très peu d’explications s’avéreront nécessaires. Dans la colonne de gauche, les statistiques de COVID-19 du 25 novembre 2020. Dans celle du centre, les données pour la même date, en 2021. À droite, la différence relative.
Qu’est-ce qui explique une chute aussi drastique ? La dernière ligne constitue assurément un excellent indice. Ce sera tout.
Et je cite :
« Nombre d’éclosions actives dans les écoles secondaires et professionnelles actuellement : 28.
Nombre d’éclosions dans les milieux préscolaires et écoles primaires : 323. Et il y a encore des masques au primaire.
Ceux qui disent que la vaccination ne sert à rien… »
Philippe Mercure, éditorialiste à La Presse, le 24 novembre 2021.
Dans le cours d’anglais
En effectuant quelques recherches sur Internet, je suis arrivé sur la page Facebook du Collège Boréal, une institution postsecondaire située à Ottawa. Avec humour, on y présentait à quel point la traduction littérale d’une phrase courante dans la langue de Molière pouvait devenir absolument incompréhensible pour une personne ne possédant que celle de Shakespeare :
Ce qui démontre qu’en toute chose, la mise en contexte demeure primordiale !
Dans le cours de musique
La pop québécoise, heureusement, se définit par plusieurs styles. Si elle devait cependant ne s’identifier que par un seul ambassadeur, Les Louanges, alias Vincent Roberge, pourrait facilement revendiquer le titre. À l’aube de la sortie d’un troisième album, Crash, qui verra le jour en janvier, l’artiste nous offre une mise en bouche de trois titres, disponibles sur la plupart des plateformes. C’est l’une de ces pièces, Qu’est-ce que tu m’fais, que je vous propose en #musiquebleue.
La bonne nouvelle de cette semaine
Deux influenceuses québécoises sont à l’origine d’une vidéo, devenue virale, qui a permis à une adolescente américaine d’être libérée des griffes de son kidnappeur de 61 ans. Toutes deux étudiantes universitaires dans des domaines liés à la philosophie de la violence faite aux femmes, les sœurs Florence-Olivia et Marie-Emmanuelle Genesse ont relayé sur leurs réseaux sociaux un geste conçu par la Fondation canadienne des femmes. Ce geste, qui peut être exécuté d’une seule main, signifie que la femme qui le pose est menacée. Il consiste à replier le pouce sur la paume de la main, pour ensuite refermer les quatre autres doigts dessus.


Visionnée plusieurs millions de fois sur la planète, la vidéo des sœurs Genesse avait été consultée tant par l’adolescente en danger, assise sur la banquette arrière de la voiture de son ravisseur, que par l’automobiliste qui suivait. C’est ainsi que le geste, posé et reconnu, a permis à ce dernier d’alerter les autorités, de mettre fin à la cavale du kidnappeur et de libérer la victime.
Le signe de détresse d’une femme en détresse, instructif, bravo! le iel, pas d’accord! Le participe passé relié au verbe avoir deviendrait invariable, d’accord! Selon toi l’enseignement en présentiel ou à distance ou hybride pour l’avenir?
Excellente question ! Toutefois, la réponse est simple : il faut y aller avec l’enseignement hybride. L’enseignement à distance de façon permanente n’est pas souhaitable. Par contre, lorsque la situation nous oblige à y passer temporairement, l’adaptation est plus douce et plus rapide, tant pour les élèves que pour l’enseignant, lorsque la manipulation des outils est acquise.
En ce qui concerne l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir, l’écrivain québécois Stanley Péan s’y oppose et fournit un argument de taille. Les phrases « La mort de cet homme que j’ai tant désirée » et « La mort de cet homme que j’ai tant désiré » ont des sens complètement différents.
Bon dimanche et bonne semaine !