Plusieurs acteurs des médias québécois sont tombés dans l’hyperbole, cette semaine. En voici quelques exemples, suivis des commentaires qui me sont spontanément venus en tête, après en avoir pris connaissance.
« Un drame national » — Normand Baillargeon, évoquant la pénurie d’enseignantes et d’enseignants. Le Devoir, 9 octobre 2021.
Un drame national ? C’est un problème épouvantable, certes, dont les conséquences à long terme peuvent s’avérer très importantes si on n’y remédie pas. J’en sais quelque chose. Mais drame, pris en ce sens, est un synonyme de tragédie. Est-ce réaliste de qualifier ainsi la situation ? Même l’enseignant que je suis en doute.
« Les antivax ont gagné » — Patrick Lagacé, à propos du report d’un mois de la date butoir pour la vaccination obligatoire des employés du secteur de la santé. La Presse, 13 octobre 2021.
Les antivax n’ont pas gagné. Ils exultent, pensant sans doute avoir remporté la victoire, mais ils n’obtiennent qu’un sursis d’une trentaine de jours. La réalité rattrapera tout le monde un mois plus tard, c’est tout.
« 2225 $, un loyer “abordable” à Montréal, selon Ottawa » — La Presse, 12 octobre 2021.
En effet. Et 75 $, un montant réaliste pour une épicerie complète, selon un ex-premier ministre du Québec.
« L’homme de 64 millions $ » — Félix Séguin, plusieurs fois, faisant allusion à Nick Suzuki et son nouveau contrat de 8 saisons. TVA Sports, le 13 octobre 2021.
Erreur, Félix. C’est un contrat de 63 millions $. Tu t’emballes encore.
Dans le cours de français
Petit débat, dans mon entourage, autour du mot éligible, cette semaine. Est-ce un anglicisme ? N’est-ce qu’un calque de l’anglais ? Est-ce correct de l’inclure dans un vocabulaire français ?
Si vous avez répondu oui à toutes ces questions, vous avez entièrement raison.
Le mot éligible est accepté en français s’il est employé dans un contexte électoral. Ainsi, on dira d’une personne qu’elle est éligible si elle respecte toutes les conditions lui permettant de présenter sa candidature à une élection. En ce sens, éligible signifie « qui peut être élu ».
Dans un autre contexte, dire de quelqu’un qu’il est éligible, plutôt qu’admissible, constitue une erreur de français. Par exemple, on est admissible, et non éligible, à une promotion.
Question sportive de la semaine
Avant Samuel Montembeault, hier soir, qui était le dernier gardien de but québécois à avoir amorcé un match pour le Canadien de Montréal ? Réponse à la fin du billet.
Dans le cours de musique
Il y avait longtemps que je voulais faire une petite place à Mea Culpa jazz, à l’intérieur de cet humble espace hebdomadaire. Ce quatuor originaire de la Mauricie s’est surtout fait connaître grâce à des reprises de pièces connues, apprêtées à la note bleue. Spécialisé dans les événements corporatifs, c’est uniquement sur YouTube qu’on peut entendre le groupe, à moins, bien sûr, de faire appel à ses services.
Le groupe rock français Noir Désir n’a pas survécu à l’incarcération pour meurtre de son chanteur et principal auteur-compositeur. Un de ses plus grands succès, Le vent nous portera, a cependant connu plusieurs vies, étant repris par bon nombre d’artistes. C’est cette pièce, interprétée par Mea Culpa jazz, qui prend la vedette de notre #musiquebleue, cette semaine.
La bonne nouvelle de cette semaine
On trouve une bibliothèque dans toutes les écoles où j’ai enseigné. Comme dans une bibliothèque municipale, un certain nombre de livres y sont élagués, annuellement. Si on parle de quelques dizaines dans le cas d’une bibliothèque scolaire, qu’en est-il pour une bibliothèque publique ?
Un reportage publié dans La Presse, mardi, nous apprend qu’à la Grande Bibliothèque de Montréal, ce sont plus de 80 000 bouquins qui sont, chaque année, retirés des étagères. Où est la bonne nouvelle, alors ? La bonne nouvelle, c’est que tous ces livres, ou presque, continuent de vivre.
Ils sont remis à des organismes sans but lucratif, qui voient à en disposer dans le cadre d’activités de financement, ou encore à des associations culturelles. C’est ainsi que les mots butinent et que la littérature se répand.
Réponse à la question de la semaine
José Théodore, en 2006, est le dernier gardien de but d’origine québécoise à avoir amorcé un match dans l’uniforme du Canadien de Montréal. Toutefois, le 2 janvier 2009, Marc Denis est venu en relève à Jaroslav Halak, en troisième période d’une rencontre disputée au New Jersey. Avant Samuel Montembeault, il était le dernier Québécois à avoir gardé la cage du Tricolore.
Toujours intéressant de te lire, continue