Billet du 31 décembre 2021 : Journal de vacances des Fêtes (2 de 2)

C’est fou comme tout évolue vite avec la COVID-19 et son variant Omicron. Le temps de trois billets hebdomadaires, nous sommes passés de rassemblements familiaux plus nombreux que l’an dernier, à des regroupements du même nombre que lors de Noël 2020, à aucune réunion autre que celle de la bulle immédiate pour le jour de l’An 2021. La pression sera forte, le 31 décembre au soir, sur France Beaudoin, Jean-René Dufort et Simon-Olivier Fecteau.

Et pourtant, je maintiens que François Legault et Horacio Arruda ont pris la bonne décision. Pour l’instant, du moins. Parce que je suis également d’avis que la situation aurait probablement été différente s’il n’y avait eu que les enfants de 5 à 11 ans qui n’avaient pas été convenablement vaccinés. Après le point de presse de jeudi soir, la résignation et la résilience, malgré une exaspération évidente, faisaient large consensus sur les réseaux sociaux. Cependant, on pouvait aussi noter que la grogne face aux non-vaccinés avait grimpé de plusieurs crans.

Il existe une multitude de situations où les libertés individuelles doivent primer sur les libertés collectives. Il en est d’autres pour lesquelles c’est l’inverse. La lecture de la population se veut de plus en plus claire : c’est 10 % de son groupe qui contraint les 90 % autres à un couvre-feu et des festivités réduites à une seule bulle familiale. Il faudra y voir un jour ou l’autre. Personnellement, je ne me sentirais aucunement épié dans mes allées et venues si on réclamait mon passeport vaccinal dans tous les lieux publics où je mets les pieds.

Les études scientifiques le démontrent, une personne pleinement vaccinée présente moins de risques de contracter le virus ou de subir des symptômes sévères. Il est aussi acquis que le vecteur de contagion est moindre chez celles et ceux qui ont reçu toutes leurs doses. Il importe de garder en tête que personne n’a été vacciné inutilement.


Le jour de l’An 2022, ainsi que son réveillon, constituera une occasion supplémentaire de célébrer humblement ou sobrement l’arrivée du Nouvel An. C’est dans la simplicité qu’on trouve souvent la beauté. 

Je me permets donc de vous souhaiter une belle, bonne et heureuse année 2022. Puissiez-vous demeurer en pleine santé ou, à défaut, la recouvrer rapidement. La sérénité, je nous la souhaite à toutes et à tous. Je conclus le tout avec plusieurs moments de bonheur. Et pourquoi pas l’accomplissement de quelques rêves ? Ce sont les instants de joie et d’encouragement qui nous permettent de garder espoir. Partageons-les généreusement avec notre entourage.


Et je cite :

« Soyons clairs. Ce que nous constatons actuellement, c’est que les vaccins FONCTIONNENT ! Merci à la science. »

Dan Rather, journaliste et animateur à la retraite, le 29 décembre 2021.

Dans mes écouteurs

De toutes les chansons du jour de l’An, Martin de la chasse-galerie est ma préférée. Non seulement réfère-t-elle à un grand classique de la littérature québécoise, signé Honoré Beaugrand, mais elle est le fruit d’une collaboration d’un moment entre La Bottine souriante et Michel Rivard, deux institutions dans notre histoire musicale. Tirée de l’album La Mistrine, sorti en 1994, la voici en #musiquebleue.

La Bottine souriante – Martin de la chasse-galerie – La Mistrine – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Permettez-moi d’abord un préambule. Depuis la fin de la dernière année scolaire, tous mes élèves, en début de journée, doivent remplir un court questionnaire en ligne, à l’intérieur duquel ils me mentionnent leurs émotions du moment. Ils n’ont pas l’obligation de tout détailler, mais leurs réponses m’incitent à considérer leur humeur dans mes différentes interventions. Jusqu’à présent, cet outil m’a rendu de précieux services, me permettant d’entrer dans une relation empathique avec plusieurs, comme de désamorcer d’éventuelles situations désagréables.

Je souhaite de tout cœur le même succès à Rachel Ouellet, une employée de Postes Canada qui, depuis deux ans, travaille à mettre sur pied un projet de vigilance citoyenne, basé sur un principe similaire. En questionnant la clientèle lors de la distribution du courrier, les factrices et facteurs utiliseraient les outils électroniques de la société d’État pour colliger les réponses, lesquelles seraient automatiquement acheminées pour analyse dans un centre communautaire. Ainsi, notamment en ces temps de pandémie, différents intervenants sociaux seraient informés et appelés à agir, selon les besoins.

C’est à Rimouski, où elle travaille comme factrice depuis 18 ans, que madame Ouellet compte implanter son projet.

Lire le reportage de Radio-Canada.


Billet du 17 décembre 2021 : Une tablée déjà plus grande

La situation a considérablement évolué en 48 heures. Mardi, si certains commençaient à évoquer un éventuel durcissement des restrictions sanitaires, bien malin qui aurait pu prédire qu’il surviendrait aussi rapidement.

En point de presse, jeudi soir, le premier ministre François Legault a confirmé que les calendriers scolaires du primaire allaient être respectés, tant pour le début des vacances des Fêtes que pour le retour en classe, en janvier. Pour moi comme pour la grande majorité de mes collègues enseignants, il s’agit d’une excellente nouvelle. Bien sûr, la lucidité opérant, nous sommes conscients que tout peut changer d’ici là. Mais espérer fait du bien.

Nous replongeons dans les restrictions alors qu’il y a quelques jours à peine, on nous faisait miroiter des rassemblements de 20 personnes pour les fêtes de Noël et du Nouvel An. Qu’à cela ne tienne, la population québécoise, de manière générale, comprend bien la situation. Elle peut décevoir, parfois décourager, mais plus nous y avançons, plus nous comprenons ce qui nous arrive et mieux nous sommes préparés pour affronter cette adversité. La semaine prochaine, nous serons une dizaine de membres de ma famille réunis autour d’une table. C’est déjà plus que l’an dernier. Et j’ose le croire, moins que l’an prochain.


Et je cite :

« Mes grands-parents ont connu la guerre 14-18, l’épidémie de 18, la crise de 29, et la guerre 39-45… Fait que notre COVID, c’est de la petite bière comparé à ça. Peut-on juste faire notre job et arrêter de nous plaindre de la perte temporaire de certains de nos privilèges ? »

André Ducharme, humoriste et animateur, le 16 décembre 2021.

Dans le cours de français

Cette semaine, j’ai eu à enseigner le prédicat à mes élèves de 6e année. Plus tôt cet automne, je leur avais appris le groupe verbal, aussi appelé le groupe du verbe. Difficile d’aborder ces deux notions, à quelques semaines d’intervalle, sans y perdre un groupe d’enfants de 11 et 12 ans.

Prenons la phrase suivante :

L’équipe de hockey joue devant des gradins vides.

Le verbe dans cette phrase est joue. Ce qui suit le verbe, devant des gradins vides, constitue le complément du verbe. Le verbe et son complément [joue devant des gradins vides] constituent le groupe verbal. Et le prédicat.

Si le groupe verbal et le prédicat sont constitués des mêmes mots, quelle est donc la différence entre les deux ? En termes simplifiés, le groupe verbal, c’est ce qu’il est, alors que le prédicat, c’est ce qu’il fait

Ce qu’il est : [verbe + complément du verbe] = groupe du verbe.
Ce qu’il fait : définit l’action posée par le sujet (ou ce qui lui est attribué) = prédicat.

Êtes-vous mêlés ? Imaginez les élèves !

Et je devrai bientôt leur expliquer la différence entre un complément du verbe et un complément de phrase.


Dans le cours de musique

Il y a une dizaine de jours, j’ai vu un reportage sur La Zarra, à la télévision de Radio-Canada. Cette artiste québécoise, née Fatima Zahra, m’était jusqu’alors inconnue, mais il semble qu’elle fasse un malheur en France. Avec son style original et sa voix puissante, elle mélange les genres et nous offre un contenu des plus intéressants. 

De son premier album, Traîtrise, voici la pièce Tu t’en iras. Il est possible que je revienne très prochainement avec une autre chanson de La Zarra !

La Zarra – Tu t’en iras – Traîtrise – #musiquebleue

Visionner le reportage de Radio-Canada sur La Zarra.


La bonne nouvelle de cette semaine

La réalité rejoint la fiction. On pourra bientôt substituer une mâchoire inférieure rongée par le cancer par un implant réalisé à l’aide d’une imprimante 3D. Autre aspect positif de l’histoire, c’est au Québec, précisément au CHU de Québec-Université Laval, que cette technologie a été développée. 

Santé Canada a autorisé la commercialisation de ces implants, en plus d’approuver l’approvisionnement de tous les hôpitaux canadiens qui en feront la demande. On prévoit également que la même technologie permettra sous peu le remplacement d’autres parties du corps humain. 

Lire la nouvelle diffusée par La Presse, le 2 décembre dernier.


Demeurons positifs !

Une septième, à leur 31e affrontement, jeudi soir !

(Merci à mon père pour le visuel)


Billet du 3 décembre 2021 : Comment ont-ils pu penser ?

Comment ont-ils pu penser qu’ils ne se feraient jamais prendre ?

C’est une question que je me pose régulièrement. Je me la suis posée, entre autres, quand les stratagèmes de Gilles Vaillancourt et de Michael Applebaum, les ex-maires de Laval et de Montréal, ont été étalés au grand jour. La semaine dernière, je me la suis également posée quand Bernard Poulin a été forcé de plaider coupable devant ses pairs ingénieurs, après avoir échappé à la prison en dupant les instances pénales.

Cette semaine, le procès de Ghislaine Maxwell, compagne et complice de Jeffrey Epstein dans ses crimes à caractère sexuel, m’a fourni une autre occasion de me questionner là-dessus. Comment tous ces gens, et bien d’autres, qui ont agi illégalement au vu et au su de leur entourage, parfois au-delà, ont-ils pu un seul instant s’imaginer qu’ils étaient protégés et à l’abri de toute intervention légale ?

Et puis, cette semaine toujours, j’ai vu le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) être heurté par le retour du balancier, quatre fois plutôt qu’une. Des policiers du SPVQ sont d’abord allés trop loin avec deux personnes de race noire. La vidéo a fait le tour des médias. Il n’en fallait pas plus pour que les coffres secrets s’ouvrent. Une deuxième, une troisième et une quatrième vidéo, montrant les sévices des mêmes policiers, sont apparues publiquement.

Dans une société et à une époque où tout ce qui s’appelle sons et images sont captés, comment ces policiers ont-il pu penser qu’ils pourraient continuer d’agir impunément de la sorte ?

Tous les cas mentionnés plus haut ont quelque chose en commun : seul, on se tait. Dès qu’un autre dénonce, les langues se délient. Tant pis pour ceux qui, dans l’entourage, savaient et se sont tus. Leur embarras n’en sera que plus grand.

Mais ceux qui se sont tus, au fait, comment ont-ils pu penser qu’ils ne seraient jamais éclaboussés ?


Dans le cours de français

Je l’ai mentionné souvent sur cette page : l’erreur est humaine et personne n’est à l’abri de commettre une faute de grammaire ou de laisser passer une coquille. Ce qui s’excuse moins bien, en revanche, c’est de ne pas se relire ou de ne pas se corriger.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire Rares sont ceux, avec un s à la fin de Rares, et non Rare sont ceux. L’attribut du sujet (Rares) doit s’accorder en genre et en nombre avec le sujet (ceux).


Dans le cours de français, deuxième période

Dans mon billet de la semaine dernière, je mentionnais, à propos de la suggestion de réforme de l’accord du participe passé employé avec avoir, que j’adhérerais entièrement à l’idée si toute la francophonie allait en ce sens.

Voir ou revoir mon billet du 26 novembre 2021.

Eh bien l’écrivain Stanley Péan a rappelé tout le monde à l’ordre, avec une publication qui illustre la distinction importante que permet la règle actuelle :

(C’est aussi l’exemple que m’avait fourni mon épouse !)

Est-ce qu’on désire l’homme ou sa mort, ici ? Je crois que la francophonie optera pour le maintien de la règle.


Dans le cours de mathématiques

Voulez-vous voir d’autres chiffres, comme la semaine dernière, sur l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 ?

Regardez le graphique suivant. Les bandes de gauche représentent les taux de vaccination, en pourcentage, pour chacun des pays d’Europe. Celles de droite illustrent le nombre de décès par million d’habitants, sur une période de 14 jours en novembre 2021, pour ces mêmes états.

La tendance saute aux yeux. L’efficacité des vaccins est évidente.


Dans le cours de mathématiques, deuxième période

Le lanceur Max Scherzer est un des meilleurs de sa profession. Aussi mérite-t-il de se retrouver parmi les plus hauts salariés du baseball majeur. Cette semaine, il a signé un contrat de trois ans avec les Mets de New York. À terme, ce contrat lui aura rapporté 130 millions $.

Il y a longtemps que la démesure ne me scandalise plus, du moins dans le sport professionnel, mais elle fournit parfois de l’excellent matériel à ironie. En tenant pour acquis qu’un être humain moyen cligne des yeux vingt fois par minute et dort huit heures par nuit, on peut affirmer que la formation new-yorkaise versera 4,13 $ à son nouveau lanceur pour chaque battement de cils.

En comparaison, il faudrait que je regroupe 472 enseignants, au maximum de l’échelle salariale, et que je leur fasse cligner des yeux en même temps pour produire ces 4,13 $. J’ai mieux à faire, finalement.


Dans le cours de musique

J’ai l’habitude de vous présenter des pièces récentes, en #musiquebleue. Ce sera différent aujourd’hui. C’est parce que j’avais envie d’y aller avec Patrick Watson et de diffuser une de ses rares chansons en français. Celle-ci date de 2010.

Voici Je te laisserai des mots.

Patrick Watson – Je te laisserai des mots – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Aux débuts de la pandémie, alors que les conséquences physiques de la COVID-19 commençaient à peine à se faire connaître, les premiers cas de complications neurologiques sont apparus dans la population atteinte. Un chercheur de l’Université Laval, Ayman ElAli, est à l’origine d’une découverte qui explique les causes des atteintes cognitives du coronavirus SARS-CoV-2.

La protéine S du virus, sur laquelle les vaccins agissent, est également celle qui affaiblit les cellules qui protègent les vaisseaux sanguins du cerveau, causant ainsi chez l’individu de la confusion, des pertes de mémoire et, dans des cas plus rares, des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Cette partie du virus attaque également les cellules des poumons, de même que celles de la cavité nasale, directement liée au cerveau. 

La découverte de l’équipe d’Ayman ElAli permettra éventuellement d’agir sur la cavité nasale afin de protéger le cerveau. 

Lire l’article (en anglais) publié par Neurobiology of Disease sur la découverte québécoise.


Billet du 19 novembre 2021 : Écrire ou dormir

Écrire pour entretenir. Écrire pour s’entretenir. Écrire pour se tenir. Se tenir debout. Écrire pour agir. Écrire pour réagir. Écrire pour nourrir. Écrire pour se nourrir, rarement pour subvenir. Se nourrir l’esprit. Souvent, écrire pour s’affranchir. 

Chaque semaine, ce sont mes raisons d’écrire.

Dormir pour ne pas flétrir. Dormir pour ne pas mourir.

Tant qu’une pause peut suffire, aujourd’hui, je choisis de dormir.


Dans le cours de musique

Rares sont les artistes que j’ai présentés plus d’une fois en #musiquebleue. Maude Audet rejoint ce groupe restreint, aujourd’hui. Peut-être parce que sa chanson Tu trembleras encore m’a trotté dans la tête toute la semaine, ou encore parce qu’elle constituerait une agréable berceuse.

L’œuvre de Maude Audet est comme une boîte de chocolats : il faut y aller un morceau à la fois et en savourer chaque bouchée. Surtout, éviter les abus. C’est le secret pour toujours s’en délecter.

Maude Audet – Tu trembleras encore – Tu ne mourras pas – #musiquebleue

Billet du 12 novembre 2021 : Je m’inquiète

C’était jour d’élections municipales au Québec, dimanche dernier. Dans les dix plus grandes villes de la province, on a atteint la parité hommes-femmes à la mairie, ce qui constitue une excellente avancée. Quatre de ces mêmes municipalités ont élu une mairesse ou un maire dont l’âge se situe sous la barre des 40 ans, ce qui représente une belle ouverture aux idées nouvelles et à la relève. 

À Montréal, l’arrogance et le manque de transparence de Denis Coderre lui ont fait perdre 27 % d’appuis. Lui qui disposait d’une avance de 12 % dans les sondages, en début de campagne, a finalement conclu celle-ci à 15 % derrière Valérie Plante. Malgré un taux de satisfaction peu enviable après quatre années d’administration, l’authenticité de la mairesse a primé face à la condescendance de l’ex-maire et nouvel aspirant.

Rien de tout cela ne m’inquiète, au contraire.

Deux choses m’inquiètent. La première n’est pas nouvelle, mais c’est la première fois qu’elle occasionne des conséquences aussi regrettables. Dans ce monde de compétition qui est le nôtre, où la fin justifie les moyens dans la course effrénée vers la plus haute marche du podium, on a pour une énième fois déclaré l’élection de quelqu’un, alors qu’une infime fraction des boîtes de scrutin avait été dépouillée. Sauf que cette fois-ci, malgré une confortable avance à un moment de la soirée et après avoir prononcé son discours de victoire, une candidate à la mairie de Québec a subi l’humiliation de voir un de ses adversaires remonter la pente et la coiffer au fil d’arrivée. Les médias s’excuseront peut-être, mais conserveront la même façon de faire. Après tout, le taux de succès de leurs déclarations de vainqueurs est excellent, voire presque parfait. Dans ce cas, par contre, l’exception risque d’avoir des répercussions sur Marie-Josée Savard.

L’autre chose qui m’inquiète particulièrement, c’est l’anémique taux de participation de 38,7 % des électeurs québécois à ces élections. Le manque d’intérêt de près de deux personnes sur trois peut s’expliquer, mais il ne s’excuse pas. Pas quand les gens élus ont le pouvoir de taxation.

Le désintérêt s’est aussi exprimé d’une autre façon. Sur les 1 108 municipalités en élection, plus de la moitié, soit 615, ont vu leur mairesse ou leur maire être élu. e sans opposition, alors que 11 autres se retrouvent avec un siège vacant à la mairie, faute de candidatures.

C’est ce désintérêt qui m’inquiète. Que tu t’occupes d’elle ou non, la politique, elle, s’occupera de toi. Aussi bien y voir.


Dans le cours d’art dramatique

Entre 2017 et 2019, trois théâtres québécois se sont vus imposer 500 $ d’amende parce que des comédiens fumaient sur scène. Précisons que chaque fois, l’acte servait le texte de la pièce. Lors des trois occasions, c’est un membre du public qui avait porté plainte.

Cette semaine, le juge Yannick Couture, de la Cour du Québec, a maintenu les condamnations, expliquant que fumer sur scène n’entre pas dans l’expression artistique pouvant bénéficier d’une exception protégée par les chartes des droits et libertés. Le juge suggère d’utiliser des effets spéciaux pour imiter l’acte de fumer.

Le monde du spectacle s’offusque de cette décision, insistant sur le fait que les acteurs et actrices fument des cigarettes de sauge, prétendument inoffensives. Sauge ou tabac, la fumée, elle, est bien réelle et c’est ce qui incommode le public. Contrairement à un plateau de cinéma, plusieurs spectateurs s’entassent dans une salle de théâtre pour assister en direct à la mise en scène.

Certaines directions artistiques déplorent le manque de réalisme des fausses cigarettes. Au théâtre, il n’y a rien de moins réaliste qu’une épée sous l’aisselle pour simuler un coup qui traverse le corps, qu’un personnage qui lévite dans les airs en étant soutenu par des câbles très visibles, que des enfants personnifiés par des adultes, que des animaux animés par des humains. Le théâtre, c’est l’art où l’imagination entre en scène. 

Au théâtre, j’ai déjà vu Germain Houde faire mine de porter Gilles Renaud, qui jouait un enfant de six ans, sur ses épaules. Renaud était assis au bord de la scène, Houde se tenait en bas. Nous imaginions très bien la situation. Dans une autre pièce, j’ai vu l’excellent Daniel Gadouas faire semblant de boire, alors que sa chope, de toute évidence vide, avait été précédemment « remplie » par une amphore tout aussi vide. Tout le monde y croyait.

L’argument du réalisme d’une véritable cigarette, au théâtre, ne tient pas la route, en ce qui me concerne.


Et je cite :

« Ce que je comprends, c’est que sur scène on a le droit d’insulter un jeune handicapé, mais on n’a pas le droit de fumer une cigarette, c’est ça ? »

Patrick Masbourian, animateur à ICI Radio-Canada Première, le 10 novembre 2021.

Dans le cours d’univers social

Une belle complicité entre collègues de 6e année, à l’école où je travaille, me permet d’enseigner l’univers social aux quatre groupes. Malgré le fait que j’œuvre au primaire, je deviens en quelque sorte le spécialiste de la géographie, de l’histoire et de l’éducation à la citoyenneté. Cette année, comme un des quatre groupes est composé en partie d’élèves de 5e année, j’ai le privilège de transmettre les programmes des deux années scolaires. J’ai ainsi l’occasion de renouer avec l’histoire du 18e siècle.

Le matériel que j’utilise offre une illustration de la place Royale, à Québec, partiellement détruite par les bombardements britanniques, vers 1759. Lors de mon dernier séjour dans la Vieille Capitale, il y a quelques semaines, je me suis rendu faire un égoportrait devant l’église Notre-Dame-des-Victoires, édifice central de l’endroit, afin de montrer aux élèves un pan de notre histoire qui a traversé les derniers siècles.

Bien sûr, on est encore loin de certaines architectures européennes, africaines ou asiatiques, dont la longévité s’étire sur une beaucoup plus longue période. Toutefois, l’église Notre-Dame-des-Victoires revendique le titre de première église construite au Canada. Sa construction a commencé en 1688, pour se terminer en 1723.


Dans le cours de musique

C’est durant mes vacances d’été, l’an dernier, que j’ai découvert Lou-Adriane Cassidy. Amateur de musique émergente québécoise, j’avais alors accroché sur la pièce Ça va ça va, de son premier album. Ce que j’apprécie de l’artiste, c’est qu’elle touche à tous les styles de musique.

La tendance se poursuit dans son deuxième album, Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir, sorti vendredi dernier. En #musiquebleue, voici la chanson Oui le serpent nous guette.

Lou-Adriane Cassidy – Oui le serpent nous guette – Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Au moment où j’écris ces lignes, aucun consensus important ne semble être sur le point de se dégager de la COP26. Toutefois, le Canada y figure parmi les leaders les plus à l’avant-garde, alors que de l’intérieur, le Québec s’affiche comme chef de file. Les nouvelles en ce sens pleuvent, depuis les dernières semaines. La plus récente, c’est ici qu’on produit la moitié du maraichage biologique canadien.

La quantité de terres vouées à ce genre d’agriculture a doublé au cours des cinq dernières années, ce qui suit à peine la hausse de la consommation des produits bios pour la même période, selon le rapport annuel 2020 de la Filière biologique du Québec. Les chiffres de l’organisme indiquent que 26,7 % des ménages québécois inséraient plus de 30 % de ces aliments dans leurs paniers d’épicerie, il y a deux ans, comparativement à 11,6 % neuf ans plus tôt.

Consulter le rapport annuel 2020 de la Filière biologique du Québec

Cette tendance est excellente non seulement pour la santé de la population, mais également pour l’environnement.

En supplément à cette bonne nouvelle hebdomadaire, la journaliste Marie-Claude Lortie a lancé cette semaine une série en six épisodes qui fait le point sur l’état de l’agriculture au Québec. Entre autres choses, elle y relate les importants changements dans l’industrie. Il y est bien sûr question de la production bio. L’émission s’intitule À travers champs et est diffusée sur savoir. media.

Visionner la série À travers champs, sur savoir.media


Billet du 5 novembre 2021 : Sans égard

Je ne critiquerai pas Michael Rousseau, président et chef de la direction d’Air Canada, parce qu’il est unilingue anglophone. Je ne le critiquerai pas non plus parce qu’il n’a jamais appris la langue de Molière, malgré le fait que sa mère et sa conjointe soient francophones. Pas plus que je ne jugerai le fait qu’il vive en anglais, au Québec, depuis 14 ans. Avant de se raviser, il a mentionné qu’il n’avait pas l’intention d’apprendre le français ? C’est son droit le plus strict.

La pierre, les tomates, la pluie d’injures, les critiques sévères, c’est Air Canada qui les mérite. Jamais Michael Rousseau n’aurait dû être retenu pour ce poste s’il est incapable de s’exprimer dans les deux langues officielles canadiennes.

Depuis deux jours, l’histoire fait les manchettes. Et sur les réseaux sociaux, plusieurs ont raconté leurs mésaventures personnelles avec les difficultés de l’entreprise à servir adéquatement sa clientèle francophone. J’ai moi-même vécu cette mauvaise expérience avec eux. Je vous la résume.

Il y a une vingtaine d’années, j’effectuais la liaison Vancouver-Taipei sur un vol d’Air Canada. Comme pour toutes les traversées vers l’Asie, l’avion était gros et bondé. Mon voisin de siège était un homme d’affaires torontois. D’une gentillesse remarquable, il s’exprimait en deux langues, l’anglais et le mandarin. Aussi avons-nous tenu plusieurs conversations, dans la langue de Shakespeare, au cours des nombreuses heures qu’a duré notre voyage. Parmi les agents de bord, un seul s’exprimait en français. Choisissant mes combats, j’ai à plusieurs reprises préféré adresser en anglais mes demandes au personnel, plutôt que d’attendre que le seul membre d’équipage apte à s’exprimer dans ma langue ne se libère.

À l’époque, Air Canada éprouvait d’importantes difficultés financières et avait procédé à près de 4 000 mises à pied. Dans sa restructuration, l’entreprise avait annoncé vouloir sabrer dans ses services en français. Devant le tollé que cette déclaration avait suscité, elle avait pris la décision de sonder ses voyageurs. C’est ainsi qu’un court questionnaire écrit avait été soumis à tous les passagers du vol sur lequel je me trouvais.

À la question demandant si je tenais au maintien des services en français sur les vols d’Air Canada, j’ai bien entendu répondu par l’affirmative. Mais j’ai aussi convaincu mon voisin de siège de l’importance de maintenir ces services. Il a donc coché la même case que moi sur sa feuille. Le reste s’inscrit dans la lignée du mépris. Parce qu’il avait fourni cette réponse, on lui a affecté l’agent de bord s’exprimant en français, prétextant qu’il avait exigé d’être servi dans cette langue. J’ai dû servir d’interprète, non sans faire remarquer à l’employé le ridicule de la situation.

Le manque d’égard d’Air Canada envers sa clientèle francophone est établi depuis longtemps. Depuis les derniers jours, certains recommandent de boycotter la compagnie, ce qui s’avérerait plutôt difficile. Disposant d’un quasi-monopole, le transporteur s’impose souvent comme le seul choix vers plusieurs destinations.

La vigilance et la pression populaire demeurent essentielles. Et quand les acteurs politiques se mêlent au débat, comme c’est le cas actuellement, le mouvement de masse prend de la puissance. C’est, selon moi, la meilleure façon de faire passer le message.


Et je cite :

« Je leur dis : apprenez le Québec par cœur. Vous avez la langue, vous en avez parfois deux, c’est très très précieux. Dans le mot « apprendre », il y a le mot « prendre ». Bien apprendre sa langue, c’est prendre le pays. »

Gilles Vigneault, le 31 octobre 2021.

Dans le cours d’univers social

Croyez-le ou non, j’ai déjà soutenu financièrement le Parti communiste français. Sur une longue période, en plus. Précisons tout de suite que c’était à mon insu et que j’étais jeune. Pas jeune adulte, mais enfant et préadolescent.

Peut-être l’avez-vous fait aussi, à bien y penser.

Chaque semaine, je courais au dépanneur du coin pour me procurer le dernier numéro de Pif Gadget, un magazine français qui offrait, à chaque parution, un petit jouet à assembler ou une expérience scientifique à réaliser. Toutefois, le bidule était secondaire pour moi. Je dévorais la revue d’une couverture à l’autre. C’est beaucoup à partir de cette lecture hebdomadaire que j’ai développé ma culture générale.

Mais voilà, Pif Gadget était publié par le Parti communiste français. C’est quelque chose que j’ai appris au cours des dernières années, quand la chaîne Arte a diffusé un reportage sur le phénomène.

Voir la bande annonce du reportage d’Arte

En repensant à tout ce que j’y ai lu et appris, je constate que le magazine prêchait des valeurs humanistes, innovatrices pour l’époque, comme le respect des minorités et l’écologie. On était loin de l’endoctrinement politique. Je préfère penser que c’est ce que mon argent de poche a contribué à promouvoir.


Dans le cours de musique

Je l’ai déjà mentionné, je suis un inconditionnel de Klô Pelgag. Son talent est indéniable. Non seulement peut-elle adopter tous les styles, mais sa voix enchanteresse rend admirablement bien les vers qu’elle écrit sur les mélodies qu’elle compose. Avec son album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, lancé l’an dernier, elle sera sans doute l’artiste la plus récompensée au Gala de l’ADISQ, ce dimanche. De cet album, voici Mélamine, en #musiquebleue.

Klô Pelgag – Mélamine – Notre-Dame-des-Sept-Douleurs – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les gouvernements québécois et canadien investiront conjointement une somme totale de 5 milliards $ afin d’aider le Québec à atteindre son objectif d’électrifier 55 % de son parc d’autobus, d’ici la prochaine décennie. Qui plus est, les entreprises québécoises Novabus et Lion Électrique seront mises à contribution pour la construction des nouveaux véhicules.

Une fois l’objectif atteint, ce sont 131 500 tonnes de CO2 qui, annuellement, cesseront d’être produites. La beauté de la chose, c’est que le Québec possède toutes les ressources pour s’affirmer comme chef de file dans ce créneau technologique.


Billet du 29 octobre 2021 : Dérapages

J’ai sourcillé, cette semaine, quand j’ai entendu le premier ministre François Legault affirmer qu’il n’attendait qu’un aval de ses conseillers juridiques pour communiquer aux différents CISSS et CIUSSS les listes des médecins de famille qui ne voient pas suffisamment de patients. Même si le problème est criant, ce n’est pas le genre de gouvernance que je souhaite pour une société qui se veut libre et démocratique.

Toutefois, je déplore la réaction du président de l’Association des médecins omnipraticiens du Québec, le Docteur Louis Godin, qui a victimisé ses membres lors d’une entrevue radiophonique avec l’animateur Patrick Masbourian. Les derniers mois se sont avérés très durs pour tout le personnel de la santé, mais lorsque je pense à des groupes d’individus persécutés, ce ne sont pas exactement les médecins qui me viennent en tête. Aussi, d’entendre Louis Godin employer le mot inquisition contribue, en ce qui me concerne, à discréditer sa cause.

Écouter l’entrevue donnée par le Docteur Louis Godin à Patrick Masbourian


Dans le cours d’éthique et culture religieuse

Trop peu, trop tard, diront certains, mais c’est un véritable acte de contrition, païen plutôt que catholique, que le metteur en scène Serge Denoncourt a livré, cette semaine. Dans une missive publiée dans La Presse+, l’homme de 59 ans admet que lui-même et à peu près tout le milieu artistique québécois savaient qu’Edgar Fruitier, le Loup-Garou du Pirate Maboule, « était un prédateur sexuel ».

Lire la lettre ouverte de Serge Denoncourt

Le plus troublant, c’est que les propos de Denoncourt reflètent une réalité qui s’est étalée sur plusieurs époques, jusqu’à tout récemment, alors que les victimes de gestes de nature sexuelle étaient pointées du doigt et que leurs agresseurs étaient perçus en martyrs. Ayant lui-même subi les attouchements d’Edgar Fruitier, selon ce qu’il mentionne, l’acteur et metteur en scène démontre de l’empathie envers celui qui l’a dénoncé et fait condamner, et pourfend les défenseurs, nombreux en raison de son âge avancé, de l’agresseur.

À défaut d’avoir porté plainte de façon officielle quand il avait l’occasion de le faire, je constate cependant que le contexte de l’époque aurait pu nuire à sa carrière, la sortie de Serge Denoncourt a au moins le mérite de confirmer une situation et d’établir que l’âge, la réputation et l’orientation sexuelle n’ont pas à être pris en considération dans les cas d’abus.


Et je cite :

« Pauvre Edgar ? Pour ses fugues en sol mineur, Edgar doit faire face à la musique. »

Daniel L’Heureux, journaliste à la retraite, le 24 octobre 2021.

Dans le cours d’éthique et culture religieuse, deuxième période

Cet intertitre ne sera plus, d’ici deux ans. C’est parce que le cours d’éthique et culture religieuse (É.C.R.) laissera sa place au nouveau cours de culture et citoyenneté québécoise, tant dans le programme primaire que dans celui du secondaire. Ceci s’inscrit dans un continuum logique. Il y a une douzaine d’années, le cours d’É.C.R. avait lui-même succédé au cours d’enseignement moral et religieux, dont l’offre se déclinait en trois catégories : l’enseignement moral, l’enseignement moral et religieux catholique, de même que l’enseignement moral et religieux protestant.

Les principales religions feront toujours partie du curriculum dans le nouveau cours, mais céderont de l’espace à des sujets qui se doivent également d’être enseignés. Parmi eux, notons la citoyenneté numérique et l’éducation à la sexualité, cette dernière étant actuellement obligatoire, mais peu encadrée.

Bien que le ministre de l’Éducation ait mentionné que les différents acteurs du milieu aient été consultés dans le cadre de cette réforme, personne n’a eu vent de cette consultation. Cependant, les bribes de contenus qui ont été rendues publiques me semblent des plus pertinentes et en lien avec ce qu’une école moderne doit offrir à sa clientèle.


Dans le cours de mathématiques

La parité se rapproche de l’égalité, si elle ne l’atteint pas. Histoire d’assurer un équilibre des genres sur les conseils d’administration des sociétés d’État, le gouvernement du Québec a déposé cette semaine un projet de loi visant à s’assurer que les proportions d’hommes et de femmes y siégeant se situent toujours entre 40 % et 60 %. Par exemple, si un CA compte dix personnes, pas moins de quatre et pas plus de six devront être des femmes.

Le hic, c’est que sur les conseils d’administration d’Hydro-Québec, de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ainsi que de Loto-Québec, la proportion de femmes dépasse actuellement les 60 %. C’est donc dire que si le libellé du projet de loi demeure tel quel, une fois adopté, des femmes devront laisser leur siège à des hommes.

Sur une patinoire, on dirait que le gouvernement a marqué dans son propre filet.


Dans le cours de musique

Cette semaine marquait le début de la Série mondiale de baseball. Il m’est très difficile de penser à ce sport sans y associer le grand Jacques Doucet qui, à 81 ans, décrit encore des matchs à la télévision. Le commentateur s’est vu offrir l’occasion d’immortaliser sa voix dans une pièce musicale, et c’est celle que je vous présente en #musiquebleue.

Membre du groupe de hip-hop Dead Obies, 20some a lancé l’enregistrement simple Home Run, au début du mois d’octobre. Avant d’écouter la pièce, je croyais qu’il avait capté la voix de Jacques Doucet à travers ses descriptions, mais je me trompais ! Les expressions de Monsieur Doucet sont originales et ont été enregistrées pour l’œuvre de l’artiste.

20some – Home Run (avec Jacques Doucet) – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Aujourd’hui, je laisse parler un gazouillis du Média Positif.

Existe-t-il des initiatives du genre, chez nous ? Je serais curieux de les connaître et heureux de les diffuser ici !


Billet du 22 octobre 2021 : Faire long feu. Ou pas.

Le directeur général et l’entraîneur ne feront peut-être pas long feu si l’équipe continue de perdre, mais avec ses cinq défaites en autant de joutes, les Canadiens de Montréal font actuellement long feu. L’expression consacrée ne pas faire long feu établit la courte durée d’un événement. Cependant, faire long feu ne constitue pas son contraire.

Faire long feu signifie manquer son objectif. L’expression réfère aux anciennes armes à feu dans lesquelles on insérait de la poudre. Si cette poudre était humide ou mal tassée, le coup faisait long feu et la cible était ratée. Partant d’un sens propre, on a créé un figuré.

Alors, en effet, quelqu’un qui fait long feu à répétition risque de ne pas faire long feu dans sa position. Les beautés de la langue française !


Dans le cours d’éthique et culture religieuse

Connaissez-vous le test des trois passoires, de Socrate ? On s’en sert, à l’école, pour enseigner aux élèves à faire attention aux ragots qu’ils entendent. Mais aussi, et surtout, pour ne pas propager des rumeurs malveillantes. 

Voici le test :

Malheureusement, même certains scribes parmi les plus notables passent outre cette sagesse. J’ai bien failli me faire prendre avec la chronique de Richard Martineau, dimanche. 

Lire la chronique de Richard Martineau du 17 octobre 2021

Nous connaissons tous quelqu’un qui refuse de se faire vacciner et dont les arguments manquent de logique quand on les confronte à ses faits et gestes. Aussi est-il possible d’associer une connaissance à l’un ou l’autre des exemples de Martineau. Mais en y allant d’une longue liste de faits anonymes, ce dernier ne traverse même pas la première passoire de Socrate, celle de la vérité. J’aurais préféré voir le chroniqueur du Journal de Montréal établir une liste moins exhaustive, mais citant des exemples concrets et des liens bien réels.

Les couteaux ont volé bas, il y a quelques mois, entre Martineau et son ex-collaborateur, Patrick Lagacé. 

Lire pour en connaître davantage sur le conflit Martineau-Lagacé

Loin de moi l’idée de prendre position dans ce conflit. Les deux ont tenu des propos que je déplore. Cependant, ce que je dois concéder à Lagacé, c’est que dans chacune de ses chroniques (pas nécessairement sur sa page Facebook), ses affirmations sont bien documentées et appuyées par des liens nous permettant d’en vérifier les sources. La vérité y étant démontrée, le lecteur peut ainsi juger de la bienveillance et de l’utilité de ce qui est avancé.

Dans une société de plus en plus nourrie à la désinformation, la première passoire de Socrate revêt une importance primordiale. Et dans un monde qui s’engouffre dans le négativisme, les deux autres passoires s’avèrent essentielles au maintien d’une certaine mansuétude.


Dans le cours de science et technologie

Facebook a annoncé cette semaine la création de 10 000 emplois en Europe, afin de développer son fameux « metaverse ». Cette technologie permettra à un individu, doté d’un casque de réalité virtuelle, de vivre et de fonctionner dans un univers parallèle, parfois réel, bien qu’éloigné, parfois entièrement virtuel.

Lire l’article

Que penser de cette annonce ? Tout dépend de ce qu’on en fera. J’ai toujours dit qu’un bâton de baseball peut être une source d’extase pour quiconque s’en sert pour propulser une balle dans un stade. Par contre, si on l’utilise pour frapper quelqu’un, il devient une arme redoutable. On doit s’assurer que la technologie demeure entre bonnes mains.


Dans le cours de musique

Une #musiquebleue qui allait de soi, cette semaine. Les chansons du plus récent album de Cœur de pirate se feront entendre longtemps. Impossible à aimer, c’est son titre, se laisse écouter du début à la fin. En voici un aperçu avec la pièce On s’aimera toujours.

Coeur de pirate – On s’aimera toujours – Impossible à aimer – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il s’appelle Bruce Xiaoyu Liu, il a 24 ans, il est né à Paris et a grandi à Montréal. Il est aussi diplômé du Conservatoire de musique de Montréal. Pianiste virtuose, il a coiffé au fil d’arrivée les 11 autres finalistes, lors du 18e concours international de piano Chopin, tenu récemment à Varsovie. Ce concours, organisé tous les cinq ans depuis 1927, possède la réputation de lancer de prestigieuses carrières. Lors de la précédente édition, en 2015, un autre Québécois, Charles Richard-Hamelin, avait terminé deuxième, derrière un Sud-Coréen.

Pour le bonheur de nos oreilles, voici la prestation de Bruce Xiaoyu Liu, lors de la ronde finale du concours, mercredi dernier.


Billet du 15 octobre 2021 : Réalité amplifiée

Plusieurs acteurs des médias québécois sont tombés dans l’hyperbole, cette semaine. En voici quelques exemples, suivis des commentaires qui me sont spontanément venus en tête, après en avoir pris connaissance.

«Un drame national» — Normand Baillargeon, évoquant la pénurie d’enseignantes et d’enseignants. Le Devoir, 9 octobre 2021.

Un drame national ? C’est un problème épouvantable, certes, dont les conséquences à long terme peuvent s’avérer très importantes si on n’y remédie pas. J’en sais quelque chose. Mais drame, pris en ce sens, est un synonyme de tragédie. Est-ce réaliste de qualifier ainsi la situation ? Même l’enseignant que je suis en doute.

«Les antivax ont gagné» — Patrick Lagacé, à propos du report d’un mois de la date butoir pour la vaccination obligatoire des employés du secteur de la santé. La Presse, 13 octobre 2021.

Les antivax n’ont pas gagné. Ils exultent, pensant sans doute avoir remporté la victoire, mais ils n’obtiennent qu’un sursis d’une trentaine de jours. La réalité rattrapera tout le monde un mois plus tard, c’est tout.

«2225 $, un loyer “abordable” à Montréal, selon Ottawa»La Presse, 12 octobre 2021.

En effet. Et 75 $, un montant réaliste pour une épicerie complète, selon un ex-premier ministre du Québec.

« L’homme de 64 millions $ » — Félix Séguin, plusieurs fois, faisant allusion à Nick Suzuki et son nouveau contrat de 8 saisons. TVA Sports, le 13 octobre 2021.

Erreur, Félix. C’est un contrat de 63 millions $. Tu t’emballes encore.


Dans le cours de français

Petit débat, dans mon entourage, autour du mot éligible, cette semaine. Est-ce un anglicisme ? N’est-ce qu’un calque de l’anglais ? Est-ce correct de l’inclure dans un vocabulaire français ?

Si vous avez répondu oui à toutes ces questions, vous avez entièrement raison.

Le mot éligible est accepté en français s’il est employé dans un contexte électoral. Ainsi, on dira d’une personne qu’elle est éligible si elle respecte toutes les conditions lui permettant de présenter sa candidature à une élection. En ce sens, éligible signifie «qui peut être élu»

Dans un autre contexte, dire de quelqu’un qu’il est éligible, plutôt qu’admissible, constitue une erreur de français. Par exemple, on est admissible, et non éligible, à une promotion. 


Question sportive de la semaine

Avant Samuel Montembeault, hier soir, qui était le dernier gardien de but québécois à avoir amorcé un match pour le Canadien de Montréal ? Réponse à la fin du billet.


Dans le cours de musique

Il y avait longtemps que je voulais faire une petite place à Mea Culpa jazz, à l’intérieur de cet humble espace hebdomadaire. Ce quatuor originaire de la Mauricie s’est surtout fait connaître grâce à des reprises de pièces connues, apprêtées à la note bleue. Spécialisé dans les événements corporatifs, c’est uniquement sur YouTube qu’on peut entendre le groupe, à moins, bien sûr, de faire appel à ses services. 

Le groupe rock français Noir Désir n’a pas survécu à l’incarcération pour meurtre de son chanteur et principal auteur-compositeur. Un de ses plus grands succès, Le vent nous portera, a cependant connu plusieurs vies, étant repris par bon nombre d’artistes. C’est cette pièce, interprétée par Mea Culpa jazz, qui prend la vedette de notre #musiquebleue, cette semaine.

Mea Culpa jazz – Le vent nous portera – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

On trouve une bibliothèque dans toutes les écoles où j’ai enseigné. Comme dans une bibliothèque municipale, un certain nombre de livres y sont élagués, annuellement. Si on parle de quelques dizaines dans le cas d’une bibliothèque scolaire, qu’en est-il pour une bibliothèque publique ?

Un reportage publié dans La Presse, mardi, nous apprend qu’à la Grande Bibliothèque de Montréal, ce sont plus de 80 000 bouquins qui sont, chaque année, retirés des étagères. Où est la bonne nouvelle, alors ? La bonne nouvelle, c’est que tous ces livres, ou presque, continuent de vivre.

Ils sont remis à des organismes sans but lucratif, qui voient à en disposer dans le cadre d’activités de financement, ou encore à des associations culturelles. C’est ainsi que les mots butinent et que la littérature se répand.


Réponse à la question de la semaine

José Théodore, en 2006, est le dernier gardien de but d’origine québécoise à avoir amorcé un match dans l’uniforme du Canadien de Montréal. Toutefois, le 2 janvier 2009, Marc Denis est venu en relève à Jaroslav Halak, en troisième période d’une rencontre disputée au New Jersey. Avant Samuel Montembeault, il était le dernier Québécois à avoir gardé la cage du Tricolore.


Billet du 8 octobre 2021 : Agencement de styles et de couleurs

Une nouvelle importante a été annoncée par le gouvernement du Québec, en début de semaine. Dans le cadre d’un projet-pilote, des ambulanciers de la Montérégie seront appelés à aller prêter main-forte au personnel médical des hôpitaux.

Lire le reportage de L’actualité

Il était temps que les paramédicaux soient mis à contribution. On néglige beaucoup trop souvent leurs compétences. Au début de ma carrière, j’ai reçu une formation sur la façon d’injecter de l’adrénaline à un élève en réaction allergique aiguë. J’avais alors été étonné d’apprendre que les enseignants étaient autorisés à administrer l’ÉpiPen, mais pas les ambulanciers. La situation a depuis été corrigée et ceux-ci peuvent enfin le faire.

Le parallèle avec la pénurie de personnel dans le système d’éducation est facile à établir. Cependant, les gens qui viennent nous aider, aussi dévoués soient-ils, sont moins familiers avec l’enseignement que les brancardiers peuvent l’être avec les enjeux de la santé. 

Est-ce que ces lacunes laisseront leurs traces sur la formation de nos élèves ? Je le crains, malheureusement.


Question de la semaine

Avec le retrait de la compétition de Carey Price pour au moins un mois, le Canadien de Montréal commencera vraisemblablement la saison avec Jake Allen et Samuel Montembeault comme gardiens de but. Les deux sont des produits de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).

À quand remonte la dernière fois où le Tricolore a commencé une saison avec deux gardiens issus de la LHJMQ ?

Réponse à la fin du billet.


Dans le cours d’arts plastiques

Avez-vous remarqué l’image qui coiffe ce billet hebdomadaire ? C’est une œuvre réalisée par des élèves de sixième année de l’école primaire où j’enseigne. Il s’agit d’un projet de land art, sous la supervision d’une de mes collègues. J’ai tenté, sans succès, de trouver une appellation française au land art. J’ai songé à art de la terre, mais cette expression appartient déjà à une autre forme artistique.

Cela consiste à agencer toutes sortes d’objets trouvés dans la nature pour en faire une représentation artistique. À la lumière de leurs résultats, je constate que nos élèves possèdent un talent certain. Vous pourrez en juger par vous-mêmes en admirant la galerie ci-dessous.


Dans le cours d’univers social

Dans une manchette de La Presse du 28 septembre dernier :

Source : La Presse

Puis, dans une manchette du Journal de Montréal du 4 octobre :

La « commotion » a duré six heures. Imaginez une semaine !


Dans le cours de français

Avec le décès d’Andrée Boucher, plus tôt cette semaine, le Québec a perdu une excellente actrice, qui a su laisser sa marque à travers de grands feuilletons télévisés. Toutefois, l’hommage que lui a rendu l’Agence QMI, notamment sur le site de TVA Nouvelles, m’a fait saigner des yeux.

Source : TVA Nouvelles

#LeProfCorrige

Ici, à la fin de la deuxième ligne, on aurait dû voir déclenche et non d’éclanche. Pour réussir à laisser passer deux fautes dans un même mot, il faut presque faire exprès.


Dans le cours d’univers social, deuxième période

François Amalega Bitondo est cet activiste anti-mesures sanitaires qui manifeste devant les écoles pour tenter de convaincre les élèves de ne pas se faire vacciner. Lorsqu’il fait référence au port du couvre-visage, il parle d’esclavagisme et de torture. Lors de son procès, cette semaine, il a été reconnu coupable d’entrave au travail des policiers. 

Dans son jugement, le juge Randall Richmond a évoqué Henry David Thoreau, l’auteur du premier essai sur la désobéissance civile. Celui-ci luttait contre l’esclavagisme et a été emporté par la tuberculose. Le juge Richmond a déclaré : «C’est une maladie qui est pratiquement inexistante grâce à un vaccin. Je ne pense pas que Thoreau s’opposerait aux mesures sanitaires adoptées par le gouvernement pour le bien de tous».

Le message est clair.


Dans le cours de musique

C’est un pur bonheur de se laisser bercer au son de la musique acoustique du groupe montréalais The Franklin Electric. Les membres ont lancé un quatrième album, intitulé This Time I See It, en septembre. Ils entreprennent une tournée qui les mènera un peu partout au Canada, avec comme point de départ le Théâtre Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse, le vendredi 15 octobre. Tiré de ce dernier opus, je vous suggère, en #musiquebleue, le titre You and I.

The Franklin Electric – You and I – This Time I See It – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Avec l’automne vient la remise des différentes récompenses littéraires. Parmi les finalistes du prix Médicis, on retrouve le Québécois Kevin Lambert. Originaire du Saguenay, l’auteur, qui aura 29 ans la semaine prochaine, est en lice pour son premier roman, Tu aimeras ce que tu as tué, publié au Québec en 2017, mais seulement cette année en France. Il a depuis édité et lancé un autre récit, Querelle de Roberval, en 2018. Cette dernière œuvre avait d’abord été retenue pour la compétition du Médicis 2019, avant que le jury ne se ravise, prétextant une erreur.

Si Kevin Lambert devait remporter la prestigieuse récompense, il deviendrait le troisième lauréat québécois du Médicis, après Marie-Claire Blais, en 1966, et Dany Laferrière, en 2009. Le jury annoncera le résultat de ses délibérations le 26 octobre.


Réponse à la question de la semaine

Il faut remonter à la saison 2003-2004 pour trouver deux gardiens issus de la LHJMQ en début de campagne, avec le Canadien de Montréal. Cette année-là, José Théodore et Mathieu Garon étaient les cerbères de confiance de l’entraîneur-chef Claude Julien.


Image en titre du billet : Marie Lou Charbonneau