Dans le cours de français
Sur Twitter, cette semaine, l’auteur Daniel Thibault, demandait d’où venait l’idée de mettre le tréma sur le e de aiguë. Je trouvais pertinent d’amener la réponse dans ce billet. J’essaierai d’expliquer le plus simplement possible.
Avant 1990, un tréma sur une voyelle signifiait que l’on devait prononcer la voyelle précédente. Ainsi, on doit prononcer le a dans maïs, le o dans Noël et le o dans stéroïde.
Depuis 1990, un tréma, toujours utilisé quand deux voyelles sont consécutives, signifie plutôt que l’on doit prononcer ces deux voyelles séparément. Une convention stipule que c’est la deuxième voyelle qui hérite du tréma. Qu’est-ce que ça change ? Rien… sauf pour les mots en gue. Parce que dans aiguë ou ambiguë, par exemple, on ne prononce qu’une seule des deux voyelles finales et consécutives, le u. Donc, pour montrer que l’accent doit être mis sur le u dans la prononciation du mot, on a proposé, pour les mots en gue seulement, d’utiliser le tréma comme n’importe quel autre accent sur la lettre qui doit être verbalement accentuée, tout en continuant d’accepter l’ancienne orthographe. C’est ainsi qu’on peut maintenant écrire aiguë ou aigüe, ambiguë ou ambigüe.
À noter qu’au masculin, comme il n’y a qu’une seule voyelle en fin de mot, plutôt que deux, on écrit aigu et ambigu.
Dans le cours d’univers social
J’aimerais revenir ici sur le spectacle de la Fête nationale du Québec. Comme d’autres, j’ai trouvé que ce spectacle était l’un des meilleurs jamais présentés dans le cadre de ces festivités. Et qu’est-ce que je constate le lendemain matin ? Plusieurs n’ont retenu que l’absence du fleurdelisé et le fait que Pierre Lapointe aurait dénaturé un classique de Plume Latraverse.
Je viderai en premier lieu la question de Pierre Lapointe. C’est vrai, il a changé les paroles de la chanson Rideau pour en faire :
Pis ceux qui ne sont pas contents
Ils viendront nous voir à l’entracte
On est ben ouverts à vos commentaires
Si vous payez l’cognac-gnac-gnac-gnac
Mais chez tous ceux et toutes celles qui s’en offusquaient et criaient au scandale, personne n’a soulevé qu’un autre classique québécois, Promenade sur Mars du groupe Offenbach, avait également été remodelé pour donner :
Où la femme que je suis
Quoiqu’elle en pense
N’a pas accès
Ni de près ni de loin
Deux poids, deux mesures, ici ?
Personnellement, je me suis délecté de la nouvelle version de Promenade sur Mars, y voyant un clin d’oeil important à une situation très actuelle. Autant que je me suis amusé de voir Pierre Lapointe, sourire aux lèvres, renoncer à lancer le gros tabarnak bien senti que réclame d’ordinaire cette chanson de Plume.
Le drapeau, maintenant. On l’a bien aperçu sur les masques des danseuses, de même que sur l’écran derrière la scène, mais il aurait fallu pallier au fait qu’en l’absence d’une foule sur place, il n’y aurait aucun drapeau sur le parterre. Le Mouvement national des Québécois a d’ailleurs assumé cette erreur.

Une fois ceci mentionné, est-ce que la fête s’en est trouvée complètement gâchée ? Oui, aux dires de plusieurs sur les réseaux sociaux. Je suis d’un tout autre avis.
Un drapeau est un symbole. C’est à travers des paroles et des actions qu’un peuple s’affirme. Le symbole, lui, ne fait qu’accompagner le reste. Il ne parle pas, ne bouge pas, ne prend aucune décision. Durant ce spectacle, y a-t-il eu des mots et des gestes qui ont transcendé tous les symboles ? Absolument.
Le discours de Fred Pellerin, alors qu’il martelait « On est au commencement de quelque chose », valait à lui seul tous les discours patriotiques qu’on a pu entendre depuis longtemps. Ceux d’Ariane Moffatt et de Christine Beaulieu, qui évoquaient respectivement l’avenir et le passé, en constituaient un splendide complément. Que dire du message imprimé sur le teeshirt d’Hubert Lenoir : « Avoir l’opportunité de changer le monde et ne rien faire, pourquoi? ».
Ajoutez l’harmonie qui réunissait toutes les couleurs de peau, les genres, les orientations sexuelles, les générations et les différentes langues qui ont forgé l’histoire du Québec, tout cela sur une même scène, et vous obtenez effectivement le point de départ de quelque chose. La prestation d’Elisapie, en paroles et en chansons, apportait cette volonté autochtone de faire partie de l’aventure. Qu’il demeure dans la Fédération canadienne ou qu’il acquière un jour son indépendance, ces artistes ont clairement formulé le voeux que le Québec soit désormais façonné de manière ouverte et inclusive. En ce sens, ils se sont fait les porte-parole de la génération de mes élèves, à travers un message que je reconnais bien. À propos de l’inclusion, Émile Bilodeau écrivait sur sa page Facebook : « Nos ancêtres ont fait des ‘moves’ qu’on doit aujourd’hui réparer. Si vous ne le faites pas, c’est ma génération qui va le faire. »
Pas besoin d’agiter un drapeau quand on l’a tatoué sur le coeur.
Et je cite :
Vous avez pas idée du niveau de harcèlement que je subis personnellement comme si c’était mon choix, ma faute alors que le MNQ lui-même a assumé la responsabilité de ce manquement. Le monde est capoté…
Ariane Moffatt, coanimatrice du spectacle de la Fête nationale, le 25 juin 2020
Dans le cours de mathématiques
Une statistique effarante a été publiée sur le site de Radio-Canada, mardi, à la suite d’un reportage de Thomas Gerbet. Malgré les rapports de non-conformité qui se multiplient et l’hécatombe meurtrière due à la COVID-19, seulement sept inspecteurs sont mandatés pour la surveillance des 1750 résidences pour aînés au Québec. À l’autre bout du spectre, voici de nouveau l’organigramme du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec :

Dès que j’ai pris connaissance de cette nouvelle, je n’ai pu m’empêcher de penser à une blague qui avait circulé sur la Toile, il y a longtemps. Intitulée Un défi japonais, la blague évoquait deux équipes d’aviron qui devaient traverser le fleuve St-Laurent. Alors que les Japonais s’étaient présentés au défi avec un équipage composé de quatre rameurs et d’un barreur, l’équipage québécois comptait quant à lui sur un seul rameur et quatre cadres ou fonctionnaires pour l’encourager. Je présume que vous devinez lequel des deux équipages a remporté le défi.
Comme dans la blague, peut-être que notre système de santé compte trop de généraux et trop peu de soldats. Et cette métaphore n’implique aucunement les membres des Forces armées canadiennes venus prêter main forte au réseau.
Pour ajouter à l’absurdité de la situation, Thomas Gerbet précise dans son reportage que le nombre d’inspecteurs québécois affectés au bien-être animal est de dix-huit, soit plus du double. Je réitère ce que je mentionnais dans mon billet du 17 avril dernier : on reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses enfants et ses aînés. Le nouveau ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a de toute évidence beaucoup de pain sur la planche.
Dans le cours d’éthique et culture religieuse
Quelqu’un qui a eu maille à partir avec les utilisateurs de Twitter, cette semaine, c’est le docteur Alain Vadeboncoeur. Pourtant, il n’a fait que répéter ce que la Santé publique recommande, soit le port du couvre-visage dans les lieux publics. Les insultes et épithètes vulgaires ont fusé de toute part en sa direction. Quelques émojis plus disgracieux, aussi.
Un fait important à retenir, c’est que le couvre-visage permet de protéger les autres et non de se protéger soi-même de la contagion des autres. Là-dessus, Alain Vadeboncoeur a traduit et diffusé une publication populaire, et un peu crue, qui l’illustre bien. Les phrases manquent de ponctuation, mais le message est quand même clair.

Par respect pour ceux qui m’entourent dans les lieux publics, je porte le couvre-visage. Si tout le monde faisait de même, nous nous éviterions probablement un autre confinement en cas de deuxième vague.
Et je cite :
C’est le cas de le dire, ceux qui ne croient pas au virus sont… démasqués.
Martin Petit, humoriste, le 21 juin 2020
Dans le cours d’art dramatique
Le personnage de Homer Simpson n’est pas reconnu pour sa grande classe. Toutefois, l’équipe des Simpson a agi avec une élégance remarquable en rendant un hommage particulier au comédien québécois Hubert Gagnon, décédé récemment. Pour les gens de ma génération, Hubert Gagnon était le Picabo des Oraliens, et le Flip de Flip et compagnie. Pour les générations suivantes, il a été la voix québécoise de Homer Simpson durant les 27 premières saisons de la série, avant d’être remplacé pour des raisons de santé.
Sur le compte Instagram des Simpson, voici ce qu’on pouvait trouver, le week-end dernier :


Notez le Au revoir Hubert !, rédigé en français. C’est de la grande classe.
Dans le cours de musique
On attend du nouveau matériel d’Émile Proulx-Cloutier depuis maintenant une trentaine de mois, soit depuis la sortie de son excellent album Marée haute. Si on a pu voir l’acteur à la télé et au cinéma durant cet intermède, c’est bien l’auteur-compositeur-interprète qui était de retour en studio, la semaine dernière, dans le cadre du StudioFest d’Ici Musique. Il y a repris la pièce Mon dos, du même album. C’est ce que je vous présente en #musiquebleue, cette semaine.
Et je cite :
Un vieil adage du hockey veut qu’une équipe doive rester en santé pour pouvoir espérer remporter la Coupe Stanley. Ça n’aura jamais été aussi vrai que cette année.
Martin Leclerc, journaliste, commentant les nombreux cas de COVID-19 dans le sport professionnel, le 22 juin 2020
La bonne nouvelle de cette semaine
La vie reprend graduellement son cours normal, au Québec. Ainsi, selon ce que rapportait le site HollywoodPQ ce mardi, le tournage de plusieurs séries québécoises reprendra au cours des prochains jours, suite à l’assouplissement des règles sanitaires. À coup de 15 minutes par jour, des scènes de proximité pourront même être tournées par les acteurs. Les téléspectateurs savoureront donc assurément du nouveau matériel dès cet automne.
Également, après les ciné-parcs, ce sont les radio-théâtres qui reviennent en force. Suite à la présentation de la pièce Tu te souviendras de moi, hier soir, la station Ici Première et son application OHdio récidiveront les 16 juillet, 6 août, 27 août, 17 septembre et 8 octobre, chaque fois à 20 heures, avec des pièces montées par des théâtres québécois et adaptées pour la radio.
Lentement mais sûrement, il fait bon de revoir nos artistes reprendre le travail.