Billet du 25 février 2022 : Un espace bombardé, une espace sur papier

Les cours d’univers social que je donnerai à mes élèves dans les prochaines semaines risquent de prendre une tangente différente de celle prescrite par le programme. La Russie qui envahit l’Ukraine marque un important tournant dans l’histoire, comme lorsque l’Allemagne avait pris la Pologne, en 1939. On sait ce qui a suivi.

Si la communauté internationale condamne massivement les attaques russes, plusieurs gros joueurs sur l’échiquier mondial ont préféré s’abstenir. C’est le cas notamment de la Chine, de l’Iran, de l’Inde et du Brésil. Une des origines du conflit est la demande d’obtention d’un siège pour l’Ukraine à l’OTAN. Si ce privilège lui avait été accordé, tous les pays membres auraient eu l’obligation de la défendre contre toute attaque d’un autre pays. Il est probable que Vladimir Poutine ait misé sur le fait que l’absence de cette représentation fournirait une excuse parfaite pour rester chez eux aux états frileux de s’en prendre à lui.

Après les premières salves russes, le Canada a annoncé que 120 soldats de la base militaire de Valcartier allaient être déployés en Lettonie, pays voisin de l’Ukraine, se joignant ainsi aux centaines d’autres membres des Forces armées canadiennes déjà présents dans la région.


Et je cite :

« Prendre le parti de Poutine, de quelque manière que ce soit, c’est prendre le parti d’un ennemi de la paix. »

Dan Rather, journaliste et animateur à la retraite, le 24 février 2022.

Dans le cours de français

Le mot espace est-il masculin ou féminin ? Prenez le temps d’y penser.

Dans un précédent billet, j’expliquais que les mots amour, délice et orgue devaient être accordés au masculin lorsqu’employés au singulier, mais au féminin quand ils prennent le nombre pluriel.

Voir mon billet du 28 août 2020.

Il existe certains mots dont le genre varie selon le contexte. Ainsi, orge sera féminin, sauf lorsqu’il est question d’orge perlé, qui prendra alors le genre masculin. L’hymne national d’un pays est masculin, mais l’hymne que l’on chante à Dieu est accepté dans les deux genres. Oeuvre est généralement féminin, mais il faut le voir au masculin dans un contexte d’art, d’architecture ou d’alchimie. Quant au mot espace, la plupart des dictionnaires lui confèrent un genre masculin dans tous les contextes, sauf en typographie. Ainsi, entre deux mots, sur un texte imprimé, on trouvera une espace.

Il existe aussi une multitude d’autres mots qui portent les deux genres. Nous les aborderons la semaine prochaine.


Dans le cours d’éducation physique

Je me réjouis en constatant l’excellent travail effectué par Samuel Montembeault, avec le Canadien de Montréal. J’ai eu l’occasion de le rencontrer et de l’interviewer à plusieurs reprises lors de ses années passées dans le hockey junior, toutes avec l’Armada de Blainville-Boisbriand. Il se distinguait comme l’un des meilleurs gardiens de but de la LHJMQ et en tant que personne fort sympathique.

Repêché par les Panthers de la Floride en 2015, il n’a jamais vraiment réussi à s’imposer avec l’équipe. Le Canadien l’a réclamé au ballotage l’automne dernier, suite à l’annonce du retrait de la compétition de Carey Price. La blessure de Jake Allen l’a ensuite établi comme gardien numéro un pour la saison. Malgré les déboires du club montréalais, Montembeault a su conserver d’excellentes statistiques devant son filet, remportant la Coupe Molson pour le mois de janvier.

Mercredi soir, il a obtenu son premier blanchissage en carrière, bloquant les 32 tirs des Sabres de Buffalo dans une victoire de 4-0 du CH. Avec ses performances de la saison, Samuel vient probablement d’assurer son avenir dans la LNH. Si le Canadien ne retient pas ses services au terme de la présente campagne, je demeure persuadé qu’une autre formation lui ouvrira la porte.

Plusieurs gardiens du Canadien ont obtenu des jeux blancs, au cours des précédentes saisons. À quand remonte la dernière fois qu’un portier québécois en avait réussi un dans l’uniforme tricolore ? Réponse après la bonne nouvelle de la semaine.


Dans le cours de musique

Une collaboration entre Corneille et Les Louanges peut paraître improbable, mais loin de sembler inintéressante. Dans Crash, pièce de l’album du même titre, Vincent Roberge, alias Les Louanges, nous offre ce plaisir. La voici en #musiquebleue.

Les Louanges (avec Corneille) – Crash – Crash – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

C’est plus qu’un cliché, c’est une réalité : il faut croire en ses rêves. Et la persévérance est la noblesse de l’obstination. Pierre Normandin s’est fixé un objectif et a tout mis en œuvre, sans découragement, pour l’atteindre. Aujourd’hui, il y a du fleurdelysé dans les blocs LEGO.

Enfant, Pierre Normandin s’amusait ferme avec ce jouet, sans se douter que sa créativité le mènerait un jour jusqu’à cette entreprise. Géographe de formation, c’est dans ce domaine, à l’emploi de plusieurs instances municipales, qu’il a œuvré la majeure partie de sa carrière. À la fin des années 1990, alors qu’Internet se trouvait en plein essor, il a joint quelques groupes d’adeptes du LEGO, en plus d’en fonder un pour le Québec.

Entre 2004 et 2008, Normandin a frappé trois fois à la porte de l’entreprise située au Danemark. Il y a rencontré des dizaines de cadres, à qui il a présenté son portfolio. Invité à créer une structure de son choix à partir d’un bac de blocs, le Québécois a ainsi reçu une convocation pour une entrevue formelle, au bout de laquelle on lui a offert l’emploi de ses rêves. Embauché comme concepteur débutant, il a acquis huit ans plus tard, le titre de concepteur sénior.

Établi à Billund, au Danemark, depuis 2008, Pierre Normandin vit maintenant de sa passion d’enfance.

Accéder à la page Linkedin de Pierre Normandin.


Mercredi soir dernier, Samuel Montembeault est devenu le premier gardien de but québécois en 17 ans à obtenir un blanchissage dans l’uniforme du Canadien de Montréal. Le précédent avait été réussi en 2005, par Yann Danis.


Billet du 26 novembre 2021 : Ils/elles/iels restèrent à la maison

Pour la deuxième fois depuis le début de l’actuelle année scolaire, la COVID-19 a frappé mon groupe. Sauf que contrairement à la première, ce sont cette fois-ci tous mes élèves qui ont dû recevoir l’enseignement à distance, le nombre d’individus atteints justifiant la « fermeture » de la classe.

Sincèrement, les jeunes et moi avons à peu près tous aimé l’expérience. Les méthodes pédagogiques de la dernière semaine n’ont pas paru si inconnues puisque je pratique un enseignement hybride depuis au moins deux ans. Le changement de décor et l’horaire plus souple, bien que quand même chargé, apportaient une fraîcheur nouvelle à l’exercice. Néanmoins, nous avons bien hâte de nous retrouver en chair et en os, au début de la semaine prochaine. Rien n’équivaut au contact humain.

Et je vous rassure, tout le monde se porte bien.


Dans le cours de français

Que de bouleversements dans la langue française, au cours des derniers jours !

D’abord, l’Association québécoise des professeur. e. s de français (AQPF) a secoué les colonnes du temple en demandant au ministère de l’Éducation du Québec de réformer l’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir, afin que celui-ci demeure toujours invariable. Pour celles et ceux qui éprouveraient des difficultés avec la règle actuelle, rappelons qu’un participe passé employé avec l’auxiliaire avoir s’accorde en genre et en nombre avec le complément direct, si ce dernier est placé avant le verbe dans la phrase. Prenons l’exemple suivant : 

La balle que j’ai lancée a brisé la fenêtre de ma remise.

Il y a ici deux participes passés employés avec l’auxiliaire avoir, soit lancée et brisé. Le premier (lancée) s’accorde avec le complément direct (La balle) parce qu’il est placé avant le verbe. Le second (brisé) demeure invariable parce que son complément direct (la fenêtre de ma remise) se trouve après le verbe.

Mais il y a des exceptions ! Chaque fois qu’il est question de mesures (poids, distance, temps, etc.) ou de prix, le participe passé employé avec avoir demeure toujours invariable. Ainsi, on écrira :

Les dix kilomètres que j’ai couru (et non courus) ;
Les trois heures que j’ai passé (et non passées) à t’attendre ;
Les vingt dollars que j’ai payé (et non payés).

Alors, le participe passé employé avec avoir devrait-il toujours demeurer invariable, tel que le propose l’AQPF ? Je suis ouvert à l’idée. Pour rester vivante, la langue française se doit d’évoluer. Toutefois, mon adhésion pleine et entière se concrétisera quand l’ensemble de la francophonie adoptera cette réforme. Pour le moment, seulement des associations québécoises et belges militent en ce sens. 


Dans l’autre dossier, le Petit Robert a intégré, cette semaine, le pronom personnel iel dans son édition en ligne. Rien n’a encore été confirmé, mais son édition papier devrait suivre dès 2022. Iel et iels sont des pronoms de conjugaison de troisième personne, absents de tout genre. Ils seraient utilisés pour désigner une personne qui ne se décrit ni comme homme ni comme femme.

Selon les porte-parole du Robert, l’usage est devenu suffisamment courant, bien qu’encore rare, pour le reconnaître. Le Petit Larousse illustré, toutefois, refuse d’inclure ces pronoms, prétextant que le il, le elle, le on, de même que les pendants pluriels ils et elles, suffisent à toutes les désignations.

Robert, le précurseur ; Larousse, le conservateur. Parions qu’à plus ou moins long terme, le iel et le iels seront enseignés dans les écoles.


Dans le cours de mathématiques

Un tableau avec des chiffres, ça vous dit ? Très peu d’explications s’avéreront nécessaires. Dans la colonne de gauche, les statistiques de COVID-19 du 25 novembre 2020. Dans celle du centre, les données pour la même date, en 2021. À droite, la différence relative.

Qu’est-ce qui explique une chute aussi drastique ? La dernière ligne constitue assurément un excellent indice. Ce sera tout.


Et je cite :

« Nombre d’éclosions actives dans les écoles secondaires et professionnelles actuellement : 28.

Nombre d’éclosions dans les milieux préscolaires et écoles primaires : 323. Et il y a encore des masques au primaire.

Ceux qui disent que la vaccination ne sert à rien… »

Philippe Mercure, éditorialiste à La Presse, le 24 novembre 2021.

Dans le cours d’anglais

En effectuant quelques recherches sur Internet, je suis arrivé sur la page Facebook du Collège Boréal, une institution postsecondaire située à Ottawa. Avec humour, on y présentait à quel point la traduction littérale d’une phrase courante dans la langue de Molière pouvait devenir absolument incompréhensible pour une personne ne possédant que celle de Shakespeare :

Ce qui démontre qu’en toute chose, la mise en contexte demeure primordiale !


Dans le cours de musique

La pop québécoise, heureusement, se définit par plusieurs styles. Si elle devait cependant ne s’identifier que par un seul ambassadeur, Les Louanges, alias Vincent Roberge, pourrait facilement revendiquer le titre. À l’aube de la sortie d’un troisième album, Crash, qui verra le jour en janvier, l’artiste nous offre une mise en bouche de trois titres, disponibles sur la plupart des plateformes. C’est l’une de ces pièces, Qu’est-ce que tu m’fais, que je vous propose en #musiquebleue.

Les Louanges – Qu’est-ce que tu m’fais – Crash – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Deux influenceuses québécoises sont à l’origine d’une vidéo, devenue virale, qui a permis à une adolescente américaine d’être libérée des griffes de son kidnappeur de 61 ans. Toutes deux étudiantes universitaires dans des domaines liés à la philosophie de la violence faite aux femmes, les sœurs Florence-Olivia et Marie-Emmanuelle Genesse ont relayé sur leurs réseaux sociaux un geste conçu par la Fondation canadienne des femmes. Ce geste, qui peut être exécuté d’une seule main, signifie que la femme qui le pose est menacée. Il consiste à replier le pouce sur la paume de la main, pour ensuite refermer les quatre autres doigts dessus.

Visionnée plusieurs millions de fois sur la planète, la vidéo des sœurs Genesse avait été consultée tant par l’adolescente en danger, assise sur la banquette arrière de la voiture de son ravisseur, que par l’automobiliste qui suivait. C’est ainsi que le geste, posé et reconnu, a permis à ce dernier d’alerter les autorités, de mettre fin à la cavale du kidnappeur et de libérer la victime.

Page TikTok des sœurs Genesse