Billet du 10 janvier 2025 : Queneau, anglicismes et loup-garou

Les amateurs de littérature expérimentale connaissent bien Raymond Queneau, cette figure incontournable des lettres françaises qui a marqué le XXe siècle par ses innovations littéraires. Parmi ses œuvres les plus audacieuses, figure « Cent mille milliards de poèmes » publié en 1961. Ce livre défie l’imagination par son concept révolutionnaire. Ce livre, qui ne compte que dix pages, est pourtant considéré comme l’un des plus longs au monde grâce à son ingénieux système de vers interchangeables.

Le principe est d’une simplicité déconcertante : chaque page contient un sonnet, et chaque vers est imprimé sur une languette de papier indépendante que le lecteur peut manipuler à sa guise. Physiquement, l’ouvrage rappelle ces livres pour enfants où l’on peut combiner différentes parties de personnages en tournant des bandelettes de pages : tête, tronc et jambes s’assemblent pour créer des personnages fantasques et amusants. Ici, le principe est similaire, mais appliqué à la poésie : comme tous les sonnets suivent rigoureusement la même structure de rimes et la même construction grammaticale, n’importe quel vers peut être combiné avec n’importe quel autre vers correspondant des autres sonnets. Cette mécanique permet de générer exactement cent mille milliards de poèmes différents.

L’ampleur de cette création est telle qu’il est matériellement impossible pour un seul être humain de lire l’intégralité des combinaisons possibles. Queneau lui-même a calculé qu’en consacrant 45 secondes à la lecture de chaque poème, huit heures par jour, deux cents jours par an, il faudrait plus d’un million d’années pour venir à bout de toutes les possibilités. Cette œuvre magistrale, née au sein de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), dont Queneau était cofondateur, illustre parfaitement la façon dont une contrainte littéraire peut paradoxalement devenir source d’une liberté créative quasi infinie.

En définitive, voilà sans doute le seul livre au monde dont personne ne pourra jamais se vanter d’avoir lu toutes les pages — même les plus voraces des lecteurs devront se contenter d’un modeste échantillon. Un petit conseil : si vous tombez sur un exemplaire, ne vous fixez pas comme objectif de le terminer avant de commencer autre chose !


Dans le cours de français (et d’anglais !)

Les mots voyagent, évoluent et, parfois, reviennent sous une nouvelle forme : c’est toute l’histoire des anglicismes dans la langue française.

Au Québec, la question des anglicismes est un sujet sensible, car la langue française y est un élément essentiel de notre identité culturelle. Pourtant, les anglicismes s’imposent de plus en plus dans notre quotidien, notamment dans des domaines comme la technologie, les médias et la culture populaire. Des mots comme week-end ou encore chat (discussion en ligne) sont devenus courants, surtout chez les jeunes. Si l’Office québécois de la langue française (OQLF) propose souvent des équivalents, comme fin de semaine ou clavardage, il n’est pas toujours facile de faire adopter ces termes par tous. Les anglicismes restent populaires parce qu’ils sont souvent perçus comme plus branchés ou parce qu’ils proviennent directement des plateformes numériques où ils dominent.

Dans certains cas, les efforts de francisation réussissent mieux au Québec qu’ailleurs dans la francophonie. Par exemple, alors qu’en France, beaucoup continuent de parler d’e-mail, au Québec, courriel s’est bien implanté. De même, dans le domaine des jeux vidéo, certains préfèrent encore joueur et niveau à gamer et level. Mais ce n’est pas toujours le cas : des mots comme burn-out, deadline ou streamer gagnent du terrain, même si l’OQLF propose des alternatives comme épuisement professionnel, date limite ou diffuseur en continu. Certains anglicismes viennent même d’anciens mots français. Par exemple, fleureter, qui signifiait courtiser avec délicatesse, a traversé la Manche pour devenir to flirt en anglais, avant de revenir dans la langue française moderne sous la forme de l’anglicisme flirter. Ces va-et-vient linguistiques montrent à quel point nos langues sont interconnectées, notamment à travers les siècles d’échanges culturels et sociaux.

Ces allers-retours illustrent que la langue française, même au Québec, n’est pas figée, mais en perpétuelle évolution. Il ne s’agit pas de rejeter systématiquement les anglicismes, mais de faire preuve de discernement en intégrant ceux qui enrichissent véritablement notre vocabulaire, tout en valorisant les équivalents français existants. Cette approche permet de préserver la vitalité et la singularité du français québécois, tout en reflétant la réalité d’un monde globalisé où les échanges linguistiques sont constants.


Dans le cours de musique

Lou-Adriane Cassidy nous offre avec Journal d’un loup-garou un voyage introspectif envoûtant. Cet album marque un tournant dans la carrière de l’artiste, qui explore ici des sonorités plus électroniques tout en conservant l’authenticité de son folk rock.

L’album paraîtra le 24 janvier prochain. En voici un extrait, Cours, Cora, cours.

Lou-Adriane Cassidy – Cours, Cora, cours – Journal d’un loup-garou – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les gens heureux sont ceux qui peuvent compter sur l’appui d’une communauté. Une communauté familiale, une communauté sociale, une communauté sportive ou une communauté religieuse, entre autres. C’est toute une communauté d’adolescents qui se rassemble régulièrement autour de Jonathan Dutil, atteint d’un cancer du cerveau.

Que fait cette communauté pour les aider, lui et ses parents ?

Le chroniqueur Patrick Lagacé, de manière touchante, l’a relaté dans La Presse.1 C’est un portrait de l’être humain dans ce qu’il a de meilleur à offrir. Je m’arrête ici et je vous laisse prendre connaissance du reportage.

1 Lagacé, Patrick. La meute de Jonathan. La Presse, Montréal. Le 5 janvier 2025.


Billet du 7 juin 2024 : Que s’est-il donc passé en 2014 ?

Dans une chronique publiée cette semaine 1, Patrick Lagacé explore l’augmentation marquante de la violence au Québec, identifiant l’année 2014 comme un point de bascule. Il souligne une montée inquiétante des crimes violents, en particulier ceux impliquant des armes à feu, tout en examinant les facteurs sociaux et politiques qui ont pu contribuer à cette tendance. Lagacé appelle à une réflexion et à des actions concrètes pour comprendre et inverser cette escalade de la violence dans la société québécoise, sans toutefois identifier une piste d’hypothèses concernant les causes.

En tant qu’enseignant et observateur attentif, je constate également cette recrudescence de violence dans les écoles primaires. Cette violence se manifeste surtout dans le langage agressif et l’intimidation entre élèves, incluant de plus en plus la cyberintimidation. Les enfants utilisent les plateformes numériques pour harceler et intimider leurs pairs, créant un environnement scolaire où la peur et l’anxiété deviennent courantes, ce qui nécessite des mesures urgentes pour protéger nos jeunes et favoriser un climat d’apprentissage sain.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cette recrudescence de violence depuis 2014. Premièrement, la prolifération des réseaux sociaux et des nouvelles technologies a facilité la propagation de comportements agressifs et d’intimidation en ligne, exacerbant les conflits entre jeunes. Deuxièmement, l’exposition croissante à des contenus violents à travers les médias et les jeux vidéo peut avoir désensibilisé certains jeunes, normalisant ainsi la violence comme moyen d’interaction. Enfin, les bouleversements économiques et sociaux, tels que les inégalités croissantes et les tensions politiques mondiales, peuvent contribuer à un climat général de stress et d’anxiété, qui se manifeste par une augmentation des comportements violents.

S’est-il vraiment passé quelque chose en 2014 ? J’espère que des anthropologues se pencheront sur la question.

1 Lagacé, Patrick. Violence : quelque chose s’est passé en 2014… La Presse, Montréal. Le 4 juin 2024.


Dans le cours d’univers social
Volet histoire

Parce que j’ai eu à le faire en classe au cours de la présente année scolaire, je reprends ici un bref résumé du conflit israélo-palestinien, qui a fait près de 36 000 morts depuis l’automne dernier. Il trouve ses origines à la fin du XIXe siècle, avec la montée du sionisme, un mouvement nationaliste juif prônant la création d’un État juif en Palestine. Ce projet détonne avec les aspirations des Arabes palestiniens, majoritaires sur le territoire, qui réclament également l’indépendance nationale. La situation se complique d’autant plus avec la déclaration Balfour 2 de 1917, dans laquelle le gouvernement britannique exprime son soutien à l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine. Après la Première Guerre mondiale, la Palestine passe sous contrôle britannique, période marquée par des tensions croissantes entre les communautés juive et arabe.

En 1947, face à l’aggravation des violences entre les communautés, l’ONU propose un plan de partage de la Palestine en deux États, l’un juif et l’autre arabe, avec Jérusalem sous administration internationale. Ce plan est accepté par les Juifs, mais rejeté par les Arabes. La proclamation de l’État d’Israël en 1948 entraîne la Première Guerre israélo-arabe, qui se solde par la victoire d’Israël et la fuite ou l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens. Les conflits suivants, notamment les guerres de 1967 et de 1973, ainsi que l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de Gaza, intensifient les tensions.

Depuis, diverses tentatives de paix ont échoué à résoudre les questions centrales du conflit, telles que les frontières, le statut de Jérusalem, le droit au retour des réfugiés palestiniens, et la sécurité. La situation reste marquée par des affrontements réguliers, une colonisation israélienne persistante en Cisjordanie, et un blocus sévère de Gaza. Chaque camp revendique des droits historiques et des besoins de sécurité légitimes, mais souvent incompatibles, ce qui rend très improbable le règlement du conflit.

2 Wikipédia. Déclaration Balfour de 1917.


Dans le cours d’éducation physique

Ma bonne nouvelle de la semaine dernière 3 a fait réagir ! L’intégration des statistiques des Negro Leagues à celles de la Major League Baseball (MLB) ne plaisent pas à tout le monde. Sacrilège, Josh Gibson a délogé l’immortel Ty Cobb du premier rang de tous les temps au niveau de la moyenne au bâton, en plus de faire de même avec Babe Ruth pour la moyenne de puissance. Le contexte n’était pas le même, semble-t-il.

Le contexte n’était pas le même non plus quand Wayne Gretzky a pulvérisé tous les records offensifs de la Ligue nationale de hockey (LNH). Pas plus qu’il ne l’est actuellement quand, près d’un siècle plus tard, Shohei Ohtani s’apprête à fracasser tout ce que Babe Ruth a établi, tant comme lanceur que comme frappeur.

Josh Gibson a connu toute une carrière comme joueur de baseball professionnel 4, dans une ligue regroupant les meilleurs joueurs noirs au monde. Nul ne peut prétendre qu’une des ligues était de calibre inférieur en raison de la couleur de peau de ses joueurs. Gibson mérite sa place au sommet.

3 Billet du 31 mai 2024 : Quand le passé rejoint le présent.

4 Baseball-Reference : Statistiques de Josh Gibson.


Dans le cours de musique

Ariane Roy, Thierry Larose et Lou-Adriane Cassidy ont parcouru le Québec lors d’une tournée spéciale intitulée Le Roy, la Rose et le Lou(p), offrant une collaboration artistique unique après le succès de leur performance aux Francos de Montréal. Une captation de dix pièces a donné lieu à un album, paru la semaine dernière. En voici la chanson thème.

Ariane Roy, Thierry Larose, Lou-Adriane Cassidy – Chanson thème – Le Roy, la Rose et le Lou(p) – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

La chanteuse Martha Wainwright s’est engagée auprès de l’Académie Centennial pour enseigner la musique aux jeunes et promouvoir les arts. À travers cette initiative, elle vise à encourager la créativité et l’expression artistique chez les élèves du secondaire. Son implication comprend non seulement des performances, mais aussi des sessions éducatives, offrant ainsi une expérience enrichissante et inspirante aux jeunes talents. Elle n’a pas hésité à impliquer son frère Rufus, ainsi que ses amies Ariane Moffatt et Marie-Pierre Arthur dans son projet.


Billet du 3 février 2024 : Barrette avait raison

Le 23 novembre dernier, au tout premier jour de la grève générale illimitée des enseignantes et enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Gaétan Barrette a déclaré, sur les ondes de l’émission La Joute, à TVA, que le conflit se règlerait « avec du cash», en ce sens où une hausse salariale acceptable ramènerait le personnel enseignant en classe 1. Ma réaction fut immédiate : pas cette fois. Les troupes sont trop mobilisées et déterminées à aller jusqu’au bout pour améliorer les conditions de travail abominables dans lesquelles nous baignons depuis des années, me disais-je.

J’ai été naïf.

La hausse salariale nous assure le maintien de notre pouvoir d’achat pour les cinq prochaines années. C’est considérable quand on estime qu’une forte majorité de contribuables québécois n’obtiendront pas ce privilège. Toutefois, le reste de l’entente assure également le maintien de la dégradation de nos conditions et ne contribuera aucunement à ralentir la saignée du personnel scolaire. Tout ce qui, sur papier, peut ressembler à une avancée dans cette entente est assorti de conditions tellement hors du réalisme que la concrétisation s’avérera au mieux improbable, voire impossible.

Et ça, tout le monde dans le milieu de l’éducation en est conscient. Il reste que l’appât du revenu annuel dans les six chiffres a relégué le reste au second plan pour une majorité. Une courte majorité, mais une majorité tout de même. Pour moi, Jean-Frédéric Martin, c’est presque avantageux lorsque j’observe la situation avec un regard strictement égocentrique. J’écoulerai les trois années qui restent à ma carrière en collectant une augmentation rétroactive d’un an, ce qui bonifiera considérablement mon fonds de retraite. Mais je suis inquiet et très préoccupé pour mes jeunes collègues et pour l’avenir de ma profession.

Gaétan Barrette avait raison : c’est avec du cash que ça s’est réglé. Nous avons fait cinq semaines de grève pour ça.

1 Grève des enseignants: «Ça va se finir avec le « cash »». TVA, Montréal. Le 23 novembre 2023.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

J’aurais bien sûr souhaité une issue différente. Je suis convaincu qu’une nouvelle ronde de négociations consécutive à un rejet de l’entente de principe aurait débouché rapidement sur davantage de gains. Cependant, la démocratie ne me décevra jamais.

Mais justement, après avoir lu et entendu tant de choses sur le sujet, le processus de consultation des instances de la FAE était-il démocratique ? Ma réponse est claire, oui.

Ce processus démocratique peut-il être amélioré ? Encore une fois, oui.

Patrick Lagacé a visé juste dans une de ses chroniques de la semaine dernière 2, les assemblées syndicales et les assemblées étudiantes possèdent plusieurs éléments communs qui se montrent complètement dépassés en 2024. Parmi ces éléments, on trouve le fait d’étirer les rencontres pour lester les personnes moins motivées et conserver en salle uniquement celles qui sont « crinquées » (selon l’expression de Lagacé).

Lors de notre rencontre locale, une enseignante a demandé que la période de votation soit prolongée afin de permettre à un maximum de collègues d’exprimer leur choix. On n’a même pas pu en faire une proposition parce que, semble-t-il, la logistique et la technologie ne permettaient pas de donner suite à ce souhait de l’enseignante. Le syndicat de la Haute-Yamaska (SEHY), dernière instance de la FAE à se prononcer, a pourtant pu le faire cette semaine.

Le processus de consultation que j’aimerais voir s’appliquer est le suivant :

  1. Inscription sur une liste de membres habilités à voter;
  2. Dépôt des documents et vidéo explicative sur un site intranet;
  3. Ouverture d’un forum de questions et réponses, actif jusqu’au moment du vote;
  4. Période de votation en ligne d’une durée de 24 à 36 heures, au plus tard une semaine après le début du processus;
  5. Ce processus serait identique et simultané pour toutes les instances.

Sur ce dernier point, la FAE et les mouvements syndicaux en général ont été beaucoup critiqués. On semble mal admettre que certaines instances puissent voter tout en connaissant les résultats de celles s’étant exprimées avant elles. Les élections fédérales canadiennes constituent pourtant un précédent très similaire, en ce sens où jusqu’à un passé plutôt récent, les électrices et électeurs de la Colombie-Britannique et de l’Ouest canadien pouvaient se rendre aux urnes en connaissant les premiers résultats dans les Maritimes, le Québec et l’Ontario.

Je réitère néanmoins que malgré les améliorations souhaitées, le mode de consultation se voulait démocratique. Je suis à même de constater que les résultats finaux, tant pour mon syndicat local que pour l’ensemble de la profession, reflètent ce que je perçois sur le terrain.

2 Lagacé, Patrick. La démocratie syndicalezzzzzzzzz. La Presse, Montréal. Le 26 janvier 2024.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté, 2e période

Jeudi soir, une amie m’a fait parvenir les dates des épreuves du ministère en français et en mathématiques. Ces dates venaient d’être publiées sur le site du ministère de l’Éducation. Ces épreuves ont généralement lieu entre la fin-mai et la mi-juin. Cette année, en raison de la grève, on a d’abord annoncé le report aux deux dernières semaines de l’année scolaire, jusqu’à l’avant-dernière journée du calendrier.

J’ai relayé l’information par télémessage à mes collègues de 6e année. S’en est suivi un cocasse échange de jurons sur nos écrans de cellulaires. Une seule journée pour la correction de cinq ou six volumineux examens, élèves n’ayant plus la tête ni le coeur à l’école, parents devançant les vacances estivales familiales pour épargner sur les billets d’avion, chaleurs insupportables dans des bâtiments non climatisés, etc. Sur les réseaux sociaux, on a de plus évoqué les sorties de fin d’année réservées, ainsi que les stages d’insertion déjà prévus.

Il a fallu moins de 24 heures pour que le ministère ne ramène ses dates à une plage plus raisonnable. Messieurs et mesdames les fonctionnaires du ministère de l’Éducation n’avaient pas vu tout ça, selon ce qui a été rapporté à La Presse. 3

Comme bien d’autres choses, messieurs et mesdames du ministère, comme bien d’autres choses.

3 Pilon-Larose, Hugo. Québec se ravise face à la grogne. La Presse, Montréal. Le 2 février 2024.


Dans le cours de musique

Je vais vous raconter une façon singulière de découvrir un artiste. Sur Facebook, dimanche, j’ai vu passer une publication commanditée qui m’a intrigué. Un jeune artiste offrait gratuitement, à qui en voulait bien, une cassette de son album. Oui, une cassette. Un virement de 5$ pour couvrir les frais postaux et je recevais, quelques jours plus tard, l’objet autographié, accompagné d’un code de téléchargement.

Cet artiste a pour nom Olivier Pépin, mais s’affiche sous celui de JALOUSE. Il compose par ordinateur, y mêlant quelques instruments. Le résultat donne un son très français, aux accents québécois. Le coup de marketing est réussi, j’ai fait une belle découverte musicale !

De l’album Nature morte, voici la pièce Caniche en laisse.

JALOUSE – Caniche en laisse – Nature morte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il est toujours agréable de voir quelqu’un vaincre la maladie. Cette semaine marquait le retour de Sophie Thibault à l’animation du bulletin de nouvelles de 18 heures, à TVA. Ayant combattu un cancer de la peau, madame Thibault peut maintenant reprendre ses activités.


Billet du 26 janvier 2024 : Le temps d’une courte pause

Avec une semaine chargée de rencontres de parents et une longue rencontre syndicale, préalable au vote sur l’entente de principe, je me permets un court billet, aujourd’hui. Je reviendrai cependant la semaine prochaine sur les résultats des votes. Peu importe l’issue, il y aura des éléments très intéressants à commenter !


Dans le cours de français

Mardi, j’écoutais Tout un matin, l’émission matinale à ICI Première, la radio de Radio-Canada. Alors qu’on parlait de la prochaine tournée de concerts de l’artiste ontarienne Avril Lavigne, la chroniqueuse Eugénie Lépine-Blondeau a indiqué que son seul arrêt au Québec aurait lieu en août prochain, à « Saint-Jean-sur-le-Richelieu ».

#LeProfCorrige

C’est une erreur courante. Le nom de cette ville est Saint-Jean-sur-Richelieu, et non Saint-Jean-sur-LE-Richelieu.


Dans le cours de musique

Artiste multidisciplinaire, Mykalle Bielinski s’exprime musicalement dans cinq langues. Son instrument favori est sa voix, dont la pureté égalise l’intensité émotionnelle qu’elle transmet. Dans son premier album, Da pacem, elle mêle la poésie spirituelle à la musique nujazz. Extrait de cet album, voici Ghost.

Mikalle Bielinski – Ghost – Da pacem – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Quand j’ai lu la chronique de Patrick Lagacé, dimanche, j’ai immédiatement convenu avec moi-même que cette histoire constituerait ma prochaine bonne nouvelle hebdomadaire. Victime de plusieurs nids-de-poule à Montréal, une dame a vu le pneu crevé de sa voiture être changé par Carlos Diaz, un chauffeur d’autobus alors en pause. Exécutant le travail par un froid intense, le bon Samaritain a refusé le dédommagement que lui offrait la dame.

C’est le genre de texte qui fait du bien à l’âme.

Lagacé, Patrick. Le pneu crevé. La Presse, Montréal. Le 21 janvier 2024.


Billet du 15 décembre 2023 : Journal de grève, 4e semaine

Pour une quatrième semaine consécutive, je souhaite que le chapitre hebdomadaire de mon journal de grève soit le dernier. Mercredi, le premier ministre s’est même avancé sur un retour en classe dès lundi. Ça, c’est comme pour le père Noël : on voudrait y croire, mais la réalité l’emporte.

Dans ce billet, je cède ma plume à d’autres. Il existe des enjeux qui ont besoin d’être démystifiés, en ce qui regarde le quotidien du monde de l’enseignement, afin de contrer ou de préciser certaines croyances populaires. Si j’y fais ponctuellement allusion à l’intérieur de mes écrits, des collègues et des observateurs en ont fait autant ces derniers jours. Cette semaine, mon espace leur appartient.


Sur l’exode du personnel et la désertion des étudiants en enseignement

Son homonyme est acteur, mais le Frédéric Pierre dont il est question ici est informaticien. Il appuie le personnel scolaire et celui de la santé dans leurs revendications. Voici ce qu’il publiait sur le réseau social Bluesky, le 11 décembre dernier.

« Une prof me disait que plus le gouvernement prend du temps pour négocier, certains profs songent quitter et se trouver autre chose. Aussi, sa fille étudie en enseignement :
– 1ère année : il y avait 120 étudiants.
— 3e année : il en reste 30 ! Avec une autre année à faire.
😕 »
Source : Bluesky (@fredericpierre.bsky.social)

Évidemment, ces chiffres ne sont pas vérifiés et confirmés. Mais ils reflètent ceux de l’étude réalisée par Le Devoir, il y a deux ans, à laquelle je faisais référence dans mon billet du 24 novembre dernier. 1

1 Billet du 24 novembre 2023 : Journal de grève, 1re semaine


Sur les affectations du personnel

Depuis le début des moyens de pression du personnel enseignant, le gouvernement exige de nous de la souplesse pour modifier le processus d’affectations. Nous reviendrons plus bas sur la souplesse. Pour ce qui est des affectations, mon ex-collègue Marie-Josée Dupont a très bien résumé la situation.

Source : Facebook

Ce que le gouvernement voudrait, c’est que les enseignantes et enseignants permanents soient exclus de l’affectation d’août. Bien que l’ancienneté constitue notre seul atout pour améliorer nos conditions, la FAE a tout de même consenti à une ouverture sur ce point. Pourquoi Bernard Drainville et François Legault en font-ils un enjeu majeur alors que ça ne concerne qu’une quantité négligeable de postes ? Ma seule réponse est qu’ils font preuve d’une méconnaissance marquée de la situation.


Sur notre réalité

Le cri du cœur d’Anne-Marie Vignola, enseignante au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), expose un portrait limpide et complet de notre quotidien.

« Bonjour,
Je m’appelle Anne-Marie et je suis enseignante depuis plus de 20 ans. J’ai étudié quatre ans à l’université pour obtenir un baccalauréat en éducation. Je suis sans contrat de travail depuis 10 mois et sans salaire depuis trois semaines parce que mon patron trouve que je manque de souplesse. J’ai pourtant l’impression de faire des acrobaties incroyables pour parvenir à faire mon boulot. Je n’ai rien d’extraordinaire… Nous sommes plus de 60 000 dans les rues depuis bientôt trois semaines. (FAE) Cette semaine des milliers d’autres travailleuses vont se joindre à nous. ✨❤️ Nous vous attendions ! ✨
Je suis une fille travaillante ! Je fais des heures supplémentaires à toutes les semaines et je ne demande jamais d’obtenir un salaire supplémentaire. Je fais tout ça bénévolement.
Je mange régulièrement le souvenir d’un yogourt sur l’heure du midi parce que je manque de temps et je préfère travailler.
En 20 ans, je n’ai jamais reçu une seule plainte de ma direction.
Je dépense annuellement entre 500 $ à 1000 $ de mes sous pour acheter des jeux, jouets, livres ou ateliers. Le 250 $ attribué pour ma classe est insuffisant et j’adore avoir du matériel pédagogique actuel.
Je suis toujours à l’heure au travail.
Depuis deux ans, je n’ai jamais été malade. Je ne prends jamais de congés parce que je n’aime pas prendre deux heures de mon temps, déjà si précieux, pour écrire les explications du déroulement de la journée à un remplaçant. Il y a aussi le fait que ce sont souvent des collègues qui doivent remplacer les absents parce qu’il n’y a plus de suppléants…
Je demeure presque toujours calme lorsque quelqu’un lance une chaise. 🧘🏻‍♀️
Je suis immunisée contre les insultes.
Je suis excellente en gestion des conflits.
Je peux faire rire quelqu’un qui pleure.
Je sais que mes bras sont réconfortants.
Je peux faire 5 tâches en même temps.
Je fais environ 20 heures de formation par année parce que je trouve important de demeurer au fait des pratiques innovantes dans mon domaine.
J’ai repeint une partie de mon local en cachette et j’ai découpé des petites marguerites en papier pour cacher les trous du mur de ma classe. Encore une fois, j’ai gardé la facture pour moi.
Mon patron trouve que je manque de souplesse, mais moi, j’ignore ce que je peux faire de plus…
Tous les spécialistes de l’enfance (médecins, pédiatres, psychologues) sont en accord avec les demandes de la FAE. On ne demande pas d’avoir l’air climatisé, un système de ventilation adéquat et un parc informatique fonctionnel… Nous souhaitons que nos élèves les plus vulnérables puissent obtenir des services offerts par des personnes compétentes. LA BASE ! Ce travail, je l’aime profondément et ça me fait mal de me sentir aussi peu respecté par mon employeur. À force de me plier en quatre pour y arriver, je suis brisée et je ne veux plus continuer comme ça. L’attitude du gouvernement envers cette marée de petites tuques rouges me dégoûte ! Nous sommes des guerrières ! Nous arrivons à bout des enfants les plus rebelles… Si son souhait est d’étirer la négociation pour épuiser nos troupes et semer le chaos, il va trouver le temps long. Les troupes sont épuisées depuis une décennie et elles appuient le méchant monstre syndical qui, pour l’instant, est le seul à nous protéger dans cette lutte… Après trois semaines, ces femmes sont affamées et déterminées à continuer de lutter contre les injustices du système de l’éducation et de votre exploitation de notre bonté ! »🔴

Source : Facebook


Sur notre salaire et nos vacances

Je l’ai écrit plusieurs fois, nos semaines de vacances sont nombreuses, mais elles sont toutes à nos frais. Qui plus est, le gouvernement conserve temporairement une partie de notre argent et le fait fructifier, avant de nous en remettre le capital tout en conservant les intérêts. Le dimanche 10 décembre, Valérie Larin l’a très bien expliqué.

« FONCTIONNEMENT RÉEL DU SALAIRE D’UN PROF
Je fais ce post en toute transparence. Je suis prof au primaire. Je suis actuellement à l’échelon 5. Selon la convention actuelle, mon salaire annuel est de 56 550 $.
Une année compte 52 semaines (365 jours). Si on exclut les week-ends, ça nous donne 260 jours au total. Je travaille 200 jours par année (180 jours en présence d’élèves plus 20 journées pédagogiques, qui sont loin d’être des « congés » comme certains le pensent : réunions, planification, correction, impressions, paperasse, achats pour la classe, etc.).
Logiquement, je devrais être payée 1/200 de 56 550 $ pour chaque jour travaillé, c’est à dire 282,75 $ par jour (brut) et être au chômage durant l’été. Sachez que ce n’est pas le cas !
Il y a plusieurs années, une loi est venue exclure les enseignants ayant un poste permanent du droit au chômage durant l’été. Pourquoi ? Aucune idée ! Ça, c’est la première aberration. En voici une deuxième : comme le gouvernement semble juger que nous ne sommes pas assez autonomes pour gérer nos sous nous-mêmes et nous en mettre de côté pour la période estivale, il me paie 1/260, donc 217,50 $ au lieu de 282,75 $. Le gouvernement ramasse donc 65,50 $ sur chacune de mes paies (aux deux semaines) pour me le redonner durant les mois d’été. Au total, dans l’année, c’est 15 660 $ qu’il garde pour lui en le faisant fructifier pendant que moi, je ne peux pas, même si c’est MON argent. Je vous rappelle que je ne suis qu’à l’échelon 5. Imaginez quelle somme cela peut représenter sur l’ensemble des profs au Québec !
En voulez-vous une autre ? La loi sur les normes du travail prévoit 2 semaines de vacances payées pour les salariés ayant cumulé entre un an et 3 ans de travail continu, ainsi que 3 semaines payées après 3 ans. Nous, les profs ? Rien. Nada. Nous n’avons aucun congé payé par l’employeur. Nous finançons tous nos congés (vacances et jours fériés) à partir de notre propre paie.
Donc, si vous pensiez encore que les profs ont « deux mois de congés payés durant l’été », j’espère que cette rectification vous a permis de comprendre que c’est loin d’être le cas ! »

Source : Facebook


Sur notre souplesse

Cette fameuse souplesse que réclament François Legault et au moins deux de ses ministres ! Est-ce que nous en démontrons suffisamment ? Marie-Ève Couture, enseignante spécialiste en anglais, a également lancé ce cri du cœur.

« D’après monsieur Legault, je manque de souplesse…
En tant que spécialiste, prof d’anglais, j’ai 2 écoles, 15 groupes donc environ 300 élèves…
Je ne me plains pas, mais vous dites que je manque de souplesse…
🤔
Je fais partie des privilégiés qui possèdent un local où je peux enseigner adéquatement. Mais seulement dans une école ! Faudrait pas ambitionner, quand même !!
À l’autre école, je prends la place de l’enseignant qui doit sortir de son local et se trouver une place où travailler durant cette heure…. Qui est souvent le salon du personnel où ça va et vient constamment ! …. Parfait pour travailler et se concentrer !
Mais, ON manque de souplesse !
Je change 5 fois de local dans une journée en oubliant souvent des trucs ici et là… Je dois me promener de classe en classe avec des livres, mon ordi, mon sac, les photocopies, les jeux, les dictionnaires… puisque je n’ai pas de local pour enseigner !!!!
Mais, je manque de souplesse !
Le budget classe pour acheter des livres ou du matériel est largement insuffisant… 150 $ environ par école et c’est pas une blague !
Donc, vous me voyez venir !
Je dépense facilement 500 $ par année pour que les élèves aient : des nouveaux livres intéressants, une boîte de récompenses, des jeux au goût du jour, des activités intéressantes, des décorations et des affiches pour rendre les cours plus vivants, etc.
Mais, je manque de souplesse !
À la récré, je garde des fois des élèves pour régler un conflit, leur donner du temps supplémentaire pour finir l’examen, avoir une discussion parce que l’élève vit des choses difficiles à la maison (oui bien sûr qu’on est psychologue et ça presque au moins une fois par semaine !), pour reprendre la notion enseignée, etc. J’avais vraiment envie d’aller aux toilettes, mais bon, j’irai au dîner, l’élève est plus important !
Mais, je manque de souplesse !
Idéalement, dans un cours, je dois enseigner, expliquer l’exercice à faire, répondre aux questions et si possible corriger en grand groupe ! Et le tout en une heure ! Car on voit en général nos groupes seulement une heure par semaine !
Bon, OK !
8 h 05
Je commence le cours… que dis-je… j’attends qu’environ 3 à 5 élèves finissent d’enlever tous les vêtements p.c.q. ils sont habitués de prendre leur temps à la maison et qu’il n’est pas question qu’ils se dépêchent à l’école….
Faudrait pas les brusquer, mais plutôt attendre et s’adapter à leur rythme… pendant ce temps-là, il y en a 15 qui sont prêts, s’impatientent et qui commencent à vouloir bouger. C’est normal, c’est des enfants !!! Mais moi, j’attends les autres tout en essayant de gérer les comportements des autres.
8 h 15 : Une fois tout le monde assis et « attentif »
😉😂 🤞Je peux commencer à enseigner !
Dans plusieurs groupes, j’ai un élève TSA qui nécessite une approche différente pour chacune des interventions.
Par exemple, si je demande de sortir leur cahier, l’élève se met à crier, car il n’aime pas les changements… je dois donc le préparer mentalement à l’avance pour chaque transition !
Bien sûr, nous avons des TES formidables pour aider, mais qui ne peuvent pas se séparer en 10 non plus !
Il y a en souvent un avec un trouble de comportement qui est très souvent en opposition, impoli avec moi ou les autres. Souvent en conflit qui doit être réglé tout de suite pour ne pas que ça dégénère….
Il y a facilement 5 à 7 élèves par groupe avec des plans d’intervention puisqu’ils ont de gros troubles d’apprentissage. Ce qui veut dire que je dois adapter mon cours pour eux parce qu’un a droit à son ordi (donc je dois m’assurer que l’élève a son ordi et que j’ai préparé à l’avance le document qui devra être lu par un logiciel prévu à cet effet).
Un autre a droit à un temps supplémentaire pour finir (que je dois aussi prévoir dans mon planning) et je pourrais continuer longtemps encore !
Il y a ceux qui n’ont pas de troubles d’apprentissage, mais qui ne sont pas motivés et que l’on essaye par tous les moyens de motiver…
Il y a ceux qui ne comprennent pas le français…..
Et qui sont oubliés ? Ceux pour qui ça va bien et qui n’ont pas de problèmes d’apprentissage et/ou de comportement…
8 h 30 : après avoir demandé je ne sais pas combien de fois à un élève de s’asseoir et d’arrêter de déranger autour de lui p.c.q. il n’a pas pris sa médication ce matin-là et qu’il est impossible pour lui de rester en place et bien je finis par tolérer qu’il soit debout p.c.q. je suis juste tannée d’intervenir.
Je réussis à les faire commencer l’exercice, et un de me dire qu’il n’a pas de crayons, l’autre qu’il ne trouve pas son cahier, l’autre qu’il ne sait pas quoi faire quand je viens de passer 10 minutes à expliquer pendant que lui jouait avec son efface, que mon TSA a besoin de moi constamment pour le rassurer ! J’ai ceux qui ont des questions p.c.q. ils ne comprennent pas encore le français et moi je leur demande d’apprendre une troisième langue….
J’ai aussi les anglophones qui finissent le travail en quelques minutes et je dois avoir prévu des trucs supplémentaires pour eux qui les challengent un peu !
Êtes-vous essoufflés ??? Moi, oui !
Mais, je manque de souplesse !
9 heures : plusieurs n’ont pas fini l’exercice, j’ai géré 2 conflits à travers toutes les questions et mon TSA décide qu’il jette par terre tout ce qu’il trouve autour de lui !
9 h 05 : je dois me dépêcher à tout ramasser mes trucs, mon ordi, mon sac, mes jeux, etc., pour changer de local, car je donne un cours à 9 h 05 à l’étage du dessus…
Mais, je manque de souplesse !
On répète la scène 5 fois par jour, 5 jours par semaine ! De septembre à fin juin !
MAIS !!!!
Je manque de souplesse !
🤔🤔🤔🤔🤔🤔🤷🏻‍♀️🤷🏻‍♀️🤷🏻‍♀️ »


Sur nos revendications

Ce que nous réclamons, c’est de l’aide et la sauvegarde de l’école publique. La hausse salariale est accessoire et vise surtout à rendre notre profession attrayante pour arrêter la désertion massive qu’elle subit actuellement. Cette grève générale illimitée, sans salaire, sans fonds de grève, ce piquetage sous des températures hivernales, c’est pour nos élèves et ceux qui les suivront que nous le faisons.

Dans une lettre ouverte à François Legault, Bernard Drainville et Sonia LeBel, plus de 75 pédiatres et médecins de famille ont pris position en notre faveur et en faveur de leurs collègues du domaine de la santé. Voici un extrait de leur missive.

« Croyez-nous, nous sommes au premier rang pour constater la dure réalité des familles qui perdent présentement des revenus considérables, en raison de journées de travail annulées. Plus particulièrement, nous avons cette pensée sincère pour les enseignantes et les enseignants qui sont maintenant sans salaire depuis presque trois semaines à se battre pour de meilleures conditions de travail, mais aussi de meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves, bref pour un meilleur système d’éducation publique, en adéquation avec nos jeunes institutions fondatrices.

Nous joignons fièrement nos voix à la leur, de même qu’à celles de tous les travailleurs de la santé, également mus par de courageux engagements. Nous militons pour un meilleur système d’éducation publique, qui valorise à juste titre le travail de tous ses professionnels, tout en demeurant profondément inquiets pour notre système de santé déjà fragilisé et qui l’est d’autant plus que de nombreux travailleurs de la santé, également des parents, y sont déchirés entre leurs responsabilités professionnelles inconciliables avec leurs obligations familiales. »

Pour prendre connaissance de l’entièreté de la lettre, c’est ici :
Dites-nous que l’école rouvre cette semaine. La Presse, Montréal. Le 12 décembre 2023.


Sur l’école à trois vitesses

Finalement, s’il vous reste du temps et de l’énergie, je vous invite à lire la chronique de Patrick Lagacé, publiée jeudi matin. Il résume bien la part du système à trois vitesses dans les déboires vécus par tout le réseau de l’éducation québécoise. J’admets cependant être plus optimiste que lui quant à la suite des choses. Un peu.

Lagacé, Patrick. Pour l’école, je suis inquiet. La Presse, Montréal. Le 14 décembre 2023.


En #musiquebleue

Près de 50 ans après que Walter Murphy nous eut donné sa version disco de la 5e symphonie de Beethoven, voici qu’Emmanuelle Boucher nous offre Minuit, chrétiens en rock country.

Emmanuelle Boucher – Minuit, chrétiens – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

A-t-il vaincu sa dépression sévère ? Peut-être pas tout à fait, mais toujours est-il que le comédien Serge Thériault participera à une émission radiophonique le 24 décembre, sur les ondes d’ICI Première. Animée par Stéphane Laporte, l’émission spéciale portera sur ses collaborations avec son complice Claude Meunier.

Reclus à son domicile depuis plusieurs années, Thériault avait récemment quitté son ermitage le temps de tourner la scène finale, quelques secondes à peine, des nouveaux épisodes de La p’tite vie. Contrairement à toutes les autres scènes, celle-ci n’avait pas été enregistrée devant public.

Cette fois, de nombreux invités défileront en studio pour rendre hommage au célèbre duo.


Autre collecte de dons pour le personnel affilié à la FAE

Celle-ci aura lieu le samedi 23 décembre, aux endroits indiqués ci-dessous.


Billet du 21 octobre 2022 : Z comme velours

S’en trouve-t-il encore pour prétendre que la COVID-19 est derrière nous ? J’ai des nouvelles pour eux, je m’en remets ! Affligé de plusieurs symptômes durant une semaine, mes tests quotidiens s’avéraient tous négatifs, jusqu’au 12 octobre dernier, quand la seconde barre a fini par apparaître.

Depuis, c’est l’inverse. Après deux ou trois jours plus difficiles, la pleine forme est revenue, mais la satanée deuxième ligne continue de se pointer sur chacun de mes tests.

Comme au hockey, le manque de synchronisme étire le jeu.


Dans le cours de français

Régulièrement, j’entends des gens lier par un z le nombre cent à un nom commençant par une voyelle ou un h muet. Par exemple : «Il y avait cent z’élèves présents à cette sortie», «On a installé cent z’antennes sur cette tour» ou «L’horloger a remonté les cent z’horloges de la ville».

La liaison doit toujours s’opérer avec le t de cent.

Mais le fait d’insérer un z inopportun dans la liaison porte un nom. Ça s’appelle un velours. Ça vous en fait un de l’apprendre ? C’est plus doux pour certaines oreilles, mais ça peut en écorcher d’autres.


Dans la cour de récréation

Dans une cour de récréation, aucune forme d’intimidation n’est tolérée. On la prévient, on la gère dès qu’elle survient, on la condamne. On intervient tant auprès des victimes que de celles et ceux qui la font subir.

La situation diffère dans le monde télévisuel. Tant que l’intimidation rapporte, on la nourrit. Si elle dérange, on la dénonce. J’admets n’avoir jamais regardé une seule minute d’Occupation double. Ce concept ne m’intéresse tout simplement pas. Cependant, comme une majorité de gens, j’ai pris connaissance de l’actualité des derniers jours, où il était abondamment question de l’expulsion de trois participants.

Il m’est venu à l’idée de m’exprimer là-dessus, mais quelqu’un l’a fait mieux que je ne saurais le faire. Alors que je cherchais à demeurer diplomate, voire même à trouver un angle positif, Patrick Lagacé s’est prononcé de manière directe, reflétant une vision identique à la mienne, dans des mots limpides et sans mettre de gants blancs.

Si vous désirez connaître cette position, c’est ce lien qu’il faut suivre :
Lagacé, Patrick. Occupation hypocrite. La Presse, Montréal, 20 octobre 2022.


Dans le cours de musique

Bibi Club est le projet de deux jeunes musiciens. Ils se nomment Nicolas Basque et Adèle Trottier-Rivard. Le nom de cette dernière vous rappelle quelque chose ? Elle a pour mère Marie-Christine Trottier, musicienne et animatrice radiophonique, et pour père Michel Rivard, auteur-compositeur-interprète émérite. Flanqué de plusieurs collaborateurs, le duo a lancé un premier album, en août. La musique proposée est un rock rappelant celui de la fin des années 1960 et du début des années 1970, avec ses notes parfois psychédéliques.

Tirée de cet album, Le soleil et la mer, voici la pièce Femme-Lady.

Bibi Club – Femme-Lady – Le soleil et la mer – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

C’est presque passé inaperçu, mais dimanche dernier, Félix Auger-Aliassime a gagné le tournoi de Florence, en Italie, en défaisant l’Américain J. J. Wolf, en finale. Pour le tennisman québécois, il s’agissait d’un deuxième titre remporté, lors d’un tournoi de l’ATP.


Billet du 22 octobre 2021 : Faire long feu. Ou pas.

Le directeur général et l’entraîneur ne feront peut-être pas long feu si l’équipe continue de perdre, mais avec ses cinq défaites en autant de joutes, les Canadiens de Montréal font actuellement long feu. L’expression consacrée ne pas faire long feu établit la courte durée d’un événement. Cependant, faire long feu ne constitue pas son contraire.

Faire long feu signifie manquer son objectif. L’expression réfère aux anciennes armes à feu dans lesquelles on insérait de la poudre. Si cette poudre était humide ou mal tassée, le coup faisait long feu et la cible était ratée. Partant d’un sens propre, on a créé un figuré.

Alors, en effet, quelqu’un qui fait long feu à répétition risque de ne pas faire long feu dans sa position. Les beautés de la langue française !


Dans le cours d’éthique et culture religieuse

Connaissez-vous le test des trois passoires, de Socrate ? On s’en sert, à l’école, pour enseigner aux élèves à faire attention aux ragots qu’ils entendent. Mais aussi, et surtout, pour ne pas propager des rumeurs malveillantes. 

Voici le test :

Malheureusement, même certains scribes parmi les plus notables passent outre cette sagesse. J’ai bien failli me faire prendre avec la chronique de Richard Martineau, dimanche. 

Lire la chronique de Richard Martineau du 17 octobre 2021

Nous connaissons tous quelqu’un qui refuse de se faire vacciner et dont les arguments manquent de logique quand on les confronte à ses faits et gestes. Aussi est-il possible d’associer une connaissance à l’un ou l’autre des exemples de Martineau. Mais en y allant d’une longue liste de faits anonymes, ce dernier ne traverse même pas la première passoire de Socrate, celle de la vérité. J’aurais préféré voir le chroniqueur du Journal de Montréal établir une liste moins exhaustive, mais citant des exemples concrets et des liens bien réels.

Les couteaux ont volé bas, il y a quelques mois, entre Martineau et son ex-collaborateur, Patrick Lagacé. 

Lire pour en connaître davantage sur le conflit Martineau-Lagacé

Loin de moi l’idée de prendre position dans ce conflit. Les deux ont tenu des propos que je déplore. Cependant, ce que je dois concéder à Lagacé, c’est que dans chacune de ses chroniques (pas nécessairement sur sa page Facebook), ses affirmations sont bien documentées et appuyées par des liens nous permettant d’en vérifier les sources. La vérité y étant démontrée, le lecteur peut ainsi juger de la bienveillance et de l’utilité de ce qui est avancé.

Dans une société de plus en plus nourrie à la désinformation, la première passoire de Socrate revêt une importance primordiale. Et dans un monde qui s’engouffre dans le négativisme, les deux autres passoires s’avèrent essentielles au maintien d’une certaine mansuétude.


Dans le cours de science et technologie

Facebook a annoncé cette semaine la création de 10 000 emplois en Europe, afin de développer son fameux « metaverse ». Cette technologie permettra à un individu, doté d’un casque de réalité virtuelle, de vivre et de fonctionner dans un univers parallèle, parfois réel, bien qu’éloigné, parfois entièrement virtuel.

Lire l’article

Que penser de cette annonce ? Tout dépend de ce qu’on en fera. J’ai toujours dit qu’un bâton de baseball peut être une source d’extase pour quiconque s’en sert pour propulser une balle dans un stade. Par contre, si on l’utilise pour frapper quelqu’un, il devient une arme redoutable. On doit s’assurer que la technologie demeure entre bonnes mains.


Dans le cours de musique

Une #musiquebleue qui allait de soi, cette semaine. Les chansons du plus récent album de Cœur de pirate se feront entendre longtemps. Impossible à aimer, c’est son titre, se laisse écouter du début à la fin. En voici un aperçu avec la pièce On s’aimera toujours.

Coeur de pirate – On s’aimera toujours – Impossible à aimer – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il s’appelle Bruce Xiaoyu Liu, il a 24 ans, il est né à Paris et a grandi à Montréal. Il est aussi diplômé du Conservatoire de musique de Montréal. Pianiste virtuose, il a coiffé au fil d’arrivée les 11 autres finalistes, lors du 18e concours international de piano Chopin, tenu récemment à Varsovie. Ce concours, organisé tous les cinq ans depuis 1927, possède la réputation de lancer de prestigieuses carrières. Lors de la précédente édition, en 2015, un autre Québécois, Charles Richard-Hamelin, avait terminé deuxième, derrière un Sud-Coréen.

Pour le bonheur de nos oreilles, voici la prestation de Bruce Xiaoyu Liu, lors de la ronde finale du concours, mercredi dernier.


Billet du 15 octobre 2021 : Réalité amplifiée

Plusieurs acteurs des médias québécois sont tombés dans l’hyperbole, cette semaine. En voici quelques exemples, suivis des commentaires qui me sont spontanément venus en tête, après en avoir pris connaissance.

«Un drame national» — Normand Baillargeon, évoquant la pénurie d’enseignantes et d’enseignants. Le Devoir, 9 octobre 2021.

Un drame national ? C’est un problème épouvantable, certes, dont les conséquences à long terme peuvent s’avérer très importantes si on n’y remédie pas. J’en sais quelque chose. Mais drame, pris en ce sens, est un synonyme de tragédie. Est-ce réaliste de qualifier ainsi la situation ? Même l’enseignant que je suis en doute.

«Les antivax ont gagné» — Patrick Lagacé, à propos du report d’un mois de la date butoir pour la vaccination obligatoire des employés du secteur de la santé. La Presse, 13 octobre 2021.

Les antivax n’ont pas gagné. Ils exultent, pensant sans doute avoir remporté la victoire, mais ils n’obtiennent qu’un sursis d’une trentaine de jours. La réalité rattrapera tout le monde un mois plus tard, c’est tout.

«2225 $, un loyer “abordable” à Montréal, selon Ottawa»La Presse, 12 octobre 2021.

En effet. Et 75 $, un montant réaliste pour une épicerie complète, selon un ex-premier ministre du Québec.

« L’homme de 64 millions $ » — Félix Séguin, plusieurs fois, faisant allusion à Nick Suzuki et son nouveau contrat de 8 saisons. TVA Sports, le 13 octobre 2021.

Erreur, Félix. C’est un contrat de 63 millions $. Tu t’emballes encore.


Dans le cours de français

Petit débat, dans mon entourage, autour du mot éligible, cette semaine. Est-ce un anglicisme ? N’est-ce qu’un calque de l’anglais ? Est-ce correct de l’inclure dans un vocabulaire français ?

Si vous avez répondu oui à toutes ces questions, vous avez entièrement raison.

Le mot éligible est accepté en français s’il est employé dans un contexte électoral. Ainsi, on dira d’une personne qu’elle est éligible si elle respecte toutes les conditions lui permettant de présenter sa candidature à une élection. En ce sens, éligible signifie «qui peut être élu»

Dans un autre contexte, dire de quelqu’un qu’il est éligible, plutôt qu’admissible, constitue une erreur de français. Par exemple, on est admissible, et non éligible, à une promotion. 


Question sportive de la semaine

Avant Samuel Montembeault, hier soir, qui était le dernier gardien de but québécois à avoir amorcé un match pour le Canadien de Montréal ? Réponse à la fin du billet.


Dans le cours de musique

Il y avait longtemps que je voulais faire une petite place à Mea Culpa jazz, à l’intérieur de cet humble espace hebdomadaire. Ce quatuor originaire de la Mauricie s’est surtout fait connaître grâce à des reprises de pièces connues, apprêtées à la note bleue. Spécialisé dans les événements corporatifs, c’est uniquement sur YouTube qu’on peut entendre le groupe, à moins, bien sûr, de faire appel à ses services. 

Le groupe rock français Noir Désir n’a pas survécu à l’incarcération pour meurtre de son chanteur et principal auteur-compositeur. Un de ses plus grands succès, Le vent nous portera, a cependant connu plusieurs vies, étant repris par bon nombre d’artistes. C’est cette pièce, interprétée par Mea Culpa jazz, qui prend la vedette de notre #musiquebleue, cette semaine.

Mea Culpa jazz – Le vent nous portera – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

On trouve une bibliothèque dans toutes les écoles où j’ai enseigné. Comme dans une bibliothèque municipale, un certain nombre de livres y sont élagués, annuellement. Si on parle de quelques dizaines dans le cas d’une bibliothèque scolaire, qu’en est-il pour une bibliothèque publique ?

Un reportage publié dans La Presse, mardi, nous apprend qu’à la Grande Bibliothèque de Montréal, ce sont plus de 80 000 bouquins qui sont, chaque année, retirés des étagères. Où est la bonne nouvelle, alors ? La bonne nouvelle, c’est que tous ces livres, ou presque, continuent de vivre.

Ils sont remis à des organismes sans but lucratif, qui voient à en disposer dans le cadre d’activités de financement, ou encore à des associations culturelles. C’est ainsi que les mots butinent et que la littérature se répand.


Réponse à la question de la semaine

José Théodore, en 2006, est le dernier gardien de but d’origine québécoise à avoir amorcé un match dans l’uniforme du Canadien de Montréal. Toutefois, le 2 janvier 2009, Marc Denis est venu en relève à Jaroslav Halak, en troisième période d’une rencontre disputée au New Jersey. Avant Samuel Montembeault, il était le dernier Québécois à avoir gardé la cage du Tricolore.


Billet du 17 septembre 2021 : Quand Jean-François se heurte à Peter

Selon le principe de Peter, établi dans un ouvrage publié en 1970 par Laurence J. Peter et Raymond Hull, toute personne avançant constamment dans sa carrière finit par atteindre son niveau d’incompétence.

Hier, dans un point de presse d’abord, puis dans un long fil publié sur son compte Twitter, la critique de Québec solidaire en matière d’éducation, Christine Labrie, a publiquement déclaré ce qu’on chuchote dans le milieu : le ministre Jean-François Roberge doit être démis de ses fonctions, s’il refuse de les quitter lui-même.

Son échec est manifeste. Son incompétence, tout aussi évidente, malheureusement. Comme Madame Labrie, je m’attendais à beaucoup mieux de la part d’un des nôtres. Ce fut d’ailleurs ma réaction lorsque j’ai appris sa nomination au conseil des ministres, en 2018. Enfin, un enseignant comme ministre de l’Éducation. Pour la première fois, un des nôtres. Trois ans plus tard, la déception est grande.

La députée de Sherbrooke évoquait la dégradation de tout le système d’éducation. Quand on le voit de l’intérieur, on constate la situation présente et on réalise clairement ce qui attend la société dans un futur plus ou moins rapproché. Comme pour l’environnement, on approche du point de non-retour pour toute une génération. Le laisser-aller est imputable aux gouvernements qui se sont succédé au cours des trois dernières décennies, mais le coup de barre promis par l’actuel premier ministre et son ministre de l’Éducation ne s’est traduit que par un ajustement de nos salaires, alors que les investissements essentiels dans les ressources humaines et matérielles se font toujours attendre.

Je demeure persuadé que Jean-François Roberge est un excellent enseignant. Suite à la lecture de ses livres, j’affirme qu’il est aussi un bon auteur. À titre de député, on me dit qu’il est très près de ses commettants et apprécié de ceux-ci. Comme ministre, il a failli à sa tâche. Il s’est heurté au principe de Peter.

Lire et entendre la déclaration de Christine Labrie, députée de Sherbrooke.


Dans le cours de français

Un fixeur est un chauffeur, un interprète, un guide et, très souvent, un garde du corps pour des journalistes étrangers effectuant des reportages en terrain hostile. Le terme est couramment employé dans le monde des médias. L’Office québécois de la langue française (OQLF) en proscrit toutefois l’utilisation, lui préférant des appellations comme guide-accompagnateur, par exemple. Les principaux intéressés continuent cependant de l’employer, d’autant qu’il est accepté dans de nombreux ouvrages de référence, tels le Larousse et le Robert. 

Lire une rubrique de La Presse sur le mot fixeur.

C’est un exemple qui s’ajoute aux nombreux mots et expressions qui, poussés par l’usage populaire, sont entrés par la grande porte dans nos dictionnaires. Récemment, le chroniqueur Patrick Lagacé prédisait que l’expression bon matin finirait également par s’y imposer. C’est une opinion que je partage et dont j’ai déjà fait état dans mes billets.

Lire la chronique de Patrick Lagacé.

Lire mon billet du 17 juillet 2020.

Un autre exemple est le verbe prioriser. On l’utilise de façon tellement courante et depuis si longtemps, qu’à peu près personne ne soupçonne qu’il est accepté depuis moins d’une décennie. Et encore, plusieurs continuent de le rejeter. 

Lire mon billet du 17 avril 2020.

Comme la nouvelle orthographe, souvent critiquée, l’ajout de ces mots et expressions témoigne de l’évolution du français, ce qui est une excellente nouvelle. Une langue qui cesse d’évoluer est une langue morte.


Dans le cours d’éducation physique

Mon téléphone cellulaire et ma montre intelligente comptent les pas que j’effectue quotidiennement. Chaque jour, comme plusieurs, je peine à atteindre les 10 000 pas recommandés pour le maintien d’une bonne santé physique. En fait, je n’y parviens que lorsque je planifie deux heures à mon horaire pour une marche de quelques kilomètres, après ma journée de travail. Même en enseignant debout, je n’atteins généralement que 5 000 ou 6 000 pas.

Je me réjouis toutefois des résultats d’une nouvelle étude, qui indique que 7 000 pas quotidiens seraient suffisants pour garder la forme. De plus, la cadence et l’intensité n’auraient aucune incidence dans les statistiques.

Lire l’article dans The Conversation.

La vie a beau être une course, les enjambées qu’elle nous demande semblent insuffisantes. Aussi incroyable que cela puisse paraître.


Dans le cours de français, deuxième période

La populaire station de radio 91.9 Sports a diffusé ceci sur son compte Twitter, mercredi :

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire «… que plusieurs ignorent» et non «… dont plusieurs ignorent». Le pronom relatif dont signifie de qui, de quoi ou duquel. Le remplacer par une de ces expressions dans la citation d’Anthony Marcotte n’a aucun sens.

Je tiens toutefois à me porter à la défense d’Anthony, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler durant quelques années. Je certifie que son français est excellent. Si ces mots reflètent exactement ce qu’il a dit en ondes, il s’agit d’une erreur dont (de laquelle !) il est sans doute conscient. Même devant une citation, la personne responsable des réseaux sociaux à la station aurait dû voir à corriger avant de publier.


Dans le cours de musique

Miles Barnes est le nom d’artiste d’Émile Barnes, un rappeur montréalais. J’ai récemment entendu sa chanson Paire de nike, extraite de son album YFW, lancé il y a un an et demi. Au-delà des paroles amusantes, j’ai été séduit par cet étonnant mélange de rap et de jazz, sur fond de flamenco. Entrain et sourires assurés, à l’écoute du titre !

Miles Barnes – Paire de nike – YFW – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

La nouvelle n’est pas tout à fait bonne, mais l’histoire se termine bien et, surtout, soulage deux parents inquiets. Lors de l’attaque de l’aéroport de Kaboul, il y a trois semaines, une dame voulant quitter l’Afghanistan avec ses quatre enfants les a perdus dans la foule, lors des bombardements. Elle les croyait morts, lorsque trois d’entre eux ont fini par la rejoindre dans sa cachette, quelques jours plus tard. Mais personne ne savait ce qu’il était advenu du plus jeune, âgé de trois ans.

Dans la cohue, un adolescent de 17 ans l’avait agrippé à l’aéroport et emmené avec lui jusqu’au Qatar, où il a été placé en orphelinat. En effectuant des recherches afin de retrouver des membres de sa famille, des représentants des Nations Unies ont découvert que son père avait émigré au Canada, il y a deux ans. Déjà au courant de la survie de sa conjointe et de ses trois autres enfants, celui-ci était on ne peut plus heureux de constater que toute sa famille avait survécu à l’attaque. L’enfant a été placé dans un avion à destination de Toronto, où il a été réuni à son papa, cette semaine.

Lire la nouvelle dans The Globe and Mail.


Photo en couverture : Linda Boyer

Billet du 28 mai 2021 : Retour à la vie

Et puis ? Remarquez-vous le changement ?

Personnellement, oui, je le sens. Le couvre-feu est maintenant chose du passé, au Québec. Les terrasses des restaurants rouvrent aujourd’hui et j’espère qu’elles seront bondées. Il y a quelques jours, c’est dans la boutique spécialisée d’où il provient que mon vélo a reçu sa mise au point. L’an dernier, j’avais dû y procéder moi-même. À moindres frais, certes, mais à moindre efficacité également.

Et en prime, le Canadien de Montréal jouera devant 2 500 spectateurs, demain, au Centre Bell. Ce sera une première en plus de quatorze mois pour une équipe sportive canadienne.

L’été s’annonce beau. À nous de voir, en poursuivant le respect des mesures sanitaires, à ce que le soleil continue de briller au-delà de la saison estivale.


Question de la semaine

Qu’ont en commun ces quatre images ?

Réponse au bas du billet, après la bonne nouvelle de cette semaine.


Dans le cours d’univers social

Ou dans le cours de littérature, c’est selon.

James Bond, ornithologue de renom, est celui qui a inspiré à Ian Flemming le nom de son célèbre, mais fictif, agent secret britannique. J’ai appris récemment que l’auteur avait puisé dans une autre source bien réelle plusieurs éléments descriptifs de l’agent 007. 

Le type s’appelait Dušan Popov, surnommé Tricycle, car il travaillait à la fois pour les Allemands, les Britanniques et les Serbes. Connaissance de Flemming, c’est devant ce dernier que Popov a misé l’entièreté de ses frais de mission à une table de baccarat, bluffant ainsi avec succès un riche client lithuanien. On dit aussi de cet agent triple qu’il était un grand séducteur. Ce sont là des éléments importants du roman Casino Royale, le premier d’une longue série signée Ian Flemming.

Ce genre d’anecdotes me passionne.


Dans le cours de français

Dimanche dernier, la chroniqueuse Annie-Soleil Proteau était présente sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle, afin de présenter son documentaire La dernière maison, qui sera diffusé sous peu. Le lendemain, son conjoint, l’homme politique Pascal Bérubé, a publié ceci sur Twitter :

Madame Proteau m’impressionne aussi. Ce qui me dérange, ce sont les fautes de français que son conjoint a publiées.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire « … quand vous la rencontrez ». Le verbe doit se conjuguer à la 2e personne du pluriel, pas être mis à l’infinitif. Aussi, « Celle que vous avez vue à l’écran… », avec vue qui s’accorde au féminin avec le déterminant Celle, complément direct employé avec l’auxiliaire avoir et précédant le participe passé.

Je l’ai déjà mentionné, tout le monde a droit à l’erreur. Mais à défaut de se relire avant de publier, il faut savoir se corriger. Surtout quand, comme Monsieur Bérubé, on défend les couleurs d’un groupe politique qui se targue de bien promouvoir la langue française. Et surtout quand, comme Monsieur Bérubé, on est enseignant de formation.


Dans le cours de musique

J’ai complètement raté la sortie du plus récent album de Daniel Bélanger, l’automne dernier. C’est par hasard que j’en ai entendu un extrait, cette semaine. Ce que j’estime surtout chez Daniel Bélanger, c’est qu’il cherche d’abord à se faire plaisir. Ensuite, qui l’aime le suive ! S’il m’avait refroidi avec Déflaboxe, il y a une quinzaine d’années, j’ai vraiment apprécié le reste de son œuvre.

Cette fois, il nous arrive avec un premier titre instrumental. Il n’est pas sans rappeler les musiques de film et il évoque très certainement Ennio Morricone. L’album s’intitule Travelling et est enregistré en collaboration avec un orchestre dirigé par Achille Cassel. La pièce que je vous propose s’appelle Froide était la gâchette. Avec le banjo et la voix qui fredonne, on pense assurément aux westerns de Sergio Leone. 

Daniel Bélanger – Froide était la gâchette – Travelling – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Celle que je vous suggère cette fois est directement tirée de la chronique de Patrick Lagacé, dimanche dernier. Une histoire qui aurait pu s’avérer dramatique, mais qui, en parallèle, a donné lieu à un remarquable élan de solidarité humaine.

Lire Du vin et des miracles – La chronique de Patrick Lagacé du 23 mai 2021

Un couple de vignerons de l’Estrie en arrivait à une étape cruciale de l’entretien de ses vignes, à la cinquième année de sa viticulture. Un accident causant un important traumatisme crânien au fils adolescent de ce couple est venu perturber le calendrier, les parents devant se trouver à son chevet. Tout interrompre ruinerait probablement le travail des quatre premières années.

Un appel lancé par un ami du père à un autre vigneron a tôt fait de réunir une imposante main-d’œuvre des viticulteurs environnants, qui ont bénévolement procédé à la taille de la culture du vignoble des parents. Ces derniers ont ainsi pu concentrer leurs efforts au soutien de leur fils.

Après avoir frôlé la mort, ce dernier est maintenant hors de danger.


Réponse à la question de la semaine :

Qu’ont en commun les quatre images ? Elles représentent les quatre emblèmes officiels du Québec. Enfin, presque. Parce que si l’iris versicolore, le harfang des neiges et le bouleau jaune revendiquent déjà ce titre, ce n’est qu’après une adoption complète à l’Assemblée nationale que le papillon amiral se joindra à eux. Ceci se fera cependant très prochainement, puisque le projet de loi en ce sens a été déposé cette semaine par la députée d’Argenteuil. Son dépôt a été adopté à l’unanimité.


Image en titre du billet : Shutterstock