Billet du 26 septembre 2025 : Mots qui se ferment, nature qui s’ouvre

Dans la tourmente actuelle autour du langage inclusif, le gouvernement du Québec a tranché : dans ses communications officielles, il n’y aura plus de place pour iel, toustes ou tout autre néologisme du genre. On bannit également les points médians et autres doublets abrégés, comme étudiant·e·s, agent.e.s ou encore administrateur/trice. Ces formes, de plus en plus visibles dans certains courriels ou documents administratifs, avaient pour but de refléter la diversité des identités de genre et de donner une visibilité équitable aux hommes et aux femmes, voire à ceux qui ne se reconnaissent ni dans l’un ni dans l’autre. Désormais, l’État exigera la rédaction dite « épicène », qui consiste à utiliser des termes neutres (le personnel, le lectorat) ou à énoncer les deux formes binaires (les étudiants et les étudiantes).

En apparence, il s’agit d’une simple question de clarté linguistique. Le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, dit vouloir « mettre fin à la confusion » que provoqueraient ces nouvelles façons d’écrire. Mais derrière l’argument grammatical se cache un choix beaucoup plus large : celui d’établir une limite claire. Peu importe l’évolution des usages dans la société, les communications publiques ne reconnaîtront désormais que deux genres, le masculin et le féminin. C’est une manière de dire que, dans l’univers administratif, la non-binarité linguistique, et donc symbolique, n’existe pas. Cette posture contraste fortement avec l’ouverture que l’on retrouve dans d’autres sphères : des dictionnaires comme le Petit Robert ont déjà intégré iel, plusieurs universités québécoises — Laval, Sherbrooke, Montréal — offrent des guides de rédaction inclusive, et des établissements francophones ailleurs dans le monde, de Genève à Bruxelles, s’y engagent progressivement pour refléter les réalités de leurs communautés.1

Et c’est là que se trouve le véritable enjeu. Au-delà des points et des terminaisons, la décision gouvernementale a une portée identitaire. Dans un contexte où le Québec débat intensément des identités de genre, l’État ne se contente pas de fixer des règles de rédaction : il prend position en affirmant qu’il n’existe officiellement que deux genres, le masculin et le féminin. En matière de langue, l’impact est considérable : les mots choisis (ou interdits) orientent la manière dont on conçoit la réalité. Ainsi, au moment même où plusieurs cherchent à ouvrir la langue pour inclure toutes les diversités, le gouvernement ferme la porte en institutionnalisant une vision binaire du monde. C’est au mieux ramer à contre-courant, au pire reculer.

1 Universités québécoises

Francophonie internationale


Quatre Vents de dissidence

Quand les conseils d’établissement ont été créés, en 1998, plusieurs observateurs se demandaient bien ce que ça donnerait. On confiait à des parents et à des membres de la communauté des pouvoirs jugés, à l’époque, un peu trop grands pour des gens qui « ne connaissaient pas vraiment l’éducation ». Or, presque trente ans plus tard, le conseil d’établissement de l’école aux Quatre Vents, à Mont-Laurier, a trouvé une façon bien concrète d’exercer ce pouvoir : refuser d’adopter le budget de l’école, histoire de protester contre le sous-financement chronique en éducation.

C’est alors que la scène prend un air de comédie administrative. Le Centre de services scolaire des Hautes-Laurentides, héritier direct des anciennes commissions scolaires, a dégainé l’artillerie lourde : une mise en demeure envoyée à ces parents bénévoles réunis autour d’une table d’école primaire. On imagine presque la scène : des mamans et des papas, stylo à la main, recevant une lettre pleine de formulations juridiques parce qu’ils ont dit… non.

Et c’est là que réside toute l’incongruité : une structure mise en place par le gouvernement pour donner du pouvoir aux citoyens finit par être muselée par ce même gouvernement, via ses centres de services scolaires. On voulait de la participation, on récolte de la dissidence; on voulait rapprocher les parents des décisions, et on leur envoie plutôt un avis légal. De quoi sourire, certes, mais un sourire teinté d’absurde, celui qu’on esquisse quand l’arroseur est arrosé.


Et je cite :

« 15 ans. Un hoodie, un sac à dos, une main au mauvais endroit au mauvais moment. Fini. Pas une balle, deux balles. La « construction de l’autre », menaçant et qui ne veut pas notre bien, ça a aussi des conséquences tragiques comme celle-là.

Qui a appelé la police pour des jeunes qui vivaient leurs vies de jeunes?

Hier, un enfant est mort, parce qu’il n’avait pas la bonne face ni la bonne couleur de peau pour survivre. J’extrapole? « Il faut attendre le résultat de l’enquête. »

Taser? Attente de la certitude que cet ENFANT EST ARMÉ?

15 ans. Un enfant, un sac à dos, une main au mauvais endroit au mauvais moment.

Le policier qui a tiré n’a pas encore de nom, mais a déjà droit à toutes les justifications.

Protéger et servir? Profiler et punir.

C’est quand qu’on va où? Really? »

– Josiane Cossette, écrivaine et journaliste, le 23 septembre 2025.


Dans mes écouteurs

Bobby Bazini nous arrive avec un cinquième album, un premier en français. Changement de langue et changement de style. Plus pop, moins country, plus jazz, moins blues, avec des notes électroniques donnant dans le psychédélique, accompagnées d’instruments acoustiques.

Cet album s’intitule Seul au cinéma et regroupe neuf pièces s’inscrivant toutes dans la thématique. Celle que je vous propose d’écouter s’appelle Rouler en août.

Bobby Bazini – Rouler en août – Seul au cinéme – #musique bleue

La bonne nouvelle de cette semaine

À Montréal, l’idée de reverdir la ville pour contrer les îlots de chaleur et rendre les quartiers plus agréables à vivre fait son chemin depuis plusieurs années. Et voilà que Paris s’en inspire directement : quatre forêts urbaines sont en train de voir le jour dans la capitale française, avec un objectif de 170 000 arbres plantés d’ici le printemps prochain. On transforme même des rues passantes en ruelles piétonnières verdoyantes, où les habitants redécouvrent le plaisir de marcher à l’ombre.

Ce qui rend la nouvelle encore plus réjouissante, c’est la portée de l’initiative. Les arbres ne sont pas que décoratifs : ils peuvent abaisser la température de la ville de 4 à 8 degrés, purifier l’air et améliorer la santé physique et mentale des citoyens. En d’autres mots, l’exemple de Montréal voyage et inspire des gestes concrets qui rendent les villes plus vertes, plus humaines et mieux préparées aux défis climatiques. Voilà une fierté à partager, et un bel espoir pour l’avenir.

Pour en savoir plus :
Arnould, F. (2025, 20 septembre). Quand la végétalisation de Montréal inspire Paris. Radio-Canada.


Billet du 2 mai 2025 : Dérapages

J’aurais pu titrer mon billet de cette semaine « Quand on crache en l’air, ça nous retombe sur le nez », mais c’eût été trop long. À titre court, histoires courtes. Nos personnalités politiques nous ont fourni du grand matériel en ce sens, au cours des derniers jours.

Un pays artificiel
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est attiré les foudres des autres chefs de partis en déclarant que le Canada était un pays artificiel, sous prétexte qu’il regroupait des régions avec des problèmes et des besoins différents en un seul centre décisionnel, sa capitale. Ce faisant, monsieur Blanchet a décrit ce qui constitue également la réalité d’à peu près tous les pays d’Europe, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Australie et les États-Unis, pour ne nommer que ceux-là. Ça fait beaucoup de pays artificiels. En passant, ne serait-ce pas aussi vrai pour un Québec indépendant ?

Rabaisser les autres
Quand j’enseignais, j’expliquais souvent à mes élèves qu’on ne se valorise pas en rabaissant les autres. Pierre Poilievre a passé plus de deux ans à tirer à boulets rouges sur Justin Trudeau, à lui imputer tous les problèmes du Canada. Il avait réussi à convaincre les Canadiens et se dirigeait assurément vers le trône de premier ministre, avec une avance de près de 25 points dans les sondages. Mais voilà, Trudeau a décidé de partir, emportant la gale avec lui. Son successeur, Mark Carney, a rapidement déclenché des élections avant qu’on ne puisse lui reprocher quoi que ce soit. Résultat : Poilievre n’est pas premier ministre et n’est même plus député.

Réprimer plutôt qu’éduquer
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé qu’à partir de septembre, les téléphones mobiles allaient être interdits sur le territoire de toutes les écoles primaires et secondaires, publiques et privées, du Québec. Inciter les élèves à faire autre chose qu’avoir les yeux sur un écran est bien en soi. Toutefois, le règlement ne prévoit aucune mesure parallèle pour contrer la cyberintimidation ou encourager les activités physiques, ludiques ou culturelles, les deux raisons principales du bannissement. On rate ici une belle occasion d’instruire et d’éduquer.

Civisme, avez-vous dit ?
« On veut instaurer une culture du civisme », a dit le ministre Drainville lors de la même conférence de presse, alors qu’il annonçait que tous les élèves devraient maintenant vouvoyer leurs enseignantes et enseignants. Le même jour, un échange peu édifiant impliquant son chef, le premier ministre François Legault, s’est déroulé à l’Assemblée nationale. Celui-ci a insulté à profusion la députation de Québec solidaire, refusant d’obtempérer aux demandes de la présidente, Nathalie Roy, de retirer ses paroles, mais en… vouvoyant les personnes à qui il s’adressait !

Le Journal de Montréal a diffusé un extrait vidéo du manque de civisme de celui qui veut instaurer une culture du civisme.

Rebaptiser Canadian Tire et Winners ?
Durant la même semaine, le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, va à l’encontre de l’ordonnance de l’Office québécois de la langue française en permettant l’affichage du Go ! Habs Go !, mais demande à toutes les bannières commerciales établies au Québec d’afficher leur nom avec une nette prédominance du français.

Laver son linge sale en famille
Il y a longtemps qu’on n’avait pas assisté à une chicane chez les souverainistes québécois. On s’en inquiétait presque. Après que Yves-François Blanchet ait tendu la main à Mark Carney afin de faire fonctionner la Chambre des communes, Paul St-Pierre Plamondon l’a publiquement rabroué en mentionnant que ce n’était pas le rôle des souverainistes de collaborer avec le premier ministre canadien, même dans le contexte des tensions avec l’administration américaine. Les souverainistes ont beau qualifier le Canada de pays artificiel, leurs chicanes intestines sont, elles, 100 % authentiques.


Dans mes écouteurs

Ayelet Rose Gottlieb, chanteuse et compositrice née à Jérusalem et installée à Montréal, évolue à la croisée du jazz, de la poésie et de l’expérimentation sonore. Ses projets, souvent inspirés par des textes anciens ou des expériences personnelles, donnent à la voix un rôle central et expressif. Avec elle, le souffle, le silence et les mots deviennent des matières premières musicales.

De son plus récent album, Dust, voici la pièce Demain dès l’aube.

Ayelet Rose Gottlieb – Demain dès l’aube – Dust – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

C’est à Québec, dans un ancien presbytère transformé en lieu haut en couleur, que la toute première Maison de la BD a vu le jour au Canada. Ce nouvel espace offre un vibrant hommage à un siècle de création, de l’audace d’Albéric Bourgeois, pionnier du phylactère en 1904, jusqu’aux succès internationaux de Julie Doucet, Denis Rodier et Alex A. Le rez-de-chaussée, en accès libre, regorge de trésors graphiques qui racontent l’évolution de la BD québécoise, depuis les dessins de catéchisme jusqu’à l’émergence d’icônes comme L’Agent Jean.

Mais cette maison n’est pas un musée figé : elle vit au rythme de sa communauté et de ses artistes. Ateliers, lectures, lancements, dessins animés et événements familiaux s’y succéderont dans une programmation dynamique pensée pour tous les publics. En plus de mettre en valeur les talents souvent ignorés ici, mais applaudis à l’étranger, la Maison de la BD vient confirmer la maturité d’un art longtemps considéré comme mineur. Enfin, elle célèbre avec éclat et fierté ce qui nous distingue et ce qui nous unit, un trait de crayon à la fois.


Billet du 17 mars 2023 : Autoreverse

Et je cite :

« Parlez-en en bien, parlez-en en mal, parlez-en, en français ! »

Jean-François Roberge, ministre de la Langue française, le 16 mars 2023

Voilà le leitmotiv du ministre Roberge depuis les débuts de la diffusion de Renversons la tendance, la publicité proposée par son ministère pour sensibiliser la population québécoise au déclin du français sur son territoire. Si, à tout hasard, cette annonce vous a échappé, je vous la montre ici :

Source : YouTube (Ministère de la Langue française)

Ai-je envie d’en parler en bien ou en mal ? Disons que cette publicité reflète une situation actuelle, dans certains milieux, suggérant implicitement qu’elle s’avère inacceptable. Sans grande clarté, on affiche surtout ce qu’il ne faut pas faire.

Mais que faudrait-il donc faire ? Il semble que nous devrons attendre une autre annonce gouvernementale pour le savoir.

Si je peux me permettre une suggestion au ministre Roberge, pointer du doigt le fait que des expressions anglaises viennent s’insérer ponctuellement dans des phrases en français est une chose, mais ce sont les lacunes orthographiques et grammaticales qui devraient d’abord le préoccuper. Il n’a qu’à tendre ses antennes pour en découvrir un lot impressionnant de démonstrations. À l’écrit, chaque tour de ses réseaux sociaux devrait réussir à le convaincre. À l’oral, je le mets au défi de corriger tous ses collègues lorsqu’ils s’expriment à l’Assemblée nationale ou dans les médias. Je parie que son ancienne vie d’enseignant lui manquera soudainement.


Vous vous questionnez sur le titre de ce billet ? En effet, autoreverse est tiré de l’anglais, mais il est admis tant par Larousse que par le Robert. Bien que le mot puisse sembler douteux, je trouvais le choix pertinent.


Dans le cours d’univers social
Volet histoire

Robert Monckton (1726-1782) a fait carrière comme officier de l’armée britannique. Il a fini sa vie en terres canadiennes, à titre de lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Il occupait ce poste qu’il fut l’un des initiateurs de la déportation des Acadiens. Le nom de la ville de Moncton, au Nouveau-Brunswick, réfère à ce personnage historique.

Son nom a également été donné à l’Université de Moncton, institution francophone. Ceci fait réagir plusieurs personnalités acadiennes, qui souhaitent un changement de nom pour ce lieu d’enseignement supérieur.

Dans une pétition regroupant plus de 850 signatures, dont celles d’Antonine Maillet, de Zachary Richard et de l’ancien recteur Denis Prud’homme, de même que de nombreuses figures du monde de la politique, on évoque l’absurdité et la méprise liées à cette dénomination.

Jusqu’à maintenant, les cadres de l’université avaient rejeté les demandes passées à ce sujet. Le mouvement revient cependant de façon cyclique, plus fort chaque fois. Selon Denis Prud’homme 1, il faudrait une modification à la loi pour procéder au changement de nom.

1De nombreuses personnalités réclament le changement du nom de l’Université de Moncton. ici.radio-canada.ca. Le 6 mars 2023.

Wikipédia – Robert Monckton.

La Charte de l’Université de Moncton.


Dans le cours d’éducation physique

Au football, bouffée d’air frais chez les Alouettes de Montréal, alors que Pierre-Karl Péladeau, à titre personnel, s’est porté acquéreur de l’équipe. Elle redevient donc une propriété québécoise.

Au ballon coup de pied, c’est plutôt un nuage sombre qui plane au-dessus du CF Montréal. Après une saison de 65 points en 2022, qui conférait à l’équipe la troisième meilleure fiche parmi les 28 organisations de la Major League Soccer (MLS), la formation dirigée par Olivier Renard, qui a remplacé Wilfried Nancy, n’a pas été en mesure d’inscrire un seul but en trois rencontres cette saison, s’inclinant chaque fois.

Et je cite :

« Trois matchs pour le CF Montréal de Joey Saputo. Aucun but, aucun point, trois défaites. Mais bon sang que Saputo a montré à Wilfried Nancy qui était le patron, n’est-ce pas ? »

Jack Todd, auteur et journaliste, le 12 mars 2023.

Dans le cours de musique

Un an après avoir lancé l’album Aubades, Jean-Michel Blais revient cette fois avec Sérénades, paru vendredi dernier. Le pianiste québécois est en train de devenir un habitué de la rubrique #musiquebleue de mes billets hebdomadaires. Sa plus récente œuvre constitue une bénédiction sonore quand on veut s’offrir un moment de calme et de zénitude. Comme il ne fallait qu’un extrait, j’ai opté pour 117.

Jean-Michel Blais – 117 – Sérénades – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les employeurs doivent user d’ingéniosité pour dénicher les bonnes ressources qui viendront faire rouler leur entreprise. D’un autre côté, pour une question de survie, des milliers de personnes aptes au travail ont fui la guerre en Ukraine pour se réfugier un peu partout dans le monde.

Parmi ces endroits, il y a la région de la Beauce, au Québec. Plus de 75 réfugiés y ont retrouvé la paix, en plus de combler des emplois disponibles. Accueillis par la population locale, ils s’intègrent bien à la communauté.

C’est là une correspondance qui approche la perfection !

La Beauce séduit les réfugiés ukrainiens. ici.radio-canada.ca. Le 23 février 2023.


Journal de vacances du 26 août 2022

Je triche. Je m’autorise un dernier journal de vacances, alors que j’ai officiellement repris le travail cette semaine. Mais comme ma nouvelle cohorte d’élèves me rejoindra en classe seulement lundi prochain, j’étire la sauce. Et ça me permet d’adresser un certain pied de nez à tous ces commerces qui, à travers de nombreuses publicités diffusées dans tous les médias, nous plongent malgré nous depuis un mois dans l’esprit de la rentrée.

Même le géant Amazon s’est mis de la partie, concurrençant nos magasins de vêtements et de rabais. Nos papeteries également. C’est dans ce contexte que la Compagnie de la Baie d’Hudson a annoncé le retour prochain de la bannière Zellers. Pas question cependant d’occuper d’actuels locaux vides dans les centres commerciaux. C’est surtout en ligne que Zellers renaîtra de ses cendres, en plus de s’aménager un espace de la grandeur d’une boutique dans les magasins La Baie.

«Small is beautiful», avançait Leopold Kohr. Zellers a longtemps joué dans la cour des grands. Dans le monde actuel, il deviendra un petit joueur canadien qui tentera de gruger une part de marché à une puissance commerciale américaine. Si l’offre s’avère intéressante, ce dont je demeure persuadé, la bannière mérite que la clientèle sise au nord du 49e parallèle lui donne sa chance.

Mes billets réguliers reprendront la semaine prochaine.


Déformation professionnelle

C’est avec une publication de Jean-François Lisée sur Twitter qu’est né #LeProfCorrige, il y a quatre ans. J’ai eu l’occasion de revoir ses écrits à quelques reprises, depuis. Je le fais de nouveau cette semaine.

Source : Twitter (@JFLisee)

#LeProfCorrige, même en vacances

Je passe outre le fait qu’il ait inutilement abrégé les mots nouvelle et publicité, et qu’il ait omis l’accent grave sur le e de mème. Comme le on indique la troisième personne du singulier, on aurait dû lire Aurait-on, plutôt que Aurais-t-on.


Lecture de vacances

J’admire les gens qui se lancent en politique. Ainsi, lors de mes désaccords avec certaines mesures que ces personnes annoncent, je tente de critiquer leur travail, plutôt que les individus eux-mêmes. J’ai plusieurs fois, plus ou moins subtilement, décrié les actions (ou l’inaction) du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dans ce blogue. La journaliste Julie Marceau dresse un bilan objectif de son passage à ce portefeuille, à travers un excellent reportage publié sur le site de Radio-Canada.

Lire le reportage de Julie Marceau, sur Radio-Canada.ca.

Évidemment, il y est largement question des nombreux cafouillages de Roberge depuis le début de la pandémie. Souvent a-t-il dû reculer après s’être avancé dans une mauvaise direction. À l’autre bout du spectre, on souligne son sens de la communication et de la consultation. Aspect méconnu du grand public, parce que moins diffusé dans les médias, on cite certains intervenants qui, tout en déplorant avoir vu leurs positions être balayées par le ministre, confirment avoir été honnêtement consultés par ce dernier.

À plusieurs endroits, on explique les raisons pour lesquelles Jean-François Roberge s’inscrit dans la très courte liste des ministres québécois de l’Éducation ayant réussi à conserver ce portefeuille durant un mandat complet de son gouvernement. Tout se résume simplement : il travaille à faire avancer les positions soutenues par sa formation politique. En ce qui me concerne, la palme de la phrase-choc revient au président du conseil d’administration de l’École ensemble, un organisme qui milite en faveur de l’abolition du financement des écoles privées par l’État.

Et je cite :

« Le ministre Roberge fait partie d’un gouvernement d’hommes d’affaires qui sont convaincus qu’une bonne partie des choses se règlent avec l’argent, qu’on peut attirer des gens en leur donnant des primes. En éducation, ce n’est pas juste ça la solution. »

Claude Lessard, sociologue, professeur et ex-président du Conseil supérieur de l’éducation, propos publiés le 25 août 2022.

Dans mes écouteurs

Le titre de la chanson a d’abord attiré mon attention. Puisqu’il faut se lever réfère depuis longtemps à une populaire matinale radiophonique. Son écoute nous convainc rapidement de sa distinction de l’émission animée par Paul Arcand. L’auteur-compositeur-interprète se nomme Joémi Verdon et donne surtout dans le style country.

Joémi Verdon – Puisqu’il faut se lever – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

EA Sports a osé ! Sur la couverture de NHL 23, qui arrivera en magasin à l’automne, on verra une joueuse. L’effigie de Sarah Nurse, membre de l’équipe olympique canadienne de hockey, côtoiera celle de Trevor Zegras, des Ducks d’Anaheim, sur la pochette du jeu populaire.

C’est là une belle reconnaissance du hockey féminin.


Journal de vacances du 19 août 2022

Les vacances scolaires se poursuivent pour encore deux semaines, du moins pour les élèves. Les directions d’écoles sont de retour au boulot depuis le 8 août, comme le personnel non enseignant, alors qu’en ce qui nous concerne, nous regagnerons nos classes au cours de la prochaine semaine. La liste des défis s’allonge pour nos gestionnaires et nos dirigeants.

D’abord, à ce jour, à la grandeur du Québec, ce sont officiellement 700 postes d’enseignantes et d’enseignants (mais 1400, selon l’Association québécoise du personnel de direction des écoles) qui demeurent non comblés, à deux semaines de la rentrée. Ce nombre ne comprend pas les multiples tâches confiées à du personnel non légalement qualifié, comme c’est le cas depuis les dernières années. Optimiste, le ministre Roberge a annoncé être convaincu que tous les titulaires manquants seraient engagés au cours des prochains jours.

Élément nouveau, par contre, des enjeux supplémentaires sont apparus au niveau du transport scolaire. Non seulement les négociations syndicales achoppent à plusieurs endroits, mais la pénurie de personnel s’étend maintenant de façon drastique aux chauffeurs d’autobus. En date d’aujourd’hui, uniquement au centre de services scolaires qui m’emploie, vingt-neuf trajets ne peuvent être desservis. Pour l’école où j’enseigne, c’est deux sur trois. Là encore, le ministre Roberge demeure positif et a annoncé que tous les élèves qui doivent l’être seraient véhiculés pour la rentrée.

Une chose reste certaine, un emploi assuré attend quiconque envisage une carrière dans l’un ou l’autre des domaines liés à l’éducation. Ça, c’est mon côté positif à moi !


Déformation professionnelle

C’est plus fort que moi, je continue de remarquer les erreurs de français qui devraient être corrigées avant d’être publiées. Cette semaine, j’en ai retenu deux.

La première concerne un article du journaliste Alexandre Vigneault, publié dans La Presse. Je tiens cependant à préciser que dans ce premier cas, la faute a été corrigée quelques heures après la publication initiale.

La deuxième concerne une publication de la députée Marwah Rizqy, sur Twitter. Le français de madame Rizqy est d’ordinaire impeccable. Aussi, je demeure convaincu qu’elle a publié sans s’être relue, cette fois-ci.

#LeProfCorrige, même en vacances

Dans le premier cas, comme il s’agit d’Olivia Newton-John, une personne de genre féminin, il aurait fallu écrire «est décédée», avec la marque du féminin. Je répète que la correction a finalement été effectuée, dans une édition subséquente.

Quant à Marwah Rizqy, elle a commis deux impairs. Le premier a été d’écrire argument au singulier. On aurait dû lire «À court d’arguments face à Paul Arcand». Ensuite, il aurait fallu qu’elle écrive «aux théories du complot» ou encore « à la théorie du complot ».


Encore, en 2022

Selon l’endroit où elle se trouve sur ma tête, ma chevelure est blanche, grise ou argentée. J’ai le privilège d’être un homme et de pratiquer la profession d’enseignant. Jamais on ne me discriminera pour la couleur de mes cheveux.

Je manifeste donc ma solidarité envers Lisa Laflamme. Congédiée de son rôle de lectrice de nouvelles par CTV après 11 ans (mais 35 ans au service de l’entreprise), il semble maintenant établi que le passage à la couleur naturelle de sa chevelure n’ait pas plu à son nouveau patron, qui a ainsi mis fin à son contrat deux ans avant le terme.

Lire le reportage du Globe and Mail (en anglais).

Le type s’appelle Michael Melling et est âgé de 47 ans. J’espère que durant les derniers jours, il a pu apprendre ce que mes élèves de 11 et 12 ans savent déjà depuis longtemps, au sujet des formes de discrimination. D’être témoin de celle-ci, encore en 2022, me dépasse.


Dans mes écouteurs

Pour la #musiquebleue de cette semaine, la nouvelle chanson des Trois Accords était tout indiquée ! Fidèle à ce qu’il est, tant pour son rock au son rétro que pour ses paroles hilarantes, le célèbre quatuor vient de commettre Piscine hors terre, un simple qui annonce un album prochain. Le plaisir croît avec l’usage !

Les Trois Accords – Piscine hors terre – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une épicerie de Montréal offre à ses consommateurs la possibilité de payer trois prix différents pour ses denrées : un prix « solidaire », un prix « suggéré » et un prix « au suivant ». Dans le premier cas, le client paie un montant légèrement au-dessus du prix coûtant pour le commerçant. Le deuxième choix assure une rentabilité du produit à ce dernier. Dans le troisième cas, une facture supérieure permet aux personnes mieux nanties de compenser celles qui auraient opté pour le montant plus bas.

Cet endroit se nomme Carrefour solidaire et possède trois adresses dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Site internet du Carrefour solidaire.


Billet du 17 septembre 2021 : Quand Jean-François se heurte à Peter

Selon le principe de Peter, établi dans un ouvrage publié en 1970 par Laurence J. Peter et Raymond Hull, toute personne avançant constamment dans sa carrière finit par atteindre son niveau d’incompétence.

Hier, dans un point de presse d’abord, puis dans un long fil publié sur son compte Twitter, la critique de Québec solidaire en matière d’éducation, Christine Labrie, a publiquement déclaré ce qu’on chuchote dans le milieu : le ministre Jean-François Roberge doit être démis de ses fonctions, s’il refuse de les quitter lui-même.

Son échec est manifeste. Son incompétence, tout aussi évidente, malheureusement. Comme Madame Labrie, je m’attendais à beaucoup mieux de la part d’un des nôtres. Ce fut d’ailleurs ma réaction lorsque j’ai appris sa nomination au conseil des ministres, en 2018. Enfin, un enseignant comme ministre de l’Éducation. Pour la première fois, un des nôtres. Trois ans plus tard, la déception est grande.

La députée de Sherbrooke évoquait la dégradation de tout le système d’éducation. Quand on le voit de l’intérieur, on constate la situation présente et on réalise clairement ce qui attend la société dans un futur plus ou moins rapproché. Comme pour l’environnement, on approche du point de non-retour pour toute une génération. Le laisser-aller est imputable aux gouvernements qui se sont succédé au cours des trois dernières décennies, mais le coup de barre promis par l’actuel premier ministre et son ministre de l’Éducation ne s’est traduit que par un ajustement de nos salaires, alors que les investissements essentiels dans les ressources humaines et matérielles se font toujours attendre.

Je demeure persuadé que Jean-François Roberge est un excellent enseignant. Suite à la lecture de ses livres, j’affirme qu’il est aussi un bon auteur. À titre de député, on me dit qu’il est très près de ses commettants et apprécié de ceux-ci. Comme ministre, il a failli à sa tâche. Il s’est heurté au principe de Peter.

Lire et entendre la déclaration de Christine Labrie, députée de Sherbrooke.


Dans le cours de français

Un fixeur est un chauffeur, un interprète, un guide et, très souvent, un garde du corps pour des journalistes étrangers effectuant des reportages en terrain hostile. Le terme est couramment employé dans le monde des médias. L’Office québécois de la langue française (OQLF) en proscrit toutefois l’utilisation, lui préférant des appellations comme guide-accompagnateur, par exemple. Les principaux intéressés continuent cependant de l’employer, d’autant qu’il est accepté dans de nombreux ouvrages de référence, tels le Larousse et le Robert. 

Lire une rubrique de La Presse sur le mot fixeur.

C’est un exemple qui s’ajoute aux nombreux mots et expressions qui, poussés par l’usage populaire, sont entrés par la grande porte dans nos dictionnaires. Récemment, le chroniqueur Patrick Lagacé prédisait que l’expression bon matin finirait également par s’y imposer. C’est une opinion que je partage et dont j’ai déjà fait état dans mes billets.

Lire la chronique de Patrick Lagacé.

Lire mon billet du 17 juillet 2020.

Un autre exemple est le verbe prioriser. On l’utilise de façon tellement courante et depuis si longtemps, qu’à peu près personne ne soupçonne qu’il est accepté depuis moins d’une décennie. Et encore, plusieurs continuent de le rejeter. 

Lire mon billet du 17 avril 2020.

Comme la nouvelle orthographe, souvent critiquée, l’ajout de ces mots et expressions témoigne de l’évolution du français, ce qui est une excellente nouvelle. Une langue qui cesse d’évoluer est une langue morte.


Dans le cours d’éducation physique

Mon téléphone cellulaire et ma montre intelligente comptent les pas que j’effectue quotidiennement. Chaque jour, comme plusieurs, je peine à atteindre les 10 000 pas recommandés pour le maintien d’une bonne santé physique. En fait, je n’y parviens que lorsque je planifie deux heures à mon horaire pour une marche de quelques kilomètres, après ma journée de travail. Même en enseignant debout, je n’atteins généralement que 5 000 ou 6 000 pas.

Je me réjouis toutefois des résultats d’une nouvelle étude, qui indique que 7 000 pas quotidiens seraient suffisants pour garder la forme. De plus, la cadence et l’intensité n’auraient aucune incidence dans les statistiques.

Lire l’article dans The Conversation.

La vie a beau être une course, les enjambées qu’elle nous demande semblent insuffisantes. Aussi incroyable que cela puisse paraître.


Dans le cours de français, deuxième période

La populaire station de radio 91.9 Sports a diffusé ceci sur son compte Twitter, mercredi :

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire «… que plusieurs ignorent» et non «… dont plusieurs ignorent». Le pronom relatif dont signifie de qui, de quoi ou duquel. Le remplacer par une de ces expressions dans la citation d’Anthony Marcotte n’a aucun sens.

Je tiens toutefois à me porter à la défense d’Anthony, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler durant quelques années. Je certifie que son français est excellent. Si ces mots reflètent exactement ce qu’il a dit en ondes, il s’agit d’une erreur dont (de laquelle !) il est sans doute conscient. Même devant une citation, la personne responsable des réseaux sociaux à la station aurait dû voir à corriger avant de publier.


Dans le cours de musique

Miles Barnes est le nom d’artiste d’Émile Barnes, un rappeur montréalais. J’ai récemment entendu sa chanson Paire de nike, extraite de son album YFW, lancé il y a un an et demi. Au-delà des paroles amusantes, j’ai été séduit par cet étonnant mélange de rap et de jazz, sur fond de flamenco. Entrain et sourires assurés, à l’écoute du titre !

Miles Barnes – Paire de nike – YFW – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

La nouvelle n’est pas tout à fait bonne, mais l’histoire se termine bien et, surtout, soulage deux parents inquiets. Lors de l’attaque de l’aéroport de Kaboul, il y a trois semaines, une dame voulant quitter l’Afghanistan avec ses quatre enfants les a perdus dans la foule, lors des bombardements. Elle les croyait morts, lorsque trois d’entre eux ont fini par la rejoindre dans sa cachette, quelques jours plus tard. Mais personne ne savait ce qu’il était advenu du plus jeune, âgé de trois ans.

Dans la cohue, un adolescent de 17 ans l’avait agrippé à l’aéroport et emmené avec lui jusqu’au Qatar, où il a été placé en orphelinat. En effectuant des recherches afin de retrouver des membres de sa famille, des représentants des Nations Unies ont découvert que son père avait émigré au Canada, il y a deux ans. Déjà au courant de la survie de sa conjointe et de ses trois autres enfants, celui-ci était on ne peut plus heureux de constater que toute sa famille avait survécu à l’attaque. L’enfant a été placé dans un avion à destination de Toronto, où il a été réuni à son papa, cette semaine.

Lire la nouvelle dans The Globe and Mail.


Photo en couverture : Linda Boyer

Billet du 18 décembre 2020 : La lumière au bout du tunnel

La tempête s’approche. Les fauves nous guettent. L’armée ennemie nous encercle.

Prenez l’image que vous voulez, mais des faits bien concrets prennent forme devant nos yeux. Devant les miens, en tout cas. Au printemps dernier, mon seul contact avec la Covid-19 se limitait à ce que les médias diffusaient quotidiennement. Une lointaine connaissance en avait été fortement atteinte, mais c’est tout.

Maintenant, les ravages se rapprochent de mon entourage. De mon entourage professionnel, d’abord, avec plusieurs dizaines de classes qui ferment quotidiennement, partout au Québec. Dans le cercle plus étroit de mes connaissances, ensuite. Cette semaine, j’ai eu un entretien téléphonique avec une amie atteinte, ainsi que tous les membres de sa famille immédiate. Dieu merci, je respecte les règles. Quand je ne suis pas sur mon lieu de travail ou en train de faire de l’épicerie, je reste chez moi.

Surtout, je porte mon couvre-visage, je me lave les mains régulièrement et je désinfecte les objets manipulés par des gens extérieurs à ma bulle. Le vaccin vient d’arriver à la rescousse et le calendrier nous offre une pause de quelques semaines. La lumière a commencé à poindre au bout du tunnel, il faut poursuivre les efforts, donner un petit coup supplémentaire. La victoire est proche, mais le match n’est pas encore terminé.

Et je cite :

« Pour vrai, isolez-vous. Là, on sent que la Covid est partout. Je sais pas vous, mais ça se rapproche de tout mon entourage. Ne gâchez pas vos vacances de Noël. Isolez-vous. »

Léa Stréliski, humoriste et auteure, le 17 décembre 2020

Dans le cours de français

On a beau passer une grande partie de sa vie avec le nez plongé dans un dictionnaire, il est certaines orthographes qu’on a l’impression qu’on ne retiendra jamais. Dans mon cas, il y a ballade et balade, pallier et palier, censé et sensé. Chaque fois que je dois écrire un de ces six mots, je dois immanquablement en vérifier l’orthographe.

Balade, avec un seul l, est une promenade. Ballade avec deux l est un poème mis en musique. Comme dans La ballade des gens heureux, le grand succès de Gérard Lenorman.

Pallier, avec deux l, signifie compenser ou corriger. Comme dans pallier à une situation. Palier avec un seul l est un plancher ou un étage. Comme dans prendre l’ascenseur jusqu’au troisième palier.

Finalement, censé avec un c est un synonyme de supposé. Comme dans ce vaccin est censé être efficace à 95%. Remarquez que censé est toujours précédé du verbe être et toujours suivi d’un verbe à l’infinitif. Quant à sensé, avec un s, il désigne quelque chose qui a du sens, comme lorsqu’on évoque les paroles sensées d’un sage. Le contraire est insensé.

Maintenant que j’ai pris le temps de vous expliquer chacune des particularités de ces trois paires d’homophones, quelqu’un peut-il les retenir et me les rappeler lorsque j’en aurai besoin ? Merci.


À travers l’application de visioconférence

Mercredi, la députée Marwah Rizqy, critique libérale en matière d’éducation, publiait sur son compte Facebook une note dans laquelle elle reprochait au ministre de l’éducation, Jean-François Roberge, de ne pas avoir livré la marchandise. Au sens propre comme au sens figuré. Pour appuyer ses propos, elle juxtaposait les nouvelles de deux quotidiens montréalais, publiées à quatre mois d’intervalle.

Source : Facebook

Est-ce vraiment la situation vécue sur le terrain ? À plusieurs endroits, dont Montréal, oui. En ce qui me concerne, j’ai le privilège d’enseigner dans une école primaire située en milieu favorisé, ce qui permet d’ordinaire une meilleure flexibilité dans l’utilisation des budgets. La direction de l’école est également très proactive et s’est enquis dès la rentrée des classes des besoins des familles advenant un nouveau confinement. Elle a par la suite procuré à l’école la quantité nécessaire d’appareils Chromebook et a ainsi pu s’assurer que tous nos élèves disposent de l’équipement requis, personnel ou prêté, pour suivre nos cours à distance. Mais la situation diffère selon les endroits, ce qui crée de l’inéquité et des variations importantes dans les apprentissages.

Cette histoire me fait finalement mentir. Lorsque j’ai écrit ici, il y a quelques semaines, que les professionnels de l’enseignement québécois étions prêts pour de l’enseignement à distance, c’était en me basant en partie sur les paroles prononcées par le ministre, l’été dernier. Je réalise maintenant que même si mes collègues et moi offrons depuis hier un enseignement à distance à nos élèves, d’autres professionnels et leurs élèves n’ont pas ce privilège, faute d’avoir obtenu la quincaillerie promise. Ne pas avoir réussi à livrer la marchandise en neuf mois appelle un constat d’échec.


Dans le cours d’univers social

C’est d’éducation à la citoyenneté dont il sera question dans ce bloc. Nous vivons dans une société où une personne accusée est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. Et c’est tant mieux. Personnellement, je préfère laisser courir dix coupables que de condamner une personne innocente. Ce système ne prévient cependant pas toutes les injustices.

Gilbert Rozon, comme O. J. Simpson en 1995, a bénéficié du doute raisonnable. Si le second était accusé d’un double meurtre, Rozon était accusé d’agression sexuelle. Mais c’était la deuxième fois. La première, en 1998, il avait été accusé pour des gestes posés à l’endroit d’une employée du Manoir Rouville-Campbell. Il avait obtenu une absolution totale. Une vingtaine d’années plus tard, un groupe de femmes, plusieurs connues, dénoncent des gestes de même nature. Un seul cas donnera lieu à des accusations, celui d’Annick Charette, une employée de Télé-Québec. On connaît la suite.

La juge Mélanie Hébert n’a d’ailleurs pas mâché ses mots. Elle a admis ne pas croire Gilbert Rozon, mais devoir l’acquitter en raison de nos règles de droit. Tout cela le jour où quatre députées de l’Assemblée nationale déposaient un rapport de 190 recommandations visant à mieux accompagner les victimes d’agressions sexuelles.

Il faut souligner le courage d’Annick Charette, qui continuera de lutter pour la cause. Quant à Gilbert Rozon, plusieurs auraient de toute évidence souhaité le voir à l’ombre. Mais pour celui qui carbure aux feux de la rampe, c’est une pénombre en marge de la société qui l’attend, malgré l’acquittement.


Dans le cours de musique

La #musiquebleue déroule le tapis rouge à Pierre Lapointe, cette semaine. Son dernier album, Chansons hivernales, est tout indiqué pour fournir la pièce musicale qui agrémentera mon billet de cette semaine avant Noël. Mon choix s’est arrêté sur Maman, Papa. Les paroles de cette chanson lui ont été inspirées par un ami dont les parents acceptent mal l’annonce de son homosexualité. Chanson touchante, s’il en est une. Et qui porte sérieusement à réflexion.


La bonne nouvelle de cette semaine

La 18e édition de la journée Portes ouvertes sur les fermes du Québec, qui devait avoir lieu en septembre, a été annulée cette année. Comme plusieurs autres événements et festivals, d’ailleurs. Afin de pallier (deux l, ici ? Oui, merci.) à la situation, l’Union des producteurs agricoles a lancé un jeu en ligne, cette semaine. Ce jeu, intitulé Kasscrout, s’adresse aux élèves des 2e et 3e cycles du primaire (8 à 12 ans), mais en tant qu’adulte, je m’y suis laissé prendre et y ai joué durant plusieurs minutes !

Il permet de faire découvrir les produits du terroir québécois aussi bien que les régions administratives de la Belle Province. En ce sens, il constitue un bon outil d’apprentissage d’une partie importante du programme d’univers social.

On peut accéder à la page du jeu en se rendant sur Kasscrout.ca.


Et puis ? Quelle chanson tourne en boucle dans votre tête ? Celle de Pierre Lapointe ou celle de Gérard Lenorman ?


Image en titre du billet : Shutterstock

Billet du 28 août 2020 : Avant que la bulle n’éclate

C’est aujourd’hui que je reprends mes billets réguliers, après avoir publié mon journal de vacances durant huit semaines. Un coup d’oeil sur mes derniers écrits de juin m’indique qu’il était alors question du mouvement Black Lives Matter, suite à la bavure policière ayant mené à la mort de George Floyd, des calendriers des sports professionnels qui étaient interrompus en raison de la Covid-19, ainsi que des manifestations des citoyens opposés au port du couvre-visage.

Deux mois plus tard, il est question du mouvement Black Lives Matter, suite à la bavure policière durant laquelle Jacob Blake a reçu sept balles dans le dos, des calendriers des sports professionnels partiellement interrompus en raison de l’affaire Jacob Blake, ainsi que des manifestations des citoyens opposés au port du couvre-visage.

Plus ça change…


Et je cite :

À entendre certains manifestants de la marche contre le masque à l’école qui crient que ce sera tellement impossible à gérer, je me dis qu’une chance que ces personnes n’ont pas eu à gérer le retour d’Apollo 13. « Failure is the only option » qu’ils auraient dit…

Jonathan Trudeau, analyste politique, le 23 août 2020.

Ce retour aux chroniques régulières coïncide avec la nouvelle rentrée scolaire. Mes collègues et moi étions heureux de retrouver des élèves physiquement présents dans nos classes. Les nouvelles mesures sanitaires ont-elles été difficiles à gérer, lors de la première journée ? Pas du tout !

Les élèves savent à quel moment il faut porter le masque, et ils le font très bien. Il en est de même pour le lavage des mains. Le respect des « bulles » ? Rien à signaler. Si la première journée de retour en classe est garante des mois à venir, nos écolières et écoliers se seront admirablement bien adaptés au nouveau contexte.

Je tiens aussi à souligner l’excellent travail des directions d’écoles, qui doivent également s’adapter rapidement. Dans le cas de celle avec qui je travaille, par exemple, elle s’est montrée proactive dans l’achat des nouveaux équipements et a dû se taper un casse-tête incroyable pour bâtir un horaire où chaque élève de l’école peut bénéficier de deux récréations quotidiennes, tout en s’assurant qu’il y ait toujours moins de 250 élèves sur la cour et que ceux-ci soient supervisés par un nombre suffisant d’adultes. Pour donner une idée de l’ampleur de cette dernière tâche, ce sont près de 600 élèves qui sont inscrits à l’école où j’enseigne.

Et comme ce fut le cas au printemps dernier, les instructions gouvernementales tendent à laisser croire qu’elles risquent d’évoluer rapidement. Entendre une chose et son contraire à l’intérieur d’une période de 48 heures n’est pas encore une habitude, mais on commence à s’éloigner de l’exception.


Dans le cours d’éducation physique

Un tollé citoyen s’est fait entendre, hier, quand le ministre Jean-François Roberge a confirmé que les fameuses « bulles » devaient être respectées même dans les établissements offrant du sport-études. C’est donc dire que les élèves qui y sont inscrits pourront pratiquer leur sport à l’école uniquement avec les élèves de leur classe. Ce qui est impensable, pour des raisons d’organisation.

Le ministre a-t-il raison ou tort d’imposer la ligne dure, je l’ignore. L’incohérence semble évidente quand on pense que ces mêmes élèves iront pratiquer leur sport avec d’autres dès que la journée de classe sera terminée, mais j’ose croire que le principe des bulles a été mûrement réfléchi par des personnes compétentes avant d’être adopté.

Je parierais toutefois une bouteille de gel hydroalcoolique que le ministre changera d’idée avant longtemps. Et le milieu s’adaptera rapidement ! Encore.


Dans le cours de français

#LeProfCorrige

Radio-Canada est à l’honneur dans cette rubrique, cette semaine. D’abord, avec une faute inacceptable dans la bande défilant au bas de l’écran, sur les ondes de RDI. Ensuite, avec une rare erreur commise par son animateur André Robitaille, sur Twitter.

À RDI :

Ici, on aurait dû lire un régime devenu « désuet », et non un régime devenue « désuet ». Le participe passé devenu doit s’accorder avec régime, qui est masculin singulier.

Sur Twitter :

Ici, on aurait dû lire Ne jamais sous-estimer, et non Ne jamais sous-estimé. C’est le verbe à l’infinitif qui s’applique ici, pas le participe passé. Le bon vieux truc du mordre (_er) ou mordu (_e accent aigu) aurait été utile. On pourrait ajouter qu’il aurait fallu un accent aigu sur le E de Église, ainsi qu’un S majuscule à Sud, ce mot constituant dans la phrase un nom de lieu.

Mais je demeure convaincu qu’André est allé trop vite et ne s’est pas relu avant de publier. Le vilain.


Jouons avec les mots

La semaine dernière, je vous demandais ce qu’avaient de particulier les mots amour, délice et orgue. La réponse : ce sont des noms masculins lorsqu’ils sont employés au singulier, mais qui prennent le genre féminin lorsqu’on les utilise au pluriel.

Cette semaine, je vous demande la particularité du mot ressasser. Je ne fais ici aucune référence à sa classe, sa définition ou sa sémantique. Cherchez plutôt une figure de style.

Réponse la semaine prochaine.


Dans le cours de musique

J’y vais de nouveau dans le rock québécois cette semaine, avec le groupe montréalais Corridor. Tirée de l’album Junior, la pièce Grand cheval a donné lieu à un magnifique vidéoclip conçu et animé par l’artiste albertain Chad VanGaalen. C’est ce que je vous propose en #musiquebleue.


La bonne nouvelle de cette semaine

J’avais à peu près l’âge de mes élèves, soit autour de 11 ans, lorsque j’ai pour la première fois entendu parler de la poliomyélite. J’étais à l’école et nous venions de lire un texte extrait d’un roman jeunesse dans lequel un personnage avait été frappé par ce virus. Nous étions quelque part entre le milieu et la fin des années 1970 et cette histoire est toujours demeurée imprégnée dans ma mémoire.

La polio a officiellement été déclarée éradiquée sur le continent africain, cette semaine, par l’Organisation mondiale de la Santé. Disparue de l’Occident depuis longtemps, la polio continuait ses ravage en Afrique, notamment au Nigéria, ainsi que dans quelques pays du Moyen-Orient, où on y recense encore quelques cas annuels.

En sol africain, aucun nouveau cas ne s’est déclaré au cours des quatre dernières années, ce qui a permis à l’OMS d’y prononcer l’éradication de la maladie.

Billet du 14 août 2020 : Journal de vacances (7 de 8)

Des vacances chez nous

L’année 2020 et ses particularités nous permettent, et je vois cela d’un oeil très favorable, de découvrir notre propre pays. Je ne suis personnellement pas sorti du Québec cet été, mais je me suis rendu dans la région de Charlevoix, où je n’avais pas mis les pieds depuis plus de 30 ans. Est-il besoin de préciser qu’avec ses collines surplombant le Fleuve, cet endroit renferme les plus beaux paysages québécois.

Une fin de vacances dans la ville de Québec m’a cependant ramené sur terre, en ce sens où la rue Saint-Jean était bondée de gens un samedi soir. La distanciation recommandée était impossible dans ce lieu historique.

Qu’à cela ne tienne, nous avons passé notre journée du lendemain sur la spacieuse Île d’Orléans, où nous avons pu découvrir un de ses secrets les mieux gardés, la Seigneurie de l’Île et ses majestueux jardins. La beauté de l’endroit est à couper le souffle.


Et je cite :

Je partais en vacances au Québec avant que ça soit cool.

Léa Stréliski, écrivaine et humoriste, le 8 août 2020.

En attendant la rentrée scolaire

Le ministre Jean-François Roberge était attendu de pied ferme, lundi dernier, lorsqu’il a annoncé quelques ajustements à son plan pour la rentrée scolaire. Bien que certains aient continué de dénoncer quelques mesures plus troubles, le plan dans son ensemble semble satisfaire les parents et la population en général.

Ce que moi j’apprécie particulièrement, c’est le possible confinement à la pièce en cas d’éclosion dans un milieu. Ainsi, le ministre, de concert avec la santé publique, s’octroie la possibilité de fermer des classes ou des écoles touchées par la maladie à coronavirus, plutôt que de le faire de façon large.

Dans un reportage publié mardi sur son site internet, Radio-Canada a illustré un comparatif des mesures prises par les différentes provinces et territoires canadiens, en prévision de la rentrée scolaire. Le tableau démontre hors de tout doute que le Québec joue de prudence, si on compare ses mesures à celles du reste du pays.

Source : Radio-Canada

À la radio

En entrevue sur les ondes du 98,5, samedi dernier, le scripteur et ex-RBO André Ducharme expliquait que son fils et son petit-fils vivent à Hong Kong, où sévit déjà la 3e vague de la Covid-19.


Dans mes écouteurs cette semaine

J’ai l’habitude d’y aller de nouveautés ou de parutions récentes lorsque j’aborde la #Musiquebleue dans mes billets hebdomadaires. Ce sera différent cette semaine. En cette fin de vacances scolaires, au milieu d’une année qui n’a rien d’ordinaire, j’ai décidé d’y aller avec une pièce qui s’adresse surtout à des enfants.

Il y a plus de 10 ans, sur son album Face à la musique, le rappeur Samian a revisité Tshinanu, le succès trentenaire du duo Kashtin. C’est la chanson que je vous propose aujourd’hui.

En passant, pour celles et ceux qui n’auraient toujours pas vu le film Hochelaga, terre des âmes du réalisateur François Girard, mettant justement en vedette Samian dans le rôle d’un universitaire, je vous le recommande fortement.


La bonne nouvelle de cette semaine

Difficile de trouver du positif dans l’explosion qui a détruit une grande partie de la ville de Beyrouth, il y a une dizaine de jours. Près de 200 morts, autant de disparus et des milliers de blessés, au milieu d’une négligence aux allures criminelles qui a déjà eu pour conséquence la démission du gouvernement libanais.

Pourtant, une entreprise humaine a su apporter un rayon de soleil à des dizaines de personnes éprouvées. L’organisme Animals Lebanon a ainsi entrepris de réunir les animaux et leurs maîtres séparés par la tragédie. Un immense travail de recherche a résulté en plusieurs retrouvailles, offrant un important réconfort tant aux humains qu’aux animaux.

De nombreuses images de ces retrouvailles sont diffusées sur le compte Instagram d’Animals Lebanon.

Billet du 7 août 2020 : Journal de vacances (6 de 8)

En attendant la rentrée

La pression commence à se faire sérieusement sentir sur le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge. À la mi-juin, il annonçait ce qu’allait être la prochaine rentrée scolaire au Québec. En résumé, des classes avec le même nombre d’élèves qu’en temps normal, aucun ne sera contraint de porter le couvre-visage, les élèves du secondaire comme ceux du primaire devront demeurer dans le même local de classe, ils devront être assis en îlots (ou en « bulles ») de six élèves et demeurer toute l’année (ou jusqu’à nouvel ordre) avec ces autres élèves, mais ils devront s’en éloigner lorsqu’ils se trouvent dans l’autobus scolaire.

Dans ce scénario, voyez-vous quelques incongruités par rapport à ce qui est exigé du reste de la population ? Moi aussi.

À quelques jours de la rentrée du personnel et à quelques semaines de celle des élèves, divers intervenants du milieu ont demandé des précisions. Le ministre s’est engagé, mercredi, à en apporter en début de semaine prochaine. D’ici là, il rencontrera les représentants des parents et du personnel scolaire, après avoir déjà rencontré ceux des directions de centres de services (anciennement les commissions scolaires) et des directions d’école.

Ces rencontres du ministre, autant celles qui ont déjà eu lieu que celles à venir, se déroulent en visioconférence. Est-ce qu’une partie de l’enseignement se déroulera aussi de cette façon ? Je parierais là-dessus, même si c’est le contraire qui a été avancé jusqu’à maintenant.


Sur mes écrans

J’ai regardé quelques minutes du premier match Canadiens-Penguins. J’ai suivi le reste des activités de la LNH via les médias et les réseaux sociaux. J’éprouve beaucoup de difficultés à regarder du hockey quand il y a du baseball au même moment. Et quand ces joutes de hockey ont lieu au mois d’août, il y a une question de crédibilité que j’assimile mal.

En revanche, je regarde chaque jour de deux à quatre matchs des ligues majeures de baseball. Je me suis même surpris à visionner cette semaine un vieux match Cubs-Expos de 1992, celui du dernier match de Gary Carter à Montréal, avant sa retraite. J’ai un côté Elvis Gratton que je ne peux nier !


Le dilemme de la semaine

Au moment où j’écris ces lignes, le Canadien de Montréal mène 2-1 la série 3 de 5 face aux Penguins de Pittsburgh. Si la troupe de Claude Julien élimine les Penguins, elle perd toutes ses chances de pouvoir repêcher Alexis Lafrenière, lors du repêchage amateur, parce qu’il est déjà convenu que le premier choix appartiendra à une des huit équipes éliminées dans cette ronde préliminaire.

Alors, les séries ou Lafrenière ? Une ronde de plus ou conserver ses chances de repêcher un joueur de concession ?


Et je cite :

« Si les Canadiens gagnent la coupe Stanley, je fais la première de Tout le monde en parle tout nu ! »

Dany Turcotte, humoriste et coanimateur de l’émission, le 5 août 2020.

Dans mes écouteurs, cette semaine

J’ai pour la première fois entendu le nom de Sébastien Lacombe lors de la sortie de l’album Salut Joe !, en 2006, alors que plusieurs artistes québécois, dont lui, s’étaient regroupés pour rendre hommage à l’oeuvre de Joe Dassin. Lacombe, l’année précédente, venait de sortir son premier album, intitulé Comme au cinéma. Il en a depuis lancé deux autres et en publiera un quatrième en septembre, un premier en anglais. Sébastien Lacombe possède cette particularité d’écrire et de composer des chansons qui deviennent pour moi de véritables vers d’oreille. Il me suffit d’entendre Mr. Taximan, D’où je viens ou encore Trop de soucis pour que la mélodie accrocheuse et les paroles intelligentes me tournent en tête pour le reste de la journée. En #musiquebleue, je vous propose aujourd’hui un extrait de l’album Fly, à paraître en septembre, une pièce qui a pour titre Gold In Your Soul.

Le bloc positif de la semaine

J’ai l’habitude de terminer mes billets hebdomadaires avec une nouvelle positive. Pour être franc, il était beaucoup plus facile l’hiver dernier de trouver du matériel pour cette section. Depuis les dernières semaines, les médias semblent malheureusement être tombés dans la même morosité qu’une grande partie de la population. Cette semaine, cependant, le sujet m’est apparu facilement et tout s’est emboîté comme les pièces d’un casse-tête.

J’ai eu la douleur de perdre un ami d’enfance, la semaine dernière. Très actif malgré une maladie dégénérative qui l’a dépossédé de l’usage de presque tout son corps, il y a près de 20 ans, c’est d’un bête accident qu’il a rendu l’âme. Dans un hommage que je lui ai rendu, j’ai pris soin de mentionner que personne autant que lui ne m’avait appris à aimer la vie. Pour ceux qui l’ont connu, son legs est magistral.

Des souvenirs avec Martin, j’en ai depuis l’âge de huit ans. Mes plus précieux et mémorables datent toutefois d’une dizaine d’années plus tard, alors que lui et moi faisions partie d’un groupe qui a effectué le Tour du Mont-Blanc. Le succès de l’été à l’époque, à la radio française, était Marcia Baïla, des Rita Mitsouko.

En cherchant un contenu pour ma rubrique de cette semaine, je suis tombé sur un article du magazine POSITIVR, publié mercredi et qui, 35 ans plus tard, explique l’histoire de la chanson Marcia Baïla. En résumé, il s’agit d’un hommage rendu à la danseuse d’origine argentine Marcia Moretto, décédée d’un cancer à l’âge de 36 ans. La joie de vivre de la défunte, qui a collaboré avec le duo, y est évoquée dans un amalgame de musique festive et de paroles élogieuses. Deux générations plus tard, la pièce musicale tourne encore et le souvenir de Marcia perdure.

Marcia et Martin, deux personnes à la joie de vivre indéfectible, malgré la maladie. Une recherche dont le résultat me ramène 35 ans en arrière, en musique et en souvenirs avec cet ami récemment décédé, et en trame de fond cet amour de la vie. Difficile de faire abstraction quand l’évidence est aussi prononcée.

L’année en cours apporte son lot de difficultés à tout le monde, mais elle comporte aussi des éléments positifs pour quiconque prend le temps de s’arrêter afin de les découvrir. C’est l’occasion qui nous est offerte. Martin, lui, prisonnier de son corps depuis le début du millénaire, avait compris depuis longtemps que l’adversité cache une multitude de trésors.