Billet du 13 septembre 2024 : Suer en silence

Un fabricant de thermopompes de Longueuil, Yvon Turcotte, a une idée aussi rafraîchissante que généreuse : offrir 1000 thermopompes pour climatiser les classes du Québec. Monsieur Turcotte, à près de 80 ans, ne demande rien en retour, si ce n’est de rendre la vie un peu plus supportable aux élèves en période de canicule. Mais voilà, la machine bureaucratique s’érige une fois de plus en obstacle, rendant presque héroïque un geste qui n’était pas difficile à accomplir.

Pourquoi est-ce que des dons si évidents semblent s’embourber dans les méandres des centres de services scolaires et du ministère de l’Éducation ? Il y a sûrement un bureau climatisé quelque part où l’on débat de la procédure à suivre. Peut-être un comité doit-il d’abord « évaluer » le bien-fondé d’un tel geste… pendant que les élèves et le personnel suent en silence. Si seulement la lenteur administrative pouvait être réduite aussi efficacement que la chaleur dans un local climatisé !


Dans le cours de français

Un de mes amis a pris cette photo, sur un boulevard des Basses-Laurentides.

Photo : Martin Lacasse

Il est inadmissible qu’on ait laissé passer non pas une, mais deux fautes en si peu de mots sur un panneau que des milliers de personnes voient quotidiennement.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire excepté, et non exepté.

Également, on aurait dû voir camions, au pluriel, plutôt que camion. À moins qu’un seul camion de cinq tonnes ne soit concerné.


Dans le cours de culture et citoyenneté québécoise

Je vous invite à lire le reportage de la journaliste Mylène Moisan, à propos d’un jeune enseignant en formation. 1

La réaction de la direction de l’école La Voie et du SPVM dans l’affaire entourant les propos homophobes subis par Francis Richer est non seulement inadmissible, mais profondément rétrograde. Se retenir d’intervenir correctement face à une situation aussi grave, en minimisant l’impact des menaces de mort, démontre un manque flagrant d’empathie et de leadership. Une telle attitude envoie un message inquiétant aux victimes, leur laissant croire qu’elles doivent se débrouiller seules face à la haine, tandis que les agresseurs, malgré qu’ils soient des adolescents, s’en tirent sans avoir à poser un seul geste de réparation.

Ce type de réponse institutionnelle, loin d’être une simple erreur de jugement, ramène notre société 40 ans en arrière, à une époque où l’on détournait le regard face aux injustices sociales et aux violences discriminatoires. Il est impensable qu’en 2024, nous soyons encore confrontés à de telles négligences. Le silence complice et l’inaction des autorités ne font que renforcer les préjugés et perpétuer la souffrance des gens qu’on tente de marginaliser.

1 Moisan, Mylène. «francis le gay vas mouriir». Le Soleil, Québec. Le 10 septembre 2024.


Dans le cours de musique

Alphonse Bisaillon, auteur-compositeur-interprète, vient de remporter le Prix Mouffe pour sa poésie musicale et sa capacité à capturer l’essence des émotions humaines dans des textes simples et poignants. Avec des styles variés et des mélodies dépouillées, il se distingue par sa sensibilité et son authenticité, qui lui ont permis de se faire une place dans la chanson francophone. Le prix, qui honore le talent émergent en chanson, a mis en lumière l’importance de ses contributions à la scène musicale québécoise. Ses chansons ont été pour moi une belle découverte cette semaine, offrant une profondeur et une sincérité qui m’ont particulièrement touché.

Tirée de l’album qui porte son nom, voici la pièce Station balnéaire (tango).

Alphonse Bisaillon – Station balnéaire (tango) – Alphonse Bisaillon – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Selon un reportage publié dans Le Devoir 2, il semblerait que l’enseignement des sciences au secondaire soit resté figé dans le temps, un peu comme si on essayait de téléporter nos jeunes de 2024 directement dans une classe des années 90. Heureusement, Patrice Potvin et son équipe ont décidé qu’il était temps de sortir le dépoussiéreur et de secouer un peu tout ça. Leur solution ? Former les enseignants pour qu’ils deviennent eux-mêmes des « chercheurs » en classe, armés de méthodes scientifiques pour comprendre ce que leurs élèves savent (ou croient savoir) sur des concepts comme les nuages ou le recyclage. Avec 3 millions de dollars en poche et une cohorte de curieux enseignants prêts à plonger dans l’inconnu, ils comptent bien redonner à la science scolaire le coup de neuf qu’elle mérite.

Mais attention, ce n’est pas juste un coup de peinture rapide. L’initiative va plus loin : diagnostic des idées fausses, tests de méthodes pédagogiques et comparaisons savantes entre différentes approches. On forme des enseignants qui, en retour, vont former des élèves critiques, prêts à débattre de sujets aussi sensibles que le climat, les vaccins, ou même le racisme. Et tout ça, sans que les enseignants soient livrés à eux-mêmes, mais bien accompagnés de chercheurs et de formations pointues. Bref, si l’on était prêt à une évolution dans l’enseignement scientifique, cette équipe prouve qu’on a enfin trouvé les bons ingénieurs pour la lancer.

2 Anctil, Gabrielle. Dépoussiérer l’enseignement de la science. Le Devoir, Montréal. Le 24 août 2024.


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