Billet du 29 avril 2022 : La différenciation de Gregory

À travers un reportage du journaliste Alexandre Pratt, publié le 24 avril dernier, c’est tout un pavé dans la mare qui a été lancé par le musicien, comédien et animateur Gregory Charles. D’homme polyvalent, il passe à polémiste tellement ses propos ont suscité de vives réactions et divisé les observateurs dans le domaine de l’éducation.

Lire le reportage d’Alexandre Pratt

Pour un, je reconnais à Gregory Charles, comme à tout le monde, le droit d’exprimer ses opinions. Même si l’enseignement ne constitue pas la principale vocation qui l’a fait connaître, il dispose d’un bagage plutôt substantiel en la matière. Et même le cas contraire ne le disqualifierait pas nécessairement pour se prononcer. Rappelez-vous quand le gouvernement du Québec et plusieurs institutions scolaires privées ont investi dans les propositions du Lab-École. Une grande majorité d’intervenants, les syndicats en tête, avaient dénoncé le fait qu’on ait accordé plus d’importance aux idées de Ricardo Larrivée, Pierre Thibault et Pierre Lavoie qu’aux acteurs de l’éducation. Bien que j’admette que ce dernier groupe aurait dû être mieux consulté, force est de constater que les objectifs du Lab-École sont en voie de fournir des aboutissements intéressants.

Là où j’émets de sérieuses réserves, c’est que les propositions de Gregory Charles sont basées sur les bons résultats qu’elles ont donnés avec lui. Lui l’apprenant et lui le pédagogue, dans une tâche partielle, non reconnue et limitée dans le temps. On peut également ajouter que ces résultats n’ont jamais été officiellement quantifiés. Est-ce que transmettre tout un programme à travers le seul enseignement de l’histoire peut constituer une source de réussite pour une majorité d’élèves ? J’en doute.

Ce qu’il suggère fait complètement abstraction de la différenciation pédagogique, à une désolante exception près : quand il propose d’éliminer la mixité dans les classes afin de mieux s’adapter aux intérêts des groupes de garçons et des groupes de filles. Pour celles et ceux qui s’interrogent sur la signification de la différenciation pédagogique, notons qu’elle est admirablement bien représentée dans cette illustration :

Source : France éducation

La tendance actuelle veut que les règles générales laissent la place à un cadre plus souple permettant à chaque apprenant de s’épanouir à un rythme qui s’approche davantage de sa réalité. Les idées de Gregory pourraient sans doute convenir à plusieurs d’entre eux. Pour les autres, il faut chercher ailleurs les sources d’inspiration.


Dans le cours de français

Cette semaine, je sévis à l’endroit de deux acteurs de la radio, Pierre Pagé et Pierre Brassard, qui ont laissé passer des erreurs impardonnables dans leurs publications respectives.

#LeProfCorrige

Pierre Pagé a écrit «… doit être garder…». Ici, on aurait dû lire «… doit être gardée…», gardée étant un participe passé s’accordant avec entrevue, au féminin singulier.

Dans la description de son compte Twitter, Pierre Brassard a écrit «Pouvez-vous répèter la Question», nom du jeu-questionnaire radiophonique qu’il anime. Ici, on aurait dû lire «Pouvez-vous répéter la question?», avec un accent aigu plutôt qu’un accent grave sur le deuxième e de répéter, un q minuscule à question et un point d’interrogation à la fin du nom de l’émission. Une fois conjugué, le verbe répéter s’écrit souvent avec un accent grave sur le deuxième e. Il n’y a cependant qu’une seule façon d’écrire son infinitif.


Dans le cours de musique

Difficile de passer à côté du nouveau Patrick Watson, cette semaine. En #musiquebleue, voici la pièce titre de sont plus récent album, Better in the Shade.

Patrick Watson – Better in the Shade – Better in the Shade – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les jeux vidéo n’ont pas toujours bonne presse. Il existe cependant de nombreux cas où leur utilité est démontrée. Dans le milieu scolaire, notamment, où certains titres peuvent servir à l’apprentissage de l’histoire, de la géographie et des mathématiques.

Ils ont également leur utilité dans le milieu hospitalier, semble-t-il. La semaine dernière, un récit numérique publié sur le site de Radio-Canada nous apprenait que l’Hôpital juif de réadaptation, situé à Laval, utilisait la Kinect, de Microsoft, pour aider des patients aux prises avec des difficultés neurologiques. Entre autres, on y relatait le cas d’un homme qui, après avoir passé plusieurs semaines dans le coma en raison de la COVID-19, a dû travailler pour recouvrer l’usage de tous ses membres. Un programme utilisant la technologie du jeu vidéo lui a été très bénéfique. Cette méthode est unique dans le système québécois et apporte d’excellents résultats.

Lire le récit numérique de Radio-Canada


3 réflexions sur “Billet du 29 avril 2022 : La différenciation de Gregory

  1. J’aurais tendance à donner raison à Grégory que vous tentez subtilement d’abaisser. Je connais certains enseignants, et vous en connaissez également, qui n’arrivent pas à sa cheville en ce qui concerne la pédagogie. Par contre, pour ce qui touche la séparation des garçons et des filles pour une meilleure efficacité et bien que je trouve que notre système d’éducation ne favorise actuellement qu’un seul genre, je ne crois pas qu’il soit utile d’aller en ce sens mais, des améliorations s’imposent! PS. Il n’est pas nécessaire d’être dans le domaine de l’éducation pour apporter des suggestions constructives. Après tout, ce sont les enfants du Québec et non ceux des enseignants qui sont en cause!

    1. Bonjour Albert,
      Merci pour votre commentaire. Je ne tente aucunement d’abaisser Gregory Charles. Au contraire, il demeure une personne que j’admire. J’exprime par contre d’importantes réserves face à sa position. Les mêmes réserves ont d’ailleurs été émises dimanche soir par le grand spécialiste Normand Baillargeon. Pour le reste, à l’instar de Pierre Lavoie, Pierre Thibault, Ricardo Larrivée ou toute autre personne, Gregory Charles a non seulement droit à ses opinions, mais il a aussi droit à ses suggestions. Et je réitère ici que son bagage en matière d’éducation demeure substantiel.

      1. Je ne faisais qu’exprimer une certaine inquiétude face à certains profs qui croient trop souvent qu’ils ou qu’elles sont les seuls(es) imbus(es) de la science de l’éducation. Plusieurs, dont moi-même avons oeuvré comme animateurs ou instructeurs et possèdent des talents pédagogiques pour enseigner certaines activités. PS toujours ta casquette des Expos si tu passes dans le coin.

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