Le mot élimination peut prendre différents sens. Il nous a remplis de joie, cette semaine, quand Félix Auger-Aliassime a éliminé Roger Federer au tournoi de Halle, en Allemagne. On en redemande après que le Canadien de Montréal ait éliminé deux adversaires et poursuive sa route vers la Coupe Stanley. Il y a des guerres, des conflits, de la violence et des famines qu’on voudrait bien pouvoir éliminer.
Puis, il y a l’élimination des personnes. On entre alors dans le crime.
Dans le cours de français
La racine d’un mot est composée d’un groupe de lettres qu’on retrouve chez ses mots dérivés. Ami est ainsi la racine du nom amitié ou de l’adjectif amical. À ces mots, on peut ajouter un préfixe, qui précède la racine, ou un suffixe, qui suit la racine et termine le mot.
Le suffixe -cide désigne quelque chose qui tue ce que la racine du mot indique. Par exemple, un insecticide tue les insectes. Un homicide est un meurtre. Une guerre fratricide est une guerre meurtrière entre frères, dont le sens est généralement pris au figuré.
Aujourd’hui, vendredi, à 12 h 30, aura lieu à Trois-Rivières une manifestation organisée par la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM), afin de sensibiliser la population au fléau des féminicides touchant le Québec. Ce sont 13 femmes qui, depuis le début de 2021, ont été assassinées par des hommes.
La marche prendra forme sous le thème À l’heure actuelle, la 14e est encore en vie. Agissons. Phrase choc, s’il en est une.
Dans le cours d’éthique et culture religieuse
Un autre mot avec le suffixe -cide est génocide. Il désigne l’extermination d’un groupe de personnes ayant les mêmes origines ethniques ou religieuses.
Cette semaine, monseigneur Christian Lépine, archevêque de Montréal, a présenté ses excuses aux communautés autochtones canadiennes suite à la découverte des restes de 215 enfants autochtones dans un charnier de Kamloops, en Colombie-Britannique. Monseigneur Lépine n’a cependant pas été suivi par les autres membres de l’Église catholique, responsable du pensionnat dont il est question. L’application du terme génocide envers les peuples autochtones du Canada ne fait plus aucun doute. Le rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées apporte clairement cette conclusion.
Assisterons-nous bientôt à d’autres macabres découvertes similaires ? Une chose est certaine, des recherches seront effectuées dans les autres pensionnats autochtones, où des disparitions ont été constatées, comme à Kamloops.
J’étais en début de carrière quand une élève, dans un cours de catéchèse, m’avait demandé en classe qui étaient les martyrs canadiens. Ils étaient huit, six jésuites et deux laïcs, élevés au rang de saints parce qu’ils avaient été assassinés par des peuples autochtones, il y a près de quatre siècles. J’éprouverais un certain malaise à répondre à cette question, aujourd’hui.
Dans le cours de musique
Découverte récente de ma conjointe, qui me suggère la pièce en #musiquebleue de cette semaine. L’artiste se nomme Elliot Maginot et est Montréalais d’origine. Il a d’abord diffusé ses compositions sur les réseaux sociaux, avant de passer quelques années à effectuer la tournée des bars et des petites salles de spectacles. Le 28 mai dernier, il lançait un premier album, Easy Morning, dont je vous propose la pièce-titre aujourd’hui.
Si la musique d’Elliot Maginot est classée dans le style pop indé, on y trouve également quelques notes de folk. Le son de la pièce Easy Morning n’est pas sans rappeler celui popularisé par Kate Bush, il y a quelques décennies. La voix de soprano de Maginot n’est pas étrangère à cette analogie.
La bonne nouvelle de cette semaine
Ma bonne nouvelle de cette semaine sera purement personnelle. Il reste deux journées d’enseignement à l’actuel calendrier scolaire, auxquelles s’ajoutent trois journées pédagogiques, et je pourrai enfin dire que plusieurs de mes collègues et moi aurons réussi à passer au travers cette satanée année COVID. Dans mon billet de la semaine dernière, je rendais hommage aux élèves pour les mêmes raisons. Cette semaine, c’est à tout le personnel scolaire que je lève mon chapeau.
Était-ce vraiment si difficile, se demandent encore certaines personnes ? Oui, je le confirme. En vingt-cinq ans de carrière, j’ai connu des moments émotivement très éprouvants, mais aucune année scolaire ne s’est avérée physiquement plus pénible que celle-ci. Porter le couvre-visage est une chose, mais enseigner des journées entières en parlant à travers cet objet, répéter plusieurs fois tout en haussant le volume de la voix pour espérer être mieux entendu, négocier avec les effets du confinement sur les élèves et les membres de leurs familles, tout ceci a contribué à rendre la fatigue quotidienne plus intense qu’elle ne se manifestait précédemment.
Bon nombre de collègues sont tombés ou tombées au combat, depuis septembre 2020, et bien peu ont jusqu’à présent réintégré leurs fonctions. Les cas d’épuisement professionnel sont très sévères.
Au-delà des vacances scolaires qui prendront leur envol au cours des prochains jours, il y a cette fierté d’avoir survécu à la mission, ceci mentionné en tout respect pour celles et ceux qui ont dû interrompre leur travail. Le repos sera quand même bienvenu.