Billet du 18 septembre 2020 : Quand septembre revient

Gestion de classe

Je complète aujourd’hui la troisième semaine d’école de la présente année scolaire. Je ne vous apprends rien en affirmant ici que ce début d’année sort de l’ordinaire. Je l’ai mentionné sur cette page il y a trois semaines et je le réitère aujourd’hui, les championnes et les champions de l’adaptation à la situation Covid sont les élèves.

Du côté enseignant, l’adaptation s’effectue également à bon rythme. Si l’assimilation des nouvelles règles s’accomplit bien, leur intégration à notre quotidien suscite toutefois un nombre important de situations pour lesquelles une bonne gestion du stress s’avère nécessaire. Et je ne fais ici aucune allusion à la crainte de voir éclore des cas de coronavirus dans notre milieu. La tension vient plutôt du fait que nous devons parler beaucoup plus fort et répéter constamment chaque fois que nous nous adressons au groupe à travers un masque de procédure, au fait que les récréations décalées augmentent à la fois le bruit dans les classes et le nombre de surveillances sur la cour des enseignants, au fait aussi qu’il faille constamment innover afin d’aider les élèves en difficulté, étant donné que nous ne pouvons pratiquement plus les approcher. Et puis il y a cette course incessante pour combler le temps perdu par l’application des mesures d’hygiène, autant que par la diminution de notre temps de travail personnel.

La fatigue est bien présente chez le personnel enseignant, particulièrement à la fin d’une semaine. En ce qui me concerne, ma forme physique de septembre ressemble cette année à celle que je ressens généralement en décembre, à l’approche du congé des Fêtes. Toutefois, la profession demeure aussi belle et gratifiante. C’est un énorme baume à la situation actuelle et un merveilleux tonique pour la poursuite de notre travail.


Il me faut aussi mentionner la grande résilience des parents des élèves. Mes collègues et moi avons tenu, mercredi soir, notre rencontre annuelle de parents pour la présentation de notre programme de l’année scolaire. Distanciation oblige, nous avons dû réunir nos parents selon deux plages horaires différentes, dans le gymnase de l’école. C’est plus d’une centaine de parents de nos élèves qui se sont présentés et qui ont brillé tant par leur ponctualité que par la qualité de leurs interventions. Et tous, sans exception, portaient un couvre-visage bien ajusté.


À l’infirmerie

J’enseigne dans une école primaire de près de 600 élèves. En date d’aujourd’hui, aucun cas de Covid-19 n’y a été enregistré. Le taux d’absentéisme est cependant plus élevé qu’à l’habitude, pour ce temps de l’année, les symptômes du rhume retenant des élèves à la maison, le temps de recevoir le résultat du test de dépistage.

À ce sujet, Radio-Canada a diffusé un reportage intéressant, mercredi. Une mère de neuf enfants demande que le protocole soit assoupli et que les enfants affligés d’un simple rhume puissent demeurer à l’école. Je comprends que la situation puisse être difficile pour les parents de ces enfants, notamment s’il est compliqué pour eux de s’absenter du travail. Mais à la lumière de ce que j’entends dans mon milieu, le consensus parental semble au contraire pencher pour la prudence et la limitation de tout danger d’éclosion. L’augmentation quotidienne du nombre de cas fait craindre la deuxième vague et le spectre de nouvelles mesures de masse appelle à une forte considération des recommandations de la santé publique.


Dans le cours d’univers social

Mon billet de la semaine dernière a été publié le 11 septembre, jour de la commémoration des attentats perpétrés 19 ans plus tôt. À ce jour, les attaques du 11 septembre 2001 demeurent l’un des sujets les plus difficiles qu’il m’ait été donné d’aborder avec mes élèves.

La technologie de l’époque ne nous permettait pas de suivre l’événement en direct aussi simplement qu’elle nous le permettrait aujourd’hui. Le concierge de l’école où je travaillais alors nous transmettait discrètement les informations à partir des corridors, afin de ne pas alarmer les enfants. Je savais que les questions des élèves surviendraient au plus tard en après-midi, quand celles et ceux qui dînaient à la maison allaient revenir en classe. Je me souviens qu’il m’avait fallu rétablir plusieurs faits, l’imagination des enfants de cet âge partant dans tous les sens.

Ils étaient inquiets et avaient besoin de parler. C’est ce que nous avions fait tout l’après-midi.


Et je cite :

« Comment une nation peut-elle être si efficace pour se préoccuper d’environ 3 000 vies qui se sont terminées il y a 19 ans et trop incompétente pour s’inquiéter des 200 000 vies qui se sont brusquement arrêtées cette année ? Le premier cas a été causé par l’attaque d’un ennemi qui a juré de nous tuer; l’autre cas a été causé par le mensonge d’un dirigeant qui a juré qu’il nous protégerait. »

Walter Shaub, ex-directeur du Bureau américain de l’éthique gouvernementale.

Jouons avec les mots

D’abord, la réponse à la question de la semaine dernière. La particularité du mot institutionnalisation est qu’il s’agit du plus long lipogramme en e parmi les mots de la langue française. Un lipogramme est un mot ou un texte d’où une lettre est complètement absente.

Pour une deuxième semaine consécutive, je vous parlerai de l’oeuvre de Georges Perec. Parce qu’en plus du long palindrome dont il était question dans mon dernier billet, Perec a également écrit La disparition, un roman policier de 312 pages dans lequel on ne retrouve la lettre e que dans les prénom et nom de l’auteur, sur la jaquette du livre. Il s’agit donc du plus long texte lipogramme en e jamais rédigé. A-t-on ici besoin de préciser que la deuxième voyelle de notre alphabet est également la lettre la plus utilisée dans la langue française.

Pour la question de cette semaine, j’irai avec quelque chose de moins profond. Je vous demande simplement de trouver une anagramme au mot soigneur. Une anagramme est un mot constitué des mêmes lettres qu’un autre mot. Un indice : l’anagramme de soigneur a également un lien avec la santé. Réponse dans mon billet de vendredi prochain.


Dans le cours de musique

« Moins savoir, mais mieux comprendre, pour moins vivre à contresens »

J’ai toujours savouré les textes d’Alexandre Poulin. Dans sa chanson La mauvaise éducation, parue il y a une dizaine de mois sur l’album Nature humaine, il y déclame sa vision de l’école actuelle, mais surtout celle d’une école moins récente qui a laissé des cicatrices sur plusieurs coeurs et dans quelques coins de la société. L’enseignant en moi y retrouve plusieurs de ses constats.

Je vous la propose en #musiquebleue.


La bonne nouvelle de cette semaine

J’avais envie d’y aller avec quelque chose de léger, cette semaine. Le directeur général du Canadien de Montréal, Marc Bergevin, a réussi un bon coup en acquérant le défenseur Joel Edmundson, pour un choix de 5e ronde, et en lui faisant immédiatement parapher une entente de quatre saisons. Fort d’un gabarit imposant, Edmundson vient combler un vide important et cimenter une brigade défensive qui en impressionnera plusieurs.

En 71 matchs, la saison dernière, le Canadien a affiché un différentiel de buts marqués/buts alloués de -9. La seule acquisition de ce défenseur pourrait suffire à inverser la tendance, au bas mot. En ajoutant un élément de profondeur à l’attaque, le Tricolore améliorerait considérablement sa statistique et pourrait s’imposer au classement dès la saison prochaine.

Au surplus, Joel Edmundson est capable de balbutier quelques phrases en français. La bonne nouvelle est complète !


Une réflexion sur “Billet du 18 septembre 2020 : Quand septembre revient

  1. Bon, j’étais convaincu qu’avec un effort concerté de tout le monde de l’éducation, le système d’éducation réussirait tant bien que mal sa rentrée malgré une « situation spéciale ». Maintenant que la machine a pris son envol, il ne reste qu’à réussir une bonne négo. Que l’employeur et les syndicats s’entendent pour le plus grand bien de NOS enfants!

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