Billet du 28 mars 2025 : Faire bande à part

Les faits :

Il existe des consortiums de médias unis pour offrir une couverture impartiale des débats des chefs lors des élections, tant fédérales que provinciales. Pour les campagnes électorales canadiennes, le consortium est formé des médias suivants :

  1. CBC/Radio-Canada (anglais et français);
  2. CTV (Bell Media);
  3. Global News (Corus Entertainment);
  4. The Toronto Star;
  5. La Presse;
  6. Le Devoir;
  7. APTN (Aboriginal Peoples Television Network);
  8. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario;
  9. La chaîne CPAC (Cable Public Affairs Channel).

Deux autres médias ont déjà fait partie de ce consortium. Le HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021, ainsi que le réseau TVA, qui a choisi de quitter le groupe médiatique en 2012 pour faire bande à part et présenter ses propres débats.

Évoquant une situation financière difficile, le réseau TVA a demandé au Parti libéral du Canada (PLC), au Parti conservateur du Canada (PCC), au Nouveau Parti démocratique (NPD) et au Bloc québécois (BQ) de défrayer une partie des coûts de production de son débat 2025, à teneur de 75 000 $ chacun. Trois partis ont accepté, mais le PLC ayant refusé, le débat de TVA n’aura pas lieu.

Ceci a valu à Mark Carney, chef du PLC, d’être qualifié de « fragile et faible » par Pierre Poilievre, et de se faire accuser de « se foutre des Québécois » par Yves-François Blanchet.

Ce que j’en pense :

Carney a bien fait. Louer une table dans un marché de fruits et légumes pour y vendre ses récoltes est une chose. Assumer les frais de production d’un diffuseur qui a choisi de faire bande à part en est une autre.

En fait, je considère qu’aucun chef de parti n’aurait dû accepter. Le précédent aurait sans doute eu ses suites. TVA aurait probablement récidivé lors des élections subséquentes, ce qui aurait assurément fini par créer un malaise avec les autres médias. Et puis, sincèrement, il y a comme une incongruité à payer pour aller débattre.

Je rappelle aussi que cinq partis politiques sont actuellement représentés à la Chambre des communes. TVA n’invitait les chefs que de quatre d’entre eux. Lors des deux débats du consortium, six chefs seront conviés à débattre.

Carney est-il « fragile et faible » en raison de son refus de participer au débat de TVA ? Non. Il sera des deux débats du consortium. Est-ce qu’il « se fout des Québécois » pour la même raison ? Non plus. Les deux débats auxquels il participera se tiendront à Montréal, Québec.


Dans mon cahier de planification

On a parfois tendance à les mettre de côté, mais les émotions sont des actrices clés de l’apprentissage, surtout chez nos jeunes en pleine croissance. Après de belles années passées sur le terrain, j’ai pu constater à quel point la joie et la curiosité peuvent transformer une leçon ordinaire en une véritable aventure intellectuelle. Quand un élève est engagé émotionnellement, son cerveau est plus alerte, plus réceptif, et l’acquisition de nouvelles connaissances se fait de manière beaucoup plus naturelle et durable. À l’inverse, le stress ou l’anxiété peuvent créer des blocages importants, rendant l’apprentissage plus difficile et moins agréable. Un environnement scolaire où l’on se sent en confiance et valorisé est donc essentiel pour favoriser des émotions positives, véritables moteurs de la réussite. Développer son intelligence émotionnelle, c’est-à-dire apprendre à identifier et à gérer ses propres émotions tout en comprenant celles des autres, devient alors une compétence fondamentale qui dépasse largement les murs de la classe.

Intégrer la dimension émotionnelle dans l’enseignement, ce n’est pas juste une question de bien-être, c’est une stratégie d’apprentissage efficace. Proposer des activités variées, encourager l’expression des sentiments et aider les élèves à développer des stratégies d’adaptation émotionnelle contribuent à créer un lien plus profond avec ce qu’ils apprennent. Il faut savoir que nos émotions ont un impact direct sur le fonctionnement de notre cerveau, activant les zones liées à la mémoire et à l’attention. Grâce à la plasticité cérébrale, cette incroyable capacité de notre cerveau à se façonner en fonction de nos expériences, un environnement émotionnellement favorable stimule des connexions neuronales plus fortes et un apprentissage plus profond. En fin de compte, prendre en compte les émotions à l’école, ce n’est pas une option, mais une nécessité pour former des jeunes équilibrés, motivés et prêts à relever les défis de demain.


Dans le cours de musique

Le talentueux duo formé de Catherine Major et Jean-François Moran nous livre enfin leur premier album collaboratif, Bunker à ciel ouvert. Loin d’être un simple projet de couple, cet opus est une véritable immersion dans leur univers intime et créatif. Les mélodies riches et les arrangements soignés de Catherine Major se marient à la perfection aux textes poétiques et profonds de Moran, son complice de longue date et père de ses enfants. Chaque chanson est une fenêtre ouverte sur leur vision du monde. Voici La coda, la pièce d’ouverture de l’album.

Catherine Major et Jean-François Moran – La coda – Bunker à ciel ouvert – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans la ville pittoresque de Nara, au Japon, un professeur d’art nommé Hirotaka Hamasaki a trouvé une manière unique et inspirante de captiver ses élèves. En utilisant les feuilles mortes aux teintes vives de l’automne, il crée des œuvres d’art représentant des personnages bien-aimés de la culture populaire, tels que Pikachu ou Winnie l’Ourson. Cette initiative artistique non seulement éveille l’intérêt des élèves pour l’art, mais transforme également la salle de classe en un espace de créativité et de collaboration. Les élèves participent activement en suggérant les personnages qu’ils souhaitent voir prendre vie, rendant le processus encore plus amusant et engageant.

Grâce à cette approche innovante, Hirotaka Hamasaki a réussi à créer un environnement d’apprentissage dynamique où l’imagination et l’art se rencontrent. Ses créations, qui apportent une touche de fantaisie et de magie à l’école, ont non seulement gagné l’admiration de ses élèves, mais ont également attiré l’attention de la communauté locale. En intégrant l’art dans le quotidien scolaire de manière aussi ludique et interactive, ce professeur talentueux a su faire de chaque jour une nouvelle aventure artistique, laissant une empreinte durable dans le cœur de ses élèves.

Pour découvrir ses œuvres, visitez son profil Instagram : @hamacream.


Billet du 3 février 2024 : Barrette avait raison

Le 23 novembre dernier, au tout premier jour de la grève générale illimitée des enseignantes et enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Gaétan Barrette a déclaré, sur les ondes de l’émission La Joute, à TVA, que le conflit se règlerait « avec du cash», en ce sens où une hausse salariale acceptable ramènerait le personnel enseignant en classe 1. Ma réaction fut immédiate : pas cette fois. Les troupes sont trop mobilisées et déterminées à aller jusqu’au bout pour améliorer les conditions de travail abominables dans lesquelles nous baignons depuis des années, me disais-je.

J’ai été naïf.

La hausse salariale nous assure le maintien de notre pouvoir d’achat pour les cinq prochaines années. C’est considérable quand on estime qu’une forte majorité de contribuables québécois n’obtiendront pas ce privilège. Toutefois, le reste de l’entente assure également le maintien de la dégradation de nos conditions et ne contribuera aucunement à ralentir la saignée du personnel scolaire. Tout ce qui, sur papier, peut ressembler à une avancée dans cette entente est assorti de conditions tellement hors du réalisme que la concrétisation s’avérera au mieux improbable, voire impossible.

Et ça, tout le monde dans le milieu de l’éducation en est conscient. Il reste que l’appât du revenu annuel dans les six chiffres a relégué le reste au second plan pour une majorité. Une courte majorité, mais une majorité tout de même. Pour moi, Jean-Frédéric Martin, c’est presque avantageux lorsque j’observe la situation avec un regard strictement égocentrique. J’écoulerai les trois années qui restent à ma carrière en collectant une augmentation rétroactive d’un an, ce qui bonifiera considérablement mon fonds de retraite. Mais je suis inquiet et très préoccupé pour mes jeunes collègues et pour l’avenir de ma profession.

Gaétan Barrette avait raison : c’est avec du cash que ça s’est réglé. Nous avons fait cinq semaines de grève pour ça.

1 Grève des enseignants: «Ça va se finir avec le « cash »». TVA, Montréal. Le 23 novembre 2023.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

J’aurais bien sûr souhaité une issue différente. Je suis convaincu qu’une nouvelle ronde de négociations consécutive à un rejet de l’entente de principe aurait débouché rapidement sur davantage de gains. Cependant, la démocratie ne me décevra jamais.

Mais justement, après avoir lu et entendu tant de choses sur le sujet, le processus de consultation des instances de la FAE était-il démocratique ? Ma réponse est claire, oui.

Ce processus démocratique peut-il être amélioré ? Encore une fois, oui.

Patrick Lagacé a visé juste dans une de ses chroniques de la semaine dernière 2, les assemblées syndicales et les assemblées étudiantes possèdent plusieurs éléments communs qui se montrent complètement dépassés en 2024. Parmi ces éléments, on trouve le fait d’étirer les rencontres pour lester les personnes moins motivées et conserver en salle uniquement celles qui sont « crinquées » (selon l’expression de Lagacé).

Lors de notre rencontre locale, une enseignante a demandé que la période de votation soit prolongée afin de permettre à un maximum de collègues d’exprimer leur choix. On n’a même pas pu en faire une proposition parce que, semble-t-il, la logistique et la technologie ne permettaient pas de donner suite à ce souhait de l’enseignante. Le syndicat de la Haute-Yamaska (SEHY), dernière instance de la FAE à se prononcer, a pourtant pu le faire cette semaine.

Le processus de consultation que j’aimerais voir s’appliquer est le suivant :

  1. Inscription sur une liste de membres habilités à voter;
  2. Dépôt des documents et vidéo explicative sur un site intranet;
  3. Ouverture d’un forum de questions et réponses, actif jusqu’au moment du vote;
  4. Période de votation en ligne d’une durée de 24 à 36 heures, au plus tard une semaine après le début du processus;
  5. Ce processus serait identique et simultané pour toutes les instances.

Sur ce dernier point, la FAE et les mouvements syndicaux en général ont été beaucoup critiqués. On semble mal admettre que certaines instances puissent voter tout en connaissant les résultats de celles s’étant exprimées avant elles. Les élections fédérales canadiennes constituent pourtant un précédent très similaire, en ce sens où jusqu’à un passé plutôt récent, les électrices et électeurs de la Colombie-Britannique et de l’Ouest canadien pouvaient se rendre aux urnes en connaissant les premiers résultats dans les Maritimes, le Québec et l’Ontario.

Je réitère néanmoins que malgré les améliorations souhaitées, le mode de consultation se voulait démocratique. Je suis à même de constater que les résultats finaux, tant pour mon syndicat local que pour l’ensemble de la profession, reflètent ce que je perçois sur le terrain.

2 Lagacé, Patrick. La démocratie syndicalezzzzzzzzz. La Presse, Montréal. Le 26 janvier 2024.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté, 2e période

Jeudi soir, une amie m’a fait parvenir les dates des épreuves du ministère en français et en mathématiques. Ces dates venaient d’être publiées sur le site du ministère de l’Éducation. Ces épreuves ont généralement lieu entre la fin-mai et la mi-juin. Cette année, en raison de la grève, on a d’abord annoncé le report aux deux dernières semaines de l’année scolaire, jusqu’à l’avant-dernière journée du calendrier.

J’ai relayé l’information par télémessage à mes collègues de 6e année. S’en est suivi un cocasse échange de jurons sur nos écrans de cellulaires. Une seule journée pour la correction de cinq ou six volumineux examens, élèves n’ayant plus la tête ni le coeur à l’école, parents devançant les vacances estivales familiales pour épargner sur les billets d’avion, chaleurs insupportables dans des bâtiments non climatisés, etc. Sur les réseaux sociaux, on a de plus évoqué les sorties de fin d’année réservées, ainsi que les stages d’insertion déjà prévus.

Il a fallu moins de 24 heures pour que le ministère ne ramène ses dates à une plage plus raisonnable. Messieurs et mesdames les fonctionnaires du ministère de l’Éducation n’avaient pas vu tout ça, selon ce qui a été rapporté à La Presse. 3

Comme bien d’autres choses, messieurs et mesdames du ministère, comme bien d’autres choses.

3 Pilon-Larose, Hugo. Québec se ravise face à la grogne. La Presse, Montréal. Le 2 février 2024.


Dans le cours de musique

Je vais vous raconter une façon singulière de découvrir un artiste. Sur Facebook, dimanche, j’ai vu passer une publication commanditée qui m’a intrigué. Un jeune artiste offrait gratuitement, à qui en voulait bien, une cassette de son album. Oui, une cassette. Un virement de 5$ pour couvrir les frais postaux et je recevais, quelques jours plus tard, l’objet autographié, accompagné d’un code de téléchargement.

Cet artiste a pour nom Olivier Pépin, mais s’affiche sous celui de JALOUSE. Il compose par ordinateur, y mêlant quelques instruments. Le résultat donne un son très français, aux accents québécois. Le coup de marketing est réussi, j’ai fait une belle découverte musicale !

De l’album Nature morte, voici la pièce Caniche en laisse.

JALOUSE – Caniche en laisse – Nature morte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il est toujours agréable de voir quelqu’un vaincre la maladie. Cette semaine marquait le retour de Sophie Thibault à l’animation du bulletin de nouvelles de 18 heures, à TVA. Ayant combattu un cancer de la peau, madame Thibault peut maintenant reprendre ses activités.


Billet du 24 novembre 2023 : Journal de grève, 1re semaine

Depuis que j’ai démarré ce blogue, en février 2020, on peut y lire mes billets hebdomadaires, mes journaux de vacances d’été et mes journaux de vacances des Fêtes. Voici mon premier journal de grève.

Contrairement à mes journaux de vacances, dont je connais d’avance le nombre et les dates de publication, j’ignore complètement à quel moment je cesserai la publication de mes journaux de grève pour reprendre mes billets périodiques, ce débrayage dans lequel nous sommes entrés se réclamant général et illimité.

Allons-y donc une semaine à la fois !


À la manifestation
(Clin d’œil aux Cowboys Fringants)

Combien étions-nous à Montréal, hier, 23 novembre ? Au moment où j’écris ces lignes, j’attends toujours qu’un média s’avance sur les chiffres. Les images diffusées impressionnent, cependant.

La mobilisation est grande. En vingt-huit ans d’enseignement, j’ai vécu quelques journées de grève, bien réparties à travers les années. Chaque fois, même si une majorité de membres du syndicat votaient pour l’arrêt de travail, plusieurs choisissaient l’option inverse. Cet automne, sur une proposition de grève générale illimitée, c’est avec une quasi-unanimité que les 12 syndicats affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont voté en faveur.

Hier, le premier ministre a offert de bonifier l’offre salariale aux enseignants, à condition que nous démontrions plus de flexibilité dans les conventions collectives. Par plus de flexibilité, il entend de ramener à la convention nationale un des éléments les plus importants des conventions locales, soit les affectations dans les écoles. Ceci dans le but d’éviter des situations comme lors des dernières rentrées scolaires, alors que plusieurs centaines de postes d’enseignants n’étaient pas pourvus. Le gouvernement imposerait alors de tenir les affectations en mai ou en juin, plutôt qu’en août.

Le problème est que les affectations se tiennent déjà en mai. Si les centres de services scolaire ont été obligés d’en instaurer une autre en août, de moindre envergure, c’est parce que cette dernière est rendue nécessaire à la suite de changements survenus en été, notamment par des ouvertures de classes faisant suite à des déménagements ou des révisions de zones de desserte. Oui, il est vrai que des enseignantes ou enseignants permanents peuvent damer le pion à des collègues à statut précaire lors de l’affectation d’août, ce qu’ont dénoncé Gaétan Barrette et Marc-André Leclerc lors de l’émission La Joute, à TVA1. Toutefois, je précise ici que, n’en déplaise aux panélistes de La Joute, qui hier ont erré dans plusieurs de leurs propos, l’ancienneté demeure le seul élément pouvant permettre aux titulaires d’améliorer leurs conditions en choisissant un milieu de travail qui leur convient. Contrairement à d’autres corps d’emplois, il est impossible en enseignement de négocier un meilleur salaire ou d’autres avantages avec son employeur.

Autre problème, l’offre salariale n’est qu’un des éléments de nos revendications. Et j’oserais ajouter que cet élément se voudrait négligeable, n’eût été la hausse astronomique du taux d’inflation, depuis la signature de notre dernière convention. L’élément le plus important de nos demandes concerne l’allégement de la tâche et l’aide professionnelle. Là-dessus, la ministre Sonia LeBel s’est montrée directe en affirmant que même si elle disposait des ressources financières nécessaires, le manque de main-d’œuvre l’empêcherait de donner suite à un potentiel engagement en ce sens. Nous en sommes conscients. Mais peut-on commencer dès maintenant à établir une structure qui, à plus long terme, ira dans cette direction ? Nous nous trouvons actuellement dans ce bourbier parce que les différents gouvernements qui se sont succédé ont fait la sourde oreille quand les premiers signaux d’alarme, et tous les suivants, ont été lancés. En toute chose, laisser aller un problème par souci d’économie résulte généralement en investissements majeurs dans des rénovations. C’est là où nous en sommes.

Enfin, pour tous les Mario Dumont de ce monde qui stipulent qu’une réponse favorable à nos demandes coûterait des milliards de dollars, je réplique qu’il en coûtera des dizaines de milliards avant longtemps si on n’agit pas maintenant. Nous en sommes aujourd’hui à plus de 40 % des nouveaux enseignants qui décrochent du milieu dans les cinq premières années de leur carrière, alors qu’un nombre de plus en plus grandissant de vétérans quittent également l’enseignement pour préserver leur santé physique ou mentale. Ajoutons que les facultés de l’éducation des universités québécoises se vident de plus en plus chaque année, quand 50 % des étudiants abandonnent après la première année et que 50 % de ceux qui restent abandonnent à leur tour après la deuxième 2. Si les investissements nécessaires ne sont pas effectués dès maintenant pour rendre la profession attrayante, on se dirige à toute vitesse vers un mur de béton.

Et je cite :

« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ».

Abraham Lincoln

C’est l’avenir du réseau de l’éducation au Québec qui se joue actuellement. Rien de moins.

1 La Joute, TVA. Grève des enseignants: «Ça va se finir avec le « cash »». Le 23 novembre 2023.

2 Chartrand, Suzanne-G. Comprendre les causes de la pénurie d’enseignants. Le Devoir, Montréal. Le 13 novembre 2021.


Dans mes écouteurs

Le sentier de neige n’est pas la chanson du temps des Fêtes qui a le plus marqué la discographie québécoise, mais elle a très bien vieilli. D’abord interprétée par les Classels au milieu des années 1960, elle a été reprise dans plusieurs versions, toutes enregistrées au cours des quelques dernières années.

La dernière en lice est celle de Klô Pelgag. C’est elle que je vous propose cette semaine, en #musiquebleue.

Klô Pelgag – Le sentier de neige – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Vous aimez Foresta Lumina et Montréal en histoire ? Moi aussi !

Si certains investissements annoncés par le gouvernement du Québec peuvent paraître douteux, je considère que celui de 34 millions $ dans l’industrie numérique constitue une excellente nouvelle. Il s’agit d’un domaine en pleine expansion pour lequel le Québec possède toutes les chances de développer son expertise et de devenir un leader mondial.

Billet du 6 mars 2020 : Des partisans (ou des supporters) qui montrent des signes d’impatience

Dans le cours de français

Voici une publication de Raymond Filion, journaliste à TVA, parue sur Twitter, lundi :

#LeProfCorrige

Ici, mis à part une virgule qui aurait dû se trouver après la fermeture des guillemets, plutôt qu’avant, il n’y a pas de faute. Malheureusement, aurais-je envie d’ajouter. Parce que le mot supporters, employé ici par Monsieur Filion, est un anglicisme accepté dans la plupart des ouvrages de référence sur la langue française, même si plusieurs autres mots auraient pu être utilisés en lieu et place.

Ainsi, on aurait pu lire partisans, sympathisants, militants ou même supporteurs. Le mot supporteur, bien que calqué sur supporter, possède au moins le mérite d’avoir été francisé dans son orthographe.

Dans le cours de mathématiques

C’est de statistiques dont il sera question dans cette rubrique. Parce que plus tôt cette semaine, le directeur général du Canadien de Montréal, Marc Bergevin, a suscité des commentaires mitigés chez ses partisans en confirmant les retours de Claude Julien et de Trevor Timmins, la saison prochaine, en plus d’affirmer que Carey Price et Shea Weber étaient avec l’équipe pour y rester.

Contrairement à d’autres, je vois la chose plutôt positivement, malgré une interrogation.

Voici ce que j’en pense. D’abord, Marc Bergevin doit rester. Il s’est doté d’un plan avec un échéancier de cinq ans, et il n’en est qu’au milieu. L’organisation, Geoff Molson en tête, a approuvé ce plan. La moindre des choses serait de laisser toutes les chances à Bergevin de le mener à terme.

Ensuite, Claude Julien. On peut le critiquer, lui reprocher certaines décisions et même le trouver responsable de quelques-unes des défaites de l’équipe. La question qu’il faut se poser est la suivante : compte tenu de l’alignement dont il dispose, un autre entraîneur aurait-il fait mieux que lui ? En toute honnêteté, il faut répondre par la négative. Pas mieux de façon significative, en tout cas. Je suis donc d’avis que Julien doit demeurer en poste.

En Price et Weber, le Canadien trouve ses piliers, ses leaders, ses repères. S’il faut de jeunes guerriers dans une formation, il faut aussi une stabilité et des vétérans fiables. Bergevin doit donc trouver le moyen de les garder à Montréal, mais aussi de s’assurer de les garder heureux.

Mon interrogation, vous l’aurez deviné, concerne Trevor Timmins, le directeur du recrutement de l’équipe. Voici quelques statistiques en lien avec son travail.

Timmins a été embauché durant la saison 2002-2003. Sa première cuvée fut donc celle du repêchage de juin 2003. Depuis cette séance de repêchage, le Club de hockey Canadien et Trevor Timmins ont repêché 127 joueurs. De ce nombre, 47 ont joué au moins un match dans la LNH, pour une proportion de 37%. Un peu plus d’un joueur sur trois, c’est quand même très bien, quand on le regarde sous cet angle.

Cependant, si je ne considère que ceux qui ont joué 240 matchs et plus dans la LNH, soit l’équivalent de trois saisons ou plus, ce nombre de joueurs passe de 47 à 21.

Et c’est là que ça devient très inquiétant, parce que sur ces 21 joueurs qui ont joué 240 matchs et plus dans la LNH, 17 ont été repêchés lors des cinq premières séances de Timmins, de 2003 à 2007, alors qu’entre 2008 et 2019, soit en douze séances, sa récolte de joueurs ayant su s’implanter à long terme dans le circuit Bettman n’est que de quatre. Ce sont Brendan Gallagher, Nathan Beaulieu (maintenant avec Winnipeg), Alex Galchenyuk (maintenant avec Minnesota) et Artturi Lehkonen.

Il est pratiquement acquis que Mikhaïl Sergachev (maintenant avec Tampa Bay) et Victor Mete rejoindront ce groupe sous peu. Du reste, Ryan Poehling, Cale Fleury et Jesperi Kotkaniemi présentent d’excellentes chances d’y parvenir. Il demeure selon moi trop tôt pour évaluer les probabilités de Cayden Primeau, Jesse Ylönen, Cole Caufield et les autres joueurs réclamés lors des trois derniers repêchages.

Certains diront que c’est l’organisation du Canadien qui n’a pas su développer ses joueurs convenablement. Je n’endosse cette affirmation qu’en partie. Elle ne peut, à elle seule, expliquer d’aussi maigres statistiques.

À moins d’en refiler quelques-uns via des transactions, le Canadien disposera de 14 choix lors du prochain repêchage. C’est autant d’occasions pour Trevor Timmins de frapper un grand coup. Et surtout, d’améliorer ses statistiques.

Dans le cours de musique

Pur bonheur pour mes oreilles et pour mes yeux, dimanche dernier, alors que j’ai assisté au concert de la compositrice Alexandra Stréliski, dans le cadre de sa tournée Inscape. Déjà conquis par son immense talent, ses trois Félix remportés au dernier gala de l’ADISQ en illustrent une consécration, j’ai été séduit par sa sensibilité, son humour, ainsi que par la créativité de l’ensemble de son équipe de tournée.

Vous hésitiez à vous rendre assister à un de ses spectacles ? Offrez-vous ce plaisir, gâtez-vous. Son calendrier de tournée l’amènera dans plusieurs régions du Québec, au cours des prochains mois.

La bonne nouvelle de cette semaine

Mon choix s’arrête sur ce chauffeur d’autobus qui, spontanément, a interrompu son travail pour faire plaisir à une petite fille qui s’apprêtait à monter dans son véhicule. Alors que la fillette venait de lui indiquer que sa chanson préférée était Shake It Off, de Taylor Swift, voyez comment le conducteur a réagi :

Il en faut souvent peu pour rendre quelqu’un heureux. Cet homme l’a bien compris !

Billet du 28 février 2020 : Le français d’Emmanuelle Latraverse

Dans le cours de français

Emmanuelle Latraverse, journaliste à TVA/LCN, est à mon avis une professionnelle de l’information hors pair. Elle sait analyser, apporter un éclairage nouveau, trouver et présenter la nouvelle. La seule chose que je puisse lui reprocher, c’est de ne pas se relire avant de publier. Il est donc fréquent de trouver des erreurs de français dans ses publications.

Ayant découvert ceci il y a déjà quelque temps, j’ai songé à me rendre explorer son compte Twitter, afin de trouver des phrases à faire corriger par mes élèves de 6e année, dans le cadre d’une activité en classe. La manne s’est avérée plutôt abondante. Pour la période allant du 18 au 21 février, j’ai retenu pas moins de cinq publications, que mes élèves ont analysées.

Si pour certaines d’entre elles on constate des erreurs orthographiques ou grammaticales évidentes, d’autres affichent plutôt des coquilles, qu’un langage plus populaire qualifie de fautes de frappe. Quoi qu’il en soit, une relecture avant publication aurait certainement pu permettre à Madame Latraverse d’identifier les erreurs et de les corriger. C’est là un des messages que j’ai transmis à mes élèves.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire « des chefs héréditaires », plutôt que « de chefs héréditaires ». Mais surtout, on aurait dû lire « l’injustice subie », plutôt que « l’injustice subies ». Le participe passé s’accorde avec injustice, qui est féminin singulier et non féminin pluriel.

Pour les quatre autres, un clic sur le mot Ici vous mènera directement à la publication concernée, sur le compte Twitter d’Emmanuelle Latraverse.

Ici, on aurait dû lire « pour rencontrer les Mohawks », plutôt que « pour rencontre les Mohwks ».

Ici, on aurait dû lire « se rendra à Smithers », plutôt que « ne rendra à Smithers ».

Ici, on aurait dû lire « Il y en a qui ont une haute opinion d’eux-mêmes. », avec un trait d’union, un s à la fin d’eux-mêmes et un point final, plutôt que « Il y en a qui ont une haute opinion d’eux même ….. », avec cinq points qui ne constituent pas un signe de ponctuation.

Finalement, ici, on aurait dû lire « du climat explosif », plutôt que « d climat explosif ».

Dans le cours d’art dramatique

Comme plusieurs, je suis demeuré perplexe, cette semaine, quand j’ai appris que suite à la plainte d’un parent, une enseignante d’art dramatique d’une école de Montréal avait retiré la chanson Les 100 000 façons de tuer un homme, de Félix Leclerc, d’un projet qu’elle travaillait avec ses élèves. Sous forme de satire, le texte de cette chanson conclut que la meilleure manière de détruire un être humain est d’en faire un chômeur. C’est là, semble-t-il, que le parent en question a accroché.

Bien que j’aurais moi-même agi différemment, j’estime que l’enseignante a pris une bonne décision. Dans un contexte où on doit réagir à une plainte, particulièrement dans le milieu de l’éducation, le fait de choisir ses combats et d’éviter les vagues peut constituer une très sage décision. Mais je trouve dommage que l’on rate une si belle occasion de promouvoir un des plus grands poètes québécois.

À partir du moment où les mots conviennent, chaque phrase peut révéler un sens que même un élève d’âge primaire peut comprendre, si on prend le temps de lui expliquer ou, encore mieux, de le lui faire découvrir. Cette nouvelle m’a rappelé une histoire similaire, survenue il y a une dizaine d’années, quand un enseignant ou une enseignante avait revu les paroles de L’Hymne à l’amour, d’Édith Piaf, en y remplaçant la finale « Dieu réunit ceux qui s’aiment », afin de rendre la chanson politiquement correcte face à toutes les croyances. Ceci avait également soulevé tout un tollé dans la population.

Je me souviens que j’avais alors fait écouter la chanson à mes élèves, dans sa version originale, comme amorce d’une discussion sur la nouvelle. Bien sûr, j’en avais aussi profité pour expliquer qui était Édith Piaf.

Et si je faisais la même chose avec Les 100 000 façons de tuer un homme ?

Dans le cours d’univers social (ou quand Andrew Scheer lève son verre à la Pat’Patrouille)

Le premier ministre du Québec, François Legault, a aussi réagi à la nouvelle mentionnée plus haut. Il déplorait la décision de retirer cette chanson de Félix Leclerc. Mais une autre personnalité politique, dans un autre dossier, s’est également portée à la défense d’un élément culturel s’adressant aux enfants, cette semaine.

En effet, Andrew Scheer, chef du Parti conservateur du Canada, a sévèrement critiqué la CBC, lui reprochant d’avoir cité un professeur d’université qui s’interrogeait sur un aspect qui, selon lui, faisait l’éloge du capitalisme dans l’émission Pat’Patrouille.

Loin de moi l’idée de m’exprimer sur qui a tort et qui a raison dans ce dossier. Mais je dois admettre que j’ai souri quand j’ai vu Monsieur Scheer lever son verre à la Pat’Patrouille, à la fin de son laïus.

Lien vers la défense de la Pat’Patrouille et du capitalisme, par Andrew Scheer.

La nouvelle heureuse de cette semaine

À partir d’aujourd’hui, j’inclurai une bonne nouvelle dans mon billet hebdomadaire. La tentation était forte de revenir avec l’histoire de David Ayres, ce conducteur de surfaceuse qui a connu son heure de gloire, samedi dernier, en relevant les deux gardiens de but blessés des Hurricanes de la Caroline et en remportant le match face aux Maple Leafs, à Toronto. Mais tout a déjà été mentionné sur ce sujet.

J’aborderai plutôt une statistique intéressante qui donne un côté agréable et positif, ne serait-ce que pour l’économie, à une importante accumulation de neige. La National Ski Area Association a en effet rendu son rapport annuel, la semaine dernière. Selon ce qu’on y découvre, la saison 2018-2019 se classe au 4e rang des 40 dernières années au niveau de l’affluence dans les stations de ski, en Amérique du Nord. Pas moins de 59 343 000 skieuses et skieurs ont ainsi pu pratiquer leur sport favori, l’hiver dernier.

Et j’en suis ! Certaines stations québécoises sont d’ailleurs demeurées ouvertes jusqu’à la Fête des mères, en mai de l’an dernier. L’importante chute de ce jeudi permettra certainement à la saison actuelle de prendre une sérieuse option sur le haut de ce classement, dans le prochain rapport annuel.

Mais il y a quand même quelque chose que je trouve fantastique dans l’histoire de David Ayres. Cet homme s’est levé, samedi matin, et a vécu sa journée comme il vivait toutes les autres, sans se douter que la soirée lui réservait un événement qui ferait en sorte que toute l’Amérique du Nord allait le connaître, avantageusement, dès le lendemain !

Bonne relâche !

Être enseignant, c’est aussi parfois accompagner ses élèves à différentes sorties. Ainsi, le 13 février dernier, nous avons profité d’une magnifique journée d’hiver pour aller prendre l’air dans une station de glisse des Laurentides. Certains élèves ont déjà mentionné qu’ils allaient profiter de la semaine de relâche scolaire pour y retourner, cette fois en famille.

Allez ! C’est le temps d’une pause. À bientôt.