Billet du 20 octobre 2023 : Bien se prendre en main

Une sortie culturelle nous a emmenés dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, cette semaine, ma conjointe et moi. Le bistro où nous avions l’habitude d’aller nous restaurer avant le théâtre étant réservé pour un groupe privé, nous nous sommes déplacés quelques centaines de mètres plus à l’est et avons découvert Agrigourmet.

Cela fera bientôt quatre ans que je rédige ici mes billets hebdomadaires et je crois n’avoir jamais fait la publicité d’un commerce ou d’un autre genre d’entreprise. Il y a un début à tout.

Les repas qui y sont servis sont frais et délicieux. Tout est préparé sur place à partir de produits cultivés ou élevés ici. L’entreprise est écoresponsable.

Ayant presque toujours œuvré au sein d’organismes communautaires, le propriétaire a fondé Agrigourmet en 2011 afin d’aider son père, nouvellement veuf, à bien se nourrir. Si l’endroit dispose de quelques tables pour consommation sur place, c’est surtout avec les produits vendus au comptoir ou livrés à domicile que le gros du chiffre d’affaires est réalisé. La clientèle principale est constituée d’aînés en légère perte d’autonomie.

Ce fut pour nous une magnifique et succulente découverte !


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Une grande partie de ma vie a été consacrée à la promotion de la langue française. C’est une des raisons pour lesquelles je suis devenu enseignant, en plus de m’inspirer la conception de ce blogue.

D’un autre côté, j’accepte bien l’idée de revoir le financement des universités, si c’est pour améliorer leur situation tout en évitant le surendettement étudiant.

Par contre, quand il s’agit de revoir le financement des universités en doublant les droits d’accès aux étudiants non francophones de l’extérieur du Québec et en prétextant la protection de la langue française pour le faire1, alors là, je décroche. Le problème est bien réel, mais la solution du gouvernement Legault est mauvaise.

De plus en plus, le Québec est vu comme un leader mondial dans plusieurs technologies. On peut penser aux différentes énergies propres et au multimédia, pour ne mentionner que celles-là. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, peut-on se permettre de lever le nez sur d’excellentes candidatures à former ici pour développer ces domaines ? Poser la question, c’est y répondre. Bien sûr, certains de ces talents ne feront que passer et retourneront à la maison, leur diplôme d’une université québécoise en poche. Dois-je rappeler qu’une multitude de gens d’ici ont emprunté le chemin inverse et détiennent des grades acquis à l’étranger ?

À travers le monde, le Québec est perçu comme une société ouverte et sa métropole, comme une ville internationale et un pôle universitaire d’importance. Une mesure aussi conservatrice et discriminatoire envers des jeunes ne peut que nuire à cette réputation.

Si le gouvernement veut protéger et promouvoir la langue française, il peut d’abord commencer par s’assurer que les règles déjà existantes sont appliquées. La loi prévoit que le français doit constituer la langue de travail pour les entreprises de plus de 25 employés, et la langue de service partout sur le territoire. Un étudiant étranger désirant s’établir en permanence ici ne devrait avoir d’autre choix que de s’y soumettre sur son éventuel lieu de travail.

Quant à la population québécoise, nous avons également un énorme examen de conscience à effectuer. Insistons-nous toujours pour recevoir des services en français dans nos commerces et industries ? Et quand je lis que sur une période de onze semaines, en 2021, la musique d’ici a représenté moins de 9 % des 4,6 milliards de chansons écoutées au Québec sur des plateformes comme Spotify et Apple Music2, je me dis que nous sommes sans doute les plus grands responsables du déclin de notre langue.

1 Labbé, Jérôme. Québec haussera les tarifs pour les étudiants universitaires non résidents. Radio-Canada. Le 13 octobre 2023.

2 Côté, Émilie. Moins de 10 % de la musique écoutée est québécoise. LaPresse.ca. Le 23 juin 2022.


Dans le cours de français

Il est de ces expressions qui requièrent une orthographe dont on doute chaque fois qu’on doit l’utiliser. Dans un courriel que j’ai dû envoyer, jeudi, j’ai énoncé prendre en main. Dans cette expression, main doit-il s’écrire au singulier ou au pluriel ? Prendre en main ou prendre en mains ?

Une vérification dans ma bible, le site de l’Office québécois de la langue française, m’a confirmé que les deux orthographes sont acceptées. Il en est de même avec à pleine(s) main(s), en main(s) propre(s) et changer de main(s).


Dans le cours de musique

Bassiste et artiste du jazz fusion, Carl Mayotte a présenté son troisième album, Carnaval, cette semaine. Avec Sylvain Luc à la guitare, voici la pièce Le Saltimbanque.

Carl Mayotte – Le Saltimbanque – Carnaval – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Rares sont les artistes qui ont pris le temps de m’écrire pour me remercier d’avoir diffusé une de leurs pièces en #musiquebleue, dans un de mes billets. Parmi ceux qui l’ont fait, il y a Emmanuel Travis.

Son album Dopamine, dont j’avais inclus un extrait dans mon billet du 28 avril dernier, se retrouve en nomination dans la catégorie Album ou EP soul/R&B au GAMIQ (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec), qui aura lieu le 27 novembre prochain. La catégorie R&B est présentée pour la première fois à ce gala. Emmanuel en sera-t-il le premier gagnant ? On le lui souhaite !


Billet du 4 février 2022 : Des clins d’œil et des camions

Il y a longtemps que l’actualité n’avait pas été aussi généreuse que cette semaine. Même si la pandémie demeurait en trame de fond d’à peu près toutes les nouvelles, ça faisait changement de voir la santé publique et les hôpitaux être relégués au second plan. La liste de sujets à commenter est longue. Alors, ne perdons pas de temps.

Clin d’œil d’univers social

Il y a un an et demi, Erin O’Toole suggérait, dans une vidéo devenue virale, que le bureau de Justin Trudeau soit déménagé dans une toilette chimique installée près du parlement.

Voir la vidéo

Où se trouve le bureau de monsieur O’Toole, depuis mercredi soir ?


Dans le cours de musique

Suivant Neil Young et Joni Mitchell, Gilles Vigneault a lui aussi demandé à la plateforme Spotify de cesser de diffuser sa musique. Les trois artistes réagissent ainsi afin de protester devant la diffusion du balado de Joe Rogan, qui propage à grande échelle de la désinformation concernant les mesures sanitaires. Les demandes ont été déposées il y a plusieurs jours, déjà. Au moment où j’écris ces lignes, leurs titres demeurent disponibles pour écoute sur Spotify. Est-ce une partie de bras de fer qui s’annonce ?


Clin d’œil de mathématiques

À propos de Joe Rogan, il a mentionné en ondes, la semaine dernière, que plus de 50 000 camions convergeaient vers Ottawa. Selon les chiffres de la police de la capitale canadienne, il faudrait diviser ce nombre par 25.


Clin d’œil d’éthique et culture religieuse

La cause des camionneurs mérite d’être entendue. Qu’on soit d’accord ou non, la parité qu’ils demandent avec le personnel de la santé, en ce qui concerne la non-obligation vaccinale, se justifie aisément. Les dérapages et les changements de revendications, d’ailleurs dénoncés par les instigateurs de la manifestation, viennent plutôt de groupes de droite qui ont infiltré le convoi. Ces derniers, en outre, ont profané la Tombe du Soldat inconnu (vidéo), la statue de Terry Fox (article) et ont intimidé les bénévoles d’une soupe populaire d’Ottawa, jusqu’à obtenir des repas gratuits qui n’ont ainsi pas pu être distribués aux gens démunis à qui ils étaient destinés.

Si vous désirez aider financièrement l’organisme qui gère la soupe populaire, vous pouvez le faire en suivant ce lien.


Clin d’œil de français

Les camions klaxonnent toute la journée, à Ottawa. Aux dires du député Alexis Brunelle-Duceppe, ils dérangent les travailleurs de nuit.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire travailleurs de nuit, avec nuit au singulier, plutôt que travailleurs de nuits. Il faut sous-entendre les travailleurs de la nuit.

De plus, l’Office québécois de la langue française réclame qu’on inscrive 7 h 08 (7 h 8 est également accepté par certaines références), avec un espace avant et après le h mis pour heures, et non 7:08.


Autre clin d’œil d’univers social

N’en déplaise aux anti-monarchistes, une reine règne sur le Canada, partie de son empire, et c’est Élisabeth II. Mais voilà qu’une autre « reine du Canada », celle-là autoproclamée, commence à occuper l’espace public. Une illuminée ? Peut-être. N’empêche que Romana Didulo, une conspirationniste liée à QAnon, bénéficiait de l’écoute de plus de 70 000 adeptes sur ses réseaux sociaux, en novembre dernier. Elle les avait alors sommés de tuer toute personne ayant vacciné des enfants. La GRC l’avait par la suite interpellée.

Jeudi après-midi, elle s’est présentée, entourée de gardes du corps, à la manifestation des camionneurs, à Ottawa. Encouragée par une foule nombreuse, elle y a brûlé un drapeau canadien. J’ai hâte de voir à laquelle des deux reines l’armée canadienne obéira si jamais elle était appelée en renfort dans ce conflit. J’ai ma petite idée, mais bon.

Voir la « reine Romana » arrivant sur les lieux de la manifestation

La « reine Romana » s’adressant aux manifestants


Dans le cours de musique, deuxième période

Nous restons dans les accents du Sud, cette semaine, même si la pièce se veut typiquement montréalaise. Le quintette Clay and Friends se définit comme « des amis qui font de la musique qui fait du bien ». Il n’est donc pas étonnant que les producteurs de la téléréalité Occupation double aient requis les services d’un des membres du groupe, Mike Clay, pour leur composer Côte à côte, une référence au Coast to Coast canadien.

À peine avais-je démarré la chanson, que mon épouse se pointait dans mon bureau en dansant ! La voici donc (la chanson, pas mon épouse !) en #musiquebleue.

Mike Clay – Côte à côte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Je furetais dans une librairie, il y a une vingtaine d’années, quand j’ai découvert une nouveauté : Paul a un travail d’été, le deuxième tome de la série des Paul, du Montréalais Michel Rabagliati. Je suis rapidement devenu un inconditionnel. Plusieurs bandes dessinées et romans graphiques garnissent une étagère de ma bibliothèque, mais seulement deux collections y apparaissent en œuvres complètes, Tintin et Paul.

La semaine dernière, les éditions de La Pastèque ont annoncé que l’auteur Michel Rabagliati avait été fait chevalier de l’Ordre des arts et des lettres de France. Si cet honneur constitue un des nombreux fruits du travail du bédéiste québécois, c’est sur toute une population qu’en rejaillit la fierté.

Cette distinction vise « à récompenser les personnes qui se sont distinguées par leurs créations dans le domaine artistique ou littéraire ».


Billet du 28 janvier 2022 : Le monde et les temps changent

The Times They Are A-Changin’, chante Bob Dylan. Ce même Dylan qui, cette semaine, a annoncé la vente de tout son catalogue musical au géant Sony. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, mais il comprend également les œuvres futures de l’artiste de 80 ans. Il semble que la cession des droits constitue la nouvelle façon de rentabiliser sa musique pour un compositeur, en cette ère où les plateformes d’écoute en continu ont pratiquement éliminé les enregistrements sur CD ou disque vinyle, rené de ses cendres.

Avant Dylan, plusieurs autres grands de la musique avaient fait de même. Parmi eux, le Canadien Neil Young, qui a également fait les manchettes, cette semaine. Membre de l’équipe Warner, Young a obtenu de la multinationale qu’elle retire toutes ses chansons de la plateforme Spotify. Artiste engagé, l’auteur de Harvest Moon ne supportait pas que l’entreprise suédoise diffuse le balado de Joe Rogan, reconnu pour ses positions controversées contre la vaccination, ainsi que la désinformation qu’il véhicule à travers ses émissions.

La décision du tandem Young-Warner fait mal à Spotify, qui se trouve prise entre marteau et enclume, le balado de Rogan trônant au sommet des écoutes. D’un autre côté, toutes les œuvres de l’auteur-compositeur-interprète, incluant son dernier album, sorti il y a à peine un mois, continueront d’être disponibles sur les plateformes concurrentes. Est-ce à dire que les artistes semblent en voie de regagner le rapport de force qu’ils ont perdu avec l’avènement de l’écoute en continu ? Je n’irais pas jusque là, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Mais une brèche est maintenant ouverte et il fait bon de constater que les colonnes du temple peuvent être ébranlées.

Décidément, le monde et les temps changent.


Dans le cours de français

Pour désigner le féminin d’auteur, doit-on utiliser auteure ou autrice ?

En 2019, la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française (OQLF) publiait un article pertinent sur le sujet. D’entrée de jeu, je mentionne que les deux formes du féminin, auteure et autrice, sont acceptées. L’OQLF recommande d’utiliser celle privilégiée par la personne intéressée, lorsqu’il faut s’adresser à elle ou la nommer.

Un élément de l’article a suscité mon intérêt. Malgré le fait que la majorité des mots en _teur forment leur féminin en _trice, j’avais toujours pensé qu’auteure faisait partie des exceptions et que l’utilisation d’autrice était relativement nouvelle. J’étais dans l’erreur. En fait, la forme autrice était tellement ancienne qu’elle a fini par se perdre dans l’usage, la France préférant voir auteur désigner autant une femme qu’un homme. Ce n’est que dans les années 1970 et 1980 que l’OQLF a suggéré la forme féminisée auteure, qui s’est ensuite frayé un chemin dans toute la francophonie. Depuis une dizaine d’années, l’utilisation du mot autrice a connu un regain de popularité, sans jamais avoir disparu des ouvrages de référence.

Personnellement, je préfère la consonance du mot auteure. Toutefois, suivant la recommandation de l’OQLF, je n’hésite pas à utiliser autrice (je l’ai même déjà fait dans un de mes billets !) pour en désigner une en particulier qui veut être appelée comme telle.

Lire l’article de l’OQLF sur le sujet


Dans le cours de sciences et technologie

Quelqu’un doute-t-il encore du réchauffement de la planète et des changements climatiques ? Malheureusement, oui. Et les froids tels que ceux que nous avons connus cette semaine ont l’heur de conforter ces personnes dans leurs pensées.

Cependant, alors que le Québec gelait et que le froid empêchait mes élèves de vivre leurs récréations à l’extérieur, alors que la Grèce et la Turquie se confinaient en raison d’une improbable tempête de neige dans cette région du globe, les pays de l’hémisphère Sud cuisaient sous une chaleur torride.

Durant plusieurs jours, cette semaine, le mercure a oscillé entre 40 °C et 51 °C dans différentes régions de l’Australie. Même situation en Amérique du Sud, des records de chaleur ayant été battus en Argentine, au Brésil, en Uruguay et au Paraguay.

Officiellement, le point de non-retour n’est pas atteint. La grande question : accepterions-nous, en tant qu’êtres humains, des changements importants à notre mode de vie de façon à contrer la hausse des températures ? Après 22 mois de mesures sanitaires, la lassitude et la résignation nous guident vers une acceptation de la cohabitation avec le coronavirus. Je suis donc d’avis qu’en ce qui concerne l’environnement, nous chercherons plutôt à nous adapter aux conséquences des bouleversements.

En fin de compte, la série Le Dôme s’avérera peut-être un utile mode d’emploi !


Dans le cours de musique

Cette fois-ci est la bonne ! Dans mon billet de la semaine dernière, j’indiquais que le décès de Karim Ouellet me forçait à reporter, pour la troisième fois en quelques mois, la chanson que j’avais prévue pour cette rubrique #musiquebleue hebdomadaire. Voici donc, enfin, À deux c’est bien, à deux c’est triste, que je souhaite depuis longtemps faire rayonner sur cette page.

Si mon intérêt pour une chanson se portait sur son rythme et sa mélodie dans mon plus jeune temps, ses paroles arrivent en tête de liste aujourd’hui. L’auteure de cette pièce y présente sans contredit, comme dans ses autres œuvres, ses talents de poétesse. Âgée de 34 ans, on l’appelle Bagaï quand elle s’illustre sur scène. Dans son bureau de l’Université Laval, où elle effectue des recherches en nutrition, c’est plutôt Anne-Sophie Bourlaud. En 2020, lors du Festival international de la chanson de Granby (FICG), elle a obtenu le prix Coup de plume de la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ).

Elle a lancé un premier opus, À l’endroit où dorment les hyènes, en octobre dernier. Sorti six mois auparavant, À deux c’est bien, à deux c’est triste a été réalisé avec la collaboration de Charles St-Amour, alias Sintamour. Bossa-nova mélancolique et cuivrée, aux accents francophones, le résultat se montre très accrocheur.

Bagaï et Saintamour – À deux c’est bien, à deux c’est triste – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Loin de moi l’intention de publiciser quelle qu’entreprise que ce soit, mais j’aimerais saluer l’initiative de la boulangerie-pâtisserie La Petite Bretonne, qui a lancé la gamme de produits Bloopers, contribuant ainsi à la réduction du gaspillage alimentaire.

Exportant dans plusieurs pays, l’entreprise québécoise récupérera les aliments endommagés ou déformés de sa chaîne de production et les emballera avec l’appellation « Produit moche », d’où l’origine du nom Bloopers. Ils seront ensuite distribués et vendus dans des magasins économiques.

Mon souhait est de voir une multitude de marques alimentaires suivre l’exemple de La Petite Bretonne et ainsi valoriser leurs produits moins appétissants, mais tout aussi délicieux. À réduire le gaspillage, tout le monde y trouve son compte.