Billet du 26 mai 2023 : Un positionnement historique récent

L’éventuelle hausse de salaire de la députation québécoise continue de faire couler beaucoup d’encre. Après la maladresse du ministre de l’Éducation dont je faisais état sur cette page la semaine dernière, voilà que certains partis d’opposition ont, au cours des derniers jours, exprimé leur propre point de vue sur le sujet.

Québec solidaire s’est prononcé contre la hausse salariale des députés, mais devant la forte majorité gouvernementale, de qui découle le projet de loi, on a déposé un amendement visant à retarder cette action de trois ans. Du côté du Parti québécois, la position est plus compliquée et m’incite à apporter un important bémol.

  1. Le caucus du PQ partage la majeure partie des conclusions du rapport du comité visant à revoir le salaire des députés, appuyant ainsi les hausses salariales, mais désapprouve la façon dont le gouvernement de la CAQ a dirigé le dossier, notamment dans le cadre des actuelles négociations avec les employés du secteur public;
  2. Il votera conséquemment en faveur de la résolution de QS qui vise à repousser la hausse en 2026;
  3. Si l’augmentation de 30% des salaires des députés prenait effet au cours des prochaines semaines, les trois députés du PQ limiteraient leur propre augmentation à la moyenne de ce qu’obtiendraient les employées et employés de l’État lors du renouvellement des conventions collectives et verseraient le reste à des organismes caritatifs.

D’abord, je salue les positions de ces deux formations politiques, notamment celle du PQ qui se dit solidaire des travailleuses et travailleurs du secteur public. Cependant, le libellé de la déclaration de son chef m’incite à le contredire sur un point important.

Et je cite :

« Ainsi, en conformité avec le positionnement historique de notre formation politique et pour se montrer solidaires avec les travailleurs du secteur public, si le projet de loi est adopté tel quel, nous allons LIMITER la hausse de nos salaires à la moyenne de ce qu’obtiendront les travailleurs du secteur public, les infirmières et les profs. »

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, le 25 mai 2023.

Le « positionnement historique » du Parti québécois est-il vraiment solidaire des travailleurs du secteur public ? Dans l’histoire contemporaine du Québec, l’action la plus sordide portée contre les employées et employés de l’État fut celle de leur imposer, par décret, un an avant l’expiration des conventions collectives alors en vigueur, une coupe salariale permanente de 20 %. Et ce geste émanait d’un gouvernement du Parti québécois, en 1982.

Une baisse de revenus de 20 %, en pleine récession économique, c’est très difficile à assumer. Ce sont 320 000 personnes, de même que leurs familles, qui avaient alors fait les frais du refus du gouvernement de l’époque de hausser les impôts ou d’augmenter le déficit.

Ces 320 000 travailleurs sont maintenant retraités ou décédés. Plusieurs d’entre eux ont toutefois été mes collègues, quand j’étais en début de carrière. L’amertume demeurait bien palpable, au point où certains avaient fait le serment, malgré les nombreux changements de garde, de ne plus jamais voter pour le PQ. Et dans au moins un cas, quelqu’un à qui je parle encore aujourd’hui, cet engagement demeure, 41 ans plus tard.

Pour le dossier dont il est question depuis les derniers jours, je crois en la sincérité des trois élus péquistes. Mais dans le contexte, il faut éviter d’abuser d’un certain vocabulaire. Leur positionnement historique réfère sans doute à une histoire plutôt récente.


Dans le cours d’art dramatique

Cette semaine, pour la première fois, j’ai entendu parler de Maurice Tillet. Né en Russie de parents français, il est décédé à Chicago, en 1954, à l’âge de 51 ans. S’il a connu des heures de gloire de son vivant, il a peu à peu sombré dans l’oubli après sa mort. Il a en quelque sorte refait surface au début du 21e siècle, quand les créateurs d’un célèbre personnage animé se sont inspirés de son physique.

Atteint d’acromégalie, une maladie qui attaque l’hypophyse, Tillet était doté de mains et de pieds aux tailles disproportionnées, ainsi que d’un visage légèrement déformé. Restreint dans les moyens de gagner sa vie, il a mis ses attributs à profit en devenant lutteur professionnel. Ceci l’a dirigé vers les plus grandes villes d’Amérique du Nord, dont Montréal, où il a été sacré champion du monde chez les poids lourds.

Quel personnage a-t-il inspiré ? La réponse viendra avant le cours de musique. En guise d’indices, je laisse quelques photos ici. Plusieurs d’entre vous devineront !

Sources des photos : historydefined.net, Reddit et The Post and Courier.


Dans le cours de mathématiques

Voici quelques chiffres.

Au cours de l’année scolaire 2020-2021, 26 743 personnes enseignaient dans les écoles québécoises sans être légalement qualifiées pour le faire1. Ce nombre représente environ 25 % de tout le personnel enseignant. Une personne sur quatre. Ce sont les statistiques les plus récentes, mais si je me fie à ce que je constate sur le terrain, je demeure persuadé que la tendance à la hausse s’est poursuivie et que la proportion est maintenant plus élevée. Alors qu’il faut quatre années d’études au baccalauréat pour obtenir un brevet, un fort pourcentage d’individus en retire à peu près tous les bénéfices sans l’avoir obtenu.

Parallèlement à la pénurie de personnel enseignant, le Québec doit aussi composer avec un manque de juges dans les tribunaux2. Songerait-on à embaucher n’importe quel bachelier, à lui donner une formation accélérée de 30 heures avant de lui permettre d’entendre des causes et de rendre un verdict, le tout dans les mêmes conditions salariales que les collègues ayant été nommés après un processus rigoureux ?

Poser la question, c’est y répondre. Il y a des domaines, l’enseignement en est un, où les décisions incongrues s’acceptent plus facilement. C’est triste et dangereux.

1 Lecavalier, Charles. Le quart des enseignants non légalement qualifiés en 2020-2021. La Presse. Le 25 mai 2023.

2 Leblanc, Daniel. La Cour supérieure dépend de « miracles » au quotidien pour gérer la pénurie de juges. ici.radio-canada.ca. Le 10 mai 2023.


Dans le cours d’éducation physique

Il y a longtemps que je n’ai pas écrit sur la Ligue nationale de hockey (LNH) dans mes billets hebdomadaires. En cette année où la LNH se dotera d’une nouvelle super vedette, Connor Bedard, le Canadien de Montréal, jusqu’à il y a quelques semaines, semblait bien positionné pour repêcher un excellent joueur, en vertu d’un choix de premier tour obtenu des Panthers de la Floride dans la transaction qui avait envoyé le défenseur Ben Chiarot sous le soleil. Dans la LNH, moins on a de succès lors d’une saison, meilleur est le choix lors de la séance de repêchage qui suit.

Les Panthers sont passés très près de ne pas participer aux séries éliminatoires, ce qui aurait assuré le Tricolore d’un des 16 premiers choix. Mais voilà que, entrés dans les séries par la porte de derrière, l’équipe floridienne a remporté ses trois premières rondes et se retrouve maintenant en finale de la Coupe Stanley ! Au mieux, Montréal repêchera au 31e rang avec la sélection des Panthers. Mais les chances de voir ces derniers remporter le précieux trophée sont excellentes, ce qui conférerait le 32e et dernier tour au CH, lors de la première ronde de l’encan amateur.

Qui aurait parié là-dessus ? À peu près personne.


Dans le cours d’art dramatique, deuxième période

Bien que Dreamworks ne l’ait jamais confirmé officiellement, de nombreuses voix dans le milieu cinématographique affirment que les traits physiques de Shrek auraient été calqués sur ceux de Maurice Tillet. Mythe ou réalité ? Tirons nos propres conclusions !


Dans le cours de musique

Artiste innu originaire de Maliotenam, Shauit chante en quatre langues et compose dans plusieurs styles. Son dernier album, Natukun, sorti en avril, poursuit dans la même veine. Malgré son titre autochtone, la chanson Kanishte est écrite et interprétée en français.

C’est son vidéoclip que je vous propose, cette semaine. Toutefois, il ne sera disponible que vers 9 heures, le vendredi 26 mai. J’invite donc les plus matinaux d’entre vous à revenir le visionner. 😊

Shauit – Kanishte – Natukun – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Cette semaine, j’opte pour la diffusion d’une beauté de la vie, en guise de bonne nouvelle. Notre univers est vraiment magnifique.


Billet du 25 février 2022 : Un espace bombardé, une espace sur papier

Les cours d’univers social que je donnerai à mes élèves dans les prochaines semaines risquent de prendre une tangente différente de celle prescrite par le programme. La Russie qui envahit l’Ukraine marque un important tournant dans l’histoire, comme lorsque l’Allemagne avait pris la Pologne, en 1939. On sait ce qui a suivi.

Si la communauté internationale condamne massivement les attaques russes, plusieurs gros joueurs sur l’échiquier mondial ont préféré s’abstenir. C’est le cas notamment de la Chine, de l’Iran, de l’Inde et du Brésil. Une des origines du conflit est la demande d’obtention d’un siège pour l’Ukraine à l’OTAN. Si ce privilège lui avait été accordé, tous les pays membres auraient eu l’obligation de la défendre contre toute attaque d’un autre pays. Il est probable que Vladimir Poutine ait misé sur le fait que l’absence de cette représentation fournirait une excuse parfaite pour rester chez eux aux états frileux de s’en prendre à lui.

Après les premières salves russes, le Canada a annoncé que 120 soldats de la base militaire de Valcartier allaient être déployés en Lettonie, pays voisin de l’Ukraine, se joignant ainsi aux centaines d’autres membres des Forces armées canadiennes déjà présents dans la région.


Et je cite :

« Prendre le parti de Poutine, de quelque manière que ce soit, c’est prendre le parti d’un ennemi de la paix. »

Dan Rather, journaliste et animateur à la retraite, le 24 février 2022.

Dans le cours de français

Le mot espace est-il masculin ou féminin ? Prenez le temps d’y penser.

Dans un précédent billet, j’expliquais que les mots amour, délice et orgue devaient être accordés au masculin lorsqu’employés au singulier, mais au féminin quand ils prennent le nombre pluriel.

Voir mon billet du 28 août 2020.

Il existe certains mots dont le genre varie selon le contexte. Ainsi, orge sera féminin, sauf lorsqu’il est question d’orge perlé, qui prendra alors le genre masculin. L’hymne national d’un pays est masculin, mais l’hymne que l’on chante à Dieu est accepté dans les deux genres. Oeuvre est généralement féminin, mais il faut le voir au masculin dans un contexte d’art, d’architecture ou d’alchimie. Quant au mot espace, la plupart des dictionnaires lui confèrent un genre masculin dans tous les contextes, sauf en typographie. Ainsi, entre deux mots, sur un texte imprimé, on trouvera une espace.

Il existe aussi une multitude d’autres mots qui portent les deux genres. Nous les aborderons la semaine prochaine.


Dans le cours d’éducation physique

Je me réjouis en constatant l’excellent travail effectué par Samuel Montembeault, avec le Canadien de Montréal. J’ai eu l’occasion de le rencontrer et de l’interviewer à plusieurs reprises lors de ses années passées dans le hockey junior, toutes avec l’Armada de Blainville-Boisbriand. Il se distinguait comme l’un des meilleurs gardiens de but de la LHJMQ et en tant que personne fort sympathique.

Repêché par les Panthers de la Floride en 2015, il n’a jamais vraiment réussi à s’imposer avec l’équipe. Le Canadien l’a réclamé au ballotage l’automne dernier, suite à l’annonce du retrait de la compétition de Carey Price. La blessure de Jake Allen l’a ensuite établi comme gardien numéro un pour la saison. Malgré les déboires du club montréalais, Montembeault a su conserver d’excellentes statistiques devant son filet, remportant la Coupe Molson pour le mois de janvier.

Mercredi soir, il a obtenu son premier blanchissage en carrière, bloquant les 32 tirs des Sabres de Buffalo dans une victoire de 4-0 du CH. Avec ses performances de la saison, Samuel vient probablement d’assurer son avenir dans la LNH. Si le Canadien ne retient pas ses services au terme de la présente campagne, je demeure persuadé qu’une autre formation lui ouvrira la porte.

Plusieurs gardiens du Canadien ont obtenu des jeux blancs, au cours des précédentes saisons. À quand remonte la dernière fois qu’un portier québécois en avait réussi un dans l’uniforme tricolore ? Réponse après la bonne nouvelle de la semaine.


Dans le cours de musique

Une collaboration entre Corneille et Les Louanges peut paraître improbable, mais loin de sembler inintéressante. Dans Crash, pièce de l’album du même titre, Vincent Roberge, alias Les Louanges, nous offre ce plaisir. La voici en #musiquebleue.

Les Louanges (avec Corneille) – Crash – Crash – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

C’est plus qu’un cliché, c’est une réalité : il faut croire en ses rêves. Et la persévérance est la noblesse de l’obstination. Pierre Normandin s’est fixé un objectif et a tout mis en œuvre, sans découragement, pour l’atteindre. Aujourd’hui, il y a du fleurdelysé dans les blocs LEGO.

Enfant, Pierre Normandin s’amusait ferme avec ce jouet, sans se douter que sa créativité le mènerait un jour jusqu’à cette entreprise. Géographe de formation, c’est dans ce domaine, à l’emploi de plusieurs instances municipales, qu’il a œuvré la majeure partie de sa carrière. À la fin des années 1990, alors qu’Internet se trouvait en plein essor, il a joint quelques groupes d’adeptes du LEGO, en plus d’en fonder un pour le Québec.

Entre 2004 et 2008, Normandin a frappé trois fois à la porte de l’entreprise située au Danemark. Il y a rencontré des dizaines de cadres, à qui il a présenté son portfolio. Invité à créer une structure de son choix à partir d’un bac de blocs, le Québécois a ainsi reçu une convocation pour une entrevue formelle, au bout de laquelle on lui a offert l’emploi de ses rêves. Embauché comme concepteur débutant, il a acquis huit ans plus tard, le titre de concepteur sénior.

Établi à Billund, au Danemark, depuis 2008, Pierre Normandin vit maintenant de sa passion d’enfance.

Accéder à la page Linkedin de Pierre Normandin.


Mercredi soir dernier, Samuel Montembeault est devenu le premier gardien de but québécois en 17 ans à obtenir un blanchissage dans l’uniforme du Canadien de Montréal. Le précédent avait été réussi en 2005, par Yann Danis.