Billet du 6 juin 2025 : Quand l’amygdale tweete plus vite que la raison

Depuis les derniers jours, Elon Musk et Donald Trump s’affrontent publiquement dans une querelle aussi bruyante qu’absurde. Menaces, accusations, chantage politique : les réseaux sociaux se régalent. Mais si on prenait un pas de recul, non pas politique, mais neuroscientifique, que nous diraient les spécialistes du cerveau humain sur cette joute d’ego ?

Quand un adulte puissant réagit avec impulsivité, menace ceux qui le contredisent ou lance des rumeurs pour se venger, ce n’est pas seulement un style. Pour plusieurs experts du développement humain, c’est souvent le signe que certaines structures du cerveau fonctionnent en mode archaïque, comme chez l’enfant.

Le docteur Daniel Goleman, spécialiste de l’intelligence émotionnelle, parle de « détournement amygdalien ». En gros : quand une émotion forte est déclenchée (humiliation, peur de perdre le contrôle), le cerveau rationnel se déconnecte. C’est alors l’amygdale, une vieille structure liée aux réactions de survie, qui prend le volant. Est-ce qu’on peut imaginer Trump ou Musk dans ce genre d’état lorsqu’ils publient leurs tweets les plus explosifs ? On serait tenté de le croire.

Le cortex préfrontal, lui, est censé tempérer tout ça. C’est lui qui nous aide à réfléchir, à prévoir les conséquences de nos actes, à freiner nos impulsions. Chez certains, cette partie du cerveau agit comme un bon conseiller. Chez d’autres, elle est parfois débordée par les émotions. Et c’est là que ça dérape. Le psychiatre Daniel Siegel rappelle qu’on peut être adulte biologiquement, sans l’être émotionnellement. Réagir comme un adolescent frustré à la moindre critique, ce n’est pas une preuve de puissance : c’est un signe d’un cerveau qui n’a pas fini de se réguler.

Des chercheurs comme Catherine Gueguen ou Gordon Neufeld insistent : la manière dont on a été aimé, écouté et sécurisé dans l’enfance joue un rôle clé dans la maturité émotionnelle adulte. Quand cette base est fragile, on peut passer sa vie à chercher à prouver sa valeur, à contrôler les autres ou à fuir la moindre remise en question. Et si, derrière les milliards de Musk et le pouvoir de Trump, il y avait simplement deux enfants blessés, mal équipés pour gérer le désaccord et l’impuissance ?

Ce que nous montrent ces deux hommes, c’est une forme d’immaturité déguisée en leadership. Ils ont beau être célèbres, riches et influents, leurs réactions ressemblent parfois plus à une bataille de cour de récréation qu’à un débat d’hommes d’État.

La bonne nouvelle, c’est que le cerveau conserve sa plasticité toute la vie. La mauvaise, c’est que ni Twitter ni Truth Social ne sont reconnus comme milieux favorables à son développement.


Pratiquer l’histoire

Dans un épisode récent de la série Le dessous des images, diffusée sur ARTE, la journaliste Sonia Devillers s’attaque à ce qui pourrait sembler être une lubie bureaucratique : la suppression massive d’archives photo par l’administration Trump. Mais derrière ce nettoyage numérique, on parle de plus de 100 000 images visées, se cache une entreprise bien plus inquiétante : l’effacement systématique de contenus liés à la diversité, à l’équité et à l’inclusion. C’est ainsi que des photographies de femmes militaires, de soldats afro-américains ou même du mythique bombardier Enola Gay (dont le nom contient malencontreusement le mot « gay ») se retrouvent à disparaître des bases de données publiques.

Ce n’est pas un simple excès de zèle. C’est une stratégie. En éliminant les traces visuelles d’une armée plus représentative, plus inclusive, Trump tente de restaurer un récit rétrograde : celui d’une Amérique militaire blanche, masculine, unifiée et mythifiée. Ce récit n’a jamais existé, mais il fonctionne à merveille dans un programme politique nostalgique. Pas besoin de réécrire l’histoire quand on peut simplement la purger.

On pourrait croire à une mauvaise blague algorithmique. Ce serait oublier que l’histoire est aussi un champ de bataille. Et que, dans ce champ, les archives sont des munitions. Staline effaçait ses ennemis des photos. Trump efface des décennies d’évolution sociale des serveurs fédéraux. Même combat. Et même nécessité de rester, plus que jamais, aux aguets.

C’est ici que les institutions éducatives, les musées, les journalistes, ainsi que nous tous, entrons en scène. Car si un gouvernement peut effacer des images, il ne peut pas effacer toutes les mémoires. Encore faut-il les entretenir, les transmettre, les confronter. Le danger ne réside pas seulement dans ce qui disparaît, mais dans ce que nous cessons de chercher, de nommer, de raconter. L’histoire, comme la démocratie, exige qu’on la pratique. Et parfois, qu’on la défende activement contre l’oubli organisé. Dans cette lutte pour la mémoire, l’intelligence collective reste notre meilleure arme : une conscience partagée, tissée d’expériences, de débats et de vigilance. L’intelligence artificielle, elle, peut nous épauler, à condition qu’elle soit au service de cette mémoire commune, et non d’un pouvoir qui cherche à la formater. Sinon, elle ne sera pas un outil de savoir, mais un complice de l’oubli.

ARTE. Donald Trump purge les archives pour réécrire l’Histoire. Le dessous des images, 3 mai 2025. [Vidéo en ligne]


Dans mes écouteurs

Originaire de Montréal, DanyJo s’impose comme une figure montante de la scène francophone avec son nouvel EP Trop d’histoires, lancé le 5 juin au Quai des Brumes. Après avoir exploré des sonorités pop et chanson dans L’antre nos deux oreilles (2023), il revient avec un projet résolument rock, teinté d’une poésie viscérale et attachante. Ce mini-album de six titres offre une immersion dans un univers musical riche et personnel.

Parmi les morceaux, Bob Dylan XII se distingue par son hommage subtil au légendaire auteur-compositeur américain. Avec des arrangements épurés et des paroles empreintes de réflexion, cette chanson reflète l’influence de Dylan sur DanyJo, tout en affirmant sa propre voix artistique. C’est une pièce qui incarne parfaitement l’essence du microalbum : une fusion entre tradition et modernité, portée par une sincérité désarmante. La voici.

DanyJo – Bob Dylan XII – Trop d’histoires – #musiquebleue

Les bonnes nouvelles de cette semaine

Il arrive que la reconnaissance vienne d’un peu plus loin que prévu. L’écrivain et journaliste Michel Jean a été fait chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française, un honneur rarement accordé à un Québécois, et encore plus exceptionnel pour un membre des Premiers Peuples. La distinction salue l’ensemble de son œuvre littéraire, ancrée dans la mémoire innue, ainsi que son engagement pour une représentation plus juste et humaine des Autochtones dans l’espace médiatique. Une reconnaissance internationale aussi touchante que significative.

Pendant ce temps, sur un tout autre terrain, Luguentz Dort et Bennedict Mathurin font eux aussi rayonner le Québec, cette fois sur la scène de la NBA. Leurs équipes respectives, le Thunder d’Oklahoma City et les Pacers de l’Indiana, s’affronteront en finale du championnat. C’est une première : deux joueurs québécois dans deux équipes finalistes au basketball. Pour un sport encore marginal il n’y a pas si longtemps au Québec, c’est un signe fort de progression, et un rappel que le talent d’ici peut atteindre les plus hauts sommets.

Deux bonnes nouvelles, donc, qui nous rappellent qu’il est possible de se rendre loin sans renier d’où l’on vient. Que ce soit en maniant la plume ou le ballon, ces parcours inspirants tracent des trajectoires lumineuses et donnent envie, l’espace d’un instant, de croire que l’élan d’un peuple peut se jouer sur tous les terrains.


Billet du 25 mars 2022 : M’enfin !

M’enfin quoi ? M’enfin, quoi ! M’enfin qui peut exprimer la surprise de ne voir qu’une seule fois les mots COVID et Ukraine dans mon billet d’aujourd’hui (c’est fait !). Une mention unique pour signifier qu’il n’en sera pas question autrement. Une semaine de pause pour passer à autre chose, pour commenter, surtout, de beaux événements qui trouvent éclipse derrière les drames qui monopolisent l’espace médiatique des derniers jours.

Parmi ces nouvelles, notons celle qui nous apprend que l’industrie de la vente du livre a connu un essor incroyable au cours de la dernière année. Après une hausse de 2,5 % en 2020, c’est un bond vertigineux de 16,3 % qui a été annoncé pour 2021. Les auteurs Michel Jean et Élise Gravel se sont notamment distingués respectivement dans les catégories littérature et littérature jeunesse.

Le titre Un café avec Marie, du regretté Serge Bouchard, aurait largement contribué à l’augmentation des chiffres de vente des essais, dont la hausse en 2021 atteint les 90 %. Autre bond remarquable, celui de 85 % de la littérature spirituelle, ésotérique et religieuse. Hausse de même ampleur du côté de la bande dessinée, tonifiée par la popularité des mangas, mais également par le battage publicitaire autour du Festival d’Angoulême. Et la BD québécoise qui tire son épingle du jeu mieux que jamais.

Tellement bien, en fait, que les bédéistes d’ici sont maintenant reconnus à travers la planète. Des exemples ? Relisez ma bonne nouvelle de la semaine dernière et voyez celle de cette semaine.

M’enfin !


Dans le cours de français

J’ai toujours pensé que le mot grapefruit ne constituait que l’appellation anglaise d’un pamplemousse. Peut-être serez-vous autant que moi étonnés d’apprendre que ce nom est accepté en français. On peut l’écrire de deux façons, soit grapefruit ou grape-fruit, et on le prononce [gʀɛpfʀut] (grèp-froutt).

Il désigne un pomélo, autre nom d’un agrume issu du croisement d’un oranger et avec un pamplemoussier. Eh bien !


Dans le cours de musique

Le 2 juillet 2021, je vous présentais en #musiquebleue une pièce d’Ariane Roy, dont le parcours musical demeure pour le moins singulier. Elle a suivi sa passion, qui l’amène lentement mais sûrement vers les sommets.

Lire mon billet du 2 juillet 2021.

Il y a quelques semaines, Ariane nous arrivait avec du nouveau matériel, groupé sous le titre medium plaisir. De cet album, je vous propose la pièce Ce n’est pas de la chance.

Ariane Roy – Ce n’est pas de la chance – medium plaisir – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Pour un deuxième billet consécutif, ma bonne nouvelle de la semaine réfère au Festival de la bande dessinée d’Angoulême. Lors de la dernière édition, la maison Dupuis a publié un communiqué de presse pour le moins intéressant. Gaston Lagaffe revivra et son auteur sera Québécois.

Le dernier tome du célèbre baba cool a été publié en décembre 1996, quelques semaines avant le décès de son créateur, André Franquin, le 5 janvier 1997. Vingt-six ans plus tard, c’est sous la plume du Sherbrookois Marc Delafontaine, dit Delaf, que Gaston sévira de nouveau. Son retour s’effectuera d’abord dans l’édition du 6 avril prochain du Journal Spirou, puis dans un seizième album dont la sortie est prévue pour le 19 octobre 2022.

Le répertoire des jurons québécois étant bien garni, j’ai hâte de constater si le célèbre « ROGNTUDJUU ! » de Prunelle, le patron de Gaston, prendra une couleur bien de chez nous !

Lire le communiqué des Éditions Dupuis.


Billet du 21 janvier 2022 : Nom de nom !

Parmi les candidats en lice pour le poste de directeur général du Canadien de Montréal, aucun n’obtenait ma préférence plus qu’un autre. Je considère que l’organisation est suffisamment compétente pour choisir celui ou celle (le nom de Danièle Sauvageau a été mentionné) à qui on fera confiance pour une dizaine d’années. C’est pourquoi je suis d’avis que Kent Hughes mérite qu’on lui laisse sa chance.

Ceci étant mentionné, la nature des réactions suscitées par sa nomination me déçoit énormément. J’illustre ici celles, parmi d’autres, de l’écrivain Michel Jean et de la chroniqueuse Lise Ravary :

Kent Hughes est un Québécois, né à Montréal, où il a grandi. Il y a joué son hockey mineur jusque dans les rangs Midget. Bien que sa langue première soit l’anglais, il parle couramment le français. Dois-je rappeler qu’à ce poste, avant lui, il y avait eu Bob Gainey, Irving Grundman et Sam Pollock ? Deux de ces trois ex-directeurs généraux ont permis à l’équipe de remporter des Coupes Stanley. L’autre l’a fait en tant que joueur et est Ontarien d’origine. Les trois étaient des anglophones bilingues et jamais personne ne le leur a reproché. Scotty Bowman, dont le français est la deuxième langue, est natif de Verdun. Son profil ressemble beaucoup à celui de Hughes. Il fut une époque où plusieurs auraient aimé le revoir dans l’organisation du Tricolore. Probablement que ce serait encore le cas s’il n’était pas âgé de 88 ans.

J’en déduis que le problème de Kent Hughes, aux yeux de plusieurs, est son nom. Hughes, ce n’est pas Darche ou Brière. Ni Roy. Je vous rappelle que le président d’Air Canada se nomme Rousseau, qu’il est né et a vécu la majeure partie de sa vie à Montréal, et qu’il ne parle pas un traître mot de français. Si on reste dans le domaine du hockey, Patrick Marleau, des Penguins de Pittsburgh, est un anglophone unilingue, malgré le fait que lui-même, ses deux parents (Denis et Jeanette), son frère (Richard) et sa sœur (Denise) portent tous des noms à consonance francophone. René Bourque, un ancien joueur du CH, ne parle qu’en anglais, comme Ronald Duguay, l’ex-attaquant des Rangers de New York.

Au prochain repêchage, je demeure persuadé que Hughes ne se présentera pas au microphone en mentionnant que le Canadien de Montréal est fier de «sélecter» tel joueur, contrairement à ce qu’a fait son prédécesseur francophone. Pour l’instant, je me range derrière les observateurs qui prétendent que l’équipe a fait un bon choix en le nommant. Lorsqu’il quittera ses fonctions, son bilan viendra le confirmer ou l’infirmer.


Le baseball majeur a annoncé la mort du projet de garde partagée, entre Montréal et la Floride, des Rays de Tampa Bay. Personne, à part peut-être quelqu’un qui aspirait à un emploi avec la formation, n’est plus déçu que moi de voir s’envoler le rêve d’accueillir de nouveau une équipe de la MLB à Montréal. Toutefois, sans dire qu’il fallait s’y attendre, il ne faut pas non plus s’en étonner. L’idée était peut-être trop novatrice pour ce milieu si conservateur.

Ce qui m’a étonné, en revanche, c’est la réaction du porte-parole du Groupe Baseball Montréal

Et je cite :

« On croyait tellement à ce plan, qu’on n’a pas de plan B. »

Stephen Bronfman, homme d’affaires montréalais, le 20 janvier 2022.

Si des gens d’affaires aussi aguerris n’ont pas prévu de plan B, c’est peut-être parce qu’ils ne sont pas les personnes de la situation pour mener à bien ce projet de retour. À moins qu’ils ne cachent leurs intentions et que le plan B soit une équipe à temps plein à Montréal. L’optimiste et amateur de baseball en moi a bien envie d’y croire !


Dans le cours de français

Les verbes du 1er groupe comprennent tous ceux se terminant en _er à l’infinitif, à l’exception du verbe aller. Au présent du mode impératif, on conjugue à partir du tableau des terminaisons suivant :

Source : Alloprof

Le verbe défier, qui est un verbe du 1er groupe, se conjugue défie, défions, défiez, à l’impératif. Voici ce que la compagnie de jeux Hasbro en a fait, tant sur son site Internet que sur son application mobile :

Source : Hasbro

#LeProfCorrige

Ici, en vertu de la règle expliquée plus haut, on aurait dû lire Défie la compétition!, plutôt que Défi la compétition!


Dans le cours de musique

Comme plusieurs, l’annonce du décès de Karim Ouellet, cette semaine, m’a surpris et secoué. Il y a longtemps que je songeais à en faire un sujet de ma #musiquebleue hebdomadaire, mais ses dernières sorties musicales datant de plus de cinq ans, j’attendais l’arrivée imminente d’un nouvel album. J’espère qu’un posthume nous surprendra un jour.

Je vous présente donc ma chanson favorite de son répertoire. Il s’agit de Karim et le loup, de son album Trente, sorti en octobre 2016. Ironiquement, la pièce que j’avais prévue initialement pour ce billet s’en trouve repoussée pour une troisième fois depuis le printemps dernier.

Karim Ouellet – Karim et le loup – Trente – #musiquebleue

En supplément, je vous offre le lien vers la reprise de la chanson Si fragile, de Luc De Larochellière, par Karim Ouellet. Chanson de circonstance.

Voir et entendre Si fragile, par Karim Ouellet, dans le cadre de l’émission Pop de jam.


La bonne nouvelle de cette semaine

Quelques heures avant l’annonce gouvernementale indiquant que le système hospitalier québécois s’apprêtait à « donner des soins B plutôt que A+ », le quotidien La Presse publiait un reportage présentant le projet-pilote COVID à domicile de l’Hôpital général juif de Montréal. L’institution n’offre ni plus ni moins que des soins à distance, la technologie reliant une équipe médicale complète à un patient confortablement installé dans sa résidence.

Selon le projet, de l’équipement médical est prêté au patient. Ce matériel communique en temps réel ses signes vitaux et plusieurs autres données au centre hospitalier. De là, l’équipe soignante peut elle-même ajuster les appareils ou joindre le malade, par téléphone ou par visioconférence. Un protocole de retour rapide à l’hôpital est également établi, au cas où il s’avérerait nécessaire.

Avec des résultats concluants, la mise en place permanente de ce service permettrait à l’Hôpital général juif de soigner chez eux une cinquantaine de patients atteints de la COVID, ce qui lui libérerait autant de lits et éviterait un délestage important.

Lire le reportage de La Presse


Billet du 10 septembre 2021 : Les feux qui brûlent

Où étiez-vous le 11 septembre 2001 ?

Comme pour le 6 décembre 1989, le souvenir est encore limpide dans ma mémoire. J’étais en classe, enseignant en 5e année du primaire, à l’époque. À la récréation, un de mes collègues me dit d’aller voir le concierge de l’école, qui m’apprendrait toute une nouvelle.

J’étais loin de me douter…

Le concierge m’a simplement dit : 

— La deuxième tour vient de s’effondrer comme un château de cartes.

— De quoi parles-tu?

Il m’a alors raconté le drame à partir du début. Ce fut très difficile pour moi de compléter l’avant-midi. Le cœur et la concentration n’y étaient simplement pas. En après-midi, nous avons oublié le programme et discuté en classe de la situation. Il aurait été impossible d’agir autrement, la nouvelle s’étant rendue aux oreilles des élèves ayant dîné à la maison. La crainte était perceptible sur les visages des enfants. À ce jour, leur sécurité n’a jamais été menacée, mais le monde a changé.

Cela fera vingt ans demain.


Dans le cours de français

Voici l’extrait d’un article publié dans Le Journal de Montréal, cette semaine.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire une infime partie de leur population, et non une «infirme» partie de leur population. Quel lapsus, quand même !


Dans le cours d’univers social

À l’école secondaire, on en parlerait dans le cours d’économie. Un pays peut décider quelle monnaie a cours légal sur son territoire. C’est son droit le plus strict. L’état d’où provient cette monnaie n’a aucune façon de l’en empêcher, bien qu’il ne soit pas tenu de lui offrir un siège sur le conseil de sa banque centrale.

Le Salvador, dont la monnaie officielle est le dollar américain, a ajouté le bitcoin, cette semaine. Ce pays d’Amérique centrale devient donc le premier au monde à adopter une cryptomonnaie comme devise. Autres temps, autres mœurs.


Dans le cours de français, deuxième période

Ainsi, on brûle des livres dans un conseil scolaire ontarien. Et on le fait sous prétexte qu’ils véhiculent des éléments discriminatoires et des stéréotypes, voire du racisme, envers les peuples autochtones. Le hic, c’est qu’il semble qu’aucune organisation autochtone n’ait été consultée sur la pertinence de poser un tel geste. L’auteur et journaliste Michel Jean, lui-même d’origine innue, s’interroge sur le véritable bien-fondé de la réduction en cendres de ces 5 000 albums, en grande partie des bandes dessinées de Tintin, Astérix et Lucky Luke. 

Enfant, j’ai appris beaucoup sur l’histoire et la géographie avec Tintin. Sans être un Denis Thérien, je connaissais tous les albums par cœur. Devenu adulte, j’ai été forcé de constater que certains propos publiés dans les aventures du jeune reporter étaient teintés de racisme, de sexisme et de préjugés envers différents groupes de personnes. Est-ce que j’en ressens un malaise ? Honnêtement, oui. Cependant, je sais faire la part des choses et me situer dans le contexte fort différent de l’époque. Et je demeure un grand amateur de Tintin. Aussi, en tant qu’enseignant, je préfère me servir de ces exemples pour éduquer, plutôt que d’envoyer des classiques à l’index.

Extraits de Tintin au Congo (1937), Tintin au Congo (1970) et Tintin en Amérique (1942).

Quant à Astérix et à Lucky Luke, il est vrai que les Autochtones y sont caricaturés. Mais pas plus que les Romains, les Français, les Belges, les Américains, les Japonais et j’en passe. Ce sont des caricatures et c’est comme tel qu’il faut les considérer. 

Quelques années avant son décès, j’avais eu l’immense privilège de rencontrer Morris, le père de Lucky Luke. Suite à notre discussion, il m’avait dessiné son personnage avec une cigarette à la bouche. Il y avait déjà longtemps que dans les albums, le célèbre cowboy avait troqué le mégot pour le brin d’herbe. Poussé par ses éditeurs, l’auteur avait dû céder aux lobbys antitabac et le regrettait amèrement. Il m’avait confié avoir l’impression qu’on dénaturait son héros. Il n’avait cependant pas eu à redessiner les épisodes déjà publiés.

Et c’est justement là où je veux en venir. Si des éléments du passé ne conviennent plus au contexte présent, il faut expliquer, enseigner, éduquer. Cette tendance à vouloir enfouir ou brûler ce passé est, selon moi, beaucoup plus néfaste pour l’évolution d’une société.

Morris – 1994

Dans le cours de musique

Près d’un an et demi de #musiquebleue, et je n’avais encore jamais diffusé une pièce de Salomé Leclerc sur cette page. J’y remédie aujourd’hui. Auteure-compositrice-interprète, batteuse et guitariste, elle exploite les scènes québécoises depuis son plus jeune âge, alors qu’elle prenait place à la batterie dans le groupe de ses frères.

Personnellement, j’apprécie tout de son travail. Elle lancera en octobre un cinquième album, son premier en trois ans. Premier extrait de cette œuvre à venir, voici La vie parfois.

Salomé Leclerc – La vie parfois – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il est de ces changements qui font passer une situation de l’inacceptable au remarquable. Jusqu’en 2012, à Montréal, une simple ampoule brûlée reléguait aux ordures un feu de circulation complet. En 2012, pourtant, la récupération et le recyclage faisaient depuis longtemps partie du langage d’une grande majorité de la population. Il est incroyable de constater qu’une institution comme la Ville de Montréal ne s’y prêtait pas.

Le projet mis sur pied depuis fait en sorte que chaque feu de circulation défectueux est réparé et remis en service. Les pièces déficientes sont recyclées après avoir été remplacées. Neuf ans plus tard, enfin, plus rien n’est envoyé au dépotoir. L’environnement et le budget de la Ville ne s’en portent que mieux.


Et si on peut se permettre une autre bonne nouvelle, que dire des performances de Leylah Fernandez et de Félix Auger-Aliassime aux Internationaux de tennis des États-Unis, cette semaine. Alors que le second jouera son match de demi-finale cet après-midi, la première a rendez-vous en finale grâce à sa victoire en trois manches sur la joueuse biélorusse Aryna Sabalenka, hier soir.

Mon admiration est grande. La fierté québécoise également.