Billet du 19 mai 2023 : Improvisations mixtes

Je paie des cotisations syndicales depuis une trentaine d’années. Pour ce qui est du militantisme, cependant, je laisse ça à d’autres collègues. Cette semaine, le temps d’une soirée, j’ai reconsidéré ce choix. Les énormités proférées par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, en entrevue au Devoir, n’avaient d’égales que ses improvisations, sa condescendance et la méconnaissance de ses dossiers. Dans l’actualité, il a été abondamment question de sa déclaration concernant la non-comparaison possible entre le travail de députation et celui de l’enseignement. Au-delà de cet impair, qui n’a meublé que quelques-unes des 59 minutes qu’a duré l’enregistrement de la rencontre, ses positions concernant la formation continue du personnel enseignant, le futur Institut national de l’excellence en éducation (INEE) et l’éducation à trois vitesses s’avèrent inquiétantes. C’est comme si on confiait à n’importe quel gérant d’estrade la direction du Canadien de Montréal, sur la simple base de ses connaissances des chroniques de Mathias Brunet, de Richard Labbé et de Réjean Tremblay, et que l’énergumène en question se lançait sur-le-champ dans un vaste chantier en prétendant connaître la recette infaillible pour ramener la Coupe Stanley dans la métropole.

Le seul endroit où Drainville a marqué un point, c’est lorsque les journalistes Marie-Michèle Sioui et Michel David l’ont défié sur l’absence d’indépendance de l’INEE par rapport au ministre. Après une partie de bras de fer, il a sorti l’extrait du projet de loi qui décrit les grandes lignes du mandat de l’Institut, et dont un seul des neuf éléments stipule qu’il doit être réalisé de concert avec le ministre de l’Éducation.

Pour le reste, il n’a pas été en mesure d’expliquer convenablement les raisons pour lesquelles il préfère se doter de l’INEE plutôt que de revoir certains mandats du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) et de lui confier ce rôle, comme il voit dans la formation continue des enseignantes et enseignants la solution magique à la complexité de leur tâche en raison de la hausse de la diversité dans les classes. Pourtant, les 30 heures de formation sur deux ans sont déjà exigées (et remplies), sans que l’ombre d’un début de résultat à ce niveau se pointe à l’horizon. Remarquez qu’il prétend néanmoins le contraire sur la vidéo, évoquant un endroit, sans avancer de sources ni de statistiques. Lorsque, plus tard durant l’entrevue, il est question de sa mesure visant à inclure dans les classes des surveillantes et des surveillants déjà à l’emploi dans les écoles, le ministre insiste sur son importance et son utilité, mais la lie aux actuelles négociations de la prochaine convention collective.

Lorsqu’a été mentionnée la disparité entre l’école publique, l’école publique avec projets particuliers et l’école privée, notamment en ce qui concerne la facilité d’accès à l’université, Bernard Drainville a on ne peut plus clairement mentionné que la pratique d’un métier était aussi valorisante que celle d’une profession, et que la situation actuelle permettait justement l’octroi de diplômes d’études professionnelles et d’études collégiales, autant que de diplômes universitaires. Quand, par deux fois, Michel David lui a demandé de commenter le fait que les chiffres récents indiquaient que les taux de réussite scolaire dans les écoles privées permettaient à ses élèves un choix beaucoup moins offert à ceux qui fréquentent le secteur public pour les études postsecondaires, il a chaque fois esquivé la question et martelé l’importance des métiers.

À de nombreuses reprises, durant l’entrevue, le ministre a hésité et bafouillé avant de fournir des réponses peu convaincantes. Lorsqu’il le faisait, aucune source ne venait étayer ses propos, ce qui s’avère plutôt étonnant pour un journaliste de carrière. En toute fin d’exercice, alors qu’il venait de défendre bec et ongles la formation rapide pour qualifier de nouveaux titulaires de classes, Marie-Michèle Sioui lui a demandé si, justement, ces personnes obtiendraient le même salaire que celles qui ont fait quatre années de baccalauréat. Il a figé, hésité et a finalement mentionné n’avoir aucune réponse pour l’instant. Ce qui s’avère là aussi étonnant pour un ministre de l’Éducation en poste depuis sept mois.


Et je cite :

« Michel, tu permets, je vais te tutoyer. Tu compares vraiment la job d’une enseignante à la job d’un député ? T’es en train de me dire que ça se compare, ça, là ? »

Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville au chroniqueur Michel David, le 15 mai 2023.

Michel David venait de lui demander de commenter le fait que le personnel enseignant québécois n’obtiendrait pas encore la parité salariale avec ses collègues ontariens, alors que les députés de l’Assemblée nationale s’apprêtent à se voter une augmentation qui fera d’eux les mieux payés au Canada, exception faite de ceux de la Chambre des communes.

Et je cite :

« J’ai été prof à l’université et malgré cette expérience, j’étais brûlée après une semaine à titre d’enseignante dans une classe de 5e année. Après plusieurs mois de suppléance, je peux affirmer qu’un enseignant peut être un excellent député, mais l’inverse est moins vrai ! »

Marwah Rizqy, députée de St-Laurent, le 16 mai 2023.

Différents extraits de l’entrevue de Bernard Drainville au journal Le Devoir ont circulé sur les réseaux sociaux, cette semaine. Pour éviter toute ambiguïté, je diffuse ici la version intégrale d’une heure.


Et je cite :

« En aucun cas, j’ai voulu insinuer que le travail d’enseignant a moins d’importance que celui de député. À mes yeux, toutes les professions et tous les métiers méritent le même respect qu’on soit enseignante, infirmière, machiniste, plombier, etc. »

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, le 17 mai 2023.

Dans le cours de français

Grammaticalement, il n’y a aucun problème à utiliser l’expression je m’excuse. Dans les faits, toutefois, il s’avère incongru, voire arrogant, de s’excuser soi-même pour un mauvais geste commis ou une plate parole prononcée. Il vaut mieux dire je vous présente mes excuses ou encore veuillez m’excuser.

Et je cite :

« Je me suis mal exprimé. C’est une maladresse. Si certaines personnes se sont senties blessées, surtout des enseignants et des enseignantes, oui, je m’excuse auprès d’elles. »

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, le 18 mai 2023.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire oui, je leur présente mes excuses, plutôt que oui, je m’excuse auprès d’elles.


Quant à la sincérité des excuses, je veux bien laisser le bénéfice du doute au ministre, mais je suis déçu. Le conditionnel employé dans son libellé ajoute à sa désinvolture et exprime une situation qui diffère grandement de la réalité perçue sur le terrain, croyez-moi. Personnellement, je me suis senti beaucoup plus méprisé que blessé.

Après ces différentes bourdes, appelons-les comme ça, à l’endroit du principal groupe avec lequel il doit composer, je me demande sérieusement ce qu’il reste de crédibilité à Bernard Drainville pour mener à bien le renouvellement de la convention collective des enseignantes et enseignants du Québec.


Dans le cours de musique

Soif est le quatrième album de l’autrice-compositrice-interprète Ariane Brunet, qui travaille sous le nom de L’Isle. Son style musical et le son qu’elle produit ne sont pas sans rappeler une certaine Vanessa Paradis. Toutefois, Ariane est une artiste québécoise à part entière, dont le talent demeure original et indéniable.

Voici le vidéoclip de la pièce Vanille.

L’Isle – Vanille – Soif – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Diane Dufresne fait maintenant partie du Panthéon de la musique canadienne. Elle y a été introduite cette semaine. Établi en 1978, l’organisme accueille ainsi sa première femme interprète québécoise et francophone. Les autres membres francophones sont Luc Plamondon et Daniel Lanois, ce dernier étant né d’un père francophone et d’une mère anglophone. Outre Plamondon et Lanois, Oliver Jones, Oscar Peterson, Corey Hart et Leonard Cohen font partie des personnalités québécoises membres du Panthéon.


Source : Éric Godin – Le Devoir – Le 18 mai 2023

Billet du 5 mars 2021 : Sous les cheveux, sur les cheveux et … mal aux cheveux !

Pour un enseignant, du moins pour celui que je suis, la relâche scolaire est synonyme de repos, de décrochage du quotidien, de sports d’hiver et de lecture. Et parmi mes lectures de la semaine, une a particulièrement retenu mon attention.

Publiée sur le site 01net.com, elle fait état de quatre dangers psychologiques des visioconférences, selon des chercheurs. Il faut bien comprendre qu’il s’agit ici de dangers pour certaines personnes et non d’effets néfastes pour l’ensemble des utilisateurs. On mentionne que le fait de regarder un mur de visages, plutôt que seulement la personne qui parle, peut causer une sur-stimulation du cerveau. Ensuite, on affirme que de se voir soi-même, comme devant un miroir, sur une aussi longue période, peut causer des « conséquences émotionnelles négatives ». Troisièmement, on stipule que de rester assis devant un écran impose une moins grande mobilité qu’une conversation téléphonique ou une présence physique, ce qui aurait des effets sur l’efficacité de la pensée. Vraiment ? Finalement, les chercheurs avancent qu’il faut fournir des efforts supplémentaires pour saisir le non-verbal des autres participants et que, de ce fait, la charge cognitive s’en trouve alourdie.

Peut-on effectivement qualifier tout cela de dangers ? Pour avoir vécu souvent l’expérience de la visioconférence, le mot me semble considérablement exagéré. Tout comme les quatre conclusions me semblent tirées par les cheveux.

Le prof ne corrige pas

Et ce n’est pas parce qu’il est en relâche scolaire !

La fin de semaine dernière, on a porté à mon attention un article publié sur le site de TVA Nouvelles. L’intérêt se portait sur un mot en particulier, ici souligné en rouge :

Source : TVA Nouvelles

Bonbon et bonbonnière ne sont-ils pas les seuls mots de la langue française où on trouve un n, et non un m, devant un b ou un p ? Eh bien non ! Il y a d’autres exceptions, embonpoint en est une. Quant au mot qui nous préoccupe, même si bombonne est la façon dont on le voit plus souvent orthographié, l’orthographe bonbonne est acceptée par tous les ouvrages de référence. Il n’y a donc pas faute dans cet article de TVA Nouvelles.


Et je cite :

« J’ai compris à quel point le règne de Trump avait été traumatisant à ma réaction lorsque j’ai entendu sa voix tout à l’heure aux infos. »

Nathalie Collard, journaliste à La Presse, le 28 février 2021.

Même chose pour moi, Madame Collard. C’était comme un lendemain de veille.


Passion printanière

La relâche scolaire coïncide chaque année avec le début des matchs de la Ligue des pamplemousses et de la Ligue des cactus, dans le baseball majeur. Le grand amateur en moi s’y intéresse au plus haut point, ainsi qu’à tout ce qui entoure les camps d’entraînement des équipes de la MLB. C’est ainsi que j’ai découvert un article léger et intéressant, justement sur le site MLB.com, dans lequel il était question des plus belles casquettes. En fait, l’auteur de l’article passait en revue toutes les casquettes portées par les joueurs de chacune des 30 équipes dans leur histoire, et se prononçait sur celle qui, selon lui, marquait l’oeil plus que les autres.

Dans le paragraphe sur les Nationals de Washington, l’auteur a mentionné que malgré la belle allure de chacune des casquettes de l’équipe basée dans la capitale américaine, c’est celle portée par son ancêtre, les Expos de Montréal, qui remportait la palme, haut la main.

Source : MLB Shop

Encore aujourd’hui, 17 ans après le départ de l’équipe vers Washington, la casquette des Expos demeure l’une des plus vendues sur le site de la Major League Baseball. Ma fierté est grande.


Et je cite :

« Avec deux buts cette année et bientôt six ans sans séries, si Jack Eichel jouait à Montréal, on voudrait l’échanger pour n’importe quoi au plus sacrant. Parce qu’il joue ailleurs, on viderait le club pour l’obtenir… »

Mathias Brunet, journaliste sportif à La Presse, le 2 mars 2021.

Comme quoi tout est relatif, dans la vie.


Dans mes écouteurs

Avec la présence accrue de Laurence Nerbonne dans les médias et sur les réseaux sociaux, au cours de la dernière semaine, il était impossible de la manquer ! Étant en relâche scolaire, je me suis offert l’écoute de son dernier album, OMG, sorti vendredi dernier. Pour la #musiquebleue de ce billet, j’ai retenu la pièce Porto Rico, qui intègre d’intéressants accents du Sud au son électro-pop de l’auteure-compositrice-interprète.


La bonne nouvelle de cette semaine

Le World Alzheimer Reports est une publication annuelle produite par l’Alzheimer’s Disease International, depuis 2009. Chaque numéro comporte une série d’articles et de reportages en lien avec un sujet lié à la maladie d’Alzheimer. Ces articles et reportages sont rédigés par des chercheuses et chercheurs de partout à travers le monde. Pour la rédaction des publications des années 2021 et 2022, l’association a mandaté l’équipe du neurologue Serge Gauthier, un chercheur montréalais affilié à l’Université McGill.

C’est qu’une équipe composée en majeure partie de scientifiques québécois a mis au point un protocole permettant de détecter plus tôt la maladie chez un individu. Ce dernier pourra ainsi gagner deux ou trois ans de traitements visant à stabiliser son état, ce qui est crucial pour la suite des choses. Un traitement découvert par un médecin montréalais et relégué aux oubliettes, il y a quelques années, pourra également être réhabilité avec l’avancée des dernières recherches.