Billet du 7 octobre 2022 : Question d’équilibre

Il se pratique toutes sortes de jeux d’équipe dans une cour de récréation. D’un naturel compétitif, les enfants cherchent à bâtir ou à intégrer le groupe qui remportera la victoire. Ceux qui continuellement se trouvent du côté perdant finissent par se lasser et aller s’amuser ailleurs. Les éternels gagnants, quant à eux, en viennent à ronger leur frein, faute d’adversaires.

Il faut généralement attendre une telle situation pour voir les plus forts accepter d’envoyer quelques joueurs de l’autre côté, question d’apporter un équilibre permettant au moins de jouer.

Il serait inusité pour François Legault d’envoyer quelques-uns de ses députés garnir les rangs de l’opposition, mais s’il se rappelle l’époque où il jouait dans les cours d’école, j’imagine que cette solution doit au moins lui trotter dans la tête.


Dans le cours de mathématiques

Comme plusieurs, je trouve inadmissible qu’un parti qui reçoit 13 % des suffrages lors d’une élection n’obtienne aucun siège à l’Assemblée nationale. Il est clair qu’il faut se pencher sur une solution. À défaut de trouver du temps de parole au Salon bleu, Éric Duhaime en dénichera sur d’autres tribunes dont le statut démocratique n’a rien d’officiel.

Il faut se rendre à l’évidence que cette fois-ci, la nouvelle répartition des sièges diffère de la volonté populaire, mise à part la majorité pour la Coalition avenir Québec (CAQ). Toutefois, aucun système électoral n’est parfait et le nôtre nous a bien servi la plupart du temps. Parmi les exceptions, notons les élections fédérales de 2019, de même que les élections québécoises de 1966 et de 1998.

Dans le premier cas, les libéraux de Justin Trudeau ont obtenu un gouvernement minoritaire, malgré le fait que les conservateurs d’Andrew Scheer aient remporté le suffrage universel.

Lors des élections provinciales de 1966, le Parti libéral du Québec et Jean Lesage ont reçu 47 % d’appuis, contre 41 % pour l’Union nationale de Daniel Johnson père. Pourtant, ces résultats ont donné 50 sièges aux libéraux et 56 aux unionistes, qui remportaient ainsi une dernière victoire électorale et mettaient fin à la Révolution tranquille.

Quant au scrutin de 1998, il a vu le Parti québécois de Lucien Bouchard remporter une confortable victoire avec 76 sièges, contre 48 pour le Parti libéral du Québec, alors dirigé par Jean Charest. Pourtant, quand on regarde le suffrage populaire, on constate un léger avantage pour les libéraux, 44 % contre 43 % pour le PQ.

La distinction qu’il faut noter avec l’élection de lundi dernier, c’est la confirmation du multipartisme. Quand la formation qui termine au 5e rang le fait en obtenant 13 % de la faveur populaire, il est permis de supposer que la tendance se poursuivra et que notre système se devra d’évoluer de manière à mieux représenter le souhait des électeurs.


Dans le cours de musique

En compagnie de quelques membres de ma famille, je devais assister au spectacle de Simon Leoza, le 21 septembre dernier. La COVID a frappé une fois de plus et l’événement a été annulé. Compositeur néoclassique montréalais, il a publié quelques simples et un album complet, ce dernier en 2021. La pièce L’archange en est tirée. La voici en #musiquebleue.

Simon Leoza – L’archange – Albatross – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Est-ce que le cours «Découverte de la langue française en Amérique du Nord» vous intéresse ? Moi, oui ! Pour s’y inscrire, il faut toutefois être admis à la prestigieuse université Harvard, dans la région de Boston.

Offert depuis septembre, ce cours relate aux étudiants américains l’histoire et l’espace occupé par la langue de Molière sur notre continent, de l’arrivée des premiers colons jusqu’à nos jours. Il y est abondamment question du Québec, mais également des Acadiens et de leur assimilation, notamment en Louisiane.

Le tout dans le but de faire connaître cette communauté à nos voisins du Sud, tout en leur faisant découvrir que notre culture ne se limite pas à la neige et au sirop d’érable. Cette initiative mérite d’être soulignée.


Billet du 16 septembre 2022 : Quand la guerre n’est pas une raison pour se faire mal

La guerre entre le Canada et le Danemark a pris fin, il y a trois mois. Cette guerre a duré 49 ans. C’est sérieux.

Les deux pays revendiquaient une île rocailleuse, l’île Hans, dans l’océan Arctique. Aucun habitant sur l’endroit, seulement une grosse roche qui émerge de l’eau, au milieu des banquises.

Aucun mort non plus. À tour de rôle, les armées des deux pays reprenaient pacifiquement possession de l’écueil. Peu après que les soldats canadiens y eurent planté l’unifolié et déposé une bouteille de whisky, l’ennemi danois passait confisquer le tout, ériger son propre drapeau et laisser une bouteille de schnaps. Et le manège recommençait.

Une entente a finalement été conclue en juin dernier. Un tracé divisera la masse, 60 % du territoire revenant au royaume du Danemark et les autres 40 % au Canada.

Ça émerveillera certainement quelques-uns de mes élèves d’apprendre que notre pays possède maintenant une frontière terrestre avec celui de la Petite Sirène.


Dans le cours de mathématiques

Cette semaine, c’est #FrancisVaillesCorrige. Le chroniqueur de La Presse a frappé un grand coup en levant le voile sur une erreur de 12 milliards $ (qui est finalement montée à 16,4 milliards $) dans le cadre financier du Parti libéral du Québec (PLQ). C’est toute une gifle à la crédibilité du « parti de l’économie », la formation des Louis-Alexandre Taschereau, Jean Lesage et Robert Bourassa. Si Vailles a pu lui-même trouver la faille et se la faire confirmer par deux experts, je m’étonne que le PLQ ait laissé passer une telle bourde.

Ajoutons que dans le même article, il est également question d’anomalies, de bien moindre importance, précisons-le, dans les cadres financiers de la Coalition avenir Québec (CAQ) et du Parti québécois (PQ).

En tant qu’enseignant, je refuse toujours un devoir bâclé. En tant qu’électeur aussi.

Lire le reportage de Francis Vailles, dans La Presse.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Je suis un lecteur et un auditeur assidu de Rad, le laboratoire de journalisme de Radio-Canada. Cette semaine, l’équipe a diffusé une vidéo dans laquelle elle bombarde les chefs des cinq principaux partis (Geneviève Guilbault remplaçait François Legault) de 16 questions, les mêmes pour tous, auxquelles les deux femmes et les trois hommes devaient répondre spontanément.

Il en résulte 8 minutes et 31 secondes de grand intérêt !


Dans le cours de musique

J’ai entendu le nom de Gentiane MG pour la première fois il y a quelques jours à peine. Pianiste et compositrice donnant dans le jazz, elle lancera son troisième album le 23 septembre prochain. En écoute partielle sur différentes plateformes, il aura pour titre Walls Made of Glass. La pièce Flowers Laugh Without Uttering A Sound en constituera la deuxième plage.

Gentiane MG Trio – Flowers Laugh Without Uttering A Sound – Walls Made of Glass – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il s’appelle Yvon Chouinard et il est né à Lewiston, dans le Maine. En 1972, il a fondé Patagonia, une des plus importantes entreprises de design et de fabrication de vêtements de plein air. Précurseur dans la protection de l’environnement, il a bâti sa compagnie autour de cette valeur.

Cette semaine, à l’âge de 83 ans, monsieur Chouinard a annoncé qu’il cédait l’entièreté de Patagonia à une fiducie qui en poursuivra les activités en suivant les mêmes missions et valeurs. Du même souffle, il a confirmé que l’ensemble des profits de l’entreprise seront dorénavant versés à une association environnementale. Ceci en accord avec ses héritiers.

Un don de soi, un don pour la cause, un don au suivant.


Billet du 10 juin 2022 : Une balade dans le trafic ?

Ç’aurait pu être ma bonne nouvelle de la semaine : le ministre québécois de l’Environnement déposera un projet de loi qui visera à hausser les redevances sur l’utilisation de l’eau pour les industries qui en puisent quotidiennement 75 000 litres et plus. La taxe actuelle, dérisoire, n’apporte pratiquement rien à l’État et n’impacte aucunement les budgets des grandes entreprises, multinationales pour la plupart, qui profitent de notre richesse naturelle.

Ce n’est qu’un petit pas, certes, mais il va dans la bonne direction. Je me suis d’ailleurs toujours demandé pourquoi aucun des différents gouvernements qui se sont succédé sur la colline parlementaire québécoise n’avait pris l’initiative de nationaliser l’industrie de l’eau potable, comme l’avait fait celui de Jean Lesage avec l’hydroélectricité, lors de la Révolution tranquille. Si on regarde les cinq plus grands acteurs de l’embouteillage sur notre territoire, il n’y a qu’Amaro et Naya qui s’enregistrent dans le répertoire québécois. Et je précise qu’entre 2009 et 2021, Naya était passée à des intérêts américains, avant de revenir dans notre giron. Les trois autres sont Pepsi, Coca-Cola et Eska, toutes inscrites aux États-Unis.

Avec d’aussi gros joueurs, la nationalisation de l’industrie de l’eau potable s’annoncerait sans doute longue et ardue. Mais tous les profits de l’exploitation de l’or bleu reviendraient à celles et ceux à qui la ressource appartient, les Québécoises et les Québécois.

Après tout, nationalisme n’était-il pas un mot tendance, cette semaine ?


Dans le cours de français

Dans la catégorie Ce mot prend-il une double consonne ?, deux noms m’ont longtemps donné du fil à retordre. Il s’agit de trafic et balade.

Réglons d’abord le cas de trafic. Qu’on évoque le trafic d’armes, le trafic de drogues ou le trafic routier, ce mot ne s’écrit qu’avec un seul f. Sous l’influence du vocabulaire français, la langue anglaise a fini par l’adopter et lui a accolé un second f. C’est donc uniquement en anglais qu’on écrira traffic.

Quant à balade, c’est différent. Avec un seul l, balade est synonyme de promenade. Si on lui en donne un deuxième, une ballade devient un poème ou une œuvre instrumentale qui en est inspirée.


Dans le cours de musique

J’ai découvert Amélie Veille il y a dix ans, avec sa superbe reprise de la chanson Mon cœur pour te garder. Guitariste et chanteuse à la voix magnifique, elle écrit, compose et enregistre des pièces originales, tout en s’amusant à publier ses versions de plusieurs succès mondiaux sur YouTube. Sur chacun de ses cinq albums se trouve d’ailleurs au moins une de ces reprises.

C’est d’ailleurs un succès de Gilbert Bécaud qu’elle reprend sur son album Nos possibles, lancé la semaine dernière. Je vous le propose en #musiquebleue.

Amélie Veille – Je reviens te chercher – Nos possibles – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

C’est une première dans l’histoire des traitements du cancer, tous les patients atteints d’un cancer du rectum et impliqués dans un essai clinique sont aujourd’hui en rémission. Ils sont douze et ont répondu favorablement au dostarlimab, un médicament notamment employé dans les thérapies pour soigner le cancer de l’endomètre.

Le dostarlimab n’attaque pas directement le cancer, mais renforce le système immunitaire du patient afin qu’il puisse lui-même combattre la maladie.

Lire l’article du New England Journal of Medicine (en anglais).