Billet du 23 septembre 2022 : Une priorité que je voudrais plus prioritaire

Si une chose me déçoit dans l’actuelle campagne électorale québécoise, c’est l’absence de discussions sur l’éducation. Les aspirants au poste de premier ministre insistent tous sur le fait qu’il s’agit d’une priorité, mais aucun ne le démontre.

J’ai suivi le débat de jeudi soir expressément parce qu’un segment était réservé au sujet. Là encore, la substance a passé son tour, malheureusement.

Après le témoignage d’une jeune enseignante qui songeait déjà à quitter la profession après seulement deux ans, faute de ressources dans sa classe, la question du modérateur Patrice Roy s’est avérée d’une clarté limpide : «Qu’allez-vous faire pour encourager les jeunes enseignantes et les jeunes enseignants à poursuivre?»

François Legault a mentionné que son gouvernement avait déjà fait beaucoup.

Dominique Anglade a fait bifurquer le débat vers les services de garde.

Paul St-Pierre Plamondon n’a parlé que de la place du français et a mentionné qu’il investirait pour contrer l’analphabétisme.

Gabriel Nadeau-Dubois et Éric Duhaime, à mon avis, demeurent les seuls ayant répondu directement à la question, le premier stipulant qu’un éventuel gouvernement issu de son parti couperait les vivres à l’école privée et réinvestirait les sommes dans les services à l’école publique.

Quant au second, il a expliqué que, bien que cela ne fasse pas partie du programme de sa formation politique, il envisageait d’exiger de certains fonctionnaires qu’ils aillent enseigner pour contrer la pénurie de personnel enseignant. La question de leurs compétences pour le faire n’a jamais été soulevée.

Une priorité, l’éducation ? Vraiment ?

Je suis d’un naturel optimiste, mais ces réponses me permettent difficilement d’espérer un meilleur taux de rétention des nouvelles enseignantes et des nouveaux enseignants. Les statistiques le démontrent, 25 % abandonnent la profession avant la cinquième année.

Il reste un peu plus d’une semaine à la campagne. Souhaitons qu’un des partis en profite pour relancer la question.


Pendant que le débat se déroulait, un autre événement digne de mention était télédiffusé, cette fois à TVA Sports. Il s’agissait du dernier match de baseball décrit par Jacques Doucet. Le commentateur de 82 ans a ainsi définitivement fermé son microphone.

Fervent amateur de baseball depuis mon enfance, la voix unique de monsieur Doucet m’a suivi de la fin des années 1970, à travers ma première radio transistor, jusqu’à mes applications d’aujourd’hui, en passant par les haut-parleurs de tous mes véhicules automobiles et mes téléviseurs. Il a décrit presque tous les matchs des Expos, durant leurs 34 années d’existence, mais également des affrontements des Capitales de Québec, des Blue Jays de Toronto, ainsi que bon nombre de séries d’après-saisons, toujours dans un français impeccable.

Monsieur Doucet, vous méritez de ralentir un peu et de vous consacrer entièrement aux vôtres et à votre autre passion, la pêche. Bravo et merci.


Dans le cours de français

Une publication sur Twitter de la députée et candidate péquiste Méganne Perry Mélançon a attiré mon attention, cette semaine.

Je me suis demandé s’il existait un mot en français pour désigner le mansplain. La réponse est affirmative. On en trouve même deux. Toutefois, il est hors de question pour moi de critiquer la députée pour avoir utilisé l’expression anglaise, d’autant qu’elle a pris soin de la mettre entre guillemets.

D’abord, le mansplaining est un concept apparu sur Internet en 2008. Plusieurs attribuent l’origine du mot à une écrivaine américaine, alors que d’autres la reconnaissent plutôt à une blogueuse néerlandaise. La définition est cependant la même. Elle désigne une situation où un homme explique à une femme, avec condescendance, quelque chose qu’elle connaît déjà.

Les Français traduisent l’expression par mecsplication. Au Québec, on suggère pénisplication.

Au passage, je souligne qu’on appelle mot-valise un mot composé de parties de deux ou de plusieurs mots. Un exemple contemporain est courriel, formé de courrier et électronique.


Dans le cours de mathématiques

Je me rends presque quotidiennement sur le site Qc125, qui compile les sondages et prédit les résultats électoraux pour chaque circonscription.

Voir le site Qc125.

À une dizaine de jours du vote, voici ce que le site prévoit comme nouvelle répartition des sièges, à l’Assemblée nationale :

En ce qui concerne le vote populaire, le graphique est intéressant :

Avec un mode de scrutin entièrement basé sur la proportionnelle, 

La CAQ obtiendrait de 42 à 55 sièges, plutôt que 94 ;
Québec solidaire obtiendrait de 16 à 24 sièges, plutôt que 12 ;
Le Parti conservateur du Québec obtiendrait de 15 à 23 sièges, plutôt qu’aucun ;
Le Parti libéral du Québec obtiendrait également de 15 à 23 sièges, soit sensiblement ce qui lui est prédit ;
Le Parti québécois obtiendrait de 12 à 20 sièges, plutôt que les 3 qui sont prévus.

Il en résulterait un gouvernement de coalition probablement difficile à diriger, mais plus représentatif de la réalité québécoise. Il serait peut-être temps de repenser la structure de notre démocratie.


Dans le cours de musique

Ils créent, ils reprennent, ils s’amusent. Leur musique est envoutante et transporte. C’est un quatuor qui s’appelle De Lònga. Avec leur album Codex XXI, ils ont regroupé toutes leurs créations des dernières années. La pièce qui en est tirée s’intitule Lac des esclaves.

De Lònga – Lac des esclaves – Codex XXI – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Le 10 septembre dernier, lors d’une joute de soccer de la Liga entre Barcelone et Cadix, le gardien de but de Cadix, Conan Ledesma, a été attiré par des bruits d’émoi dans la foule, derrière lui. Il a vite réalisé qu’un spectateur subissait un malaise cardiaque. En plein match, il a alors quitté sa position pour courir chercher un défibrillateur et le lancer dans les gradins. Son action a contribué à sauver la vie de l’homme.


Billet du 29 octobre 2021 : Dérapages

J’ai sourcillé, cette semaine, quand j’ai entendu le premier ministre François Legault affirmer qu’il n’attendait qu’un aval de ses conseillers juridiques pour communiquer aux différents CISSS et CIUSSS les listes des médecins de famille qui ne voient pas suffisamment de patients. Même si le problème est criant, ce n’est pas le genre de gouvernance que je souhaite pour une société qui se veut libre et démocratique.

Toutefois, je déplore la réaction du président de l’Association des médecins omnipraticiens du Québec, le Docteur Louis Godin, qui a victimisé ses membres lors d’une entrevue radiophonique avec l’animateur Patrick Masbourian. Les derniers mois se sont avérés très durs pour tout le personnel de la santé, mais lorsque je pense à des groupes d’individus persécutés, ce ne sont pas exactement les médecins qui me viennent en tête. Aussi, d’entendre Louis Godin employer le mot inquisition contribue, en ce qui me concerne, à discréditer sa cause.

Écouter l’entrevue donnée par le Docteur Louis Godin à Patrick Masbourian


Dans le cours d’éthique et culture religieuse

Trop peu, trop tard, diront certains, mais c’est un véritable acte de contrition, païen plutôt que catholique, que le metteur en scène Serge Denoncourt a livré, cette semaine. Dans une missive publiée dans La Presse+, l’homme de 59 ans admet que lui-même et à peu près tout le milieu artistique québécois savaient qu’Edgar Fruitier, le Loup-Garou du Pirate Maboule, « était un prédateur sexuel ».

Lire la lettre ouverte de Serge Denoncourt

Le plus troublant, c’est que les propos de Denoncourt reflètent une réalité qui s’est étalée sur plusieurs époques, jusqu’à tout récemment, alors que les victimes de gestes de nature sexuelle étaient pointées du doigt et que leurs agresseurs étaient perçus en martyrs. Ayant lui-même subi les attouchements d’Edgar Fruitier, selon ce qu’il mentionne, l’acteur et metteur en scène démontre de l’empathie envers celui qui l’a dénoncé et fait condamner, et pourfend les défenseurs, nombreux en raison de son âge avancé, de l’agresseur.

À défaut d’avoir porté plainte de façon officielle quand il avait l’occasion de le faire, je constate cependant que le contexte de l’époque aurait pu nuire à sa carrière, la sortie de Serge Denoncourt a au moins le mérite de confirmer une situation et d’établir que l’âge, la réputation et l’orientation sexuelle n’ont pas à être pris en considération dans les cas d’abus.


Et je cite :

« Pauvre Edgar ? Pour ses fugues en sol mineur, Edgar doit faire face à la musique. »

Daniel L’Heureux, journaliste à la retraite, le 24 octobre 2021.

Dans le cours d’éthique et culture religieuse, deuxième période

Cet intertitre ne sera plus, d’ici deux ans. C’est parce que le cours d’éthique et culture religieuse (É.C.R.) laissera sa place au nouveau cours de culture et citoyenneté québécoise, tant dans le programme primaire que dans celui du secondaire. Ceci s’inscrit dans un continuum logique. Il y a une douzaine d’années, le cours d’É.C.R. avait lui-même succédé au cours d’enseignement moral et religieux, dont l’offre se déclinait en trois catégories : l’enseignement moral, l’enseignement moral et religieux catholique, de même que l’enseignement moral et religieux protestant.

Les principales religions feront toujours partie du curriculum dans le nouveau cours, mais céderont de l’espace à des sujets qui se doivent également d’être enseignés. Parmi eux, notons la citoyenneté numérique et l’éducation à la sexualité, cette dernière étant actuellement obligatoire, mais peu encadrée.

Bien que le ministre de l’Éducation ait mentionné que les différents acteurs du milieu aient été consultés dans le cadre de cette réforme, personne n’a eu vent de cette consultation. Cependant, les bribes de contenus qui ont été rendues publiques me semblent des plus pertinentes et en lien avec ce qu’une école moderne doit offrir à sa clientèle.


Dans le cours de mathématiques

La parité se rapproche de l’égalité, si elle ne l’atteint pas. Histoire d’assurer un équilibre des genres sur les conseils d’administration des sociétés d’État, le gouvernement du Québec a déposé cette semaine un projet de loi visant à s’assurer que les proportions d’hommes et de femmes y siégeant se situent toujours entre 40 % et 60 %. Par exemple, si un CA compte dix personnes, pas moins de quatre et pas plus de six devront être des femmes.

Le hic, c’est que sur les conseils d’administration d’Hydro-Québec, de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ainsi que de Loto-Québec, la proportion de femmes dépasse actuellement les 60 %. C’est donc dire que si le libellé du projet de loi demeure tel quel, une fois adopté, des femmes devront laisser leur siège à des hommes.

Sur une patinoire, on dirait que le gouvernement a marqué dans son propre filet.


Dans le cours de musique

Cette semaine marquait le début de la Série mondiale de baseball. Il m’est très difficile de penser à ce sport sans y associer le grand Jacques Doucet qui, à 81 ans, décrit encore des matchs à la télévision. Le commentateur s’est vu offrir l’occasion d’immortaliser sa voix dans une pièce musicale, et c’est celle que je vous présente en #musiquebleue.

Membre du groupe de hip-hop Dead Obies, 20some a lancé l’enregistrement simple Home Run, au début du mois d’octobre. Avant d’écouter la pièce, je croyais qu’il avait capté la voix de Jacques Doucet à travers ses descriptions, mais je me trompais ! Les expressions de Monsieur Doucet sont originales et ont été enregistrées pour l’œuvre de l’artiste.

20some – Home Run (avec Jacques Doucet) – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Aujourd’hui, je laisse parler un gazouillis du Média Positif.

Existe-t-il des initiatives du genre, chez nous ? Je serais curieux de les connaître et heureux de les diffuser ici !