On aime mentionner que l’éducation est une priorité nationale. Pour François Legault, ce n’était pas seulement une priorité, c’était la priorité. Il l’a affirmé à plusieurs reprises, martelé dans ses discours, répété en campagne électorale. En 2018, alors qu’il cherchait à se faire élire, il promettait que « jamais » un gouvernement de la CAQ ne couperait dans les services aux élèves. Cette déclaration, encore en ligne sur sa page Facebook, visait à rassurer un réseau scolaire échaudé par des années de compressions.
Mais certaines promesses, comme certains fantômes, finissent toujours par revenir nous hanter.
Car aujourd’hui, c’est bien un vent glacial de restrictions qui souffle sur notre système public d’éducation. Officiellement, on parle d’un effort budgétaire de 510 millions. En réalité, lorsqu’on additionne les mesures dites d’« optimisation » exigées en parallèle, le manque à gagner frôle le milliard de dollars. Et, contrairement à ce que certains aimeraient faire croire, ces compressions ne s’arrêteront pas aux bureaux administratifs.
Je prends ici un exemple concret. Dans un centre de services scolaire que je connais bien, on a calculé que même en fermant entièrement le centre administratif, et en remerciant tout le personnel qui y travaille, on ne réussirait à combler que 58 % de l’effort budgétaire exigé par le gouvernement. Autrement dit, les 42 % restants devront être retranchés dans les écoles, auprès des élèves. Et cela, même en sacrifiant des emplois déjà essentiels au bon fonctionnement du réseau.
Ce qui mérite d’être souligné à grands traits, c’est la coïncidence troublante entre les efforts exigés du réseau scolaire et les investissements publics improvisés des dernières années. On demande aujourd’hui à l’éducation de générer près d’un milliard de dollars en économies, pendant qu’on a perdu 1,33 milliard $ dans une poignée de projets mal planifiés ou précipités : Northvolt (270 M$), SAAQclic (500 M$), Lion électrique (177 M$), Medicago (283 M$) et les études entourant le troisième lien (100 M$). L’éducation devient ici le contrepoids d’une série de bourdes gouvernementales.
Une priorité de la CAQ, l’éducation ? Permettez-moi d’en rire.
Dans mes écouteurs
Neli Ivanova est une artiste émergente dont la voix enveloppante et la sensibilité à fleur de peau rappellent immanquablement Lhasa de Sela. Avec la même intensité et ce mélange de fragilité et de force, Ivanova tisse une œuvre poétique et introspective, entre chanson, folk et influences du monde. Loin de l’imitation, elle s’inscrit dans une filiation émotive, portant une parole singulière et magnifiquement assumée.
Avec Frères, elle propose une ambiance sonore feutrée. Les arrangements minimalistes laissent toute la place à la voix, soutenue par quelques textures discrètes et des cordes subtiles. Le résultat donne une chanson sobre, raffinée et parfaitement maîtrisée sur le plan acoustique.
Neli Ivanova – Frères – Invisible – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Un nom : Claire Bell. Et une immense reconnaissance envers les bénévoles et les membres des services d’urgence qui ont toujours cru à la possibilité de la retrouver saine et sauve. Et qui ont tout mis en œuvre pour y arriver. L’être humain dans ce qu’il a de plus beau à offrir.
J’aurais pu titrer mon billet de cette semaine « Quand on crache en l’air, ça nous retombe sur le nez », mais c’eût été trop long. À titre court, histoires courtes. Nos personnalités politiques nous ont fourni du grand matériel en ce sens, au cours des derniers jours.
Un pays artificiel Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est attiré les foudres des autres chefs de partis en déclarant que le Canada était un pays artificiel, sous prétexte qu’il regroupait des régions avec des problèmes et des besoins différents en un seul centre décisionnel, sa capitale. Ce faisant, monsieur Blanchet a décrit ce qui constitue également la réalité d’à peu près tous les pays d’Europe, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Australie et les États-Unis, pour ne nommer que ceux-là. Ça fait beaucoup de pays artificiels. En passant, ne serait-ce pas aussi vrai pour un Québec indépendant ?
Rabaisser les autres Quand j’enseignais, j’expliquais souvent à mes élèves qu’on ne se valorise pas en rabaissant les autres. Pierre Poilievre a passé plus de deux ans à tirer à boulets rouges sur Justin Trudeau, à lui imputer tous les problèmes du Canada. Il avait réussi à convaincre les Canadiens et se dirigeait assurément vers le trône de premier ministre, avec une avance de près de 25 points dans les sondages. Mais voilà, Trudeau a décidé de partir, emportant la gale avec lui. Son successeur, Mark Carney, a rapidement déclenché des élections avant qu’on ne puisse lui reprocher quoi que ce soit. Résultat : Poilievre n’est pas premier ministre et n’est même plus député.
Réprimer plutôt qu’éduquer Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé qu’à partir de septembre, les téléphones mobiles allaient être interdits sur le territoire de toutes les écoles primaires et secondaires, publiques et privées, du Québec. Inciter les élèves à faire autre chose qu’avoir les yeux sur un écran est bien en soi. Toutefois, le règlement ne prévoit aucune mesure parallèle pour contrer la cyberintimidation ou encourager les activités physiques, ludiques ou culturelles, les deux raisons principales du bannissement. On rate ici une belle occasion d’instruire et d’éduquer.
Civisme, avez-vous dit ? « On veut instaurer une culture du civisme », a dit le ministre Drainville lors de la même conférence de presse, alors qu’il annonçait que tous les élèves devraient maintenant vouvoyer leurs enseignantes et enseignants. Le même jour, un échange peu édifiant impliquant son chef, le premier ministre François Legault, s’est déroulé à l’Assemblée nationale. Celui-ci a insulté à profusion la députation de Québec solidaire, refusant d’obtempérer aux demandes de la présidente, Nathalie Roy, de retirer ses paroles, mais en… vouvoyant les personnes à qui il s’adressait !
Le Journal de Montréal a diffusé un extrait vidéo du manque de civisme de celui qui veut instaurer une culture du civisme.
Rebaptiser Canadian Tire et Winners ? Durant la même semaine, le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, va à l’encontre de l’ordonnance de l’Office québécois de la langue française en permettant l’affichage du Go ! Habs Go !, mais demande à toutes les bannières commerciales établies au Québec d’afficher leur nom avec une nette prédominance du français.
Laver son linge sale en famille Il y a longtemps qu’on n’avait pas assisté à une chicane chez les souverainistes québécois. On s’en inquiétait presque. Après que Yves-François Blanchet ait tendu la main à Mark Carney afin de faire fonctionner la Chambre des communes, Paul St-Pierre Plamondon l’a publiquement rabroué en mentionnant que ce n’était pas le rôle des souverainistes de collaborer avec le premier ministre canadien, même dans le contexte des tensions avec l’administration américaine. Les souverainistes ont beau qualifier le Canada de pays artificiel, leurs chicanes intestines sont, elles, 100 % authentiques.
Dans mes écouteurs
Ayelet Rose Gottlieb, chanteuse et compositrice née à Jérusalem et installée à Montréal, évolue à la croisée du jazz, de la poésie et de l’expérimentation sonore. Ses projets, souvent inspirés par des textes anciens ou des expériences personnelles, donnent à la voix un rôle central et expressif. Avec elle, le souffle, le silence et les mots deviennent des matières premières musicales.
De son plus récent album, Dust, voici la pièce Demain dès l’aube.
Ayelet Rose Gottlieb – Demain dès l’aube – Dust – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
C’est à Québec, dans un ancien presbytère transformé en lieu haut en couleur, que la toute première Maison de la BD a vu le jour au Canada. Ce nouvel espace offre un vibrant hommage à un siècle de création, de l’audace d’Albéric Bourgeois, pionnier du phylactère en 1904, jusqu’aux succès internationaux de Julie Doucet, Denis Rodier et Alex A. Le rez-de-chaussée, en accès libre, regorge de trésors graphiques qui racontent l’évolution de la BD québécoise, depuis les dessins de catéchisme jusqu’à l’émergence d’icônes comme L’Agent Jean.
Mais cette maison n’est pas un musée figé : elle vit au rythme de sa communauté et de ses artistes. Ateliers, lectures, lancements, dessins animés et événements familiaux s’y succéderont dans une programmation dynamique pensée pour tous les publics. En plus de mettre en valeur les talents souvent ignorés ici, mais applaudis à l’étranger, la Maison de la BD vient confirmer la maturité d’un art longtemps considéré comme mineur. Enfin, elle célèbre avec éclat et fierté ce qui nous distingue et ce qui nous unit, un trait de crayon à la fois.
Il est difficile d’éviter les sarcasmes quand on parle de la hausse du prix de l’essence. Jeudi matin, réveil brutal avec une hausse de 0,15 $ à 0,20 $ le litre que seul un très petit groupe d’initiés avaient vue venir.
Les raisons évoquées ? D’abord, des tensions mondiales. Ça fait tout de même 26 mois que la guerre en Ukraine fait rage, alors que celle à Gaza a repris il y a déjà six mois. Pourquoi une telle hausse soudaine ? Parce que l’Iran est entré dans la danse le week-end dernier ? On aime spéculer, il faut croire. S’il fallait que nos producteurs d’ici se fient aux seules prévisions météorologiques à long terme pour déterminer plusieurs semaines à l’avance le prix de la conserve de sirop d’érable ou du panier de fraises, il y a probablement quelques pays partenaires économiques du Québec qui crieraient à la sottise.
Ensuite, on a soumis l’argument du passage à l’essence d’été. L’essence d’été ? Il paraît qu’on ajoute un additif à l’essence, à la veille des chaleurs, afin de la rendre moins volatile. C’est la première fois que j’entends parler qu’il existe une essence d’été et une essence d’hiver, avec en prime une différence de prix à la pompe. Et si je me fie à la réaction des membres de l’équipe de l’émission Tout un matin, sur ICI Première, il semble que nous étions plusieurs à l’apprendre.
Alors ça gaze ? Au sens populaire, j’espère que oui. Au sens propre, je souhaite que ce soit de moins en moins le cas. Le climat et le portefeuille ne s’en porteront que mieux.
Dans le cours d’univers social Volet éducation à la citoyenneté
Avez-vous remarqué un changement de ton chez Paul St-Pierre Plamondon, au cours de la dernière semaine ? Moi aussi.
Sans doute galvanisé par ses troupes réunies en conseil national, lors de la dernière fin de semaine, il semble être passé à l’étape suivante en présentant le gouvernement du Canada comme un persécuteur du Québec, l’accusant au passage de mépris pour ingérence dans nos champs de compétences. Parallèlement, il talonne François Legault afin qu’il admette que la souveraineté est la seule option viable et promet un référendum avant la fin de la présente décennie.
Afficher une grande confiance apporte généralement son lot de bénéfices. Sombrer dans l’excès peut toutefois être perçu comme de l’arrogance et créer l’effet contraire. Le chef du Parti québécois doit toujours garder en tête un certain nombre d’éléments, dont la plupart sont confirmés dans le sondage Léger publié le 19 mars dernier. 1
D’abord, Monsieur St-Pierre Plamondon doit sa position confortable dans les sondages (34 %) à deux éléments importants : sa personnalité qui a su plaire à la population et le fait que le taux d’insatisfaction à l’égard du gouvernement de la CAQ se situe à 64 %. La prochaine élection n’aura lieu que dans deux ans et demi et beaucoup de choses peuvent survenir d’ici là. Rappelons-nous qu’il y a un an et demi à peine, le PQ ne faisait élire que trois députés, avec 14,6 % des suffrages exprimés.
Ensuite, l’appui au projet indépendantiste plafonnant à 36 %, il faudra se montrer plus inclusif si on veut y faire adhérer une majorité de la population. Jusqu’à présent, aucun des récents discours péquistes n’a démontré d’ouverture en ce sens. Sans l’inclusion des communautés culturelles et autres groupes reflétant les réalités du Québec d’aujourd’hui, l’aboutissement du projet reste impossible.
Finalement, si Paul St-Pierre Plamondon persiste à promouvoir un projet souverainiste contre le Canada plutôt que pour le Québec, il est voué à l’échec. Le gouvernement fédéral nous tape parfois sur les nerfs (comme le gouvernement provincial, d’ailleurs) ; mais la hargne que lui voue le chef du Parti québécois n’est pas partagée de façon aussi prononcée par l’ensemble de la population québécoise. D’entendre les différentes réactions lors de l’annonce du programme d’aide pour les services de garde le démontre bien. Si une grande partie des acteurs politiques dénonçaient une ingérence du fédéral dans un champ de compétences des provinces, la plupart des bénéficiaires tenaient un discours beaucoup plus nuancé et se réjouissaient de l’aide financière annoncée, nonobstant la main qui la tendra.
Corneille – Bora Bora – L’écho des perles – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
L’intelligence artificielle est une bête qu’il faut apprivoiser. Si on est en droit de craindre les dommages qu’elle peut causer, il faut aussi savoir apprécier le bien qu’elle procure.
Une entreprise montréalaise a créé une application pour traduire les pleurs d’un bébé. Appelée Nanny IA, la nouvelle technologie exprime avec des mots bien compréhensibles par des parents les besoins émis par bébé à travers ses pleurs.
Les communications n’ont ainsi plus beaucoup de barrières. Si un jour on assiste à la création d’une application similaire pour communiquer avec les animaux, je suggère de la baptiser Doolittle IA !
Il en est abondamment question dans l’actualité, depuis deux semaines : doit-on, au Québec, baisser la limite légale permise pour le taux d’alcool dans le sang au volant d’un véhicule ? Ce taux est actuellement fixé à 80 milligrammes d’alcool par 100 millilitres de sang, soit 0,08. Le Québec est d’ailleurs la seule province canadienne à tolérer un taux aussi élevé. Cette semaine, le gouvernement de François Legault a opté pour le statu quo.
Je suis personnellement en faveur de ramener ce maximum à 0,05 et d’imposer des sanctions administratives à une personne interceptée au volant de son véhicule alors qu’elle affiche un taux supérieur. Et pas seulement pour s’ajuster à ce qui se passe ailleurs au Canada.
Lorsque nous sortons, ma conjointe et moi déterminons toujours à l’avance qui de nous deux prendra le volant lors du retour à la maison. Il y a quelques mois, nous étions chez des amis qui s’étaient procuré un modèle d’éthylomètre semblable à celui utilisé par les policiers. Nous avions déjà déterminé que c’est madame qui conduirait le véhicule après la soirée. Elle s’est donc limitée à une seule consommation et à peu près toute trace d’alcool avait disparu au moment où elle s’est prêtée à l’alcootest de nos amis.
En ce qui me concerne, ma locution n’était plus très claire, et je ne me sentais pas du tout apte à conduire un véhicule. Lorsque mon tour est venu de souffler dans l’appareil, il n’a affiché que 0,06. J’aurais donc pu en toute légalité (mais certainement pas en toute quiétude) conduire la trentaine de kilomètres qui séparent la résidence de nos amis de la nôtre.
Je sais que les bars et les restaurants se remettent difficilement des épreuves des dernières années. Diminuer le taux légal d’alcoolémie nuirait encore plus à leurs affaires, en ce sens où les consommations se vendraient moins. Toutefois, selon des chiffres récoltés en 2020, près du tiers des conducteurs décédés dans un accident de la route avaient un taux d’alcool dans le sang supérieur à 0,08. Et ces statistiques ne tiennent pas compte des vies fauchées par d’autres conducteurs ivres.
Entre les vies humaines et le chiffre d’affaires d’un secteur économique précis, le gouvernement du Québec a fait son choix, cette semaine. Ce choix devient de plus en plus inexplicable.
Dans le cours de français
Il y a cinq ans, pendant qu’on débattait au Québec sur le « Bonjour-Hi » dans les commerces montréalais, j’étais accueilli par des « Hello, may I help you ? » dans plusieurs boutiques des Champs-Élysées, lors d’un voyage à Paris. Pas question de bilinguisme, là-bas. La langue anglaise prédomine à plusieurs endroits dans la capitale de la France.
Nous en avons eu un autre aperçu cette semaine, avec une publication de l’agence Reuters, relayée par le quotidien Le Monde.
Chers cousins français, que diriez-vous d’ajouter quelques lignes à votre affiche ? Par exemple, « Information aux visiteurs : En raison d’une grève, la Tour Eiffel est fermée. Nous nous en excusons. »
Au haut de l’affiche, ce serait encore plus beau.
Dans le cours de français, deuxième période
Compliquée, la langue française ? Parfois, oui. Souvent, diraient mes élèves. Je n’ai jamais regardé Les beaux malaises, mais la publication d’un extrait sur Facebook, qui m’est parvenu cette semaine, m’a bien fait rire.
Une fois prend un s, même si c’est singulier. Le foie se termine avec un e, même si le nom est masculin. À l’inverse, la foi, mot féminin, ne prend pas de e.
Vous avez quelques minutes devant vous et avez envie de vous amuser un peu ? Savourez l’extrait ! Le lien se trouve ci-dessous.
Il y a plus de 30 ans, plusieurs collègues et moi étions allés assister au spectacle de Patrick Bruel, au Forum de Montréal. Pour commencer le spectacle, nous avions eu droit à la prestation d’une jeune chanteuse de jazz à la voix rauque : Térez Montcalm. Depuis, madame Montcalm connaît une belle carrière, tant dans le jazz que dans le blues, effleurant parfois le rock.
Elle nous revient cette semaine avec un onzième album complet, son premier depuis 2015. Dans Step Out, fidèle à ses habitudes, elle reprend à sa façon des succès populaires francophones et anglophones. Voici sa version de Reach Out I’ll Be There, des Four Tops.
Térez Montcalm – Reach Out I’ll Be There – Step Out – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
C’est le 19 février dernier qu’a été inaugurée la maison intelligente de la Fondation les petits rois. L’endroit accueillera huit jeunes adultes atteints de déficience intellectuelle de modérée à grave. En soi, il s’agit déjà d’une bonne nouvelle.
La particularité est que le projet a bien failli ne pas voir le jour. Initié en 2017, soit avant la pandémie, il a subi les effets de la hausse des coûts de construction, qui l’ont fait passer de 3 M$ à 6,7 M$. Des dons corporatifs et privés, de même qu’une aide gouvernementale québécoise, ont finalement permis de boucler le budget.
La littérature jeunesse québécoise s’est retrouvée sur la sellette, ce jeudi.
D’abord au Missouri, quand Valentina Gomez, candidate républicaine au poste de secrétaire d’État de l’endroit, dans un geste d’éclat, a brûlé au lance-flammes un exemplaire du livre Naked, version traduite de Tout nu !, un lexique de 150 mots sur la sexualité s’adressant aux adolescents. Ce bouquin, écrit par Myriam Daguzan Bernier et illustré par Cécile Gariépy, aborde différents thèmes comme l’identité et l’estime de soi, mais aussi la masturbation, l’avortement et les infections transmises sexuellement.
C’est ce que madame Gomez, une militante MAGA (Make America Great Again), veut combattre. Je précise ici que sa mise en scène survient au lendemain d’un vote au Sénat du Missouri, où les avortements sont interdits depuis deux ans. Ce vote stipule que les interruptions de grossesse demeurent illégales même dans les cas de viols et d’inceste. 1 On ne peut même plus qualifier ces politiques de conservatrices. Elles reculent le temps en ramenant une population plus d’un demi-siècle en arrière.
L’autre nouvelle relate un événement qui s’est produit à Montréal. La Bibliothèque juive de Montréal a fait retirer de ses rayons tous les livres de l’autrice et illustratrice Élise Gravel. Non, ce n’est pas parce que madame Gravel a parlé de fesses dans un de ses livres. C’est plutôt en raison de cette publication, le 2 janvier dernier, sur sa page Facebook :
Aïe, aïe, aïe ! Et je m’aperçois que je me suis même permis un « J’adore » quand elle a publié. Je souscris toujours à ses propos cinq semaines plus tard. Le peuple juif a souffert de l’Holocauste. Je dénonce l’Holocauste. Le peuple palestinien souffre de ce que lui fait subir le gouvernement israélien. Je dénonce les attaques israéliennes qui, effectivement, peuvent maintenant être qualifiées de génocide, quoi qu’en disent plusieurs personnalités politiques d’ici et d’ailleurs. Je dénonce aussi les violences du Hamas. Mais le Hamas, ce n’est pas la Palestine. Et le gouvernement israélien n’est pas tout le peuple juif. Je dénonce haut et fort les récentes attaques à l’arme à feu contre des écoles juives de Montréal.
Élise Gravel s’affiche comme pacifiste, ce qui a valu la mise à l’index de ses œuvres par une institution littéraire montréalaise. Quel message faut-il y décoder ?
Mes élèves écrivaient, cette semaine. L’un d’eux m’a demandé s’il pouvait utiliser le mot week-end. Je le fais moi-même parfois, mais dans un contexte scolaire francophone, c’est différent. Je lui ai mentionné que, comme le mot cool, week-end est un mot de langue anglaise maintenant intégré dans les dictionnaires francophones. Toutefois, s’il existe une expression française équivalente, c’est cette dernière qui doit être employée dans sa composition.
Qu’est-ce que le premier ministre aurait dû dire, ici ?
« Il y a des jeunes, malheureusement, qui trouvent ça cool de sortir des mots an anglais ou de se parler en anglais. »
Manifestement, pas juste les jeunes! 🤣
PS. Priceless : le visage de M. Legault quand il cherche à comprendre sa bourde. pic.twitter.com/4O1GMdyCwJ
Les jeunes trouvent ça amusant, ou sympathique, plutôt que cool.
En passant, monsieur Déry, « priceless » ne se trouve dans aucun dictionnaire francophone, contrairement au cool de François Legault !
Dans le cours de musique
Elle est Montréalaise, elle possède toute une voix et elle a remporté un prix Grammy, dimanche dernier. Avec sa chanson Eve Was Black, voici Allisson Russell.
Allisson Russell – Eve Was Black – The Returner – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Je ne me lasserai jamais de voir des Québécois nous faire rayonner sur la planète. La chanteuse folk Allisson Russell et le maestro Yannick Nézet-Séguin l’ont fait dimanche dernier, remportant chacun un prix Grammy à la grand-messe de la musique américaine.
Allisson Russell a remporté le prestigieux trophée dans la catégorie Roots americana, grâce à sa chanson Eve Was Black, alors que Yannick Nézet-Séguin, avec le Metropolitan Opera, a remporté celui du meilleur album d’opéra, avec Blanchard : Champion.
J’aurais pu être directeur d’école, mais non. Parce que je suis un enseignant. J’ai un jour considéré devenir conseiller pédagogique, car je trouvais que les classes manquaient de ressources et d’outils. J’ai cependant préféré demeurer avec mes élèves parce que je suis un enseignant.
Je passe une partie de mes fins de semaine et de mes vacances à bâtir du nouveau matériel et à m’informer sur les nouveaux courants pédagogiques. Je le fais comme le font la majorité des enseignants, parce qu’un enseignant ne se contente pas d’être un enseignant. Un enseignant veut toujours demeurer un bon enseignant.
Bien que je ne dispose d’aucune autre certification, mes expériences professionnelles ont fait de moi un médiateur, un travailleur social, un infirmier, un psychologue, un auteur, un concepteur, un comédien, un gestionnaire tous azimuts. Mes collègues le savent bien, ils vivent la même réalité. Pour tous les autres, je suis un enseignant.
Être enseignant, ce n’est pas avoir la vocation, comme plusieurs se plaisent à le penser. Être enseignant, c’est avoir la flamme. Comme n’importe quelle flamme, plus on la nourrit, plus elle monte. Depuis une vingtaine d’années, les différents gouvernements qui se sont succédé ont pris des décisions qui nous ont imposé plus de tâches de gestion et plus d’évaluations, réduisant d’autant notre temps d’enseignement. Nous sommes des enseignants. Moins on enseigne, moins la flamme est nourrie, plus elle diminue. Le gouvernement actuel s’affaire à éteindre ce qu’il en reste.
Je suis un enseignant et j’entreprends une cinquième semaine sans enseigner. La flamme s’est transformée en flemme. Je suis accablé d’une inquiétante paresse physique et intellectuelle qui me plonge dans un état ne s’apparentant à rien de ce que je ressens durant mes semaines de vacances. Il y a une semaine, je me suis ouvert à quelques collègues sur ma situation. Ils m’ont tous, sans exception, affirmé ressentir la même chose. Rassurant ? D’un point de vue personnel, oui. Professionnellement, non, au contraire. Nous sommes des enseignants.
Le choix d’aller en grève nous appartenait. Il importe néanmoins de préciser que nous sommes sans convention collective depuis mars dernier et que malgré notre grève, le gouvernement ne démontre aucun empressement à négocier. Ajoutons à cela que plusieurs éléments importants étaient restés en suspens lors des dernières discussions, en raison de la COVID. Parmi ces éléments, on trouve la composition des classes, que nous avions accepté de reporter aux présentes négociations, malgré l’urgence de la situation. L’important était d’avancer et de rattraper le temps que la pandémie nous avait fait perdre. Nous sommes des professionnels de l’enseignement.
La grève des enseignantes et enseignants affiliés à la FAE entre dans sa cinquième semaine. Elle est déjà la plus longue jamais vécue par l’État québécois. Jusqu’à quand se poursuivra-t-elle ? François Legault répète depuis plus de dix ans que l’éducation est sa priorité. Si c’était le cas, nous serions en classe actuellement. Vingt jours de grève, parce que c’est là où nous en sommes, c’est un dixième de l’année scolaire. Même durant la pandémie, les élèves n’en avaient pas perdu autant. Nous étions passés en enseignement à distance après deux semaines.
Ce gouvernement, dirigé par des gens d’affaires (la tentation était forte d’écrire des hommes d’affaires), gère le Québec comme s’il s’agissait de son entreprise. Les élèves ne sont pas une clientèle qu’on peut se permettre de négliger temporairement dans l’espoir de mieux la servir par la suite. Et les employés de l’État sont ceux de l’État, pas ceux de la CAQ. La responsabilité de les garder mobilisés incombe cependant aux élus et aux hauts fonctionnaires.
Je suis un enseignant qui n’enseigne plus. Et plus la situation se prolonge, plus j’ai tendance à me démobiliser. Cette semaine, une de mes élèves m’a écrit. Elle m’a rappelé qu’en septembre, j’avais mentionné au groupe que je leur parlerais de quelque chose en particulier lorsque nous serions rendus en décembre. Ma flamme s’est nourrie par cette seule intervention. Je lui ai répondu que je me mettais sur-le-champ à la réalisation d’une capsule vidéo. La petite a prévenu d’autres élèves de la classe et me l’a fait savoir. La flamme brûle. Ne le dites pas à mon syndicat, mais ça fait deux jours que je travaille sur cette capsule que je déposerai plus tard aujourd’hui sur une plateforme numérique.
Il n’y a aucun doute, je suis un enseignant.
En #musiquebleue
Encore une pièce de Noël, encore a cappella. Il y a quelques années, j’ai découvert la version de la chanson The 12 Days of Christmas par le groupe américain Straight No Chaser. Version drôle et surprenante, s’il en est une.
De ce côté-ci de la frontière, le duo Deux gars, plein d’voix en ont fait une adaptation. La voici.
Deux gars, plein d’voix – Les 12 jours de Noël – Tableaux de Noël – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Il est délicat d’écrire ici tous les détails, mais les élans de générosité et de solidarité de la population envers le personnel scolaire en grève sont dignes de mention. À petite échelle, dans nos entourages immédiats, les exemples sont nombreux. Les invitations à souper, le partage de nourriture, les prêts d’argent à long terme et sans intérêt constituent des éléments fréquents et nombreux chez les collègues.
Les initiatives de groupes ou régionales apportent également leur lot d’aide précieuse. À ce sujet, il y aura de nouvelles collectes et distributions à plusieurs endroits, le samedi 23 décembre.
Finalement, je me dois de souligner l’apport des très nombreux commerçants qui, sur les lignes de piquetage, ont souvent et spontanément démontré leur soutien. De façon plus personnelle, pour tout ce qui a été offert à mes collègues et à moi durant notre seule sortie de jeudi, je tiens à remercier Barbies resto bar grill, les Marchés TAU, ainsi que les restaurants Starbucks.
Grève rime avec trêve. Je souhaite que pour les deux prochaines semaines, les rapprochements familiaux et amicaux constituent notre seule source de préoccupations. Pour celles et ceux qui fêteront Noël, je vous le souhaite joyeux et festif.
Pour une quatrième semaine consécutive, je souhaite que le chapitre hebdomadaire de mon journal de grève soit le dernier. Mercredi, le premier ministre s’est même avancé sur un retour en classe dès lundi. Ça, c’est comme pour le père Noël : on voudrait y croire, mais la réalité l’emporte.
Dans ce billet, je cède ma plume à d’autres. Il existe des enjeux qui ont besoin d’être démystifiés, en ce qui regarde le quotidien du monde de l’enseignement, afin de contrer ou de préciser certaines croyances populaires. Si j’y fais ponctuellement allusion à l’intérieur de mes écrits, des collègues et des observateurs en ont fait autant ces derniers jours. Cette semaine, mon espace leur appartient.
Sur l’exode du personnel et la désertion des étudiants en enseignement
Son homonyme est acteur, mais le Frédéric Pierre dont il est question ici est informaticien. Il appuie le personnel scolaire et celui de la santé dans leurs revendications. Voici ce qu’il publiait sur le réseau social Bluesky, le 11 décembre dernier.
« Une prof me disait que plus le gouvernement prend du temps pour négocier, certains profs songent quitter et se trouver autre chose. Aussi, sa fille étudie en enseignement : – 1ère année : il y avait 120 étudiants. — 3e année : il en reste 30 ! Avec une autre année à faire. 😕 » Source : Bluesky (@fredericpierre.bsky.social)
Évidemment, ces chiffres ne sont pas vérifiés et confirmés. Mais ils reflètent ceux de l’étude réalisée par Le Devoir, il y a deux ans, à laquelle je faisais référence dans mon billet du 24 novembre dernier. 1
Depuis le début des moyens de pression du personnel enseignant, le gouvernement exige de nous de la souplesse pour modifier le processus d’affectations. Nous reviendrons plus bas sur la souplesse. Pour ce qui est des affectations, mon ex-collègue Marie-Josée Dupont a très bien résumé la situation.
Source : Facebook
Ce que le gouvernement voudrait, c’est que les enseignantes et enseignants permanents soient exclus de l’affectation d’août. Bien que l’ancienneté constitue notre seul atout pour améliorer nos conditions, la FAE a tout de même consenti à une ouverture sur ce point. Pourquoi Bernard Drainville et François Legault en font-ils un enjeu majeur alors que ça ne concerne qu’une quantité négligeable de postes ? Ma seule réponse est qu’ils font preuve d’une méconnaissance marquée de la situation.
Sur notre réalité
Le cri du cœur d’Anne-Marie Vignola, enseignante au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), expose un portrait limpide et complet de notre quotidien.
« Bonjour, Je m’appelle Anne-Marie et je suis enseignante depuis plus de 20 ans. J’ai étudié quatre ans à l’université pour obtenir un baccalauréat en éducation. Je suis sans contrat de travail depuis 10 mois et sans salaire depuis trois semaines parce que mon patron trouve que je manque de souplesse. J’ai pourtant l’impression de faire des acrobaties incroyables pour parvenir à faire mon boulot. Je n’ai rien d’extraordinaire… Nous sommes plus de 60 000 dans les rues depuis bientôt trois semaines. (FAE) Cette semaine des milliers d’autres travailleuses vont se joindre à nous. ✨❤️ Nous vous attendions ! ✨ Je suis une fille travaillante ! Je fais des heures supplémentaires à toutes les semaines et je ne demande jamais d’obtenir un salaire supplémentaire. Je fais tout ça bénévolement. Je mange régulièrement le souvenir d’un yogourt sur l’heure du midi parce que je manque de temps et je préfère travailler. En 20 ans, je n’ai jamais reçu une seule plainte de ma direction. Je dépense annuellement entre 500 $ à 1000 $ de mes sous pour acheter des jeux, jouets, livres ou ateliers. Le 250 $ attribué pour ma classe est insuffisant et j’adore avoir du matériel pédagogique actuel. Je suis toujours à l’heure au travail. Depuis deux ans, je n’ai jamais été malade. Je ne prends jamais de congés parce que je n’aime pas prendre deux heures de mon temps, déjà si précieux, pour écrire les explications du déroulement de la journée à un remplaçant. Il y a aussi le fait que ce sont souvent des collègues qui doivent remplacer les absents parce qu’il n’y a plus de suppléants… Je demeure presque toujours calme lorsque quelqu’un lance une chaise. 🧘🏻♀️ Je suis immunisée contre les insultes. Je suis excellente en gestion des conflits. Je peux faire rire quelqu’un qui pleure. Je sais que mes bras sont réconfortants. Je peux faire 5 tâches en même temps. Je fais environ 20 heures de formation par année parce que je trouve important de demeurer au fait des pratiques innovantes dans mon domaine. J’ai repeint une partie de mon local en cachette et j’ai découpé des petites marguerites en papier pour cacher les trous du mur de ma classe. Encore une fois, j’ai gardé la facture pour moi. Mon patron trouve que je manque de souplesse, mais moi, j’ignore ce que je peux faire de plus… Tous les spécialistes de l’enfance (médecins, pédiatres, psychologues) sont en accord avec les demandes de la FAE. On ne demande pas d’avoir l’air climatisé, un système de ventilation adéquat et un parc informatique fonctionnel… Nous souhaitons que nos élèves les plus vulnérables puissent obtenir des services offerts par des personnes compétentes. LA BASE ! Ce travail, je l’aime profondément et ça me fait mal de me sentir aussi peu respecté par mon employeur. À force de me plier en quatre pour y arriver, je suis brisée et je ne veux plus continuer comme ça. L’attitude du gouvernement envers cette marée de petites tuques rouges me dégoûte ! Nous sommes des guerrières ! Nous arrivons à bout des enfants les plus rebelles… Si son souhait est d’étirer la négociation pour épuiser nos troupes et semer le chaos, il va trouver le temps long. Les troupes sont épuisées depuis une décennie et elles appuient le méchant monstre syndical qui, pour l’instant, est le seul à nous protéger dans cette lutte… Après trois semaines, ces femmes sont affamées et déterminées à continuer de lutter contre les injustices du système de l’éducation et de votre exploitation de notre bonté ! »🔴
Je l’ai écrit plusieurs fois, nos semaines de vacances sont nombreuses, mais elles sont toutes à nos frais. Qui plus est, le gouvernement conserve temporairement une partie de notre argent et le fait fructifier, avant de nous en remettre le capital tout en conservant les intérêts. Le dimanche 10 décembre, Valérie Larin l’a très bien expliqué.
« FONCTIONNEMENT RÉEL DU SALAIRE D’UN PROF Je fais ce post en toute transparence. Je suis prof au primaire. Je suis actuellement à l’échelon 5. Selon la convention actuelle, mon salaire annuel est de 56 550 $. Une année compte 52 semaines (365 jours). Si on exclut les week-ends, ça nous donne 260 jours au total. Je travaille 200 jours par année (180 jours en présence d’élèves plus 20 journées pédagogiques, qui sont loin d’être des « congés » comme certains le pensent : réunions, planification, correction, impressions, paperasse, achats pour la classe, etc.). Logiquement, je devrais être payée 1/200 de 56 550 $ pour chaque jour travaillé, c’est à dire 282,75 $ par jour (brut) et être au chômage durant l’été. Sachez que ce n’est pas le cas ! Il y a plusieurs années, une loi est venue exclure les enseignants ayant un poste permanent du droit au chômage durant l’été. Pourquoi ? Aucune idée ! Ça, c’est la première aberration. En voici une deuxième : comme le gouvernement semble juger que nous ne sommes pas assez autonomes pour gérer nos sous nous-mêmes et nous en mettre de côté pour la période estivale, il me paie 1/260, donc 217,50 $ au lieu de 282,75 $. Le gouvernement ramasse donc 65,50 $ sur chacune de mes paies (aux deux semaines) pour me le redonner durant les mois d’été. Au total, dans l’année, c’est 15 660 $ qu’il garde pour lui en le faisant fructifier pendant que moi, je ne peux pas, même si c’est MON argent. Je vous rappelle que je ne suis qu’à l’échelon 5. Imaginez quelle somme cela peut représenter sur l’ensemble des profs au Québec ! En voulez-vous une autre ? La loi sur les normes du travail prévoit 2 semaines de vacances payées pour les salariés ayant cumulé entre un an et 3 ans de travail continu, ainsi que 3 semaines payées après 3 ans. Nous, les profs ? Rien. Nada. Nous n’avons aucun congé payé par l’employeur. Nous finançons tous nos congés (vacances et jours fériés) à partir de notre propre paie. Donc, si vous pensiez encore que les profs ont « deux mois de congés payés durant l’été », j’espère que cette rectification vous a permis de comprendre que c’est loin d’être le cas ! »
Cette fameuse souplesse que réclament François Legault et au moins deux de ses ministres ! Est-ce que nous en démontrons suffisamment ? Marie-Ève Couture, enseignante spécialiste en anglais, a également lancé ce cri du cœur.
« D’après monsieur Legault, je manque de souplesse… En tant que spécialiste, prof d’anglais, j’ai 2 écoles, 15 groupes donc environ 300 élèves… Je ne me plains pas, mais vous dites que je manque de souplesse… 🤔 Je fais partie des privilégiés qui possèdent un local où je peux enseigner adéquatement. Mais seulement dans une école ! Faudrait pas ambitionner, quand même !! À l’autre école, je prends la place de l’enseignant qui doit sortir de son local et se trouver une place où travailler durant cette heure…. Qui est souvent le salon du personnel où ça va et vient constamment ! …. Parfait pour travailler et se concentrer ! Mais, ON manque de souplesse ! Je change 5 fois de local dans une journée en oubliant souvent des trucs ici et là… Je dois me promener de classe en classe avec des livres, mon ordi, mon sac, les photocopies, les jeux, les dictionnaires… puisque je n’ai pas de local pour enseigner !!!! Mais, je manque de souplesse ! Le budget classe pour acheter des livres ou du matériel est largement insuffisant… 150 $ environ par école et c’est pas une blague ! Donc, vous me voyez venir ! Je dépense facilement 500 $ par année pour que les élèves aient : des nouveaux livres intéressants, une boîte de récompenses, des jeux au goût du jour, des activités intéressantes, des décorations et des affiches pour rendre les cours plus vivants, etc. Mais, je manque de souplesse ! À la récré, je garde des fois des élèves pour régler un conflit, leur donner du temps supplémentaire pour finir l’examen, avoir une discussion parce que l’élève vit des choses difficiles à la maison (oui bien sûr qu’on est psychologue et ça presque au moins une fois par semaine !), pour reprendre la notion enseignée, etc. J’avais vraiment envie d’aller aux toilettes, mais bon, j’irai au dîner, l’élève est plus important ! Mais, je manque de souplesse ! Idéalement, dans un cours, je dois enseigner, expliquer l’exercice à faire, répondre aux questions et si possible corriger en grand groupe ! Et le tout en une heure ! Car on voit en général nos groupes seulement une heure par semaine ! Bon, OK ! 8 h 05 Je commence le cours… que dis-je… j’attends qu’environ 3 à 5 élèves finissent d’enlever tous les vêtements p.c.q. ils sont habitués de prendre leur temps à la maison et qu’il n’est pas question qu’ils se dépêchent à l’école…. Faudrait pas les brusquer, mais plutôt attendre et s’adapter à leur rythme… pendant ce temps-là, il y en a 15 qui sont prêts, s’impatientent et qui commencent à vouloir bouger. C’est normal, c’est des enfants !!! Mais moi, j’attends les autres tout en essayant de gérer les comportements des autres. 8 h 15 : Une fois tout le monde assis et « attentif » 😉😂 🤞Je peux commencer à enseigner ! Dans plusieurs groupes, j’ai un élève TSA qui nécessite une approche différente pour chacune des interventions. Par exemple, si je demande de sortir leur cahier, l’élève se met à crier, car il n’aime pas les changements… je dois donc le préparer mentalement à l’avance pour chaque transition ! Bien sûr, nous avons des TES formidables pour aider, mais qui ne peuvent pas se séparer en 10 non plus ! Il y a en souvent un avec un trouble de comportement qui est très souvent en opposition, impoli avec moi ou les autres. Souvent en conflit qui doit être réglé tout de suite pour ne pas que ça dégénère…. Il y a facilement 5 à 7 élèves par groupe avec des plans d’intervention puisqu’ils ont de gros troubles d’apprentissage. Ce qui veut dire que je dois adapter mon cours pour eux parce qu’un a droit à son ordi (donc je dois m’assurer que l’élève a son ordi et que j’ai préparé à l’avance le document qui devra être lu par un logiciel prévu à cet effet). Un autre a droit à un temps supplémentaire pour finir (que je dois aussi prévoir dans mon planning) et je pourrais continuer longtemps encore ! Il y a ceux qui n’ont pas de troubles d’apprentissage, mais qui ne sont pas motivés et que l’on essaye par tous les moyens de motiver… Il y a ceux qui ne comprennent pas le français….. Et qui sont oubliés ? Ceux pour qui ça va bien et qui n’ont pas de problèmes d’apprentissage et/ou de comportement… 8 h 30 : après avoir demandé je ne sais pas combien de fois à un élève de s’asseoir et d’arrêter de déranger autour de lui p.c.q. il n’a pas pris sa médication ce matin-là et qu’il est impossible pour lui de rester en place et bien je finis par tolérer qu’il soit debout p.c.q. je suis juste tannée d’intervenir. Je réussis à les faire commencer l’exercice, et un de me dire qu’il n’a pas de crayons, l’autre qu’il ne trouve pas son cahier, l’autre qu’il ne sait pas quoi faire quand je viens de passer 10 minutes à expliquer pendant que lui jouait avec son efface, que mon TSA a besoin de moi constamment pour le rassurer ! J’ai ceux qui ont des questions p.c.q. ils ne comprennent pas encore le français et moi je leur demande d’apprendre une troisième langue…. J’ai aussi les anglophones qui finissent le travail en quelques minutes et je dois avoir prévu des trucs supplémentaires pour eux qui les challengent un peu ! Êtes-vous essoufflés ??? Moi, oui ! Mais, je manque de souplesse ! 9 heures : plusieurs n’ont pas fini l’exercice, j’ai géré 2 conflits à travers toutes les questions et mon TSA décide qu’il jette par terre tout ce qu’il trouve autour de lui ! 9 h 05 : je dois me dépêcher à tout ramasser mes trucs, mon ordi, mon sac, mes jeux, etc., pour changer de local, car je donne un cours à 9 h 05 à l’étage du dessus… Mais, je manque de souplesse ! On répète la scène 5 fois par jour, 5 jours par semaine ! De septembre à fin juin ! MAIS !!!! Je manque de souplesse ! 🤔🤔🤔🤔🤔🤔🤷🏻♀️🤷🏻♀️🤷🏻♀️ »
Sur nos revendications
Ce que nous réclamons, c’est de l’aide et la sauvegarde de l’école publique. La hausse salariale est accessoire et vise surtout à rendre notre profession attrayante pour arrêter la désertion massive qu’elle subit actuellement. Cette grève générale illimitée, sans salaire, sans fonds de grève, ce piquetage sous des températures hivernales, c’est pour nos élèves et ceux qui les suivront que nous le faisons.
Dans une lettre ouverte à François Legault, Bernard Drainville et Sonia LeBel, plus de 75 pédiatres et médecins de famille ont pris position en notre faveur et en faveur de leurs collègues du domaine de la santé. Voici un extrait de leur missive.
« Croyez-nous, nous sommes au premier rang pour constater la dure réalité des familles qui perdent présentement des revenus considérables, en raison de journées de travail annulées. Plus particulièrement, nous avons cette pensée sincère pour les enseignantes et les enseignants qui sont maintenant sans salaire depuis presque trois semaines à se battre pour de meilleures conditions de travail, mais aussi de meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves, bref pour un meilleur système d’éducation publique, en adéquation avec nos jeunes institutions fondatrices.
Nous joignons fièrement nos voix à la leur, de même qu’à celles de tous les travailleurs de la santé, également mus par de courageux engagements. Nous militons pour un meilleur système d’éducation publique, qui valorise à juste titre le travail de tous ses professionnels, tout en demeurant profondément inquiets pour notre système de santé déjà fragilisé et qui l’est d’autant plus que de nombreux travailleurs de la santé, également des parents, y sont déchirés entre leurs responsabilités professionnelles inconciliables avec leurs obligations familiales. »
Finalement, s’il vous reste du temps et de l’énergie, je vous invite à lire la chronique de Patrick Lagacé, publiée jeudi matin. Il résume bien la part du système à trois vitesses dans les déboires vécus par tout le réseau de l’éducation québécoise. J’admets cependant être plus optimiste que lui quant à la suite des choses. Un peu.
Près de 50 ans après que Walter Murphy nous eut donné sa version disco de la 5e symphonie de Beethoven, voici qu’Emmanuelle Boucher nous offre Minuit, chrétiens en rock country.
A-t-il vaincu sa dépression sévère ? Peut-être pas tout à fait, mais toujours est-il que le comédien Serge Thériault participera à une émission radiophonique le 24 décembre, sur les ondes d’ICI Première. Animée par Stéphane Laporte, l’émission spéciale portera sur ses collaborations avec son complice Claude Meunier.
Reclus à son domicile depuis plusieurs années, Thériault avait récemment quitté son ermitage le temps de tourner la scène finale, quelques secondes à peine, des nouveaux épisodes de La p’tite vie. Contrairement à toutes les autres scènes, celle-ci n’avait pas été enregistrée devant public.
Cette fois, de nombreux invités défileront en studio pour rendre hommage au célèbre duo.
Autre collecte de dons pour le personnel affilié à la FAE
Celle-ci aura lieu le samedi 23 décembre, aux endroits indiqués ci-dessous.
J’ai l’habitude d’écrire à la première personne du singulier. Je trouve présomptueux de se servir du pronom « nous » pour faire valoir sa position. Cependant, après de nombreux échanges avec les collègues, je peux affirmer que nous avons vécu deux grandes déceptions, cette semaine.
La première est survenue lundi. La veille, en soirée, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) avait soumis une contre-offre à la plus récente proposition gouvernementale. En matinée, la présidente du Conseil du trésor la rejetait devant les médias, avant même d’en avoir informé le syndicat. Cette façon de procéder propre au gouvernement actuel a été dénoncée seulement deux jours plus tard par six professeurs spécialisés en relations de travail à l’Université de Montréal 1.
Et je cite :
« On utilise le micro et les médias pour faire des déclarations alarmistes et aller chercher l’appui de la population. On se rend compte que ça n’aide pas aux tables de négociation, ça crée des braquages et des gens en colère. »
Mélanie Laroche, professeure en relations industrielles, Université de Montréal, le 6 décembre 2023. (Source : La Presse)
Tôt lundi matin, avant cette sortie de la ministre LeBel, nous étions certains que le retour en classe était imminent. Sincèrement, il y avait de la joie et de la bonne humeur sur les lignes de piquetage. Nous avons brutalement été ramenés à la réalité.
C’est mercredi soir que nous avons vécu la seconde déception : l’annonce de l’offre de bonification salariale de 12,7 % sur cinq ans (16,7 % pour une infime minorité d’employés du secteur public). Selon les prédictions rapportées par plusieurs médias, l’inflation pour cette même période devrait atteindre 18,1 %.
D’abord, comme je l’indiquais dans mon billet du 24 novembre dernier 2, la question salariale ne constitue qu’un élément parmi d’autres dans nos revendications. Malgré le fait que notre rémunération se situe bien en deçà de la moyenne canadienne, nous ne réclamons dans le contexte actuel qu’une indexation au taux d’inflation. Là-dessus, je rappelle qu’à l’automne 2022, les députés se sont voté une hausse salariale de 30 %, pas sur cinq ans, mais sur un an. Je rappelle également qu’en septembre dernier, ce gouvernement offrait une augmentation de 21 % aux policiers de la Sûreté du Québec. Préalablement acceptée en entente de principe, l’offre a finalement été rejetée quand les syndiqués se sont prononcés dessus.
Donc, les députés s’octroient 30 % sur un an, les policiers refusent 21 % sur cinq ans et on n’offre que 12,7 % aux enseignantes et enseignants.
Je reprends mon « Je ». La déception était certes collective, mais après deux semaines de grève du personnel affilié à la FAE, à l’aube d’une grève de six jours du front commun qui viendra fermer toutes les écoles encore ouvertes, si le gouvernement n’offre que 12,7 % un 6 décembre, il est clair à mon esprit que c’est parce qu’il est déterminé à faire perdurer les négociations jusqu’après la période des Fêtes. Je l’ai mentionné dans mon dernier billet et j’ai continué de le constater cette semaine, l’appui de la population à notre cause est toujours aussi fort. Cette stratégie risque de coûter cher à François Legault.
La députée Christine Labrie est enseignante de formation. Elle s’est portée à la défense de ses ex-collègues à quelques reprises, cette semaine, à l’Assemblée nationale. Ce faisant, elle a employé une épithète que la présidence lui a demandé de retirer. Sur sa page Facebook, madame Labrie a demandé à ses abonnés de lui suggérer un synonyme. Elle s’est cependant permis une liberté que je me permets de dénoncer ici.
Ici, le Fac ne passe pas ! Personne ne devrait écrire comme il ou elle parle. On aurait pu utiliser plusieurs marqueurs de relation pour débuter la phrase. Donc, alors, ce qui fait que, etc. Le reste de sa publication demeure impeccable.
Et pour tout le reste, madame Labrie, je vous remercie ! 🙏
Dans mes écouteurs
Musique intéressante que celle du duo Babylones. Actif depuis une dizaine d’années, il vient de produire un deuxième album complet, Humains. Je vous propose la pièce Cannibale.
On constate un bel élan de solidarité de la part de la population envers les enseignantes et enseignants en grève. Les médias l’ont maintes fois répété, nous ne disposons pas d’un fonds de grève. Cela signifie que nous ne recevons aucun salaire depuis le 23 novembre et cela perdurera jusqu’à notre retour en classe, quand la grève générale illimitée aura pris fin.
Si la situation actuelle est financièrement difficile pour nous tous, elle est précaire et déjà critique pour plusieurs. À l’initiative de citoyens, des groupes d’entraide se sont rapidement formés. Ce samedi, 9 décembre, les personnes désirant aider le personnel scolaire en grève pourront effectuer des dons (on évite l’argent) à différents endroits.
Une sortie culturelle nous a emmenés dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, cette semaine, ma conjointe et moi. Le bistro où nous avions l’habitude d’aller nous restaurer avant le théâtre étant réservé pour un groupe privé, nous nous sommes déplacés quelques centaines de mètres plus à l’est et avons découvert Agrigourmet.
Cela fera bientôt quatre ans que je rédige ici mes billets hebdomadaires et je crois n’avoir jamais fait la publicité d’un commerce ou d’un autre genre d’entreprise. Il y a un début à tout.
Les repas qui y sont servis sont frais et délicieux. Tout est préparé sur place à partir de produits cultivés ou élevés ici. L’entreprise est écoresponsable.
Ayant presque toujours œuvré au sein d’organismes communautaires, le propriétaire a fondé Agrigourmet en 2011 afin d’aider son père, nouvellement veuf, à bien se nourrir. Si l’endroit dispose de quelques tables pour consommation sur place, c’est surtout avec les produits vendus au comptoir ou livrés à domicile que le gros du chiffre d’affaires est réalisé. La clientèle principale est constituée d’aînés en légère perte d’autonomie.
Ce fut pour nous une magnifique et succulente découverte !
Dans le cours d’univers social Volet éducation à la citoyenneté
Une grande partie de ma vie a été consacrée à la promotion de la langue française. C’est une des raisons pour lesquelles je suis devenu enseignant, en plus de m’inspirer la conception de ce blogue.
D’un autre côté, j’accepte bien l’idée de revoir le financement des universités, si c’est pour améliorer leur situation tout en évitant le surendettement étudiant.
Par contre, quand il s’agit de revoir le financement des universités en doublant les droits d’accès aux étudiants non francophones de l’extérieur du Québec et en prétextant la protection de la langue française pour le faire1, alors là, je décroche. Le problème est bien réel, mais la solution du gouvernement Legault est mauvaise.
De plus en plus, le Québec est vu comme un leader mondial dans plusieurs technologies. On peut penser aux différentes énergies propres et au multimédia, pour ne mentionner que celles-là. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, peut-on se permettre de lever le nez sur d’excellentes candidatures à former ici pour développer ces domaines ? Poser la question, c’est y répondre. Bien sûr, certains de ces talents ne feront que passer et retourneront à la maison, leur diplôme d’une université québécoise en poche. Dois-je rappeler qu’une multitude de gens d’ici ont emprunté le chemin inverse et détiennent des grades acquis à l’étranger ?
À travers le monde, le Québec est perçu comme une société ouverte et sa métropole, comme une ville internationale et un pôle universitaire d’importance. Une mesure aussi conservatrice et discriminatoire envers des jeunes ne peut que nuire à cette réputation.
Si le gouvernement veut protéger et promouvoir la langue française, il peut d’abord commencer par s’assurer que les règles déjà existantes sont appliquées. La loi prévoit que le français doit constituer la langue de travail pour les entreprises de plus de 25 employés, et la langue de service partout sur le territoire. Un étudiant étranger désirant s’établir en permanence ici ne devrait avoir d’autre choix que de s’y soumettre sur son éventuel lieu de travail.
Quant à la population québécoise, nous avons également un énorme examen de conscience à effectuer. Insistons-nous toujours pour recevoir des services en français dans nos commerces et industries ? Et quand je lis que sur une période de onze semaines, en 2021, la musique d’ici a représenté moins de 9 % des 4,6 milliards de chansons écoutées au Québec sur des plateformes comme Spotify et Apple Music2, je me dis que nous sommes sans doute les plus grands responsables du déclin de notre langue.
Il est de ces expressions qui requièrent une orthographe dont on doute chaque fois qu’on doit l’utiliser. Dans un courriel que j’ai dû envoyer, jeudi, j’ai énoncé prendre en main. Dans cette expression, main doit-il s’écrire au singulier ou au pluriel ? Prendre en main ou prendre en mains ?
Une vérification dans ma bible, le site de l’Office québécois de la langue française, m’a confirmé que les deux orthographes sont acceptées. Il en est de même avec à pleine(s) main(s), en main(s) propre(s) et changer de main(s).
Dans le cours de musique
Bassiste et artiste du jazz fusion, Carl Mayotte a présenté son troisième album, Carnaval, cette semaine. Avec Sylvain Luc à la guitare, voici la pièce Le Saltimbanque.
Carl Mayotte – Le Saltimbanque – Carnaval – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Rares sont les artistes qui ont pris le temps de m’écrire pour me remercier d’avoir diffusé une de leurs pièces en #musiquebleue, dans un de mes billets. Parmi ceux qui l’ont fait, il y a Emmanuel Travis.
Son album Dopamine, dont j’avais inclus un extrait dans mon billet du 28 avril dernier, se retrouve en nomination dans la catégorie Albumou EP soul/R&B au GAMIQ (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec), qui aura lieu le 27 novembre prochain. La catégorie R&B est présentée pour la première fois à ce gala. Emmanuel en sera-t-il le premier gagnant ? On le lui souhaite !
J’en suis à ma 27e année d’enseignement. Ai-je déjà travaillé avec des titulaires de classe inadéquats dans leur pédagogie ou leurs comportements ? Oui.
Les ai-je dénoncés ? Quand j’étais moi-même témoin de paroles ou de gestes récurrents et inacceptables dirigés vers les enfants, oui.
Est-ce que quelque chose a été fait ? Oui, chaque fois. Toutes les directions avec qui j’ai travaillé avaient à cœur le bien-être de leur personnel, mais celui des élèves et la mission de l’école primaient.
Maintenant, entendons-nous. Je fais ici allusion à une infime proportion de toutes les personnes avec qui j’ai travaillé, à travers ces années. Quelques individus, que l’on peut probablement compter sur les doigts d’une seule main, parmi plus de deux centaines. Dans tous ces cas qui me viennent en tête, la direction colligeait les éléments au dossier et assurait les interventions nécessaires. Qu’arrivait-il ensuite ? Chaque cas est unique. Mais sans faute professionnelle grave, pouvant être concrètement démontrée, le congédiement est difficilement envisageable et incombe à la direction du centre de services scolaire, pas à celle de l’école.
J’ai tout de même été témoin d’au moins une suspension et de quelques retraites anticipées. Est-ce que d’autres ont réussi à s’accrocher et à demeurer en poste, malgré tout ? Malheureusement, oui.
Avec les événements des derniers jours, il est beaucoup question de la création d’un ordre professionnel pour les enseignantes et les enseignants. Je me suis personnellement toujours prononcé en faveur, chaque fois que j’ai eu à le faire. À chacune de ces fois, nous étions peu nombreux dans ce camp.
Je considère que l’adhésion à un tel regroupement pourrait nous apporter beaucoup. L’exemple que je cite souvent est celui des nombreux et volumineux rapports qui nous sont demandés par des spécialistes de la santé qui suivent certains de nos élèves. Ces questionnaires sont remplis sur notre temps personnel, souvent à la maison, bénévolement. Pourtant, lorsque nous demandons au même médecin de prendre quelques secondes pour nous écrire un billet visant à motiver notre absence du travail pour venir le rencontrer, il nous facture une cinquantaine de dollars parce que la Régie de l’assurance maladie ne rembourse pas ce type de frais. C’est là une différence notable entre un corps d’emploi sous l’égide d’un ordre professionnel et un autre qui n’en dispose pas.
Parce que pour la protection des citoyens, voire des élèves, le ministre Drainville a entièrement raison lorsqu’il affirme que les mécanismes actuels permettent de l’assurer. À ce niveau, l’ordre professionnel ne ferait que les regrouper vers un guichet unique.
Dans le cours d’éthique et culture religieuse Volet éthique
Et je cite :
« Si demain matin il y avait une élection dans Camille-Laurin, sans vol de dépliant du PQ, est-ce que le député de Camille-Laurin serait le député qui est ici devant nous aujourd’hui ? »
François Legault, à propos de Paul St-Pierre Plamondon, le 25 avril 2023.
C’est vrai, la campagne du chef du Parti québécois dans la circonscription de Camille-Laurin ne levait pas avant le vol de ce dépliant. C’est le renvoi de la coupable, la candidate de Québec solidaire, qui a probablement assuré la victoire de M. St-Pierre Plamondon. Qu’un analyste politique ou un humoriste le rappelle, dans un contexte où une telle remarque s’y prête, ne m’aurait pas heurté. Que cela vienne du premier ministre est différent. S’abaisser à cette mesquinerie n’est pas digne de la position qu’il occupe.
Dans le cours de musique
Peu d’artistes québécois donnent dans le RnB. Parmi eux, on compte Emmanuel Travis, originaire de Châteauguay. Oeuvrant dans l’industrie depuis près de 25 ans, il vient de lancer son sixième album, Dopamine. Tirée de cet album, voici la pièce Les sabliers.
Emmanuel Travis – Les sabliers – Dopamine – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
C’est fait, une loi oblige maintenant les géants de la diffusion en ligne à soutenir davantage les contenus canadiens. Ceci implique l’inclusion, la promotion et la mise en valeur de musique, de films et d’émissions en français, en anglais, ainsi que dans les langues autochtones. Le Conseil de la télédiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) acquiert ainsi des pouvoirs qui lui permettront de sanctionner financièrement les plateformes qui y dérogeront.
Dans un autre volet, le gouvernement fédéral étudie actuellement la possibilité d’imposer à ces mêmes géants du web de verser des redevances aux médias canadiens lorsqu’ils utilisent leurs contenus.