Billet du 16 février 2024 : Dosage et équilibre

Les écrans sont-ils trop présents dans le quotidien des enfants ? Oui, sans aucun doute. Le débat est relancé depuis maintenant quelques semaines. Certaines personnalités politiques s’en sont emparées et mènent allègrement la bataille pour la réduction du temps passé devant les écrans.

Après tout, des études confirment qu’une trop grande utilisation des écrans, que ce soit ceux des téléphones cellulaires, des tablettes ou des ordinateurs, provoque souvent des problèmes de santé. Des problèmes d’embonpoint causés par la sédentarité ; des douleurs au dos ou à la tête ; une perte d’acuité visuelle ainsi que, dans certains cas, des troubles cognitifs. Mais le Québec étant ce qu’il est quand une tendance à la critique s’empare de sa population, il nous est difficile de conserver les bons côtés d’une affaire et de revoir ce qui s’avère néfaste. La seule solution envisageable pour nous est de tout balayer du revers de la main et de tout revoir sur de nouvelles bases. Tabula rasa.

Croyez-le ou non, des écoles ont déjà commencé à se débarrasser de leur parc informatique, pour lequel elles ont pourtant investi des fortunes. J’ai même appris cette semaine qu’au moins une école s’était lancée dans l’aventure de sortir ses tableaux interactifs pour revenir à l’ardoise et à la craie. Tout cela pour éviter que les enfants ne passent trop de temps devant des écrans.

Voilà une terrible erreur.

Les enfants sont de grands autodidactes. Grâce aux appareils énumérés plus haut, ils apprennent plus dans leur lit ou sur leur divan qu’ils ne le font à l’école. Ce qu’ils apprennent n’est pas toujours pédagogique, j’en conviens, mais les apprentissages ainsi réalisés sont considérables. C’est à partir de ce constat que les écoles se sont dotées du matériel nécessaire, depuis les vingt dernières années. La réflexion en ce sens était devenue essentielle parce que l’école perdait rapidement son statut de lieu principal d’acquisition des savoirs. Il fallait donc rejoindre l’élève sur son propre terrain et cet endroit se trouve entre ses mains. La brique, le mortier et la cour d’école sont accessoires depuis longtemps.

En ce qui me concerne, la solution réside dans un bon dosage. Il faut considérer le matériel informatique comme un élément essentiel des outils d’apprentissage au quotidien, mais intercaler des périodes sans technologie pendant les séances de classe. Je le fais tous les jours en prévoyant des périodes de travaux strictement avec crayons et papier, et un tableau interactif inutilisé. En début et en fin d’année scolaire, je donne des cours à l’extérieur plusieurs fois par semaine. Les estrades du terrain de baseball adjacent à l’école se transforment aisément en un auditorium très efficace.

La modération a bien meilleur goût, dit la publicité. L’école doit faire sa part pour s’assurer que les élèves bougent et posent leur regard sur autre chose qu’une lumière bleutée durant toute une journée. Cependant, ce même principe doit également s’appliquer à la maison. Le dosage et l’équilibre doivent se vivre partout.


Dans le cours de musique

Albin de la Simone est un auteur-compositeur-interprète français que j’estime beaucoup. J’écoute sa musique régulièrement depuis une bonne quinzaine d’années. Amoureux du Québec, il a collaboré avec plusieurs de nos artistes. Il apparaît justement sur une pièce du plus récent album de Beyries, Du feu dans les lilas, lancé la semaine dernière. C’est ce qui me permet de contourner un peu les règles et de vous le présenter en #musiquebleue. Avec Beyries et Albin de la Simone, voici donc Derrière le jour.

Beyries et Albin de la Simone – Derrière le jour – Du feu dans les lilas – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

La mobilisation de plusieurs personnes, dont des membres de la communauté juive, aura finalement incité la Bibliothèque publique juive de Montréal à revenir sur sa décision de mettre à l’index les oeuvres d’Élise Gravel. L’institution a reconnu « le droit fondamental d’accéder à un large éventail de connaissances, de créativité, d’idées et d’opinions ». Les livres de l’autrice ont regagné ses rayons.

Lalonde, Catherine. Les livres d’Elise Gravel de retour sur les rayons de la Bibliothèque publique juive de Montréal. Le Devoir, Montréal. Le 15 février 2024.


Billet du 9 février 2024 : Doigt d’honneur à l’index

La littérature jeunesse québécoise s’est retrouvée sur la sellette, ce jeudi.

D’abord au Missouri, quand Valentina Gomez, candidate républicaine au poste de secrétaire d’État de l’endroit, dans un geste d’éclat, a brûlé au lance-flammes un exemplaire du livre Naked, version traduite de Tout nu !, un lexique de 150 mots sur la sexualité s’adressant aux adolescents. Ce bouquin, écrit par Myriam Daguzan Bernier et illustré par Cécile Gariépy, aborde différents thèmes comme l’identité et l’estime de soi, mais aussi la masturbation, l’avortement et les infections transmises sexuellement.

C’est ce que madame Gomez, une militante MAGA (Make America Great Again), veut combattre. Je précise ici que sa mise en scène survient au lendemain d’un vote au Sénat du Missouri, où les avortements sont interdits depuis deux ans. Ce vote stipule que les interruptions de grossesse demeurent illégales même dans les cas de viols et d’inceste. 1 On ne peut même plus qualifier ces politiques de conservatrices. Elles reculent le temps en ramenant une population plus d’un demi-siècle en arrière.

L’autre nouvelle relate un événement qui s’est produit à Montréal. La Bibliothèque juive de Montréal a fait retirer de ses rayons tous les livres de l’autrice et illustratrice Élise Gravel. Non, ce n’est pas parce que madame Gravel a parlé de fesses dans un de ses livres. C’est plutôt en raison de cette publication, le 2 janvier dernier, sur sa page Facebook :

Source : Facebook (Élise Gravel)

Aïe, aïe, aïe ! Et je m’aperçois que je me suis même permis un « J’adore » quand elle a publié. Je souscris toujours à ses propos cinq semaines plus tard. Le peuple juif a souffert de l’Holocauste. Je dénonce l’Holocauste. Le peuple palestinien souffre de ce que lui fait subir le gouvernement israélien. Je dénonce les attaques israéliennes qui, effectivement, peuvent maintenant être qualifiées de génocide, quoi qu’en disent plusieurs personnalités politiques d’ici et d’ailleurs. Je dénonce aussi les violences du Hamas. Mais le Hamas, ce n’est pas la Palestine. Et le gouvernement israélien n’est pas tout le peuple juif. Je dénonce haut et fort les récentes attaques à l’arme à feu contre des écoles juives de Montréal.

Élise Gravel s’affiche comme pacifiste, ce qui a valu la mise à l’index de ses œuvres par une institution littéraire montréalaise. Quel message faut-il y décoder ?

J’espère que les dérapages s’arrêteront ici.

1 Ballentine, Summer. Missouri : Le Sénat vote contre l’avortement en cas de viol ou d’inceste. La Presse, Montréal, selon Associated Press. Le 7 février 2024.


Dans le cours de français

Mes élèves écrivaient, cette semaine. L’un d’eux m’a demandé s’il pouvait utiliser le mot week-end. Je le fais moi-même parfois, mais dans un contexte scolaire francophone, c’est différent. Je lui ai mentionné que, comme le mot cool, week-end est un mot de langue anglaise maintenant intégré dans les dictionnaires francophones. Toutefois, s’il existe une expression française équivalente, c’est cette dernière qui doit être employée dans sa composition.

Qu’est-ce que le premier ministre aurait dû dire, ici ?

#LeProfCorrige

Les jeunes trouvent ça amusant, ou sympathique, plutôt que cool.

En passant, monsieur Déry, « priceless » ne se trouve dans aucun dictionnaire francophone, contrairement au cool de François Legault !


Dans le cours de musique

Elle est Montréalaise, elle possède toute une voix et elle a remporté un prix Grammy, dimanche dernier. Avec sa chanson Eve Was Black, voici Allisson Russell.

Allisson Russell – Eve Was Black – The Returner – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Je ne me lasserai jamais de voir des Québécois nous faire rayonner sur la planète. La chanteuse folk Allisson Russell et le maestro Yannick Nézet-Séguin l’ont fait dimanche dernier, remportant chacun un prix Grammy à la grand-messe de la musique américaine.

Allisson Russell a remporté le prestigieux trophée dans la catégorie Roots americana, grâce à sa chanson Eve Was Black, alors que Yannick Nézet-Séguin, avec le Metropolitan Opera, a remporté celui du meilleur album d’opéra, avec Blanchard : Champion.


Billet du 25 mars 2022 : M’enfin !

M’enfin quoi ? M’enfin, quoi ! M’enfin qui peut exprimer la surprise de ne voir qu’une seule fois les mots COVID et Ukraine dans mon billet d’aujourd’hui (c’est fait !). Une mention unique pour signifier qu’il n’en sera pas question autrement. Une semaine de pause pour passer à autre chose, pour commenter, surtout, de beaux événements qui trouvent éclipse derrière les drames qui monopolisent l’espace médiatique des derniers jours.

Parmi ces nouvelles, notons celle qui nous apprend que l’industrie de la vente du livre a connu un essor incroyable au cours de la dernière année. Après une hausse de 2,5 % en 2020, c’est un bond vertigineux de 16,3 % qui a été annoncé pour 2021. Les auteurs Michel Jean et Élise Gravel se sont notamment distingués respectivement dans les catégories littérature et littérature jeunesse.

Le titre Un café avec Marie, du regretté Serge Bouchard, aurait largement contribué à l’augmentation des chiffres de vente des essais, dont la hausse en 2021 atteint les 90 %. Autre bond remarquable, celui de 85 % de la littérature spirituelle, ésotérique et religieuse. Hausse de même ampleur du côté de la bande dessinée, tonifiée par la popularité des mangas, mais également par le battage publicitaire autour du Festival d’Angoulême. Et la BD québécoise qui tire son épingle du jeu mieux que jamais.

Tellement bien, en fait, que les bédéistes d’ici sont maintenant reconnus à travers la planète. Des exemples ? Relisez ma bonne nouvelle de la semaine dernière et voyez celle de cette semaine.

M’enfin !


Dans le cours de français

J’ai toujours pensé que le mot grapefruit ne constituait que l’appellation anglaise d’un pamplemousse. Peut-être serez-vous autant que moi étonnés d’apprendre que ce nom est accepté en français. On peut l’écrire de deux façons, soit grapefruit ou grape-fruit, et on le prononce [gʀɛpfʀut] (grèp-froutt).

Il désigne un pomélo, autre nom d’un agrume issu du croisement d’un oranger et avec un pamplemoussier. Eh bien !


Dans le cours de musique

Le 2 juillet 2021, je vous présentais en #musiquebleue une pièce d’Ariane Roy, dont le parcours musical demeure pour le moins singulier. Elle a suivi sa passion, qui l’amène lentement mais sûrement vers les sommets.

Lire mon billet du 2 juillet 2021.

Il y a quelques semaines, Ariane nous arrivait avec du nouveau matériel, groupé sous le titre medium plaisir. De cet album, je vous propose la pièce Ce n’est pas de la chance.

Ariane Roy – Ce n’est pas de la chance – medium plaisir – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Pour un deuxième billet consécutif, ma bonne nouvelle de la semaine réfère au Festival de la bande dessinée d’Angoulême. Lors de la dernière édition, la maison Dupuis a publié un communiqué de presse pour le moins intéressant. Gaston Lagaffe revivra et son auteur sera Québécois.

Le dernier tome du célèbre baba cool a été publié en décembre 1996, quelques semaines avant le décès de son créateur, André Franquin, le 5 janvier 1997. Vingt-six ans plus tard, c’est sous la plume du Sherbrookois Marc Delafontaine, dit Delaf, que Gaston sévira de nouveau. Son retour s’effectuera d’abord dans l’édition du 6 avril prochain du Journal Spirou, puis dans un seizième album dont la sortie est prévue pour le 19 octobre 2022.

Le répertoire des jurons québécois étant bien garni, j’ai hâte de constater si le célèbre « ROGNTUDJUU ! » de Prunelle, le patron de Gaston, prendra une couleur bien de chez nous !

Lire le communiqué des Éditions Dupuis.