Billet du 17 décembre 2021 : Une tablée déjà plus grande

La situation a considérablement évolué en 48 heures. Mardi, si certains commençaient à évoquer un éventuel durcissement des restrictions sanitaires, bien malin qui aurait pu prédire qu’il surviendrait aussi rapidement.

En point de presse, jeudi soir, le premier ministre François Legault a confirmé que les calendriers scolaires du primaire allaient être respectés, tant pour le début des vacances des Fêtes que pour le retour en classe, en janvier. Pour moi comme pour la grande majorité de mes collègues enseignants, il s’agit d’une excellente nouvelle. Bien sûr, la lucidité opérant, nous sommes conscients que tout peut changer d’ici là. Mais espérer fait du bien.

Nous replongeons dans les restrictions alors qu’il y a quelques jours à peine, on nous faisait miroiter des rassemblements de 20 personnes pour les fêtes de Noël et du Nouvel An. Qu’à cela ne tienne, la population québécoise, de manière générale, comprend bien la situation. Elle peut décevoir, parfois décourager, mais plus nous y avançons, plus nous comprenons ce qui nous arrive et mieux nous sommes préparés pour affronter cette adversité. La semaine prochaine, nous serons une dizaine de membres de ma famille réunis autour d’une table. C’est déjà plus que l’an dernier. Et j’ose le croire, moins que l’an prochain.


Et je cite :

« Mes grands-parents ont connu la guerre 14-18, l’épidémie de 18, la crise de 29, et la guerre 39-45… Fait que notre COVID, c’est de la petite bière comparé à ça. Peut-on juste faire notre job et arrêter de nous plaindre de la perte temporaire de certains de nos privilèges ? »

André Ducharme, humoriste et animateur, le 16 décembre 2021.

Dans le cours de français

Cette semaine, j’ai eu à enseigner le prédicat à mes élèves de 6e année. Plus tôt cet automne, je leur avais appris le groupe verbal, aussi appelé le groupe du verbe. Difficile d’aborder ces deux notions, à quelques semaines d’intervalle, sans y perdre un groupe d’enfants de 11 et 12 ans.

Prenons la phrase suivante :

L’équipe de hockey joue devant des gradins vides.

Le verbe dans cette phrase est joue. Ce qui suit le verbe, devant des gradins vides, constitue le complément du verbe. Le verbe et son complément [joue devant des gradins vides] constituent le groupe verbal. Et le prédicat.

Si le groupe verbal et le prédicat sont constitués des mêmes mots, quelle est donc la différence entre les deux ? En termes simplifiés, le groupe verbal, c’est ce qu’il est, alors que le prédicat, c’est ce qu’il fait

Ce qu’il est : [verbe + complément du verbe] = groupe du verbe.
Ce qu’il fait : définit l’action posée par le sujet (ou ce qui lui est attribué) = prédicat.

Êtes-vous mêlés ? Imaginez les élèves !

Et je devrai bientôt leur expliquer la différence entre un complément du verbe et un complément de phrase.


Dans le cours de musique

Il y a une dizaine de jours, j’ai vu un reportage sur La Zarra, à la télévision de Radio-Canada. Cette artiste québécoise, née Fatima Zahra, m’était jusqu’alors inconnue, mais il semble qu’elle fasse un malheur en France. Avec son style original et sa voix puissante, elle mélange les genres et nous offre un contenu des plus intéressants. 

De son premier album, Traîtrise, voici la pièce Tu t’en iras. Il est possible que je revienne très prochainement avec une autre chanson de La Zarra !

La Zarra – Tu t’en iras – Traîtrise – #musiquebleue

Visionner le reportage de Radio-Canada sur La Zarra.


La bonne nouvelle de cette semaine

La réalité rejoint la fiction. On pourra bientôt substituer une mâchoire inférieure rongée par le cancer par un implant réalisé à l’aide d’une imprimante 3D. Autre aspect positif de l’histoire, c’est au Québec, précisément au CHU de Québec-Université Laval, que cette technologie a été développée. 

Santé Canada a autorisé la commercialisation de ces implants, en plus d’approuver l’approvisionnement de tous les hôpitaux canadiens qui en feront la demande. On prévoit également que la même technologie permettra sous peu le remplacement d’autres parties du corps humain. 

Lire la nouvelle diffusée par La Presse, le 2 décembre dernier.


Demeurons positifs !

Une septième, à leur 31e affrontement, jeudi soir !

(Merci à mon père pour le visuel)


Billet du 22 octobre 2021 : Faire long feu. Ou pas.

Le directeur général et l’entraîneur ne feront peut-être pas long feu si l’équipe continue de perdre, mais avec ses cinq défaites en autant de joutes, les Canadiens de Montréal font actuellement long feu. L’expression consacrée ne pas faire long feu établit la courte durée d’un événement. Cependant, faire long feu ne constitue pas son contraire.

Faire long feu signifie manquer son objectif. L’expression réfère aux anciennes armes à feu dans lesquelles on insérait de la poudre. Si cette poudre était humide ou mal tassée, le coup faisait long feu et la cible était ratée. Partant d’un sens propre, on a créé un figuré.

Alors, en effet, quelqu’un qui fait long feu à répétition risque de ne pas faire long feu dans sa position. Les beautés de la langue française !


Dans le cours d’éthique et culture religieuse

Connaissez-vous le test des trois passoires, de Socrate ? On s’en sert, à l’école, pour enseigner aux élèves à faire attention aux ragots qu’ils entendent. Mais aussi, et surtout, pour ne pas propager des rumeurs malveillantes. 

Voici le test :

Malheureusement, même certains scribes parmi les plus notables passent outre cette sagesse. J’ai bien failli me faire prendre avec la chronique de Richard Martineau, dimanche. 

Lire la chronique de Richard Martineau du 17 octobre 2021

Nous connaissons tous quelqu’un qui refuse de se faire vacciner et dont les arguments manquent de logique quand on les confronte à ses faits et gestes. Aussi est-il possible d’associer une connaissance à l’un ou l’autre des exemples de Martineau. Mais en y allant d’une longue liste de faits anonymes, ce dernier ne traverse même pas la première passoire de Socrate, celle de la vérité. J’aurais préféré voir le chroniqueur du Journal de Montréal établir une liste moins exhaustive, mais citant des exemples concrets et des liens bien réels.

Les couteaux ont volé bas, il y a quelques mois, entre Martineau et son ex-collaborateur, Patrick Lagacé. 

Lire pour en connaître davantage sur le conflit Martineau-Lagacé

Loin de moi l’idée de prendre position dans ce conflit. Les deux ont tenu des propos que je déplore. Cependant, ce que je dois concéder à Lagacé, c’est que dans chacune de ses chroniques (pas nécessairement sur sa page Facebook), ses affirmations sont bien documentées et appuyées par des liens nous permettant d’en vérifier les sources. La vérité y étant démontrée, le lecteur peut ainsi juger de la bienveillance et de l’utilité de ce qui est avancé.

Dans une société de plus en plus nourrie à la désinformation, la première passoire de Socrate revêt une importance primordiale. Et dans un monde qui s’engouffre dans le négativisme, les deux autres passoires s’avèrent essentielles au maintien d’une certaine mansuétude.


Dans le cours de science et technologie

Facebook a annoncé cette semaine la création de 10 000 emplois en Europe, afin de développer son fameux « metaverse ». Cette technologie permettra à un individu, doté d’un casque de réalité virtuelle, de vivre et de fonctionner dans un univers parallèle, parfois réel, bien qu’éloigné, parfois entièrement virtuel.

Lire l’article

Que penser de cette annonce ? Tout dépend de ce qu’on en fera. J’ai toujours dit qu’un bâton de baseball peut être une source d’extase pour quiconque s’en sert pour propulser une balle dans un stade. Par contre, si on l’utilise pour frapper quelqu’un, il devient une arme redoutable. On doit s’assurer que la technologie demeure entre bonnes mains.


Dans le cours de musique

Une #musiquebleue qui allait de soi, cette semaine. Les chansons du plus récent album de Cœur de pirate se feront entendre longtemps. Impossible à aimer, c’est son titre, se laisse écouter du début à la fin. En voici un aperçu avec la pièce On s’aimera toujours.

Coeur de pirate – On s’aimera toujours – Impossible à aimer – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il s’appelle Bruce Xiaoyu Liu, il a 24 ans, il est né à Paris et a grandi à Montréal. Il est aussi diplômé du Conservatoire de musique de Montréal. Pianiste virtuose, il a coiffé au fil d’arrivée les 11 autres finalistes, lors du 18e concours international de piano Chopin, tenu récemment à Varsovie. Ce concours, organisé tous les cinq ans depuis 1927, possède la réputation de lancer de prestigieuses carrières. Lors de la précédente édition, en 2015, un autre Québécois, Charles Richard-Hamelin, avait terminé deuxième, derrière un Sud-Coréen.

Pour le bonheur de nos oreilles, voici la prestation de Bruce Xiaoyu Liu, lors de la ronde finale du concours, mercredi dernier.


Billet du 20 mars 2020 : En confinement non barricadé

Dans le cours de français

Un cours de français à la maison, cette semaine, la COVID-19 nous confinant tous dans nos quartiers. Et mon crayon de correction s’attardera aux publications de deux influenceurs, dans ce billet.

#LeProfCorrige

Ici, je ferai abstraction du deuxième paragraphe, dans lequel Madame Longpré a volontairement employé à l’écrit des expressions du parler québécois. Je me préoccuperai plutôt de l’autocorrection de sa première phrase, ainsi que de sa dernière ligne.

Premièrement, il ne fallait pas corriger le mot négatif en le remplaçant par son féminin, encore moins par « negative », en omettant son accent. Ce n’est pas la famille qui est négative, du moins je l’espère, mais le résultat du test ou du contrôle. Il aurait donc été préférable de lire « Nous avons tous obtenu un résultat négatif à la COVID-19 », mais la forme première, avec le résultat en sous-entendu, était acceptable. Aussi, COVID-19 étant semble-t-il de genre féminin, il doit en être de même de son déterminant.

À la dernière ligne, cependant, il aurait fallu lire « Nulle part » et non « Nul part ». Le nom part, féminin singulier, appelle l’adjectif qui l’accompagne à s’accorder de la même façon.

#LeProfCorrige

Ici, plusieurs erreurs. Allons-y ligne par ligne.

Sur la première ligne, on aurait dû lire « snowbirds », avec la marque du pluriel.

Sur la troisième ligne, une coquille a transformé le voisin en voison.

Sur la quatrième ligne, il aurait fallu voir « est allé changé ses pneus », avec le déterminant possessif ses et non le déterminant démonstratif ces.

Sur la cinquième ligne, finalement, le monde, nom collectif singulier, est tellement inconscient, selon Monsieur Primeau. Conjuguer le verbe à la troisième personne du pluriel est une erreur.

Dans le cours de mathématiques (ou les statistiques de Trevor Timmins, 2e partie)

Dans mon billet du 6 mars dernier, je lançais quelques statistiques pour étayer mes interrogations concernant le travail de Trevor Timmins, le directeur du recrutement chez les Canadiens de Montréal. J’y mentionnais, entre autres choses, que depuis son entrée en fonction, en 2003, ce sont 21 joueurs repêchés par Timmins qui ont joué 240 matchs ou plus dans la LNH. De ce nombre, toutefois, 17 ont été sélectionnés entre 2003 et 2007. Ce qui implique que depuis 2008, soit depuis 12 ans, seulement quatre joueurs repêchés par le Tricolore ont participé à 240 joutes ou plus avec la grande équipe.

Dans les heures qui ont suivi la publication, on me demandait où se situait la formation montréalaise si on la comparait aux autres équipes, à ce niveau. J’ai ainsi repris le même exercice, cette fois avec les Bruins de Boston, les Blackhawks de Chicago et les Penguins de Pittsburgh. Pourquoi ces trois équipes ? Simplement parce que depuis 2003, ce sont les trois équipes qui ont le plus souvent participé à une finale de la Coupe Stanley. Tant qu’à comparer les Canadiens, aussi bien le faire avec les meilleures équipes.

Qui plus est, les Blackhawks de Chicago sont l’équipe avec laquelle Marc Bergevin a acquis son expérience de gestionnaire, avec de devenir directeur général.

Voici quelques tableaux.

D’abord, on remarque que mis à part les Blackhawks, qui ont vraiment fait une bonne provision de joueurs, les équipes en ont sensiblement repêché le même nombre entre 2003 et 2016. J’ai arrêté en 2016 car aucun joueur sélectionné à partir de 2017 n’a encore joué 240 matchs dans la LNH.

Ensuite, on découvre en regardant ces tableaux que Boston et Pittsburgh n’ont pas vraiment connu plus de succès que Montréal dans leurs repêchages, entre 2008 et 2016. Et de 2003 à 2007, les Canadiens ont largement eu le dessus sur les trois autres formations. Au niveau des chiffres, du moins. Parce que c’est pourtant là que se situe une explication plausible pour justifier ses déboires.

Parmi les joueurs repêchés entre 2003 et 2007, combien sont toujours avec leur équipe originale ? Chez Boston, Chicago et Pittsburgh, suffisamment pour former des noyaux solides, autour desquels se sont greffés des joueurs complémentaires, à travers les années. On peut penser aux Bergeron, Krejci, Marchand, aux Seabrook, Crawford, Toews, Kane, aux Crosby, Malkin, Letang et quelques autres. Ils possèdent tous au moins une bague de la Coupe Stanley, sinon deux ou trois.

Chez le Canadien, un seul : Carey Price. Et il n’est pas prêt d’obtenir sa première bague.

Bien sûr, on peut reprocher à Bob Gainey d’avoir échangé Ryan McDonagh. On peut blâmer l’organisation de ne pas en avoir bien développé certains. On peut peut-être regretter les pertes de Streit, de Subban, de Halak et même de Pacioretty, s’il y en a qui ont des raisons de ne pas croire en Tatar et Suzuki. Mais quand ont voit les noms des frères Kostitsyn, des Lapierre, O’Byrne, Latendresse, Chipchura, Grabovski, D’Agostini et White, combien n’ont pas connu la grande carrière à laquelle nous étions en droit de nous attendre ?

Avez-vous répondu tous ? Moi aussi. Et les responsables du recrutement doivent en être en grande partie imputables.

La bonne nouvelle de cette semaine

Mes élèves diraient que c’est de ne pas avoir eu d’école. Mais je ne peux pas en classer la cause parmi les bonnes nouvelles. On pourrait également considérer les manifestations musicales ou enjouées des populations confinées en Europe. Tout comme on pourrait parler de cet élan de solidarité et de collaboration au Québec, en cette situation sans précédent dans laquelle le coronavirus nous plonge.

La meilleure nouvelle de la dernière semaine, en ce qui me concerne, c’est le retour à la liberté de la Sherbrookoise Édith Blais et de son compagnon Luca Tacchetto. Échapper à ses ravisseurs, après 15 mois de détention dans la brousse africaine, et toujours afficher une excellente santé, voilà qui réjouit des familles, des amis, une population. Et qui permet à d’autres d’espérer.