Billet du 7 novembre 2025 : Rêver et s’émerveiller

Il m’aura fallu des décennies pour réaliser un rêve d’enfance : assister à un match de la Série mondiale de baseball. Le vendredi 24 octobre, dès les premières lueurs du jour, j’ai pris la route vers Toronto avec mon fils, le cœur battant et la voiture chargée d’excitation. J’avais réussi à mettre la main sur une paire de billets pour le tout premier match entre les Dodgers et les Blue Jays, au Rogers Centre. L’ambiance y était électrique : une mer de bleu, un dôme vibrant, et cette impression d’assister à un moment d’histoire. Ce soir-là, les Jays ont offert un spectacle à la hauteur de la ferveur du public, remportant la partie de façon convaincante, à la surprise de plusieurs observateurs qui prédisaient une victoire expéditive des Dodgers en quatre matchs.

Pendant deux semaines, plus rien d’autre n’a semblé exister pour les amateurs de baseball. Chaque manche, chaque lancer, chaque glissement devenait une émotion brute, un mélange d’adrénaline et de nostalgie. La série a tenu toutes ses promesses : du suspense, des revirements et cette impression que tout pouvait basculer à chaque frappe. Les Blue Jays ont résisté, match après match, forçant une ultime confrontation qui s’est rendue jusqu’à la onzième manche du septième match. Et puis, le silence : un coup de circuit de Will Smith propulsant les Dodgers vers la victoire et laissant tout un pays sans voix, à un cheveu de la gloire.

Cette fois-là, j’étais dans mon salon, devant le téléviseur, avec ma femme et mon fils. Ma fille, trop nerveuse, était remontée dans sa chambre avant la fin. Et quand la balle de Smith a franchi la clôture, j’ai senti la même douleur sportive qu’en 1981, lors du circuit de Rick Monday qui avait éliminé les Expos. Quarante-quatre ans plus tard, l’histoire se répétait, différente et pourtant si familière. Mais entre les gradins de Toronto et le confort du salon, une chose n’avait pas changé : la magie du baseball, ce lien invisible qui unit les générations et fait vibrer le cœur d’enfant qui sommeille encore en moi.


Un peu d’art et d’histoire

Un récent épisode de l’émission Infoman a évoqué le nom de Fifi D’Orsay, une actrice québécoise du siècle dernier que je ne connaissais pas. Et pourtant. Née Marie-Rose Angelina Yvonne Lussier à Montréal le 16 avril 1904, cette fille du Québec a nourri dès sa jeunesse le rêve de devenir actrice. Animée par une audace peu commune, elle a quitté sa province pour New York, où elle a décroché un premier rôle dans The Greenwich Village Follies, après avoir charmé le directeur du cabaret avec sa version de Yes! We Have No Bananas. Pour se donner une allure d’artiste parisienne, elle s’est fait passer pour une Française ayant travaillé aux Folies Bergère et a adopté le pseudonyme de « Mademoiselle Fifi », un geste de marketing avant l’heure qui l’a propulsée sur les scènes du vaudeville américain.

Son charme et son accent français l’ont menée ensuite à Hollywood, où elle a ajouté « D’Orsay » à son prénom de scène et a incarné la « fille légère » typique du Gay Paris dans plusieurs productions des années 1930. Elle a partagé l’écran avec Bing Crosby et Buster Crabbe, et bien qu’elle ne soit pas devenue une vedette majeure, elle est demeurée une figure reconnaissable du cinéma et du music-hall. Fidèle à sa passion, elle a poursuivi une carrière soutenue entre cinéma, théâtre et télévision jusqu’à un âge avancé, reprenant même la scène à 67 ans dans la comédie musicale Follies à Broadway, récompensée par de nombreux Tony Awards. Fifi D’Orsay est décédée à Los Angeles en 1983, laissant derrière elle le parcours d’une pionnière qui, partie de Montréal avec un rêve et beaucoup d’audace, a su faire rayonner un peu du Québec dans l’univers étincelant du cinéma américain.


Dans mes écouteurs

Avec sa nouvelle chanson J’aime comment tu bouges, parue le 24 octobre dernier, Claude Bégin rappelle qu’il est l’un des artistes les plus créatifs et imprévisibles de la scène québécoise. Ce morceau, né spontanément « sur sa terrasse », mêle pop, électro et sons urbains, captant même les bruits de la ville pour leur donner une texture brute et vivante. À travers des paroles simples mais évocatrices, Bégin évoque le mouvement, la dualité et la fascination, des thèmes récurrents dans son œuvre. Le titre agit comme un avant-goût d’un album annoncé pour 2026, déjà attendu. Fidèle à son approche autodidacte, Claude Bégin signe ici une pièce vibrante qui fait autant danser le corps que réfléchir l’esprit, une preuve supplémentaire qu’au Québec, la musique peut être à la fois libre, audacieuse et profondément humaine.

Claude Bégin – J’aime comment tu bouges – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Le Québec a trouvé une façon géniale de célébrer sa saison la plus emblématique : il transforme l’hiver en thérapie naturelle . Avec sa nouvelle campagne intitulée Winterapy, Bonjour Québec invite le monde entier à venir profiter des joies de la saison froide, du ski aux bains nordiques, en passant par le chocolat chaud et la bonne humeur, en redécouvrant l’hiver comme une source de bien-être et d’énergie. Plutôt que de le subir, on l’apprivoise. Cette vision positive s’accorde parfaitement avec ma philosophie éducative : apprendre à voir le beau, à cultiver la résilience et à faire de chaque expérience une occasion de grandir.

Et si cette Winterapy inspirait aussi nos écoles ? Après tout, quoi de mieux qu’une promenade en plein air, une classe dehors ou une activité artistique inspirée de la neige pour raviver la curiosité des élèves ? L’hiver devient alors un laboratoire vivant : on y explore la science du froid, la beauté des cristaux de glace ou encore la force du travail d’équipe lors d’un projet collectif dans la cour d’école. Un peu de Winterapy, c’est aussi un rappel précieux : le bien-être et la motivation passent souvent par le mouvement, la nature et la joie partagée.


Billet du 24 octobre 2025 : Parler vrai, écrire juste

Le récent article de TVA Nouvelles intitulé « Le français et les affaires : dérapage linguistique dans une publicité de pneus d’hiver » 1 soulève une fois de plus un malaise bien réel : celui de la banalisation des fautes de français dans l’espace public. L’affiche de Point S, avec son tristement célèbre « Attends pas qui neige », en est l’illustration parfaite : une erreur qu’on justifie au nom de l’authenticité et du langage du peuple. Or, comme le rappelait Gilles Vigneault, « la meilleure façon de défendre une langue, c’est de la parler bien, de l’écrire le mieux possible et de la lire beaucoup ». Ce n’est pas en tolérant les dérapages linguistiques qu’on rend hommage à notre langue, mais bien en la pratiquant avec rigueur et respect.

Et ce n’est pas un cas isolé. Il suffit de regarder sur l’autoroute le panneau annonçant l’émission de Benoit Dutrizac sur QUB Radio, avec le mot inventé Imbullshitable, pour comprendre à quel point on confond désormais créativité et irrespect. On joue avec les mots comme on joue avec le feu, sans se rendre compte qu’à force de les tordre, on finit par brûler le sens. Certains trouvent ça drôle, d’autres y voient une signature culturelle. Moi, j’y vois un glissement inquiétant : celui d’un peuple qui se dit fier de sa langue, mais qui applaudit ou hausse les épaules quand on la défigure. Ce mélange de complaisance et d’indifférence mine lentement la valeur symbolique du français, comme si l’exactitude était dépassée.

Michel Tremblay, lui, a compris la nuance. Il a osé faire parler ses personnages en joual, notre dialecte bien à nous, mais ses narrations, elles, sont écrites dans un français irréprochable. Et lorsqu’il s’exprime en entrevue, son langage est clair, précis, et respectueux des règles. C’est cette frontière, essentielle mais de plus en plus brouillée, qui fait la richesse de son œuvre et la force de notre identité.

Alors je pose la question : quelle langue voulons-nous défendre ? Celle que l’on malmène au nom d’une fausse proximité avec le peuple ou celle que l’on honore par le soin, la nuance et la justesse ? Quand on affiche un slogan truffé de fautes sur un panneau de dix mètres ou qu’on érige l’anglicisme en stratégie de marketing, on n’est plus dans la créativité, on est dans la négligence. Défendre le français, c’est aussi défendre sa qualité. Parce qu’une langue qu’on maltraite finit par se taire.

1 Côté, G. (2025, 12 octobre). Le français et les affaires : dérapage linguistique dans une publicité de pneus d’hiver. TVA Nouvelles.


Dans mes écouteurs

Vanille, de son vrai nom Rachel Leblanc, est une auteure-compositrice-interprète montréalaise qui cultive un univers à la fois romantique et empreint de nostalgie. Inspirée par la chanson française des années 1960, le folk californien et la pop ensoleillée d’un autre temps, elle tisse des mélodies douces où s’entremêlent guitare feutrée et mélodies rêveuses. Elle vient de faire paraître Un chant d’amour, un troisième album délicat et lumineux, où chaque morceau semble suspendu entre mélancolie et légèreté.

Voici la pièce Ce n’est pas ici, ce n’est pas ailleurs.

Vanille – Ce n’est pas ici, ce n’est pas ailleurs – Un chant d’amour – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans la même semaine, Leylah Annie Fernandez a triomphé au Japon, Félix Auger-Aliassime a remporté le tournoi de Bruxelles et les Blue Jays de Toronto ont assuré leur place en Série mondiale.

Le sport nous libère des tensions.


Billet du 6 octobre 2023 : Lettre à Pierre Karl Péladeau

Monsieur Péladeau,

Je vous écris aujourd’hui pour vous informer des raisons pour lesquelles j’ai résilié, après quelques heures seulement, mon abonnement à la plateforme TVA Sports pour me tourner vers celle de Sportsnet.

Je dois d’abord vous faire savoir que j’ai abandonné les services de télévision, qu’on appelait autrefois « le câble », il y a un peu plus d’un an. Un téléviseur intelligent et quelques applications gratuites nous permettent d’obtenir à peu près tout ce qu’on recherche. Avec les économies substantielles ainsi réalisées, j’ai pu m’offrir un abonnement à une chaîne sportive pour 20 $ par mois. Le choix reste très vaste, mais comme j’aime plusieurs sports et que le français demeurera toujours important pour moi, j’ai opté l’an dernier pour votre rivale, RDS, qui offre un contenu répondant mieux à mes intérêts.

Cependant, comme c’est votre chaîne qui a obtenu les droits de diffusion en français de la Série mondiale de baseball lors des années impaires, comme en 2023, je m’y suis également abonné dimanche dernier, me disant que j’aurais l’occasion d’y regarder le dernier match de la saison régulière des Blue Jays, les séries de divisions et de championnat de la Ligue américaine et la Série mondiale. En prime, avec cet abonnement d’un mois, j’aurais droit à trois matchs supplémentaires en français du Canadien de Montréal.

La déception est survenue lorsque je me suis installé pour regarder le dernier match en saison des Blue Jays. Sur un écran noir, on m’indiquait que cet événement n’était pas disponible sur la plateforme web. Je vous rappelle ici que chez votre compétiteur direct, RDS, l’application en offre au contraire souvent plus que sa diffusion télévisuelle. Pour le même prix, mais malheureusement sans le français, Sportsnet me proposait tout ce que j’énumérais plus haut, incluant la possibilité de voir les Blue Jays, dimanche après-midi.

Je veux tout de même souligner que j’ai été heureux d’obtenir une résiliation immédiate, doublée d’un remboursement presque complet, de la part de votre entreprise. J’aurais cependant préféré recevoir un service qui m’aurait permis, dans les mêmes conditions, de maintenir mon investissement dans une compagnie québécoise qui, en plus, offre ses services en français.

Je sais, monsieur Péladeau, que vous tenez au moins autant que moi à encourager le Québec et à promouvoir notre langue. Je souhaite maintenant qu’à titre de principal dirigeant de Québecor et de ses filiales, vous preniez les décisions conséquentes.

Je vous prie de recevoir mes plus cordiales salutations.


Dans le cours de français

Voici ce que j’écrivais il y a près d’un an, dans mon billet du 21 octobre 2022.1

Régulièrement, j’entends des gens lier par un z le nombre cent à un nom commençant par une voyelle ou un h muet. Par exemple : « Il y avait cent z’élèves présents à cette sortie », « On a installé cent z’antennes sur cette tour » ou « L’horloger a remonté les cent z’horloges de la ville ».

La liaison doit toujours s’opérer avec le t de cent.

Mais le fait d’insérer un z inopportun dans la liaison porte un nom. Ça s’appelle un velours. Ça vous en fait un de l’apprendre ? C’est plus doux pour certaines oreilles, mais ça peut en écorcher d’autres.

***

C’est la même chose avec le t de vingt. Et avec n’importe quel déterminant se terminant par une autre lettre que s ou z.

Cette semaine, dans l’émission matinale de la radio de Radio-Canada, j’ai entendu deux membres de l’équipe prononcer respectivement « vingt z’autobus » et « quatre z’athlètes ». C’est à cette même chaîne que sévit quotidiennement Guy Bertrand, qu’on surnomme « l’ayatollah de la langue ». J’imagine ses grincements de dents lorsqu’il entend de si mauvais accords se produire presque à répétition.

Comme quoi à la société d’État, le gant de velours ne couvre pas toujours une main de fer.

1 Billet du 21 octobre 2022 : Z comme velours


Dans le cours d’éducation physique

Je reviens sur les séries de championnat du baseball majeur. La même émission matinale à ICI Première mentionnait qu’Édouard Julien, joueur de deuxième but des Twins du Minnesota, était le seul Québécois à participer à la grand-messe d’après-saison. C’est faux.

Les Blue Jays de Toronto, qui ont été éliminés par ces mêmes Twins, comptent Vladimir Guerrero Jr dans leurs rangs. Guerrero Jr est né à Montréal et est identifié comme joueur canadien par le prestigieux site Baseball-Reference.2

Et puis chez les Braves d’Atlanta, le directeur général et président des opérations baseball se nomme Alex Anthopoulos. Il est également né à Montréal et parle couramment le français. Ses Braves sont de sérieux prétendants aux grands honneurs, cette année.

2 Baseball-Reference.com/Vladimir Guerrero Jr


Dans le cours de musique

Née d’une mère francophone et d’un père abénakis, Mimi O’Bonsawin est fière de ses racines. La semaine dernière, elle a lancé son sixième album, Boréale, qui propose des rythmes folk, rock et autochtones. En voici un extrait, Dis-moi ce que tu vois.

Mimi O’Bonsawin – Dis-moi ce que tu vois – Boréale – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Si l’auteur québécois Kevin Lambert a vu son nom être rayé de la liste des aspirants au Prix Goncourt, après avoir été retenu dans la première sélection, un autre romancier d’ici, Éric Chacour, demeure bien en selle à la fois pour le Renaudot et le Femina, tout aussi prestigieux.

C’est avec son premier roman, Ce que je sais de toi, paru en août dernier, que Chacour est en lice. Les lauréats pour le Prix Femina et pour le Prix Renaudot seront respectivement annoncés les 6 et 7 novembre prochain.


Billet du 23 septembre 2022 : Une priorité que je voudrais plus prioritaire

Si une chose me déçoit dans l’actuelle campagne électorale québécoise, c’est l’absence de discussions sur l’éducation. Les aspirants au poste de premier ministre insistent tous sur le fait qu’il s’agit d’une priorité, mais aucun ne le démontre.

J’ai suivi le débat de jeudi soir expressément parce qu’un segment était réservé au sujet. Là encore, la substance a passé son tour, malheureusement.

Après le témoignage d’une jeune enseignante qui songeait déjà à quitter la profession après seulement deux ans, faute de ressources dans sa classe, la question du modérateur Patrice Roy s’est avérée d’une clarté limpide : «Qu’allez-vous faire pour encourager les jeunes enseignantes et les jeunes enseignants à poursuivre?»

François Legault a mentionné que son gouvernement avait déjà fait beaucoup.

Dominique Anglade a fait bifurquer le débat vers les services de garde.

Paul St-Pierre Plamondon n’a parlé que de la place du français et a mentionné qu’il investirait pour contrer l’analphabétisme.

Gabriel Nadeau-Dubois et Éric Duhaime, à mon avis, demeurent les seuls ayant répondu directement à la question, le premier stipulant qu’un éventuel gouvernement issu de son parti couperait les vivres à l’école privée et réinvestirait les sommes dans les services à l’école publique.

Quant au second, il a expliqué que, bien que cela ne fasse pas partie du programme de sa formation politique, il envisageait d’exiger de certains fonctionnaires qu’ils aillent enseigner pour contrer la pénurie de personnel enseignant. La question de leurs compétences pour le faire n’a jamais été soulevée.

Une priorité, l’éducation ? Vraiment ?

Je suis d’un naturel optimiste, mais ces réponses me permettent difficilement d’espérer un meilleur taux de rétention des nouvelles enseignantes et des nouveaux enseignants. Les statistiques le démontrent, 25 % abandonnent la profession avant la cinquième année.

Il reste un peu plus d’une semaine à la campagne. Souhaitons qu’un des partis en profite pour relancer la question.


Pendant que le débat se déroulait, un autre événement digne de mention était télédiffusé, cette fois à TVA Sports. Il s’agissait du dernier match de baseball décrit par Jacques Doucet. Le commentateur de 82 ans a ainsi définitivement fermé son microphone.

Fervent amateur de baseball depuis mon enfance, la voix unique de monsieur Doucet m’a suivi de la fin des années 1970, à travers ma première radio transistor, jusqu’à mes applications d’aujourd’hui, en passant par les haut-parleurs de tous mes véhicules automobiles et mes téléviseurs. Il a décrit presque tous les matchs des Expos, durant leurs 34 années d’existence, mais également des affrontements des Capitales de Québec, des Blue Jays de Toronto, ainsi que bon nombre de séries d’après-saisons, toujours dans un français impeccable.

Monsieur Doucet, vous méritez de ralentir un peu et de vous consacrer entièrement aux vôtres et à votre autre passion, la pêche. Bravo et merci.


Dans le cours de français

Une publication sur Twitter de la députée et candidate péquiste Méganne Perry Mélançon a attiré mon attention, cette semaine.

Je me suis demandé s’il existait un mot en français pour désigner le mansplain. La réponse est affirmative. On en trouve même deux. Toutefois, il est hors de question pour moi de critiquer la députée pour avoir utilisé l’expression anglaise, d’autant qu’elle a pris soin de la mettre entre guillemets.

D’abord, le mansplaining est un concept apparu sur Internet en 2008. Plusieurs attribuent l’origine du mot à une écrivaine américaine, alors que d’autres la reconnaissent plutôt à une blogueuse néerlandaise. La définition est cependant la même. Elle désigne une situation où un homme explique à une femme, avec condescendance, quelque chose qu’elle connaît déjà.

Les Français traduisent l’expression par mecsplication. Au Québec, on suggère pénisplication.

Au passage, je souligne qu’on appelle mot-valise un mot composé de parties de deux ou de plusieurs mots. Un exemple contemporain est courriel, formé de courrier et électronique.


Dans le cours de mathématiques

Je me rends presque quotidiennement sur le site Qc125, qui compile les sondages et prédit les résultats électoraux pour chaque circonscription.

Voir le site Qc125.

À une dizaine de jours du vote, voici ce que le site prévoit comme nouvelle répartition des sièges, à l’Assemblée nationale :

En ce qui concerne le vote populaire, le graphique est intéressant :

Avec un mode de scrutin entièrement basé sur la proportionnelle, 

La CAQ obtiendrait de 42 à 55 sièges, plutôt que 94 ;
Québec solidaire obtiendrait de 16 à 24 sièges, plutôt que 12 ;
Le Parti conservateur du Québec obtiendrait de 15 à 23 sièges, plutôt qu’aucun ;
Le Parti libéral du Québec obtiendrait également de 15 à 23 sièges, soit sensiblement ce qui lui est prédit ;
Le Parti québécois obtiendrait de 12 à 20 sièges, plutôt que les 3 qui sont prévus.

Il en résulterait un gouvernement de coalition probablement difficile à diriger, mais plus représentatif de la réalité québécoise. Il serait peut-être temps de repenser la structure de notre démocratie.


Dans le cours de musique

Ils créent, ils reprennent, ils s’amusent. Leur musique est envoutante et transporte. C’est un quatuor qui s’appelle De Lònga. Avec leur album Codex XXI, ils ont regroupé toutes leurs créations des dernières années. La pièce qui en est tirée s’intitule Lac des esclaves.

De Lònga – Lac des esclaves – Codex XXI – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Le 10 septembre dernier, lors d’une joute de soccer de la Liga entre Barcelone et Cadix, le gardien de but de Cadix, Conan Ledesma, a été attiré par des bruits d’émoi dans la foule, derrière lui. Il a vite réalisé qu’un spectateur subissait un malaise cardiaque. En plein match, il a alors quitté sa position pour courir chercher un défibrillateur et le lancer dans les gradins. Son action a contribué à sauver la vie de l’homme.


Billet du 26 mars 2021 : Au jeu !

Quelle belle expression ! Surtout quand elle exprime la traduction du célèbre Playball !, qui marque le début d’un match de baseball. C’est jeudi prochain, le 1er avril, que le baseball majeur entreprendra sa saison régulière. COVID oblige, les Blue Jays de Toronto joueront leurs joutes locales à Buffalo, afin d’éviter les passages aux douanes. Pour le reste, un certain nombre de spectateurs étant admis dans quelques stades, la prochaine saison de baseball franchira un pas de plus vers la normalité, comparativement à la dernière.

L’amateur de baseball en moi est fébrile. Si vous l’êtes moins, dites-vous que baseball est synonyme d’été. De belles journées arrivent !


Dans le cours de français

C’est le genre de mauvaise surprise qui survient souvent à un bien mauvais moment. Mercredi matin, je suis sorti de chez moi et j’ai rapidement remarqué que ma voiture avait un pneu à plat. Quelqu’un à qui j’ai parlé de ma mésaventure, plus tard en journée, évoquait mon pneu « dessoufflé ».

Un pneu peut-il être dessoufflé ? Eh bien non. Le verbe dessouffler n’est accepté que dans quelques ouvrages de références, mais aucun des plus consultés. Le mot ne se trouve ni dans le Robert, ni dans le Larousse. Il apparaît toutefois dans le Littré.

Même pris à l’inverse de souffler, qui lui existe bel et bien partout, dessouffler un pneu ne constituerait pas une expression correcte. Souffler signifie pousser de l’air par la bouche ou à l’aide d’un souffleur. Quand il s’agit de pousser de l’air dans un objet souple afin d’en augmenter le volume, on parle plutôt de gonfler. Ainsi, un pneu se gonfle et se dégonfle.

Mon pneu était donc dégonflé.


Dans le cours d’éducation physique

L’officiel Tim Peel n’arbitrera plus jamais un match dans la Ligue nationale de hockey. Après 23 ans, l’arbitre a commis une bourde qui lui a valu un congédiement du circuit Bettman. Lors du match de mardi soir entre les Red Wings de Detroit et les Predators de Nashville, un joueur des Red Wings s’est collé sur un joueur des Predators, Viktor Arvidsson, avant de se jeter sur la glace et de balancer son bâton dans les jambes d’un autre joueur des Predators. Sur la séquence, c’est pourtant Arvidsson qui a reçu une pénalité pour avoir fait trébucher. Jusqu’ici, rien de trop particulier. On peut prétendre que l’arbitre en a manqué une, mais l’erreur est humaine.

Le hic, c’est que Peel, qui a décerné la pénalité, semble avoir oublié qu’il portait un micro sur lui et il a prononcé la simple phrase qui lui a valu son renvoi : « Ce n’était pas grand chose, mais je voulais donner une foutue pénalité aux Predators tôt en période ». Bonjour la préméditation. Et au diable l’intégrité de la ligue.

(Voir la séquence et entendre les paroles de Tim Peel)

Je me suis pris à imaginer les mêmes paroles dans la bouche d’une personne en situation d’autorité, dans un autre contexte. Un enseignant dans une classe, par exemple : « L’élève n’a pas fait grand chose, mais depuis le début de la journée, je voulais lui donner une conséquence ».

La LNH a devancé de quelques mois la retraite de Tim Peel, qui était prévue à la fin de la présente saison. C’est une sage décision.


Dans le cours de musique

Comment qualifier les chansons de Charlotte Brousseau ? Sa page Bandcamp évoque le folk-rock. Personnellement, j’y décèle des notes de jazz que j’aime beaucoup. Mais surtout, les paroles de ses chansons méritent d’être écoutées attentivement. C’est en octobre qu’elle lançait son premier mini-album, Boucles. En #musiquebleue, c’est l’extrait Je cours encore vous attendre (ê-haouc) que je propose aujourd’hui. Je vous souhaite une belle découverte.

Charlotte Brousseau – Je cours encore vous attendre (ê-haouc) – Boucles – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il fait beau et la température est agréable. C’est une période de l’année où beaucoup y trouvent leur compte. Le vélo est commencé, même si la saison de ski se poursuit encore quelques semaines. On ouvre les fenêtres, on entend les oiseaux. Peut-être est-il encore trop tôt pour manger dehors, mais on peut facilement s’y installer pour boire un verre.

La nature s’éveille. Un espoir renaît.


Billet du 3 juillet 2020 : Journal de vacances (1 de 8)

Pour les prochaines semaines, je vous offrirai une version allégée de mes billets hebdomadaires. Le pédagogue et le consultant étant officiellement en vacances, le rédacteur assurera la garde jusqu’à la rentrée scolaire. Les sujets se voudront plus légers, le traitement également. Ma profession me permet une longue pause estivale que j’utilise pour ralentir et me ressourcer, jamais pour m’arrêter. L’actualité, elle, roule constamment. C’est une vérité à plusieurs niveaux, notamment dans le monde de l’éducation, en ce temps de pandémie et de changements sociaux.


Déformation professionnelle

Je sursaute chaque fois qu’un média ou une personnalité publique diffuse une information contenant des fautes de français. Je comprends que l’orthographe et la grammaire puissent constituer une difficulté chez plusieurs. Je comprends aussi que cette difficulté ne doit empêcher personne de s’exprimer librement. Toutefois, quand la faute résulte d’une révision déficiente, de l’auteur ou d’une personne chargée de la correction, il s’agit pour moi d’une situation inacceptable.

Samedi dernier, sous la plume du journaliste Vincent Larouche, La Presse a publié un article contenant ce genre d’erreur, qui aurait dû être évitée. Je félicite néanmoins le média du boulevard Saint-Laurent d’avoir pris soin de corriger la faute, dans les heures ou les jours qui ont suivi sa diffusion.

Je vous propose un petit jeu d’été. J’affiche ci-dessous une capture d’écran du paragraphe contenant la faute de français et vous tentez de la trouver. À la fin du présent billet, vous aurez le même paragraphe, cette fois corrigé, avec l’explication grammaticale. On joue ? Alors voici :

Source : lapresse.ca

Devant mon écran

Mercredi soir, j’ai raté la majeure partie du spectacle de la Fête du Canada, mais j’ai pu voir les dernières 35 ou 40 minutes. De ce que j’ai pu constater, l’unifolié semblait aussi absent autour de la scène que le fleurdelisé ne l’était lors du spectacle de la Saint-Jean, une semaine plus tôt. L’absence de cette semaine s’est faite beaucoup plus discrète, sur les réseaux sociaux et dans les médias.

L’historien Jean-François Nadeau a cité le regretté Pierre Bourgault, il y a deux jours :

Je rêve que le Québec, libre enfin, devienne le premier pays du monde à n’avoir ni drapeau, ni hymne national. Je rêve de voir notre seule liberté nous servir d’étendard et notre seule fraternité nous servir d’identification pour le genre humain.

Pierre Bourgault

À travers la lecture de la seconde phrase de cette citation, je reconnais les propos d’une génération, celle des jeunes adultes, celle de mes enfants.


Devant mon écran (suite)

J’ai hésité avant de visionner la série Jeffrey Epstein : pouvoir, argent et perversion, sur Netflix. J’ai finalement choisi de le faire. Ce reportage en quatre épisodes tient lieu de procès pour celui qui a réussi à l’éviter en se donnant la mort dans sa cellule de prison. Epstein lui-même donne sa version des faits, ou plutôt évoque les 5e et 6e amendements pour ne pas avoir à le faire, à travers des extraits des différents interrogatoires auxquels il a dû se prêter.

Malgré les témoignages bouleversants des victimes et de quelques témoins, la série jette un éclairage sur une histoire de trafic humain gardée secrète durant plusieurs années. Selon ce qui y est dévoilé, des gens très puissants auraient été impliqués directement ou indirectement dans le stratagème.

Y aura-t-il une deuxième saison ? Avec l’arrestation de Ghislaine Maxwell, principale complice d’Epstein, hier matin, il y a tout lieu de penser que la chronique n’est pas épuisée et que beaucoup de choses restent à découvrir.

Jeffrey Epstein : pouvoir, argent et perversion
Netflix, 2020, série en quatre épisodes.


Mes lectures d’été

J’en ai entrepris une première, à la fin de la semaine dernière. Il s’agit du dernier roman de Dany Laferrière, L’exil vaut le voyage, apparu le 16 juin dernier sur les rayons des librairies québécoises. À travers cet ouvrage, Laferrière a réécrit de nombreuses notes prises au cours des années qui ont suivi son arrivée au Québec, en 1976. Lorsque je mentionne qu’il a réécrit, il a vraiment réécrit. À la main. Et dessiné ses propres illustrations.

Il faut d’abord s’habituer à la structure de la page. Une fois que c’est fait, la lecture peut suivre son cours et on reconnaît aisément le style de l’auteur. Mais une autre difficulté se présente, du moins, en ce qui me concerne. Depuis plus de dix ans, j’utilise une liseuse. Je peux ainsi acheter ou emprunter mes livres à distance, peu importe le moment, et traîner une bibliothèque complète avec moi. L’écriture manuscrite de ce livre n’est pas assimilée par ma vieille Sony Reader et les 400 pages du livre y apparaissent complètement vides. Pour en effectuer la lecture, je dois donc me rabattre sur ma tablette ou sur mon ordinateur, les deux avec rétroéclairage, ce qui a pour effet de fatiguer les yeux beaucoup plus vite.

Qu’à cela ne tienne, l’histoire, autobiographique, vaut la peine d’être lue. Ne serait-ce que pour connaître les dessous de son arrivée au Québec, sa vue caraibéenne de Montréal, la genèse de son entrée dans la vie littéraire.

L’exil vaut le voyage
Dany Laferrière, Boréal, Montréal, 2020, 410 pages


Mes sports d’été

Ceux qui me connaissent savent à quel point je suis un grand amateur de baseball. Chaque été, je me rends voir plusieurs matchs, tant du baseball professionnel que du baseball amateur, sans compter tout ce que je peux regarder à la télévision.

Les différentes ligues ayant suspendu leurs activités en raison de la Covid-19, je prends mon mal en patience en me tournant vers les nouvelles, les anecdotes ou les reprises. Parmi ce que j’ai vu passer cette semaine, il y avait cette publication des Blue Jays de Toronto pour souligner la Fête du Canada. On y voit et entend quelques joueurs peinant à prononcer quelques mots en français, pendant que le Montréalais d’origine Vladimir Guerrero Jr tente tant bien que mal d’en donner la signification.

Cette publication m’a beaucoup amusé. Je la partage ici :


Le monde change à la sortie de la pandémie. Après les manifestations anti-racistes monstres à travers le monde, voici la montée des Verts aux premières élections municipales françaises. L’égalité sociale et l’environnement sont deux enjeux amplifiés par l’activiste post-pandémie.

Jean-Marc Léger, sondeur, le 2 juillet 2020

Fêtes estivales

« Méchants partys », pourrais-je ajouter, après avoir pris connaissance de ce reportage sur le site de CNN. Des jeunes de l’état de l’Alabama, aux États-Unis, ont lancé une tendance qui, ma foi, peut s’apparenter au jeu de la roulette russe. On organise des fêtes ou des rassemblements, avec droits d’entrée, tout en invitant quelques personnes infectées par la Covid-19. Après l’événement, la première personne participante qui reçoit un diagnostic officiel de Covid-19 remporte les profits de la soirée.

Bien sûr, les risques de décès pour ces jeunes fêtards sont moindres qu’à la roulette russe. Mais en se basant sur les statistiques, les menaces de contracter le virus sont largement supérieures. Et de là, les probabilités d’infecter un membre plus vulnérable de l’entourage sont bien réelles.

Pourquoi ce défi ? Le mal est de toute évidence plus profond que la simple insouciance. Ce peuple souffre, les événements des derniers mois le démontrent clairement. Priver la population américaine de ses libertés, c’est la priver de l’air qu’elle respire. Et c’est ce que la pandémie mondiale est en train de faire. Avec 50 000 à 60 000 nouveaux cas et 600 à 700 nouveaux décès quotidiennement, la partie est loin d’être gagnée chez nos voisins du Sud.

Pour l’Alabama, voici les statistiques, en date du 2 juillet 2020 :

Source : Wikipédia

On y reviendra dans deux semaines. En souhaitant que ces rassemblements n’aient résulté en aucune conséquence fâcheuse.


Dans mes écouteurs

En #musiquebleue cette semaine, Fanny Bloom et son monoplage Cinéma.


La bonne nouvelle de cette semaine

C’est difficile de considérer une arrestation et une mise en accusation comme étant une bonne nouvelle. Mais pour les nombreuses victimes de Jeffrey Epstein, ainsi que pour celles et ceux qui réclament justice dans ce dossier, le fait que Ghislaine Maxwell se retrouve derrière les barreaux constitue certes une grande bouffée d’air frais.


Déformation professionnelle (suite)

Voici la solution :

Avez-vous trouvé ? En effet, le mot bail au pluriel s’écrit baux et non bails.

La plupart des noms se terminant par _ail forment leur pluriel en _ails. Par exemple, chandail fera chandails. Mais une dizaine de mots en _ail écriront plutôt leur pluriel avec _aux en terminaison, et bail est du nombre. Les autres sont corail, émail, fermail, gemmail, soupirail, travail, vantailventail et vitrail.