Billet du 10 janvier 2025 : Queneau, anglicismes et loup-garou

Les amateurs de littérature expérimentale connaissent bien Raymond Queneau, cette figure incontournable des lettres françaises qui a marqué le XXe siècle par ses innovations littéraires. Parmi ses œuvres les plus audacieuses, figure « Cent mille milliards de poèmes » publié en 1961. Ce livre défie l’imagination par son concept révolutionnaire. Ce livre, qui ne compte que dix pages, est pourtant considéré comme l’un des plus longs au monde grâce à son ingénieux système de vers interchangeables.

Le principe est d’une simplicité déconcertante : chaque page contient un sonnet, et chaque vers est imprimé sur une languette de papier indépendante que le lecteur peut manipuler à sa guise. Physiquement, l’ouvrage rappelle ces livres pour enfants où l’on peut combiner différentes parties de personnages en tournant des bandelettes de pages : tête, tronc et jambes s’assemblent pour créer des personnages fantasques et amusants. Ici, le principe est similaire, mais appliqué à la poésie : comme tous les sonnets suivent rigoureusement la même structure de rimes et la même construction grammaticale, n’importe quel vers peut être combiné avec n’importe quel autre vers correspondant des autres sonnets. Cette mécanique permet de générer exactement cent mille milliards de poèmes différents.

L’ampleur de cette création est telle qu’il est matériellement impossible pour un seul être humain de lire l’intégralité des combinaisons possibles. Queneau lui-même a calculé qu’en consacrant 45 secondes à la lecture de chaque poème, huit heures par jour, deux cents jours par an, il faudrait plus d’un million d’années pour venir à bout de toutes les possibilités. Cette œuvre magistrale, née au sein de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), dont Queneau était cofondateur, illustre parfaitement la façon dont une contrainte littéraire peut paradoxalement devenir source d’une liberté créative quasi infinie.

En définitive, voilà sans doute le seul livre au monde dont personne ne pourra jamais se vanter d’avoir lu toutes les pages — même les plus voraces des lecteurs devront se contenter d’un modeste échantillon. Un petit conseil : si vous tombez sur un exemplaire, ne vous fixez pas comme objectif de le terminer avant de commencer autre chose !


Dans le cours de français (et d’anglais !)

Les mots voyagent, évoluent et, parfois, reviennent sous une nouvelle forme : c’est toute l’histoire des anglicismes dans la langue française.

Au Québec, la question des anglicismes est un sujet sensible, car la langue française y est un élément essentiel de notre identité culturelle. Pourtant, les anglicismes s’imposent de plus en plus dans notre quotidien, notamment dans des domaines comme la technologie, les médias et la culture populaire. Des mots comme week-end ou encore chat (discussion en ligne) sont devenus courants, surtout chez les jeunes. Si l’Office québécois de la langue française (OQLF) propose souvent des équivalents, comme fin de semaine ou clavardage, il n’est pas toujours facile de faire adopter ces termes par tous. Les anglicismes restent populaires parce qu’ils sont souvent perçus comme plus branchés ou parce qu’ils proviennent directement des plateformes numériques où ils dominent.

Dans certains cas, les efforts de francisation réussissent mieux au Québec qu’ailleurs dans la francophonie. Par exemple, alors qu’en France, beaucoup continuent de parler d’e-mail, au Québec, courriel s’est bien implanté. De même, dans le domaine des jeux vidéo, certains préfèrent encore joueur et niveau à gamer et level. Mais ce n’est pas toujours le cas : des mots comme burn-out, deadline ou streamer gagnent du terrain, même si l’OQLF propose des alternatives comme épuisement professionnel, date limite ou diffuseur en continu. Certains anglicismes viennent même d’anciens mots français. Par exemple, fleureter, qui signifiait courtiser avec délicatesse, a traversé la Manche pour devenir to flirt en anglais, avant de revenir dans la langue française moderne sous la forme de l’anglicisme flirter. Ces va-et-vient linguistiques montrent à quel point nos langues sont interconnectées, notamment à travers les siècles d’échanges culturels et sociaux.

Ces allers-retours illustrent que la langue française, même au Québec, n’est pas figée, mais en perpétuelle évolution. Il ne s’agit pas de rejeter systématiquement les anglicismes, mais de faire preuve de discernement en intégrant ceux qui enrichissent véritablement notre vocabulaire, tout en valorisant les équivalents français existants. Cette approche permet de préserver la vitalité et la singularité du français québécois, tout en reflétant la réalité d’un monde globalisé où les échanges linguistiques sont constants.


Dans le cours de musique

Lou-Adriane Cassidy nous offre avec Journal d’un loup-garou un voyage introspectif envoûtant. Cet album marque un tournant dans la carrière de l’artiste, qui explore ici des sonorités plus électroniques tout en conservant l’authenticité de son folk rock.

L’album paraîtra le 24 janvier prochain. En voici un extrait, Cours, Cora, cours.

Lou-Adriane Cassidy – Cours, Cora, cours – Journal d’un loup-garou – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les gens heureux sont ceux qui peuvent compter sur l’appui d’une communauté. Une communauté familiale, une communauté sociale, une communauté sportive ou une communauté religieuse, entre autres. C’est toute une communauté d’adolescents qui se rassemble régulièrement autour de Jonathan Dutil, atteint d’un cancer du cerveau.

Que fait cette communauté pour les aider, lui et ses parents ?

Le chroniqueur Patrick Lagacé, de manière touchante, l’a relaté dans La Presse.1 C’est un portrait de l’être humain dans ce qu’il a de meilleur à offrir. Je m’arrête ici et je vous laisse prendre connaissance du reportage.

1 Lagacé, Patrick. La meute de Jonathan. La Presse, Montréal. Le 5 janvier 2025.


Billet du 3 janvier 2025 : Journal de vacances des Fêtes (2e de 2)

Alors que nous entamons cette nouvelle année, le monde semble encore danser sur une mélodie bien contrastée. Les nouvelles des dernières heures nous rappellent que la vie est parfois une partition complexe, marquée par des notes de tristesse et de gravité. Ici, une catastrophe naturelle qui bouleverse des vies ; là, des défis humains qui mettent à l’épreuve notre capacité à persévérer et à s’unir. Mais à travers ces épreuves, brillent toujours des éclats d’humanité : un élan de solidarité inattendu, un geste d’amour anonyme, ou une victoire collective qui ranime l’espoir. Oui, 2025 démarre comme une grande symphonie : troublante, mais quand même remplie de promesses.

Et si, cette année, nous apprenions à mieux accorder nos instruments personnels pour jouer ensemble une mélodie plus douce ? Trouvons dans chaque moment de joie — aussi petit soit-il — un point d’ancrage pour éclairer nos jours nuageux. Cultivons la bienveillance, l’audace et cette petite étincelle d’optimisme qui nous pousse à croire que, malgré tout, demain peut être meilleur. Avec ce premier billet de l’année, je vous invite à aborder 2025 avec courage et enthousiasme. Que cette année soit pour vous et vos proches une source inépuisable de découvertes, de rires et de moments précieux. Bonne et heureuse année ! 🥳 🎉


Déformation professionnelle

Durant les vacances, j’ai bien sûr regardé la télé plus que je ne le fais habituellement. En plus d’apprécier Ciné-cadeau et les émissions de fin d’année, j’ai l’habitude de suivre régulièrement les émissions d’information. Dans ce dernier cas, j’ai plusieurs fois noté, surtout à l’oral, mais également à l’écrit, des fautes d’accord du participe passé.

Ah, l’accord du participe passé, ce casse-tête grammatical qui fait trembler plus d’un francophone ! Commençons par le plus redouté : l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir ». En règle générale, le participe passé ne s’accorde pas avec le sujet, mais avec le complément direct (CD) si celui-ci est placé avant le verbe. Par exemple, dans la phrase « Les pommes que j’ai mangées étaient délicieuses », « mangées » s’accorde avec « les pommes », car le CD est placé avant le verbe. En revanche, dans « J’ai mangé des pommes », pas besoin d’accord, car le CD est après le verbe. Facile, n’est-ce pas ? Enfin, presque…

Passons maintenant aux cas particuliers, où les choses se corsent un peu. Prenons les verbes pronominaux, par exemple. Avec eux, l’accord du participe passé dépend de la fonction du pronom réfléchi. Si le pronom est CD, on accorde, sinon, on n’accorde pas. Par exemple, « Elle s’est lavée » (elle a lavé elle-même, donc accordé), mais « Elle s’est lavé les mains » (elle a lavé quoi ? Les mains, donc pas d’accord). Et pour ajouter une touche d’humour, souvenez-vous : si vous hésitez, dites-vous que même les grammairiens chevronnés, comme les présentateurs de nouvelles, ont parfois besoin d’un bon café pour démêler tout ça !


Dans mes écouteurs

André Coutu est un guitariste québécois originaire du Saguenay. Au fil des années, il a entre autres travaillé avec Céline Dion, mais également pour les principaux réseaux de la télévision d’ici. Cascade, sorti tout juste avant Noël, constitue son troisième album. Phénomène particulier, ses deux précédents albums, Source et Destination, ont respectivement paru en juin et en septembre 2024.

Sa musique instrumentale donne surtout dans le nouvel âge, mais on peut aussi y entendre un rythme jazz sur plusieurs pièces. En #musiquebleue, cette semaine, voici À cheval sur la vague.

André Coutu – À cheval sur la vague – Cascade – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Un article de Radio-Canada met en lumière dix bonnes nouvelles environnementales de 2024, offrant un contraste positif face aux nombreuses crises climatiques.1 Parmi ces nouvelles, la découverte du plus grand corail du monde par l’équipe Pristine Seas de National Geographic et la condamnation historique de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’homme pour inaction climatique sont particulièrement marquantes. Cette dernière décision, menée par les KlimaSeniorinnen, un groupe de 2500 Suissesses âgées de 64 ans et plus, souligne l’importance de la responsabilité des États dans la lutte contre les changements climatiques.

En outre, l’article mentionne des avancées significatives dans les énergies renouvelables, notamment l’essor de l’énergie solaire, et des victoires judiciaires pour les jeunes militants climatiques au Canada. Par exemple, la Cour d’appel de l’Ontario a annulé un jugement précédent, permettant à sept jeunes de poursuivre leur combat contre les politiques environnementales de la province. De plus, les dates du premier procès constitutionnel sur le climat au Canada ont été fixées pour octobre 2026 à Vancouver. Ces histoires inspirantes montrent que des progrès sont réalisés malgré les défis environnementaux actuels.

1 Boisclair, Valérie. La crise climatique vous déprime? Voici 10 bonnes nouvelles de 2024. Radio-Canada. Le 29 décembre 2024.


Billet du 27 décembre 2024 : Journal de vacances des Fêtes (1er de 2)

En cette période des Fêtes, propice aux retrouvailles et aux discussions animées autour de la table, il est difficile de ne pas remarquer à quel point les divergences d’opinions peuvent parfois créer des tensions. Les conversations qui autrefois étaient constituées d’échanges légers sur l’actualité semblent aujourd’hui s’embraser plus rapidement, alimentées par des opinions tranchées et des visions du monde de plus en plus polarisées. C’est dans ce contexte que la lecture de « Qui fait l’opinion ? » d’Antoine Bristielle s’avère particulièrement pertinente. 1

Dans son plus récent essai, Bristielle, directeur de l’Observatoire de l’opinion de la Fondation Jean-Jaurès, met en lumière une réalité paradoxale : alors que les réseaux sociaux promettent de nous connecter davantage, ils jouent en fait un rôle majeur dans la division et l’enfermement idéologique. L’auteur explore l’idée que nos opinions préalables façonnent notre manière de nous informer, créant des « bulles » confortables qui nous exposent uniquement à des contenus qui renforcent nos croyances existantes. Bristielle souligne que cette dynamique est amplifiée par un paysage médiatique éclaté, où chacun peut trouver un écho à ses convictions, souvent de manière très tranchée.

L’essai dissèque deux formes de polarisation devenues omniprésentes : idéologique et affective. Si la première est marquée par des idées de plus en plus radicales, la seconde s’exprime par un rejet croissant des individus ayant des opinions divergentes. Selon Bristielle, cette polarisation affective est particulièrement préoccupante : même si les idées ne deviennent pas toujours extrêmes, les citoyens s’identifient de plus en plus à leur « camp », ce qui les pousse à rejeter en bloc toute idée ou proposition émanant du camp opposé. Ce phénomène, qui transforme les adversaires politiques en ennemis, constitue une menace directe pour la stabilité démocratique.

Bristielle offre également une analyse fine du rôle des médias dans cette fragmentation sociale. Il montre que si les réseaux sociaux exacerbent la polarisation affective en créant des « silos », la polarisation idéologique est souvent alimentée par les chaînes d’information en continu. Ces dernières, à travers leur traitement incessant de faits divers, donnent parfois une vision biaisée et alarmiste de la société. L’auteur plaide ainsi pour une réflexion globale sur la responsabilité des médias, tout en rappelant que des facteurs plus profonds — inégalités croissantes, crises écologiques et sociales — alimentent également ces tensions.

Alors que nous nous apprêtons à accueillir une nouvelle année, cette lecture rappelle que les débats d’idées enrichissent nos relations lorsqu’ils permettent à chaque personne de s’exprimer librement. Prendre le temps d’écouter, sans chercher à convaincre à tout prix, favorise des échanges plus ouverts et sincères, même lorsque les points de vue divergent.

1 Bristielle, Antoine. Qui fait l’opinion ? Paris, La Découverte, 2024.


Sur mes écrans

Quelle est votre publicité télévisée préférée, en ce temps des Fêtes 2024 ?

Le communicateur Luc Dupont, dans son infolettre, y est allé de son propre palmarès. Dans le lot, des habitués, comme IGA, Coca-Cola et les Producteurs de lait du Québec, mais aussi des nouveaux venus, comme Amazon.

La curiosité vous démange et vous voulez voir son classement, visionner les publicités ? Comme un cadeau, ouvrez l’infolettre !

L’infolettre marketing de Luc Dupont – Le 12 décembre 2024


Dans mes écouteurs

Ils sont trois, dont Michel Faubert, membre des Charbonniers de l’enfer. Ils sont originaires de la région de Lanaudière et ils donnent dans la musique traditionnelle québécoise. À quelques jours du début de la Nouvelle Année, ce trio émergent est tout désigné pour offrir la dernière #musiquebleue de 2024. Ils sont Garçons à marier et leur premier album s’intitule La dot. La pièce a pour titre Mon grand-père aux allumettes.

Garçons à marier – Mon grand-père aux allumettes – La dot – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Voici l’histoire inspirante de Noah, un garçon multihandicapé qui a trouvé une famille aimante après des années de défis. Retiré d’un milieu familial toxique par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), Noah a passé la moitié de sa vie au Centre de réadaptation Marie-Enfant. En décembre 2021, Isabelle Gauthier, touchée par un article intitulé « Un miracle pour Noah », a décidé de l’adopter.2 Grâce à l’éducatrice Amélie Tremblay, Noah avait déjà fait des progrès significatifs, mais il avait besoin d’une famille pour continuer à évoluer.

Après deux ans de recherche infructueuse pour trouver une famille adoptive, l’article de 2021 a contribué à lancer un appel à l’aide. Madame Gauthier, émue par l’histoire de Noah, a décidé de lui offrir un foyer. Aujourd’hui, Noah vit avec sa nouvelle famille, où il continue de progresser et de recevoir l’amour et les soins dont il a besoin. Cette histoire est un témoignage poignant de la puissance des rencontres fortuites et de la bonté humaine.

2 Gagnon, Katia. Le miracle est arrivé. La Presse, Montréal. Le 26 décembre 2024.


Billet du 20 décembre 2024 : Aller marcher dans la neige

Au cours de la dernière semaine, dans les médias, on a beaucoup fait référence, en suggestion ou en prédiction, à la marche dans la neige que devrait faire Justin Trudeau dans un avenir rapproché. D’où vient cette métaphore de marche dans la neige, en politique ?

Elle tire son origine du père du principal intéressé, Pierre Elliott Trudeau, il y a précisément 40 ans. À l’hiver 1984, alors en réflexion quant à son avenir politique, Trudeau père s’était offert une longue randonnée en solitaire dans les rues d’Ottawa, sous une intense averse de neige. C’est au retour de cette promenade qu’il annonçait sa démission comme premier ministre et chef du Parti libéral du Canada.

Au plus bas dans les sondages depuis un bon moment, le fils est maintenant plongé dans une crise politique sans précédent, accentuée par l’abdication de sa ministre des Finances, la veille d’un important énoncé économique. D’aucuns lui suggèrent maintenant d’aller marcher dans la neige.


Un autre élément ayant largement contribué à fragiliser le leadership de Trudeau est l’entrée en poste prochaine du président américain élu, Donald Trump. Après avoir menacé le Canada de lui imposer des tarifs de 25 % sur toutes ses exportations s’il ne sécurisait pas ses frontières, Trump s’est ensuite mis à suggérer que nous devenions le 51e État américain et en qualifie déjà Trudeau de « gouverneur ». Le message ci-dessous a été publié sur Truth Social, le réseau social de Trump, dans la nuit du 17 au 18 décembre derniers. Il s’agissait du troisième sur le sujet que Trump diffusait. Il est ici traduit en français.

Premièrement, Trump écrit 100 millions de dollars alors qu’il martèle 100 milliards lorsqu’il s’adresse aux médias. L’écart est énorme. Ensuite, est-il vrai que nous paierions moins d’impôts et que nous bénéficierions d’une meilleure protection militaire ? Oui, assurément. Et on peut même avancer sans trop de risques de se tromper que nos infrastructures routières s’en trouveraient améliorées et que le passage au dollar américain s’avérerait avantageux.

D’un autre côté, devenir le 51e État américain entraînerait pour le Canada une série de changements profondément négatifs : la perte complète de notre souveraineté et de notre voix distincte sur la scène internationale, le démantèlement probable de notre système de santé universel au profit d’un modèle privatisé à l’américaine, l’érosion accélérée de notre identité culturelle unique (particulièrement pour le Québec et les communautés francophones), l’abandon du contrôle de nos vastes ressources naturelles, l’obligation d’adopter des lois américaines moins strictes en matière d’armes à feu et de protection environnementale, la fin de notre politique d’immigration indépendante et généralement plus ouverte, la nécessité d’assumer une part de l’importante dette nationale américaine, l’émergence probable de tensions sociales majeures (notamment au Québec et dans les communautés autochtones, dont les droits pourraient être menacés), et la perte du contrôle direct sur nos territoires arctiques stratégiques.

Le nombre d’inconvénients dépassant largement les quelques avantages, j’attends de moins en moins patiemment qu’une personnalité politique canadienne se décide de dire à Trump d’aller se faire cuire un œuf. Fidèle à ce qu’il est dans ses relations, je présume qu’il les aime brouillés.


Dans le cours de musique

Claude Gauthier a donné au Québec de magnifiques chansons. À l’âge vénérable de 85 ans, il nous offre un mini-album de quatre chansons originales, Je reviendrai à Noël. En voici la pièce-titre.

Claude Gauthier – Je reviendrai à Noël – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une excellente nouvelle vient d’être annoncée sur le front de la lutte contre les changements climatiques au Canada : les émissions de gaz à effet de serre du pays ont atteint leur plus bas niveau en 27 ans, exception faite de la période pandémique. Cette réduction significative, qui place désormais les émissions sous la barre symbolique des 700 millions de tonnes, représente une amélioration de 8,5 % par rapport aux niveaux de 2005, dépassant ainsi largement les projections initiales qui prévoyaient plutôt une augmentation des émissions d’ici 2030.

Cette tendance encourageante est particulièrement remarquable dans le secteur des sources de combustion fixes, incluant la production d’électricité et le chauffage, qui a enregistré une baisse impressionnante de 5 millions de tonnes en 2023. Ces résultats démontrent que les efforts collectifs et les politiques environnementales commencent à porter leurs fruits, ouvrant la voie vers un avenir plus durable pour les générations futures. Le Canada prouve ainsi qu’il est possible de renverser la vapeur et de progresser concrètement vers ses objectifs climatiques, même si le chemin reste encore long vers la cible ambitieuse de réduction de 45 à 50 % d’ici 2035.


🎄✨ Joyeux temps des Fêtes ! ✨🎄

Alors que la magie de Noël illumine nos cœurs et nos foyers, je tiens à vous adresser mes vœux les plus chaleureux pour des Fêtes empreintes de joie, de douceur et de moments précieux avec vos proches. Que cette période soit pour vous une pause bien méritée, remplie de rires, de gourmandises et de sérénité.

Pour celles et ceux qui profiteront de vacances, je vous souhaite un repos ressourçant et des instants de bonheur simple. Prenez soin de vous, savourez chaque moment, et revenez en pleine forme pour la suite de nos rendez-vous hebdomadaires !

À très bientôt,

Jean-Frédéric


Billet du 13 décembre 2024 : L’héroïne improbable du téléphone

Dans le vaste océan de la fraude téléphonique où des dizaines de millions d’appels malveillants sont passés quotidiennement, dérobant des montants astronomiques aux victimes, émerge une héroïne aussi inattendue qu’ingénieuse : Daisy Harris, une grand-mère virtuelle façonnée par l’intelligence artificielle. Créée par l’opérateur britannique Virgin Media O2, cette redoutable manipulatrice technologique n’a ni écusson ni pouvoir réel, mais une arme redoutable — une patience infinie et un bavardage aussi sinueux que déconcertant. Avec son accent britannique charmeur et ses anecdotes sur son chat Fluffy, elle piège les fraudeurs dans des conversations interminables, leur faisant perdre un temps précieux et les empêchant momentanément de cibler d’autres victimes potentielles.

Bien que Daisy ne représente qu’une goutte d’eau face à l’immense marée de la cybercriminalité, elle symbolise une riposte créative et prometteuse. Sa mission dépasse la simple contrattaque : elle est une messagère de prévention, rappelant que dans l’ère numérique, rien n’est jamais tout à fait ce qu’il paraît. En Grande-Bretagne, plus d’un millier de fraudeurs ont déjà été confrontés à son stratagème, perdant en moyenne 40 minutes dans un dialogue aussi absurde que chronophage. Et si Daisy n’est qu’un prototype, elle ouvre la voie à une nouvelle génération d’outils intelligents qui transformeront chaque conversation piégée en un petit acte de résistance contre la fraude.

Virgin Media O2, j’aime ta grand-mère.


Dans le cours de français

L’histoire littéraire regorge d’anecdotes savoureuses, et celle de la dictée de Prosper Mérimée en est une. Selon la légende, l’écrivain français aurait composé un texte particulièrement alambiqué pour mettre à l’épreuve l’orthographe de Napoléon III et de sa cour. Ce repas aurait été le théâtre d’une véritable compétition orthographique, où les homophones et les tournures complexes auraient semé la confusion parmi les convives. Bien que cette histoire soit largement répandue, il est difficile de vérifier son authenticité. L’absence de preuves formelles laisse planer le doute sur la réalité de cet événement, bien que de nombreuses sources l’évoquent. Néanmoins, cette anecdote continue de fasciner et demeure un excellent prétexte pour s’amuser avec les subtilités de la langue française.

Que la dictée de Mérimée soit un fait avéré ou une simple légende, elle a laissé une trace indélébile dans la culture populaire. Elle est souvent citée en exemple pour illustrer les pièges de l’orthographe française et continue d’être utilisée dans les écoles pour entraîner les élèves. Au-delà de son aspect ludique, cette histoire nous rappelle l’importance de la maîtrise de la langue et l’éternel défi que représente l’orthographe, même pour les plus grands.

Voici le texte, bien réel, de la dictée qui aurait été attribuée à Mérimée :

Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l’amphitryon, fut un vrai guêpier.

Quelles que soient, et quelque exiguës qu’aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu’étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d’en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis, et de leur infliger une raclée, alors qu’ils ne songeaient qu’à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires.

Quoi qu’il en soit, c’est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s’est laissé entraîner à prendre un râteau et qu’elle s’est crue obligée de frapper l’exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés ; une dysenterie se déclara suivie d’une phtisie, et l’imbécillité du malheureux s’accrut.

– Par saint Martin ! Quelle hémorragie ! s’écria ce bélître. À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l’église tout entière.

Qui relèvera le défi durant le temps des Fêtes ?


Dans le cours d’univers social
Volet histoire

Voici une publicité imprimée datant de 1948 :

Trois quarts de siècle plus tard, on peut affirmer qu’aucune de ces affirmations ne s’est avérée. Et 2024, au Québec, constitue un retour vers le futur.


Dans le cours de français, deuxième période

Voici une petite devinette :

Qui suis-je ?

Je commence la nuit, je termine le matin, on me voit deux fois dans l’année et une fois dans la semaine.

Réponse après la bonne nouvelle de cette semaine.


Dans le cours de musique

Mathieu Bourret est un pianiste, compositeur, médiateur et improvisateur. Il est reconnu pour sa personnalité unique et son talent d’improvisateur. Sa musique est décrite comme étant organique et cinématographique, et il est connu pour créer des liens précieux avec son public.

Il y a deux ans, il nous offrait un premier album instrumental de Noël, Illumination. Il récidive cette année avec Illumination II. De ce plus récent album, voici Prélude — L’enfant au tambour.

Mathieu Bourret – Prélude-L’enfant au tambour – Illumination II – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une excellente nouvelle pour les personnes âgées, souvent sujettes aux fractures de la hanche, vient de voir le jour grâce à une entreprise marseillaise. Indienov a développé une ceinture innovante contenant un coussin gonflable qui se déclenche automatiquement en cas de chute, protégeant ainsi les hanches et réduisant considérablement le risque de fractures. Cette technologie détecte les affaissements soudains et active le coussin gonflable pour amortir l’impact, offrant une solution révolutionnaire à un problème de santé publique majeur.

En plus de protéger physiquement les utilisateurs, cette ceinture intelligente alerte également les proches ou les services de téléassistance en cas de chute, permettant une intervention rapide. Cette avancée française promet de transformer le quotidien de nombreuses personnes âgées, leur offrant une sécurité accrue et une tranquillité d’esprit précieuse.


Réponse à la devinette : il s’agit de la lettre n.


Billet du 6 décembre 2024 : Marqué à vie

Le 6 décembre 1989. Je me souviens d’à peu près tout ce que j’ai fait ce jour-là. Je me souviens d’un lendemain de tempête qui avait laissé une forte accumulation au sol. Je me souviens d’un mercure qui avait ensuite considérablement chuté. Je me souviens être allé chercher une amie sur la Rive-Sud. Nous devions aller dîner avant de rejoindre d’autres amis, avec qui nous allions assister à un spectacle en soirée. Des billets que nous possédions depuis le mois d’avril.

Le dîner n’avait finalement pas eu lieu. Pas comme prévu, en tout cas. En me rendant chez mon amie, j’avais dû passer par une intersection à travers laquelle un chasse-neige avait laissé une imposante bande de neige, durcie par le froid intense. Dans ma jeune vingtaine impatiente de l’époque, j’avais choisi de foncer, plutôt que d’attendre. Le silencieux de ma Plymouth Horizon grise y était resté. Le garage s’était donc substitué au restaurant prévu ce midi-là.

En début de soirée, nous étions une dizaine d’amis dans un bar du Complexe Desjardins, quand la radio a commencé à annoncer que des coups de feu auraient été entendus à l’École Polytechnique de Montréal, comme on l’appelait à l’époque. La nouvelle avait capté notre attention, mais était passée au second plan quand était venu le temps de vider nos verres pour enfiler nos manteaux et nous diriger vers le lieu de notre souper-spectacle.

Nous nous y étions amusés. Nous avions ri et festoyé, sans savoir l’horreur qui se déroulait à huit kilomètres d’où nous nous trouvions.


L’irréel pour nous était survenu en fin de soirée, quand nous retournions chacune et chacun chez nous. Personnellement, je conduisais ma voiture (dotée d’un silencieux tout neuf) avec un ami à mes côtés. J’allais le déposer chez lui, à une trentaine de kilomètres du centre-ville de Montréal. Une distance que nous avions parcourue en étant branchés sur les ondes de CKAC. Nous avions alors réalisé, avec une consternation certaine, que tout le Québec était au courant de ce qui était survenu, sauf nous. Les commentaires radiophoniques ne précisaient aucun détail, les auditeurs les connaissant déjà. Quand mon ami était descendu de mon véhicule, après trois quarts d’heure de route, tout ce que nous avions réussi à savoir, c’était qu’il y avait eu fusillade, que cette fusillade avait fait plusieurs victimes, et que le crime avait une connotation sexiste. Nous commencions à réaliser l’horreur, mais pas son ampleur.


J’étudiais le droit, à l’époque, avant de bifurquer vers l’enseignement. À partir du moment où je me suis retrouvé titulaire d’une classe, quelques années après le drame, il ne s’est pas trouvé un seul début décembre, jusqu’en 2022, sans que j’en parle à mes élèves. En 2023, nous étions en grève. Cette année, j’apprivoise mon nouveau rôle de conseiller pédagogique, sans élèves. Ce devoir de mémoire incombe à tous les enseignants de groupes d’élèves en âge de comprendre.

À travers ces années, plusieurs de mes élèves se sont exprimés de brillante façon sur le sujet. Beaucoup d’opinions, de questions pertinentes, mais aussi de liens marquants. Le témoignage m’ayant le plus touché est celui d’Antoine, un élève que j’ai eu il y a une vingtaine d’années. Deux parents ingénieurs. Son père, alors étudiant, faisait partie des jeunes hommes qui avaient été chassés de la classe des victimes par le tireur, Marc Lépine. Sa mère, également étudiante, devait se trouver dans ce cours. Elle avait toutefois choisi de s’en absenter pour préparer un examen prévu le lendemain. Si elle avait pris une autre décision, Antoine n’aurait peut-être jamais vu le jour.


Nathalie Provost est une des victimes ayant survécu aux balles du tireur. Dès le lendemain, elle avait donné un point de presse à partir de son lit d’hôpital. Un courage qui l’honore, mais pas autant que son engagement, depuis 35 ans, pour le contrôle des armes à feu au Canada.

Depuis le drame de Polytechnique, le contrôle des armes à feu au Canada est resté une question vive et controversée. La tragédie a mené à la création du registre des armes d’épaule en 1995, un pas significatif vers une meilleure réglementation. Toutefois, son abolition en 2012, sous Stephen Harper, a ravivé les tensions, opposant sécurité publique et droits des propriétaires d’armes. Ces dernières années, des mesures plus strictes, comme l’interdiction des armes d’assaut, ont été adoptées pour répondre à des fusillades tragiques et à une mobilisation citoyenne accrue. Jeudi dernier, le 5 décembre, le gouvernement de Justin Trudeau a ajouté 324 marques et modèles uniques d’armes à feu de style arme d’assaut à la liste des armes interdites au Canada. Cette interdiction s’inscrit dans une stratégie visant à empêcher la prolifération d’armes adaptées pour des usages dangereux tout en promettant de protéger les droits des chasseurs responsables.

Malgré tout, 35 ans après Polytechnique, le débat demeure polarisé, témoignant de la complexité d’instaurer un consensus durable sur cette question. Il est étonnant de constater que la perte d’un nombre important de vies humaines ne suffit justement pas à établir un consensus.



Dans le cours de musique

Parmi tout ce qui représente pour moi le temps des Fêtes, il y a Ciné-cadeau, à Télé-Québec. Avec cette tradition qui nous revient chaque mois de décembre, Télé-Québec réalise quotidiennement ce que la dinde sur la table fait à Noël : réunir la famille. Nouveauté cette année, JS Houle et FouKi nous offrent une chanson hommage à ce grand classique annuel. Ça commence ce samedi 7 décembre.

JS Houle et FouKi – Le plus beau moment Ciné-cadeau – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Samuel Benastick, un jeune homme de 20 ans, a survécu 50 jours dans des conditions extrêmes après s’être perdu lors d’une expédition de camping dans le parc provincial Redfern-Keily en Colombie-Britannique. Parti seul le 7 octobre, il a été retrouvé par des travailleurs de l’industrie pétrolière après avoir bravé des températures descendant jusqu’à -20 °C. Grâce à sa détermination et à ses compétences en survie, il a construit un abri et trouvé des moyens de subsister malgré les conditions hostiles. Cette histoire inspirante démontre la résilience humaine et l’importance de l’espoir et de la solidarité, illustrée par les efforts des bénévoles qui ont participé aux recherches.


Billet du 29 novembre 2024 : Les enseignants, lumière dans l’obscurité

Chaque matin, à mon réveil, je prends mon téléphone cellulaire et je m’accorde une vingtaine de minutes pour faire le tour des nouvelles. Jeudi, j’ai regroupé quatre nouvelles matinales et quelque chose m’est immédiatement sauté aux yeux. Entre la corruption et la malveillance, un groupe se démarque au contraire par sa reconnaissance, son entraide et sa générosité.

Il est question, dans la première nouvelle, d’entreprises mandatées pour nettoyer les routes du Québec qui effectuent illégalement des dépôts de résidus de balayage dans des lieux non autorisés, comme des terrains privés, agricoles et des milieux naturels, au mépris des règles environnementales. Une enquête de Radio-Canada, menée avec des caméras cachées et un faux couple, a permis de confirmer ces pratiques après avoir été alertée par un lanceur d’alerte. Les résidus, qui peuvent être contaminés, sont parfois proposés gratuitement ou vendus à des particuliers, souvent pour des usages comme du remblai. L’une des entreprises impliquées, tout en refusant une entrevue, a minimisé l’importance de ces contrats dans ses activités. Et tout ceci au vu et au su des fonctionnaires du ministère québécois de l’Environnement. 1

Dans le deuxième article, Azure Power Global, une entreprise indienne financée par la Caisse de dépôt et placement du Québec, est impliquée dans un scandale de corruption majeur, avec des pots-de-vin de 250 millions $ US versés pour obtenir des contrats solaires, et où Alan Rosling, président nommé par la Caisse, aurait joué un rôle. Selon l’article, Rosling et d’autres cadres auraient dissimulé les malversations en fournissant de fausses informations et en cédant un contrat clé au groupe Adani sous un prétexte inventé. Ces irrégularités ont gravement affecté Azure, entraînant une chute de sa valeur à moins de 5 % de l’investissement initial de la Caisse et son retrait de la Bourse de New York en 2023. Malgré les accusations criminelles contre trois de ses anciens cadres, la Caisse insiste sur son engagement envers l’éthique, mais refuse de commenter davantage cette affaire qui suscite de nombreuses interrogations. 2

Le troisième reportage nous apprend que le Complexe Desjardins utilise depuis environ un an des chansons agressantes diffusées à plein volume, comme Baby Shark, pour dissuader les sans-abri de fréquenter ses espaces. C’est une pratique qui soulève l’indignation des groupes communautaires. Ces derniers dénoncent un manque de bienveillance et d’empathie, rappelant que des approches structurelles et humaines sont nécessaires pour traiter les causes profondes de l’itinérance. Desjardins affirme vouloir privilégier l’accompagnement en collaboration avec des travailleurs sociaux, mais les critiques soulignent que cette méthode contribue à stigmatiser davantage les personnes vulnérables. 3

Finalement, dans un tout autre contexte, la quatrième nouvelle fait état d’un groupe d’enseignants qui organisent une collecte de fonds pour aider les enfants de familles défavorisées. L’initiative vise à soutenir des organismes montréalais, notamment Les Lutins de Saint-Vincent-Marie, qui offrent des cadeaux et des pyjamas durant les Fêtes. Cette mobilisation reflète une volonté de prolonger la chaîne de solidarité créée pendant la grève de l’an dernier, où près de 1800 enseignants avaient bénéficié de l’aide de la communauté. 4

On dit qu’il n’y a que des enseignants pour voler du matériel à la maison et l’amener sur leur lieu de travail. J’ignore si d’autres le font, mais je confirme qu’une forte majorité d’acteurs de l’éducation ont recours à ce moyen pour soutenir leur travail. Et quand Baby Shark joue dans les haut-parleurs d’une salle de classe, c’est parce que son titulaire met ses propres nerfs à l’épreuve pour amuser ses élèves.

En ce début de journée, alors que les nouvelles nous abreuvent d’histoires de corruption et d’indifférence, cette initiative d’enseignants nous rappelle qu’il existe encore des îlots de générosité et de solidarité, où l’humain se révèle dans toute sa beauté.

1 Montembeault, Maude et al. Du sable contaminé déversé un peu partout au Québec. Radio-Canada, Montréal. Le 28 novembre 2024.

2 Joncas, Hugo et Arsenault, Julien. L’homme de confiance de la Caisse au cœur du complot de corruption. La Presse, Montréal. Le 28 novembre 2024.

3 Ouellette-Vézina, Henri. Baby Shark pour chasser les sans-abri. La Presse, Montréal. Le 28 novembre 2024.

4 Goyer, Maude. Un an après la grève : Au tour des enseignants de donner. La Presse, Montréal. Le 28 novembre 2024.


Dans le cours de musique

La chanson Fleur sauvage de Rymz, en collaboration avec Ingrid St-Pierre, est une composition émotionnelle et poétique qui mélange rap et musique folk. Les paroles touchent à la fragilité de la vie, l’innocence perdue et les luttes intérieures, avec une touche de douceur apportée par la voix d’Ingrid St-Pierre. Ce morceau, qui conjugue harmonieusement des éléments de rap introspectif et des mélodies délicates, invite à la réflexion sur la quête de sens et les épreuves personnelles. Il est extrait du plus récent album de Rymz, Vivre à mourir.

Rymz, avec Ingrid St-Pierre – Fleur sauvage – Vivre à mourir – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans un enchaînement de coïncidences presque irréelles, Vamarr Hunter a vécu une renaissance familiale qui défie toute imagination. Cet Américain de Chicago, adopté à la naissance et ignorant tout de ses origines, a appris de la manière la plus inattendue qui soit qu’il avait pour mère biologique la boulangère de son quartier, celle-là même chez qui il allait acheter son pain chaque semaine depuis des années. Cette rencontre fortuite, initiée par une émission télévisée sur la généalogie, a non seulement révélé un lien du sang insoupçonné, mais a aussi ouvert la voie à une connexion profonde et précieuse.

Au-delà d’un simple rapprochement, leur histoire est devenue un modèle de compassion et de solidarité. Alors que Lenore Lindsey traversait l’épreuve difficile d’un traitement contre le cancer du sein, Vamarr s’est immédiatement engagé à ses côtés, l’accompagnant à ses séances de chimiothérapie et allant même jusqu’à la suppléer dans son travail. Un geste si remarquable qu’il a finalement décidé de quitter son emploi pour travailler à temps plein dans la boulangerie familiale, transformant ce qui aurait pu être une simple rencontre en une véritable histoire d’amour et de résilience.


Billet du 22 novembre 2024 : Révolutions et espoirs

Il y a une semaine, le ministère de l’Éducation du Québec a diffusé le guide intitulé « L’utilisation pédagogique, éthique et légale de l’intelligence artificielle générative » à l’intention du personnel enseignant. Ceci ouvre la porte, sous conditions, à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) en classe. C’est toute une révolution pédagogique qui s’annonce.

Cette révolution forcera une redéfinition du rôle des pédagogues. Il s’agira maintenant d’accompagner les élèves dans le développement de compétences essentielles à l’ère numérique, telles que la pensée critique, la résolution de problèmes complexes et l’éthique de l’utilisation des outils technologiques. Les élèves devront apprendre non seulement à utiliser l’IA pour maximiser leur potentiel, mais aussi à comprendre ses limites, à évaluer la fiabilité des informations qu’elle génère et à l’intégrer de manière responsable dans leurs travaux. Cette transition nécessitera également de repenser les activités d’apprentissage, en favorisant des approches plus collaboratives et interdisciplinaires qui exploitent la complémentarité entre l’intelligence humaine et artificielle.

L’évaluation sera également bouleversée. Les examens traditionnels deviendront obsolètes dans un monde où l’IA peut répondre instantanément à une multitude de questions. Il faudra donc privilégier des approches qui valorisent le processus plutôt que le résultat : documenter la réflexion derrière une réponse, analyser et critiquer les suggestions de l’IA, ou encore évaluer les capacités des élèves à résoudre des problèmes en temps réel, sans aide extérieure. Ce changement représente un défi de taille, mais aussi une occasion de transformer l’éducation pour qu’elle prépare véritablement les jeunes à devenir des citoyens éclairés dans un monde en pleine mutation technologique.

Bref, l’IA en classe, c’est un peu comme un coéquipier génial, mais maladroit : il peut faire des merveilles, mais il faudra toujours garder un œil sur ses maladresses !


Dans le cours de musique

Andrew Wells-Oberegger est un artiste complet qui brille sur la scène musicale canadienne depuis plus de vingt ans. Multi-instrumentiste virtuose, il maîtrise un éventail impressionnant d’instruments, allant de la guitare classique et du luth renaissance à des percussions traditionnelles comme le daff et le tamburello italien. Fort d’une solide formation générale et d’un apprentissage enraciné dans les traditions musicales du monde entier, il enrichit également ses compositions de sa voix et de divers types de flûtes. Il vient de lancer Déjouer le glas, son deuxième album, dont la pièce-titre mérite notre écoute, cette semaine.

Andrew Wells-Oberegger – Déjouer le glas – Déjouer le glas – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une découverte fortuite par des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv pourrait révolutionner le traitement des cancers résistants à l’immunothérapie. En étudiant les effets des rayons UV sur le système immunitaire, l’équipe a identifié une protéine appelée Ly6a, qui semble jouer un rôle clé dans la suppression immunitaire. En bloquant cette protéine avec des anticorps, les scientifiques ont réussi à réduire significativement la taille des tumeurs chez des souris, même celles résistantes aux traitements actuels.

Cette avancée prometteuse ouvre la voie à de nouveaux traitements pour les patients atteints de cancers difficiles à traiter. Les chercheurs espèrent rapidement développer un médicament basé sur cette découverte, offrant ainsi un nouvel espoir à de nombreux patients. Cette trouvaille rappelle que même les accidents peuvent mener à des progrès scientifiques majeurs, apportant une lueur d’espoir dans la lutte contre le cancer.


Billet du 15 novembre 2024 : Alphas et bêtas

Les valeurs conservatrices connaissent une montée en popularité chez les jeunes, tant aux États-Unis qu’au Canada. Un sondage récent montre que 43 % des jeunes Américains de 18 à 29 ans ont voté pour Donald Trump, une augmentation par rapport à 2020. Au Canada, les conservateurs de Pierre Poilievre gagnent également du terrain parmi les 18-34 ans. Cette tendance s’explique en partie par un retour à des valeurs traditionnelles et une recherche de stabilité dans un monde perçu comme incertain. Des réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter) jouent un rôle crucial dans la diffusion de ces idées, offrant une plateforme aux influenceurs conservateurs qui séduisent une jeunesse en quête de repères.

Parallèlement, la montée des discours misogynes et antiféministes inquiète. Des figures comme Andrew Tate, avec leurs propos extrémistes, gagnent en popularité, notamment parmi les jeunes hommes. Ces discours, souvent édulcorés pour paraître plus acceptables, trouvent un écho dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les experts soulignent le danger de normaliser ces idées en leur offrant une tribune, car cela peut renforcer des attitudes discriminatoires et violentes. La sociologue Mélissa Blais et d’autres chercheurs mettent en garde contre la banalisation de ces discours haineux qui, sous couvert de succès et de leadership, prônent en réalité la soumission des femmes. 1

Il faut s’inquiéter pour les jeunes influencés par ces idéologies et insister sur l’importance de promouvoir des valeurs d’égalité et de respect. Les influences négatives de la masculinité toxique ne peuvent être contrées que par un contrepoids éducatif. En fin de compte, il s’agit de construire une société plus inclusive et équitable, où chacun peut s’épanouir sans discrimination ni préjugés. Voilà un discours enfoui il y a plus de 30 ans qu’il faut déterrer et promouvoir de nouveau.

1 Elkoury, Rima. Parlons-en, de ces discours misogynes. La Presse, Montréal. Le 12 novembre 2024.


Dans le cours de sciences et technologie

Selon Associated Press, un récent rapport du gouvernement américain a révélé que des niveaux de fluorure dans l’eau potable, dépassant deux fois la limite recommandée, sont associés à une diminution du quotient intellectuel (QI) chez les enfants.2 Cette conclusion, basée sur une analyse approfondie de recherches antérieures, marque la première fois qu’une agence fédérale établit un lien entre une exposition élevée au fluorure et une baisse du QI. Ces résultats soulèvent des questions importantes sur la sécurité de l’eau potable et les effets à long terme du fluorure sur le développement neurologique des enfants.

Peut-être est-il temps pour nos voisins du Sud de repenser leur consommation d’eau !

2 Stobbe, Mike. US government report says fluoride at twice the recommended limit is linked to lower IQ in kids. APNews, New York. Le 22 août 2024.


Dans le cours de musique

Il a fallu attendre huit ans avant que les Dale Hawerchuk nous offrent du nouveau matériel. Le groupe originaire de Roberval nous arrive avec Attaque à cinq, son cinquième album. Tirée de ce nouvel opus, voici la pièce Megastar.

Les Dale Hawerchuk – Megastar – Attaque à cinq – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les inondations qui ont frappé Valence à la fin octobre ont laissé leurs traces, en plus de faire de nombreuses victimes. Mais au cœur de cette épreuve, un élan de solidarité sans précédent a vu le jour. Des milliers de citoyens, venus de toute la région, se sont mobilisés pour venir en aide aux sinistrés. Armés de balais, de pelles et d’une volonté inébranlable, ils ont participé à d’immenses opérations de nettoyage. Une initiative qui a rapidement fait le tour de la ville, transformant une simple passerelle en symbole de cette union face à l’adversité. Baptisée « passerelle de la solidarité », elle est devenue le point de ralliement de tous ceux qui souhaitent apporter leur contribution.

Cette mobilisation exceptionnelle témoigne de la force du lien social et de la capacité de résilience des Valenciens. Face à la catastrophe, la communauté s’est resserrée, démontrant une fois de plus que l’entraide est la meilleure réponse face à l’adversité. Ces actes de générosité sont une source d’espoir et un bel exemple pour tous.


Billet du 8 novembre 2024 : Les politiques qu’on mérite (2e partie)

Aux États-Unis, ce sera donc Donald Trump. Avec lui à la présidence et une majorité républicaine tant au Sénat et qu’à la Chambre des représentants. J’aurais préféré un autre scénario, mais la démocratie a parlé. Et la démocratie, même malade, demeure le plus beau des régimes politiques.

Et je cite :
« Faites attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet, mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles. »

– Albert Camus

Et le fascisme a récemment été aperçu chez nos voisins du Sud. Non seulement John Kelly, ancien chef de cabinet de Trump, prétend-il avoir entendu plus d’une fois ce dernier faire l’éloge d’Hitler et de son armée, mais Trump lui-même a déclaré en entrevue qu’il entrevoyait instaurer une dictature « pour une journée », en début de mandat. Le problème n’est pas Trump. Il a droit à ses opinions, autant qu’il a le droit de les exprimer. Le problème, c’est le peuple américain, qui l’a élu en toute connaissance de cause.

Et je cite :

« Hitler a pris le pouvoir en 1933 par nomination, et non par un vote. Il n’a jamais remporté la majorité lors d’une élection libre. Trump, en revanche, a remporté une élection libre après avoir clairement exprimé son désir de devenir dictateur. Ce qui rend le peuple américain plus favorable à la dictature que les Allemands de 1933. »

– Mark Jacob, auteur et ex-éditeur du Chicago Tribune, le 6 novembre 2024.

Je n’en veux pas aux Américains de l’avoir élu une première fois, en 2016. Il agissait déjà comme un personnage coloré et hors norme, mais on cherchait à contrer l’establishment démocrate, notamment en y purgeant les Clinton une fois pour toutes, et le milliardaire répondait à cette requête, en plus d’afficher l’image d’un homme d’affaires prospère, malgré ses faillites.

Depuis, toutefois, il a tenu des propos condescendants, haineux, sexistes, misogynes, racistes et homophobes. Il a fait reculer son pays de plusieurs décennies au chapitre du statut et des droits des femmes, notamment en invalidant l’arrêt Roe contre Wade. Il a été condamné pour des fraudes, des diffamations et au moins un cas d’abus sexuel, en plus d’avoir été inculpé pour vol de documents classifiés et interférences électorales. Il est aussi responsable d’avoir incité l’insurrection du 6-janvier, qui a causé cinq morts, dont celle d’un policier. Contrairement à 2016, c’est à un criminel établi que les Américains ont ouvert toutes grandes les portes de la Maison-Blanche, en plus de lui donner les coudées franches pour faire adopter ce qu’il veut.

Et je cite :

« Les États-Unis, la première puissance mondiale, ont élu, pour la seconde fois et, en toute connaissance de cause, un admirateur de Vladimir Poutine, un climatosceptique avéré, un ami de Netanyahou, un homme qui piétine les droits humains, le droit des femmes, le droit à l’avortement, un homme ouvertement raciste, un homme qui manipule l’information et fabrique des fake news à longueur de journée, un homme à l’origine de l’attaque du Capitole et un homme condamné pénalement. Sacré tableau de chasse. Il devrait être derrière les barreaux. En taule avec sa tenue orange. À la place, il se réinstalle tranquille à la Maison-Blanche. Les deux pieds sur le Bureau ovale. On dirait le scénario catastrophe d’un mauvais blockbuster et pourtant, c’est la réalité. La vraie vie. Les dominos de la haine tombent les uns après les autres un peu partout aux quatre coins du monde. Cette planète fait peur. Cette planète me dégoûte. Indignons-nous. »

– Gauvin Sers, auteur-compositeur-interprète français, le 6 novembre 2024.

On a les politiques qu’on mérite, comme on a les politiciens qu’on mérite. Il ne faut pas chercher de raisons à la victoire de Trump ou de causes à la défaite de Kamala Harris. Les Américains méritent Trump, point. C’est en lui qu’ils se reconnaissent. Ça en dit long sur leur évolution.

Ce qui est le plus dérangeant, c’est qu’en lui confiant les rênes de la plus grande puissance mondiale, c’est à toute la planète qu’ils l’imposent.

Et je cite :

« Ce n’est pas seulement que Trump a gagné. C’est que Joe Rogan, Dana White et Brett Favre ont gagné. Les insurgés emprisonnés ont gagné. Les Alito et les Thomas ont gagné. Vladimir Poutine a gagné. Le racisme a gagné. La misogynie a gagné. Le sexisme a gagné. Le réchauffement climatique a gagné. La xénophobie a gagné. Mais surtout : la peur a gagné. C’est ce qui fait mal. »

– Mike Wise, auteur, journaliste sportif et présentateur à la télévision américaine, le 6 novembre 2024.


Dans le cours de musique

Trêve d’artistes émergents, cette semaine. Rendons plutôt hommage au regretté poète Lucien Francoeur. Voici la chanson Nelligan, un poème musical adapté d’une œuvre de celui qui l’a inspiré.

Lucien Francoeur – Nelligan – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il est rare qu’on prenne le temps de complimenter une collègue. C’est encore plus rare de pouvoir le faire sur les ondes de la télévision d’État. Et c’est d’autant plus particulier de prendre tout le temps d’antenne qui nous est alloué pour le faire.

Ce qui suit constitue plus un moment de gratitude et de bienveillance qu’une bonne nouvelle en soi. La bonne nouvelle, c’est justement d’avoir pu assister, en direct ou en différé, à cette séquence rafraîchissante. Celle où l’analyste Raphaël Jacob utilise l’entièreté de son segment pour souligner l’excellence du travail de sa collègue correspondante de Radio-Canada à Washington, Azeb Wolde-Giorghis.