Billet du 12 mai 2023 : « Ghoster » ou non la fête des Mères

Je me rends compte que les choses vont bien au Québec quand le plus gros débat de la semaine a porté sur la fête des Mères, la fête des Pères et la nouvelle fête des Parents. Quelques enseignantes, guidées par de bienveillantes intentions, ont simplement pris la décision d’emprunter la voie de la déclaration de l’ONU et de souligner la fête des Parents le 1er juin, plutôt que les traditionnelles fête des Mères et fête des Pères. S’en est suivi un tollé démesuré.

Pourquoi fais-je référence à des intentions bienveillantes ? Il suffit d’avoir enseigné à des orphelins ou à des enfants abusés pour sentir le malaise, parfois le mal-être, de certains élèves à qui on impose la confection d’un cadeau artisanal, destiné à un adulte disparu ou violent, pour une de ces deux fêtes. Les en exempter ne règle rien, le temps alloué pour les autres leur faisant réaliser leur différence.

Je n’ose pas imaginer ce que les enseignantes concernées ont dû ressentir en constatant la commotion que leur initiative a soulevée. Ceci sans compter les injures, les insultes et les menaces qui leur ont été adressées via les médias et les réseaux sociaux. En pleine fin d’année scolaire, elles ont beaucoup d’autres choses à gérer.

La récupération politique qu’en ont faite certaines personnes est abjecte.


En passant, pourquoi tient-on pour acquis que du temps de classe doit être utilisé pour souligner des événements hors de la mission scolaire ?

Mon hypothèse est claire et directe : l’aspect commercial a pris le dessus. À l’époque où les écoles étaient confessionnelles, il était normal d’y fêter Pâques et Noël. Un côté traditionnel s’est instauré et, bien que la société ne reflète plus exactement les mêmes réalités, un consensus réclame que nous le fassions toujours, selon un concept qui a évolué en évacuant l’histoire religieuse pour tout concentrer sur la vente de musique, de décorations monstrueuses, de cadeaux et de chocolat. Pour le reste, lire les nombreux autres événements que le consensus social nous impose de souligner, je considère à tout le moins contreproductif que nous ayons à sacrifier autant de précieuses heures de pédagogie pour faire vivre les Walmart et les Dollarama de ce monde.

Comme pour bien d’autres choses, on a transmis implicitement aux écoles un rôle qui incombe aux familles.


Dans le cours de français

On arrive au moment de l’année où les principaux dictionnaires, le Petit Robert et le Petit Larousse illustré, annoncent en grande pompe les nouveaux mots qui effectueront leur entrée dans leurs pages. Bien honnêtement, j’ai déjà constaté des entrées plus marquées que cette année. On trouve tout de même quelques éléments intéressants.

D’abord, signe de l’actualité des dernières années, on salue l’arrivée officielle du mot complosphère (Ensemble des personnes qui participent à la diffusion d’idées jugées complotistes sur Internet, selon le Petit Robert). Dans la même catégorie, on voit également apparaître covidé et covidée. Les informations françaises des derniers mois sont aussi à l’origine de l’arrivée du verbe nasser, qui signifie encercler des manifestants.

Il faut également souhaiter la bienvenue, ou pas, à quelques anglicismes, dont le nom crush, ainsi que les verbes ghoster et bader. Issu de l’univers virtuel, le mot métavers, avec l’accent aigu sur le e, est maintenant accrédité.

L’influence québécoise se fait également sentir, cette année. D’abord avec l’apparition du mot infonuagique, mais aussi avec celle de notre poète David Goudreault, dans le Petit Robert des noms propres.


Dans le cours de français, deuxième période

En fait, j’aimerais commenter une nouvelle qui concerne la chanson francophone. J’y reviendrai donc Dans le cours de musique, après la #musiquebleue.


Dans le cours de musique

Roberto « Bob » Bissonnette est mort tragiquement en septembre 2016, à l’âge de 35 ans. Après 15 saisons de hockey dans les rangs juniors, universitaires et semi-professionnels, il s’est lancé dans la chanson, enregistrant quatre albums, dont deux ont obtenu la certification disque d’or.

Impliqué dans plusieurs organisations, il s’était porté acquéreur de quelques titres de propriété des Capitales de Québec, l’équipe de baseball de la ligue Frontière. C’est trois mois plus tard qu’il a péri dans l’écrasement d’un hélicoptère, qui a également coûté la vie au pilote. Le président des Capitales, Michel Laplante, s’en est tiré miraculeusement.

Depuis, la Fondation Bob Bissonnette a été mise sur pied. Elle offre de l’aide monétaire et matérielle à des jeunes ou à des organismes œuvrant avec eux, afin de leur permettre de pratiquer un sport ou une activité culturelle. En guise de financement pour la Fondation, on a récemment édité en CD et en DVD le spectacle que Bob Bissonnette avait donné à l’Impérial de Québec, en 2011. Tiré de cet album, voici son plus grand succès, Mettre du tape su’ ma palette.

Bob Bissonnette – Mettre du tape su’ ma palette – LIVE à l’Impérial de Québec – #musiquebleue

Dans le cours de musique, deuxième période

Il semblerait que la musique francophone… Et puis non, pas ici non plus ! J’en fais ma bonne nouvelle de la semaine.


La bonne nouvelle de cette semaine

La chanson francophone se porte plutôt bien, semble-t-il ! Selon le magazine Les Inrockuptibles1, pour l’année 2022, 279 simples et 47 albums de musique francophone ont obtenu la certification d’exportation à l’étranger, soit une hausse de 38 % par rapport à 2022. Le rap et l’électro contribuent largement à cette augmentation, d’après les chiffres présentés.

1Da Silva, Simon. Bonne nouvelle, l’export de musique francophone à l’international se porte bien. Les Inrockuptibles. Le 11 mai 2023.


Billet du 22 mai 2020 : Dollarama ou Walmart ? Et La Baie, dans tout ça ?

Dans le cours de français, première période

Depuis que la pandémie a franchi nos frontières, on entend parler de la fameuse courbe qu’il faut aplatir. Aplatir ou aplanir, comme le mentionnent certains intervenants ?

Aplatir, presque toujours employé au sens propre, signifie rendre quelque chose plus plat, ou carrément plat. Alors qu’aplanir peut s’employer tant au sens figuré qu’au sens propre. Dans ce dernier sens, on parle de rendre une surface plane, comme la glace d’une patinoire, par exemple. Une courbe graphique s’apparentant plus à une ligne qu’à une surface, aplatir s’avère plus approprié.


Dans le cours d’univers social, première période

Univers social est une expression générale pour désigner géographie, histoire et éducation à la citoyenneté, qui constituent une seule et même matière à l’école primaire. C’est d’éducation à la citoyenneté dont il sera question dans ce bloc.

Il y aura bientôt 9 ans que j’ai ouvert mon compte Twitter. Actuellement, je suis plus de 1 000 autres comptes. Il y a ceux avec qui je suis régulièrement d’accord, ceux avec qui je suis régulièrement en désaccord et il y a Guy A. Lepage. J’aime le suivre car nos positions peuvent se situer très près ou très éloignées l’une de l’autre, dans un large spectre. Souvent il m’incite à faire dans la nuance. En voici un exemple.

Cossette est une agence de publicité qui a été fondée au Québec et qui a appartenu à des intérêts québécois durant plus de 50 ans, avant d’être achetée par une firme chinoise qui l’a ensuite vendue, cinq ans plus tard, à un groupe américain. Dans son domaine, elle est l’une des plus importantes compagnies au Canada.

Sur le fond, je suis d’accord avec le fait qu’une entreprise entièrement locale aurait dû être favorisée, si elle était en mesure d’offrir les mêmes services à des conditions comparables. Mais ceci m’amène sur un autre terrain. Si j’ai besoin de produits nettoyants, de produits d’épicerie, de papeterie et de quincaillerie et que je dispose de trop peu de temps pour me rendre dans plusieurs commerces, est-il préférable que je me rende chez Dollarama ou chez Walmart ? La première est une entreprise québécoise qui vend des produits presque exclusivement venus d’ailleurs, alors que la seconde est une bannière américaine qui s’approvisionne beaucoup plus chez les producteurs et manufacturiers locaux.

En ce qui me concerne, j’ai tendance à favoriser les produits fabriqués dans des entreprises qui créent de l’emploi au Québec ou ailleurs au Canada. Les Travailleurs unis de l’alimentation ont établi une liste de produits alimentaires fabriqués par leurs membres. Ceci constitue une bonne base. Pour le reste, j’effectue mes recherches. Tant mieux si je peux trouver ces produits dans des commerces appartenant à des intérêts d’ici.

Maintenant, combien de personnes sont employées par l’agence Cossette ? On établit le nombre à 450, dans six bureaux canadiens, dont deux au Québec. C’est plus que ses concurrentes.


Dans… une classe vide

La nouvelle est tombée jeudi de la semaine dernière. Voici comment Guy A. Lepage l’a commentée, sur Twitter.

J’aurais pu moi-même la commenter dans mon billet de vendredi dernier. J’ai préféré prendre du recul avant de le faire. Me voici donc cette semaine.

Cette fermeture des écoles du Grand Montréal jusqu’à la prochaine rentrée scolaire était la bonne décision à prendre, mais contrairement à l’animateur de Tout le monde en parle, je suis incapable de la voir comme une bonne nouvelle. C’était la bonne décision à prendre parce que la région du Grand Montréal est de loin la région la plus affectée au Canada. Et aussi parce que malgré l’aplatissement de la courbe, les hôpitaux de la région demeurent surchargés. Une augmentation soudaine des cas pourrait causer de graves problèmes au réseau de la santé.

Malgré cela, c’est surtout un sentiment de tristesse qui m’habitait, suite à cette annonce. Tristesse de réaliser qu’en dépit des contacts à distance avec mes élèves qui se poursuivront au cours des prochaines semaines, la classe demeurera vide. Déception aussi pour mes élèves de 6e année, qui ne pourront souligner dignement la fin de leur primaire et le passage au secondaire. Inquiétudes pour les élèves en difficulté, qui n’obtiendront pas le soutien personnalisé et étroit que leur situation requiert.

Soulagé en tant que citoyen, affecté en tant qu’enseignant. Ce sentiment mitigé est agaçant.


Dans le cours d’univers social, deuxième période

Chaque année, j’explique à mes élèves que le premier commerce fondé en Amérique du Nord l’a été en territoire québécois, en 1670. Je les surprends toujours en ajoutant que ce commerce existe encore aujourd’hui, ce qui l’établit dans la liste des plus anciens au monde.

La Compagnie de la Baie d’Hudson a franchi le cap des 350 ans d’existence le 2 mai dernier, dans l’indifférence générale, malheureusement. Initialement un poste de traite de fourrures, créé par les explorateurs Radisson et des Groseillers, la compagnie a diversifié ses activités jusqu’à devenir les magasins La Baie, figure emblématique de notre paysage commercial.


Dans le cours de français, deuxième période

Vu sur Facebook, cette semaine :

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire nous a quittés, plutôt que nous a quitté. Un participe passé employé avec l’auxiliaire avoir doit s’accorder avec le complément direct, si ce complément direct le précède. Comme c’est le cas ici, le participe passé s’accorde avec nous et doit par conséquent prendre la marque du pluriel.


Vu à la porte d’un commerce, cette semaine :

#LeProfCorrige

Ici, il aurait fallu écrire Nous ne faisons pas, plutôt que Nous ne fesons pas. Le verbe faire, à la première personne du pluriel du présent de l’indicatif, se conjugue nous faisons. Aussi, il aurait fallu un point après collaboration, plutôt qu’une virgule. La direction étant une signature, elle aurait dû se trouver isolée en bas de page, et non en fin de phrase.


Dans le cours de musique

Il s’est écoulé sept longues années durant lesquelles Jimmy Hunt n’a produit aucun nouveau matériel. La semaine dernière, il a lancé son troisième album solo, Le silence. Je vous en propose un extrait aujourd’hui. Il s’intitule Les gens qui m’aiment. #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Ce qui suit dit tout.

Laurent Duvernay-Tardif possède un coeur gros comme l’univers. Il a eu l’occasion, cette semaine, d’expliquer son rôle et ses fonctions à un journaliste de la chaîne américaine ESPN. Bravo et merci !