Billet du 6 octobre 2023 : Lettre à Pierre Karl Péladeau

Monsieur Péladeau,

Je vous écris aujourd’hui pour vous informer des raisons pour lesquelles j’ai résilié, après quelques heures seulement, mon abonnement à la plateforme TVA Sports pour me tourner vers celle de Sportsnet.

Je dois d’abord vous faire savoir que j’ai abandonné les services de télévision, qu’on appelait autrefois « le câble », il y a un peu plus d’un an. Un téléviseur intelligent et quelques applications gratuites nous permettent d’obtenir à peu près tout ce qu’on recherche. Avec les économies substantielles ainsi réalisées, j’ai pu m’offrir un abonnement à une chaîne sportive pour 20 $ par mois. Le choix reste très vaste, mais comme j’aime plusieurs sports et que le français demeurera toujours important pour moi, j’ai opté l’an dernier pour votre rivale, RDS, qui offre un contenu répondant mieux à mes intérêts.

Cependant, comme c’est votre chaîne qui a obtenu les droits de diffusion en français de la Série mondiale de baseball lors des années impaires, comme en 2023, je m’y suis également abonné dimanche dernier, me disant que j’aurais l’occasion d’y regarder le dernier match de la saison régulière des Blue Jays, les séries de divisions et de championnat de la Ligue américaine et la Série mondiale. En prime, avec cet abonnement d’un mois, j’aurais droit à trois matchs supplémentaires en français du Canadien de Montréal.

La déception est survenue lorsque je me suis installé pour regarder le dernier match en saison des Blue Jays. Sur un écran noir, on m’indiquait que cet événement n’était pas disponible sur la plateforme web. Je vous rappelle ici que chez votre compétiteur direct, RDS, l’application en offre au contraire souvent plus que sa diffusion télévisuelle. Pour le même prix, mais malheureusement sans le français, Sportsnet me proposait tout ce que j’énumérais plus haut, incluant la possibilité de voir les Blue Jays, dimanche après-midi.

Je veux tout de même souligner que j’ai été heureux d’obtenir une résiliation immédiate, doublée d’un remboursement presque complet, de la part de votre entreprise. J’aurais cependant préféré recevoir un service qui m’aurait permis, dans les mêmes conditions, de maintenir mon investissement dans une compagnie québécoise qui, en plus, offre ses services en français.

Je sais, monsieur Péladeau, que vous tenez au moins autant que moi à encourager le Québec et à promouvoir notre langue. Je souhaite maintenant qu’à titre de principal dirigeant de Québecor et de ses filiales, vous preniez les décisions conséquentes.

Je vous prie de recevoir mes plus cordiales salutations.


Dans le cours de français

Voici ce que j’écrivais il y a près d’un an, dans mon billet du 21 octobre 2022.1

Régulièrement, j’entends des gens lier par un z le nombre cent à un nom commençant par une voyelle ou un h muet. Par exemple : « Il y avait cent z’élèves présents à cette sortie », « On a installé cent z’antennes sur cette tour » ou « L’horloger a remonté les cent z’horloges de la ville ».

La liaison doit toujours s’opérer avec le t de cent.

Mais le fait d’insérer un z inopportun dans la liaison porte un nom. Ça s’appelle un velours. Ça vous en fait un de l’apprendre ? C’est plus doux pour certaines oreilles, mais ça peut en écorcher d’autres.

***

C’est la même chose avec le t de vingt. Et avec n’importe quel déterminant se terminant par une autre lettre que s ou z.

Cette semaine, dans l’émission matinale de la radio de Radio-Canada, j’ai entendu deux membres de l’équipe prononcer respectivement « vingt z’autobus » et « quatre z’athlètes ». C’est à cette même chaîne que sévit quotidiennement Guy Bertrand, qu’on surnomme « l’ayatollah de la langue ». J’imagine ses grincements de dents lorsqu’il entend de si mauvais accords se produire presque à répétition.

Comme quoi à la société d’État, le gant de velours ne couvre pas toujours une main de fer.

1 Billet du 21 octobre 2022 : Z comme velours


Dans le cours d’éducation physique

Je reviens sur les séries de championnat du baseball majeur. La même émission matinale à ICI Première mentionnait qu’Édouard Julien, joueur de deuxième but des Twins du Minnesota, était le seul Québécois à participer à la grand-messe d’après-saison. C’est faux.

Les Blue Jays de Toronto, qui ont été éliminés par ces mêmes Twins, comptent Vladimir Guerrero Jr dans leurs rangs. Guerrero Jr est né à Montréal et est identifié comme joueur canadien par le prestigieux site Baseball-Reference.2

Et puis chez les Braves d’Atlanta, le directeur général et président des opérations baseball se nomme Alex Anthopoulos. Il est également né à Montréal et parle couramment le français. Ses Braves sont de sérieux prétendants aux grands honneurs, cette année.

2 Baseball-Reference.com/Vladimir Guerrero Jr


Dans le cours de musique

Née d’une mère francophone et d’un père abénakis, Mimi O’Bonsawin est fière de ses racines. La semaine dernière, elle a lancé son sixième album, Boréale, qui propose des rythmes folk, rock et autochtones. En voici un extrait, Dis-moi ce que tu vois.

Mimi O’Bonsawin – Dis-moi ce que tu vois – Boréale – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Si l’auteur québécois Kevin Lambert a vu son nom être rayé de la liste des aspirants au Prix Goncourt, après avoir été retenu dans la première sélection, un autre romancier d’ici, Éric Chacour, demeure bien en selle à la fois pour le Renaudot et le Femina, tout aussi prestigieux.

C’est avec son premier roman, Ce que je sais de toi, paru en août dernier, que Chacour est en lice. Les lauréats pour le Prix Femina et pour le Prix Renaudot seront respectivement annoncés les 6 et 7 novembre prochain.


Billet du 14 avril 2023 : Une laïcité élastique

Il existe un côté ingrat aux postes en gestion et en administration. Les décisions doivent être prises en fonction des intérêts de l’entité et s’inscrivent souvent à l’encontre des positions, voire des valeurs, des individus qui les arrêtent. Ces derniers doivent ensuite les défendre, parfois les promouvoir, même si leur pensée prend place à l’opposé. Cette situation est d’autant plus vraie en politique. Laisser dépasser ses véritables couleurs, même sans les afficher ouvertement, peut soulever un tollé. C’est ce qu’a fait le premier ministre François Legault, cette semaine.

Voici ce qu’il a publié sur Twitter, lundi dernier, lendemain de Pâques :

En tant qu’individu, François Legault a entièrement le droit de croire en la culture de la solidarité engendrée par le catholicisme. En tant que premier ministre, il peut toujours la souligner, mais pas en lui accolant l’exclusivité qu’il lui prétend. Surtout dans le contexte de cette publication, dans laquelle il commet plusieurs fautes.

Premièrement, François Legault est le premier ministre d’un état officiellement laïque. Utiliser le nous et le notre devient hasardeux lorsqu’il associe ces mots à un groupe religieux en particulier.

Deuxièmement, il est faux de prétendre que la solidarité catholique constitue ce qui distingue le peuple québécois en Amérique du Nord. Plusieurs autres groupes religieux, implantés ici, peuvent prétendre à une mutualité à tout le moins comparable. Et puis le Québec actuel se distingue-t-il vraiment par sa solidarité catholique ? J’en doute.

Troisièmement, si le premier ministre prétend qu’il faut «distinguer la laïcité et notre patrimoine», il faut également distinguer l’histoire du Québec de son patrimoine. Depuis les dernières générations, beaucoup de nos bâtisseurs proviennent de groupes autres. Si l’Église catholique a laissé une trace indélébile dans notre histoire, celle qu’elle a léguée à notre patrimoine, de plus en plus diversifié, tend à pâlir rapidement.

Quatrièmement, en relayant une chronique de Mathieu Bock-Côté dans sa publication, François Legault s’associe à un polémiste dont les positions ultraconservatrices détonnent des valeurs qui ont jusqu’ici toujours été promues par le consensus québécois.

Certaines déclarations passées de François Legault1, sans nécessairement évoquer une nostalgie duplessiste, ont quand même l’air de vouloir rétablir une cassure provoquée et entretenue par une forte majorité des successeurs de celui qui fut premier ministre du Québec de 1936 à 1939, puis de 1944 à 1959. Rappelons qu’en plus de ses positions populistes et conservatrices, Maurice Duplessis avait fait du cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, archevêque de Québec, l’un de ses principaux conseillers. Le concept de laïcité prôné par François Legault semble plutôt élastique.

1[VIDÉO] François Legault traite Gabriel Nadeau-Dubois de «woke». Le Journal de Québec. Le 15 septembre 2021.


Dans le cours de français

Qu’ont en commun les mots tennisman, rugbyman et recordman ? Plusieurs choses !

Les trois sont associés au sport. Aussi, les trois contiennent le suffixe _man.

Mais surtout, l’origine de ces trois noms est typiquement française ! On serait porté à penser qu’il s’agit d’anglicismes, mais ce n’est pas le cas. À preuve, en anglais, on dira tennis player, rugby player et record holder. La langue française s’est inspirée de noms comme fireman ou policeman, dans la langue de Shakespeare, pour forger des mots originaux dans celle de Molière. C’est ce qu’on appelle de faux anglicismes.


Dans le cours de musique

Pierre-Luc Brillant est un artiste engagé et bourré de talents. Comédien d’abord, il touche également à la musique, seul ou avec sa conjointe, l’actrice Isabelle Blais. Candidat du Parti québécois défait dans la circonscription de Rosemont, lors des élections québécoises d’octobre dernier, il a également mordu la poussière face à Tania Kontoyanni, la semaine dernière, lors du scrutin pour la présidence de l’Union des artistes.

Il nous arrive maintenant avec Des compositions, un album de pièces qu’il a composées à la guitare classique. En #musiquebleue, voici Cadavre exquis.

Pierre-Luc Brillant – Cadavre exquis – Des compositions – #musiquebleue

Les bonnes nouvelles de cette semaine

Il était clair que l’histoire de Harry Forestell, lecteur de nouvelles pour la CBC, ferait l’objet de cette rubrique, cette semaine. Puis une autre bonne nouvelle, que je ne pouvais pas passer sous silence, est aussi apparue. J’y reviendrai plus bas.

Harry Forestell, d’abord. Atteint de la maladie de Parkinson, il a offert tout un espoir à celles et ceux qui en sont également affectés. Son état l’ayant forcé à quitter ses fonctions, l’automne dernier, il a refusé de démissionner, optant plutôt pour une pause durant laquelle il irait subir une intervention chirurgicale visant à lui insérer deux électrodes dans le cerveau, ainsi qu’un stimulateur dans la poitrine, ce dernier étant relié à son téléphone cellulaire. Grâce à cette opération, il a pu recommencer à vivre normalement, tout en reprenant son emploi, les symptômes de la maladie étant maintenant contrôlés.

Je vous suggère de visionner le reportage que voici, sur le sujet.

Source : YouTube (Radio-Canada Info)

Puis le grand amateur de baseball que je suis s’est d’abord réjoui du rappel du jeune joueur québécois Édouard Julien par les Twins du Minnesota, cette semaine. Une liesse s’en est suivie quand à sa deuxième présence au bâton, il a frappé son premier coup de circuit dans le baseball majeur. Un moment marquant pour Baseball Québec, qui voit un autre des siens accéder au plus haut niveau.