Billet du 16 juin 2023 : Les cornes de Pat Benatar

Cette semaine, alors que nous effectuions un assez long voyage en autobus dans le cadre d’une sortie scolaire de fin d’année, un problème de cyberintimidation impliquant plusieurs de nos élèves a été mis à jour. Après avoir fait les premières interventions, ma jeune collègue et moi nous sommes mis à élaborer la suite des choses. Elle est âgée de 22 ans et évoquait le fait que, selon elle, ces situations étaient maintenant pires que lorsqu’elle était en fin de primaire, il y a 10 ans.

Oui et non.

Aujourd’hui, contrairement à il y a 10 ou 20 ans, l’homophobie, la transphobie, le racisme et le rejet de la différence ne font presque plus partie des mœurs chez nos élèves. L’inclusion et la tolérance sont mieux intégrées. En revanche, les conflits autres dégénèrent plus rapidement et laissent des traces plus profondes. Alors que jadis on frappait pour faire mal, aujourd’hui on frappe pour tuer.

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution, mais en tête de liste on trouve les réseaux sociaux et les téléréalités. En banalisant ces violences verbales, on les incruste lentement mais sûrement aux normes collectives.

Les menaces et les insultes proférées par des enfants à des pairs sur Internet se déroulent presque entièrement à partir de la maison, en dehors des heures de classe. En ce sens, la responsabilité incombe aux familles. C’est lorsque les conséquences débordent sur l’école que cette dernière a un rôle à prendre. Notre défi, à ma collègue et moi, est de régler la situation à l’intérieur des quelques jours qui restent à l’année scolaire, de manière à assurer une belle fin de primaire à nos finissantes et finissants, et ainsi de voir à ce que le secondaire s’amorce sur de bonnes bases.


Et je cite :

« Je pense que les sénateurs démocrates ne voteraient toujours pas pour destituer Joe Biden, même si vous aviez une vidéo de lui déguisé en diable, assassinant des enfants sous la pleine lune tout en chantant du Pat Benatar. »

Ted Cruz, sénateur républicain du Texas, le 15 juin 2023

Bon. Ted Cruz vient d’associer la musique de Pat Benatar au satanisme. Je devrai revoir mes standards.


Dans le cours de musique

Il a écrit et composé Le plus beau voyage, Le grand six pieds et Marie-Noël, un classique du temps des Fêtes popularisé par Robert Charlebois. Voilà qu’à 84 ans, Claude Gauthier nous surprend avec un nouvel album, Les amitiés. Dès les premières notes, les premières paroles, on reconnaît le chansonnier, au point d’en ressentir une certaine nostalgie.

Parmi les onze titres, dix constituent des chansons originales. L’autre, Matin, est une adaptation du classique Morning Has Broken, de Cat Stevens. C’est la #musiquebleue que je propose aujourd’hui.

Claude Gauthier – Matin – Les amitiés – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Difficile de mentionner autre chose que la survie, en pleine jungle amazonienne, de quatre frères et sœurs âgés de 1 à 13 ans. Ils y ont erré durant 40 jours après l’écrasement de l’avion à bord duquel ils prenaient place. L’accident avait d’abord coûté la vie au pilote et à l’accompagnateur, avant que la mère des enfants ne rende l’âme à son tour, quatre jours plus tard.

On avait rapidement annoncé les avoir retrouvés, peu de temps après l’écrasement, avant de se raviser et d’admettre qu’il s’agissait d’une fausse information. Alors que les secours perdaient peu à peu l’espoir de les revoir vivants, la grande sœur de 13 ans a vu à nourrir le groupe avec du pain de manioc et des fruits sauvages. Plusieurs, parmi les sauveteurs colombiens, n’hésitent pas à évoquer le miracle.


Billet du 27 mai 2022 : Pendant ce temps, au Texas…

L’histoire se répète.

Et je cite :

« L’unique possibilité d’arrêter un gars méchant portant une arme, c’est un gars gentil avec une arme. »

Wayne LaPierre, vice-président exécutif de la National Rifle Association (NRA), le 21 décembre 2012, une semaine après la tuerie à l’école primaire Sandy Hook, au Connecticut.

Du même souffle, à l’époque, Wayne LaPierre avait exigé qu’on poste un policier armé à l’intérieur de chaque école des États-Unis.

Si, au moment où j’écris ces lignes, la NRA n’a toujours pas réagi suite à l’attentat d’Uvalde, certains de ses sympathisants, comme le sénateur Ted Cruz, n’ont pas tardé à le faire. En plus de revenir avec l’option du policier armé, cet hurluberlu a demandé à ce que toutes les nouvelles écoles construites ne disposent que d’un seul accès, voire une seule porte d’entrée et sortie. Je me demande ce que son service des incendies en pense.

Farfelue, l’idée de Cruz ? C’est le moins qu’on puisse dire. Mais que penser de celle du procureur général de son état, Ken Paxton, qui prône l’armement et la formation en maniement obligatoire de tous les enseignants ? Pas certain que mes consœurs et confrères du sud de la frontière soient très chauds à l’idée d’ajouter cette corde manquante à leur arc.

Fusillade dans une école au Texas : un élu républicain propose d’armer les enseignants

Il y a quand même quelques incongruités sur lesquelles les élus américains devraient se pencher avant de chercher à imposer des solutions irréfléchies. Que le deuxième amendement de leur constitution leur garantisse le droit de porter une arme est une chose. Mais à l’époque de son adoption, les armes devaient encore être bourrées à la poudre explosive avant d’être utilisées. On était loin des armes automatiques et semi-automatiques d’aujourd’hui.

Ensuite, est-ce normal de constater qu’une personne de 18 ans puisse se procurer ce genre d’arme en toute légalité, mais que cette même personne doive encore patienter trois ans, jusqu’à 21 ans, avant de pouvoir acheter ou consommer de l’alcool ?

Est-ce normal de pouvoir se procurer une arme d’assaut aussi facilement aux États-Unis, mais que la vente des chocolats Kinder Surprise y soit interdite sous prétexte que le jouet qu’ils contiennent risque d’étouffer les enfants ?

La Cour suprême des États-Unis s’apprête à renverser un arrêt historique vieux de 49 ans et à criminaliser de nouveau l’avortement. D’un autre côté, les tragédies de Sandy Hook et d’Uvalde ont, à elles seules, causé la mort de 48 personnes, presque toutes des enfants. Entre les deux événements, il s’est produit 71 autres tueries de masse, avec des armes à feu, chez nos voisins du Sud (source : Statista.com). C’est donc dire que ce pays cherche coûte que coûte à protéger l’enfant qui se trouve dans l’utérus de sa mère, au détriment des droits de cette dernière, mais n’est pas foutu de le faire convenablement une fois qu’il en est sorti. Et ce pays prétend être celui de toutes les libertés.

Actuellement, aux yeux du reste du monde, il se couvre de ridicule. Un ridicule meurtrier.


Dans le cours de français

Dans ma classe, cette semaine, j’ai donné un cours sur l’apostrophe. Lorsque je l’ai annoncé, certains de mes élèves ont réagi : «Avons-nous vraiment besoin de revoir l’apostrophe en 6e année?»

À la lumière des textes que je corrige, oui. Une erreur qui revient très souvent est celle du si il ou du si ils. Devant le pronom personnel masculin de la 3e personne, tant au singulier qu’au pluriel, le i du si doit s’élider et être remplacé par une apostrophe.

C’est d’ailleurs le but de l’apostrophe : indiquer qu’une voyelle a été supprimée dans un mot. L’emploi le plus fréquent est avec les déterminants la et le qui, devant un nom ou un adjectif commençant par une voyelle ou un h muet, devient l’. En fait, tous les mots se terminant par un a ou un e précédant un mot commençant par une voyelle ou un h muet doivent voir leur a ou leur e céder leur place à l’apostrophe.

Une notion que mes élèves trouvaient si simple se complexifiait soudainement. Quelques exercices auront tôt fait de leur rendre leur assurance.

Il est à noter, en terminant, que le mot apostrophe est de genre féminin.


Dans le cours de musique

Un peu de jazz, pas mal de country et beaucoup de rock. Ajoutez des paroles crues et une pincée d’humour et vous obtenez la recette des pièces musicales de Bill Boquet. Après quelques simples, le groupe nous arrive avec un premier album complet, intitulé Ailleurs qu’icitte. Longtemps après Le moustique de Joe Dassin, voici, en #musiquebleue, Le maringouin. C’est signé Bill Boquet.

Bill Boquet – Le maringouin – Ailleurs qu’icitte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il peut aussi se produire de très bonnes choses au Texas. Par exemple, une enzyme, mise au point par un groupe de scientifiques de l’Université du Texas à Austin, aurait la faculté de dévorer le plastique et le liquéfier en moins de 24 heures. Ceci constitue une avancée importante dans la lutte pour contrer la crise du plastique. Enfin une bonne nouvelle pour l’environnement.

Lire le reportage de l’American Chemical Society (en anglais).


Billet du 22 janvier 2021 : Une pause attendue

Hier, le premier ministre François Legault s’est quelque peu avancé sur sa position quant à l’annulation ou non de la semaine de relâche scolaire. Il a mentionné vouloir respecter la convention collective, ce qui laisse prévoir qu’il optera pour le maintien du congé printanier. C’est la bonne décision à prendre.

L’annulation est surtout promue par des animateurs d’une station radiophonique montréalaise, qui mentionnent y voir une occasion d’ainsi restreindre considérablement les voyages à l’étranger et de compenser partiellement, pour les élèves, les apprentissages ralentis par les confinements. J’admets que si je ne connaissais pas si bien la réalité du milieu de l’éducation, ces arguments m’apparaîtraient intéressants. Mais la réalité, pour plusieurs raisons, suggère autre chose.

D’abord, il faut vivre la situation dans les écoles pour réaliser à quel point tant les élèves que le personnel sont à bout de souffle. On prétend que tout ce beau monde s’est reposé de mars à septembre, rien n’est plus faux. Déjà, au début du premier confinement, plusieurs enseignants, j’en suis, ont entrepris des contacts académiques à distance avec leurs élèves. Deux semaines plus tard, et jusqu’à la fin du mois de juin, une forte majorité d’enseignants ont emboîté le pas, malgré le manque de ressources matérielles. À travers tout cela, les élèves apprenaient une nouvelle façon d’apprendre.

Depuis septembre, le travail s’accomplit presque normalement, malgré des mesures sanitaires qui bousculent nos horaires et augmentent considérablement la tâche de tout le personnel. Et sincèrement, dans un milieu où les échanges verbaux sont omniprésents et essentiels, le port du couvre-visage par tous rend l’exercice épuisant. La pause sera donc bienvenue tant pour les élèves que pour le personnel, avant d’entreprendre les treize ou quatorze dernières semaines de l’année scolaire.

Ensuite, a-t-on pensé aux stations de ski ? Déjà privées d’une part importante de leur clientèle, la perte de leur semaine la plus lucrative de la saison risque de causer un tort irréparable à plusieurs d’entre elles et à un secteur de l’économie québécoise.

La plupart des gens l’ignorent, mais la semaine de relâche n’est pas rémunérée pour les enseignants. Bien sûr, l’étalement de notre salaire sur 26 périodes de paie nous assure un revenu régulier, mais je me demande quel argument, en période de négociation de convention collective de surcroît, serait assez solide pour nous convaincre d’aller enseigner bénévolement durant la première semaine de mars.

Ajoutez à cela la pénurie d’enseignants. Il y a une dizaine d’années, près du quart (24%) des nouveaux enseignants quittaient la profession après cinq années ou moins. J’ignore les statistiques plus récentes à ce niveau, mais ce que je sais, c’est que les arrêts de travail pour maladie sont plus nombreux et se comptent maintenant en mois et en années avant le retour au travail, lorsque retour il y a. Je constate également l’importante baisse d’inscriptions dans les facultés d’éducation des universités québécoises. La relève n’est pas au rendez-vous. Chaque décision allant à l’encontre des bonnes conditions de travail revêt donc une grande importance, qui s’avère néfaste pour le recrutement.

La transformation de la première semaine de mars en jours d’école aurait-elle un impact positif sur les apprentissages des élèves ? Dans ce contexte, je doute qu’il soit important, s’il s’avère. Mon expérience me dicte également que le taux d’absentéisme risque d’être élevé. Quant à l’autre argument, celui de restreindre les voyages à l’étranger, plusieurs autres outils s’offrent à nos deux gouvernements. Le Nouveau-Brunswick n’a pas eu besoin du fédéral pour fermer ses frontières. Imposer une quarantaine dans un endroit défini et surveillé, aux frais du voyageur, est aussi une solution envisageable et qui se voit ailleurs.

Parce qu’entre vous et moi, si l’annulation de la semaine de relâche scolaire permettait effectivement de restreindre la quantité de voyages familiaux pour des gens de la classe moyenne, aurait-elle le même impact chez d’autres, comme certains élus avides de soleil et de plages, par exemple ? Je serais curieux d’entendre la réponse d’un des animateurs de la station de radio montréalaise qui a lancé cette suggestion.


Dans le cours d’éducation physique

L’apprentissage de la vie en société trouve une grande place à travers les cours d’éducation physique, à l’école. Très jeune, on y apprend le partage de l’équipement, l’entraide, le jeu de groupe. On y apprend à bien gagner, en respectant l’adversaire et en saluant sa performance. De la même manière, on y apprend aussi qu’être bon perdant, ce n’est pas d’aimer perdre, mais de reconnaître que l’autre a livré une joute légitime qui l’a conduit vers une victoire méritée.

Mercredi, la journaliste Weijia Jiang, correspondante à la Maison-Blanche pour CBS News, a relayé sur son compte Twitter le texte du discours d’adieu de Donald Trump, tel que remis à la presse américaine. Selon ce texte, le président défait devait pour la première fois nommer le président élu Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris, leur souhaitant bon succès dans leur travail pour garder le pays fort, prospère et libre. De toute évidence, Trump a sauté cette ligne dans son discours.

Je me demande quels étaient les résultats du petit Donald dans ses cours d’éducation physique, à l’école élémentaire.


Et je cite :

« En rejoignant l’Accord de Paris sur le climat, le président Biden confirme qu’il est plus préoccupé par les intérêts des citoyens de Paris que par les emplois des citoyens de Pittsburgh. »

Ted Cruz, sénateur du Texas, le 20 janvier 2021

Si vous pensez que ces propos du sénateur Cruz auraient peut-être été mal rapportés ou mal traduits, je vous invite à en consulter la source.


Dans le cours de musique… et de français

Voici une #musiquebleue toute particulière, cette semaine. Une #musiquebleue où la musique est accessoire, où les paroles se dressent à l’avant-scène. David Goudreault est travailleur social, écrivain et poète. Il y a dix ans, il est devenu le premier Québécois à remporter la Coupe du monde de poésie, à Paris. Deux autres allaient suivre, en 2013 et 2016. Donnant dans le slam, David Goudreault revendique quatre albums. Son dernier, Le nouveau matériel, a vu le jour en décembre. Pour la pièce Mémoires, extraite de cet album, l’artiste s’est adjoint la belle et puissante voix de Luce Dufault, ainsi que le talent de la comédienne Francine Ruel pour incarner le personnage central d’un vidéoclip des plus touchants.

Mémoires, de David Goudreault, tiré de l’album Le nouveau matériel.

La bonne nouvelle de cette semaine

Il y a plusieurs façons de répandre le bien autour de soi. Un dénommé Donald Hargray a su le faire avec brio. Après l’importante accumulation de neige de samedi dernier, l’homme de 65 ans s’est rendu dans le stationnement de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme pour déneiger les automobiles du personnel de l’endroit. Au total, ce sont plus de 180 travailleuses et travailleurs de la santé qui ont pu quitter leur lieu de travail sans avoir à se préoccuper de cette tâche, Monsieur Hargray étant passé le faire à la fin de deux quarts de travail.

Au total, il en aura coûté quelques heures de travail et aucune implication pécuniaire. Mais surtout, le temps investi a rapporté joie et soulagement à plusieurs dizaines de personnes.