Billet du 27 janvier 2023 : Défectuosité humaine

Un article signé par Louise Leduc1 et publié dans La Presse, mardi, a semblé prendre tout le monde par surprise, tant dans la classe politique que dans la population. Et pourtant.

Ai-je déjà été témoin d’une situation où un élève de 5e année passait directement au secondaire, après son année scolaire, parce qu’il avait déjà repris une année ?

Réponse : Oui !

J’en suis à ma 27e année d’enseignement, ma 17e comme enseignant de 6e année, et j’ai constaté cette aberration à quelques reprises. J’espère que quelqu’un, enfin, y verra.

1 Leduc, Louise. Pas de 6année pour des enfants en difficulté. La Presse, Montréal. Le 24 janvier 2023.


Dans le cours d’éthique et culture religieuse
Volet éthique

Il y a quelques années, une défectuosité électronique a coûté la vie à la mère de Gilles Duceppe. Décès atroce, s’il en fut un, alors que madame Duceppe est morte gelée sur un balcon.

Il y a quelques mois, c’est la défectuosité d’un système bien humain, et non mécanique ou électronique, qui est responsable des souffrances endurées par madame Andrée Simard Bourassa, veuve de l’ex-premier ministre du Québec, dans les trois derniers jours de sa vie. J’ai expliqué la situation en quelques mots à mes élèves.

Madame Simard Bourassa, en fin de vie, aurait dû être admise à l’unité des soins palliatifs pour y recevoir des soins de confort. Comme elle avait contracté la COVID, elle n’a pas pu être admise à l’unité des soins palliatifs. Comme elle n’a pas pu être admise à l’unité des soins palliatifs, on ne lui a pas administré les soins de confort, parce qu’il semble qu’il soit écrit quelque part qu’il n’y a qu’à l’unité des soins palliatifs qu’un patient puisse recevoir les soins de confort.

— À quel hôpital était-ce?, m’a demandé un élève.

— À St.Mary’s, ai-je répondu, avant de préciser que c’est un gouvernement dirigé par Robert Bourassa, le mari de la défunte, qui avait doté le Québec de son régime d’assurance maladie, en fin de Révolution tranquille.

— Je suis née à l’hôpital St.Mary’s et j’ai honte, a alors rétorqué une autre élève.

Ça dit tout.


Dans le cours de musique

C’est le retour de la chanson à texte, quoiqu’un peu cru. C’est aussi un retour à la sonorité des années 1970, sous des rythmes flirtant avec le blues et le folk. Elle s’appelle Mélisande Archambault, mais s’exprime musicalement avec le pseudonyme Madame Autruche. Au cours de la dernière semaine, elle a lancé l’album Réveillez-moi quand il fera beau, un titre tout désigné pour se dégager de longs mois d’hiver. La pièce, elle, s’intitule Les vieilles cassettes. Le vidéoclip vaut le coup d’œil.

Madame Autruche – Les vieilles cassettes – Réveillez-moi quand il fera beau – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans une décision qui est passée plutôt inaperçue, il y a quelques semaines, le gouvernement du Canada a prolongé de vingt ans la protection du droit d’auteur. Cela signifie donc qu’aucune œuvre littéraire, artistique ou musicale n’entrera dans le domaine public au cours des vingt prochaines années.

Jusqu’à la fin de 2022, une œuvre était protégée durant toute la vie de son auteur, puis pour 50 autres années après sa mort. La protection après le décès passe maintenant à 70 ans, en vertu d’une entente avec les États-Unis et le Mexique, qui ont adopté la même mesure.

Une œuvre qui passe dans le domaine public peut être récupérée par quiconque veut en disposer. C’est ainsi que, par exemple, des suites contemporaines ont été créées pour des classiques comme Le petit prince ou Anne… La maison aux pignons verts.


Image d’en-tête : Martin Gagner (Marqueurs au feutre sur tableau blanc).


Billet du 16 septembre 2022 : Quand la guerre n’est pas une raison pour se faire mal

La guerre entre le Canada et le Danemark a pris fin, il y a trois mois. Cette guerre a duré 49 ans. C’est sérieux.

Les deux pays revendiquaient une île rocailleuse, l’île Hans, dans l’océan Arctique. Aucun habitant sur l’endroit, seulement une grosse roche qui émerge de l’eau, au milieu des banquises.

Aucun mort non plus. À tour de rôle, les armées des deux pays reprenaient pacifiquement possession de l’écueil. Peu après que les soldats canadiens y eurent planté l’unifolié et déposé une bouteille de whisky, l’ennemi danois passait confisquer le tout, ériger son propre drapeau et laisser une bouteille de schnaps. Et le manège recommençait.

Une entente a finalement été conclue en juin dernier. Un tracé divisera la masse, 60 % du territoire revenant au royaume du Danemark et les autres 40 % au Canada.

Ça émerveillera certainement quelques-uns de mes élèves d’apprendre que notre pays possède maintenant une frontière terrestre avec celui de la Petite Sirène.


Dans le cours de mathématiques

Cette semaine, c’est #FrancisVaillesCorrige. Le chroniqueur de La Presse a frappé un grand coup en levant le voile sur une erreur de 12 milliards $ (qui est finalement montée à 16,4 milliards $) dans le cadre financier du Parti libéral du Québec (PLQ). C’est toute une gifle à la crédibilité du « parti de l’économie », la formation des Louis-Alexandre Taschereau, Jean Lesage et Robert Bourassa. Si Vailles a pu lui-même trouver la faille et se la faire confirmer par deux experts, je m’étonne que le PLQ ait laissé passer une telle bourde.

Ajoutons que dans le même article, il est également question d’anomalies, de bien moindre importance, précisons-le, dans les cadres financiers de la Coalition avenir Québec (CAQ) et du Parti québécois (PQ).

En tant qu’enseignant, je refuse toujours un devoir bâclé. En tant qu’électeur aussi.

Lire le reportage de Francis Vailles, dans La Presse.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Je suis un lecteur et un auditeur assidu de Rad, le laboratoire de journalisme de Radio-Canada. Cette semaine, l’équipe a diffusé une vidéo dans laquelle elle bombarde les chefs des cinq principaux partis (Geneviève Guilbault remplaçait François Legault) de 16 questions, les mêmes pour tous, auxquelles les deux femmes et les trois hommes devaient répondre spontanément.

Il en résulte 8 minutes et 31 secondes de grand intérêt !


Dans le cours de musique

J’ai entendu le nom de Gentiane MG pour la première fois il y a quelques jours à peine. Pianiste et compositrice donnant dans le jazz, elle lancera son troisième album le 23 septembre prochain. En écoute partielle sur différentes plateformes, il aura pour titre Walls Made of Glass. La pièce Flowers Laugh Without Uttering A Sound en constituera la deuxième plage.

Gentiane MG Trio – Flowers Laugh Without Uttering A Sound – Walls Made of Glass – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il s’appelle Yvon Chouinard et il est né à Lewiston, dans le Maine. En 1972, il a fondé Patagonia, une des plus importantes entreprises de design et de fabrication de vêtements de plein air. Précurseur dans la protection de l’environnement, il a bâti sa compagnie autour de cette valeur.

Cette semaine, à l’âge de 83 ans, monsieur Chouinard a annoncé qu’il cédait l’entièreté de Patagonia à une fiducie qui en poursuivra les activités en suivant les mêmes missions et valeurs. Du même souffle, il a confirmé que l’ensemble des profits de l’entreprise seront dorénavant versés à une association environnementale. Ceci en accord avec ses héritiers.

Un don de soi, un don pour la cause, un don au suivant.