Billet du 15 novembre 2024 : Alphas et bêtas

Les valeurs conservatrices connaissent une montée en popularité chez les jeunes, tant aux États-Unis qu’au Canada. Un sondage récent montre que 43 % des jeunes Américains de 18 à 29 ans ont voté pour Donald Trump, une augmentation par rapport à 2020. Au Canada, les conservateurs de Pierre Poilievre gagnent également du terrain parmi les 18-34 ans. Cette tendance s’explique en partie par un retour à des valeurs traditionnelles et une recherche de stabilité dans un monde perçu comme incertain. Des réseaux sociaux comme X (anciennement Twitter) jouent un rôle crucial dans la diffusion de ces idées, offrant une plateforme aux influenceurs conservateurs qui séduisent une jeunesse en quête de repères.

Parallèlement, la montée des discours misogynes et antiféministes inquiète. Des figures comme Andrew Tate, avec leurs propos extrémistes, gagnent en popularité, notamment parmi les jeunes hommes. Ces discours, souvent édulcorés pour paraître plus acceptables, trouvent un écho dans les médias et sur les réseaux sociaux. Les experts soulignent le danger de normaliser ces idées en leur offrant une tribune, car cela peut renforcer des attitudes discriminatoires et violentes. La sociologue Mélissa Blais et d’autres chercheurs mettent en garde contre la banalisation de ces discours haineux qui, sous couvert de succès et de leadership, prônent en réalité la soumission des femmes. 1

Il faut s’inquiéter pour les jeunes influencés par ces idéologies et insister sur l’importance de promouvoir des valeurs d’égalité et de respect. Les influences négatives de la masculinité toxique ne peuvent être contrées que par un contrepoids éducatif. En fin de compte, il s’agit de construire une société plus inclusive et équitable, où chacun peut s’épanouir sans discrimination ni préjugés. Voilà un discours enfoui il y a plus de 30 ans qu’il faut déterrer et promouvoir de nouveau.

1 Elkoury, Rima. Parlons-en, de ces discours misogynes. La Presse, Montréal. Le 12 novembre 2024.


Dans le cours de sciences et technologie

Selon Associated Press, un récent rapport du gouvernement américain a révélé que des niveaux de fluorure dans l’eau potable, dépassant deux fois la limite recommandée, sont associés à une diminution du quotient intellectuel (QI) chez les enfants.2 Cette conclusion, basée sur une analyse approfondie de recherches antérieures, marque la première fois qu’une agence fédérale établit un lien entre une exposition élevée au fluorure et une baisse du QI. Ces résultats soulèvent des questions importantes sur la sécurité de l’eau potable et les effets à long terme du fluorure sur le développement neurologique des enfants.

Peut-être est-il temps pour nos voisins du Sud de repenser leur consommation d’eau !

2 Stobbe, Mike. US government report says fluoride at twice the recommended limit is linked to lower IQ in kids. APNews, New York. Le 22 août 2024.


Dans le cours de musique

Il a fallu attendre huit ans avant que les Dale Hawerchuk nous offrent du nouveau matériel. Le groupe originaire de Roberval nous arrive avec Attaque à cinq, son cinquième album. Tirée de ce nouvel opus, voici la pièce Megastar.

Les Dale Hawerchuk – Megastar – Attaque à cinq – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les inondations qui ont frappé Valence à la fin octobre ont laissé leurs traces, en plus de faire de nombreuses victimes. Mais au cœur de cette épreuve, un élan de solidarité sans précédent a vu le jour. Des milliers de citoyens, venus de toute la région, se sont mobilisés pour venir en aide aux sinistrés. Armés de balais, de pelles et d’une volonté inébranlable, ils ont participé à d’immenses opérations de nettoyage. Une initiative qui a rapidement fait le tour de la ville, transformant une simple passerelle en symbole de cette union face à l’adversité. Baptisée « passerelle de la solidarité », elle est devenue le point de ralliement de tous ceux qui souhaitent apporter leur contribution.

Cette mobilisation exceptionnelle témoigne de la force du lien social et de la capacité de résilience des Valenciens. Face à la catastrophe, la communauté s’est resserrée, démontrant une fois de plus que l’entraide est la meilleure réponse face à l’adversité. Ces actes de générosité sont une source d’espoir et un bel exemple pour tous.


Billet du 19 janvier 2024 : Pour moi, ce sera non

Je dois demeurer conséquent avec mes propos tenus au cours des derniers mois et reproduis sur cette page dans mes deux billets précédents : la proposition gouvernementale ne sera pour moi acceptable que si elle permet d’arrêter les nombreux départs de membres du personnel scolaire et si elle ramène des étudiantes et des étudiants dans les facultés d’éducation de nos universités. J’ai réussi à mettre la main sur le texte de l’entente et j’ai pris soin de bien écouter les analystes qui l’ont commentée. À la lumière de ce que j’ai pu lire et entendre, le problème de relève et de rétention des effectifs demeurera entier, au mieux. Je voterai donc contre l’entente de principe. C’est aussi la recommandation de mon syndicat local.

Le point qui achoppe concerne la composition des classes. Il me faut admettre qu’un mécanisme complexe a été discuté et convenu entre les parties. Ce mécanisme prévoit des aides à la classe, dont le rôle se veut très limité, pour les classes contenant 50 % d’élèves à défis, qui auront préalablement été identifiés par un comité suivant des règles rigoureuses, dont on ignore pour l’instant la teneur précise. Ceci est conditionnel à la disponibilité du personnel. Dans le cas où ledit personnel ne serait pas disponible, une obscure compensation financière serait offerte à la personne titulaire de la classe. Relisez ce paragraphe.

La réalité ? Mon groupe d’élèves de cette année se classe parmi mes cinq plus difficiles en carrière. Je gère plus que j’enseigne. Je réussis à avancer, mais je suis complètement épuisé quand je termine mes journées et je suis fait fort. J’ai déjà de l’aide parce que mes collègues de niveau et moi avons pris le taureau par les cornes, l’an dernier, en instaurant une structure nous permettant de travailler les défis de notre future cohorte. Mais nous avons pu le faire, à même les budgets de l’école, parce que nous formons une équipe solide et que nous avons obtenu l’aval de notre direction et la collaboration de nos techniciennes en éducation spécialisée (T.E.S.). Les autres membres du personnel ont aussi participé en nous permettant d’obtenir un horaire adapté. Enlevez un seul de ces éléments, uniques à notre école, et plus rien ne tient. Et combien avons-nous d’élèves à défis ? En me basant sur mes propres critères, à défaut de connaître ceux qui viendront, je dirais entre 20 % et 25 %. On est loin des 50 % requis pour de l’aide officielle.

J’ai vécu une situation similaire il y a une vingtaine d’années, l’aide du personnel en moins, et j’avais réglé mon problème en m’affectant dans un autre milieu. Cette fois-ci, j’enseigne dans une des plus belles écoles de mon centre de services, située dans un des plus beaux milieux. Malgré cela, j’ai des collègues qui tombent au combat. Et une collègue du même niveau que moi qui, la semaine dernière, a carrément démissionné pour aller relever de nouveaux défis. Une excellente enseignante, très dévouée.

Ce que j’aurais aimé voir, ce qui m’aurait convaincu, c’est un plan d’action à long terme. Des engagements qui vont au-delà de la simple reconnaissance du problème et qui apportent des solutions dont les résultats se feront peut-être sentir plus tard, mais qui au moins donneront de l’espoir à celles et ceux qui finiront par en profiter. Il faut quatre années de baccalauréat et quatre stages non rémunérés pour obtenir un brevet d’enseignement. Pourrait-on remplacer la quatrième année par un stage d’une année complète, rémunéré, en milieu de travail ? L’expérience vaudrait tous les cours ainsi remplacés et on pourvoirait, par des personnes qualifiées ou en voie de l’être, bon nombre de postes jusqu’ici occupés par les « adultes » du ministre Drainville 1.

Pour permettre aux enseignants d’enseigner, il faut aussi considérer l’ajout de classes d’adaptation scolaire. L’intégration à tout prix a permis de sensibiliser les intervenants et la population à la réalité de plusieurs enfants injustement marginalisés jusque dans les années 1990, mais elle a créé l’éducation à trois vitesses et une dévalorisation importante de l’école publique. Entre deux extrêmes, il existe un juste milieu.

Il faut également valoriser le métier de T.E.S. et investir dans leur formation. Ce sont ces personnes qui apporteront la plus grande aide dans les classes. En collaboration avec l’enseignante ou l’enseignant, elles peuvent intervenir en classe ou à l’extérieur de celle-ci, avec un élève ou un petit groupe, tant pour des problèmes d’attitude que pour certaines situations didactiques. Elles soulagent les titulaires d’une multitude de tâches qu’on leur a octroyées à travers les décennies et qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce pour quoi ils ont étudié.

Finalement, il faut investir dans les bâtiments et le matériel. Si les nouvelles écoles sont construites pour répondre aux réalités du 21e siècle, il en existe aussi qui ont été inaugurées dans les années 1960, 1970 ou 1980 et pour lesquelles les infrastructures ont été entretenues, mais peu ou pas modifiées. Et certains ajouteront que même au niveau de l’entretien, les responsabilités n’ont pas été assumées.

Alors voilà. Même si on nous propose une augmentation salariale substantielle, elle est sans intérêt si aucune mesure n’est prise pour améliorer les conditions de travail en éducation. Cet accord de principe ne mérite donc pas notre appui. Depuis les trente dernières années, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de marteler que l’éducation constituait leur priorité, mais, chaque fois, ils ont géré au jour le jour et n’ont jamais élaboré de plan à long terme. On a vu des bâtiments en décrépitude, un écart s’accentuer entre l’école publique et l’école privée, des départs massifs de membres du personnel et des facultés universitaires qui se vident. On panse les plaies, mais on ne se préoccupe pas de la guérison du malade.

Jusqu’à récemment, je me suis tenu loin des questions syndicales. Pour être franc, ça m’ennuyait. Le militantisme me rebutait. J’ai mené cette fois la bataille parce que la cause était juste. Je pense que nous avons convaincu la population de la gravité de la situation. Ce qu’il faut maintenant comprendre, c’est qu’elle deviendra critique si on se contente de ce qui nous est proposé.

Mercredi prochain, je voterai contre l’entente de principe.

1 Saint-Arnaud, Pierre. Bernard Drainville confiant qu’il y a un adulte dans chaque classe pour la rentrée. Le Devoir, Montréal, d’après la Presse canadienne. Le 29 août 2023.


Dans le cours de français

On m’a fait parvenir cette photo, prise dans la vitrine d’une boutique d’un centre commercial.

#LeProfCorrige

Un manteau, des manteaux.
Un mental, des mentaux.

Rien à ajouter.


Dans le cours de musique

Victoria Malenfant est née à Paris, mais vit à Montréal depuis son adolescence. Donnant parfois dans la chanson française et parfois dans le jazz, elle combine ici les deux pour nous offrir sa version personnelle de La Javanaise, de Serge Gainsbourg.

Victoria Malenfant – La Javanaise – Live Session at Sud-Ouest Studio – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Plusieurs journalistes et chroniqueurs de La Presse, dont Mayssa Ferah, Hugo Dumas, Isabelle Hachey, Rima Elkouri et Yves Boisvert, ont fourbi leurs premières armes en participant aux stages d’été qu’offre depuis toujours le quotidien montréalais. Chaque été, je me plais d’ailleurs à rechercher la mention stagiaire sous le nom de l’autrice ou de l’auteur des articles. Eh bien, La Presse embauchera de nouveau des étudiants en journalisme et en photographie l’été prochain, afin de leur donner leur première chance. Une dizaine d’entre eux seront retenus, parmi celles et ceux qui auront soumis leur candidature avant le 16 février.

La relève journalistique, c’est mon Star Académie à moi !


Billet du 25 novembre 2022 : Une bonne bouffée d’air frais

Selon ce que je constate, les médias sentent le besoin de s’éloigner, au moins le temps d’une pause, des nouvelles concernant l’Ukraine et la COVID. De quoi a-t-il été question, au cours de la dernière semaine ? De la Coupe du Monde de la FIFA, de sa présence au Qatar, de l’enquête publique sur l’occupation d’Ottawa par les camionneurs, de la carrière de Jean Lapointe, de la coupe Grey, des remous créés par le lancement du livre de Pierre Gervais et d’un troupeau de vaches qui s’est enfui dans la nature, en Mauricie.

Personnellement, ça me fait du bien de lire et d’entendre autre chose. Prenons une bonne bouffée d’air frais.


Dans le cours de français

Voyez-vous la faute dans le titre de cet article publié dans La Presse, le dimanche 20 novembre ?

#LeProfCorrige

Bien sûr, il aurait fallu lire Pourquoi tous les chemins y mènent, avec le tous au pluriel. Le mot étant ici employé comme déterminant indéfini, il doit prendre le genre et le nombre du nom qu’il accompagne, c’est-à-dire chemins, qui est masculin pluriel.

Après plusieurs heures en ligne, la faute a finalement été corrigée par le quotidien.


Dans le cours de français, deuxième période

Cette faute d’accord de La Presse a cependant été supplantée par une grotesque erreur de vocabulaire publiée par Le Devoir. Voici ce que le quotidien a imprimé, le 18 novembre, dans son édition papier, tel que rapporté sur Twitter par le député Alexandre Leduc :

#LeProfCorrige

Il faut bien sûr évoquer les luttes intestines, plutôt qu’intestinales. Bien que les deux plongent les belligérants dans la saleté, un seul des deux mots est propre à l’expression.

Le Devoir n’a évidemment pas pu apporter un correctif dans son édition papier, mais l’a fait sur Internet.1


Et je cite :

« Quand tu comprends qu’il n’y a rien à attendre du monde, alors tu peux commencer à vivre une vie délicieuse. »

Olivier de Kersauson, écrivain et navigateur, le 24 novembre 2022.

Dans le cours de musique

Pour souligner les 40 ans de carrière de Jean Leloup, ICI Musique a invité plusieurs artistes d’ici à reprendre ses plus grands succès. C’est donc une de ces pièces que je propose en #musiquebleue, cette semaine. Ayant l’embarras du choix, j’ai opté pour 1990, moins pour la chanson elle-même que pour ses interprètes, Salomé Leclerc et Marie-Pierre Arthur.

Marie-Pierre Arthur et Salomé Leclerc – 1990 – ICI Musique – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

« Moi, si j’avais des enfants qui étaient obligés de quitter le pays pour être en sécurité, pour avoir un avenir, j’aimerais ça qu’une autre maman dans un autre pays prenne la relève. Moi, je suis ta maman de ce côté-ci de l’Amérique… Si tu es mal prise, tu m’appelles. Si tu as besoin de quelque chose, tu m’appelles. Je suis là comme une maman. »

Ces paroles sont celles d’une infirmière retraitée de Brossard, qui a pris sous son aile une famille mexicaine ayant demandé l’asile au Canada. J’ai toujours voué une grande admiration aux gens dotés d’une âme missionnaire. Consacrer une partie de sa vie à améliorer le sort des autres est pour moi la plus belle expression du don de soi.

Le dévouement de cette dame est relaté dans un reportage signé Rima Elkouri, publié dimanche dernier.2

S’il y a de la place pour ajouter une autre belle bouffée d’air frais dans votre journée, je vous invite à en prendre connaissance. Sa lecture ne vous demandera que deux minutes. Peut-être trois.


1 La lourde responsabilité du chef intérimaire. Le Devoir. Le 18 novembre 2022.

2 Comme une maman de secours. La Presse. Le 20 novembre 2022.