Durant trois jours cette semaine, les résidents de Blainville et de Sainte-Thérèse ont dû faire bouillir leur eau avant de la consommer. La raison ? Le niveau anormalement bas de la rivière des Mille-Îles, au point où il n’était plus possible de maintenir une quantité minimale de chlore dans le réseau d’aqueduc. À certains endroits, la rivière semble avoir disparu : un lit de boue, quelques flaques d’eau isolées, des poissons prisonniers du néant. Des résidents âgés affirment n’avoir jamais vu la rivière aussi basse de toute leur vie. Le décor qu’on admire habituellement pour ses reflets argentés et ses hérons tranquilles s’est soudain mué en paysage d’alerte. L’eau, ce fil invisible qui relie la vie, la santé et le quotidien a rappelé sa fragilité. Ce qui paraissait acquis ne l’est plus.
Cette scène, pourtant locale, résume à elle seule l’ampleur du problème. Le dérèglement climatique ne se mesure plus seulement en degrés, mais en gestes quotidiens : faire bouillir l’eau, éviter les feux à ciel ouvert, surveiller les restrictions d’arrosage. Dans une entrevue récente, David Suzuki rappelait que l’humanité a déjà franchi sept des neuf « limites planétaires » identifiées par la science, celles qu’il ne fallait surtout pas dépasser. 1 « Nous devrions être terrifiés si nous dépassons une seule de ces limites », dit-il, en appelant à des « mesures héroïques » d’ici cinq ans. Il parle de limites planétaires, mais elles se traduisent ici par des rivières à sec, des forêts surchauffées, des sols épuisés. Le monde ne s’effondre pas d’un seul coup : il s’effrite par petites fissures, si fines qu’on ne les remarque que lorsqu’elles atteignent nos robinets.
Ce n’est donc pas seulement la rivière qui s’assèche : c’est aussi la patience collective. David Suzuki croit que l’espoir réside désormais dans les collectivités locales, celles qui refusent de se taire, qui se mobilisent, qui exigent transparence et cohérence. Peut-être que le salut viendra de ces citoyens ordinaires qui observent, documentent, échangent et refusent de croire que tout est déjà perdu. Ce ne sont plus des militants au sens traditionnel du terme, mais des gens qui ont compris que la défense du vivant commence au coin de leur rue. Pendant que l’eau perd sa transparence, c’est à nous de retrouver la nôtre, avant qu’elle ne devienne définitivement trouble.
#LeProfCorrige
Le 2 octobre dernier, un titre contenant deux fautes coiffait un article publié par La Presse.
Il aurait fallu lire Les premières livraisons, le nom livraisons donnant son genre et son nombre au déterminant et à l’adjectif numéral. Le titre a fini par être corrigé, mais plus d’une journée après sa parution.
Dans mes écouteurs
En mai dernier, Stéphane Archambault lançait son premier album solo, Point. Si le son et le rythme s’avèrent plus pop que la musique traditionnelle québécoise qui l’a fait connaître, on y retrouve quand même la poésie et quelques effluves harmoniques de Mes Aïeux, dont il demeure le chanteur.
Voici la pièce Point tournant.
La bonne nouvelle de cette semaine
Parfois, la vie tient à un souffle, et ce souffle revient grâce à cinq paires de mains tendues. Le 22 août dernier, sur un terrain de balle-molle de Brossard, le lanceur François Fleury, 66 ans, s’est effondré, victime d’un arrêt cardiaque. Pendant onze longues minutes, cinq personnes — Pier-Alexandre, Cloé, Vanessa, Katerina et Gabriel — ont uni leurs forces pour refuser l’inacceptable. Tandis que les uns pompaient le cœur de François à bras nus, Gabriel courait, forçant par miracle la seule porte d’une école pour trouver un défibrillateur. Une décharge plus tard, le cœur de François repartait. Ce soir-là, la partie s’était arrêtée, mais l’esprit d’équipe, lui, n’avait jamais été aussi fort.
Quelques semaines plus tard, les héros se sont retrouvés sur le même terrain, les yeux pleins d’émotion et le cœur plus grand que jamais. François a remercié, ému, ceux qui lui avaient rendu la vie. Aujourd’hui, il parle de nature, de sa famille, de son chien Ballou et de la joie simple de respirer. Sa leçon tient en une phrase : « Quand tu es en bonne santé, tu es millionnaire. » Cette histoire n’est pas seulement celle d’une résurrection, mais celle d’une humanité qui persiste : altruiste, coopérative et tissée serré, comme une équipe qui refuse de perdre.


















