Billet du 14 mai 2021 : « Se caresser et manger sur les terrances »

Au moment où j’écris ces lignes, le Kraken de Seattle, nouvelle formation de la Ligue nationale de hockey qui entamera ses activités l’automne prochain, n’aligne qu’un seul joueur. Il s’agit de Luke Henman, le capitaine de l’Armada de Blainville-Boisbriand, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Bien sûr, l’équipe se garnira au cours des prochains mois. On construira autour de Henman. Comme quoi il y a du talent dans la LHJMQ.

Le Canadien de Montréal l’a aussi reconnu, cette semaine, quand il a fait signer un contrat d’entrée à Rafaël Harvey-Pinard. Ironie du sort, cette signature est survenue quelques heures seulement après que le CH ait été pointé du doigt pour n’avoir disposé d’aucun joueur Québécois en uniforme lors d’un match, cette semaine, une première en 112 ans d’histoire. Il faut cependant préciser que si aucun joueur de sa formation n’était né au Québec, trois d’entre eux, Jake Allen, Paul Byron et Michael Frolik, sont des produits de la LHJMQ.

Faut-il s’en insurger ? Peut-être pas, il n’y a après tout rien d’étonnant dans cette situation et on s’y habitue rapidement, malheureusement. Pensez à la fois où on a fait grand éclat de l’absence totale de mots en français, même dans ses salutations, dans le premier discours de Saku Koivu à titre de capitaine de l’équipe. Inacceptable, c’était. Non seulement Koivu a-t-il poursuivi dans la même veine durant son long règne de capitaine du Tricolore, mais la plupart de ceux qui lui ont succédé ont suivi la tendance. Alors sans nécessairement s’en insurger, il faut constater que des correctifs peuvent être apportés et que la situation peut être facilement améliorée.

Quelqu’un me faisait remarquer qu’il n’y avait peut-être pas de joueurs québécois chez le Canadien, mais qu’il n’y avait pas plus de joueurs albertains chez les Oilers d’Edmonton, son adversaire, ce soir-là. Peut-être. Mais le Canadien de Montréal se doit de puiser dans son fief pour construire ses alignements. Cette obligation, il la doit à son histoire, la plus grandiose et la plus prestigieuse de toutes les équipes sportives d’Amérique du Nord, avec celle des Yankees de New York. Ses équipes victorieuses de 24 Coupes Stanley, la Sainte-Flanelle les a bâties avec des joueurs d’ici et des joueurs qui ont été développés par l’organisation. Actuellement, les proportions sont faibles dans les deux catégories. Il suffit de lire les premières pages du livre Georges Vézina : L’habitant silencieux, de Mikaël Lalancette, pour comprendre que le Canadien de Montréal était l’équipe des francophones, des Canadiens français, dès le début de son histoire. Quand on parle de Tradition avec un grand T, chez le Canadien, ce n’est pas seulement celle des bras meurtris qui tendent le flambeau, c’est celle des Georges Vézina, des Maurice Richard, des Jean Béliveau, des Guy Lafleur, des Patrick Roy, des Stéphane Richer et des nombreux autres joueurs d’ici qui ont vu leur nom être gravé sur la Coupe.

J’ai couvert les activités de l’Armada de Blainville-Boisbriand durant ses six premières saisons. La loge des dépisteurs des équipes de la LNH n’est pas très loin de la galerie de presse, au Centre d’excellence sports Rousseau. Je peux affirmer y avoir vu des représentants de plusieurs équipes beaucoup plus souvent que ceux du Canadien.

Bien sûr, le nombre de joueurs de la LHJMQ ayant gradué dans la LNH a considérablement chuté, au cours des dernières décennies. On parle d’une cinquantaine, actuellement, soit une moyenne d’un peu plus d’un joueur par équipe. Mais il se trouve quand même des Penguins de Pittsburgh ou un Lightning de Tampa Bay qui ont su donner leur chance à plusieurs jeunes joueurs issus du Québec et qui en comptent en ce moment plus que le Canadien. Les Penguins ont même procédé, à Pittsburgh, à une soirée entièrement francophone, il y a deux ou trois ans.

Chaque année, au repêchage amateur, le talent se situe dans les deux premières rondes. Au-delà de la deuxième ronde, le repêchage devient pratiquement un coup de dés. Marc Bergevin et Trevor Timmins devraient comprendre qu’ils ont tout intérêt à ne pas laisser les autres équipes venir leur damer le pion dans leur propre cour. Après tout, quand on regarde le peu de joueurs repêchés par le Canadien qui ont joué 100 matchs et plus dans la LNH au cours des 15 dernières années, on se dit qu’il n’y a pas grand chose à perdre à tenter sa chance avec les talents locaux.


Dans le cours de français

Je le mentionne chaque année à mes élèves, le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada. Les neuf autres provinces n’ont qu’une seule langue officielle, le français pour le Québec, l’anglais pour les autres.

La ville ontarienne d’Ottawa possède cependant le statut de ville bilingue, en tant que capitale du Canada qui, lui, est un pays fondé à partir de deux langues officielles. Ceci en théorie, bien sûr, parce qu’en pratique, l’une des deux langues peut se retrouver avec quelques imperfections.

C’est ainsi que jeudi après-midi, Santé publique Ottawa a diffusé un message dans un français plutôt approximatif sur Twitter. En voici un extrait :

Difficile de ne pas avoir certaines images dans sa tête…

#LeProfCorrige

Je n’aurai pas à mettre de trop grands efforts pour corriger, Santé publique Ottawa ayant fait amende honorable moins d’une heure plus tard. L’organisme a d’abord présenté ses excuses, avant de publier des phrases revues et corrigées.

On remarque que ces phrases ne sont toujours pas très bien construites, mais elles se tiennent beaucoup mieux.


Dans le cours de mathématiques

Cette semaine, je me suis replongé dans mes souvenirs du début de mon secondaire, alors que je devais enseigner à mes élèves l’ensemble des entiers naturels et l’ensemble des entiers relatifs. Bien entendu, en 6e année du primaire, on ne parle que des nombres entiers, sans préciser s’ils sont naturels ou relatifs.

Comme il m’arrive souvent de le faire, j’ai toutefois procédé à une incursion dans la matière du secondaire, histoire de montrer aux élèves les fameuses lettres à pattes supplémentaires que j’aimais beaucoup dessiner. Ainsi, les nombres entiers naturels étaient représentés par un , alors les entiers relatifs s’affichaient avec un .

Les nombres entiers naturels sont les nombres entiers de 0 jusqu’à l’infini.

ℕ = {0, 1, 2, 3, 4, …}

Il y avait aussi le fameux ℕ *, qu’on appelait N étoilé, qui comprenait la même séquence, à l’exception du 0.

ℕ * = {1, 2, 3, 4, …}

Quant à l’ensemble des entiers relatifs, il comprend tous les entiers négatifs et tous les entiers positifs.

= {…, −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, …}

Évidemment, on pousse plus loin au secondaire, avec les nombres rationnels et les nombres réels. Mais là-dessus, je me garde une réserve devant mes jeunes élèves. Chaque chose en son temps !


Dans le cours de musique

Depuis les dernières années, la tendance est aux « covers », ces reprises musicales de chansons ou de pièces instrumentales plus ou moins anciennes. Plusieurs artistes de tous azimuts s’y sont ainsi adonnés. Parmi les derniers en lice, Tire le coyote et Jeannot Bournival, qui ont lancé la semaine dernière un court recueil de reprises acoustiques de six chansons québécoises, ayant pour titre Le temps des autres. Dans le lot, mon coup de coeur va à Boom boom, ce merveilleux poème musical de Richard Desjardins.

C’est cependant La vie d’factrie, de Clémence Desrochers, que je vous propose aujourd’hui. Si cette chanson vieille de près de 60 ans a connu quelques reprises à travers les années, je pense entre autres à celles de Renée Claude et de Marie Michèle Desrosiers, c’est à ma connaissance la première fois qu’elle est interprétée par un homme, alors que Tire le coyote lui prête sa voix.

Tire le coyote et Jeannot Bournival – La vie d’factrie – Le temps des autres – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Cette nouvelle, j’ai bien failli ne pas l’inclure dans cette rubrique, pour une question environnementale. Les arrangements convenus entre les diverses parties impliquées me permettent toutefois d’en faire mention ici.

C’est à Beauharnois, en Montérégie, que Google implantera son premier centre de données au Canada. L’investissement de l’entreprise s’élèvera à 735 millions $ et créera une trentaine d’emplois permanents, après que la construction ait nécessité l’embauche de plusieurs centaines de travailleurs d’ici. Des zones infonuagiques sont exploitées à Montréal et à Toronto depuis les deux dernières années.

Le centre sera érigé sur un terrain appartenant actuellement à Hydro-Québec, et de cela auraient pu découler quelques conséquences politiques, en lien avec la question environnementale. C’est que le terrain en question est situé en zone agricole et que malgré l’interdiction de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) d’y construire le bâtiment, le gouvernement du Québec a décrété une mesure d’exception et outrepassé la décision de la CPTAQ en autorisant la construction en zone verte.

Hydro-Québec a ainsi imposé son terrain, malgré l’offre de la ville voisine de Salaberry-de-Valleyfield d’offrir un terrain similaire en zone dédiée aux télécommunications. La société d’état compensera en offrant d’autres terres pour au moins l’équivalent des pertes de territoires agricoles, alors que le gouvernement du Québec investira plus de 6 millions $ dans des organismes et projets voués à l’agriculture. Au final, il semble que tout le monde soit heureux.


Billet du 26 février 2021

Difficile de ne pas commenter la semaine du Canadien de Montréal, notamment avec les congédiements de Claude Julien et de Kirk Muller. Plus souvent qu’autrement, je déplore les renvois d’entraîneurs, considérant que les problèmes se situent plus au niveau de la glace que derrière le banc. Je serai plus nuancé cette fois-ci, Claude Julien ayant effectué certains choix douteux sur les unités spéciales et dans les fins de matchs, au cours des dernières semaines.

Je me réjouis de la nomination de Dominique Ducharme au poste d’entraîneur-chef. L’ayant vu à l’oeuvre avec Halifax et Drummondville, alors que je couvrais les activités de l’Armada de Blainville-Boisbriand dans la LHJMQ, j’ai pu constater à quel point il savait soutirer le meilleur de ses joueurs. Après quelques saisons comme adjoint à Julien, il mérite sa chance comme entraîneur-chef. Qu’il ait été nommé par intérim n’est pas trop préoccupant. En 1992, les Expos de Montréal avaient nommé Felipe Alou gérant par intérim de l’équipe. Cet intérim avait duré dix saisons.

Pour celles et ceux qui auraient souhaité voir Patrick Roy revenir dans le giron des Glorieux, soyez patients. Je demeure persuadé que c’est lui qui succédera à Marc Bergevin à titre de directeur général, le moment venu. La personnalité et l’ego de Roy le destinent à un rôle de premier plan dans la direction de l’équipe. Il pourra toujours se réserver le travail d’entraîneur en parallèle, s’il le désire.

Un mot en terminant sur Carey Price. Je maintiens qu’au niveau du talent, Price est probablement le meilleur gardien de but de la LNH. Toutefois, il n’a pas cette attitude qu’avaient Roy et Martin Brodeur, cet instinct du tueur qui faisait se lever les deux autres dans le vestiaire, après deux périodes d’un match serré, pour lancer aux coéquipiers de marquer des buts et de les laisser faire le reste, qu’aucune autre rondelle n’entrerait dans leur filet. Et en accordant en moyenne un mauvais but par match, Price force ses coéquipiers à inscrire au moins deux buts pour espérer une victoire. Il y a un travail à considérer à ce niveau.


Et je cite :

« Je me souviens de 2015. Nous avions commencé la saison avec une fiche de 9-0-1 et nous n’avions pas fait les séries. »

Dale Weise, ex-joueur du Canadien de Montréal, le 20 février 2021.

Dans le cours de français

Le site de Radio-Canada a publié un reportage, dimanche, sur la perception qu’ont les trentenaires face au statut de la langue française, au Québec. C’est du moins ce que laisse entrevoir le titre. À la lecture du reportage, on constate que seulement trois personnes ont fait part de leur point de vue, ce qui est loin de représenter l’opinion d’une génération. Deux d’entre elles, un couple, prétendent qu’il faut investir dans la culture francophone, mais que le français n’est pas menacé. Une étudiante à l’Université Concordia prétend le contraire et invite tous les paliers de gouvernement à légiférer et réglementer afin de protéger la langue française.

C’est toutefois un encadré présentant des statistiques qui a le plus retenu mon attention. Ainsi, un rapport de l’Office québécois de la langue française, publié en avril 2019, stipule que :

  • La proportion d’anglophones et d’allophones déclarant avoir une connaissance suffisante du français pour soutenir une conversation a augmenté au cours des vingt dernières années;
  • En 2016, 94 % des Québécoises et des Québécois déclarent être en mesure de soutenir une conversation en français;
  • En 2015, 90 % des élèves fréquentaient une école de langue française;
  • En 2017, le taux de service en français atteignait 96 % dans les commerces de l’île de Montréal, même si le français comme langue d’accueil dans ces mêmes commerces a diminué de 9% depuis 2010, passant de 84% à 75%.

Jusqu’ici, les données sont encourageantes et laissent penser que, contrairement à l’opinion de plusieurs, le français n’est pas menacé au Québec, même à Montréal. Le pica suivant nous ramène cependant à une autre dimension :

  • La proportion de personnes éprouvant de l’indifférence face à un service dans une autre langue que le français a fortement augmenté depuis 2012, tout particulièrement chez les jeunes francophones.

S’il y a menace, c’est là qu’elle se trouve. Face à l’indifférence de sa population, il n’est pas grand chose qu’un gouvernement puisse faire, n’en déplaise à la jeune étudiante de Concordia. Investir temps et argent dans la culture m’apparaît concret et plus efficace comme solution. Dépêchons-nous d’y voir, en tant que société, pendant que la population y voue encore un intérêt substantiel.


Dans le cours de musique

Une crise cardiaque a emporté l’auteur-compositeur-interprète Philippe Chatel, vendredi dernier. Si son nom est plutôt méconnu au Québec, il en est autrement d’une de ses oeuvres, le conte musical Émilie Jolie. À travers quatre enregistrements de ce conte, en 1979, 1997, 2002 et 2018, Chatel a réuni plusieurs grands artistes sur un même album. Notons seulement, sur la version originale, Henri Salvador, Georges Brassens, Julien Clerc, Françoise Hardy, Sylvie Vartan et Robert Charlebois.

Philippe Chatel avait 72 ans.


Dans le cours de musique, deuxième période

C’est à mon tour, cette semaine, de rendre hommage à Raymond Lévesque, décédé il y a une dizaine de jours. Je l’admets en toute humilité, le répertoire de Lévesque m’est beaucoup plus inconnu que ceux des Leclerc, Vigneault, Charlebois et Ferland. D’aucuns prétendent que Quand les hommes vivront d’amour devrait être sacrée plus belle chanson de la francophonie. Peut-être. C’est cependant une autre chanson de Raymond Lévesque, Les trottoirs, que je vous propose en #musiquebleue. Pour l’interpréter, une auteure-compositrice-interprète à qui je voue une immense admiration, Marie-Pierre Arthur.

#musiquebleue

Voir le bon côté des choses

Personne ne pourra jamais accuser Denis Coderre de manquer de transparence, ni de gratitude.

#GarderCertainesChosesPrivées

La bonne nouvelle de cette semaine

Le début de la vaccination au Québec constitue certes la meilleure nouvelle de la semaine. Mais une autre courte bonne nouvelle est venue capter mon attention. En ces temps de pandémie, quand une petite entreprise québécoise réussit à bien tirer son épingle du jeu, c’est digne de mention.

L’entreprise Bilodeau Canada, installée au Lac-Saint-Jean, donne dans la manufacture d’articles en fourrure et dans la taxidermie. La situation mondiale actuelle a eu une incidence très négative sur son chiffre d’affaires, établi à partir d’une clientèle internationale. Qu’à cela ne tienne, la PME s’est lancée dans la production d’animaux naturalisés pour le cinéma et la télévision, décrochant ainsi quelques contrats avec de grandes maisons américaines, dont HBO. Les pertes n’en sont que très partiellement comblées, mais cela a permis à l’entreprise de survivre et de garder ses employés occupés.


Billet du 21 février 2020

Dans le cours d’anglais

Après plus d’une centaine de corrections de la langue française, publiées sous la rubrique #LeProfCorrige depuis 18 mois, voici que je me lance dans la correction d’une publication en anglais. Revendiquant une plus grande aisance dans l’utilisation de la langue de Molière que dans celle de Shakespeare, je renonce d’emblée à l’idée de le faire régulièrement. Mais je trouvais cette perle intéressante. Alors voici :

Ici, on aurait dû lire « Three years after you’re gone », plutôt que « 3 years after your gone »; « you’re still trying », plutôt que « you still trying »; « you were still blaming Bush », plutôt que « you where still blaming bush » et « …, you might see », plutôt que « might see ». On remarque ici plusieurs erreurs de conjugaison, ainsi que dans l’emploi des pronoms. #LeProfCorrige

Entre les blocages autochtones et le projet de loi 40

Difficile de commencer un nouveau blogue sans commenter l’actualité du moment. Pendant qu’une grande partie du Canada subit de plus en plus concrètement les conséquences de la mobilisation autochtone, c’est peut-être une autre crise, celle-là dans le domaine de l’éducation, qui menace d’éclore au Québec.

Hier matin, un ami s’interrogeait sur la pertinence de bloquer des routes, des ponts ou des chemins de fer, face à une opinion publique qui, se sentant prise en otage, se positionnera contre les revendications des manifestants. Après une courte réflexion, je lui ai répondu que les groupes autochtones, à mon avis, voyaient au-delà de l’opinion publique. Ce qu’ils visent, c’est la cause. C’est là que j’ai constaté un parallèle à établir avec une bataille qui s’amorce dans mon domaine d’expertise, soit l’éducation.

Avec le dépôt du projet de loi 40, le gouvernement du Québec promeut surtout l’abolition des commissions scolaires, position populaire s’il en est une. Le texte déposé ratisse cependant beaucoup plus large et ses différents articles mécontentent à peu près tous les acteurs du milieu. Une mobilisation importante de ce groupe s’annonce donc à son tour, à plus ou moins court terme.

Historiquement, les moyens de pression dans le monde de l’éducation se sont avérés beaucoup moins dérangeants pour la population que ce qui a pu être déployé par d’autres groupes. Pour différentes raisons, il est plutôt récent que les enseignantes et les enseignants puissent compter sur une opinion publique qui leur est favorable. Et pour leurs deux principaux syndicats, la FAE et la CSQ, l’avancement de la cause passe par un appui important de la population.

La situation a cependant beaucoup évolué depuis les dernières négociations de la convention collective, il y a cinq ans. Déjà, à l’époque, entre 20% et 25% des nouveaux enseignants quittaient la profession au cours des cinq premières années. Depuis, j’ai vu des stagiaires abandonner avant même d’avoir complété le stage, de nombreux collègues partir en congé de maladie, plus d’une fois pour certains, et d’autres devancer la retraite.

La pénurie d’enseignants est devenu un problème tellement important, que de nombreux groupes d’élèves voient défiler plusieurs enseignants différents au cours d’une seule année scolaire. Un grand nombre de ces derniers n’ont pas les qualifications requises.

Mais ce qui m’interpelle particulièrement, cette fois, c’est de constater cette différence importante : les enseignantes et les enseignants ne s’en remettent pas qu’à leurs syndicats. Élément nouveau, ils ont formé des groupes de discussion sur les réseaux sociaux. Et si je me fie à ce que j’y lis, pour plusieurs, c’est la dernière chance. À bout de souffle, le mot démission apparaît de plus en plus souvent dans leur vocabulaire.

Après la pénurie, serons-nous témoins d’un exode ? C’est à suivre.

Dans le cours de musique

Je suis de ceux qui affirment qu’un être humain peut développer une complicité très étroite avec un objet. Il est fréquent, par exemple, de voir un musicien fusionner avec son instrument ou un gardien de but parler avec ses poteaux. B.B. King et Patrick Roy sont les noms qui me viennent en tête, en écrivant ces lignes.

Ainsi, je sympathise avec la pianiste canadienne de renommée mondiale, Angela Hewitt, dont la relation avec avec son F278 Fazioli s’est abruptement terminée, fin janvier, quand des déménageurs ont échappé le piano. Modèle unique, avec ses quatre pédales, l’instrument est une perte totale.

Angela Hewitt
(Photo : Facebook)

Ce piano italien accompagnait l’artiste partout, depuis 2003, en concert comme dans les studios d’enregistrement. Il s’est produit dans plusieurs pays, sur divers continents. Très attristée, Madame Hewitt, sur sa page Facebook, a souhaité à son compagnon de longue date d’être heureux au paradis des pianos. Elle a également relayé des extraits d’enregistrements sur lesquels elle affectionne particulièrement ses qualités sonores.

Sur la cour d’école

Chaque jour, avant d’entrer en classe, mes collègues et moi prenons 15 minutes pour marcher à l’extérieur avec nos élèves. Ce moment est bénéfique pour tous, il contribue à la motivation et à la concentration.
Mercredi de la semaine dernière, la nature nous offrait ce magnifique spectacle, vers 7:45, le matin. #gratitude