Billet du 12 novembre 2021 : Je m’inquiète

C’était jour d’élections municipales au Québec, dimanche dernier. Dans les dix plus grandes villes de la province, on a atteint la parité hommes-femmes à la mairie, ce qui constitue une excellente avancée. Quatre de ces mêmes municipalités ont élu une mairesse ou un maire dont l’âge se situe sous la barre des 40 ans, ce qui représente une belle ouverture aux idées nouvelles et à la relève. 

À Montréal, l’arrogance et le manque de transparence de Denis Coderre lui ont fait perdre 27 % d’appuis. Lui qui disposait d’une avance de 12 % dans les sondages, en début de campagne, a finalement conclu celle-ci à 15 % derrière Valérie Plante. Malgré un taux de satisfaction peu enviable après quatre années d’administration, l’authenticité de la mairesse a primé face à la condescendance de l’ex-maire et nouvel aspirant.

Rien de tout cela ne m’inquiète, au contraire.

Deux choses m’inquiètent. La première n’est pas nouvelle, mais c’est la première fois qu’elle occasionne des conséquences aussi regrettables. Dans ce monde de compétition qui est le nôtre, où la fin justifie les moyens dans la course effrénée vers la plus haute marche du podium, on a pour une énième fois déclaré l’élection de quelqu’un, alors qu’une infime fraction des boîtes de scrutin avait été dépouillée. Sauf que cette fois-ci, malgré une confortable avance à un moment de la soirée et après avoir prononcé son discours de victoire, une candidate à la mairie de Québec a subi l’humiliation de voir un de ses adversaires remonter la pente et la coiffer au fil d’arrivée. Les médias s’excuseront peut-être, mais conserveront la même façon de faire. Après tout, le taux de succès de leurs déclarations de vainqueurs est excellent, voire presque parfait. Dans ce cas, par contre, l’exception risque d’avoir des répercussions sur Marie-Josée Savard.

L’autre chose qui m’inquiète particulièrement, c’est l’anémique taux de participation de 38,7 % des électeurs québécois à ces élections. Le manque d’intérêt de près de deux personnes sur trois peut s’expliquer, mais il ne s’excuse pas. Pas quand les gens élus ont le pouvoir de taxation.

Le désintérêt s’est aussi exprimé d’une autre façon. Sur les 1 108 municipalités en élection, plus de la moitié, soit 615, ont vu leur mairesse ou leur maire être élu. e sans opposition, alors que 11 autres se retrouvent avec un siège vacant à la mairie, faute de candidatures.

C’est ce désintérêt qui m’inquiète. Que tu t’occupes d’elle ou non, la politique, elle, s’occupera de toi. Aussi bien y voir.


Dans le cours d’art dramatique

Entre 2017 et 2019, trois théâtres québécois se sont vus imposer 500 $ d’amende parce que des comédiens fumaient sur scène. Précisons que chaque fois, l’acte servait le texte de la pièce. Lors des trois occasions, c’est un membre du public qui avait porté plainte.

Cette semaine, le juge Yannick Couture, de la Cour du Québec, a maintenu les condamnations, expliquant que fumer sur scène n’entre pas dans l’expression artistique pouvant bénéficier d’une exception protégée par les chartes des droits et libertés. Le juge suggère d’utiliser des effets spéciaux pour imiter l’acte de fumer.

Le monde du spectacle s’offusque de cette décision, insistant sur le fait que les acteurs et actrices fument des cigarettes de sauge, prétendument inoffensives. Sauge ou tabac, la fumée, elle, est bien réelle et c’est ce qui incommode le public. Contrairement à un plateau de cinéma, plusieurs spectateurs s’entassent dans une salle de théâtre pour assister en direct à la mise en scène.

Certaines directions artistiques déplorent le manque de réalisme des fausses cigarettes. Au théâtre, il n’y a rien de moins réaliste qu’une épée sous l’aisselle pour simuler un coup qui traverse le corps, qu’un personnage qui lévite dans les airs en étant soutenu par des câbles très visibles, que des enfants personnifiés par des adultes, que des animaux animés par des humains. Le théâtre, c’est l’art où l’imagination entre en scène. 

Au théâtre, j’ai déjà vu Germain Houde faire mine de porter Gilles Renaud, qui jouait un enfant de six ans, sur ses épaules. Renaud était assis au bord de la scène, Houde se tenait en bas. Nous imaginions très bien la situation. Dans une autre pièce, j’ai vu l’excellent Daniel Gadouas faire semblant de boire, alors que sa chope, de toute évidence vide, avait été précédemment « remplie » par une amphore tout aussi vide. Tout le monde y croyait.

L’argument du réalisme d’une véritable cigarette, au théâtre, ne tient pas la route, en ce qui me concerne.


Et je cite :

« Ce que je comprends, c’est que sur scène on a le droit d’insulter un jeune handicapé, mais on n’a pas le droit de fumer une cigarette, c’est ça ? »

Patrick Masbourian, animateur à ICI Radio-Canada Première, le 10 novembre 2021.

Dans le cours d’univers social

Une belle complicité entre collègues de 6e année, à l’école où je travaille, me permet d’enseigner l’univers social aux quatre groupes. Malgré le fait que j’œuvre au primaire, je deviens en quelque sorte le spécialiste de la géographie, de l’histoire et de l’éducation à la citoyenneté. Cette année, comme un des quatre groupes est composé en partie d’élèves de 5e année, j’ai le privilège de transmettre les programmes des deux années scolaires. J’ai ainsi l’occasion de renouer avec l’histoire du 18e siècle.

Le matériel que j’utilise offre une illustration de la place Royale, à Québec, partiellement détruite par les bombardements britanniques, vers 1759. Lors de mon dernier séjour dans la Vieille Capitale, il y a quelques semaines, je me suis rendu faire un égoportrait devant l’église Notre-Dame-des-Victoires, édifice central de l’endroit, afin de montrer aux élèves un pan de notre histoire qui a traversé les derniers siècles.

Bien sûr, on est encore loin de certaines architectures européennes, africaines ou asiatiques, dont la longévité s’étire sur une beaucoup plus longue période. Toutefois, l’église Notre-Dame-des-Victoires revendique le titre de première église construite au Canada. Sa construction a commencé en 1688, pour se terminer en 1723.


Dans le cours de musique

C’est durant mes vacances d’été, l’an dernier, que j’ai découvert Lou-Adriane Cassidy. Amateur de musique émergente québécoise, j’avais alors accroché sur la pièce Ça va ça va, de son premier album. Ce que j’apprécie de l’artiste, c’est qu’elle touche à tous les styles de musique.

La tendance se poursuit dans son deuxième album, Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir, sorti vendredi dernier. En #musiquebleue, voici la chanson Oui le serpent nous guette.

Lou-Adriane Cassidy – Oui le serpent nous guette – Lou-Adriane Cassidy vous dit : Bonsoir – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Au moment où j’écris ces lignes, aucun consensus important ne semble être sur le point de se dégager de la COP26. Toutefois, le Canada y figure parmi les leaders les plus à l’avant-garde, alors que de l’intérieur, le Québec s’affiche comme chef de file. Les nouvelles en ce sens pleuvent, depuis les dernières semaines. La plus récente, c’est ici qu’on produit la moitié du maraichage biologique canadien.

La quantité de terres vouées à ce genre d’agriculture a doublé au cours des cinq dernières années, ce qui suit à peine la hausse de la consommation des produits bios pour la même période, selon le rapport annuel 2020 de la Filière biologique du Québec. Les chiffres de l’organisme indiquent que 26,7 % des ménages québécois inséraient plus de 30 % de ces aliments dans leurs paniers d’épicerie, il y a deux ans, comparativement à 11,6 % neuf ans plus tôt.

Consulter le rapport annuel 2020 de la Filière biologique du Québec

Cette tendance est excellente non seulement pour la santé de la population, mais également pour l’environnement.

En supplément à cette bonne nouvelle hebdomadaire, la journaliste Marie-Claude Lortie a lancé cette semaine une série en six épisodes qui fait le point sur l’état de l’agriculture au Québec. Entre autres choses, elle y relate les importants changements dans l’industrie. Il y est bien sûr question de la production bio. L’émission s’intitule À travers champs et est diffusée sur savoir. media.

Visionner la série À travers champs, sur savoir.media


Billet du 29 octobre 2021 : Dérapages

J’ai sourcillé, cette semaine, quand j’ai entendu le premier ministre François Legault affirmer qu’il n’attendait qu’un aval de ses conseillers juridiques pour communiquer aux différents CISSS et CIUSSS les listes des médecins de famille qui ne voient pas suffisamment de patients. Même si le problème est criant, ce n’est pas le genre de gouvernance que je souhaite pour une société qui se veut libre et démocratique.

Toutefois, je déplore la réaction du président de l’Association des médecins omnipraticiens du Québec, le Docteur Louis Godin, qui a victimisé ses membres lors d’une entrevue radiophonique avec l’animateur Patrick Masbourian. Les derniers mois se sont avérés très durs pour tout le personnel de la santé, mais lorsque je pense à des groupes d’individus persécutés, ce ne sont pas exactement les médecins qui me viennent en tête. Aussi, d’entendre Louis Godin employer le mot inquisition contribue, en ce qui me concerne, à discréditer sa cause.

Écouter l’entrevue donnée par le Docteur Louis Godin à Patrick Masbourian


Dans le cours d’éthique et culture religieuse

Trop peu, trop tard, diront certains, mais c’est un véritable acte de contrition, païen plutôt que catholique, que le metteur en scène Serge Denoncourt a livré, cette semaine. Dans une missive publiée dans La Presse+, l’homme de 59 ans admet que lui-même et à peu près tout le milieu artistique québécois savaient qu’Edgar Fruitier, le Loup-Garou du Pirate Maboule, « était un prédateur sexuel ».

Lire la lettre ouverte de Serge Denoncourt

Le plus troublant, c’est que les propos de Denoncourt reflètent une réalité qui s’est étalée sur plusieurs époques, jusqu’à tout récemment, alors que les victimes de gestes de nature sexuelle étaient pointées du doigt et que leurs agresseurs étaient perçus en martyrs. Ayant lui-même subi les attouchements d’Edgar Fruitier, selon ce qu’il mentionne, l’acteur et metteur en scène démontre de l’empathie envers celui qui l’a dénoncé et fait condamner, et pourfend les défenseurs, nombreux en raison de son âge avancé, de l’agresseur.

À défaut d’avoir porté plainte de façon officielle quand il avait l’occasion de le faire, je constate cependant que le contexte de l’époque aurait pu nuire à sa carrière, la sortie de Serge Denoncourt a au moins le mérite de confirmer une situation et d’établir que l’âge, la réputation et l’orientation sexuelle n’ont pas à être pris en considération dans les cas d’abus.


Et je cite :

« Pauvre Edgar ? Pour ses fugues en sol mineur, Edgar doit faire face à la musique. »

Daniel L’Heureux, journaliste à la retraite, le 24 octobre 2021.

Dans le cours d’éthique et culture religieuse, deuxième période

Cet intertitre ne sera plus, d’ici deux ans. C’est parce que le cours d’éthique et culture religieuse (É.C.R.) laissera sa place au nouveau cours de culture et citoyenneté québécoise, tant dans le programme primaire que dans celui du secondaire. Ceci s’inscrit dans un continuum logique. Il y a une douzaine d’années, le cours d’É.C.R. avait lui-même succédé au cours d’enseignement moral et religieux, dont l’offre se déclinait en trois catégories : l’enseignement moral, l’enseignement moral et religieux catholique, de même que l’enseignement moral et religieux protestant.

Les principales religions feront toujours partie du curriculum dans le nouveau cours, mais céderont de l’espace à des sujets qui se doivent également d’être enseignés. Parmi eux, notons la citoyenneté numérique et l’éducation à la sexualité, cette dernière étant actuellement obligatoire, mais peu encadrée.

Bien que le ministre de l’Éducation ait mentionné que les différents acteurs du milieu aient été consultés dans le cadre de cette réforme, personne n’a eu vent de cette consultation. Cependant, les bribes de contenus qui ont été rendues publiques me semblent des plus pertinentes et en lien avec ce qu’une école moderne doit offrir à sa clientèle.


Dans le cours de mathématiques

La parité se rapproche de l’égalité, si elle ne l’atteint pas. Histoire d’assurer un équilibre des genres sur les conseils d’administration des sociétés d’État, le gouvernement du Québec a déposé cette semaine un projet de loi visant à s’assurer que les proportions d’hommes et de femmes y siégeant se situent toujours entre 40 % et 60 %. Par exemple, si un CA compte dix personnes, pas moins de quatre et pas plus de six devront être des femmes.

Le hic, c’est que sur les conseils d’administration d’Hydro-Québec, de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ainsi que de Loto-Québec, la proportion de femmes dépasse actuellement les 60 %. C’est donc dire que si le libellé du projet de loi demeure tel quel, une fois adopté, des femmes devront laisser leur siège à des hommes.

Sur une patinoire, on dirait que le gouvernement a marqué dans son propre filet.


Dans le cours de musique

Cette semaine marquait le début de la Série mondiale de baseball. Il m’est très difficile de penser à ce sport sans y associer le grand Jacques Doucet qui, à 81 ans, décrit encore des matchs à la télévision. Le commentateur s’est vu offrir l’occasion d’immortaliser sa voix dans une pièce musicale, et c’est celle que je vous présente en #musiquebleue.

Membre du groupe de hip-hop Dead Obies, 20some a lancé l’enregistrement simple Home Run, au début du mois d’octobre. Avant d’écouter la pièce, je croyais qu’il avait capté la voix de Jacques Doucet à travers ses descriptions, mais je me trompais ! Les expressions de Monsieur Doucet sont originales et ont été enregistrées pour l’œuvre de l’artiste.

20some – Home Run (avec Jacques Doucet) – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Aujourd’hui, je laisse parler un gazouillis du Média Positif.

Existe-t-il des initiatives du genre, chez nous ? Je serais curieux de les connaître et heureux de les diffuser ici !