Billet du 2 mai 2025 : Dérapages

J’aurais pu titrer mon billet de cette semaine « Quand on crache en l’air, ça nous retombe sur le nez », mais c’eût été trop long. À titre court, histoires courtes. Nos personnalités politiques nous ont fourni du grand matériel en ce sens, au cours des derniers jours.

Un pays artificiel
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, s’est attiré les foudres des autres chefs de partis en déclarant que le Canada était un pays artificiel, sous prétexte qu’il regroupait des régions avec des problèmes et des besoins différents en un seul centre décisionnel, sa capitale. Ce faisant, monsieur Blanchet a décrit ce qui constitue également la réalité d’à peu près tous les pays d’Europe, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Australie et les États-Unis, pour ne nommer que ceux-là. Ça fait beaucoup de pays artificiels. En passant, ne serait-ce pas aussi vrai pour un Québec indépendant ?

Rabaisser les autres
Quand j’enseignais, j’expliquais souvent à mes élèves qu’on ne se valorise pas en rabaissant les autres. Pierre Poilievre a passé plus de deux ans à tirer à boulets rouges sur Justin Trudeau, à lui imputer tous les problèmes du Canada. Il avait réussi à convaincre les Canadiens et se dirigeait assurément vers le trône de premier ministre, avec une avance de près de 25 points dans les sondages. Mais voilà, Trudeau a décidé de partir, emportant la gale avec lui. Son successeur, Mark Carney, a rapidement déclenché des élections avant qu’on ne puisse lui reprocher quoi que ce soit. Résultat : Poilievre n’est pas premier ministre et n’est même plus député.

Réprimer plutôt qu’éduquer
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé qu’à partir de septembre, les téléphones mobiles allaient être interdits sur le territoire de toutes les écoles primaires et secondaires, publiques et privées, du Québec. Inciter les élèves à faire autre chose qu’avoir les yeux sur un écran est bien en soi. Toutefois, le règlement ne prévoit aucune mesure parallèle pour contrer la cyberintimidation ou encourager les activités physiques, ludiques ou culturelles, les deux raisons principales du bannissement. On rate ici une belle occasion d’instruire et d’éduquer.

Civisme, avez-vous dit ?
« On veut instaurer une culture du civisme », a dit le ministre Drainville lors de la même conférence de presse, alors qu’il annonçait que tous les élèves devraient maintenant vouvoyer leurs enseignantes et enseignants. Le même jour, un échange peu édifiant impliquant son chef, le premier ministre François Legault, s’est déroulé à l’Assemblée nationale. Celui-ci a insulté à profusion la députation de Québec solidaire, refusant d’obtempérer aux demandes de la présidente, Nathalie Roy, de retirer ses paroles, mais en… vouvoyant les personnes à qui il s’adressait !

Le Journal de Montréal a diffusé un extrait vidéo du manque de civisme de celui qui veut instaurer une culture du civisme.

Rebaptiser Canadian Tire et Winners ?
Durant la même semaine, le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, va à l’encontre de l’ordonnance de l’Office québécois de la langue française en permettant l’affichage du Go ! Habs Go !, mais demande à toutes les bannières commerciales établies au Québec d’afficher leur nom avec une nette prédominance du français.

Laver son linge sale en famille
Il y a longtemps qu’on n’avait pas assisté à une chicane chez les souverainistes québécois. On s’en inquiétait presque. Après que Yves-François Blanchet ait tendu la main à Mark Carney afin de faire fonctionner la Chambre des communes, Paul St-Pierre Plamondon l’a publiquement rabroué en mentionnant que ce n’était pas le rôle des souverainistes de collaborer avec le premier ministre canadien, même dans le contexte des tensions avec l’administration américaine. Les souverainistes ont beau qualifier le Canada de pays artificiel, leurs chicanes intestines sont, elles, 100 % authentiques.


Dans mes écouteurs

Ayelet Rose Gottlieb, chanteuse et compositrice née à Jérusalem et installée à Montréal, évolue à la croisée du jazz, de la poésie et de l’expérimentation sonore. Ses projets, souvent inspirés par des textes anciens ou des expériences personnelles, donnent à la voix un rôle central et expressif. Avec elle, le souffle, le silence et les mots deviennent des matières premières musicales.

De son plus récent album, Dust, voici la pièce Demain dès l’aube.

Ayelet Rose Gottlieb – Demain dès l’aube – Dust – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

C’est à Québec, dans un ancien presbytère transformé en lieu haut en couleur, que la toute première Maison de la BD a vu le jour au Canada. Ce nouvel espace offre un vibrant hommage à un siècle de création, de l’audace d’Albéric Bourgeois, pionnier du phylactère en 1904, jusqu’aux succès internationaux de Julie Doucet, Denis Rodier et Alex A. Le rez-de-chaussée, en accès libre, regorge de trésors graphiques qui racontent l’évolution de la BD québécoise, depuis les dessins de catéchisme jusqu’à l’émergence d’icônes comme L’Agent Jean.

Mais cette maison n’est pas un musée figé : elle vit au rythme de sa communauté et de ses artistes. Ateliers, lectures, lancements, dessins animés et événements familiaux s’y succéderont dans une programmation dynamique pensée pour tous les publics. En plus de mettre en valeur les talents souvent ignorés ici, mais applaudis à l’étranger, la Maison de la BD vient confirmer la maturité d’un art longtemps considéré comme mineur. Enfin, elle célèbre avec éclat et fierté ce qui nous distingue et ce qui nous unit, un trait de crayon à la fois.


Billet du 25 avril 2025 : Compter dans son propre filet

L’Office québécois de la langue française est ma bible. Je consulte son site plusieurs fois par semaine pour défier les difficultés de la langue française ou m’assurer du bon emploi d’un mot ou encore d’une expression. L’OQLF est mon ami.

Toutefois, comme avec n’importe quel ami, des désaccords peuvent survenir. On peut même trouver franchement exagérées certaines de ses prises de position. Comme celle d’exiger de la Société de transport de Montréal (STM) qu’elle cesse de faire défiler Go ! Habs Go ! sur les panneaux électroniques de ses autobus, ou qu’elle le remplace par une expression d’encouragement en langue française. La STM a donc traduit littéralement l’expression et affiché Allez ! Canadiens, Allez ! sur les panneaux de ses véhicules. Sacrilège, d’un côté comme de l’autre.

D’une part, Go ! Habs Go ! constitue une interjection qui nous est propre, une façon bien à nous d’encourager notre équipe locale qui participe aux séries éliminatoires pour la première fois en quatre ans. Go ! est certes un anglicisme, mais il est tout de même inclus dans certains dictionnaires de la langue française, dont le Robert. Tout le monde comprend la signification de Go !, même celles et ceux qui ne parlent pas l’anglais. Quel âge aviez-vous la première fois que vous avez compris ce que 1-2-3 Go ! voulait dire ? Si vous répondez assurément l’âge préscolaire, vous faites partie de la moyenne des gens. Même chose si vous vous délectiez du fameux Go ! Go ! Go !, crié par Yvan Ponton, au début du générique de la populaire série Lance et compte.

Habs ? C’est le diminutif d’Habitants, le surnom qu’on donnait autrefois au Club de hockey Canadien. Plusieurs personnes pensent encore, à tort, faut-il le préciser, que le « H » dans le logo de l’équipe est là pour rappeler ce surnom. Il a beau être prononcé à l’anglaise, comme on utilise Sens pour les Sénateurs d’Ottawa, le mot d’origine est bien issu de la langue française.

Quant au Allez! Canadiens Allez!, la STM en a manqué une. D’abord, je suis d’avis que l’opinion publique se serait rangée de son côté si elle avait défié l’OQLF et maintenu le Go! Habs Go!, parce que cette expression est consacrée. Ensuite, la STM aurait voulu offrir au public l’expression la plus terne et guindée pour encourager le Tricolore qu’elle n’aurait pas trouvé mieux. À la limite, elle aurait pu proposer Allez Montréal! en lui adjoignant la chanson Le but, de Loco Locass. Et pourquoi ne pas, tant qu’à y être, plonger dans la nostalgie en ramenant le traditionnel Les Canadiens sont là!, précédé ou non du fameux Halte-là!.

Vouloir trop protéger la langue, c’est parfois oublier qu’elle appartient aussi à celles et ceux qui la parlent. Ça, même l’OQLF devrait le savoir. Go ! Habs Go!


#LeProfCorrige

Dure semaine grammaticale pour les médias québécois. D’abord, chez ceux de Québecor :

Source : TVA Nouvelles

Dans l’article, dès qu’on clique sur une des icônes en forme de camion rouge, une fenêtre s’ouvre et le mot « Déchets » est transcrit avec un accent circonflexe sur le deuxième e.

Après les médias de Québecor, Radio-Canada, deux fois plutôt qu’une, a aussi fait preuve d’un manque de rigueur orthographique. Sur Internet :

Source : Radio-Canada.ca

Ici, on aurait dû lire « avait évoqué l’idée ». Le verbe évoquer conjugué au plus-que-parfait, comme c’est le cas dans ce passage de l’article, doit comprendre le participe passé et non l’infinitif.

Puis à la télévision, suite à la mort du pape :

Le mot « pontife » s’orthographie avec un e en finale. Lundi, c’est en l’absence de cette voyelle que le mot est apparu souvent et longtemps à l’écran.

La qualité du français dans les médias est un dossier beaucoup plus important qu’un Go ! Habs Go ! sur un écran d’autobus. L’OQLF devrait en prendre note.


Dans le cours de musique

Allez Montréal ! Parce que j’ai évoqué cette chanson plus haut, parce que le Canadien est en séries éliminatoires et que, tirant de l’arrière 2-0, il a besoin d’encouragements, parce que cette pièce de Loco Locass est excellente, parce qu’elle est purement québécoise et parce que, malgré l’absence de Go !, notre dialecte y est bien présent et bien mis de l’avant, voici Le but.

Loco Locass – Le but – Le but – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

À l’UQAM, Mélanie Côté-Cyr ne se contente pas d’étudier les protéines — elle les transforme en alliées de la guérison. Cette brillante doctorante en biochimie conçoit des hydrogels à base de protéines, capables de soutenir la régénération cellulaire et d’accélérer la cicatrisation des plaies. Grâce à des matériaux issus de bactéries probiotiques et à une touche d’ingéniosité, elle crée de véritables structures de soutien biologiques qui pourraient révolutionner les soins cutanés. Avec son laboratoire à la fine pointe de la recherche et un flair indéniable pour l’innovation, Mélanie tisse déjà, molécule par molécule, un avenir plus doux pour nos blessures.

Mais elle ne s’arrête pas là ! Entre deux tests en laboratoire, elle rêve aussi à des applications environnementales : et si ces mêmes nanomatériaux pouvaient servir à nettoyer la planète, en dégradant des polluants comme les microplastiques ? De la santé humaine à celle de la Terre, il n’y a qu’un peptide de distance. La science, quand elle est portée par des esprits aussi curieux qu’engagés, a décidément le don de faire du bien sur toute la ligne.


Billet du 10 janvier 2025 : Queneau, anglicismes et loup-garou

Les amateurs de littérature expérimentale connaissent bien Raymond Queneau, cette figure incontournable des lettres françaises qui a marqué le XXe siècle par ses innovations littéraires. Parmi ses œuvres les plus audacieuses, figure « Cent mille milliards de poèmes » publié en 1961. Ce livre défie l’imagination par son concept révolutionnaire. Ce livre, qui ne compte que dix pages, est pourtant considéré comme l’un des plus longs au monde grâce à son ingénieux système de vers interchangeables.

Le principe est d’une simplicité déconcertante : chaque page contient un sonnet, et chaque vers est imprimé sur une languette de papier indépendante que le lecteur peut manipuler à sa guise. Physiquement, l’ouvrage rappelle ces livres pour enfants où l’on peut combiner différentes parties de personnages en tournant des bandelettes de pages : tête, tronc et jambes s’assemblent pour créer des personnages fantasques et amusants. Ici, le principe est similaire, mais appliqué à la poésie : comme tous les sonnets suivent rigoureusement la même structure de rimes et la même construction grammaticale, n’importe quel vers peut être combiné avec n’importe quel autre vers correspondant des autres sonnets. Cette mécanique permet de générer exactement cent mille milliards de poèmes différents.

L’ampleur de cette création est telle qu’il est matériellement impossible pour un seul être humain de lire l’intégralité des combinaisons possibles. Queneau lui-même a calculé qu’en consacrant 45 secondes à la lecture de chaque poème, huit heures par jour, deux cents jours par an, il faudrait plus d’un million d’années pour venir à bout de toutes les possibilités. Cette œuvre magistrale, née au sein de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), dont Queneau était cofondateur, illustre parfaitement la façon dont une contrainte littéraire peut paradoxalement devenir source d’une liberté créative quasi infinie.

En définitive, voilà sans doute le seul livre au monde dont personne ne pourra jamais se vanter d’avoir lu toutes les pages — même les plus voraces des lecteurs devront se contenter d’un modeste échantillon. Un petit conseil : si vous tombez sur un exemplaire, ne vous fixez pas comme objectif de le terminer avant de commencer autre chose !


Dans le cours de français (et d’anglais !)

Les mots voyagent, évoluent et, parfois, reviennent sous une nouvelle forme : c’est toute l’histoire des anglicismes dans la langue française.

Au Québec, la question des anglicismes est un sujet sensible, car la langue française y est un élément essentiel de notre identité culturelle. Pourtant, les anglicismes s’imposent de plus en plus dans notre quotidien, notamment dans des domaines comme la technologie, les médias et la culture populaire. Des mots comme week-end ou encore chat (discussion en ligne) sont devenus courants, surtout chez les jeunes. Si l’Office québécois de la langue française (OQLF) propose souvent des équivalents, comme fin de semaine ou clavardage, il n’est pas toujours facile de faire adopter ces termes par tous. Les anglicismes restent populaires parce qu’ils sont souvent perçus comme plus branchés ou parce qu’ils proviennent directement des plateformes numériques où ils dominent.

Dans certains cas, les efforts de francisation réussissent mieux au Québec qu’ailleurs dans la francophonie. Par exemple, alors qu’en France, beaucoup continuent de parler d’e-mail, au Québec, courriel s’est bien implanté. De même, dans le domaine des jeux vidéo, certains préfèrent encore joueur et niveau à gamer et level. Mais ce n’est pas toujours le cas : des mots comme burn-out, deadline ou streamer gagnent du terrain, même si l’OQLF propose des alternatives comme épuisement professionnel, date limite ou diffuseur en continu. Certains anglicismes viennent même d’anciens mots français. Par exemple, fleureter, qui signifiait courtiser avec délicatesse, a traversé la Manche pour devenir to flirt en anglais, avant de revenir dans la langue française moderne sous la forme de l’anglicisme flirter. Ces va-et-vient linguistiques montrent à quel point nos langues sont interconnectées, notamment à travers les siècles d’échanges culturels et sociaux.

Ces allers-retours illustrent que la langue française, même au Québec, n’est pas figée, mais en perpétuelle évolution. Il ne s’agit pas de rejeter systématiquement les anglicismes, mais de faire preuve de discernement en intégrant ceux qui enrichissent véritablement notre vocabulaire, tout en valorisant les équivalents français existants. Cette approche permet de préserver la vitalité et la singularité du français québécois, tout en reflétant la réalité d’un monde globalisé où les échanges linguistiques sont constants.


Dans le cours de musique

Lou-Adriane Cassidy nous offre avec Journal d’un loup-garou un voyage introspectif envoûtant. Cet album marque un tournant dans la carrière de l’artiste, qui explore ici des sonorités plus électroniques tout en conservant l’authenticité de son folk rock.

L’album paraîtra le 24 janvier prochain. En voici un extrait, Cours, Cora, cours.

Lou-Adriane Cassidy – Cours, Cora, cours – Journal d’un loup-garou – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Les gens heureux sont ceux qui peuvent compter sur l’appui d’une communauté. Une communauté familiale, une communauté sociale, une communauté sportive ou une communauté religieuse, entre autres. C’est toute une communauté d’adolescents qui se rassemble régulièrement autour de Jonathan Dutil, atteint d’un cancer du cerveau.

Que fait cette communauté pour les aider, lui et ses parents ?

Le chroniqueur Patrick Lagacé, de manière touchante, l’a relaté dans La Presse.1 C’est un portrait de l’être humain dans ce qu’il a de meilleur à offrir. Je m’arrête ici et je vous laisse prendre connaissance du reportage.

1 Lagacé, Patrick. La meute de Jonathan. La Presse, Montréal. Le 5 janvier 2025.


Billet du 20 septembre 2024 : Refoulement de fonds

Chaque année, des dizaines de millions de dollars destinés à des services essentiels dans les écoles du Québec retournent dans les coffres du gouvernement, faute d’avoir été dépensés. 1 Ces fonds, initialement alloués à des mesures protégées, comme l’aide alimentaire, le tutorat, l’acquisition de livres jeunesse ou encore les sorties culturelles, se retrouvent souvent inutilisés par les écoles en raison de règles contraignantes. Ainsi, au cours des six dernières années, près de 98 millions de dollars alloués à quarante des centres de services scolaires (CSS) et commissions scolaires de la province n’ont pas été dépensés. Par exemple, le CSS des Navigateurs a accumulé un solde de 117 948 $ sur le budget de l’aide alimentaire pour l’année 2021-2022, soit 44 % des sommes qui lui avaient été attribuées. À Montréal, le plus grand centre de services scolaires a quant à lui laissé plus de 1,26 million de dollars inutilisés pour le tutorat durant l’année scolaire 2022-2023.

Ces sommes, pourtant essentielles à la réussite scolaire, se heurtent à un labyrinthe administratif rigide, rendant impossible toute flexibilité dans l’utilisation des fonds. Les écoles qui peinent à gérer des budgets trop contraints dans certains domaines ne peuvent pas redistribuer les surplus d’une mesure protégée à une autre, et doivent par conséquent les rendre au gouvernement. Par exemple, le CSS du Lac-Saint-Jean a terminé l’année avec un excédent de 22 000 $ pour des sorties culturelles, tout en accusant un déficit d’environ 8 000 $ en aide alimentaire. Cette rigidité fait que même les initiatives les plus louables finissent par échouer face à des contraintes bureaucratiques, tout en aggravant les disparités entre les établissements.

Et pendant ce temps, le gouvernement récupère ces millions non dépensés pour financer d’autres « priorités », alors que le secteur public continue de se débattre avec des manques criants de ressources. Au lieu d’aider les élèves à réussir, l’argent prévu à cet effet finit par remplir des caisses gouvernementales au détriment du réseau des écoles publiques québécoises.

1 Goudreault, Zacharie. Des millions de dollars destinés aux élèves retournés dans les coffres du gouvernement. Le Devoir, Montréal. Le 19 septembre 2024.


Dans le cours de français

Il y a des merveilles qui circulent parfois sur les réseaux sociaux. Quelqu’un s’est amusé avec les mots et ç’a donné ceci :

Je n’ai malheureusement pas la source.


Dans le cours de français, deuxième période

Voici une photo que j’ai prise dans une pharmacie près de chez moi :

#LeProfCorrige

En fait, y a-t-il quelque chose à corriger, ici ? C’est difficile à affirmer.

Quand j’ai vu le mot champlure, j’ai tout de suite pris les dispositions pour en faire une rubrique de mon billet hebdomadaire. J’ai quand même effectué quelques vérifications.

Voici ce qu’en dit le Petit Robert :

L’ouvrage accepte donc le mot, tout en précisant son régionalisme canadien et son caractère familier.

Qu’en est-il du Larousse ? Là, rien. Le mot champlure n’y est pas mentionné, donc pas accepté.

Alors, voyons ce que l’Office québécois de la langue française (OQLF) recommande. La recherche du mot nous mène directement à robinet, sous la définition duquel on peut lire ceci :

Le mot champlure est donc toléré par l’OQLF. Son caractère familier est défini comme suit :

« L’étiquette familier signifie que le terme est employé dans des situations où l’on s’exprime sans contrainte et où l’on ne surveille pas son langage, généralement à l’oral. »

Ainsi, il n’y a pas de faute dans l’affiche que j’ai photographiée.


Dans le cours de musique

Il a fallu attendre huit longues années avant que le groupe Avec pas d’casque nous revienne avec du nouveau matériel. Cardinal, paru le 13 septembre dernier, constitue le sixième album du quatuor montréalais. Voici la première des dix plages, Mâcher tes bottes.

Avec pas d’casque – Mâcher tes bottes – Cardinal – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont récemment réalisé une avancée spectaculaire dans le domaine des prothèses en créant une jambe artificielle entièrement contrôlée par le cerveau. Cette prouesse technologique incroyable permet aux personnes amputées de retrouver une mobilité aussi fluide que naturelle, grâce à des électrodes implantées dans les nerfs restants. Ces électrodes captent les intentions motrices du cerveau et les transmettent instantanément à la prothèse, qui réagit en temps réel. Les patients ayant testé cette innovation parlent d’une sensation presque « miraculeuse » : ils peuvent bouger leur jambe artificielle avec une aisance qui semblait autrefois inimaginable, leur redonnant ainsi une autonomie inespérée.

Cette percée prometteuse ouvre des perspectives infinies pour les personnes amputées, car elle efface les limites des prothèses traditionnelles, souvent jugées trop rigides ou épuisantes à utiliser. Les chercheurs sont remplis d’espoir que cette technologie révolutionnaire deviendra accessible à un plus grand nombre de patients dans un futur proche, transformant de manière significative leur qualité de vie. Ce développement marque un véritable tournant dans la recherche sur les interfaces cerveau-machine, et pourrait bien être le point de départ d’une nouvelle ère pour les prothèses, apportant un changement important dans le quotidien des personnes en situation de handicap.


Billet du 6 septembre 2024 : Le choc des cultures

Selon un article récent de La Presse1, les directeurs d’écoles privées semblent avoir trouvé le filon d’or : ils gagnent jusqu’à deux fois plus que leurs homologues du réseau public. On parle de salaires frôlant les 300 000 $ par année. C’est plus que ce que gagne le premier ministre du Québec. On pourrait presque croire que, pour ce prix-là, ils viennent avec une limousine en guise de véhicule de fonction ! Pendant ce temps, dans le réseau public, on fait des miracles avec des bouts de ficelle et un tableau interactif qui plante un jour sur deux.

Là où ça devient encore plus cocasse — ou plutôt désespérant, selon son humeur — c’est que ces écoles privées sont subventionnées entre 50 % et 70 % par des fonds publics. Oui, ces mêmes fonds qui, en théorie, devraient servir à soutenir nos écoles publiques en difficulté. Pendant que les directeurs d’écoles publiques jonglent avec des budgets serrés et des salles de classe surpeuplées, leurs collègues du privé roulent littéralement sur l’or.

Et c’est là que je m’insurge. Parce que franchement, cet argent public pourrait (et devrait) servir à améliorer le réseau scolaire public, où les besoins sont criants. Au lieu de financer des salaires exorbitants, utilisons ces ressources pour offrir de meilleures infrastructures, des conditions de travail dignes et une éducation de qualité à tous. Après tout, l’éducation, c’est l’avenir… et non, ça ne devrait pas être un luxe !

1 Vailles, Francis. Écoles privées : Des directeurs payés deux fois plus qu’au public. La Presse, Montréal. Le 3 septembre 2024.


Dans le cours de français

Une publication sur X du parolier Stéphane Venne a piqué ma curiosité, cette semaine.

A-t-il raison ? A-t-il tort ?

Une consultation du site de l’Office québécois de la langue française (OQLF) fournit une réponse précise. On y inscrit d’abord la définition du mot enjeu :

« Ce que l’on peut gagner ou perdre, par exemple, dans un projet, une lutte, une élection ou une activité. »

Ensuite, on y va de cette explication :

« Dans l’usage, le sens du mot enjeu tend à s’étendre pour désigner notamment une préoccupation majeure ou un défi. Parfois employé abusivement, il pourrait être remplacé, selon le contexte, par des mots tels que problèmesujetquestionthèmeproblématiquedossierconséquenceobjectif, défi, préoccupation. »

Source : La vitrine linguistique de l’OQLF.

Venne a raison, bien que l’usage abusif soit toléré.


Dans le cours de français, deuxième période

Une autre publication sur X a particulièrement attiré mon attention.

#LeProfCorrige

Le mot cent étant masculin, PSPP a-t-il commis une faute ? S’il voulait utiliser l’expression québécoise, qui féminise cette pièce de monnaie, n’aurait-il pas été préférable d’écrire « une cenne », entre guillemets ? Encore ici, voyons ce qu’en pense l’OQLF.

« Cent est un nom masculin et se prononce [sɛnt] (sènnt), avec le t final, au singulier comme au pluriel. Au Québec, cependant, cent est habituellement employé au féminin et prononcé [sɛn] (sènn), ce qui explique que l’on rencontre parfois, dans un style plus familier, la graphie cenne. »

Source : La vitrine linguistique de l’OQLF.

Il y a donc ambiguïté, ici. L’OQLF, se basant sur l’usage, évoque le féminin tant avec cent qu’avec cenne. Le tolère-t-il ? Probablement. L’accepte-t-il ? C’est loin d’être clair.


Dans le cours de musique

Princesses, c’est un trio de jeunes femmes montréalaises qui donnent dans le rock. Un rock francophone avec un son du début des années 1980. Il n’en fallait pas plus pour que je m’y intéresse. La chanson qui fera l’objet de la #musiquebleue de cette semaine s’inscrira dans un album à paraître sous peu, Face B. La pièce s’intitule Ras-le-bol.


Princesses – Ras-le-bol – Face B – #musiquebleue


La bonne nouvelle de cette semaine

La clinique Vivago, fondée par Giovanni Arcuri, se distingue par son approche profondément humaine et individualisée pour répondre aux besoins en santé mentale des jeunes adultes. Face à l’augmentation des idées noires et du sentiment d’isolement chez cette population, la clinique propose une gamme complète de services allant de l’ergothérapie à la psychiatrie, en passant par la sexologie et la psychologie. Son approche innovante se fonde sur l’écoute des besoins spécifiques de chaque client, établissant des objectifs personnalisés pour mieux les soutenir dans leur quotidien. Grâce à des partenariats avec des compagnies d’assurance, Vivago facilite aussi l’accès aux soins en prenant en charge les démarches de remboursement, permettant aux jeunes de bénéficier des services sans avoir à avancer les frais.

Engagée envers les communautés marginalisées, la clinique Vivago œuvre à créer un espace sécuritaire et inclusif, notamment pour les personnes LGBTQ+, souvent confrontées à des stigmates dans le milieu médical. En parallèle, Vivago a lancé la campagne « Viv-Action Jeunesse » pour amasser 75 000 $, visant à offrir davantage de services gratuits aux jeunes adultes. Cet engagement témoigne d’une volonté de bâtir une véritable communauté de soutien pour accompagner la jeunesse vers un avenir plus serein et équilibré.


Billet du 14 juin 2024 : Une octave électrisante

Avant cette semaine, j’ignorais totalement qui était Edgar Morin, jusqu’à ce que je tombe par hasard sur l’une de ses réflexions. Edgar Morin, né en 1921, est un sociologue et philosophe français reconnu pour ses travaux sur la complexité et la pensée complexe. Son approche interdisciplinaire et ses nombreuses contributions intellectuelles ont profondément influencé la manière dont nous comprenons les interactions humaines et les dynamiques sociales.

Et je cite :

« Le grand remplacement est celui des idées humanistes et émancipatrices par les idées suprématistes et xénophobes. »

– Edgar Morin, alors âgé de 100 ans, le 17 octobre 2021.

La réflexion d’Edgar Morin résonne profondément dans le contexte actuel. En Amérique du Nord, les dernières années ont été marquées par une montée inquiétante des idéologies de division. Aux États-Unis, la résurgence des mouvements suprémacistes blancs, visibles lors des événements tragiques de Charlottesville en 2017, et la rhétorique xénophobe de certaines figures politiques ont révélé une fracture sociale profonde. Par ailleurs, le traitement des migrants à la frontière mexicaine, souvent déshumanisé, témoigne de ce glissement vers des idées qui s’opposent aux principes humanitaires et émancipateurs.

À l’échelle mondiale, la montée des mouvements nationalistes et populistes dans plusieurs pays européens illustre également ce phénomène. En Hongrie, les politiques anti-immigration de Viktor Orbán, axées sur la protection d’une prétendue identité nationale homogène, en sont un exemple frappant. En France, le discours de certains partis politiques sur le « grand remplacement » reflète une peur de l’autre qui alimente les divisions. Ces exemples montrent comment les idées suprématistes et xénophobes gagnent du terrain, remplaçant les valeurs d’inclusion et de solidarité. Les résultats des élections de dimanche dernier au Parlement européen confirment également cette tendance, avec une progression notable des partis nationalistes et eurosceptiques. Les propos de Monsieur Morin nous rappellent l’importance de résister à ces tendances et de réaffirmer notre engagement envers les principes humanistes.


Dans le cours de français

On dirait que Stéphane Venne accapare mon travail.

Y a-t-il des fautes de français dans ces affirmations ? Il y a une faute, oui, mais elle n’a rien de grammatical ni d’orthographique.

#LeProfCorrige

Désolé Monsieur Venne, mais octave est un nom féminin. Ne vous en déplaise, on dit « UNE octave ». LCN a bien accordé ses mots.

Justement, Monsieur Venne, l’ouvrier est toujours vivant et n’a rien ressenti de plus qu’un picotement ! 1

Alors où est la faute ?

On peut baisser un son, une note ou une fréquence d’une octave. Une chanson ? Pas vraiment. Des chansons, encore moins.

1 Pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine: un travailleur électrisé sur le chantier. TVA Nouvelles. Le 12 juin 2024.


Dans le cours de musique

Thomas Bélair-Ferland est un auteur-compositeur-interprète de musique folk pop. Son parcours musical a débuté par des interprétations, puis il s’est orienté vers l’écriture et la composition de ses propres chansons. Son talent a été reconnu dès son jeune âge, puisqu’il a remporté deux concours à l’âge de 14 ans. Il a également eu l’occasion de faire la première partie d’Émile Bilodeau, en 2019.

Après deux albums, en 2017 et en 2020, il nous a récemment offert le simple T’étais où ? Je vous le propose en #musiquebleue.

Thomas Bélair-Ferland – T’étais où? – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’artiste peintre montréalais d’origine haïtienne Manuel Mathieu connaît une ascension remarquable aux États-Unis, marquée par une présence croissante dans des galeries et institutions prestigieuses. Installé à Miami, Mathieu a su capter l’attention par ses œuvres qui explorent les thèmes de la mémoire, de la résilience et de l’identité, inspirées par son histoire personnelle et la culture haïtienne. Ses créations se distinguent par une fusion unique de couleurs vives et de textures dynamiques, reflétant à la fois la beauté et la complexité de son héritage.

Son succès est amplifié par une récente exposition solo au Pérez Art Museum Miami, qui a renforcé sa réputation sur la scène internationale. La reconnaissance de son talent ne cesse de croître, ouvrant des portes vers de nouvelles occasions et collaborations. Mathieu continue d’explorer de nouvelles techniques et narratives, consolidant ainsi sa place parmi les artistes contemporains influents de sa génération.


Billet du 5 avril 2024 : Le vivre et le promouvoir

Pour qu’une langue reste vivante, il faut l’utiliser et la promouvoir, oralement comme par écrit. En ce qui concerne la promotion du français, au Québec, beaucoup de travail reste à faire. Dans la saga des messages rédigés uniquement en anglais sur des chandails et les murs des vestiaires de certaines équipes de la LHJMQ, les gens qui les ont défendues ou excusées sont autant à blâmer que les équipes elles-mêmes. En ce qui me concerne, prétendre préparer les joueurs à la réalité de la Ligue nationale de hockey est une bien piètre excuse, surtout lorsque le col du chandail du Canadien de Montréal arbore un LNH et non un NHL comme les autres équipes. Bravo à la formation montréalaise.

Pour ce qui est de l’usage du français, cependant, une étude de l’Office québécois de la langue française (OQLF), publiée hier, nous fournit des chiffres plutôt encourageants, si on fait partie du groupe qui considère que le français décline. Ainsi, la proportion de personnes s’exprimant en français dans l’espace public québécois est demeurée stable à 79 %, entre 2007 et 2022. Sur la même période, celles qui s’expriment en anglais sont passées de 10 % à 8 %, alors que celles qui le font dans les deux langues ont récupéré ces 2 %, allant de 11 % à 13 %.

Source : OQLF

Et le rapport ajoute :

« Chez les anglophones, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 20 % à 25 %), alors que la proportion de celles utilisant l’anglais a diminué (de 57 % à 43 %). Chez les allophones, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 54 % à 57 %), et celle des personnes utilisant l’anglais a diminué (de 27 % à 23 %). Chez les personnes parlant le français et l’anglais à la maison, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 40 % à 48 %), tandis que la proportion de celles utilisant le plus souvent l’anglais a diminué (de 17 % à 6 %). »

L’ombre au tableau touche la langue de service, alors que 8 % des personnes interrogées ont affirmé ne pas pouvoir être servies en français dans un commerce. Cette proportion grimpe à 10 % pour les régions de Montréal et de Gatineau. Lorsqu’on regarde l’évolution des plaintes à L’OQLF concernant la langue de service, celles-ci constituaient 26 % des plaintes totales en 2020-2021, avant de grimper à 34 % en 2021-2022 et 38 % en 2022-2023.

Au Québec, la loi impose à la base le service en français dans tous les commerces. Tant mieux si ces derniers sont en mesure de servir également dans d’autres langues. Mais face à ceux qui dérogent à cet aspect de la loi, il faut insister. Insister pour être servi en français, que ce soit dans un commerce montréalais ou dans un aréna de Drummondville ou de Chicoutimi, constitue une des nombreuses façons de le promouvoir. Et de le vivre.

Office québécois de la langue française. Langue de l’espace public au Québec en 2022. Avril 2024. 52 pages.


Dans le cours de français

J’étais dans la jeune vingtaine quand j’ai rédigé une note à un collègue, lui indiquant qu’un autre camarade de travail voulait ravoir quelque chose. Le papier en avait fait rire plusieurs, pour qui j’avais « inventé » un mot. Je m’étais défendu en affirmant qu’il était possible de ravoir. On m’avait alors répondu en essayant de conjuguer le verbe pour me montrer le ridicule de la situation. Certain de ce que j’avançais, j’avais alors ouvert un Bescherelle pour découvrir que ravoir est un verbe défectif, c’est-à-dire un verbe qui ne se conjugue pas ou qui se conjugue partiellement. Dans le cas qui nous occupait alors, le verbe n’existe qu’à l’infinitif.

Au cours des derniers jours, on m’a lancé le défi de conjuguer le verbe frire à l’imparfait. Après quelques hypothèses, je me suis lancé dans une recherche sur internet, qui m’a dirigé du côté des verbes défectifs. Sauf qu’au contraire de ravoir, frire se conjugue à plusieurs modes, temps et personnes. Si on ne regarde que le mode indicatif, frire se conjugue entièrement au passé composé, au passé antérieur, au plus-que-parfait et au futur antérieur. Au présent et au futur simple, il ne se conjugue qu’aux trois personnes du singulier. À l’imparfait et au passé simple, pas du tout ! Pour ce qui est des autres modes, les situations sont comparables. Dans l’usage courant, on préférera conjuguer faire frire plutôt que frire, pour les modes, temps et personnes où il est impossible de l’employer.

Quels sont les autres verbes défectifs ? Wikipédia en dresse une liste. J’ai été étonné d’y trouver clore, dissoudre, extraire et soustraire, entre autres.

Wikipédia, l’encyclopédie libre. Le verbe défectif.


Dans le cours de musique

On écoute Alexandra Stréliski qui, le 24 mars dernier, lors du gala des prix Juno, rendait hommage à sa façon au regretté Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys Fringants. Voici une variation sur le thème Les étoiles filantes.

Alexandra Stréliski – Les étoiles filantes (variation) – Gala des prix Juno 2024 – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Deux pour le prix d’une, cette semaine. Une qui m’a échappé à l’automne passé, ainsi qu’une fraiche de quelques jours. Dans les deux cas, c’est le Québec qui s’illustre à l’international.

D’abord, qui produit le meilleur chocolat au lait au monde ? Non, ce n’est pas une maison suisse, encore moins une entreprise de la Côte-Ouest américaine. Ce sont les artisans de la compagnie Chaleur B (chaleurb.com), sise dans notre Gaspésie bien à nous. Au cours des dernières années, leurs différents chocolats ont remporté plusieurs prix au International Chocolate Awards. Lors de la compétition tenue en novembre 2023, en Italie, le premier prix leur a été décerné grâce à leur chocolat au lait, dont la teneur en cacao est de 51 %. L’entreprise développe ses saveurs à partir de fèves d’Amérique Centrale et d’aliments québécois.

Du chocolat, on passe à la photographie. Cette semaine, Charles-Frédérick Ouellet (charlesouellet.ca) est devenu le premier photographe québécois depuis 25 ans à voir une de ses photos être primée par le prestigieux World Press Photo. Organisation reconnue depuis 1955 pour son exposition annuelle vouée au photojournalisme, elle fait escale à chaque fin d’été à Montréal pour y accueillir de nombreux visiteurs. La photo retenue, dans la catégorie Images uniques (Amérique du Nord et Amérique Centrale), est celle d’un pompier debout sur un rocher, lors des feux de forêt de l’été dernier. Le cliché est en noir et blanc.

Monsieur Ouellet saura le 18 avril prochain si son oeuvre passe au-delà du prix régional et est sélectionnée pour une reconnaissance à l’échelle mondiale.


Billet du 20 octobre 2023 : Bien se prendre en main

Une sortie culturelle nous a emmenés dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, cette semaine, ma conjointe et moi. Le bistro où nous avions l’habitude d’aller nous restaurer avant le théâtre étant réservé pour un groupe privé, nous nous sommes déplacés quelques centaines de mètres plus à l’est et avons découvert Agrigourmet.

Cela fera bientôt quatre ans que je rédige ici mes billets hebdomadaires et je crois n’avoir jamais fait la publicité d’un commerce ou d’un autre genre d’entreprise. Il y a un début à tout.

Les repas qui y sont servis sont frais et délicieux. Tout est préparé sur place à partir de produits cultivés ou élevés ici. L’entreprise est écoresponsable.

Ayant presque toujours œuvré au sein d’organismes communautaires, le propriétaire a fondé Agrigourmet en 2011 afin d’aider son père, nouvellement veuf, à bien se nourrir. Si l’endroit dispose de quelques tables pour consommation sur place, c’est surtout avec les produits vendus au comptoir ou livrés à domicile que le gros du chiffre d’affaires est réalisé. La clientèle principale est constituée d’aînés en légère perte d’autonomie.

Ce fut pour nous une magnifique et succulente découverte !


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Une grande partie de ma vie a été consacrée à la promotion de la langue française. C’est une des raisons pour lesquelles je suis devenu enseignant, en plus de m’inspirer la conception de ce blogue.

D’un autre côté, j’accepte bien l’idée de revoir le financement des universités, si c’est pour améliorer leur situation tout en évitant le surendettement étudiant.

Par contre, quand il s’agit de revoir le financement des universités en doublant les droits d’accès aux étudiants non francophones de l’extérieur du Québec et en prétextant la protection de la langue française pour le faire1, alors là, je décroche. Le problème est bien réel, mais la solution du gouvernement Legault est mauvaise.

De plus en plus, le Québec est vu comme un leader mondial dans plusieurs technologies. On peut penser aux différentes énergies propres et au multimédia, pour ne mentionner que celles-là. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, peut-on se permettre de lever le nez sur d’excellentes candidatures à former ici pour développer ces domaines ? Poser la question, c’est y répondre. Bien sûr, certains de ces talents ne feront que passer et retourneront à la maison, leur diplôme d’une université québécoise en poche. Dois-je rappeler qu’une multitude de gens d’ici ont emprunté le chemin inverse et détiennent des grades acquis à l’étranger ?

À travers le monde, le Québec est perçu comme une société ouverte et sa métropole, comme une ville internationale et un pôle universitaire d’importance. Une mesure aussi conservatrice et discriminatoire envers des jeunes ne peut que nuire à cette réputation.

Si le gouvernement veut protéger et promouvoir la langue française, il peut d’abord commencer par s’assurer que les règles déjà existantes sont appliquées. La loi prévoit que le français doit constituer la langue de travail pour les entreprises de plus de 25 employés, et la langue de service partout sur le territoire. Un étudiant étranger désirant s’établir en permanence ici ne devrait avoir d’autre choix que de s’y soumettre sur son éventuel lieu de travail.

Quant à la population québécoise, nous avons également un énorme examen de conscience à effectuer. Insistons-nous toujours pour recevoir des services en français dans nos commerces et industries ? Et quand je lis que sur une période de onze semaines, en 2021, la musique d’ici a représenté moins de 9 % des 4,6 milliards de chansons écoutées au Québec sur des plateformes comme Spotify et Apple Music2, je me dis que nous sommes sans doute les plus grands responsables du déclin de notre langue.

1 Labbé, Jérôme. Québec haussera les tarifs pour les étudiants universitaires non résidents. Radio-Canada. Le 13 octobre 2023.

2 Côté, Émilie. Moins de 10 % de la musique écoutée est québécoise. LaPresse.ca. Le 23 juin 2022.


Dans le cours de français

Il est de ces expressions qui requièrent une orthographe dont on doute chaque fois qu’on doit l’utiliser. Dans un courriel que j’ai dû envoyer, jeudi, j’ai énoncé prendre en main. Dans cette expression, main doit-il s’écrire au singulier ou au pluriel ? Prendre en main ou prendre en mains ?

Une vérification dans ma bible, le site de l’Office québécois de la langue française, m’a confirmé que les deux orthographes sont acceptées. Il en est de même avec à pleine(s) main(s), en main(s) propre(s) et changer de main(s).


Dans le cours de musique

Bassiste et artiste du jazz fusion, Carl Mayotte a présenté son troisième album, Carnaval, cette semaine. Avec Sylvain Luc à la guitare, voici la pièce Le Saltimbanque.

Carl Mayotte – Le Saltimbanque – Carnaval – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Rares sont les artistes qui ont pris le temps de m’écrire pour me remercier d’avoir diffusé une de leurs pièces en #musiquebleue, dans un de mes billets. Parmi ceux qui l’ont fait, il y a Emmanuel Travis.

Son album Dopamine, dont j’avais inclus un extrait dans mon billet du 28 avril dernier, se retrouve en nomination dans la catégorie Album ou EP soul/R&B au GAMIQ (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec), qui aura lieu le 27 novembre prochain. La catégorie R&B est présentée pour la première fois à ce gala. Emmanuel en sera-t-il le premier gagnant ? On le lui souhaite !


Billet du 13 octobre 2023 : « Le monde est fou, c’est ce qu’on en dit »

Nous baignons dans les saugrenuités, depuis les deux dernières semaines. Quand on regarde l’actualité, on ne peut que constater que la liste est longue pour une si courte période.

  1. Au lendemain de la perte d’une circonscription dans une élection partielle, le premier ministre parle de relancer le projet de troisième lien dans sa forme originale, quelques mois seulement après avoir déclaré que son besoin n’était pas démontré ;
  2. Aux États-Unis, le président de la Chambre des représentants est destitué par les élus de son propre parti ;
  3. Les cinq équipes du baseball majeur ayant obtenu le meilleur rendement en saison régulière présentent une fiche combinée d’une victoire et treize défaites dans les séries éliminatoires;
  4. Sans crier gare, les hostilités ont repris entre le Hamas et Israël, faisant des milliers de morts en quelques jours ;
  5. Un ancien président américain subit plusieurs procès en même temps, tant au civil qu’au criminel ;
  6. Il aura fallu attendre 156 ans avant de voir un membre des Premières Nations être élu à la tête du gouvernement d’une province canadienne ;
  7. La CBC embauche un studio parisien pour la traduction d’un de ses populaires balados, plutôt que de la confier à sa branche francophone ou, à tout le moins, à une entreprise privée du pays dont elle est une société d’État.

Y en a-t-il à ajouter ? Je songe à formuler une plainte. Qui s’occupe des saugrenuités ?


Dans le cours de français

Une des expressions qui revient le plus souvent dans les situations d’écriture de mes élèves est jeu vidéo. À leur âge, c’est normal. Les premières années, j’admets avoir éprouvé des difficultés, dans mes soirées de correction, avec le pluriel de cette expression.

Doit-on écrire jeux vidéos ou jeux vidéo ?

Classé comme adjectif, la règle de base voudrait que vidéo s’accorde. Mais ici, l’adjectif découle d’un nom précédé d’un sous-entendu : des jeux (utilisant la) vidéo. Pris ainsi, le mot ne devrait pas s’accorder.

Qu’en pense l’Office québécois de la langue française ?

L’organisme mentionne que « [selon] l’orthographe traditionnelle, il ne s’accorde pas, mais suivant les rectifications de l’orthographe, il prend la marque du pluriel. » En termes clairs, les deux graphies sont acceptées. Au grand plaisir de mes élèves !

Office québécois de la langue française. Accord de l’adjectif vidéo. Dernière mise à jour : 2018.


Dans le cours de musique

La semaine dernière, j’ignorais qui était Jonathan Personne. Aujourd’hui, j’ai entendu presque toute son œuvre solo, c’est-à-dire les pièces de trois albums. En nomination dans trois catégories au GAMIQ (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec), dont celle de l’artiste de l’année, il donne dans le rock post-punk, avec un son rétro guidé par des guitares et des synthétiseurs qui évoquent les années 1970.

Le voici avec Un homme sans visage.

Jonathan Personne – Un homme sans visage – Jonathan Personne – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il y a une dizaine d’années, ma classe et les autres classes de 6e année de l’école où j’enseignais alors avions organisé une activité de financement, dont les profits allaient être versés à un jeune athlète du même âge que nos élèves. Les fonds amassés étaient destinés à être investis dans son développement, à travers les entraînements et la participation à quelques tournois. L’athlète en question était un jeune gymnaste, fils d’une connaissance d’une de mes collègues. Son nom : Félix Dolci.

Ce même Félix Dolci, aujourd’hui âgé de 21 ans, vient d’abord d’aider l’équipe canadienne de gymnastique à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris. Quelques jours plus tard, il a terminé en 5e place des qualifications au sol, lors des Championnats du monde, en Belgique. C’était la première fois en plus de 17 ans qu’un Canadien se classait dans le top -5.

Il sera des Jeux panaméricains, au Chili, du 20 octobre au 5 novembre.


Billet du 1er septembre 2023 : Incohérence généralisée

Il a fallu réagir rapidement quand la pandémie de COVID-19 et le confinement qui l’accompagnait se sont pointés. Plusieurs paradigmes sont tombés, alors que s’est imposée une révision complète de nos modes de fonctionnement. Avec le recul, on s’est vite aperçu que certaines des nouvelles façons de faire méritaient à tout le moins qu’on réfléchisse à leur maintien. Le télétravail en constitue un bon exemple. Force a été d’admettre que dans plusieurs milieux, il a favorisé de meilleurs rendements de la part des employés.

Dans les écoles primaires et secondaires, l’allègement des examens du ministère et le passage de trois étapes à deux étapes se sont avérés bénéfiques tant pour les élèves que pour le corps enseignant. Des épreuves ministérielles plus courtes, moins nombreuses et à plus petite pondération ont tout de même permis de recueillir un échantillonnage pertinent de l’évolution des élèves, tout en réduisant leur degré d’anxiété face à ces évaluations.

Quant aux deux étapes, elles ont permis aux enseignants d’accorder plus de temps aux apprentissages des élèves, objectif premier de leur mission. En effet, un bulletin de moins à produire épargne de trois à quatre semaines d’évaluations de toutes sortes.

Cette semaine, le ministre Drainville a annoncé le retour à la situation d’avant-COVID, soit une année scolaire à trois bulletins, ainsi que de lourdes épreuves ministérielles à être réalisées quand le soleil des après-midis de juin chauffera la brique et le béton des écoles, au point d’en rendre insoutenable la chaleur des salles de classes mal ventilées. Entre maintenir des mesures gagnantes et donner l’illusion d’effacer les derniers vestiges de la pandémie dans son réseau, le ministre de l’Éducation a choisi la seconde option. En fait, le savait-il que ces mesures s’avéraient finalement gagnantes ?

Si seulement les enseignantes et les enseignants avaient été consultés.


Dans le cours d’univers social
Volet histoire et géographie

En début de semaine, la Chine s’est permis de rappeler au Canada ses obligations internationales1, suite à la hausse de l’itinérance dans la capitale canadienne, où elle possède une ambassade. Elle craint pour la sécurité de ses diplomates et demande ainsi au gouvernement canadien d’agir pour réduire l’itinérance et la toxicomanie.

Obligations internationales ?

J’aimerais que quelqu’un rappelle à la Chine qu’elle a massacré des centaines d’étudiants en 1989, qu’elle persécute et élimine ses Ouïghours et qu’elle a séquestré, torturé et condamné à mort deux Canadiens innocents durant plus de 1000 jours, avant de les relâcher. Je ne mentionne ici que trois de ses nombreux manquements aux règles édictées par l’Organisation des Nations unies (ONU), dont elle est membre.

Pour la cohérence et la crédibilité, on repassera.

1 Gerbet, Thomas. L’ambassade de Chine se plaint d’être « envahie » par des itinérants d’Ottawa. Radio-Canada.ca. Le 28 août 2023.


Dans le cours de français

Quand je suis devenu #LeProfCorrige, lors de la campagne électorale québécoise de 2018, ma classe virtuelle n’était composée que de personnalités politiques. Par extension, depuis que je rédige mes billets hebdomadaires, j’y ai ajouté celles du monde médiatique.

Aujourd’hui, je me permets une exception. Je m’en veux presque de m’en prendre à un transporteur scolaire, dont la mission est plus pratique que littéraire. Toutefois, quand on fraye dans un milieu écolier on doit, selon mon humble avis, apporter un minimum de soin à la forme de son message.

#LeProfCorrige

Voici ce qu’on aurait dû lire :

« Bonjour à tous, nous sommes en pleine (au singulier) effervescence de la rentrée, alors partagez en grand nombre car il nous manque quelques conducteurs de minibus dans Lasalle, Lachine, Verdun, Vaudreuil-Dorion, ainsi qu’une berline pour Rigaud. Aidez-nous en partageant le plus possible. Merci beaucoup. »


Dans le cours de musique

Avec la sortie de son nouvel album, 99 Nights, difficile de passer à côté de Charlotte Cardin pour la #musiquebleue de cette semaine. Voici Confetti.

Charlotte Cardin – Confetti – 99 Nights – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Après l’annonce d’un jeu télévisé voué à la promotion de la langue française (La langue dans ma poche, Télé-Québec, avec Anaïs Favron et Mike Clay à l’animation), voilà qu’un studio montréalais de création de jeux vidéos, Affordance, lancera sous peu une série d’applications lexicales visant à permettre aux joueurs d’apprendre et de perfectionner leur français tout en s’amusant sur leurs plateformes favorites.

À l’origine de cette initiative se trouve un Américain francophile, Avery Rueb, cofondateur d’Affordance. Le tout sera réalisé en collaboration avec l’Office québécois de la langue française.

Site d’Affordance

Durivage, Pierre-Marc. Avery Rueb, le Jim Corcoran du jeu vidéo. La Presse, Montréal. Le 23 mars 2021.