Billet du 8 décembre 2023 : Journal de grève, 3e semaine

J’ai l’habitude d’écrire à la première personne du singulier. Je trouve présomptueux de se servir du pronom « nous » pour faire valoir sa position. Cependant, après de nombreux échanges avec les collègues, je peux affirmer que nous avons vécu deux grandes déceptions, cette semaine.

La première est survenue lundi. La veille, en soirée, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) avait soumis une contre-offre à la plus récente proposition gouvernementale. En matinée, la présidente du Conseil du trésor la rejetait devant les médias, avant même d’en avoir informé le syndicat. Cette façon de procéder propre au gouvernement actuel a été dénoncée seulement deux jours plus tard par six professeurs spécialisés en relations de travail à l’Université de Montréal 1.

Et je cite :

« On utilise le micro et les médias pour faire des déclarations alarmistes et aller chercher l’appui de la population. On se rend compte que ça n’aide pas aux tables de négociation, ça crée des braquages et des gens en colère. »

Mélanie Laroche, professeure en relations industrielles, Université de Montréal, le 6 décembre 2023. (Source : La Presse)

Tôt lundi matin, avant cette sortie de la ministre LeBel, nous étions certains que le retour en classe était imminent. Sincèrement, il y avait de la joie et de la bonne humeur sur les lignes de piquetage. Nous avons brutalement été ramenés à la réalité.

C’est mercredi soir que nous avons vécu la seconde déception : l’annonce de l’offre de bonification salariale de 12,7 % sur cinq ans (16,7 % pour une infime minorité d’employés du secteur public). Selon les prédictions rapportées par plusieurs médias, l’inflation pour cette même période devrait atteindre 18,1 %.

D’abord, comme je l’indiquais dans mon billet du 24 novembre dernier 2, la question salariale ne constitue qu’un élément parmi d’autres dans nos revendications. Malgré le fait que notre rémunération se situe bien en deçà de la moyenne canadienne, nous ne réclamons dans le contexte actuel qu’une indexation au taux d’inflation. Là-dessus, je rappelle qu’à l’automne 2022, les députés se sont voté une hausse salariale de 30 %, pas sur cinq ans, mais sur un an. Je rappelle également qu’en septembre dernier, ce gouvernement offrait une augmentation de 21 % aux policiers de la Sûreté du Québec. Préalablement acceptée en entente de principe, l’offre a finalement été rejetée quand les syndiqués se sont prononcés dessus.

Donc, les députés s’octroient 30 % sur un an, les policiers refusent 21 % sur cinq ans et on n’offre que 12,7 % aux enseignantes et enseignants.

Je reprends mon « Je ». La déception était certes collective, mais après deux semaines de grève du personnel affilié à la FAE, à l’aube d’une grève de six jours du front commun qui viendra fermer toutes les écoles encore ouvertes, si le gouvernement n’offre que 12,7 % un 6 décembre, il est clair à mon esprit que c’est parce qu’il est déterminé à faire perdurer les négociations jusqu’après la période des Fêtes. Je l’ai mentionné dans mon dernier billet et j’ai continué de le constater cette semaine, l’appui de la population à notre cause est toujours aussi fort. Cette stratégie risque de coûter cher à François Legault.

1 Morasse, Marie-Ève. Grève du secteur public : Les interventions publiques « n’aident pas ». La Presse, Montréal. Le 6 décembre 2023.

2 Billet du 24 novembre 2023 : Journal de grève, 1re semaine.


Déformation professionnelle

La députée Christine Labrie est enseignante de formation. Elle s’est portée à la défense de ses ex-collègues à quelques reprises, cette semaine, à l’Assemblée nationale. Ce faisant, elle a employé une épithète que la présidence lui a demandé de retirer. Sur sa page Facebook, madame Labrie a demandé à ses abonnés de lui suggérer un synonyme. Elle s’est cependant permis une liberté que je me permets de dénoncer ici.

#LeProfCorrige (même quand il est en grève)

Ici, le Fac ne passe pas ! Personne ne devrait écrire comme il ou elle parle. On aurait pu utiliser plusieurs marqueurs de relation pour débuter la phrase. Donc, alors, ce qui fait que, etc. Le reste de sa publication demeure impeccable.

Et pour tout le reste, madame Labrie, je vous remercie ! 🙏


Dans mes écouteurs

Musique intéressante que celle du duo Babylones. Actif depuis une dizaine d’années, il vient de produire un deuxième album complet, Humains. Je vous propose la pièce Cannibale.

Babylones – Cannibale – Humains – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

On constate un bel élan de solidarité de la part de la population envers les enseignantes et enseignants en grève. Les médias l’ont maintes fois répété, nous ne disposons pas d’un fonds de grève. Cela signifie que nous ne recevons aucun salaire depuis le 23 novembre et cela perdurera jusqu’à notre retour en classe, quand la grève générale illimitée aura pris fin.

Si la situation actuelle est financièrement difficile pour nous tous, elle est précaire et déjà critique pour plusieurs. À l’initiative de citoyens, des groupes d’entraide se sont rapidement formés. Ce samedi, 9 décembre, les personnes désirant aider le personnel scolaire en grève pourront effectuer des dons (on évite l’argent) à différents endroits.

Il y a également moyen de contribuer en répondant à des besoins exprimés sur la page Facebook Entraide pour les profs en grève.


Billet du 1er décembre 2023 : Journal de grève, 2e semaine

Je vis actuellement ma première grève générale illimitée. Cependant, il m’est arrivé de vivre des journées de débrayage, individuelles ou regroupées, ainsi que plusieurs autres moyens de pression. Il y a véritablement quelque chose de différent, cette fois-ci.

Chez les collègues, d’abord. Jamais n’ai-je constaté une telle motivation. Personne n’aime être en grève, encore moins à long terme, mais la situation est telle que la poursuite de cet ultime moyen de pression demeure perçue comme une nécessité tant que des engagements fermes et concrets pour l’amélioration de nos conditions de travail ne seront pas mis de l’avant.

Ensuite, il reste étonnant de constater l’appui des parents des élèves et de la population en général. Sur les lignes de piquetage, plusieurs passent nous offrir le café ou des gâteries alimentaires. De nombreux automobilistes nous encouragent à coups de klaxon.

Finalement, et c’est du jamais vu en ce qui me concerne, un grand nombre de directions d’écoles ont discrètement manifesté leurs encouragements aux grévistes.

Tout ceci après deux semaines d’une grève qui force une grande partie de la population à repenser ses horaires et sa logistique familiale. Il serait utopique d’affirmer que sa patience restera sans limite, mais pour que l’appui demeure après deux semaines, il y a indéniablement quelque chose de différent cette fois-ci.

Je miserais sur la conscience collective que le citron, maintes fois écrasé, ne donne plus de jus.


Sur nos écrans

Les faits :
Le jeudi 30 novembre, dès les premiers bulletins de nouvelles, de nombreux médias québécois affirment qu’il y a de l’évolution dans les négociations et que la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) considère suspendre sa grève générale illimitée.

Les représentants de la FAE démentent rapidement, mais les médias continuent de marteler le même message toute la journée durant.

En après-midi, le démenti de la FAE est réitéré dans une série de messages à ses membres, notamment à travers ses instances régionales et locales. Je me permets d’en diffuser ce court extrait :
« Au moment d’écrire ces lignes, il semble que les médias véhiculent des informations erronées. Rien ne nous laisse croire que nous lèverons la grève incessamment et ces propos n’ont pas été tenus par la présidente de la FAE, Mélanie Hubert. Cependant, il est vrai que nous avons à cœur de régler le plus rapidement possible, mais pas à n’importe quelles conditions. »

Et pourtant, même en soirée, les médias continuent d’affirmer qu’il y a des progrès dans les négociations et que la suspension de la grève est envisagée. Seule Radio-Canada, en fin de reportage, a fait brièvement état des courriels envoyés aux membres de la FAE.

Comment interpréter cette contradiction ?


Dans mes haut-parleurs

Le chant a cappella a connu un regain de popularité, depuis la dernière douzaine d’années. Des ensembles comme Qu4rtz ou Pentatonix ont même gravi les hauts rangs de différents palmarès. Les harmonies vocales s’adaptent particulièrement bien aux classiques du temps des Fêtes.

Dernier Noël constitue le sixième album de la formation Quartom, fondée en 2008 par quatre étudiants en chant classique. Une des pièces a particulièrement retenu mon attention. Jamais je n’aurais pu imaginer La danse à St-Dilon, de Gilles Vigneault, rendue de cette façon. Et pourtant, le résultat est sublime. Régalez-vous !

Quartom – La danse à St-Dilon – Dernier Noël – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Signe que des négociations peuvent rapporter, je salue ici les efforts de Google et du gouvernement du Canada qui ont fini par déboucher sur une entente pour la diffusion des nouvelles canadiennes sur le moteur de recherche. Google versera donc 100 millions $ annuellement à un collectif qui se chargera de redistribuer cette somme aux médias admissibles.

Un des éléments intéressants de l’accord est que si une entente plus avantageuse est conclue entre Google et un autre pays, les termes de celle avec le Canada seront revus à la hausse. Il reste maintenant à convaincre Meta de revenir à la table des négociations.


Petit extra

Jaclyn Lizzi est une jeune Américaine originaire du Texas. Après avoir appris l’espagnol, elle a décidé d’acquérir une troisième langue et a jeté son dévolu sur le français. Elle le parle aujourd’hui de manière impeccable.

Il y a trois ans, elle a adapté en anglais la chanson L’Amérique pleure, des Cowboys Fringants, et a enregistré la version pour sa chaîne YouTube. Le décès de Karl Tremblay, il y a deux semaines, lui a procuré une multitude de nouveaux abonnés, presque tous québécois.

Ceci n’est pas une #musiquebleue, mais presque !

Jaclyn Lizzi – L’Amérique pleure

Billet du 17 novembre 2023 : La tête haute

Chaque année, fin décembre, je visionne le reportage de Radio-Canada sur les grands disparus des 12 derniers mois. Des personnalités publiques qui meurent, il y en a fréquemment. Comment se fait-il que le décès de Karl Tremblay nous touche plus que les autres ?

Il y a d’abord son âge. C’est jeune, 47 ans. Et d’un autre côté, à 47 ans, on a eu le temps de bâtir beaucoup, de laisser sa marque, un héritage.

Ensuite, il y a l’émotion. Chez les Cowboys Fringants, c’est Jean-François Pauzé qui l’exprime avec des mots, mais c’est la voix unique de Karl Tremblay qui la transmet jusqu’à nos oreilles. Leurs chansons engagées manifestent les réalités quotidiennes d’une génération, celle des Y, bien senties le long d’un seul fil conducteur, l’humain. Ils ne chantent pas le Québec, ils chantent sa population. Celle qui était, celle qui est, celle qui sera. En ce qui me concerne, Les étoiles filantes s’affiche au sommet des plus belles chansons québécoises de tous les temps.

Finalement, il y a la famille, la fête. J’ai vu les Cowboys deux fois en spectacle. Avec eux, tout ce qui ressemble à un concert c’est le billet et le siège, qui ne sert pas longtemps. Parce que pour le reste, on entre dans un gros party de famille, mené allègrement par Karl. On n’a pas le temps d’avoir envie de devenir son ami, on se sent immédiatement comme un membre de sa garde rapprochée.

Mercredi, nous sommes plusieurs à avoir perdu un être cher. Un fils, un ami, un frère, c’est difficile à définir. Mais le deuil causé par ce départ reste très tangible.


Dans le cours de musique

C’est une #musiquebleue toute spéciale que je propose aujourd’hui. La chanson, loin d’être récente, est âgée de 15 ans. Écoutez bien les paroles. Des paroles de Jean-François Pauzé, chantées par Karl Tremblay.

Les Cowboys Fringants – La tête haute – L’expédition – #musiquebleue

Dans le cours de mathématiques

À moins d’un revirement majeur, c’est avec le statut de gréviste que j’écrirai mon prochain billet. Combien de temps cette grève générale illimitée durera-t-elle ? Personne ne le sait, mais je suis d’avis qu’il y a quelques élus et fonctionnaires québécois qui ont leur petite idée.

D’abord, chaque journée de grève des syndiqués de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) rapportera près de 21 millions $ à l’État québécois. Comment est-ce que j’en arrive à ce montant ? En date d’avril 2022 (je ne dispose pas de données plus récentes), le salaire annuel moyen d’un enseignant, au Québec, était de 62 820 $. En divisant ce montant par 200 jours travaillés, on obtient 314,10 $. C’est le montant moyen que le gouvernement récupérera pour chaque jour de grève d’un enseignant affilié à la FAE. Multiplions maintenant ces 314,10 $ par 65 500 syndiqués et on obtient 20 573 550 $.

Si on ajoute les 87 000 membres affiliés à la FSE-CSQ, on approche les 50 millions $ récupérés quotidiennement, uniquement avec les enseignants. À cela, il faut aussi additionner le personnel non enseignant et les autres membres du front commun, peu importe le domaine dans lequel ils œuvrent.

On l’a vu plus d’une fois dans le passé, l’écart entre la dernière offre gouvernementale rejetée et celle finalement acceptée correspondait à l’argent récupéré lors des journées de grève entre les deux. Est-il possible que quelqu’un, quelque part, ait déjà calculé le montant à recouvrer et planifié le nombre de journées de grève nécessaire avant d’y aller avec une offre que les syndicats approuveront ?

Vos conclusions valent les miennes.


Dans le cours de français

Un de mes élèves a déniché une faute dans le titre d’une nouvelle sur le site de TVA.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire substance inconnue, avec la marque du féminin à l’adjectif. Le nom substance étant féminin, il doit donner ce genre aux mots qui s’y rapportent.


La bonne nouvelle de cette semaine

J’ai résisté à la tentation durant deux semaines, mais j’en fais finalement ma bonne nouvelle. L’intelligence artificielle, lorsqu’utilisée à bon escient, peut produire des choses fantastiques. C’est ainsi qu’en 2023, les Beatles ont lancé une nouvelle chanson. Et sur le vidéoclip, on retrouve les quatre membres originaux, y compris les deux qui sont décédés.

C’est donc avec joie que je diffuse ici Now And Then, une chanson des Beatles de 15 ans la cadette de celle des Cowboys Fringants que je vous présentais plus haut, en #musiquebleue !


Billet du 10 novembre 2023 : Somnambule, bulletins, tintamarre

Court billet, cette semaine, bulletins obligent. La situation se présentera de nouveau en mars et en juin. Si on ajoute la première communication en octobre, c’est quatre bulletins scolaires, trois officiels, qui sont émis dans une année. C’est un de trop.

C’est bien pour les parents de pouvoir recevoir aussi fréquemment des rapports sur l’évolution de leur enfant. Mais qui dit bulletins dit aussi évaluations. Et avec 11 compétences disciplinaires à évaluer à chaque bulletin du primaire, il en faut des examens et des travaux pour y parvenir, si on considère que moins de trois notes par compétence ne donnent rien d’éloquent. Compte tenu du fait qu’on n’évalue à peu près rien en septembre, il reste très peu de temps pour la première communication d’octobre et le bulletin de novembre.

Les évaluations causent un stress important à plusieurs élèves. Plus leur nombre est grand et concentré dans le temps, plus c’est difficile pour ces enfants. Ajoutons que tout ce temps consacré aux évaluations ampute une même durée à l’enseignement. Et pour l’enseignant, ceci fait une totale abstraction du temps passé à corriger qui, la plupart du temps, se passe hors du temps de travail qui lui est reconnu.

L’idéal serait une année scolaire à deux bulletins officiels, soit un à la mi-année, vers le 20 janvier, et un à la fin de l’année, vers le 25 juin. Avec une première communication en novembre, tout le monde y trouverait son compte, y compris la pertinence.


Dans le cours de français

On lègue par testament. Une génération lègue aux générations suivantes. Mais quand un premier ministre laisse sa marque, qu’est-ce qu’il lègue ? Le chef d’antenne Hadi Hassin s’est posé la question, cette semaine, à propos de Justin Trudeau. Il a commis une faute d’orthographe dans sa publication. Il s’en est aperçu, s’en est excusé et a tenté de se reprendre. L’ennui, c’est que sa correction comporte elle aussi une orthographe erronée.

#LeProfCorrige

Ce n’est ni un lègue ni un lègs. C’est un legs.


Dans le cours de musique

Sept mois plus tard, Alexandra Stréliski réédite son album Néo-Romance, en y ajoutant deux pièces. Je vous sers l’une des deux, Umbra, en guise de #musiquebleue.

Alexandra Stréliski – Umbra – Néo-Romance (version augmentée) – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

En 2021, l’auteur québécois Kevin Lambert était en lice pour le prix Médicis grâce à son roman Tu aimeras ce que tu as tué. Cette année, avec Que notre joie demeure, on l’a considéré pour le Goncourt. Dans les deux cas, on a préféré d’autres oeuvres.

En mêlant les cartes, on a cependant composé la combinaison gagnante : 2023, Que notre joie demeure, prix Médicis !

Kevin Lambert devient le troisième Québécois, après Marie-Claire Blais et Dany Laferrière, à se voir offrir cette prestigieuse reconnaissance.


Image en titre du billet : Linda Boyer

Billet du 3 novembre 2023 : Le compte à rebours est commencé

Le lundi 6 novembre, les cours seront perturbés dans la presque totalité des écoles primaires et secondaires du Québec, en raison de la grève partielle de mes collègues affiliés à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). À partir du 23 novembre, à moins d’une entente d’ici là, ce sont les enseignants représentés par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui entreprendront un débrayage général illimité.

Laissant à d’autres le militantisme syndical, je n’ai jamais vraiment abordé ce sujet dans mes billets hebdomadaires. Je le ferai brièvement cette fois-ci, afin d’expliquer la situation.

D’abord, le milieu de l’enseignement est représenté par deux grands syndicats. La FAE représente les enseignantes et enseignants travaillant dans douze centres de services scolaires. Les autres sont affiliés à la FSE-CSQ. Les secrétaires, concierges, techniciennes en éducation spécialisée et employées des services de garde se trouvent sous l’égide de la CSN, pour la grande majorité. La CSQ et la CSN font partie d’un même front commun, en compagnie d’autres syndicats œuvrant dans la fonction publique québécoise. La FAE fait cavalier seul.

Le front commun a voté pour la tenue de quelques journées de perturbation, avant d’entreprendre à son tour une grève générale illimitée dont le moment n’est pas encore déterminé. Ces premières journées de débrayage auront lieu la semaine prochaine. Du côté des syndiqués de la FAE, seule la grève générale illimitée a été retenue et elle commencera dans une vingtaine de jours, à moins de développements dans les négociations avec le gouvernement. Il est déjà convenu qu’aucun des groupes syndicaux ne franchira les lignes de piquetage de l’autre.

Quant aux revendications, elles sont pour la plupart liées aux conditions de travail, qui rendent la tâche lourde, créent l’exode de plus du quart de la relève et le départ prématuré de nombreux enseignants d’expérience. Notre charge de travail comprend beaucoup plus que l’enseignement. C’est une diminution de cette charge qui est réclamée. À cela s’ajoute l’embauche de personnel non enseignant comme des psychologues, des orthophonistes, des orthopédagogues ou des psychoéducateurs, rendue nécessaire par la réalité d’aujourd’hui.

Et puis, effectivement, l’offre de hausse salariale présentée par le gouvernement couvrira à peine, au cours des cinq prochaines années, l’inflation des trois dernières. C’est donc un appauvrissement assuré qui nous attend si elle n’est pas bonifiée. Ajoutons que le salaire des enseignants québécois se situe toujours sous la moyenne de celui des enseignants des autres provinces canadiennes.

Une grève demeure l’ultime moyen de pression et n’est agréable pour personne. Souhaitons que les négociations débloquent rapidement sur une entente.


Dans le cours de musique

L’Halloween est derrière nous, place au temps des Fêtes ! Du moins, dans les magasins et les stations radiophoniques, où la voix de Mariah Carey ne tardera pas à se faire entendre. Dans le créneau traditionnel québécois, cependant, sortie intéressante, cette semaine, que le mini-album du trio Les Fils du Diable. Intitulé À la bière comme à la guerre, on y trouve six pièces dont les accents rappellent plus Les Cowboys Fringants, Salebarbes et Mes Aïeux que La Bottine Souriante ou Les Charbonniers de l’Enfer.

En #musiquebleue et en prélude aux festivités prochaines, voici Le Diable est débarqué à Roberval.

Les Fils du Diable – Le Diable est débarqué à Roberval – À la bière comme à la guerre – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Elle est presque personnelle, cette bonne nouvelle. La Société pour le perfectionnement de l’enseignement de l’anglais, langue seconde, au Québec (SPEAQ) tiendra son gala annuel le 10 novembre prochain. Chaque année, on y honore quatre enseignants d’anglais, soit un du primaire, un du secondaire, un postsecondaire et un pour l’ensemble de sa carrière.

L’enseignante gagnante pour le primaire, cette année, est ma collègue Alisa Tudosie.

Archéologue de formation, elle a quitté sa Roumanie natale il y a près de 20 ans pour venir s’établir au Québec, où elle a fait des études en enseignement de l’anglais, a intégré notre réseau scolaire et a fondé une famille. En plus d’être une collègue exceptionnelle, impliquée dans l’école, elle se démarque par ses innovations pédagogiques qui suscitent l’intérêt et la motivation des élèves, et qu’elle partage à qui veut les utiliser.

Cette reconnaissance est pleinement méritée. Une fois de plus, Alisa fait rayonner notre école. Bravo !


Billet du 27 octobre 2023 : Se soucier de l’humain

Je sens le besoin de rappeler que rien n’est jamais tout noir et rien n’est jamais tout blanc. « Ou bien vous êtes avec nous, ou bien vous êtes contre nous », avait déclaré George W. Bush, au lendemain des attentats du 11 Septembre. La tension actuelle au Moyen-Orient suscite des commentaires semblables. Les communautés juives et arabes ayant toutes deux vécu des diasporas, les émotions fusent partout sur la planète, au gré des plus récents événements.

Je condamnerai toujours le terrorisme, même s’il peut convenir de se déclarer sympathique à certaines causes défendues par ceux qui le pratiquent. Partant de là, est-il possible d’être pro-israélien tout en dénonçant les morts en Palestine ? Bien sûr. Peut-on également se déclarer propalestinien tout en s’insurgeant contre ceux qui tuent les civils israéliens ? Absolument.

La paix ne sera possible qu’en se souciant de chaque vie humaine. Ça commence par nous tous.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

À l’école, tant lors d’une évaluation que pour un travail à rendre, ce n’est pas bien de regarder sur la copie de son voisin. Dans le second cas, on peut toujours plaider l’inspiration, mais les arguments se doivent d’être convaincants pour s’épargner les soupçons de plagiat, passible de sanctions.

Cette semaine, alors que les analystes commentaient le contenu du budget de l’an 1 d’un Québec souverain, présenté par le Parti québécois, c’est le titre du document qui m’a fait sourciller.

Remarquez-vous le discret triangle rouge, au haut de la page frontispice ? Le jupon dépasse, comme dirait l’autre ! Un Québec libre de ses choix était également le titre du rapport du comité constitutionnel du Parti libéral du Québec, publié en 1991. Pour celles et ceux qui s’en souviennent, c’est le document qu’on a longtemps et communément appelé le rapport Allaire, en référence à celui qui présidait ce comité, Jean Allaire.

J’aimerais beaucoup que quelqu’un au PQ m’explique la teneur des discussions qui ont mené ses instances à réchauffer et servir de nouveau ce titre, concocté par ses rivaux, 32 ans plus tôt. J’admets ne pas comprendre. Quand un vieux parti semble renaître de ses cendres après être passé si près d’être rayé de la carte électorale, il doit savoir se démarquer des formations politiques émergentes, notamment par son originalité. De référer aux travaux du passé d’un autre vieux parti moribond ne m’apparaît pas comme une stratégie gagnante.

Si c’est du plagiat, c’est malhabile. Si c’est de l’inspiration, c’est pire.


Dans le cours de français

Cette semaine, on m’a consulté pour l’orthographe du pluriel de trois noms composés. Il s’agit de table d’hôte, bernard-l’ermite et grille-pain.

D’abord, table d’hôte. Il faut lire l’expression comme la table de l’hôte. Au pluriel, on ferait référence aux tables de l’hôte. Plusieurs tables, un seul hôte. On écrit donc des tables d’hôte.

Je passe maintenant à grille-pain. Comme dans tous les noms composés comprenant un verbe, ce dernier demeure invariable. Grille ne prendra donc pas la marque du pluriel. Qu’en est-il de pain ? Un grille-pain grille le pain. Des grille-pain grillent le pain. Comme un porte-parole porte la parole et que des porte-parole portent la parole. Dans l’orthographe traditionnelle, grille-pain demeurera invariable et on écrira des grille-pain. Cependant, la réforme orthographique permet maintenant d’écrire des grille-pains.

Je termine avec bernard-l’ermite. Avant de préciser son pluriel, je mentionnerai que ce nom, au singulier, possède quatre orthographes différentes. On peut écrire ermite ou hermite, avec un h. Bernard-l’ermite peut également s’écrire avec ou sans le trait d’union. Au singulier, on peut donc écrire bernard-l’ermite, bernard-l’hermite, bernard l’ermite ou bernard l’hermite. Dans tous ces cas, il demeure invariable au pluriel. Personnellement, j’opte pour des bernard-l’ermite.

Il est à noter que contrairement à ce que plusieurs croient, un nom composé ne comporte pas nécessairement de traits d’union.


Dans le cours de musique

Le groupe Ta Gueule Dandy, fondé dans le quartier montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve, nous arrive avec son deuxième album, Ouvre-moi la porte. Cette formation rock, offrant des sonorités de toutes les époques, a travaillé avec Michel Pagliaro, dont elle a intégré certaines influences. Voici la pièce Come on bébé.

Ta Gueule Dandy – Come on bébé – Ouvre-moi la porte – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’application Twitter, au départ, était un fil de nouvelles et un lieu de débats sur différents sujets d’actualité. Peu avant d’être achetée par Elon Musk et de devenir X, elle a graduellement bifurqué vers une autre vocation et est devenue une arène d’insultes et d’intimidation. C’est pour combler le vide créé par cette évolution dans le mauvais sens que sont nés Mastodon, Threads et Bluesky.

Des citoyens de Salaberry-de-Valleyfield ont cependant convenu de débattre respectueusement de différents sujets, périodiquement, en se rencontrant dans un restaurant de l’endroit. Ils sont aujourd’hui une quarantaine de personnes inscrites à la liste d’invitations. Les rencontres ponctuelles réunissent chaque fois entre 20 et 25 d’entre elles. En chair et en os, loin des claviers et des écrans.

Le journaliste Philippe Mercure a obtenu le privilège d’assister à une des réunions du groupe. Il en a rédigé un exposé des plus rafraîchissants 1. Ces gens ont placé l’humain au-delà du numérique. Le souci était là, la bonne humeur s’est invitée.

Pour aujourd’hui, le 27 octobre, un appel au boycottage d’une journée de la plateforme Twitter/X a été lancé. Pourquoi ne pas en profiter pour créer d’autres initiatives similaires à celles du groupe de Valleyfield ?

1 Mercure, Philippe. Juste du monde qui jase. La Presse, Montréal. Le 18 octobre 2023.


Billet du 20 octobre 2023 : Bien se prendre en main

Une sortie culturelle nous a emmenés dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, cette semaine, ma conjointe et moi. Le bistro où nous avions l’habitude d’aller nous restaurer avant le théâtre étant réservé pour un groupe privé, nous nous sommes déplacés quelques centaines de mètres plus à l’est et avons découvert Agrigourmet.

Cela fera bientôt quatre ans que je rédige ici mes billets hebdomadaires et je crois n’avoir jamais fait la publicité d’un commerce ou d’un autre genre d’entreprise. Il y a un début à tout.

Les repas qui y sont servis sont frais et délicieux. Tout est préparé sur place à partir de produits cultivés ou élevés ici. L’entreprise est écoresponsable.

Ayant presque toujours œuvré au sein d’organismes communautaires, le propriétaire a fondé Agrigourmet en 2011 afin d’aider son père, nouvellement veuf, à bien se nourrir. Si l’endroit dispose de quelques tables pour consommation sur place, c’est surtout avec les produits vendus au comptoir ou livrés à domicile que le gros du chiffre d’affaires est réalisé. La clientèle principale est constituée d’aînés en légère perte d’autonomie.

Ce fut pour nous une magnifique et succulente découverte !


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Une grande partie de ma vie a été consacrée à la promotion de la langue française. C’est une des raisons pour lesquelles je suis devenu enseignant, en plus de m’inspirer la conception de ce blogue.

D’un autre côté, j’accepte bien l’idée de revoir le financement des universités, si c’est pour améliorer leur situation tout en évitant le surendettement étudiant.

Par contre, quand il s’agit de revoir le financement des universités en doublant les droits d’accès aux étudiants non francophones de l’extérieur du Québec et en prétextant la protection de la langue française pour le faire1, alors là, je décroche. Le problème est bien réel, mais la solution du gouvernement Legault est mauvaise.

De plus en plus, le Québec est vu comme un leader mondial dans plusieurs technologies. On peut penser aux différentes énergies propres et au multimédia, pour ne mentionner que celles-là. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, peut-on se permettre de lever le nez sur d’excellentes candidatures à former ici pour développer ces domaines ? Poser la question, c’est y répondre. Bien sûr, certains de ces talents ne feront que passer et retourneront à la maison, leur diplôme d’une université québécoise en poche. Dois-je rappeler qu’une multitude de gens d’ici ont emprunté le chemin inverse et détiennent des grades acquis à l’étranger ?

À travers le monde, le Québec est perçu comme une société ouverte et sa métropole, comme une ville internationale et un pôle universitaire d’importance. Une mesure aussi conservatrice et discriminatoire envers des jeunes ne peut que nuire à cette réputation.

Si le gouvernement veut protéger et promouvoir la langue française, il peut d’abord commencer par s’assurer que les règles déjà existantes sont appliquées. La loi prévoit que le français doit constituer la langue de travail pour les entreprises de plus de 25 employés, et la langue de service partout sur le territoire. Un étudiant étranger désirant s’établir en permanence ici ne devrait avoir d’autre choix que de s’y soumettre sur son éventuel lieu de travail.

Quant à la population québécoise, nous avons également un énorme examen de conscience à effectuer. Insistons-nous toujours pour recevoir des services en français dans nos commerces et industries ? Et quand je lis que sur une période de onze semaines, en 2021, la musique d’ici a représenté moins de 9 % des 4,6 milliards de chansons écoutées au Québec sur des plateformes comme Spotify et Apple Music2, je me dis que nous sommes sans doute les plus grands responsables du déclin de notre langue.

1 Labbé, Jérôme. Québec haussera les tarifs pour les étudiants universitaires non résidents. Radio-Canada. Le 13 octobre 2023.

2 Côté, Émilie. Moins de 10 % de la musique écoutée est québécoise. LaPresse.ca. Le 23 juin 2022.


Dans le cours de français

Il est de ces expressions qui requièrent une orthographe dont on doute chaque fois qu’on doit l’utiliser. Dans un courriel que j’ai dû envoyer, jeudi, j’ai énoncé prendre en main. Dans cette expression, main doit-il s’écrire au singulier ou au pluriel ? Prendre en main ou prendre en mains ?

Une vérification dans ma bible, le site de l’Office québécois de la langue française, m’a confirmé que les deux orthographes sont acceptées. Il en est de même avec à pleine(s) main(s), en main(s) propre(s) et changer de main(s).


Dans le cours de musique

Bassiste et artiste du jazz fusion, Carl Mayotte a présenté son troisième album, Carnaval, cette semaine. Avec Sylvain Luc à la guitare, voici la pièce Le Saltimbanque.

Carl Mayotte – Le Saltimbanque – Carnaval – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Rares sont les artistes qui ont pris le temps de m’écrire pour me remercier d’avoir diffusé une de leurs pièces en #musiquebleue, dans un de mes billets. Parmi ceux qui l’ont fait, il y a Emmanuel Travis.

Son album Dopamine, dont j’avais inclus un extrait dans mon billet du 28 avril dernier, se retrouve en nomination dans la catégorie Album ou EP soul/R&B au GAMIQ (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec), qui aura lieu le 27 novembre prochain. La catégorie R&B est présentée pour la première fois à ce gala. Emmanuel en sera-t-il le premier gagnant ? On le lui souhaite !


Billet du 13 octobre 2023 : « Le monde est fou, c’est ce qu’on en dit »

Nous baignons dans les saugrenuités, depuis les deux dernières semaines. Quand on regarde l’actualité, on ne peut que constater que la liste est longue pour une si courte période.

  1. Au lendemain de la perte d’une circonscription dans une élection partielle, le premier ministre parle de relancer le projet de troisième lien dans sa forme originale, quelques mois seulement après avoir déclaré que son besoin n’était pas démontré ;
  2. Aux États-Unis, le président de la Chambre des représentants est destitué par les élus de son propre parti ;
  3. Les cinq équipes du baseball majeur ayant obtenu le meilleur rendement en saison régulière présentent une fiche combinée d’une victoire et treize défaites dans les séries éliminatoires;
  4. Sans crier gare, les hostilités ont repris entre le Hamas et Israël, faisant des milliers de morts en quelques jours ;
  5. Un ancien président américain subit plusieurs procès en même temps, tant au civil qu’au criminel ;
  6. Il aura fallu attendre 156 ans avant de voir un membre des Premières Nations être élu à la tête du gouvernement d’une province canadienne ;
  7. La CBC embauche un studio parisien pour la traduction d’un de ses populaires balados, plutôt que de la confier à sa branche francophone ou, à tout le moins, à une entreprise privée du pays dont elle est une société d’État.

Y en a-t-il à ajouter ? Je songe à formuler une plainte. Qui s’occupe des saugrenuités ?


Dans le cours de français

Une des expressions qui revient le plus souvent dans les situations d’écriture de mes élèves est jeu vidéo. À leur âge, c’est normal. Les premières années, j’admets avoir éprouvé des difficultés, dans mes soirées de correction, avec le pluriel de cette expression.

Doit-on écrire jeux vidéos ou jeux vidéo ?

Classé comme adjectif, la règle de base voudrait que vidéo s’accorde. Mais ici, l’adjectif découle d’un nom précédé d’un sous-entendu : des jeux (utilisant la) vidéo. Pris ainsi, le mot ne devrait pas s’accorder.

Qu’en pense l’Office québécois de la langue française ?

L’organisme mentionne que « [selon] l’orthographe traditionnelle, il ne s’accorde pas, mais suivant les rectifications de l’orthographe, il prend la marque du pluriel. » En termes clairs, les deux graphies sont acceptées. Au grand plaisir de mes élèves !

Office québécois de la langue française. Accord de l’adjectif vidéo. Dernière mise à jour : 2018.


Dans le cours de musique

La semaine dernière, j’ignorais qui était Jonathan Personne. Aujourd’hui, j’ai entendu presque toute son œuvre solo, c’est-à-dire les pièces de trois albums. En nomination dans trois catégories au GAMIQ (Gala alternatif de la musique indépendante du Québec), dont celle de l’artiste de l’année, il donne dans le rock post-punk, avec un son rétro guidé par des guitares et des synthétiseurs qui évoquent les années 1970.

Le voici avec Un homme sans visage.

Jonathan Personne – Un homme sans visage – Jonathan Personne – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il y a une dizaine d’années, ma classe et les autres classes de 6e année de l’école où j’enseignais alors avions organisé une activité de financement, dont les profits allaient être versés à un jeune athlète du même âge que nos élèves. Les fonds amassés étaient destinés à être investis dans son développement, à travers les entraînements et la participation à quelques tournois. L’athlète en question était un jeune gymnaste, fils d’une connaissance d’une de mes collègues. Son nom : Félix Dolci.

Ce même Félix Dolci, aujourd’hui âgé de 21 ans, vient d’abord d’aider l’équipe canadienne de gymnastique à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris. Quelques jours plus tard, il a terminé en 5e place des qualifications au sol, lors des Championnats du monde, en Belgique. C’était la première fois en plus de 17 ans qu’un Canadien se classait dans le top -5.

Il sera des Jeux panaméricains, au Chili, du 20 octobre au 5 novembre.


Billet du 6 octobre 2023 : Lettre à Pierre Karl Péladeau

Monsieur Péladeau,

Je vous écris aujourd’hui pour vous informer des raisons pour lesquelles j’ai résilié, après quelques heures seulement, mon abonnement à la plateforme TVA Sports pour me tourner vers celle de Sportsnet.

Je dois d’abord vous faire savoir que j’ai abandonné les services de télévision, qu’on appelait autrefois « le câble », il y a un peu plus d’un an. Un téléviseur intelligent et quelques applications gratuites nous permettent d’obtenir à peu près tout ce qu’on recherche. Avec les économies substantielles ainsi réalisées, j’ai pu m’offrir un abonnement à une chaîne sportive pour 20 $ par mois. Le choix reste très vaste, mais comme j’aime plusieurs sports et que le français demeurera toujours important pour moi, j’ai opté l’an dernier pour votre rivale, RDS, qui offre un contenu répondant mieux à mes intérêts.

Cependant, comme c’est votre chaîne qui a obtenu les droits de diffusion en français de la Série mondiale de baseball lors des années impaires, comme en 2023, je m’y suis également abonné dimanche dernier, me disant que j’aurais l’occasion d’y regarder le dernier match de la saison régulière des Blue Jays, les séries de divisions et de championnat de la Ligue américaine et la Série mondiale. En prime, avec cet abonnement d’un mois, j’aurais droit à trois matchs supplémentaires en français du Canadien de Montréal.

La déception est survenue lorsque je me suis installé pour regarder le dernier match en saison des Blue Jays. Sur un écran noir, on m’indiquait que cet événement n’était pas disponible sur la plateforme web. Je vous rappelle ici que chez votre compétiteur direct, RDS, l’application en offre au contraire souvent plus que sa diffusion télévisuelle. Pour le même prix, mais malheureusement sans le français, Sportsnet me proposait tout ce que j’énumérais plus haut, incluant la possibilité de voir les Blue Jays, dimanche après-midi.

Je veux tout de même souligner que j’ai été heureux d’obtenir une résiliation immédiate, doublée d’un remboursement presque complet, de la part de votre entreprise. J’aurais cependant préféré recevoir un service qui m’aurait permis, dans les mêmes conditions, de maintenir mon investissement dans une compagnie québécoise qui, en plus, offre ses services en français.

Je sais, monsieur Péladeau, que vous tenez au moins autant que moi à encourager le Québec et à promouvoir notre langue. Je souhaite maintenant qu’à titre de principal dirigeant de Québecor et de ses filiales, vous preniez les décisions conséquentes.

Je vous prie de recevoir mes plus cordiales salutations.


Dans le cours de français

Voici ce que j’écrivais il y a près d’un an, dans mon billet du 21 octobre 2022.1

Régulièrement, j’entends des gens lier par un z le nombre cent à un nom commençant par une voyelle ou un h muet. Par exemple : « Il y avait cent z’élèves présents à cette sortie », « On a installé cent z’antennes sur cette tour » ou « L’horloger a remonté les cent z’horloges de la ville ».

La liaison doit toujours s’opérer avec le t de cent.

Mais le fait d’insérer un z inopportun dans la liaison porte un nom. Ça s’appelle un velours. Ça vous en fait un de l’apprendre ? C’est plus doux pour certaines oreilles, mais ça peut en écorcher d’autres.

***

C’est la même chose avec le t de vingt. Et avec n’importe quel déterminant se terminant par une autre lettre que s ou z.

Cette semaine, dans l’émission matinale de la radio de Radio-Canada, j’ai entendu deux membres de l’équipe prononcer respectivement « vingt z’autobus » et « quatre z’athlètes ». C’est à cette même chaîne que sévit quotidiennement Guy Bertrand, qu’on surnomme « l’ayatollah de la langue ». J’imagine ses grincements de dents lorsqu’il entend de si mauvais accords se produire presque à répétition.

Comme quoi à la société d’État, le gant de velours ne couvre pas toujours une main de fer.

1 Billet du 21 octobre 2022 : Z comme velours


Dans le cours d’éducation physique

Je reviens sur les séries de championnat du baseball majeur. La même émission matinale à ICI Première mentionnait qu’Édouard Julien, joueur de deuxième but des Twins du Minnesota, était le seul Québécois à participer à la grand-messe d’après-saison. C’est faux.

Les Blue Jays de Toronto, qui ont été éliminés par ces mêmes Twins, comptent Vladimir Guerrero Jr dans leurs rangs. Guerrero Jr est né à Montréal et est identifié comme joueur canadien par le prestigieux site Baseball-Reference.2

Et puis chez les Braves d’Atlanta, le directeur général et président des opérations baseball se nomme Alex Anthopoulos. Il est également né à Montréal et parle couramment le français. Ses Braves sont de sérieux prétendants aux grands honneurs, cette année.

2 Baseball-Reference.com/Vladimir Guerrero Jr


Dans le cours de musique

Née d’une mère francophone et d’un père abénakis, Mimi O’Bonsawin est fière de ses racines. La semaine dernière, elle a lancé son sixième album, Boréale, qui propose des rythmes folk, rock et autochtones. En voici un extrait, Dis-moi ce que tu vois.

Mimi O’Bonsawin – Dis-moi ce que tu vois – Boréale – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Si l’auteur québécois Kevin Lambert a vu son nom être rayé de la liste des aspirants au Prix Goncourt, après avoir été retenu dans la première sélection, un autre romancier d’ici, Éric Chacour, demeure bien en selle à la fois pour le Renaudot et le Femina, tout aussi prestigieux.

C’est avec son premier roman, Ce que je sais de toi, paru en août dernier, que Chacour est en lice. Les lauréats pour le Prix Femina et pour le Prix Renaudot seront respectivement annoncés les 6 et 7 novembre prochain.


Billet du 29 septembre 2023 : «Arrête ton charre», me direz-vous peut-être !

J’ai toujours prétendu que les cohortes d’élèves pouvaient se comparer à un vin. D’une année à l’autre, un même cépage peut produire une piquette ou un grand cru, avec tout l’éventail se trouvant entre ces deux extrêmes. Parfois, il faut le consommer tout de suite, sa jeunesse lui conférant un goût dont le potentiel se manifeste rapidement. À d’autres moments, il faut au contraire le laisser mûrir pour en soutirer un maximum de satisfaction.

Il y a maintenant un mois que j’ai entrepris ma 28e année d’enseignement. Il m’en restera encore quelques autres, mais la retraite frappera bientôt à ma porte. Si l’énergie a diminué, la passion pour ce que je fais demeure bien allumée. Ma cohorte de cette année est fort différente de la précédente. Je carbure aux défis et elle m’en offre son lot. Rien n’est plus gratifiant que de les aborder avec enthousiasme et de réussir à les relever.

Les temps sont durs pour la profession que j’exerce, mais elle demeure la plus belle et la plus exaltante. Je l’aime et elle me le rend bien.

Et ce n’est pas du charre !


Dans le cours de français

Un char est une voiture tirée par des chevaux, ou un véhicule de guerre. Au Québec, dans un langage familier, un char est une automobile.

Le mot charre, de son côté, est un nom possédant les mêmes racines que le verbe charrier, qui signifie exagérer, bluffer ou raconter des histoires.

En résumé, arrêter son char c’est éteindre son véhicule, alors qu’arrêter son charre c’est arrêter de charrier ou de dire n’importe quoi. L’orthographe fait toute la différence.


Dans le cours d’univers social
Volets histoire et éducation à la citoyenneté

Comme plusieurs, j’écoutais les nouvelles, vendredi soir dernier, quand j’ai appris qu’un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, aujourd’hui âgé de 98 ans, avait été ovationné à la Chambre des communes, en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour avoir combattu les Russes aux côtés de l’Ukraine. Je ne suis pas un historien. Je suis un enseignant généraliste qui, entre autres choses, enseigne les bases de l’histoire à des élèves de 6e année. Ma réaction à cette nouvelle a été instantanée.

Si ce type a combattu les Russes durant la Seconde Guerre mondiale, c’est qu’il était dans l’autre camp. Lors des deux guerres mondiales, le Canada et la Russie, ou l’URSS, faisaient partie de la même alliance. Des élèves de 11 ans l’apprennent chaque année, ceci étant au programme de leurs cours d’univers social. Dommage qu’autant d’adultes, pour la plupart instruits, aient à ce point failli à leur devoir de mémoire. Le Canada se serait évité un embarras international.


Dans le cours de musique

C’est une poésie mélodieuse que je propose en #musiquebleue, cette semaine. Celle qui l’interprète l’a également composée et écrite, en collaboration avec Stéphanie, une des deux sœurs Boulay. Tirée de l’album Les loups dorment tranquille, la pièce s’intitule Comment on continue.

Quant à l’artiste, c’est sous le pseudonyme de Belle Grande Fille qu’elle se lance dans l’aventure musicale.

Belle Grande Fille – Comment on continue – Les loups dorment tranquille – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

En mai dernier, une nouvelle technologie combinant deux implants, un relié au cerveau et l’autre à la moelle épinière, avait permis à un patient paraplégique de marcher de nouveau, activant ses jambes avec sa seule pensée. La même technologie permettra maintenant peut-être à un homme tétraplégique de recouvrer l’usage de ses doigts, de ses mains et de ses bras.

Le système est actuellement à l’essai et les premiers résultats s’avèrent concluants. Selon les scientifiques impliqués dans le projet, la mobilité d’un bras se veut plus complexe que celle d’une jambe, bien que pour cette dernière un travail de réapprentissage de l’équilibre soit nécessaire pour reprendre la marche.

La technologie employée dans ces deux cas pourrait être commercialisée au cours des prochaines années.

Agence France-Presse. Après les jambes, des implants testés pour retrouver le contrôle des bras paralysés. radio-canada.ca. Le 28 septembre 2023.