Les écrans sont-ils trop présents dans le quotidien des enfants ? Oui, sans aucun doute. Le débat est relancé depuis maintenant quelques semaines. Certaines personnalités politiques s’en sont emparées et mènent allègrement la bataille pour la réduction du temps passé devant les écrans.
Après tout, des études confirment qu’une trop grande utilisation des écrans, que ce soit ceux des téléphones cellulaires, des tablettes ou des ordinateurs, provoque souvent des problèmes de santé. Des problèmes d’embonpoint causés par la sédentarité ; des douleurs au dos ou à la tête ; une perte d’acuité visuelle ainsi que, dans certains cas, des troubles cognitifs. Mais le Québec étant ce qu’il est quand une tendance à la critique s’empare de sa population, il nous est difficile de conserver les bons côtés d’une affaire et de revoir ce qui s’avère néfaste. La seule solution envisageable pour nous est de tout balayer du revers de la main et de tout revoir sur de nouvelles bases. Tabula rasa.
Croyez-le ou non, des écoles ont déjà commencé à se débarrasser de leur parc informatique, pour lequel elles ont pourtant investi des fortunes. J’ai même appris cette semaine qu’au moins une école s’était lancée dans l’aventure de sortir ses tableaux interactifs pour revenir à l’ardoise et à la craie. Tout cela pour éviter que les enfants ne passent trop de temps devant des écrans.
Voilà une terrible erreur.
Les enfants sont de grands autodidactes. Grâce aux appareils énumérés plus haut, ils apprennent plus dans leur lit ou sur leur divan qu’ils ne le font à l’école. Ce qu’ils apprennent n’est pas toujours pédagogique, j’en conviens, mais les apprentissages ainsi réalisés sont considérables. C’est à partir de ce constat que les écoles se sont dotées du matériel nécessaire, depuis les vingt dernières années. La réflexion en ce sens était devenue essentielle parce que l’école perdait rapidement son statut de lieu principal d’acquisition des savoirs. Il fallait donc rejoindre l’élève sur son propre terrain et cet endroit se trouve entre ses mains. La brique, le mortier et la cour d’école sont accessoires depuis longtemps.
En ce qui me concerne, la solution réside dans un bon dosage. Il faut considérer le matériel informatique comme un élément essentiel des outils d’apprentissage au quotidien, mais intercaler des périodes sans technologie pendant les séances de classe. Je le fais tous les jours en prévoyant des périodes de travaux strictement avec crayons et papier, et un tableau interactif inutilisé. En début et en fin d’année scolaire, je donne des cours à l’extérieur plusieurs fois par semaine. Les estrades du terrain de baseball adjacent à l’école se transforment aisément en un auditorium très efficace.
La modération a bien meilleur goût, dit la publicité. L’école doit faire sa part pour s’assurer que les élèves bougent et posent leur regard sur autre chose qu’une lumière bleutée durant toute une journée. Cependant, ce même principe doit également s’appliquer à la maison. Le dosage et l’équilibre doivent se vivre partout.
Dans le cours de musique
Albin de la Simone est un auteur-compositeur-interprète français que j’estime beaucoup. J’écoute sa musique régulièrement depuis une bonne quinzaine d’années. Amoureux du Québec, il a collaboré avec plusieurs de nos artistes. Il apparaît justement sur une pièce du plus récent album de Beyries, Du feu dans les lilas, lancé la semaine dernière. C’est ce qui me permet de contourner un peu les règles et de vous le présenter en #musiquebleue. Avec Beyries et Albin de la Simone, voici donc Derrière le jour.
Beyries et Albin de la Simone – Derrière le jour – Du feu dans les lilas – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
La mobilisation de plusieurs personnes, dont des membres de la communauté juive, aura finalement incité la Bibliothèque publique juive de Montréal à revenir sur sa décision de mettre à l’index les oeuvres d’Élise Gravel. L’institution a reconnu « le droit fondamental d’accéder à un large éventail de connaissances, de créativité, d’idées et d’opinions ». Les livres de l’autrice ont regagné ses rayons.
La littérature jeunesse québécoise s’est retrouvée sur la sellette, ce jeudi.
D’abord au Missouri, quand Valentina Gomez, candidate républicaine au poste de secrétaire d’État de l’endroit, dans un geste d’éclat, a brûlé au lance-flammes un exemplaire du livre Naked, version traduite de Tout nu !, un lexique de 150 mots sur la sexualité s’adressant aux adolescents. Ce bouquin, écrit par Myriam Daguzan Bernier et illustré par Cécile Gariépy, aborde différents thèmes comme l’identité et l’estime de soi, mais aussi la masturbation, l’avortement et les infections transmises sexuellement.
C’est ce que madame Gomez, une militante MAGA (Make America Great Again), veut combattre. Je précise ici que sa mise en scène survient au lendemain d’un vote au Sénat du Missouri, où les avortements sont interdits depuis deux ans. Ce vote stipule que les interruptions de grossesse demeurent illégales même dans les cas de viols et d’inceste. 1 On ne peut même plus qualifier ces politiques de conservatrices. Elles reculent le temps en ramenant une population plus d’un demi-siècle en arrière.
L’autre nouvelle relate un événement qui s’est produit à Montréal. La Bibliothèque juive de Montréal a fait retirer de ses rayons tous les livres de l’autrice et illustratrice Élise Gravel. Non, ce n’est pas parce que madame Gravel a parlé de fesses dans un de ses livres. C’est plutôt en raison de cette publication, le 2 janvier dernier, sur sa page Facebook :
Aïe, aïe, aïe ! Et je m’aperçois que je me suis même permis un « J’adore » quand elle a publié. Je souscris toujours à ses propos cinq semaines plus tard. Le peuple juif a souffert de l’Holocauste. Je dénonce l’Holocauste. Le peuple palestinien souffre de ce que lui fait subir le gouvernement israélien. Je dénonce les attaques israéliennes qui, effectivement, peuvent maintenant être qualifiées de génocide, quoi qu’en disent plusieurs personnalités politiques d’ici et d’ailleurs. Je dénonce aussi les violences du Hamas. Mais le Hamas, ce n’est pas la Palestine. Et le gouvernement israélien n’est pas tout le peuple juif. Je dénonce haut et fort les récentes attaques à l’arme à feu contre des écoles juives de Montréal.
Élise Gravel s’affiche comme pacifiste, ce qui a valu la mise à l’index de ses œuvres par une institution littéraire montréalaise. Quel message faut-il y décoder ?
Mes élèves écrivaient, cette semaine. L’un d’eux m’a demandé s’il pouvait utiliser le mot week-end. Je le fais moi-même parfois, mais dans un contexte scolaire francophone, c’est différent. Je lui ai mentionné que, comme le mot cool, week-end est un mot de langue anglaise maintenant intégré dans les dictionnaires francophones. Toutefois, s’il existe une expression française équivalente, c’est cette dernière qui doit être employée dans sa composition.
Qu’est-ce que le premier ministre aurait dû dire, ici ?
« Il y a des jeunes, malheureusement, qui trouvent ça cool de sortir des mots an anglais ou de se parler en anglais. »
Manifestement, pas juste les jeunes! 🤣
PS. Priceless : le visage de M. Legault quand il cherche à comprendre sa bourde. pic.twitter.com/4O1GMdyCwJ
Les jeunes trouvent ça amusant, ou sympathique, plutôt que cool.
En passant, monsieur Déry, « priceless » ne se trouve dans aucun dictionnaire francophone, contrairement au cool de François Legault !
Dans le cours de musique
Elle est Montréalaise, elle possède toute une voix et elle a remporté un prix Grammy, dimanche dernier. Avec sa chanson Eve Was Black, voici Allisson Russell.
Allisson Russell – Eve Was Black – The Returner – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Je ne me lasserai jamais de voir des Québécois nous faire rayonner sur la planète. La chanteuse folk Allisson Russell et le maestro Yannick Nézet-Séguin l’ont fait dimanche dernier, remportant chacun un prix Grammy à la grand-messe de la musique américaine.
Allisson Russell a remporté le prestigieux trophée dans la catégorie Roots americana, grâce à sa chanson Eve Was Black, alors que Yannick Nézet-Séguin, avec le Metropolitan Opera, a remporté celui du meilleur album d’opéra, avec Blanchard : Champion.
Le 23 novembre dernier, au tout premier jour de la grève générale illimitée des enseignantes et enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Gaétan Barrette a déclaré, sur les ondes de l’émission La Joute, à TVA, que le conflit se règlerait « avec du cash», en ce sens où une hausse salariale acceptable ramènerait le personnel enseignant en classe 1. Ma réaction fut immédiate : pas cette fois. Les troupes sont trop mobilisées et déterminées à aller jusqu’au bout pour améliorer les conditions de travail abominables dans lesquelles nous baignons depuis des années, me disais-je.
J’ai été naïf.
La hausse salariale nous assure le maintien de notre pouvoir d’achat pour les cinq prochaines années. C’est considérable quand on estime qu’une forte majorité de contribuables québécois n’obtiendront pas ce privilège. Toutefois, le reste de l’entente assure également le maintien de la dégradation de nos conditions et ne contribuera aucunement à ralentir la saignée du personnel scolaire. Tout ce qui, sur papier, peut ressembler à une avancée dans cette entente est assorti de conditions tellement hors du réalisme que la concrétisation s’avérera au mieux improbable, voire impossible.
Et ça, tout le monde dans le milieu de l’éducation en est conscient. Il reste que l’appât du revenu annuel dans les six chiffres a relégué le reste au second plan pour une majorité. Une courte majorité, mais une majorité tout de même. Pour moi, Jean-Frédéric Martin, c’est presque avantageux lorsque j’observe la situation avec un regard strictement égocentrique. J’écoulerai les trois années qui restent à ma carrière en collectant une augmentation rétroactive d’un an, ce qui bonifiera considérablement mon fonds de retraite. Mais je suis inquiet et très préoccupé pour mes jeunes collègues et pour l’avenir de ma profession.
Gaétan Barrette avait raison : c’est avec du cash que ça s’est réglé. Nous avons fait cinq semaines de grève pour ça.
Dans le cours d’univers social Volet éducation à la citoyenneté
J’aurais bien sûr souhaité une issue différente. Je suis convaincu qu’une nouvelle ronde de négociations consécutive à un rejet de l’entente de principe aurait débouché rapidement sur davantage de gains. Cependant, la démocratie ne me décevra jamais.
Mais justement, après avoir lu et entendu tant de choses sur le sujet, le processus de consultation des instances de la FAE était-il démocratique ? Ma réponse est claire, oui.
Ce processus démocratique peut-il être amélioré ? Encore une fois, oui.
Patrick Lagacé a visé juste dans une de ses chroniques de la semaine dernière 2, les assemblées syndicales et les assemblées étudiantes possèdent plusieurs éléments communs qui se montrent complètement dépassés en 2024. Parmi ces éléments, on trouve le fait d’étirer les rencontres pour lester les personnes moins motivées et conserver en salle uniquement celles qui sont « crinquées » (selon l’expression de Lagacé).
Lors de notre rencontre locale, une enseignante a demandé que la période de votation soit prolongée afin de permettre à un maximum de collègues d’exprimer leur choix. On n’a même pas pu en faire une proposition parce que, semble-t-il, la logistique et la technologie ne permettaient pas de donner suite à ce souhait de l’enseignante. Le syndicat de la Haute-Yamaska (SEHY), dernière instance de la FAE à se prononcer, a pourtant pu le faire cette semaine.
Le processus de consultation que j’aimerais voir s’appliquer est le suivant :
Inscription sur une liste de membres habilités à voter;
Dépôt des documents et vidéo explicative sur un site intranet;
Ouverture d’un forum de questions et réponses, actif jusqu’au moment du vote;
Période de votation en ligne d’une durée de 24 à 36 heures, au plus tard une semaine après le début du processus;
Ce processus serait identique et simultané pour toutes les instances.
Sur ce dernier point, la FAE et les mouvements syndicaux en général ont été beaucoup critiqués. On semble mal admettre que certaines instances puissent voter tout en connaissant les résultats de celles s’étant exprimées avant elles. Les élections fédérales canadiennes constituent pourtant un précédent très similaire, en ce sens où jusqu’à un passé plutôt récent, les électrices et électeurs de la Colombie-Britannique et de l’Ouest canadien pouvaient se rendre aux urnes en connaissant les premiers résultats dans les Maritimes, le Québec et l’Ontario.
Je réitère néanmoins que malgré les améliorations souhaitées, le mode de consultation se voulait démocratique. Je suis à même de constater que les résultats finaux, tant pour mon syndicat local que pour l’ensemble de la profession, reflètent ce que je perçois sur le terrain.
Dans le cours d’univers social Volet éducation à la citoyenneté, 2e période
Jeudi soir, une amie m’a fait parvenir les dates des épreuves du ministère en français et en mathématiques. Ces dates venaient d’être publiées sur le site du ministère de l’Éducation. Ces épreuves ont généralement lieu entre la fin-mai et la mi-juin. Cette année, en raison de la grève, on a d’abord annoncé le report aux deux dernières semaines de l’année scolaire, jusqu’à l’avant-dernière journée du calendrier.
J’ai relayé l’information par télémessage à mes collègues de 6e année. S’en est suivi un cocasse échange de jurons sur nos écrans de cellulaires. Une seule journée pour la correction de cinq ou six volumineux examens, élèves n’ayant plus la tête ni le coeur à l’école, parents devançant les vacances estivales familiales pour épargner sur les billets d’avion, chaleurs insupportables dans des bâtiments non climatisés, etc. Sur les réseaux sociaux, on a de plus évoqué les sorties de fin d’année réservées, ainsi que les stages d’insertion déjà prévus.
Il a fallu moins de 24 heures pour que le ministère ne ramène ses dates à une plage plus raisonnable. Messieurs et mesdames les fonctionnaires du ministère de l’Éducation n’avaient pas vu tout ça, selon ce qui a été rapporté à La Presse. 3
Comme bien d’autres choses, messieurs et mesdames du ministère, comme bien d’autres choses.
Je vais vous raconter une façon singulière de découvrir un artiste. Sur Facebook, dimanche, j’ai vu passer une publication commanditée qui m’a intrigué. Un jeune artiste offrait gratuitement, à qui en voulait bien, une cassette de son album. Oui, une cassette. Un virement de 5$ pour couvrir les frais postaux et je recevais, quelques jours plus tard, l’objet autographié, accompagné d’un code de téléchargement.
Cet artiste a pour nom Olivier Pépin, mais s’affiche sous celui de JALOUSE. Il compose par ordinateur, y mêlant quelques instruments. Le résultat donne un son très français, aux accents québécois. Le coup de marketing est réussi, j’ai fait une belle découverte musicale !
De l’album Nature morte, voici la pièce Caniche en laisse.
JALOUSE – Caniche en laisse – Nature morte – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Il est toujours agréable de voir quelqu’un vaincre la maladie. Cette semaine marquait le retour de Sophie Thibault à l’animation du bulletin de nouvelles de 18 heures, à TVA. Ayant combattu un cancer de la peau, madame Thibault peut maintenant reprendre ses activités.
Avec une semaine chargée de rencontres de parents et une longue rencontre syndicale, préalable au vote sur l’entente de principe, je me permets un court billet, aujourd’hui. Je reviendrai cependant la semaine prochaine sur les résultats des votes. Peu importe l’issue, il y aura des éléments très intéressants à commenter !
Dans le cours de français
Mardi, j’écoutais Tout un matin, l’émission matinale à ICI Première, la radio de Radio-Canada. Alors qu’on parlait de la prochaine tournée de concerts de l’artiste ontarienne Avril Lavigne, la chroniqueuse Eugénie Lépine-Blondeau a indiqué que son seul arrêt au Québec aurait lieu en août prochain, à « Saint-Jean-sur-le-Richelieu ».
#LeProfCorrige
C’est une erreur courante. Le nom de cette ville est Saint-Jean-sur-Richelieu, et non Saint-Jean-sur-LE-Richelieu.
Dans le cours de musique
Artiste multidisciplinaire, Mykalle Bielinski s’exprime musicalement dans cinq langues. Son instrument favori est sa voix, dont la pureté égalise l’intensité émotionnelle qu’elle transmet. Dans son premier album, Da pacem, elle mêle la poésie spirituelle à la musique nujazz. Extrait de cet album, voici Ghost.
Mikalle Bielinski – Ghost – Da pacem – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Quand j’ai lu la chronique de Patrick Lagacé, dimanche, j’ai immédiatement convenu avec moi-même que cette histoire constituerait ma prochaine bonne nouvelle hebdomadaire. Victime de plusieurs nids-de-poule à Montréal, une dame a vu le pneu crevé de sa voiture être changé par Carlos Diaz, un chauffeur d’autobus alors en pause. Exécutant le travail par un froid intense, le bon Samaritain a refusé le dédommagement que lui offrait la dame.
Je dois demeurer conséquent avec mes propos tenus au cours des derniers mois et reproduis sur cette page dans mes deux billets précédents : la proposition gouvernementale ne sera pour moi acceptable que si elle permet d’arrêter les nombreux départs de membres du personnel scolaire et si elle ramène des étudiantes et des étudiants dans les facultés d’éducation de nos universités. J’ai réussi à mettre la main sur le texte de l’entente et j’ai pris soin de bien écouter les analystes qui l’ont commentée. À la lumière de ce que j’ai pu lire et entendre, le problème de relève et de rétention des effectifs demeurera entier, au mieux. Je voterai donc contre l’entente de principe. C’est aussi la recommandation de mon syndicat local.
Le point qui achoppe concerne la composition des classes. Il me faut admettre qu’un mécanisme complexe a été discuté et convenu entre les parties. Ce mécanisme prévoit des aides à la classe, dont le rôle se veut très limité, pour les classes contenant 50 % d’élèves à défis, qui auront préalablement été identifiés par un comité suivant des règles rigoureuses, dont on ignore pour l’instant la teneur précise. Ceci est conditionnel à la disponibilité du personnel. Dans le cas où ledit personnel ne serait pas disponible, une obscure compensation financière serait offerte à la personne titulaire de la classe. Relisez ce paragraphe.
La réalité ? Mon groupe d’élèves de cette année se classe parmi mes cinq plus difficiles en carrière. Je gère plus que j’enseigne. Je réussis à avancer, mais je suis complètement épuisé quand je termine mes journées et je suis fait fort. J’ai déjà de l’aide parce que mes collègues de niveau et moi avons pris le taureau par les cornes, l’an dernier, en instaurant une structure nous permettant de travailler les défis de notre future cohorte. Mais nous avons pu le faire, à même les budgets de l’école, parce que nous formons une équipe solide et que nous avons obtenu l’aval de notre direction et la collaboration de nos techniciennes en éducation spécialisée (T.E.S.). Les autres membres du personnel ont aussi participé en nous permettant d’obtenir un horaire adapté. Enlevez un seul de ces éléments, uniques à notre école, et plus rien ne tient. Et combien avons-nous d’élèves à défis ? En me basant sur mes propres critères, à défaut de connaître ceux qui viendront, je dirais entre 20 % et 25 %. On est loin des 50 % requis pour de l’aide officielle.
J’ai vécu une situation similaire il y a une vingtaine d’années, l’aide du personnel en moins, et j’avais réglé mon problème en m’affectant dans un autre milieu. Cette fois-ci, j’enseigne dans une des plus belles écoles de mon centre de services, située dans un des plus beaux milieux. Malgré cela, j’ai des collègues qui tombent au combat. Et une collègue du même niveau que moi qui, la semaine dernière, a carrément démissionné pour aller relever de nouveaux défis. Une excellente enseignante, très dévouée.
Ce que j’aurais aimé voir, ce qui m’aurait convaincu, c’est un plan d’action à long terme. Des engagements qui vont au-delà de la simple reconnaissance du problème et qui apportent des solutions dont les résultats se feront peut-être sentir plus tard, mais qui au moins donneront de l’espoir à celles et ceux qui finiront par en profiter. Il faut quatre années de baccalauréat et quatre stages non rémunérés pour obtenir un brevet d’enseignement. Pourrait-on remplacer la quatrième année par un stage d’une année complète, rémunéré, en milieu de travail ? L’expérience vaudrait tous les cours ainsi remplacés et on pourvoirait, par des personnes qualifiées ou en voie de l’être, bon nombre de postes jusqu’ici occupés par les « adultes » du ministre Drainville 1.
Pour permettre aux enseignants d’enseigner, il faut aussi considérer l’ajout de classes d’adaptation scolaire. L’intégration à tout prix a permis de sensibiliser les intervenants et la population à la réalité de plusieurs enfants injustement marginalisés jusque dans les années 1990, mais elle a créé l’éducation à trois vitesses et une dévalorisation importante de l’école publique. Entre deux extrêmes, il existe un juste milieu.
Il faut également valoriser le métier de T.E.S. et investir dans leur formation. Ce sont ces personnes qui apporteront la plus grande aide dans les classes. En collaboration avec l’enseignante ou l’enseignant, elles peuvent intervenir en classe ou à l’extérieur de celle-ci, avec un élève ou un petit groupe, tant pour des problèmes d’attitude que pour certaines situations didactiques. Elles soulagent les titulaires d’une multitude de tâches qu’on leur a octroyées à travers les décennies et qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce pour quoi ils ont étudié.
Finalement, il faut investir dans les bâtiments et le matériel. Si les nouvelles écoles sont construites pour répondre aux réalités du 21e siècle, il en existe aussi qui ont été inaugurées dans les années 1960, 1970 ou 1980 et pour lesquelles les infrastructures ont été entretenues, mais peu ou pas modifiées. Et certains ajouteront que même au niveau de l’entretien, les responsabilités n’ont pas été assumées.
Alors voilà. Même si on nous propose une augmentation salariale substantielle, elle est sans intérêt si aucune mesure n’est prise pour améliorer les conditions de travail en éducation. Cet accord de principe ne mérite donc pas notre appui. Depuis les trente dernières années, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de marteler que l’éducation constituait leur priorité, mais, chaque fois, ils ont géré au jour le jour et n’ont jamais élaboré de plan à long terme. On a vu des bâtiments en décrépitude, un écart s’accentuer entre l’école publique et l’école privée, des départs massifs de membres du personnel et des facultés universitaires qui se vident. On panse les plaies, mais on ne se préoccupe pas de la guérison du malade.
Jusqu’à récemment, je me suis tenu loin des questions syndicales. Pour être franc, ça m’ennuyait. Le militantisme me rebutait. J’ai mené cette fois la bataille parce que la cause était juste. Je pense que nous avons convaincu la population de la gravité de la situation. Ce qu’il faut maintenant comprendre, c’est qu’elle deviendra critique si on se contente de ce qui nous est proposé.
Mercredi prochain, je voterai contre l’entente de principe.
On m’a fait parvenir cette photo, prise dans la vitrine d’une boutique d’un centre commercial.
#LeProfCorrige
Un manteau, des manteaux. Un mental, des mentaux.
Rien à ajouter.
Dans le cours de musique
Victoria Malenfant est née à Paris, mais vit à Montréal depuis son adolescence. Donnant parfois dans la chanson française et parfois dans le jazz, elle combine ici les deux pour nous offrir sa version personnelle de La Javanaise, de Serge Gainsbourg.
Victoria Malenfant – La Javanaise – Live Session at Sud-Ouest Studio – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Plusieurs journalistes et chroniqueurs de La Presse, dont Mayssa Ferah, Hugo Dumas, Isabelle Hachey, Rima Elkouri et Yves Boisvert, ont fourbi leurs premières armes en participant aux stages d’été qu’offre depuis toujours le quotidien montréalais. Chaque été, je me plais d’ailleurs à rechercher la mention stagiaire sous le nom de l’autrice ou de l’auteur des articles. Eh bien, La Presse embauchera de nouveau des étudiants en journalisme et en photographie l’été prochain, afin de leur donner leur première chance. Une dizaine d’entre eux seront retenus, parmi celles et ceux qui auront soumis leur candidature avant le 16 février.
La relève journalistique, c’est mon Star Académie à moi !
J’ai sourcillé en lisant la chronique de Francis Vailles1, cette semaine. Je me suis surtout demandé quelle était la motivation, quel était l’objectif, derrière cette publication dans La Presse ? Les enseignantes et enseignants au sommet de leur échelle salariale dépasseront les 100 000 $ par année dès avril prochain ? Et puis quoi ? Quand on tourne autour du pot comme il le fait, c’est qu’on espère que les lecteurs tireront leurs conclusions à partir de sous-entendus.
Dans son texte, Vailles qualifie quand même cette entente salariale de satisfaisante. Pourquoi ? Parce qu’elle fait franchir à des profs du primaire et du secondaire la « barre magique » des 100 000 $ ? À ce que je sache, il est pas mal toujours resté silencieux lorsqu’il s’agissait des salaires des ingénieurs, des pompiers ou des cols bleus de la Ville de Montréal, pour ne citer que ces quelques exemples.
Personnellement, ce ne sont pas les 100 000 $ que je retiens dans cette entente salariale. Ce sont plutôt les 17,4 % sur cinq ans, auxquels s’ajoute une clause d’indexation à l’inflation pour les trois dernières années de la convention collective. C’est ce qui permettra aux enseignantes et enseignants de maintenir leur pouvoir d’achat.
Au final, est-ce que mes collègues affiliés à la FAE et moi-même avons fait 22 jours de grève pour obtenir un salaire annuel de 100 000 $ ? Absolument pas. Je l’ai mentionné dans mon billet de la semaine dernière 2, je ne serai personnellement satisfait des ententes que si elles permettent d’arrêter l’exode du personnel scolaire et si elles ramènent des étudiantes et des étudiants en éducation dans les universités. Le salaire y contribuera sans doute un peu, mais c’est avec des changements au niveau de la composition des classes et avec un allégement de la tâche qu’on y parviendra. Et là-dessus, aucun élément de l’entente de principe n’a encore été dévoilé.
Quelques heures après avoir pointé la FAE du doigt pour manipulation de l’opinion publique 3, la journaliste Emmanuelle Latraverse s’y est elle-même risquée en faisant une déclaration, sur les ondes de TVA nouvelles, qui n’a probablement pas manqué d’influencer l’opinion des téléspectateurs. Elle a mentionné que les élèves des écoles fermées en raison des 22 jours de grève de la FAE avaient ainsi été privés de 528 heures de cours. Sachant qu’une année scolaire complète compte 900 heures de cours, je savais bien que l’information n’avait aucun sens.
Les élèves fréquentent l’école pendant 7 heures par jour, mais en déduisant le temps requis pour le repas et les récréations, chaque jour, ils ont 5 heures de classe. Le bon calcul est donc le suivant : 22 jours de grève x 5 heures de cours = 110 heures perdues. C’est beaucoup, mais on est loin des 528 prétendues.
Comment madame Latraverse en est-elle donc arrivée à 528 heures ?
On obtient 528 heures si on tient pour acquis que les élèves reçoivent des cours durant une journée entière, soit 24 heures. (22 x 24 = 528)
La tentation est forte de soumettre ce problème mathématique à mes élèves de 6e année. Je demeure persuadé que la plupart obtiendraient la bonne réponse.
Il peut arriver qu’une entreprise ou un produit se heurte à un mur une fois exporté dans un autre pays, si à cet endroit son nom prend une consonance peu inspirante. J’en veux pour exemple ce modèle de véhicule, jadis populaire au Canada et aux États-Unis, mais qui n’a jamais su trouver sa niche plus au sud :
En espagnol, Nova signifie « ne va pas ». Cette expression est utilisée en particulier au Mexique et dans les autres pays d’Amérique du Sud.
Cette semaine, les publicités de deux compagnies américaines désirant étendre leurs tentacules au Québec m’ont fait éclater de rire. C’est une coïncidence : les deux entreprises sont des services de livraison de repas.
La première s’appelle Chefs Plate.
Traduire le nom par Les plats du chef ou Le plat des chefs aurait probablement donné un résultat plus attrayant. C’est « plate » pour eux !
Quant à l’autre, elle s’appelle LAbite.
Bon, j’admets que La bouchée de Los Angeles n’aurait guère été préférable. Mais je me plais à imaginer quelqu’un qui lance : « On commande chez LA bite ? ».
Dans le cours de musique
Mélanger les genres et mélanger les styles. Je viens de découvrir la musique de Nicolas Lalonde. Il vient de lancer son premier album, Alternance. Celui-ci se veut un recueil de pièces composées, enregistrées et réarrangées au cours des dix dernières années. La poésie est belle, alors que l’assemblage d’instruments acoustiques et électroniques nous ramène quelques décennies en arrière. Voici la pièce Je comprends vite quand on m’explique lentement.
En premier lieu, je vous formule mes vœux pour une merveilleuse année 2024. À toutes et à tous, je souhaite la santé. La première chose à considérer est la santé physique, afin de profiter pleinement de la nature et des petites joies qu’elle nous réserve. La santé mentale, également, pour que de chacun de ces éléments se dégagent des instants de bonheur dont la beauté vous soit perceptible.
Cette santé physique et mentale, je nous la souhaite aussi en tant que société. Bien sûr, pour ne pas surcharger un réseau de santé déjà abondamment fissuré, mais surtout pour préserver une force et une résilience collectives face au flux quotidien de nouvelles négatives servies par les médias d’information et les réseaux sociaux.
À toutes, à tous, à nous, une bonne, heureuse et saine année.
Sur mes écrans
Dieu est partout, nous a-t-on longtemps répété. En 2024, l’être humain aussi à partir du moment où il a un téléphone intelligent en poche. Il était donc illusoire pour le gouvernement et les grandes centrales syndicales de s’imaginer que les contenus des ententes de principe demeureraient secrets jusqu’à leur présentation aux différentes instances. Les premières fuites se sont produites cette semaine.
On a donc appris que les travailleuses et travailleurs affiliés au front commun intersyndical avaient obtenu des augmentations salariales de 17,4 % sur cinq ans, ceci assortit d’une clause de protection du pouvoir d’achat pour les trois dernières années de l’entente. Cela signifie que si l’inflation dépasse la hausse salariale prévue au cours de l’année, celle-ci sera ajustée en conséquence. On évoque également des gains dans le domaine des assurances collectives et un statu quo quant aux régimes de retraite.
Je ne me prononcerai pas maintenant sur ces différents points, sauf pour indiquer qu’il s’agit d’éléments substantiels qui méritent d’être réfléchis et discutés. Étant moi-même affilié à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), dont aucune ligne de l’entente de principe n’a encore fui, je préfère me garder une réserve pour l’instant.
Avant d’approuver ou de rejeter ce qui nous sera proposé, j’aurai deux questions pour mon syndicat et j’arrêterai ma décision à partir des réponses que j’obtiendrai. Les deux questions seront les suivantes :
Est-ce que cette entente nous permettra d’attirer et de retenir des étudiantes et des étudiants dans les départements de la Faculté d’éducation de nos universités ?
Est-ce qu’elle stoppera l’hémorragie de personnel qui sévit de manière importante dans le milieu scolaire depuis de nombreuses années ?
Bien sûr, à moins d’une démonstration déjà claire et limpide dans le libellé des offres, je m’attendrai aux justifications pertinentes qui étaieront une éventuelle réponse affirmative. Je souhaite ardemment et sincèrement pouvoir tourner la page de ce chapitre de ma carrière. Toutefois, je refuse d’avoir perdu en vain 22 jours de salaire.
Dans mes écouteurs
Révélation Radio-Canada pour la période 2023-2024, Waahli est un rappeur québécois qui s’accompagne de rythmes caribéens. Impliqué dans la communauté, il donne également des ateliers d’écriture dans les écoles.
Après avoir produit deux albums, en 2018 et en 2022, il nous arrive cette fois avec un microalbum regroupant cinq pièces, Saponification. Heureux de présenter du reggae en #musiquebleue, voici la chanson Bom Pase.
Le jour de Noël, le site de Radio-Canada a publié une liste de dix bonnes nouvelles environnementales, qui ont été répertoriées au cours de l’année 2023. Plusieurs de ces nouvelles nous touchent indirectement en ce sens où elles inspireront sans doute nos décideurs. Cependant, dans le lot, deux des dix nouvelles nous concernent directement.
D’abord, l’île d’Anticosti, qui a officiellement fait son entrée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit d’une mesure protectrice d’importance pour ce territoire québécois.
De plus, le reportage de Radio-Canada mentionne la revitalisation de l’île Tekakwitha par la communauté mohawk de Kahnawake.
Au moment où j’écris ces lignes, je viens d’obtenir la confirmation que les neuf syndicats affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont entériné l’accord intervenu avec le gouvernement. Notre grève générale illimitée est donc levée.
Ceci n’assure pas encore un retour en classe au début janvier, mais disons que les chances sont excellentes. Il reste encore deux étapes à franchir. D’abord, tous les syndicats regroupés dans le front commun doivent également accepter les accords, ou à tout le moins juger les avancées suffisantes pour renoncer à leur grève générale illimitée annoncée pour le retour des Fêtes. Ensuite, les membres des syndicats locaux doivent à leur tour approuver les ententes de principe. Là-dessus, je demeure très confiant, mais il faut éviter de considérer la formalité. Le passé récent contient plusieurs exemples d’ententes de principe recommandées par les instances syndicales et finalement rejetées par les membres. Pour n’en nommer que deux, notons la Société des alcools du Québec (SAQ), ainsi que la Sûreté du Québec.
J’ai hâte de revoir mes élèves !
Sur mes écrans
J’en faisais déjà l’éloge ici il y a un peu plus d’un an 1. J’adore les capsules de Jamy Gourmaud. Il y a trois semaines, Jamy en a publié une sur les origines de la langue française 2.
Saviez-vous que seulement 2 % des mots français sont empruntés à l’anglais, mais que dans le sens inverse, la langue de Molière en a fourni plus de 60 000 à celle de Shakespeare ? Quelle est la plus grande ville francophone au monde ? La réponse vous étonnera.
On y trouve également un segment sur le Québec. Cette vidéo vaut cent fois l’investissement de 11 minutes qu’elle vous demande.
Il y a quelques jours à peine, j’ignorais qui était Robert Rioux. Depuis 1999, il a pourtant produit dix albums et plusieurs simples. Professeur de guitare, c’est cet instrument qu’il exploite dans tous les styles et toutes les sonorités. Son album Party nous replonge dans les décennies 1970, 1980 et 1990. Tiré de cet album, voici Funkolik.
Le grand-père, Guy, a fondé Cote 100, une des plus prestigieuses compagnies d’investissements au Québec. Le père, Sébastien, a vécu une impressionnante carrière de double au tennis dans les années 1990, aux côtés d’un autre Sébastien, Lareau. Quant au fils, Maxence LeBlanc, il vient tout juste de signer un contrat en vue de faire partie de l’équipe de football universitaire de l’Ohio, le Buckeye d’Ohio State, qui évolue dans la NCAA.
Il s’agit de la concrétisation d’un rêve pour le Montarvillois de 18 ans qui poursuit ainsi son chemin vers de plus grands sommets.
J’aurais pu être directeur d’école, mais non. Parce que je suis un enseignant. J’ai un jour considéré devenir conseiller pédagogique, car je trouvais que les classes manquaient de ressources et d’outils. J’ai cependant préféré demeurer avec mes élèves parce que je suis un enseignant.
Je passe une partie de mes fins de semaine et de mes vacances à bâtir du nouveau matériel et à m’informer sur les nouveaux courants pédagogiques. Je le fais comme le font la majorité des enseignants, parce qu’un enseignant ne se contente pas d’être un enseignant. Un enseignant veut toujours demeurer un bon enseignant.
Bien que je ne dispose d’aucune autre certification, mes expériences professionnelles ont fait de moi un médiateur, un travailleur social, un infirmier, un psychologue, un auteur, un concepteur, un comédien, un gestionnaire tous azimuts. Mes collègues le savent bien, ils vivent la même réalité. Pour tous les autres, je suis un enseignant.
Être enseignant, ce n’est pas avoir la vocation, comme plusieurs se plaisent à le penser. Être enseignant, c’est avoir la flamme. Comme n’importe quelle flamme, plus on la nourrit, plus elle monte. Depuis une vingtaine d’années, les différents gouvernements qui se sont succédé ont pris des décisions qui nous ont imposé plus de tâches de gestion et plus d’évaluations, réduisant d’autant notre temps d’enseignement. Nous sommes des enseignants. Moins on enseigne, moins la flamme est nourrie, plus elle diminue. Le gouvernement actuel s’affaire à éteindre ce qu’il en reste.
Je suis un enseignant et j’entreprends une cinquième semaine sans enseigner. La flamme s’est transformée en flemme. Je suis accablé d’une inquiétante paresse physique et intellectuelle qui me plonge dans un état ne s’apparentant à rien de ce que je ressens durant mes semaines de vacances. Il y a une semaine, je me suis ouvert à quelques collègues sur ma situation. Ils m’ont tous, sans exception, affirmé ressentir la même chose. Rassurant ? D’un point de vue personnel, oui. Professionnellement, non, au contraire. Nous sommes des enseignants.
Le choix d’aller en grève nous appartenait. Il importe néanmoins de préciser que nous sommes sans convention collective depuis mars dernier et que malgré notre grève, le gouvernement ne démontre aucun empressement à négocier. Ajoutons à cela que plusieurs éléments importants étaient restés en suspens lors des dernières discussions, en raison de la COVID. Parmi ces éléments, on trouve la composition des classes, que nous avions accepté de reporter aux présentes négociations, malgré l’urgence de la situation. L’important était d’avancer et de rattraper le temps que la pandémie nous avait fait perdre. Nous sommes des professionnels de l’enseignement.
La grève des enseignantes et enseignants affiliés à la FAE entre dans sa cinquième semaine. Elle est déjà la plus longue jamais vécue par l’État québécois. Jusqu’à quand se poursuivra-t-elle ? François Legault répète depuis plus de dix ans que l’éducation est sa priorité. Si c’était le cas, nous serions en classe actuellement. Vingt jours de grève, parce que c’est là où nous en sommes, c’est un dixième de l’année scolaire. Même durant la pandémie, les élèves n’en avaient pas perdu autant. Nous étions passés en enseignement à distance après deux semaines.
Ce gouvernement, dirigé par des gens d’affaires (la tentation était forte d’écrire des hommes d’affaires), gère le Québec comme s’il s’agissait de son entreprise. Les élèves ne sont pas une clientèle qu’on peut se permettre de négliger temporairement dans l’espoir de mieux la servir par la suite. Et les employés de l’État sont ceux de l’État, pas ceux de la CAQ. La responsabilité de les garder mobilisés incombe cependant aux élus et aux hauts fonctionnaires.
Je suis un enseignant qui n’enseigne plus. Et plus la situation se prolonge, plus j’ai tendance à me démobiliser. Cette semaine, une de mes élèves m’a écrit. Elle m’a rappelé qu’en septembre, j’avais mentionné au groupe que je leur parlerais de quelque chose en particulier lorsque nous serions rendus en décembre. Ma flamme s’est nourrie par cette seule intervention. Je lui ai répondu que je me mettais sur-le-champ à la réalisation d’une capsule vidéo. La petite a prévenu d’autres élèves de la classe et me l’a fait savoir. La flamme brûle. Ne le dites pas à mon syndicat, mais ça fait deux jours que je travaille sur cette capsule que je déposerai plus tard aujourd’hui sur une plateforme numérique.
Il n’y a aucun doute, je suis un enseignant.
En #musiquebleue
Encore une pièce de Noël, encore a cappella. Il y a quelques années, j’ai découvert la version de la chanson The 12 Days of Christmas par le groupe américain Straight No Chaser. Version drôle et surprenante, s’il en est une.
De ce côté-ci de la frontière, le duo Deux gars, plein d’voix en ont fait une adaptation. La voici.
Deux gars, plein d’voix – Les 12 jours de Noël – Tableaux de Noël – #musiquebleue
La bonne nouvelle de cette semaine
Il est délicat d’écrire ici tous les détails, mais les élans de générosité et de solidarité de la population envers le personnel scolaire en grève sont dignes de mention. À petite échelle, dans nos entourages immédiats, les exemples sont nombreux. Les invitations à souper, le partage de nourriture, les prêts d’argent à long terme et sans intérêt constituent des éléments fréquents et nombreux chez les collègues.
Les initiatives de groupes ou régionales apportent également leur lot d’aide précieuse. À ce sujet, il y aura de nouvelles collectes et distributions à plusieurs endroits, le samedi 23 décembre.
Finalement, je me dois de souligner l’apport des très nombreux commerçants qui, sur les lignes de piquetage, ont souvent et spontanément démontré leur soutien. De façon plus personnelle, pour tout ce qui a été offert à mes collègues et à moi durant notre seule sortie de jeudi, je tiens à remercier Barbies resto bar grill, les Marchés TAU, ainsi que les restaurants Starbucks.
Grève rime avec trêve. Je souhaite que pour les deux prochaines semaines, les rapprochements familiaux et amicaux constituent notre seule source de préoccupations. Pour celles et ceux qui fêteront Noël, je vous le souhaite joyeux et festif.
Pour une quatrième semaine consécutive, je souhaite que le chapitre hebdomadaire de mon journal de grève soit le dernier. Mercredi, le premier ministre s’est même avancé sur un retour en classe dès lundi. Ça, c’est comme pour le père Noël : on voudrait y croire, mais la réalité l’emporte.
Dans ce billet, je cède ma plume à d’autres. Il existe des enjeux qui ont besoin d’être démystifiés, en ce qui regarde le quotidien du monde de l’enseignement, afin de contrer ou de préciser certaines croyances populaires. Si j’y fais ponctuellement allusion à l’intérieur de mes écrits, des collègues et des observateurs en ont fait autant ces derniers jours. Cette semaine, mon espace leur appartient.
Sur l’exode du personnel et la désertion des étudiants en enseignement
Son homonyme est acteur, mais le Frédéric Pierre dont il est question ici est informaticien. Il appuie le personnel scolaire et celui de la santé dans leurs revendications. Voici ce qu’il publiait sur le réseau social Bluesky, le 11 décembre dernier.
« Une prof me disait que plus le gouvernement prend du temps pour négocier, certains profs songent quitter et se trouver autre chose. Aussi, sa fille étudie en enseignement : – 1ère année : il y avait 120 étudiants. — 3e année : il en reste 30 ! Avec une autre année à faire. 😕 » Source : Bluesky (@fredericpierre.bsky.social)
Évidemment, ces chiffres ne sont pas vérifiés et confirmés. Mais ils reflètent ceux de l’étude réalisée par Le Devoir, il y a deux ans, à laquelle je faisais référence dans mon billet du 24 novembre dernier. 1
Depuis le début des moyens de pression du personnel enseignant, le gouvernement exige de nous de la souplesse pour modifier le processus d’affectations. Nous reviendrons plus bas sur la souplesse. Pour ce qui est des affectations, mon ex-collègue Marie-Josée Dupont a très bien résumé la situation.
Source : Facebook
Ce que le gouvernement voudrait, c’est que les enseignantes et enseignants permanents soient exclus de l’affectation d’août. Bien que l’ancienneté constitue notre seul atout pour améliorer nos conditions, la FAE a tout de même consenti à une ouverture sur ce point. Pourquoi Bernard Drainville et François Legault en font-ils un enjeu majeur alors que ça ne concerne qu’une quantité négligeable de postes ? Ma seule réponse est qu’ils font preuve d’une méconnaissance marquée de la situation.
Sur notre réalité
Le cri du cœur d’Anne-Marie Vignola, enseignante au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), expose un portrait limpide et complet de notre quotidien.
« Bonjour, Je m’appelle Anne-Marie et je suis enseignante depuis plus de 20 ans. J’ai étudié quatre ans à l’université pour obtenir un baccalauréat en éducation. Je suis sans contrat de travail depuis 10 mois et sans salaire depuis trois semaines parce que mon patron trouve que je manque de souplesse. J’ai pourtant l’impression de faire des acrobaties incroyables pour parvenir à faire mon boulot. Je n’ai rien d’extraordinaire… Nous sommes plus de 60 000 dans les rues depuis bientôt trois semaines. (FAE) Cette semaine des milliers d’autres travailleuses vont se joindre à nous. ✨❤️ Nous vous attendions ! ✨ Je suis une fille travaillante ! Je fais des heures supplémentaires à toutes les semaines et je ne demande jamais d’obtenir un salaire supplémentaire. Je fais tout ça bénévolement. Je mange régulièrement le souvenir d’un yogourt sur l’heure du midi parce que je manque de temps et je préfère travailler. En 20 ans, je n’ai jamais reçu une seule plainte de ma direction. Je dépense annuellement entre 500 $ à 1000 $ de mes sous pour acheter des jeux, jouets, livres ou ateliers. Le 250 $ attribué pour ma classe est insuffisant et j’adore avoir du matériel pédagogique actuel. Je suis toujours à l’heure au travail. Depuis deux ans, je n’ai jamais été malade. Je ne prends jamais de congés parce que je n’aime pas prendre deux heures de mon temps, déjà si précieux, pour écrire les explications du déroulement de la journée à un remplaçant. Il y a aussi le fait que ce sont souvent des collègues qui doivent remplacer les absents parce qu’il n’y a plus de suppléants… Je demeure presque toujours calme lorsque quelqu’un lance une chaise. 🧘🏻♀️ Je suis immunisée contre les insultes. Je suis excellente en gestion des conflits. Je peux faire rire quelqu’un qui pleure. Je sais que mes bras sont réconfortants. Je peux faire 5 tâches en même temps. Je fais environ 20 heures de formation par année parce que je trouve important de demeurer au fait des pratiques innovantes dans mon domaine. J’ai repeint une partie de mon local en cachette et j’ai découpé des petites marguerites en papier pour cacher les trous du mur de ma classe. Encore une fois, j’ai gardé la facture pour moi. Mon patron trouve que je manque de souplesse, mais moi, j’ignore ce que je peux faire de plus… Tous les spécialistes de l’enfance (médecins, pédiatres, psychologues) sont en accord avec les demandes de la FAE. On ne demande pas d’avoir l’air climatisé, un système de ventilation adéquat et un parc informatique fonctionnel… Nous souhaitons que nos élèves les plus vulnérables puissent obtenir des services offerts par des personnes compétentes. LA BASE ! Ce travail, je l’aime profondément et ça me fait mal de me sentir aussi peu respecté par mon employeur. À force de me plier en quatre pour y arriver, je suis brisée et je ne veux plus continuer comme ça. L’attitude du gouvernement envers cette marée de petites tuques rouges me dégoûte ! Nous sommes des guerrières ! Nous arrivons à bout des enfants les plus rebelles… Si son souhait est d’étirer la négociation pour épuiser nos troupes et semer le chaos, il va trouver le temps long. Les troupes sont épuisées depuis une décennie et elles appuient le méchant monstre syndical qui, pour l’instant, est le seul à nous protéger dans cette lutte… Après trois semaines, ces femmes sont affamées et déterminées à continuer de lutter contre les injustices du système de l’éducation et de votre exploitation de notre bonté ! »🔴
Je l’ai écrit plusieurs fois, nos semaines de vacances sont nombreuses, mais elles sont toutes à nos frais. Qui plus est, le gouvernement conserve temporairement une partie de notre argent et le fait fructifier, avant de nous en remettre le capital tout en conservant les intérêts. Le dimanche 10 décembre, Valérie Larin l’a très bien expliqué.
« FONCTIONNEMENT RÉEL DU SALAIRE D’UN PROF Je fais ce post en toute transparence. Je suis prof au primaire. Je suis actuellement à l’échelon 5. Selon la convention actuelle, mon salaire annuel est de 56 550 $. Une année compte 52 semaines (365 jours). Si on exclut les week-ends, ça nous donne 260 jours au total. Je travaille 200 jours par année (180 jours en présence d’élèves plus 20 journées pédagogiques, qui sont loin d’être des « congés » comme certains le pensent : réunions, planification, correction, impressions, paperasse, achats pour la classe, etc.). Logiquement, je devrais être payée 1/200 de 56 550 $ pour chaque jour travaillé, c’est à dire 282,75 $ par jour (brut) et être au chômage durant l’été. Sachez que ce n’est pas le cas ! Il y a plusieurs années, une loi est venue exclure les enseignants ayant un poste permanent du droit au chômage durant l’été. Pourquoi ? Aucune idée ! Ça, c’est la première aberration. En voici une deuxième : comme le gouvernement semble juger que nous ne sommes pas assez autonomes pour gérer nos sous nous-mêmes et nous en mettre de côté pour la période estivale, il me paie 1/260, donc 217,50 $ au lieu de 282,75 $. Le gouvernement ramasse donc 65,50 $ sur chacune de mes paies (aux deux semaines) pour me le redonner durant les mois d’été. Au total, dans l’année, c’est 15 660 $ qu’il garde pour lui en le faisant fructifier pendant que moi, je ne peux pas, même si c’est MON argent. Je vous rappelle que je ne suis qu’à l’échelon 5. Imaginez quelle somme cela peut représenter sur l’ensemble des profs au Québec ! En voulez-vous une autre ? La loi sur les normes du travail prévoit 2 semaines de vacances payées pour les salariés ayant cumulé entre un an et 3 ans de travail continu, ainsi que 3 semaines payées après 3 ans. Nous, les profs ? Rien. Nada. Nous n’avons aucun congé payé par l’employeur. Nous finançons tous nos congés (vacances et jours fériés) à partir de notre propre paie. Donc, si vous pensiez encore que les profs ont « deux mois de congés payés durant l’été », j’espère que cette rectification vous a permis de comprendre que c’est loin d’être le cas ! »
Cette fameuse souplesse que réclament François Legault et au moins deux de ses ministres ! Est-ce que nous en démontrons suffisamment ? Marie-Ève Couture, enseignante spécialiste en anglais, a également lancé ce cri du cœur.
« D’après monsieur Legault, je manque de souplesse… En tant que spécialiste, prof d’anglais, j’ai 2 écoles, 15 groupes donc environ 300 élèves… Je ne me plains pas, mais vous dites que je manque de souplesse… 🤔 Je fais partie des privilégiés qui possèdent un local où je peux enseigner adéquatement. Mais seulement dans une école ! Faudrait pas ambitionner, quand même !! À l’autre école, je prends la place de l’enseignant qui doit sortir de son local et se trouver une place où travailler durant cette heure…. Qui est souvent le salon du personnel où ça va et vient constamment ! …. Parfait pour travailler et se concentrer ! Mais, ON manque de souplesse ! Je change 5 fois de local dans une journée en oubliant souvent des trucs ici et là… Je dois me promener de classe en classe avec des livres, mon ordi, mon sac, les photocopies, les jeux, les dictionnaires… puisque je n’ai pas de local pour enseigner !!!! Mais, je manque de souplesse ! Le budget classe pour acheter des livres ou du matériel est largement insuffisant… 150 $ environ par école et c’est pas une blague ! Donc, vous me voyez venir ! Je dépense facilement 500 $ par année pour que les élèves aient : des nouveaux livres intéressants, une boîte de récompenses, des jeux au goût du jour, des activités intéressantes, des décorations et des affiches pour rendre les cours plus vivants, etc. Mais, je manque de souplesse ! À la récré, je garde des fois des élèves pour régler un conflit, leur donner du temps supplémentaire pour finir l’examen, avoir une discussion parce que l’élève vit des choses difficiles à la maison (oui bien sûr qu’on est psychologue et ça presque au moins une fois par semaine !), pour reprendre la notion enseignée, etc. J’avais vraiment envie d’aller aux toilettes, mais bon, j’irai au dîner, l’élève est plus important ! Mais, je manque de souplesse ! Idéalement, dans un cours, je dois enseigner, expliquer l’exercice à faire, répondre aux questions et si possible corriger en grand groupe ! Et le tout en une heure ! Car on voit en général nos groupes seulement une heure par semaine ! Bon, OK ! 8 h 05 Je commence le cours… que dis-je… j’attends qu’environ 3 à 5 élèves finissent d’enlever tous les vêtements p.c.q. ils sont habitués de prendre leur temps à la maison et qu’il n’est pas question qu’ils se dépêchent à l’école…. Faudrait pas les brusquer, mais plutôt attendre et s’adapter à leur rythme… pendant ce temps-là, il y en a 15 qui sont prêts, s’impatientent et qui commencent à vouloir bouger. C’est normal, c’est des enfants !!! Mais moi, j’attends les autres tout en essayant de gérer les comportements des autres. 8 h 15 : Une fois tout le monde assis et « attentif » 😉😂 🤞Je peux commencer à enseigner ! Dans plusieurs groupes, j’ai un élève TSA qui nécessite une approche différente pour chacune des interventions. Par exemple, si je demande de sortir leur cahier, l’élève se met à crier, car il n’aime pas les changements… je dois donc le préparer mentalement à l’avance pour chaque transition ! Bien sûr, nous avons des TES formidables pour aider, mais qui ne peuvent pas se séparer en 10 non plus ! Il y a en souvent un avec un trouble de comportement qui est très souvent en opposition, impoli avec moi ou les autres. Souvent en conflit qui doit être réglé tout de suite pour ne pas que ça dégénère…. Il y a facilement 5 à 7 élèves par groupe avec des plans d’intervention puisqu’ils ont de gros troubles d’apprentissage. Ce qui veut dire que je dois adapter mon cours pour eux parce qu’un a droit à son ordi (donc je dois m’assurer que l’élève a son ordi et que j’ai préparé à l’avance le document qui devra être lu par un logiciel prévu à cet effet). Un autre a droit à un temps supplémentaire pour finir (que je dois aussi prévoir dans mon planning) et je pourrais continuer longtemps encore ! Il y a ceux qui n’ont pas de troubles d’apprentissage, mais qui ne sont pas motivés et que l’on essaye par tous les moyens de motiver… Il y a ceux qui ne comprennent pas le français….. Et qui sont oubliés ? Ceux pour qui ça va bien et qui n’ont pas de problèmes d’apprentissage et/ou de comportement… 8 h 30 : après avoir demandé je ne sais pas combien de fois à un élève de s’asseoir et d’arrêter de déranger autour de lui p.c.q. il n’a pas pris sa médication ce matin-là et qu’il est impossible pour lui de rester en place et bien je finis par tolérer qu’il soit debout p.c.q. je suis juste tannée d’intervenir. Je réussis à les faire commencer l’exercice, et un de me dire qu’il n’a pas de crayons, l’autre qu’il ne trouve pas son cahier, l’autre qu’il ne sait pas quoi faire quand je viens de passer 10 minutes à expliquer pendant que lui jouait avec son efface, que mon TSA a besoin de moi constamment pour le rassurer ! J’ai ceux qui ont des questions p.c.q. ils ne comprennent pas encore le français et moi je leur demande d’apprendre une troisième langue…. J’ai aussi les anglophones qui finissent le travail en quelques minutes et je dois avoir prévu des trucs supplémentaires pour eux qui les challengent un peu ! Êtes-vous essoufflés ??? Moi, oui ! Mais, je manque de souplesse ! 9 heures : plusieurs n’ont pas fini l’exercice, j’ai géré 2 conflits à travers toutes les questions et mon TSA décide qu’il jette par terre tout ce qu’il trouve autour de lui ! 9 h 05 : je dois me dépêcher à tout ramasser mes trucs, mon ordi, mon sac, mes jeux, etc., pour changer de local, car je donne un cours à 9 h 05 à l’étage du dessus… Mais, je manque de souplesse ! On répète la scène 5 fois par jour, 5 jours par semaine ! De septembre à fin juin ! MAIS !!!! Je manque de souplesse ! 🤔🤔🤔🤔🤔🤔🤷🏻♀️🤷🏻♀️🤷🏻♀️ »
Sur nos revendications
Ce que nous réclamons, c’est de l’aide et la sauvegarde de l’école publique. La hausse salariale est accessoire et vise surtout à rendre notre profession attrayante pour arrêter la désertion massive qu’elle subit actuellement. Cette grève générale illimitée, sans salaire, sans fonds de grève, ce piquetage sous des températures hivernales, c’est pour nos élèves et ceux qui les suivront que nous le faisons.
Dans une lettre ouverte à François Legault, Bernard Drainville et Sonia LeBel, plus de 75 pédiatres et médecins de famille ont pris position en notre faveur et en faveur de leurs collègues du domaine de la santé. Voici un extrait de leur missive.
« Croyez-nous, nous sommes au premier rang pour constater la dure réalité des familles qui perdent présentement des revenus considérables, en raison de journées de travail annulées. Plus particulièrement, nous avons cette pensée sincère pour les enseignantes et les enseignants qui sont maintenant sans salaire depuis presque trois semaines à se battre pour de meilleures conditions de travail, mais aussi de meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves, bref pour un meilleur système d’éducation publique, en adéquation avec nos jeunes institutions fondatrices.
Nous joignons fièrement nos voix à la leur, de même qu’à celles de tous les travailleurs de la santé, également mus par de courageux engagements. Nous militons pour un meilleur système d’éducation publique, qui valorise à juste titre le travail de tous ses professionnels, tout en demeurant profondément inquiets pour notre système de santé déjà fragilisé et qui l’est d’autant plus que de nombreux travailleurs de la santé, également des parents, y sont déchirés entre leurs responsabilités professionnelles inconciliables avec leurs obligations familiales. »
Finalement, s’il vous reste du temps et de l’énergie, je vous invite à lire la chronique de Patrick Lagacé, publiée jeudi matin. Il résume bien la part du système à trois vitesses dans les déboires vécus par tout le réseau de l’éducation québécoise. J’admets cependant être plus optimiste que lui quant à la suite des choses. Un peu.
Près de 50 ans après que Walter Murphy nous eut donné sa version disco de la 5e symphonie de Beethoven, voici qu’Emmanuelle Boucher nous offre Minuit, chrétiens en rock country.
A-t-il vaincu sa dépression sévère ? Peut-être pas tout à fait, mais toujours est-il que le comédien Serge Thériault participera à une émission radiophonique le 24 décembre, sur les ondes d’ICI Première. Animée par Stéphane Laporte, l’émission spéciale portera sur ses collaborations avec son complice Claude Meunier.
Reclus à son domicile depuis plusieurs années, Thériault avait récemment quitté son ermitage le temps de tourner la scène finale, quelques secondes à peine, des nouveaux épisodes de La p’tite vie. Contrairement à toutes les autres scènes, celle-ci n’avait pas été enregistrée devant public.
Cette fois, de nombreux invités défileront en studio pour rendre hommage au célèbre duo.
Autre collecte de dons pour le personnel affilié à la FAE
Celle-ci aura lieu le samedi 23 décembre, aux endroits indiqués ci-dessous.