Billet du 4 octobre 2024 : Entre polémiques et hommages

L’intolérance crasse de la société d’aujourd’hui se manifeste de manière flagrante dans des situations comme celle du cabaret La Tulipe à Montréal. Ce lieu emblématique, qui a longtemps été un pilier de la scène culturelle locale, a été contraint de fermer ses portes en raison des plaintes répétées d’un seul individu concernant le bruit. Malgré les efforts de l’institution pour se conformer aux réglementations, le voisin a continué à exercer une pression intense, menant à une décision judiciaire qui a scellé le sort du cabaret. Cette situation illustre une tendance inquiétante où la tolérance et la coexistence sont sacrifiées sur l’autel du confort personnel.

Cette intolérance ne se limite pas aux nuisances sonores. Elle s’étend à divers aspects de la vie quotidienne, où les différences et les désagréments mineurs sont de moins en moins tolérés. Un récent article de La Presse souligne également les façons dont des pratiques aussi inoffensives que l’utilisation d’huiles essentielles peuvent devenir des points de discorde dans des communautés de plus en plus polarisées.1 Cette hypersensibilité aux inconforts mineurs reflète une société où l’individualisme prime sur le bien commun, et où la moindre divergence est perçue comme une attaque personnelle.

Le dénouement de l’histoire de La Tulipe a provoqué une onde de choc dans la communauté artistique québécoise, qui voit cette fermeture comme une perte irréparable. En réponse, la Ville de Montréal a promis de revoir ses réglementations pour éviter que d’autres établissements ne subissent le même sort. Cependant, cette promesse arrive peut-être trop tard pour La Tulipe, et soulève des questions plus larges sur notre capacité à vivre ensemble dans une société de plus en plus intolérante. Il est primordial de réévaluer nos priorités et de redécouvrir la valeur de la tolérance et de la coexistence pacifique pour préserver la richesse de notre vie communautaire.

1 Bergeron, Maxime. Le bruit et les huiles essentielles. La Presse, Montréal. Le 30 septembre 2024.


Et je cite :

« Je commence dans les médias. Je débute ma deuxième année de contrat. Cette semaine, pour la première fois, toute la haine et les messages irrespectueux qu’on reçoit me frappent solidement ! Nous ne sommes plus capable de débattre ou de parler dans le respect ? C’est si simple ! »

– Alexandre Lanctôt, journaliste à BPM Sports, le 2 octobre 2024.

Monsieur Lanctôt a raison. Il a raison sur toute la ligne. Les médias sociaux offrant la même tribune à tous, voilà en théorie un magnifique véhicule pour la démocratie. Le problème vient du fait que pour une majorité, l’écran de l’ordinateur ou du téléphone intelligent est également perçu comme un écran de protection. On exprime des propos qu’on n’oserait jamais prononcer si l’interlocuteur se trouvait face à nous.

Une plateforme comme X présente en prime un autre problème : les gens qui s’invitent dans tous les débats. Qu’elles le fassent respectueusement ou non, ces personnes manifestent généralement des opinions très rigides et opposent une fin de non-recevoir à quiconque ose avancer un point de vue sous un angle différent. Et presque toujours, ça finit par déraper ou aller trop loin. C’est ce qui vient d’arriver avec l’auteur-compositeur Stéphane Venne.

Contrairement à plusieurs personnes de mon entourage, j’ai continué de suivre monsieur Venne sur X. Je le fais malgré mes nombreux désaccords avec lui, justement parce que je trouve important de connaître les arguments accolés aux positions qui diffèrent des miennes. La semaine dernière, il s’est retrouvé au cœur d’une vive controverse après avoir commenté une photo de l’autrice et féministe Léa Clermont-Dion.

Dans un message qu’il a supprimé cinq jours plus tard, Venne a suggéré que la pose de madame Clermont-Dion sur cette image constituait un « code sexuel hyper connu ». Cette interprétation très subjective et moralisatrice a rapidement suscité l’indignation sur les réseaux sociaux, où de nombreuses personnalités et internautes ont dénoncé ces propos comme étant misogynes et irrespectueux. La polémique a rapidement dégénéré, entraînant une vague de soutien envers l’autrice et soulevant des questions sur le harcèlement en ligne et la place des femmes dans l’espace public.

Venne a ainsi relancé le débat ancien sur la masculinité toxique et le sexisme ordinaire. Ses propos ont mis en lumière la persistance de stéréotypes sexistes et la difficulté pour les femmes de s’exprimer librement sur les réseaux sociaux sans être confrontées à des commentaires dégradants.

Il s’est publiquement excusé à Léa Clermont-Dion, mais a réitéré sa position et son interprétation de la pose qu’elle adoptait sur la fameuse photo. Loin d’apaiser les tensions qu’il a créées, ses excuses ont plutôt eu l’heur de jeter de l’huile sur le feu. Et voici ce qu’il publiait ce mercredi, une semaine après avoir lancé la controverse :

Quand j’évoque la rigidité des gens qui s’invitent dans tous les débats, Stéphane Venne en illustre un excellent exemple.


Dans le cours de français

D’où origine l’expression apprendre par cœur ?

L’expression remonte à une époque où le cœur était considéré comme le siège de la mémoire, des émotions et de l’intelligence. Cette idée trouve ses racines dans les cultures de l’Antiquité, notamment chez les Grecs et les Romains. Même si cette croyance n’est plus d’actualité, l’expression continue d’être utilisée pour évoquer une mémorisation mécanique et approfondie.

Et comme l’a mentionné Voltaire : « Ce qui touche le cœur se grave dans la mémoire. »


Sur le babillard

Marwah Rizqy a fait preuve d’un courage admirable et d’un don de soi exceptionnel en annonçant cette semaine qu’elle quitterait ses fonctions actuelles dans deux ans pour se consacrer pleinement à son rôle de jeune mère. Cette décision, motivée par son désir de passer plus de temps avec ses deux garçons, témoigne de son engagement profond envers sa famille et de sa capacité à faire des choix difficiles pour le bien-être de ses proches.

Madame Rizqy, je peux en témoigner, est une personnalité politique très appréciée dans le domaine de l’éducation, qui n’est pourtant pas reconnu pour ses allégeances libérales. Sa rigueur et sa verve nous manqueront.


Dans le cours de musique

Lhasa de Sela est décédée le 1er janvier 2010, à l’âge de 37 ans. Jamais je n’aurais cru que nous aurions droit à un album posthume, près de 15 ans après qu’elle ait été emportée par un cancer. C’est son premier collaborateur, Yves Desrosiers, qui a sorti et retravaillé les démos qu’ils avaient enregistrés ensemble, en 1994. Sur les douze pistes, on trouve entre autres une première mouture de Los Peces, grand succès de Lhasa paru en 1998. C’est cependant une version inédite de El Cosechero que je vous propose cette semaine, en #musiquebleue.

Lhasa de Sela et Yves Desrosiers – El Cosechero – First Recordings – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Depuis le 1er octobre 2024, Claudia Sheinbaum est officiellement devenue la première femme présidente du Mexique, marquant une étape historique pour le pays. Ancienne mairesse de Mexico, elle a remporté l’élection présidentielle avec près de 60 % des voix en juin 2024, succédant à Andres Manuel Lopez Obrador. Sa présidence est accueillie avec enthousiasme, et elle est attendue pour relever des défis majeurs, notamment la réforme du système judiciaire et la lutte contre les cartels.


Billet du 2 juin 2023 : Quand on lit entre les lignes

Savoir lire entre les lignes est une faculté qui s’acquiert. Quand le ministre de l’Éducation ose affirmer que de donner une classe à quelqu’un qui ne possède qu’un diplôme d’études secondaires est préférable à laisser cette classe sans enseignant1, je commence à comprendre le fond de sa pensée. La vie publique de Bernard Drainville étant ponctuée d’allers-retours entre les médias et l’Assemblée nationale, il a pourtant maintes fois dénoncé la piètre qualité des résultats en français chez les élèves du secondaire. Il ouvre maintenant la porte du statut d’enseignant aux personnes qui en sont issues, sans avoir étudié au-delà.

Dans mon billet de la semaine dernière2, j’établissais un parallèle entre la pénurie de juges à la Cour supérieure du Québec et celle dans le domaine de l’enseignement, en illustrant les différences notoires dans les manières de les gérer. Cette semaine, c’est le chroniqueur Richard Martineau qui a tenté un exercice similaire3, parodiant l’arrivée fraîche de 15 nouveaux chirurgiens dans un hôpital, après que ceux-ci aient suivi une formation accélérée de 30 crédits. La comparaison suggérée par Martineau démontre rapidement le ridicule de la situation.

Enseigner, ce n’est pas uniquement transmettre et évaluer des notions de français, de mathématiques et de quelques autres matières. C’est aussi créer des liens d’attachement avec chaque élève. C’est déceler les difficultés, académiques ou autres, de chacun d’eux. C’est collaborer avec les parents. C’est mettre en place des structures et des interventions visant la réussite scolaire et le développement des habiletés sociales. C’est participer à plusieurs comités pour stimuler l’intérêt d’un groupe en particulier ou de l’école entière. C’est contacter différents organismes chaque fois que les besoins d’un enfant le requièrent. C’est aussi entretenir les suivis qui en découlent. C’est de nombreux rapports écrits demandés par des professionnels de la santé et autres spécialistes, remplis la plupart du temps sur notre temps personnel. Et toujours gratuitement. C’est gérer les émotions des enfants et, de plus en plus, composer avec celles de leurs parents. C’est planifier chaque semaine plusieurs activités académiques en les développant à travers diverses approches pédagogiques de manière à rejoindre tous les élèves dans leurs différents styles d’apprentissage. Et j’en passe.

Après mon parallèle de la semaine dernière et la lecture de la rubrique de Richard Martineau, je me suis demandé ce qu’il adviendrait si nous procédions à l’inverse et que nous insistions pour que, comme c’est le cas en justice et en santé, le domaine de l’éducation ne fasse appel qu’à du personnel légalement qualifié. Probablement que les délais pour obtenir de l’instruction s’avéreraient longs. On devrait fermer des classes faute d’enseignants. Pour les mêmes raisons, des écoles pourraient devoir réduire leurs heures ou fermer temporairement. Dans tous ces cas, nombre d’enfants devraient demeurer à la maison, faute de pouvoir obtenir une instruction de qualité, donnée par une personne qualifiée.

Et c’est là qu’il faut lire entre les lignes. On l’a constaté durant la pandémie, notre société n’est pas équipée pour garder ses enfants à la maison. On a beau prétendre que l’école est un milieu d’apprentissage, c’est son côté service de garde qu’on recherche d’abord et avant tout. Il n’y a plus d’enseignants ? Arrangez-vous pour trouver quelqu’un qui va au moins garder mon enfant, aux frais de l’État.

Ça, le ministre Drainville l’a compris. Et l’évidence est telle qu’il peut impunément tolérer l’inacceptable, pour reprendre les mots de Marwah Rizqy. La lecture des sous-entendus n’aura jamais paru aussi limpide.

1 Plante, Caroline. Un diplôme d’études secondaires, c’est mieux que rien, plaide Bernard Drainville. La Presse canadienne. Le 1er juin 2023.

2 Billet du 26 mai 2023 : Un positionnement historique récent.

3 Martineau, Richard. N’importe qui peut être prof, voyons! Le Journal de Montréal. Le 1er juin 2023.


On arrive à un des quelques moments de l’année où il faut abréger l’écriture du blogue pour investir ce précieux temps dans la correction des évaluations et la compilation des bulletins. Même si on voulait qu’il en soit autrement, les paupières s’affairent à nous rappeler que le corps requiert un minimum de repos. Pas question de couper sur les heures de sommeil, donc. On limite le nombre de blocs pour cette semaine.


Dans le cours de musique

Je prends quand même le temps de vous proposer une #musiquebleue. Avec la sortie récente du dernier Half Moon Run, le choix s’avérait facile. L’album s’intitule Salt. Voici la pièce You Can Let Go.

Half Moon Run – You Can Let Go – Salt – #musiquebleue

Billet du 19 mai 2023 : Improvisations mixtes

Je paie des cotisations syndicales depuis une trentaine d’années. Pour ce qui est du militantisme, cependant, je laisse ça à d’autres collègues. Cette semaine, le temps d’une soirée, j’ai reconsidéré ce choix. Les énormités proférées par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, en entrevue au Devoir, n’avaient d’égales que ses improvisations, sa condescendance et la méconnaissance de ses dossiers. Dans l’actualité, il a été abondamment question de sa déclaration concernant la non-comparaison possible entre le travail de députation et celui de l’enseignement. Au-delà de cet impair, qui n’a meublé que quelques-unes des 59 minutes qu’a duré l’enregistrement de la rencontre, ses positions concernant la formation continue du personnel enseignant, le futur Institut national de l’excellence en éducation (INEE) et l’éducation à trois vitesses s’avèrent inquiétantes. C’est comme si on confiait à n’importe quel gérant d’estrade la direction du Canadien de Montréal, sur la simple base de ses connaissances des chroniques de Mathias Brunet, de Richard Labbé et de Réjean Tremblay, et que l’énergumène en question se lançait sur-le-champ dans un vaste chantier en prétendant connaître la recette infaillible pour ramener la Coupe Stanley dans la métropole.

Le seul endroit où Drainville a marqué un point, c’est lorsque les journalistes Marie-Michèle Sioui et Michel David l’ont défié sur l’absence d’indépendance de l’INEE par rapport au ministre. Après une partie de bras de fer, il a sorti l’extrait du projet de loi qui décrit les grandes lignes du mandat de l’Institut, et dont un seul des neuf éléments stipule qu’il doit être réalisé de concert avec le ministre de l’Éducation.

Pour le reste, il n’a pas été en mesure d’expliquer convenablement les raisons pour lesquelles il préfère se doter de l’INEE plutôt que de revoir certains mandats du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) et de lui confier ce rôle, comme il voit dans la formation continue des enseignantes et enseignants la solution magique à la complexité de leur tâche en raison de la hausse de la diversité dans les classes. Pourtant, les 30 heures de formation sur deux ans sont déjà exigées (et remplies), sans que l’ombre d’un début de résultat à ce niveau se pointe à l’horizon. Remarquez qu’il prétend néanmoins le contraire sur la vidéo, évoquant un endroit, sans avancer de sources ni de statistiques. Lorsque, plus tard durant l’entrevue, il est question de sa mesure visant à inclure dans les classes des surveillantes et des surveillants déjà à l’emploi dans les écoles, le ministre insiste sur son importance et son utilité, mais la lie aux actuelles négociations de la prochaine convention collective.

Lorsqu’a été mentionnée la disparité entre l’école publique, l’école publique avec projets particuliers et l’école privée, notamment en ce qui concerne la facilité d’accès à l’université, Bernard Drainville a on ne peut plus clairement mentionné que la pratique d’un métier était aussi valorisante que celle d’une profession, et que la situation actuelle permettait justement l’octroi de diplômes d’études professionnelles et d’études collégiales, autant que de diplômes universitaires. Quand, par deux fois, Michel David lui a demandé de commenter le fait que les chiffres récents indiquaient que les taux de réussite scolaire dans les écoles privées permettaient à ses élèves un choix beaucoup moins offert à ceux qui fréquentent le secteur public pour les études postsecondaires, il a chaque fois esquivé la question et martelé l’importance des métiers.

À de nombreuses reprises, durant l’entrevue, le ministre a hésité et bafouillé avant de fournir des réponses peu convaincantes. Lorsqu’il le faisait, aucune source ne venait étayer ses propos, ce qui s’avère plutôt étonnant pour un journaliste de carrière. En toute fin d’exercice, alors qu’il venait de défendre bec et ongles la formation rapide pour qualifier de nouveaux titulaires de classes, Marie-Michèle Sioui lui a demandé si, justement, ces personnes obtiendraient le même salaire que celles qui ont fait quatre années de baccalauréat. Il a figé, hésité et a finalement mentionné n’avoir aucune réponse pour l’instant. Ce qui s’avère là aussi étonnant pour un ministre de l’Éducation en poste depuis sept mois.


Et je cite :

« Michel, tu permets, je vais te tutoyer. Tu compares vraiment la job d’une enseignante à la job d’un député ? T’es en train de me dire que ça se compare, ça, là ? »

Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville au chroniqueur Michel David, le 15 mai 2023.

Michel David venait de lui demander de commenter le fait que le personnel enseignant québécois n’obtiendrait pas encore la parité salariale avec ses collègues ontariens, alors que les députés de l’Assemblée nationale s’apprêtent à se voter une augmentation qui fera d’eux les mieux payés au Canada, exception faite de ceux de la Chambre des communes.

Et je cite :

« J’ai été prof à l’université et malgré cette expérience, j’étais brûlée après une semaine à titre d’enseignante dans une classe de 5e année. Après plusieurs mois de suppléance, je peux affirmer qu’un enseignant peut être un excellent député, mais l’inverse est moins vrai ! »

Marwah Rizqy, députée de St-Laurent, le 16 mai 2023.

Différents extraits de l’entrevue de Bernard Drainville au journal Le Devoir ont circulé sur les réseaux sociaux, cette semaine. Pour éviter toute ambiguïté, je diffuse ici la version intégrale d’une heure.


Et je cite :

« En aucun cas, j’ai voulu insinuer que le travail d’enseignant a moins d’importance que celui de député. À mes yeux, toutes les professions et tous les métiers méritent le même respect qu’on soit enseignante, infirmière, machiniste, plombier, etc. »

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, le 17 mai 2023.

Dans le cours de français

Grammaticalement, il n’y a aucun problème à utiliser l’expression je m’excuse. Dans les faits, toutefois, il s’avère incongru, voire arrogant, de s’excuser soi-même pour un mauvais geste commis ou une plate parole prononcée. Il vaut mieux dire je vous présente mes excuses ou encore veuillez m’excuser.

Et je cite :

« Je me suis mal exprimé. C’est une maladresse. Si certaines personnes se sont senties blessées, surtout des enseignants et des enseignantes, oui, je m’excuse auprès d’elles. »

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, le 18 mai 2023.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire oui, je leur présente mes excuses, plutôt que oui, je m’excuse auprès d’elles.


Quant à la sincérité des excuses, je veux bien laisser le bénéfice du doute au ministre, mais je suis déçu. Le conditionnel employé dans son libellé ajoute à sa désinvolture et exprime une situation qui diffère grandement de la réalité perçue sur le terrain, croyez-moi. Personnellement, je me suis senti beaucoup plus méprisé que blessé.

Après ces différentes bourdes, appelons-les comme ça, à l’endroit du principal groupe avec lequel il doit composer, je me demande sérieusement ce qu’il reste de crédibilité à Bernard Drainville pour mener à bien le renouvellement de la convention collective des enseignantes et enseignants du Québec.


Dans le cours de musique

Soif est le quatrième album de l’autrice-compositrice-interprète Ariane Brunet, qui travaille sous le nom de L’Isle. Son style musical et le son qu’elle produit ne sont pas sans rappeler une certaine Vanessa Paradis. Toutefois, Ariane est une artiste québécoise à part entière, dont le talent demeure original et indéniable.

Voici le vidéoclip de la pièce Vanille.

L’Isle – Vanille – Soif – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Diane Dufresne fait maintenant partie du Panthéon de la musique canadienne. Elle y a été introduite cette semaine. Établi en 1978, l’organisme accueille ainsi sa première femme interprète québécoise et francophone. Les autres membres francophones sont Luc Plamondon et Daniel Lanois, ce dernier étant né d’un père francophone et d’une mère anglophone. Outre Plamondon et Lanois, Oliver Jones, Oscar Peterson, Corey Hart et Leonard Cohen font partie des personnalités québécoises membres du Panthéon.


Source : Éric Godin – Le Devoir – Le 18 mai 2023

Journal de vacances du 19 août 2022

Les vacances scolaires se poursuivent pour encore deux semaines, du moins pour les élèves. Les directions d’écoles sont de retour au boulot depuis le 8 août, comme le personnel non enseignant, alors qu’en ce qui nous concerne, nous regagnerons nos classes au cours de la prochaine semaine. La liste des défis s’allonge pour nos gestionnaires et nos dirigeants.

D’abord, à ce jour, à la grandeur du Québec, ce sont officiellement 700 postes d’enseignantes et d’enseignants (mais 1400, selon l’Association québécoise du personnel de direction des écoles) qui demeurent non comblés, à deux semaines de la rentrée. Ce nombre ne comprend pas les multiples tâches confiées à du personnel non légalement qualifié, comme c’est le cas depuis les dernières années. Optimiste, le ministre Roberge a annoncé être convaincu que tous les titulaires manquants seraient engagés au cours des prochains jours.

Élément nouveau, par contre, des enjeux supplémentaires sont apparus au niveau du transport scolaire. Non seulement les négociations syndicales achoppent à plusieurs endroits, mais la pénurie de personnel s’étend maintenant de façon drastique aux chauffeurs d’autobus. En date d’aujourd’hui, uniquement au centre de services scolaires qui m’emploie, vingt-neuf trajets ne peuvent être desservis. Pour l’école où j’enseigne, c’est deux sur trois. Là encore, le ministre Roberge demeure positif et a annoncé que tous les élèves qui doivent l’être seraient véhiculés pour la rentrée.

Une chose reste certaine, un emploi assuré attend quiconque envisage une carrière dans l’un ou l’autre des domaines liés à l’éducation. Ça, c’est mon côté positif à moi !


Déformation professionnelle

C’est plus fort que moi, je continue de remarquer les erreurs de français qui devraient être corrigées avant d’être publiées. Cette semaine, j’en ai retenu deux.

La première concerne un article du journaliste Alexandre Vigneault, publié dans La Presse. Je tiens cependant à préciser que dans ce premier cas, la faute a été corrigée quelques heures après la publication initiale.

La deuxième concerne une publication de la députée Marwah Rizqy, sur Twitter. Le français de madame Rizqy est d’ordinaire impeccable. Aussi, je demeure convaincu qu’elle a publié sans s’être relue, cette fois-ci.

#LeProfCorrige, même en vacances

Dans le premier cas, comme il s’agit d’Olivia Newton-John, une personne de genre féminin, il aurait fallu écrire «est décédée», avec la marque du féminin. Je répète que la correction a finalement été effectuée, dans une édition subséquente.

Quant à Marwah Rizqy, elle a commis deux impairs. Le premier a été d’écrire argument au singulier. On aurait dû lire «À court d’arguments face à Paul Arcand». Ensuite, il aurait fallu qu’elle écrive «aux théories du complot» ou encore « à la théorie du complot ».


Encore, en 2022

Selon l’endroit où elle se trouve sur ma tête, ma chevelure est blanche, grise ou argentée. J’ai le privilège d’être un homme et de pratiquer la profession d’enseignant. Jamais on ne me discriminera pour la couleur de mes cheveux.

Je manifeste donc ma solidarité envers Lisa Laflamme. Congédiée de son rôle de lectrice de nouvelles par CTV après 11 ans (mais 35 ans au service de l’entreprise), il semble maintenant établi que le passage à la couleur naturelle de sa chevelure n’ait pas plu à son nouveau patron, qui a ainsi mis fin à son contrat deux ans avant le terme.

Lire le reportage du Globe and Mail (en anglais).

Le type s’appelle Michael Melling et est âgé de 47 ans. J’espère que durant les derniers jours, il a pu apprendre ce que mes élèves de 11 et 12 ans savent déjà depuis longtemps, au sujet des formes de discrimination. D’être témoin de celle-ci, encore en 2022, me dépasse.


Dans mes écouteurs

Pour la #musiquebleue de cette semaine, la nouvelle chanson des Trois Accords était tout indiquée ! Fidèle à ce qu’il est, tant pour son rock au son rétro que pour ses paroles hilarantes, le célèbre quatuor vient de commettre Piscine hors terre, un simple qui annonce un album prochain. Le plaisir croît avec l’usage !

Les Trois Accords – Piscine hors terre – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une épicerie de Montréal offre à ses consommateurs la possibilité de payer trois prix différents pour ses denrées : un prix « solidaire », un prix « suggéré » et un prix « au suivant ». Dans le premier cas, le client paie un montant légèrement au-dessus du prix coûtant pour le commerçant. Le deuxième choix assure une rentabilité du produit à ce dernier. Dans le troisième cas, une facture supérieure permet aux personnes mieux nanties de compenser celles qui auraient opté pour le montant plus bas.

Cet endroit se nomme Carrefour solidaire et possède trois adresses dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Site internet du Carrefour solidaire.


Billet du 18 décembre 2020 : La lumière au bout du tunnel

La tempête s’approche. Les fauves nous guettent. L’armée ennemie nous encercle.

Prenez l’image que vous voulez, mais des faits bien concrets prennent forme devant nos yeux. Devant les miens, en tout cas. Au printemps dernier, mon seul contact avec la Covid-19 se limitait à ce que les médias diffusaient quotidiennement. Une lointaine connaissance en avait été fortement atteinte, mais c’est tout.

Maintenant, les ravages se rapprochent de mon entourage. De mon entourage professionnel, d’abord, avec plusieurs dizaines de classes qui ferment quotidiennement, partout au Québec. Dans le cercle plus étroit de mes connaissances, ensuite. Cette semaine, j’ai eu un entretien téléphonique avec une amie atteinte, ainsi que tous les membres de sa famille immédiate. Dieu merci, je respecte les règles. Quand je ne suis pas sur mon lieu de travail ou en train de faire de l’épicerie, je reste chez moi.

Surtout, je porte mon couvre-visage, je me lave les mains régulièrement et je désinfecte les objets manipulés par des gens extérieurs à ma bulle. Le vaccin vient d’arriver à la rescousse et le calendrier nous offre une pause de quelques semaines. La lumière a commencé à poindre au bout du tunnel, il faut poursuivre les efforts, donner un petit coup supplémentaire. La victoire est proche, mais le match n’est pas encore terminé.

Et je cite :

« Pour vrai, isolez-vous. Là, on sent que la Covid est partout. Je sais pas vous, mais ça se rapproche de tout mon entourage. Ne gâchez pas vos vacances de Noël. Isolez-vous. »

Léa Stréliski, humoriste et auteure, le 17 décembre 2020

Dans le cours de français

On a beau passer une grande partie de sa vie avec le nez plongé dans un dictionnaire, il est certaines orthographes qu’on a l’impression qu’on ne retiendra jamais. Dans mon cas, il y a ballade et balade, pallier et palier, censé et sensé. Chaque fois que je dois écrire un de ces six mots, je dois immanquablement en vérifier l’orthographe.

Balade, avec un seul l, est une promenade. Ballade avec deux l est un poème mis en musique. Comme dans La ballade des gens heureux, le grand succès de Gérard Lenorman.

Pallier, avec deux l, signifie compenser ou corriger. Comme dans pallier à une situation. Palier avec un seul l est un plancher ou un étage. Comme dans prendre l’ascenseur jusqu’au troisième palier.

Finalement, censé avec un c est un synonyme de supposé. Comme dans ce vaccin est censé être efficace à 95%. Remarquez que censé est toujours précédé du verbe être et toujours suivi d’un verbe à l’infinitif. Quant à sensé, avec un s, il désigne quelque chose qui a du sens, comme lorsqu’on évoque les paroles sensées d’un sage. Le contraire est insensé.

Maintenant que j’ai pris le temps de vous expliquer chacune des particularités de ces trois paires d’homophones, quelqu’un peut-il les retenir et me les rappeler lorsque j’en aurai besoin ? Merci.


À travers l’application de visioconférence

Mercredi, la députée Marwah Rizqy, critique libérale en matière d’éducation, publiait sur son compte Facebook une note dans laquelle elle reprochait au ministre de l’éducation, Jean-François Roberge, de ne pas avoir livré la marchandise. Au sens propre comme au sens figuré. Pour appuyer ses propos, elle juxtaposait les nouvelles de deux quotidiens montréalais, publiées à quatre mois d’intervalle.

Source : Facebook

Est-ce vraiment la situation vécue sur le terrain ? À plusieurs endroits, dont Montréal, oui. En ce qui me concerne, j’ai le privilège d’enseigner dans une école primaire située en milieu favorisé, ce qui permet d’ordinaire une meilleure flexibilité dans l’utilisation des budgets. La direction de l’école est également très proactive et s’est enquis dès la rentrée des classes des besoins des familles advenant un nouveau confinement. Elle a par la suite procuré à l’école la quantité nécessaire d’appareils Chromebook et a ainsi pu s’assurer que tous nos élèves disposent de l’équipement requis, personnel ou prêté, pour suivre nos cours à distance. Mais la situation diffère selon les endroits, ce qui crée de l’inéquité et des variations importantes dans les apprentissages.

Cette histoire me fait finalement mentir. Lorsque j’ai écrit ici, il y a quelques semaines, que les professionnels de l’enseignement québécois étions prêts pour de l’enseignement à distance, c’était en me basant en partie sur les paroles prononcées par le ministre, l’été dernier. Je réalise maintenant que même si mes collègues et moi offrons depuis hier un enseignement à distance à nos élèves, d’autres professionnels et leurs élèves n’ont pas ce privilège, faute d’avoir obtenu la quincaillerie promise. Ne pas avoir réussi à livrer la marchandise en neuf mois appelle un constat d’échec.


Dans le cours d’univers social

C’est d’éducation à la citoyenneté dont il sera question dans ce bloc. Nous vivons dans une société où une personne accusée est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. Et c’est tant mieux. Personnellement, je préfère laisser courir dix coupables que de condamner une personne innocente. Ce système ne prévient cependant pas toutes les injustices.

Gilbert Rozon, comme O. J. Simpson en 1995, a bénéficié du doute raisonnable. Si le second était accusé d’un double meurtre, Rozon était accusé d’agression sexuelle. Mais c’était la deuxième fois. La première, en 1998, il avait été accusé pour des gestes posés à l’endroit d’une employée du Manoir Rouville-Campbell. Il avait obtenu une absolution totale. Une vingtaine d’années plus tard, un groupe de femmes, plusieurs connues, dénoncent des gestes de même nature. Un seul cas donnera lieu à des accusations, celui d’Annick Charette, une employée de Télé-Québec. On connaît la suite.

La juge Mélanie Hébert n’a d’ailleurs pas mâché ses mots. Elle a admis ne pas croire Gilbert Rozon, mais devoir l’acquitter en raison de nos règles de droit. Tout cela le jour où quatre députées de l’Assemblée nationale déposaient un rapport de 190 recommandations visant à mieux accompagner les victimes d’agressions sexuelles.

Il faut souligner le courage d’Annick Charette, qui continuera de lutter pour la cause. Quant à Gilbert Rozon, plusieurs auraient de toute évidence souhaité le voir à l’ombre. Mais pour celui qui carbure aux feux de la rampe, c’est une pénombre en marge de la société qui l’attend, malgré l’acquittement.


Dans le cours de musique

La #musiquebleue déroule le tapis rouge à Pierre Lapointe, cette semaine. Son dernier album, Chansons hivernales, est tout indiqué pour fournir la pièce musicale qui agrémentera mon billet de cette semaine avant Noël. Mon choix s’est arrêté sur Maman, Papa. Les paroles de cette chanson lui ont été inspirées par un ami dont les parents acceptent mal l’annonce de son homosexualité. Chanson touchante, s’il en est une. Et qui porte sérieusement à réflexion.


La bonne nouvelle de cette semaine

La 18e édition de la journée Portes ouvertes sur les fermes du Québec, qui devait avoir lieu en septembre, a été annulée cette année. Comme plusieurs autres événements et festivals, d’ailleurs. Afin de pallier (deux l, ici ? Oui, merci.) à la situation, l’Union des producteurs agricoles a lancé un jeu en ligne, cette semaine. Ce jeu, intitulé Kasscrout, s’adresse aux élèves des 2e et 3e cycles du primaire (8 à 12 ans), mais en tant qu’adulte, je m’y suis laissé prendre et y ai joué durant plusieurs minutes !

Il permet de faire découvrir les produits du terroir québécois aussi bien que les régions administratives de la Belle Province. En ce sens, il constitue un bon outil d’apprentissage d’une partie importante du programme d’univers social.

On peut accéder à la page du jeu en se rendant sur Kasscrout.ca.


Et puis ? Quelle chanson tourne en boucle dans votre tête ? Celle de Pierre Lapointe ou celle de Gérard Lenorman ?


Image en titre du billet : Shutterstock