Billet du 21 mars 2025 : Un avertissement pour notre époque

Il y a quelques jours, un ami a publié sur Facebook la liste des 14 caractéristiques du fascisme selon l’écrivain et philosophe Umberto Eco. Ce texte, tiré de son essai Reconnaître de fascisme (Grasset, 2017), ressurgit régulièrement lorsque l’actualité semble rappeler les mécanismes qui ont conduit certaines démocraties à sombrer dans l’autoritarisme. Eco y décrit des tendances inquiétantes :

  1. Le culte de la tradition
  2. Le rejet du modernisme
  3. Le culte de l’action pour l’action
  4. Le rejet de la critique et de la pensée analytique
  5. La peur de la différence
  6. L’appel aux classes moyennes frustrées
  7. L’obsession du complot
  8. L’ennemi est à la fois fort et faible
  9. La vie est une guerre permanente
  10. Le mépris des faibles
  11. Le culte du héros et de la mort
  12. Le machisme
  13. Le populisme qualitatif
  14. La novlangue

Ces éléments ne sont pas des cases à cocher pour établir un diagnostic absolu : un régime n’a pas besoin de tous les réunir pour dériver vers l’autoritarisme. Ce sont plutôt des tendances qu’il faut observer avec vigilance.

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump suscite de nombreuses inquiétudes par ses attaques répétées contre la justice, la presse et les contre-pouvoirs. Sa remise en cause de l’autorité des juges, son utilisation des institutions pour neutraliser l’opposition et ses discours de plus en plus belliqueux ont alimenté un climat où la frontière entre démocratie et régime autoritaire devient plus floue. Cette semaine, il a déclaré qu’il ne reconnaissait pas les grâces présidentielles accordées par son prédécesseur Joe Biden, une décision inédite qui a soulevé de sérieuses questions sur l’indépendance du pouvoir judiciaire.1

L’histoire ne se répète pas toujours à l’identique, mais elle rime. Ces 14 caractéristiques ne sont pas seulement un rappel du passé : elles constituent un outil d’analyse puissant pour comprendre le présent. À quel moment pourra-t-on affirmer que les États-Unis ont quitté le giron des démocraties pour basculer dans l’autoritarisme ?

1 End, Aurélia (2025, 17 mars). Trump n’en finit plus de contester l’autorité des juges. La Presse.


Dans le cours d’univers social
Volet histoire

C’est avec une profonde tristesse et une grande déception que je constate la disparition des magasins La Baie. Depuis leurs débuts au XVIIᵉ siècle, lorsque la Compagnie de la Baie d’Hudson fut fondée en 1670 pour faciliter le commerce de la fourrure, ces établissements ont constitué l’un des premiers piliers du commerce en Amérique du Nord. Leur vocation initiale était de créer des liens entre explorateurs européens et peuples autochtones, favorisant ainsi les échanges culturels et économiques qui ont façonné notre histoire.

Au fil des siècles, La Baie s’est transformée pour s’adapter aux mutations du marché, devenant bien plus qu’un simple point de vente. Elle s’est imposée comme un lieu de rencontre et d’échange, tout en commanditant divers événements culturels, sportifs et éducatifs qui ont renforcé le tissu social de nos communautés. En tant qu’enseignant en univers social, j’avais pour habitude d’intégrer l’histoire de ce premier commerce dans mes cours, soulignant l’importance de son rôle dans l’évolution économique et culturelle du pays.

La disparition de ces magasins représente aujourd’hui la fin d’une ère, marquée par l’effacement d’un symbole historique et patrimonial inestimable. Elle nous rappelle combien il est essentiel de préserver notre mémoire collective, en gardant vivantes les leçons et les valeurs incarnées par La Baie. J’espère que l’histoire de La Baie continuera à se transmettre de manière simple et authentique, rappelant à chacun l’importance de nos racines.


Dans le cours de musique

J’avais l’embarras du choix pour l’artiste à qui j’emprunterais une pièce musicale, cette semaine. Le cœur a parlé et j’y vais avec Marie-Annick Lépine, qui a lancé Le cœur est un rêveur, au cours des derniers jours. La multi-instrumentiste des Cowboys Fringants produit ainsi, mine de rien, son quatrième album solo. La pièce qu’on écoute s’intitule Porte-poussière.

Marie-Annick Lépine – Porte-poussière – Le coeur est un rêveur – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Cette semaine, une avancée innovante dans le domaine des biomatériaux offre une nouvelle perspective pour le traitement des plaies. Une équipe internationale de chercheurs a récemment publié dans la revue Nature Materials les résultats prometteurs de leurs travaux sur un hydrogel auto-cicatrisant, capable d’imiter à la fois la souplesse et la résistance de la peau humaine. Ce matériau ingénieux, enrichi de nanofeuilles d’argile ultraminces — disposées en densité impressionnante dans un réseau polymère — présente la capacité de réparer efficacement ses ruptures : il regagne environ 80 à 90 % de son intégrité en seulement quatre heures, avant de se rétablir complètement en 24 heures.

Selon Chen Liang, auteur principal de l’étude, le secret réside dans un mécanisme d’enchevêtrement moléculaire qui permet aux brins de polymère de se réorganiser dès qu’ils sont sectionnés. Bien que ces résultats en laboratoire soient très encourageants, les chercheurs soulignent la nécessité de poursuivre les recherches et de mener des essais cliniques pour confirmer l’efficacité du matériau dans des conditions réelles. Ce développement marque une étape significative dans l’évolution des matériaux intelligents, ouvrant la voie à des applications futures dans le domaine médical et illustrant le potentiel transformateur de la recherche bio-inspirée.


Trump et les 14 signes du fascisme

Dans le premier bloc de ce billet, il était question des 14 caractéristiques du fascisme telles que définies par Umberto Eco. Ces éléments ne sont pas un mode d’emploi rigide, mais plutôt une série de tendances récurrentes dans les régimes autoritaires. Dans ce bloc, examinons de plus près comment ces quatorze caractéristiques peuvent être accolées aux paroles et actions de Trump et de son administration.

  1. Le culte de la tradition

Trump a promu un décret exigeant que tous les nouveaux bâtiments fédéraux respectent un style architectural classique inspiré des « grandeurs passées » des États-Unis, rejetant les influences modernistes et progressistes. Il a également renforcé les directives éducatives visant à promouvoir une version plus patriotique de l’histoire américaine, minimisant les aspects controversés du passé du pays.

  1. Le rejet du modernisme

Depuis son retour au pouvoir, Trump a intensifié le démantèlement des régulations environnementales et continue d’affirmer que le changement climatique est une « invention de la gauche ». Son allié J.D. Vance a également critiqué le rôle des universités, affirmant qu’elles sont devenues des foyers d’endoctrinement progressiste, ce qui renforce l’idée d’un rejet des institutions intellectuelles traditionnelles.

  1. Le culte de l’action pour l’action

Le retrait soudain des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sans consultation avec les experts médicaux.

  1. Le rejet de la critique et de la pensée analytique

Trump continue d’attaquer la presse, qualifiant les journaux de fake news media et allant jusqu’à suggérer de limiter leur accès aux conférences de presse de la Maison-Blanche, restreignant ainsi la capacité de certains reporters à poser des questions au président et à son administration.

  1. La peur de la différence

Intensification des expulsions de migrants, notamment l’envoi de plus de 200 membres présumés de gangs vers le Salvador malgré une interdiction judiciaire.

  1. L’appel aux classes moyennes frustrées

Lors d’un rassemblement en Pennsylvanie le 15 février 2025, Trump a accusé les élites et les intellectuels d’« écraser les vrais Américains » au profit d’immigrants et de « bureaucrates corrompus ».

  1. L’obsession du complot

Trump continue de propager l’idée que des élites de l’« État profond » travaillent dans l’ombre pour saboter son administration et manipuler le système politique à leur avantage. Il a aussi suggéré, sans preuve, que des forces étrangères et des organisations non gouvernementales conspirent pour influencer les décisions judiciaires et législatives aux États-Unis.

  1. L’ennemi est à la fois fort et faible

Trump qualifie ses adversaires démocrates de « communistes extrémistes » dangereux tout en se moquant de leur supposée inefficacité.

  1. La vie est une guerre permanente

Utilisation systématique d’un vocabulaire militaire, appelant ses partisans à « combattre » les ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il désigne comme la gauche radicale, les médias et certains juges.

  1. Le mépris des faibles

Lors d’un meeting à El Paso, Texas, le 22 janvier 2025, Trump a tourné en dérision des demandeurs d’asile en les qualifiant de « mendiants professionnels » venant profiter du système.

  1. Le culte du héros et de la mort

Lors de son discours inaugural le 20 janvier 2025, Trump a déclaré que « les vrais patriotes sont ceux qui sont prêts à mourir pour l’Amérique » dans un contexte de tensions civiles.

  1. Le machisme

Trump a annulé plusieurs protections fédérales pour les personnes transgenres et, en février 2018, à la suite d’accusations de violences conjugales visant deux de ses collaborateurs, Rob Porter et David Sorensen, il a tweeté en dénonçant les « fausses accusations », suggérant que certaines allégations pourraient être infondées.

  1. Le populisme qualitatif

Lors de son discours inaugural le 20 janvier 2025, Trump a affirmé que seul lui et ses alliés « représentent les vrais Américains » et que toute opposition est une trahison.

  1. La novlangue

Utilisation massive de slogans creux et de formules martelées sur les réseaux sociaux (« America First », « Fake News », « Stop the Steal ») pour influencer l’opinion publique.

Les États-Unis ne sont pas encore une dictature, mais ils en prennent certaines caractéristiques. Comme l’a écrit Umberto Eco, le fascisme ne s’impose pas forcément d’un seul coup : il s’installe lentement, souvent sous couvert de sécurité et de patriotisme. Les démocraties ne disparaissent pas en un jour, elles s’effritent au fil du temps, jusqu’à ce que l’idée même d’opposition devienne dangereuse.

Alors, jusqu’où laisserons-nous aller cette normalisation des tendances autoritaires ? Chaque citoyen a une responsabilité dans la défense des institutions démocratiques.


Billet du 3 mai 2024 : Ce qui vole bas et ce qui vole plus haut, plus loin

Le 30 avril dernier, le président de la Chambre des Communes du Canada, Greg Fergus, a pris une décision audacieuse en expulsant le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, de la période des questions. Cette décision a été prise suite à l’utilisation par Poilievre du terme « wacko » pour décrire le premier ministre Justin Trudeau. Certains chroniqueurs, comme Thomas Mulcair et Mathieu Bock-Côté, ont remis en question cette expulsion en réclamant même la démission du président Fergus, mais je soutiens fermement que l’expression utilisée par Poilievre, qu’on peut traduire par dingue, taré ou cinglé, était antiparlementaire.

Premièrement, il est essentiel de rappeler que la Chambre des Communes est un lieu de débat politique où les échanges doivent se faire dans le respect des règles et des normes parlementaires. Les députés ont la responsabilité de maintenir un niveau de langage approprié, même lorsqu’ils expriment leur désaccord. En qualifiant le premier ministre de « wacko », Poilievre a franchi une ligne qui ne peut être tolérée dans un contexte parlementaire.

Deuxièmement, l’expulsion de Poilievre n’est pas une atteinte à la liberté d’expression. Au contraire, elle renforce l’intégrité du processus démocratique. Les parlementaires doivent être conscients de l’impact de leurs mots sur l’image de l’institution et sur la qualité des débats. En maintenant les débats à un niveau respectueux, le président de la Chambre des Communes préserve l’intégrité du Parlement et favorise des échanges constructifs.

Bien que certains puissent considérer l’expulsion de Poilievre comme une mesure sévère, elle est justifiée. Les expressions antiparlementaires ne devraient pas avoir leur place dans notre démocratie, à Ottawa comme à Québec. Les députés ont la responsabilité de maintenir un niveau de respect et de civilité, et le président Fergus a agi en conséquence. Il est temps de reconnaître que la politique ne doit pas être un terrain de jeu pour les insultes, mais plutôt un espace où les idées et les arguments peuvent s’affronter de manière constructive.


Dans le cours d’art dramatique

Il semble que la Cinémathèque québécoise se cherche une plateforme numérique pour diffuser ses films. Il est vrai que le concept des projections en salles n’est probablement plus le mieux adapté pour contribuer au rayonnement de notre patrimoine cinématographique. Les moyens financiers de l’organisme ne se comparant pas à ceux de l’Office national du film, par exemple, un partenariat devient l’option la plus viable.

Personnellement, c’est avec l’application de Télé-Québec que j’aimerais voir ce partenariat se concrétiser. Elle est déjà très conviviale, intéressante, en plus de posséder un répertoire de films déjà bien garni, mais qui pourrait certes accroître son offre en s’associant avec la Cinémathèque.

Sous l’égide du ministère de la Culture, ceci pourrait constituer un guichet culturel des plus considérables.


Dans le cours de français

Prenez le temps de visionner ce qui suit. Je parie que, comme moi, vous ne pourrez réprimer un large sourire !


Dans le cours de musique

J’y vais cette semaine avec une #musiquebleue de circonstance. C’était difficile de choisir autre chose. Cette version, seize ans plus tard, me donne toujours des frissons.

Céline Dion, Jean-Pierre Ferland et Ginette Reno – Un peu plus haut, un peu plus loin – Spectacle de la Saint-Jean sur les plaines d’Abraham (2008) – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Voici à quoi ressemblaient les palmarès des albums et des chansons sur iTunes, dimanche dernier.

Un peu plus haut dans ce billet, j’évoquais le rayonnement de notre culture cinématographique. Grâce aux Cowboys Fringants (et à Andréanne A. Malette), notre culture musicale resplendit.


Billet du 26 avril 2024 : À plus tard !

Je me trouve actuellement au colloque des enseignants-mentors de mon centre de services scolaire. J’anime l’atelier sur le rôle du mentor dans la mise en place d’une éducation développementale, relationnelle et positive dans son école. Qu’est-ce que l’éducation développementale, relationnelle et positive ? J’y reviendrai en détail dans une prochaine parution, mais je mentionnerai ici deux éléments. Le premier est qu’elle se place en opposition à l’éducation comportementale. Le second est que je l’applique depuis plusieurs années et qu’elle donne d’excellents résultats.

Mais surtout, elle fait de moi un meilleur enseignant. C’est à suivre !


Dans le cours de français

Doit-on écrire tout à l’heure, tout-à-l’heure, toute à l’heure ou toute-à-l’heure ?

Prenez le temps d’y penser. Réponse après la bonne nouvelle de cette semaine.


Dans le cours de musique

Je demande aux artistes émergeants de me pardonner, parce que pour une deuxième semaine consécutive, je présente une nouveauté d’un nom bien établi. Après Corneille vendredi dernier, ce sera les Cowboys Fringants aujourd’hui. Écoutez bien les paroles de la chanson La fin du show, tirée de l’album Pub Royal, vieux d’une trentaine d’heures au moment de la publication de ce billet. C’est le testament musical de Karl Tremblay.

Les Cowboys Fringants – La fin du show – Pub Royal – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Tout ce qui peut contrer la désinformation constitue pour moi une bonne nouvelle. Trois jeunes professionnels de la santé ont décidé d’offrir une formation aux influenceurs québécois, afin d’éviter que ces derniers ne fassent la promotion de produits inutiles, dangereux ou nocifs. C’est souvent sans bien connaître un produit qu’ils y associent leur nom.

Le quotidien La Presse leur consacre un article.

Cazzaniga, Constance. Une formation pour lutter contre la désinformation. La Presse, Montréal. Le 25 avril 2024.


Dans le cours de français
Réponse à la question

On écrit tout à l’heure. Cependant, on écrit à toute heure.


Billet du 5 avril 2024 : Le vivre et le promouvoir

Pour qu’une langue reste vivante, il faut l’utiliser et la promouvoir, oralement comme par écrit. En ce qui concerne la promotion du français, au Québec, beaucoup de travail reste à faire. Dans la saga des messages rédigés uniquement en anglais sur des chandails et les murs des vestiaires de certaines équipes de la LHJMQ, les gens qui les ont défendues ou excusées sont autant à blâmer que les équipes elles-mêmes. En ce qui me concerne, prétendre préparer les joueurs à la réalité de la Ligue nationale de hockey est une bien piètre excuse, surtout lorsque le col du chandail du Canadien de Montréal arbore un LNH et non un NHL comme les autres équipes. Bravo à la formation montréalaise.

Pour ce qui est de l’usage du français, cependant, une étude de l’Office québécois de la langue française (OQLF), publiée hier, nous fournit des chiffres plutôt encourageants, si on fait partie du groupe qui considère que le français décline. Ainsi, la proportion de personnes s’exprimant en français dans l’espace public québécois est demeurée stable à 79 %, entre 2007 et 2022. Sur la même période, celles qui s’expriment en anglais sont passées de 10 % à 8 %, alors que celles qui le font dans les deux langues ont récupéré ces 2 %, allant de 11 % à 13 %.

Source : OQLF

Et le rapport ajoute :

« Chez les anglophones, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 20 % à 25 %), alors que la proportion de celles utilisant l’anglais a diminué (de 57 % à 43 %). Chez les allophones, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 54 % à 57 %), et celle des personnes utilisant l’anglais a diminué (de 27 % à 23 %). Chez les personnes parlant le français et l’anglais à la maison, la proportion de personnes utilisant le plus souvent le français a augmenté (de 40 % à 48 %), tandis que la proportion de celles utilisant le plus souvent l’anglais a diminué (de 17 % à 6 %). »

L’ombre au tableau touche la langue de service, alors que 8 % des personnes interrogées ont affirmé ne pas pouvoir être servies en français dans un commerce. Cette proportion grimpe à 10 % pour les régions de Montréal et de Gatineau. Lorsqu’on regarde l’évolution des plaintes à L’OQLF concernant la langue de service, celles-ci constituaient 26 % des plaintes totales en 2020-2021, avant de grimper à 34 % en 2021-2022 et 38 % en 2022-2023.

Au Québec, la loi impose à la base le service en français dans tous les commerces. Tant mieux si ces derniers sont en mesure de servir également dans d’autres langues. Mais face à ceux qui dérogent à cet aspect de la loi, il faut insister. Insister pour être servi en français, que ce soit dans un commerce montréalais ou dans un aréna de Drummondville ou de Chicoutimi, constitue une des nombreuses façons de le promouvoir. Et de le vivre.

Office québécois de la langue française. Langue de l’espace public au Québec en 2022. Avril 2024. 52 pages.


Dans le cours de français

J’étais dans la jeune vingtaine quand j’ai rédigé une note à un collègue, lui indiquant qu’un autre camarade de travail voulait ravoir quelque chose. Le papier en avait fait rire plusieurs, pour qui j’avais « inventé » un mot. Je m’étais défendu en affirmant qu’il était possible de ravoir. On m’avait alors répondu en essayant de conjuguer le verbe pour me montrer le ridicule de la situation. Certain de ce que j’avançais, j’avais alors ouvert un Bescherelle pour découvrir que ravoir est un verbe défectif, c’est-à-dire un verbe qui ne se conjugue pas ou qui se conjugue partiellement. Dans le cas qui nous occupait alors, le verbe n’existe qu’à l’infinitif.

Au cours des derniers jours, on m’a lancé le défi de conjuguer le verbe frire à l’imparfait. Après quelques hypothèses, je me suis lancé dans une recherche sur internet, qui m’a dirigé du côté des verbes défectifs. Sauf qu’au contraire de ravoir, frire se conjugue à plusieurs modes, temps et personnes. Si on ne regarde que le mode indicatif, frire se conjugue entièrement au passé composé, au passé antérieur, au plus-que-parfait et au futur antérieur. Au présent et au futur simple, il ne se conjugue qu’aux trois personnes du singulier. À l’imparfait et au passé simple, pas du tout ! Pour ce qui est des autres modes, les situations sont comparables. Dans l’usage courant, on préférera conjuguer faire frire plutôt que frire, pour les modes, temps et personnes où il est impossible de l’employer.

Quels sont les autres verbes défectifs ? Wikipédia en dresse une liste. J’ai été étonné d’y trouver clore, dissoudre, extraire et soustraire, entre autres.

Wikipédia, l’encyclopédie libre. Le verbe défectif.


Dans le cours de musique

On écoute Alexandra Stréliski qui, le 24 mars dernier, lors du gala des prix Juno, rendait hommage à sa façon au regretté Karl Tremblay, le chanteur des Cowboys Fringants. Voici une variation sur le thème Les étoiles filantes.

Alexandra Stréliski – Les étoiles filantes (variation) – Gala des prix Juno 2024 – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Deux pour le prix d’une, cette semaine. Une qui m’a échappé à l’automne passé, ainsi qu’une fraiche de quelques jours. Dans les deux cas, c’est le Québec qui s’illustre à l’international.

D’abord, qui produit le meilleur chocolat au lait au monde ? Non, ce n’est pas une maison suisse, encore moins une entreprise de la Côte-Ouest américaine. Ce sont les artisans de la compagnie Chaleur B (chaleurb.com), sise dans notre Gaspésie bien à nous. Au cours des dernières années, leurs différents chocolats ont remporté plusieurs prix au International Chocolate Awards. Lors de la compétition tenue en novembre 2023, en Italie, le premier prix leur a été décerné grâce à leur chocolat au lait, dont la teneur en cacao est de 51 %. L’entreprise développe ses saveurs à partir de fèves d’Amérique Centrale et d’aliments québécois.

Du chocolat, on passe à la photographie. Cette semaine, Charles-Frédérick Ouellet (charlesouellet.ca) est devenu le premier photographe québécois depuis 25 ans à voir une de ses photos être primée par le prestigieux World Press Photo. Organisation reconnue depuis 1955 pour son exposition annuelle vouée au photojournalisme, elle fait escale à chaque fin d’été à Montréal pour y accueillir de nombreux visiteurs. La photo retenue, dans la catégorie Images uniques (Amérique du Nord et Amérique Centrale), est celle d’un pompier debout sur un rocher, lors des feux de forêt de l’été dernier. Le cliché est en noir et blanc.

Monsieur Ouellet saura le 18 avril prochain si son oeuvre passe au-delà du prix régional et est sélectionnée pour une reconnaissance à l’échelle mondiale.


Billet du 1er décembre 2023 : Journal de grève, 2e semaine

Je vis actuellement ma première grève générale illimitée. Cependant, il m’est arrivé de vivre des journées de débrayage, individuelles ou regroupées, ainsi que plusieurs autres moyens de pression. Il y a véritablement quelque chose de différent, cette fois-ci.

Chez les collègues, d’abord. Jamais n’ai-je constaté une telle motivation. Personne n’aime être en grève, encore moins à long terme, mais la situation est telle que la poursuite de cet ultime moyen de pression demeure perçue comme une nécessité tant que des engagements fermes et concrets pour l’amélioration de nos conditions de travail ne seront pas mis de l’avant.

Ensuite, il reste étonnant de constater l’appui des parents des élèves et de la population en général. Sur les lignes de piquetage, plusieurs passent nous offrir le café ou des gâteries alimentaires. De nombreux automobilistes nous encouragent à coups de klaxon.

Finalement, et c’est du jamais vu en ce qui me concerne, un grand nombre de directions d’écoles ont discrètement manifesté leurs encouragements aux grévistes.

Tout ceci après deux semaines d’une grève qui force une grande partie de la population à repenser ses horaires et sa logistique familiale. Il serait utopique d’affirmer que sa patience restera sans limite, mais pour que l’appui demeure après deux semaines, il y a indéniablement quelque chose de différent cette fois-ci.

Je miserais sur la conscience collective que le citron, maintes fois écrasé, ne donne plus de jus.


Sur nos écrans

Les faits :
Le jeudi 30 novembre, dès les premiers bulletins de nouvelles, de nombreux médias québécois affirment qu’il y a de l’évolution dans les négociations et que la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) considère suspendre sa grève générale illimitée.

Les représentants de la FAE démentent rapidement, mais les médias continuent de marteler le même message toute la journée durant.

En après-midi, le démenti de la FAE est réitéré dans une série de messages à ses membres, notamment à travers ses instances régionales et locales. Je me permets d’en diffuser ce court extrait :
« Au moment d’écrire ces lignes, il semble que les médias véhiculent des informations erronées. Rien ne nous laisse croire que nous lèverons la grève incessamment et ces propos n’ont pas été tenus par la présidente de la FAE, Mélanie Hubert. Cependant, il est vrai que nous avons à cœur de régler le plus rapidement possible, mais pas à n’importe quelles conditions. »

Et pourtant, même en soirée, les médias continuent d’affirmer qu’il y a des progrès dans les négociations et que la suspension de la grève est envisagée. Seule Radio-Canada, en fin de reportage, a fait brièvement état des courriels envoyés aux membres de la FAE.

Comment interpréter cette contradiction ?


Dans mes haut-parleurs

Le chant a cappella a connu un regain de popularité, depuis la dernière douzaine d’années. Des ensembles comme Qu4rtz ou Pentatonix ont même gravi les hauts rangs de différents palmarès. Les harmonies vocales s’adaptent particulièrement bien aux classiques du temps des Fêtes.

Dernier Noël constitue le sixième album de la formation Quartom, fondée en 2008 par quatre étudiants en chant classique. Une des pièces a particulièrement retenu mon attention. Jamais je n’aurais pu imaginer La danse à St-Dilon, de Gilles Vigneault, rendue de cette façon. Et pourtant, le résultat est sublime. Régalez-vous !

Quartom – La danse à St-Dilon – Dernier Noël – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Signe que des négociations peuvent rapporter, je salue ici les efforts de Google et du gouvernement du Canada qui ont fini par déboucher sur une entente pour la diffusion des nouvelles canadiennes sur le moteur de recherche. Google versera donc 100 millions $ annuellement à un collectif qui se chargera de redistribuer cette somme aux médias admissibles.

Un des éléments intéressants de l’accord est que si une entente plus avantageuse est conclue entre Google et un autre pays, les termes de celle avec le Canada seront revus à la hausse. Il reste maintenant à convaincre Meta de revenir à la table des négociations.


Petit extra

Jaclyn Lizzi est une jeune Américaine originaire du Texas. Après avoir appris l’espagnol, elle a décidé d’acquérir une troisième langue et a jeté son dévolu sur le français. Elle le parle aujourd’hui de manière impeccable.

Il y a trois ans, elle a adapté en anglais la chanson L’Amérique pleure, des Cowboys Fringants, et a enregistré la version pour sa chaîne YouTube. Le décès de Karl Tremblay, il y a deux semaines, lui a procuré une multitude de nouveaux abonnés, presque tous québécois.

Ceci n’est pas une #musiquebleue, mais presque !

Jaclyn Lizzi – L’Amérique pleure

Billet du 24 novembre 2023 : Journal de grève, 1re semaine

Depuis que j’ai démarré ce blogue, en février 2020, on peut y lire mes billets hebdomadaires, mes journaux de vacances d’été et mes journaux de vacances des Fêtes. Voici mon premier journal de grève.

Contrairement à mes journaux de vacances, dont je connais d’avance le nombre et les dates de publication, j’ignore complètement à quel moment je cesserai la publication de mes journaux de grève pour reprendre mes billets périodiques, ce débrayage dans lequel nous sommes entrés se réclamant général et illimité.

Allons-y donc une semaine à la fois !


À la manifestation
(Clin d’œil aux Cowboys Fringants)

Combien étions-nous à Montréal, hier, 23 novembre ? Au moment où j’écris ces lignes, j’attends toujours qu’un média s’avance sur les chiffres. Les images diffusées impressionnent, cependant.

La mobilisation est grande. En vingt-huit ans d’enseignement, j’ai vécu quelques journées de grève, bien réparties à travers les années. Chaque fois, même si une majorité de membres du syndicat votaient pour l’arrêt de travail, plusieurs choisissaient l’option inverse. Cet automne, sur une proposition de grève générale illimitée, c’est avec une quasi-unanimité que les 12 syndicats affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont voté en faveur.

Hier, le premier ministre a offert de bonifier l’offre salariale aux enseignants, à condition que nous démontrions plus de flexibilité dans les conventions collectives. Par plus de flexibilité, il entend de ramener à la convention nationale un des éléments les plus importants des conventions locales, soit les affectations dans les écoles. Ceci dans le but d’éviter des situations comme lors des dernières rentrées scolaires, alors que plusieurs centaines de postes d’enseignants n’étaient pas pourvus. Le gouvernement imposerait alors de tenir les affectations en mai ou en juin, plutôt qu’en août.

Le problème est que les affectations se tiennent déjà en mai. Si les centres de services scolaire ont été obligés d’en instaurer une autre en août, de moindre envergure, c’est parce que cette dernière est rendue nécessaire à la suite de changements survenus en été, notamment par des ouvertures de classes faisant suite à des déménagements ou des révisions de zones de desserte. Oui, il est vrai que des enseignantes ou enseignants permanents peuvent damer le pion à des collègues à statut précaire lors de l’affectation d’août, ce qu’ont dénoncé Gaétan Barrette et Marc-André Leclerc lors de l’émission La Joute, à TVA1. Toutefois, je précise ici que, n’en déplaise aux panélistes de La Joute, qui hier ont erré dans plusieurs de leurs propos, l’ancienneté demeure le seul élément pouvant permettre aux titulaires d’améliorer leurs conditions en choisissant un milieu de travail qui leur convient. Contrairement à d’autres corps d’emplois, il est impossible en enseignement de négocier un meilleur salaire ou d’autres avantages avec son employeur.

Autre problème, l’offre salariale n’est qu’un des éléments de nos revendications. Et j’oserais ajouter que cet élément se voudrait négligeable, n’eût été la hausse astronomique du taux d’inflation, depuis la signature de notre dernière convention. L’élément le plus important de nos demandes concerne l’allégement de la tâche et l’aide professionnelle. Là-dessus, la ministre Sonia LeBel s’est montrée directe en affirmant que même si elle disposait des ressources financières nécessaires, le manque de main-d’œuvre l’empêcherait de donner suite à un potentiel engagement en ce sens. Nous en sommes conscients. Mais peut-on commencer dès maintenant à établir une structure qui, à plus long terme, ira dans cette direction ? Nous nous trouvons actuellement dans ce bourbier parce que les différents gouvernements qui se sont succédé ont fait la sourde oreille quand les premiers signaux d’alarme, et tous les suivants, ont été lancés. En toute chose, laisser aller un problème par souci d’économie résulte généralement en investissements majeurs dans des rénovations. C’est là où nous en sommes.

Enfin, pour tous les Mario Dumont de ce monde qui stipulent qu’une réponse favorable à nos demandes coûterait des milliards de dollars, je réplique qu’il en coûtera des dizaines de milliards avant longtemps si on n’agit pas maintenant. Nous en sommes aujourd’hui à plus de 40 % des nouveaux enseignants qui décrochent du milieu dans les cinq premières années de leur carrière, alors qu’un nombre de plus en plus grandissant de vétérans quittent également l’enseignement pour préserver leur santé physique ou mentale. Ajoutons que les facultés de l’éducation des universités québécoises se vident de plus en plus chaque année, quand 50 % des étudiants abandonnent après la première année et que 50 % de ceux qui restent abandonnent à leur tour après la deuxième 2. Si les investissements nécessaires ne sont pas effectués dès maintenant pour rendre la profession attrayante, on se dirige à toute vitesse vers un mur de béton.

Et je cite :

« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ».

Abraham Lincoln

C’est l’avenir du réseau de l’éducation au Québec qui se joue actuellement. Rien de moins.

1 La Joute, TVA. Grève des enseignants: «Ça va se finir avec le « cash »». Le 23 novembre 2023.

2 Chartrand, Suzanne-G. Comprendre les causes de la pénurie d’enseignants. Le Devoir, Montréal. Le 13 novembre 2021.


Dans mes écouteurs

Le sentier de neige n’est pas la chanson du temps des Fêtes qui a le plus marqué la discographie québécoise, mais elle a très bien vieilli. D’abord interprétée par les Classels au milieu des années 1960, elle a été reprise dans plusieurs versions, toutes enregistrées au cours des quelques dernières années.

La dernière en lice est celle de Klô Pelgag. C’est elle que je vous propose cette semaine, en #musiquebleue.

Klô Pelgag – Le sentier de neige – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Vous aimez Foresta Lumina et Montréal en histoire ? Moi aussi !

Si certains investissements annoncés par le gouvernement du Québec peuvent paraître douteux, je considère que celui de 34 millions $ dans l’industrie numérique constitue une excellente nouvelle. Il s’agit d’un domaine en pleine expansion pour lequel le Québec possède toutes les chances de développer son expertise et de devenir un leader mondial.

Billet du 17 novembre 2023 : La tête haute

Chaque année, fin décembre, je visionne le reportage de Radio-Canada sur les grands disparus des 12 derniers mois. Des personnalités publiques qui meurent, il y en a fréquemment. Comment se fait-il que le décès de Karl Tremblay nous touche plus que les autres ?

Il y a d’abord son âge. C’est jeune, 47 ans. Et d’un autre côté, à 47 ans, on a eu le temps de bâtir beaucoup, de laisser sa marque, un héritage.

Ensuite, il y a l’émotion. Chez les Cowboys Fringants, c’est Jean-François Pauzé qui l’exprime avec des mots, mais c’est la voix unique de Karl Tremblay qui la transmet jusqu’à nos oreilles. Leurs chansons engagées manifestent les réalités quotidiennes d’une génération, celle des Y, bien senties le long d’un seul fil conducteur, l’humain. Ils ne chantent pas le Québec, ils chantent sa population. Celle qui était, celle qui est, celle qui sera. En ce qui me concerne, Les étoiles filantes s’affiche au sommet des plus belles chansons québécoises de tous les temps.

Finalement, il y a la famille, la fête. J’ai vu les Cowboys deux fois en spectacle. Avec eux, tout ce qui ressemble à un concert c’est le billet et le siège, qui ne sert pas longtemps. Parce que pour le reste, on entre dans un gros party de famille, mené allègrement par Karl. On n’a pas le temps d’avoir envie de devenir son ami, on se sent immédiatement comme un membre de sa garde rapprochée.

Mercredi, nous sommes plusieurs à avoir perdu un être cher. Un fils, un ami, un frère, c’est difficile à définir. Mais le deuil causé par ce départ reste très tangible.


Dans le cours de musique

C’est une #musiquebleue toute spéciale que je propose aujourd’hui. La chanson, loin d’être récente, est âgée de 15 ans. Écoutez bien les paroles. Des paroles de Jean-François Pauzé, chantées par Karl Tremblay.

Les Cowboys Fringants – La tête haute – L’expédition – #musiquebleue

Dans le cours de mathématiques

À moins d’un revirement majeur, c’est avec le statut de gréviste que j’écrirai mon prochain billet. Combien de temps cette grève générale illimitée durera-t-elle ? Personne ne le sait, mais je suis d’avis qu’il y a quelques élus et fonctionnaires québécois qui ont leur petite idée.

D’abord, chaque journée de grève des syndiqués de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) rapportera près de 21 millions $ à l’État québécois. Comment est-ce que j’en arrive à ce montant ? En date d’avril 2022 (je ne dispose pas de données plus récentes), le salaire annuel moyen d’un enseignant, au Québec, était de 62 820 $. En divisant ce montant par 200 jours travaillés, on obtient 314,10 $. C’est le montant moyen que le gouvernement récupérera pour chaque jour de grève d’un enseignant affilié à la FAE. Multiplions maintenant ces 314,10 $ par 65 500 syndiqués et on obtient 20 573 550 $.

Si on ajoute les 87 000 membres affiliés à la FSE-CSQ, on approche les 50 millions $ récupérés quotidiennement, uniquement avec les enseignants. À cela, il faut aussi additionner le personnel non enseignant et les autres membres du front commun, peu importe le domaine dans lequel ils œuvrent.

On l’a vu plus d’une fois dans le passé, l’écart entre la dernière offre gouvernementale rejetée et celle finalement acceptée correspondait à l’argent récupéré lors des journées de grève entre les deux. Est-il possible que quelqu’un, quelque part, ait déjà calculé le montant à recouvrer et planifié le nombre de journées de grève nécessaire avant d’y aller avec une offre que les syndicats approuveront ?

Vos conclusions valent les miennes.


Dans le cours de français

Un de mes élèves a déniché une faute dans le titre d’une nouvelle sur le site de TVA.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire substance inconnue, avec la marque du féminin à l’adjectif. Le nom substance étant féminin, il doit donner ce genre aux mots qui s’y rapportent.


La bonne nouvelle de cette semaine

J’ai résisté à la tentation durant deux semaines, mais j’en fais finalement ma bonne nouvelle. L’intelligence artificielle, lorsqu’utilisée à bon escient, peut produire des choses fantastiques. C’est ainsi qu’en 2023, les Beatles ont lancé une nouvelle chanson. Et sur le vidéoclip, on retrouve les quatre membres originaux, y compris les deux qui sont décédés.

C’est donc avec joie que je diffuse ici Now And Then, une chanson des Beatles de 15 ans la cadette de celle des Cowboys Fringants que je vous présentais plus haut, en #musiquebleue !


Billet du 3 novembre 2023 : Le compte à rebours est commencé

Le lundi 6 novembre, les cours seront perturbés dans la presque totalité des écoles primaires et secondaires du Québec, en raison de la grève partielle de mes collègues affiliés à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et à la Confédération des syndicats nationaux (CSN). À partir du 23 novembre, à moins d’une entente d’ici là, ce sont les enseignants représentés par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) qui entreprendront un débrayage général illimité.

Laissant à d’autres le militantisme syndical, je n’ai jamais vraiment abordé ce sujet dans mes billets hebdomadaires. Je le ferai brièvement cette fois-ci, afin d’expliquer la situation.

D’abord, le milieu de l’enseignement est représenté par deux grands syndicats. La FAE représente les enseignantes et enseignants travaillant dans douze centres de services scolaires. Les autres sont affiliés à la FSE-CSQ. Les secrétaires, concierges, techniciennes en éducation spécialisée et employées des services de garde se trouvent sous l’égide de la CSN, pour la grande majorité. La CSQ et la CSN font partie d’un même front commun, en compagnie d’autres syndicats œuvrant dans la fonction publique québécoise. La FAE fait cavalier seul.

Le front commun a voté pour la tenue de quelques journées de perturbation, avant d’entreprendre à son tour une grève générale illimitée dont le moment n’est pas encore déterminé. Ces premières journées de débrayage auront lieu la semaine prochaine. Du côté des syndiqués de la FAE, seule la grève générale illimitée a été retenue et elle commencera dans une vingtaine de jours, à moins de développements dans les négociations avec le gouvernement. Il est déjà convenu qu’aucun des groupes syndicaux ne franchira les lignes de piquetage de l’autre.

Quant aux revendications, elles sont pour la plupart liées aux conditions de travail, qui rendent la tâche lourde, créent l’exode de plus du quart de la relève et le départ prématuré de nombreux enseignants d’expérience. Notre charge de travail comprend beaucoup plus que l’enseignement. C’est une diminution de cette charge qui est réclamée. À cela s’ajoute l’embauche de personnel non enseignant comme des psychologues, des orthophonistes, des orthopédagogues ou des psychoéducateurs, rendue nécessaire par la réalité d’aujourd’hui.

Et puis, effectivement, l’offre de hausse salariale présentée par le gouvernement couvrira à peine, au cours des cinq prochaines années, l’inflation des trois dernières. C’est donc un appauvrissement assuré qui nous attend si elle n’est pas bonifiée. Ajoutons que le salaire des enseignants québécois se situe toujours sous la moyenne de celui des enseignants des autres provinces canadiennes.

Une grève demeure l’ultime moyen de pression et n’est agréable pour personne. Souhaitons que les négociations débloquent rapidement sur une entente.


Dans le cours de musique

L’Halloween est derrière nous, place au temps des Fêtes ! Du moins, dans les magasins et les stations radiophoniques, où la voix de Mariah Carey ne tardera pas à se faire entendre. Dans le créneau traditionnel québécois, cependant, sortie intéressante, cette semaine, que le mini-album du trio Les Fils du Diable. Intitulé À la bière comme à la guerre, on y trouve six pièces dont les accents rappellent plus Les Cowboys Fringants, Salebarbes et Mes Aïeux que La Bottine Souriante ou Les Charbonniers de l’Enfer.

En #musiquebleue et en prélude aux festivités prochaines, voici Le Diable est débarqué à Roberval.

Les Fils du Diable – Le Diable est débarqué à Roberval – À la bière comme à la guerre – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Elle est presque personnelle, cette bonne nouvelle. La Société pour le perfectionnement de l’enseignement de l’anglais, langue seconde, au Québec (SPEAQ) tiendra son gala annuel le 10 novembre prochain. Chaque année, on y honore quatre enseignants d’anglais, soit un du primaire, un du secondaire, un postsecondaire et un pour l’ensemble de sa carrière.

L’enseignante gagnante pour le primaire, cette année, est ma collègue Alisa Tudosie.

Archéologue de formation, elle a quitté sa Roumanie natale il y a près de 20 ans pour venir s’établir au Québec, où elle a fait des études en enseignement de l’anglais, a intégré notre réseau scolaire et a fondé une famille. En plus d’être une collègue exceptionnelle, impliquée dans l’école, elle se démarque par ses innovations pédagogiques qui suscitent l’intérêt et la motivation des élèves, et qu’elle partage à qui veut les utiliser.

Cette reconnaissance est pleinement méritée. Une fois de plus, Alisa fait rayonner notre école. Bravo !


Billet du 17 février 2023 : Des adultes persévérants pour amener les jeunes à persévérer

C’est aujourd’hui que prennent fin les Journées de la persévérance scolaire, pour l’année 2023. En fait, c’est aujourd’hui que se terminent les activités annuelles visant à les souligner, parce que la cause, elle, doit être promue de septembre à juin.

Cette année, pour la première fois, c’est à titre de conférencier que j’ai pu m’impliquer dans l’événement. À l’invitation du psychopédagogue Richard Robillard, lui-même convié par l’Instance régionale de concertation de la Montérégie (IRCM), deux autres enseignants et moi avons débattu, durant deux heures, de l’importance qu’occupe la persévérance des adultes dans l’influence de celle des jeunes, devant les acteurs scolaires, économiques et communautaires de la région.

Selon ce que j’ai mentionné, développer la persévérance chez les élèves nécessite trois ingrédients essentiels : un lien d’attachement avec l’adulte, un sentiment de sécurité dans l’environnement scolaire et une bonne coopération entre tous les intervenants. Lorsque tout est établi, on peut commencer à travailler la persévérance des jeunes.

Mais la mise en place de ces trois éléments nécessite temps et efforts. Il faut donc des adultes persévérants pour amener les jeunes à persévérer. Le travail doit d’abord se faire sur nous-mêmes.


Dans le cours de français

Quand un élan déjà entrepris continue sa poussée, parle-t-on d’un air d’aller, d’une ère d’aller ou d’une erre d’aller ? Bonne question.

Il faut d’abord savoir que l’expression se veut typiquement québécoise et n’est guère utilisée dans le reste de la francophonie. Pour connaître la bonne orthographe, il suffit d’analyser les mots qui la composent. Premièrement, air est de genre masculin, alors qu’ère et erre sont féminines.

Air peut désigner au moins trois éléments, soit le gaz qu’on respire, une mélodie ou l’apparence d’une personne. Dans les trois cas, on s’éloigne de l’élan ou de la poussée.

Une ère constitue un espace de temps ou une époque. Rien à voir avec une force de propulsion.

Quant à erre, elle définit la vitesse résiduelle par laquelle un véhicule ou un bateau continue d’avancer, alors qu’il n’est plus propulsé ou tiré par une autre force. Tiens, tiens. C’est aussi le seul des trois mots à partir duquel on peut former un verbe, soit errer, qui peut prendre deux significations. Outre commettre une erreur, errer réfère à un déplacement sans but précis. Il s’agit donc d’un mouvement sans grande poussée, cette fois au sens figuré.

L’erre d’aller est donc la bonne chose à écrire. Et on l’emploie au féminin.


Dans le cours de musique

«La solastalgie est une forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux passés, actuels ou attendus, en particulier concernant la destruction des écosystèmes et de la biodiversité, et par extension le réchauffement climatique.» (Source : Wikipédia)

Solastalgie est également le nom d’un projet musical initié par Jérôme Dupras, bassiste du groupe Les Cowboys fringants, accompagné par Jérôme Dupuis-Cloutier et Guillaume St-Laurent. Regroupant huit plages instrumentales composées sous la trame de l’écoanxiété, la première compilation du trio est parue il y a tout juste une semaine. En #musiquebleue, voici la pièce titre de l’album éponyme.

Solastalgie – Solastalgie – Solastalgie – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Il fut une époque où on ne mangeait que des légumes de saison, au Québec. Ce qui signifie que le nombre de végétaux pouvant être consommés en hiver et au printemps s’avérait plutôt limité. Puis, des techniques de conserves se sont développées, ce qui a permis à nos ancêtres d’étirer le plaisir pour quelques mois supplémentaires.

Depuis quelques générations, l’évolution des moyens de transport nous permet de savourer à peu près tous les fruits et légumes, y compris ceux qu’on peut qualifier d’exotiques, durant toute l’année.

Puis, il y a une dizaine de jours, un reportage de Radio-Canada est venu démontrer qu’à partir d’abris d’automobiles, on pouvait cultiver certains légumes même en hiver, sans autre chauffage que les rayons de soleil frappant les parois de plastique. Malgré le froid extérieur, la température sous la bâche est naturellement maintenue au-dessus du point de congélation, permettant à des légumes robustes, comme la laitue ou le radis, de croître.

Des abris d’auto pour faire pousser des légumes verts en hiver. Radio-Canada. Le 7 février 2023.


Billet du 2 décembre 2022 : Besoin d’amour et d’éducation

Les trois députés du Parti québécois ont raison de demander l’abolition du serment à la monarchie britannique pour siéger à l’Assemblée nationale du Québec. Par contre, la meilleure façon d’y parvenir est la voie empruntée par les 122 autres élus qui, eux, ont choisi de le prêter une dernière fois, avant d’y mettre fin pour de bon avec des mesures législatives.

C’est tout ce que je mentionnerai sur le sujet.


Dans le cours de français

«Je l’haïs pas, lui (ou elle)!» peut être qualifiée d’expression québécoise typique, avec laquelle on signifie son appréciation ou son amour envers quelqu’un. Dans les mêmes eaux, on trouve «Il n’est pas mauvais, ce petit vin».

Ces deux expressions s’appellent des litotes. Le Larousse, qui dans ce cas-ci offre une explication plus complète que le Robert, définit la litote comme « une figure de rhétorique consistant à affaiblir l’expression de la pensée pour laisser entendre plus qu’on ne dit ».

L’art d’utiliser la forme négative pour exprimer quelque chose de positif.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Mauvaise semaine pour la démocratie et la liberté d’expression. D’une part, la FIFA s’est rangée derrière les exigences du Qatar, pays hôte de la Coupe du monde de soccer, et a interdit aux équipes participantes de porter le brassard inclusif One Love.

D’autre part, la direction de l’Université d’Ottawa a cédé face à l’ambassadeur de Chine au Canada, qui a exigé qu’aucune caméra ne soit admise dans la salle où il prononçait une allocution devant des étudiants. C’est ainsi qu’un caméraman de Radio-Canada a été expulsé de l’endroit, après qu’on lui eut pourtant autorisé l’accès. Quel était le prétexte ? On craignait que le maintien de sa présence ne mette l’événement en péril. Rappelons que c’est la même institution universitaire qui avait imposé des sanctions arbitraires à la professeure Verushka Lieutenant-Duval pour avoir utilisé le mot commençant par n dans un contexte pédagogique.

Finalement, un rapport publié par IDEA International1 stipule que la moitié des démocraties dans le monde subissent un déclin, alors que l’autoritarisme est en hausse dans plusieurs pays. Parmi les endroits mentionnés par l’organisme, on note le Brésil et les États-Unis.

Avec des enjeux importants comme l’inflation, la guerre en Ukraine et les changements climatiques, les états auraient pourtant intérêt à s’ouvrir à tous les points de vue.

1 Communiqué de presse d’IDEA International.


Dans le cours d’anglais

L’en-tête de ce billet est constitué d’une photo que j’ai prise cette semaine, alors que je visitais l’exposition Pink Floyd — Their Mortal Remains, à Montréal. Il s’agit du premier jet des paroles de la chanson Another Brick in The Wall, écrites de la main de Roger Waters. Le We don’t need no education était à l’origine au singulier. Comme pour plusieurs autres pièces du groupe, le texte représente une satire sociale qui pourrait toujours s’avérer d’actualité, 40 ans plus tard.

En réalité, nous avons définitivement besoin de plus d’éducation.


Dans le cours de musique

Au cours de la dernière semaine, on a enfin lancé sur album la collaboration entre Les Cowboys Fringants et l’Orchestre symphonique de Montréal, enregistrée il y a quelques années. Si je considère Les étoiles filantes comme une des plus belles chansons québécoises de tous les temps, j’ai dû me rendre à l’évidence que son rendu symphonique n’atteignait pas la qualité de la version originale, malgré la préservation du solo d’accordéon. En revanche, le poème prémonitoire Plus rien trouve une niche sonore rehaussée à travers les harmonies des instruments dirigés par le chef Simon Leclerc. C’est la #musiquebleue que je propose, aujourd’hui.

Les Cowboys Fringants et l’Orchestre symphonique de Montréal (dirigé par Simon Leclerc) – Plus rien – Les Cowboys Fringants en concert avec l’Orchestre symphonique de Montréal – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Un adage prétend que la justice a le bras long. Elle a maintenant la mémoire longue. Un homme a été arrêté à Toronto, la semaine dernière, pour être accusé de deux meurtres perpétrés il y a 39 ans, soit en août et en décembre 1983. Les crimes semblaient parfaits, jusqu’à ce que les avancées technologiques d’aujourd’hui permettent de prouver ce qui, récemment encore, demeurait indémontrable.

Il y a bien trente ans que les tests d’ADN fournissent des évidences irréfutables. Ce qui est relativement nouveau, et qui a permis l’arrestation du suspect de Toronto, c’est la généalogie génétique. Dans le cas qui nous préoccupe, les enquêteurs ont pu partir d’un échantillon d’ADN qui avait été volontairement transmis au site Ancestry.ca par une personne désirant reconstituer son ascendance, et trouver des concordances avec celle découverte sur les lieux des meurtres chez un lointain cousin de cette personne.

Les morts parlent, il n’y a plus de doute.