Billet du 10 octobre 2025 : L’espoir au fil de l’eau

Durant trois jours cette semaine, les résidents de Blainville et de Sainte-Thérèse ont dû faire bouillir leur eau avant de la consommer. La raison ? Le niveau anormalement bas de la rivière des Mille-Îles, au point où il n’était plus possible de maintenir une quantité minimale de chlore dans le réseau d’aqueduc. À certains endroits, la rivière semble avoir disparu : un lit de boue, quelques flaques d’eau isolées, des poissons prisonniers du néant. Des résidents âgés affirment n’avoir jamais vu la rivière aussi basse de toute leur vie. Le décor qu’on admire habituellement pour ses reflets argentés et ses hérons tranquilles s’est soudain mué en paysage d’alerte. L’eau, ce fil invisible qui relie la vie, la santé et le quotidien a rappelé sa fragilité. Ce qui paraissait acquis ne l’est plus.

Cette scène, pourtant locale, résume à elle seule l’ampleur du problème. Le dérèglement climatique ne se mesure plus seulement en degrés, mais en gestes quotidiens : faire bouillir l’eau, éviter les feux à ciel ouvert, surveiller les restrictions d’arrosage. Dans une entrevue récente, David Suzuki rappelait que l’humanité a déjà franchi sept des neuf « limites planétaires » identifiées par la science, celles qu’il ne fallait surtout pas dépasser. 1 « Nous devrions être terrifiés si nous dépassons une seule de ces limites », dit-il, en appelant à des « mesures héroïques » d’ici cinq ans. Il parle de limites planétaires, mais elles se traduisent ici par des rivières à sec, des forêts surchauffées, des sols épuisés. Le monde ne s’effondre pas d’un seul coup : il s’effrite par petites fissures, si fines qu’on ne les remarque que lorsqu’elles atteignent nos robinets.

Ce n’est donc pas seulement la rivière qui s’assèche : c’est aussi la patience collective. David Suzuki croit que l’espoir réside désormais dans les collectivités locales, celles qui refusent de se taire, qui se mobilisent, qui exigent transparence et cohérence. Peut-être que le salut viendra de ces citoyens ordinaires qui observent, documentent, échangent et refusent de croire que tout est déjà perdu. Ce ne sont plus des militants au sens traditionnel du terme, mais des gens qui ont compris que la défense du vivant commence au coin de leur rue. Pendant que l’eau perd sa transparence, c’est à nous de retrouver la nôtre, avant qu’elle ne devienne définitivement trouble.

1 Champagne, É.-P. (2025, 31 août). Entrevue avec David Suzuki : « Nous devrions être terrifiés ». La Presse.


#LeProfCorrige

Le 2 octobre dernier, un titre contenant deux fautes coiffait un article publié par La Presse.

Il aurait fallu lire Les premières livraisons, le nom livraisons donnant son genre et son nombre au déterminant et à l’adjectif numéral. Le titre a fini par être corrigé, mais plus d’une journée après sa parution.


Dans mes écouteurs

En mai dernier, Stéphane Archambault lançait son premier album solo, Point. Si le son et le rythme s’avèrent plus pop que la musique traditionnelle québécoise qui l’a fait connaître, on y retrouve quand même la poésie et quelques effluves harmoniques de Mes Aïeux, dont il demeure le chanteur.

Voici la pièce Point tournant.

Stéphane Archambault – Point tournant – Point – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Parfois, la vie tient à un souffle, et ce souffle revient grâce à cinq paires de mains tendues. Le 22 août dernier, sur un terrain de balle-molle de Brossard, le lanceur François Fleury, 66 ans, s’est effondré, victime d’un arrêt cardiaque. Pendant onze longues minutes, cinq personnes — Pier-Alexandre, Cloé, Vanessa, Katerina et Gabriel — ont uni leurs forces pour refuser l’inacceptable. Tandis que les uns pompaient le cœur de François à bras nus, Gabriel courait, forçant par miracle la seule porte d’une école pour trouver un défibrillateur. Une décharge plus tard, le cœur de François repartait. Ce soir-là, la partie s’était arrêtée, mais l’esprit d’équipe, lui, n’avait jamais été aussi fort.

Quelques semaines plus tard, les héros se sont retrouvés sur le même terrain, les yeux pleins d’émotion et le cœur plus grand que jamais. François a remercié, ému, ceux qui lui avaient rendu la vie. Aujourd’hui, il parle de nature, de sa famille, de son chien Ballou et de la joie simple de respirer. Sa leçon tient en une phrase : « Quand tu es en bonne santé, tu es millionnaire. » Cette histoire n’est pas seulement celle d’une résurrection, mais celle d’une humanité qui persiste : altruiste, coopérative et tissée serré, comme une équipe qui refuse de perdre.

Source : Poirier, J.-F. (2025, 8 octobre). Mort pendant 11 minutes, un lanceur est ressuscité sur le terrain. Radio-Canada.


Billet du 16 mai 2025 : Pelleteux de mots

Chaque printemps, c’est devenu une petite tradition dans mon billet hebdomadaire : faire un détour par les nouveautés du dictionnaire Le Robert. L’édition 2026 vient tout juste d’être dévoilée, avec son lot habituel de mots fraîchement intronisés dans la grande famille du français écrit et reconnu. Plus de 150 ajouts cette année, qui témoignent des grandes préoccupations de notre époque, comme l’intelligence artificielle, les changements sociaux, les mouvements culturels… Et, bien entendu, la vitalité du parler québécois.

Parlant d’ici, deux expressions familières bien de chez nous font une entrée remarquée : pelleteux de nuages et cône orange. La première, nous la connaissons bien : elle désigne celui ou celle qui rêve en couleurs, qui élabore de grands projets irréalistes, voire un brin farfelus. Une expression savoureuse, bien implantée dans notre imaginaire collectif, et qui mérite amplement sa place dans un dictionnaire qui se veut représentatif de toute la francophonie. Quant au cône orange, disons qu’il mériterait à lui seul un chapitre entier dans notre folklore routier. Il symbolise chez nous autant les travaux interminables que la résilience (forcée) des automobilistes québécois. Qu’un objet inanimé et unanimement exaspérant se retrouve désormais dans Le Robert, ça mérite un coup de klaxon.

Mais ce n’est pas tout. Cette année, on sent clairement l’influence des nouvelles technologies : prompter entre officiellement dans le dictionnaire, non pas comme l’appareil qui aide un politicien à réciter son discours, mais comme le fait d’envoyer une requête à une intelligence artificielle (clin d’œil à mes collègues titulaires de classes qui la découvrent en pleine correction de fin d’année). On note aussi hallucination dans son sens numérique, soit une réponse erronée, mais crédible, produite par une IA. Pratique pour comprendre pourquoi votre assistant vocal insiste pour réserver un hôtel à Orange, en France, quand vous demandez des infos sur l’orange de Floride.

Du côté des nouvelles tendances sociales, plusieurs mots évoquent les réalités actuelles : chemsex, justice restaurative, microagression, apprentissage profondLe Robert fait de plus en plus place à des réalités parfois difficiles, mais bien présentes. Et côté gastronomie, l’ouverture sur le monde continue avec l’ajout de zaatar, un mélange d’épices moyen-oriental qui gagne en popularité dans nos assiettes.

Enfin, on remarquera aussi quelques expressions familières qui font leur entrée, dont c’est carré, pour désigner quelque chose de bien organisé ou parfaitement en ordre, ainsi que mon gâté/ma gâtée, des marques d’affection bien connues au Québec, tout autant que dans le Sud de la France. Pas certain que c’est carré réussisse à détrôner notre bon vieux c’est correct, mais ces ajouts rappellent que le français, dans toute sa diversité régionale, est vivant, expressif et profondément enraciné dans les usages quotidiens.

Bref, encore une belle cuvée pour les amoureux du mot juste, du mot nouveau et du mot d’ici. Et si jamais vous êtes vous-même un pelleteux de nuages en quête de reconnaissance, sachez qu’il suffit parfois d’un bon mot et de quelques décennies d’usage populaire, pour entrer dans l’histoire lexicale.


Conseillance pédagogique en français

Sur le site de Radio-Canada :

#LeProfCorrige

Ici, il aurait fallu lire « pilule », et non « pillule ». Cette faute d’orthographe d’usage n’a pas sa raison d’être dans un texte publié sur le site de la société d’État.


Dans mes écouteurs

L’album Bruissement boréal est né de la rencontre entre la flûtiste Marie-Véronique Bourque et ma guitariste chouchou, Christine Tassan. Inspirée par les paysages du Québec et de la Saskatchewan, cette œuvre évoque le silence vibrant des grands espaces et la complicité musicale entre deux artistes à l’univers riche et complémentaire. Entre jazz, musique classique et touches de folk, l’album nous emporte dans un voyage sensoriel aussi apaisant qu’enchanteur.

Voici la pièce Bruissements.

Christine Tassan et Marie-Véronique Bourque – Bruissements – Bruissement boréal – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Une grande première vient de se produire dans le monde du baseball canadien : Ayami Sato, une lanceuse japonaise de 35 ans, vient de signer un contrat avec les Maple Leafs de Toronto, une équipe de la ligue semi-professionnelle ontarienne IBL (Intercounty Baseball League). Cette embauche est pourtant lourde de sens : Sato devient la toute première femme à évoluer dans cette ligue réservée jusqu’ici aux hommes. Couronnée à plusieurs reprises meilleure joueuse de baseball féminin au monde, elle ne débarque pas comme une curiosité médiatique, mais bien comme une athlète aguerrie au palmarès impressionnant.

Avec une balle rapide atteignant 80 milles à l’heure et une courbe redoutablement efficace, Sato a mené l’équipe nationale féminine du Japon à cinq championnats mondiaux. Son arrivée au monticule des Maple Leafs dépasse le cadre du sport : elle envoie un signal clair que les frontières du genre peuvent et doivent continuer à s’estomper là où le talent s’impose. Voilà une belle bouffée d’air frais pour les jeunes filles qui rêvent de fouler les losanges du baseball professionnel, ainsi qu’un rappel que les portes fermées ne le restent jamais éternellement.


Billet du 25 avril 2025 : Compter dans son propre filet

L’Office québécois de la langue française est ma bible. Je consulte son site plusieurs fois par semaine pour défier les difficultés de la langue française ou m’assurer du bon emploi d’un mot ou encore d’une expression. L’OQLF est mon ami.

Toutefois, comme avec n’importe quel ami, des désaccords peuvent survenir. On peut même trouver franchement exagérées certaines de ses prises de position. Comme celle d’exiger de la Société de transport de Montréal (STM) qu’elle cesse de faire défiler Go ! Habs Go ! sur les panneaux électroniques de ses autobus, ou qu’elle le remplace par une expression d’encouragement en langue française. La STM a donc traduit littéralement l’expression et affiché Allez ! Canadiens, Allez ! sur les panneaux de ses véhicules. Sacrilège, d’un côté comme de l’autre.

D’une part, Go ! Habs Go ! constitue une interjection qui nous est propre, une façon bien à nous d’encourager notre équipe locale qui participe aux séries éliminatoires pour la première fois en quatre ans. Go ! est certes un anglicisme, mais il est tout de même inclus dans certains dictionnaires de la langue française, dont le Robert. Tout le monde comprend la signification de Go !, même celles et ceux qui ne parlent pas l’anglais. Quel âge aviez-vous la première fois que vous avez compris ce que 1-2-3 Go ! voulait dire ? Si vous répondez assurément l’âge préscolaire, vous faites partie de la moyenne des gens. Même chose si vous vous délectiez du fameux Go ! Go ! Go !, crié par Yvan Ponton, au début du générique de la populaire série Lance et compte.

Habs ? C’est le diminutif d’Habitants, le surnom qu’on donnait autrefois au Club de hockey Canadien. Plusieurs personnes pensent encore, à tort, faut-il le préciser, que le « H » dans le logo de l’équipe est là pour rappeler ce surnom. Il a beau être prononcé à l’anglaise, comme on utilise Sens pour les Sénateurs d’Ottawa, le mot d’origine est bien issu de la langue française.

Quant au Allez! Canadiens Allez!, la STM en a manqué une. D’abord, je suis d’avis que l’opinion publique se serait rangée de son côté si elle avait défié l’OQLF et maintenu le Go! Habs Go!, parce que cette expression est consacrée. Ensuite, la STM aurait voulu offrir au public l’expression la plus terne et guindée pour encourager le Tricolore qu’elle n’aurait pas trouvé mieux. À la limite, elle aurait pu proposer Allez Montréal! en lui adjoignant la chanson Le but, de Loco Locass. Et pourquoi ne pas, tant qu’à y être, plonger dans la nostalgie en ramenant le traditionnel Les Canadiens sont là!, précédé ou non du fameux Halte-là!.

Vouloir trop protéger la langue, c’est parfois oublier qu’elle appartient aussi à celles et ceux qui la parlent. Ça, même l’OQLF devrait le savoir. Go ! Habs Go!


#LeProfCorrige

Dure semaine grammaticale pour les médias québécois. D’abord, chez ceux de Québecor :

Source : TVA Nouvelles

Dans l’article, dès qu’on clique sur une des icônes en forme de camion rouge, une fenêtre s’ouvre et le mot « Déchets » est transcrit avec un accent circonflexe sur le deuxième e.

Après les médias de Québecor, Radio-Canada, deux fois plutôt qu’une, a aussi fait preuve d’un manque de rigueur orthographique. Sur Internet :

Source : Radio-Canada.ca

Ici, on aurait dû lire « avait évoqué l’idée ». Le verbe évoquer conjugué au plus-que-parfait, comme c’est le cas dans ce passage de l’article, doit comprendre le participe passé et non l’infinitif.

Puis à la télévision, suite à la mort du pape :

Le mot « pontife » s’orthographie avec un e en finale. Lundi, c’est en l’absence de cette voyelle que le mot est apparu souvent et longtemps à l’écran.

La qualité du français dans les médias est un dossier beaucoup plus important qu’un Go ! Habs Go ! sur un écran d’autobus. L’OQLF devrait en prendre note.


Dans le cours de musique

Allez Montréal ! Parce que j’ai évoqué cette chanson plus haut, parce que le Canadien est en séries éliminatoires et que, tirant de l’arrière 2-0, il a besoin d’encouragements, parce que cette pièce de Loco Locass est excellente, parce qu’elle est purement québécoise et parce que, malgré l’absence de Go !, notre dialecte y est bien présent et bien mis de l’avant, voici Le but.

Loco Locass – Le but – Le but – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

À l’UQAM, Mélanie Côté-Cyr ne se contente pas d’étudier les protéines — elle les transforme en alliées de la guérison. Cette brillante doctorante en biochimie conçoit des hydrogels à base de protéines, capables de soutenir la régénération cellulaire et d’accélérer la cicatrisation des plaies. Grâce à des matériaux issus de bactéries probiotiques et à une touche d’ingéniosité, elle crée de véritables structures de soutien biologiques qui pourraient révolutionner les soins cutanés. Avec son laboratoire à la fine pointe de la recherche et un flair indéniable pour l’innovation, Mélanie tisse déjà, molécule par molécule, un avenir plus doux pour nos blessures.

Mais elle ne s’arrête pas là ! Entre deux tests en laboratoire, elle rêve aussi à des applications environnementales : et si ces mêmes nanomatériaux pouvaient servir à nettoyer la planète, en dégradant des polluants comme les microplastiques ? De la santé humaine à celle de la Terre, il n’y a qu’un peptide de distance. La science, quand elle est portée par des esprits aussi curieux qu’engagés, a décidément le don de faire du bien sur toute la ligne.


Billet du 18 avril 2025 : Panem et circenses

En ce week-end de Pâques, pendant que plusieurs se régalent de chocolat et d’un peu de repos bien mérité, je me pose une question douce-amère : que reste-t-il de notre engagement citoyen, quand la démocratie doit s’effacer poliment devant un match de hockey ?

L’expression latine panem et circenses — du pain et des jeux — provient d’un poème satirique de Juvénal, écrit au IIe siècle. Elle dénonçait la manière dont les dirigeants romains parvenaient à maintenir la paix sociale : en donnant au peuple de quoi manger et de quoi se divertir, on détournait son attention des enjeux politiques. Cette logique, vieille de près de deux millénaires, n’a rien perdu de sa pertinence. Elle s’exprime aujourd’hui sous des formes bien plus sophistiquées : consommation de masse, réseaux sociaux omniprésents, compétitions sportives mondialisées et divertissements en continu. Pendant ce temps, les enjeux profonds — inégalités sociales, crise climatique, précarité du travail — peinent à occuper l’espace public.

En Amérique du Nord, la primauté du divertissement est particulièrement marquée. Les grandes ligues sportives, comme la NFL et la LNH, génèrent des passions collectives si intenses qu’elles éclipsent souvent les débats politiques les plus fondamentaux. Au Canada, le hockey occupe une place symbolique dans l’imaginaire collectif. Parallèlement, notre filet social, aussi imparfait soit-il, joue parfois le rôle du pain : tant qu’un confort minimal est maintenu, la pression pour un changement structurel demeure limitée. Pourtant, des crises majeures, comme celle du logement ou l’épuisement du personnel dans les services publics, exigeraient une mobilisation citoyenne bien plus soutenue.

Au Québec, cette dynamique prend une forme singulière. L’identité québécoise, nourrie par une histoire particulière, est portée par des symboles affectifs puissants. Le Canadien de Montréal n’est pas qu’un club de hockey : c’est un repère culturel, un point d’ancrage transgénérationnel. Nos nombreux festivals, notre vie culturelle foisonnante et nos événements publics constituent des fiertés légitimes. Mais ces moments de célébration peuvent aussi agir comme des circenses modernes : ils créent un sentiment collectif d’appartenance et de satisfaction, sans nécessairement favoriser la réflexion sur les défis structurels que nous avons tendance à repousser — comme le sous-financement chronique des écoles, les tensions autour de la langue française ou les enjeux liés à l’intégration des nouveaux arrivants.

Un fait récent illustre bien ce glissement : en pleine campagne électorale fédérale, le débat des chefs en français a été devancé de deux heures afin de ne pas entrer en concurrence avec un match du Tricolore. Cette décision soulève une question troublante : que dit-elle de nos priorités collectives ? Quand le calendrier démocratique s’ajuste à celui du sport professionnel, n’y a-t-il pas lieu de s’interroger ? Sommes-nous, comme les citoyens de la Rome impériale, trop absorbés par nos écrans, nos spectacles et nos passions sportives pour demeurer vigilants à l’égard de ceux qui gouvernent ? À l’heure où plusieurs démocraties vacillent, il est plus que jamais nécessaire de résister à la tentation du confort intellectuel, et de réaffirmer l’importance de la participation citoyenne dans la vie publique. Ce déplacement du débat, justifié au nom de l’auditoire, a d’ailleurs suscité quelques contorsions verbales… La commission des débats des chefs a dû patiner un brin pour expliquer sa décision, et ce n’était pas sur la glace du Centre Bell.


#LeProfCorrige

Je suis convaincu que les titreurs de Radio-Canada connaissent la bonne orthographe du mot « accueil ».

Je suis cependant moins convaincu qu’ils savent bien se relire.


#musiquebleue

Quand j’étais adolescent, il fallait reculer jusqu’aux années 1930 pour trouver une chanson cinquantenaire. La musique et les paroles pouvaient exceller, mais il en était autrement de la qualité sonore de l’enregistrement, les technologies de l’époque étant alors en plein développement.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, cette semaine, l’album Si on avait besoin d’une cinquième saison, du groupe Harmonium, a célébré ses 50 ans. Il s’agissait, en 1975, d’une des premières incursions québécoises dans la musique progressive. Comme le reste de l’opus, la chanson Dixie a bien vieilli. Gâtons-nous !

Harmonium – Dixie – Si on avait besoin d’une cinquième saison – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

On a préféré perturber notre souper plutôt que le match du Canadien, mercredi, en devançant le débat des chefs, mais la Sainte-Flanelle a au moins remporté la victoire et ainsi assuré sa place en séries éliminatoires pour la première fois depuis 2021, alors qu’elle s’était rendue jusqu’en finale de la Coupe Stanley. Nous étions conscients à l’époque que c’était soit un heureux hasard, soit une conjonction astronomique remarquable. L’équipe possédait quelques bons joueurs, mais aucune profondeur. Carey Price, Shea Weber, Brendan Gallagher, Jake Evans et sûrement quelques autres jouaient en dépit d’importantes blessures et il était acquis que plusieurs éléments n’allaient pas revenir avec l’équipe l’année suivante.

Cette fois-ci, le Canadien a encore vu les portes se refermer in extremis derrière lui. Mais, contrairement à il y a quatre ans, ceci marque le début d’une longue période de succès pour la troupe de Martin St-Louis. Les joueurs sont jeunes, ils sont sous contrat pour longtemps, ils sont enthousiastes et ils ont faim. Est-ce que le précieux trophée de Lord Stanley reviendra sous peu dans la métropole québécoise, là où il s’est retrouvé 24 fois ? Peut-être. Peut-être pas. Quoi qu’il en soit, je demeure persuadé que le CH reprendra bientôt l’appellation depuis longtemps reléguée aux oubliettes : les Glorieux.


Billet du 31 janvier 2025 : De la banalisation des symboles violents à la beauté du verbe

Calvin Robinson est un prêtre anglican, commentateur politique, écrivain et animateur britannique. Ordonné dans l’Église catholique anglicane, il est connu pour ses positions conservatrices et ses apparitions médiatiques controversées sur des chaînes comme GB News. Actuellement, Robinson officie comme vicaire d’une paroisse à Grand Rapids, une ville de l’État du Michigan, après avoir quitté le Royaume-Uni pour rejoindre l’Église catholique anglicane aux États-Unis.

Mais pourquoi diable est-ce qu’il est question de lui dans mon billet de cette semaine ?

Mercredi, lors du Sommet national pro-vie à Washington, Robinson a suscité une vive controverse en imitant à son tour, une semaine après Elon Musk, un salut nazi. À la fin de son discours, où il déclarait que l’Amérique était « le seul pays à se battre pour la vie », il a placé sa main sur sa poitrine avant de tendre le bras droit, paume vers le bas, dans un geste rappelant justement le salut nazi. Ceci a été accueilli par des rires et des applaudissements du public présent. De leur côté, de nombreux observateurs ont dénoncé cet acte comme étant non seulement de mauvais goût, mais aussi potentiellement dangereux, soulignant les risques de banalisation des symboles fascistes.

Cette escalade de gestes et de symboles à connotation fasciste est profondément troublante. Le retour de Donald Trump à la présidence semble avoir ouvert une boîte de Pandore, légitimant des comportements encore récemment considérés comme inacceptables. L’incident impliquant Calvin Robinson n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres de cette tendance alarmante. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les conséquences à long terme de cette banalisation des symboles d’extrême droite sur le tissu social américain et sur la démocratie elle-même. Il est crucial que nous restions vigilants et que nous condamnions fermement ces actes, car l’histoire nous a déjà montré les dangers qui guettent une société qui tolère la montée du fascisme. La frontière entre la provocation et l’adhésion réelle à ces idéologies dangereuses devient de plus en plus floue, et c’est précisément ce qui devrait nous inquiéter tous.


Dans le cours de français

Une chaîne commerciale connue dans tout le Canada tient dans ses rayons une marque de cartes de souhaits dont je tairai le nom ici. Je me contenterai de mentionner qu’au dos des cartes, il est inscrit qu’elle est produite par « une petite entreprise détenue et gérée par une femme ».

Le site web de cette entreprise nous fournit des détails supplémentaires : « Fondatrice et experte en multitâches ; mère célibataire de jumeaux adolescents et d’un animal de compagnie.  A transformé un diplôme en littérature anglaise en une entreprise. N’a pas accepté un non pour réponse lorsqu’on lui a dit qu’une femme ne pouvait pas manipuler une presse de 2 500 livres, puis a montré à une bande de compagnons comment s’y prendre. Génération X assumée. »

Jusqu’ici, je salue le travail de cette entrepreneuse. Là où ça se gâte, c’est quand on prend le temps de scruter la marchandise.

#LeProfCorrige

Sur la première carte, en admettant qu’on ferme les yeux sur j’veux (plutôt que je veux), sur je t’aime au bout (au bout’, en bon québécois) et sur le fait qu’il n’y a pas de point à la fin, il aurait fallu lire Tu es mon meilleur et non Tu est mon meilleur. Cette conjugaison est enseignée en troisième année du primaire.

Sur la deuxième carte, il aurait fallu lire Brillante et non Brilliante.

Il existe plusieurs outils pour vérifier la grammaire et l’orthographe. Là comme ailleurs, il est dommage qu’on ne se donne pas la peine de s’en prévaloir. Je refuse de donner à qui que ce soit une carte de souhaits affichant des fautes !


Dans le cours de musique

Avec Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, Pierre Lapointe tisse une œuvre à la fois nostalgique et profondément intime, où chaque note semble caresser les âmes en peine. Dans cet album, il revisite avec élégance l’esprit des grandes chansons d’autrefois, s’appuyant sur des orchestrations feutrées et une écriture ciselée qui évoquent les amours fanées, les espoirs brisés et la beauté du chagrin. Lapointe ne cherche pas à suivre les tendances, il les ignore avec panache, préférant offrir une musique qui traverse le temps plutôt que de s’y conformer. Une collection de ballades mélancoliques qui, plutôt que d’appartenir au passé, rappellent que certaines émotions, elles, ne se démoderont jamais.

Extraite de cet album lancé au cours des derniers jours, voici la pièce Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas.

Pierre Lapointe – Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas – Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Entre les lubies et les insanités de Donald Trump, et à travers les folies meurtrières de Benyamin Netanyahou, en subissant le silence inquiétant de Vladimir Poutine, il y a eu l’éclat de soleil de Chloé, la caricaturiste du Devoir. Je le dépose ici.

Il est inutile d’en écrire davantage.


Billet du 25 octobre 2024 : Les mathématiques de Bernard Drainville

Le gouvernement du Québec a récemment lancé une consultation publique pour évaluer la possibilité d’abolir le changement d’heure.1 Cette initiative, qui se déroule du 22 octobre au 1er décembre 2024, vise à recueillir les avis des citoyens sur cette pratique instaurée durant la Première Guerre mondiale. Le changement d’heure, bien qu’ayant des origines historiques, suscite aujourd’hui des débats quant à son utilité et ses impacts sur la santé, l’économie et le quotidien des Québécois.

Personnellement, je suis en faveur de l’abolition du changement d’heure et de l’adoption permanente de l’heure d’hiver, également connue sous le nom d’heure solaire ou heure normale. Cette position est soutenue par plusieurs experts québécois, dont le Dr Charles Morin, professeur de psychologie à l’Université Laval. Selon lui, le maintien de l’heure normale tout au long de l’année pourrait améliorer la qualité du sommeil et réduire les risques de troubles de l’humeur, en particulier durant les mois d’hiver.

En adoptant l’heure d’hiver de façon permanente, nous alignerions notre horloge biologique avec le cycle naturel du soleil, ce qui favoriserait un meilleur bien-être général. De plus, cette mesure pourrait avoir des effets positifs sur la productivité et la sécurité routière, en réduisant les accidents liés à la fatigue. Il est donc crucial que les citoyens participent à cette consultation pour exprimer leur opinion et contribuer à une décision éclairée.

1 Consultation publique : Le changement d’heure, devrait-on l’abolir ?


Dans le cours de français

Il est un peu décevant de constater que même Le Devoir laisse passer une telle faute dans le titre d’un des articles qu’il publie.

Je me dois cependant de préciser que l’erreur a fini par être corrigée, plusieurs heures après publication.

#LeProfCorrige

Ici, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le mot victimes, qui est au féminin pluriel. Il aurait fallu lire dédommagées.


Et je cite :

« J’essaie de ne pas me laisser séduire par les slogans. Nous vivons à l’époque des slogans. Précisément, chacun nous promet un petit paradis. Le seul paradis que je préconise, moi, c’est le paradis de l’individu qui a sa liberté, même dans la société actuelle et même dans une société pire.
Je refuse qu’un groupe ou une secte m’embrigade, et qu’on me dise qu’on pense mieux quand mille personnes hurlent la même chose. »

– Georges Brassens (1921 – 1981)


Dans le cours de mathématiques

À l’émission Tout le monde en parle, dimanche dernier, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déclaré qu’il n’avait pour l’instant aucune intention de cesser de subventionner les écoles privées à vocation religieuse. En réponse à la comédienne Julie Le Breton, qui lui demandait si c’était parce qu’il craignait d’ouvrir la boîte de Pandore des écoles privées subventionnées à 60 % par l’État, le ministre a répondu par la négative, mais il a ensuite retourné la situation à l’envers pour justifier sa réponse. Selon lui, il est juste que les parents paient 40 % des frais scolaires de leurs enfants afin qu’ils puissent fréquenter une école privée. Il ajoute que l’arrêt des subventions aux écoles privées ne règlerait pas tous les problèmes du système public.

Là-dessus, il a raison. Ça ne règlerait pas tous les problèmes. Mais ce serait déjà un grand pas dans la bonne direction, une action qui rétablirait une grande partie des disparités entre les deux réseaux.

Ce que Drainville ne mentionne pas, c’est que les compétences du personnel enseignant s’équivalent, mais les ressources diffèrent. Les écoles privées subventionnées ont accès à des équipements technologiques de pointe, des gymnases équipés de matériel de qualité, des meubles récents et fonctionnels, ainsi que des infrastructures solides et bien entretenues.

Les écoles privées subventionnées peuvent également se permettre d’engager tout le personnel pouvant répondre aux élèves ayant des défis particuliers. Je sais aussi pertinemment bien que beaucoup d’entre elles engagent des enseignants suppléants permanents qui sont affectés à du soutien pédagogique les rares journées où tout le personnel est présent. Tout ceci alors que le réseau public subit une pénurie importante de personnel tous azimuts depuis de nombreuses années.

Drainville n’insiste pas non plus sur le fait qu’une école privée subventionnée, voire le Collège Lentendre, s’est acheté une forêt et deux chalets dans un centre de villégiature.

Finalement, Drainville ne dit pas que la province voisine, l’Ontario, dispose d’un réseau public d’éducation qui n’est certes pas sans failles, mais qui se porte incomparablement mieux que le nôtre.

Si vous avez répondu 0 %, vous avez raison. Les parents ontariens qui choisissent cette option pour leur enfant doivent en assumer 100 % des frais. C’est le pourcentage que devrait viser Drainville, à long terme, j’en conviens.


Dans le cours de musique

Le quintette Bon Enfant nous fait cadeau d’un troisième album, intitulé Demande spéciale. Avec ce groupe émergeant, nous obtenons du rock québécois à son meilleur. Pour une deuxième fois en #musiquebleue, les voici, cette fois avec la pièce Trompe-l’oeil.

Bon Enfant – Trompe-l’oeil – Demande spéciale – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Valentin, un adolescent de 17 ans vivant avec une paralysie cérébrale, a réalisé l’impensable en terminant un semi-marathon parisien. Ce jeune homme, qui n’avait jamais pu marcher auparavant, a accompli cet exploit grâce à un exosquelette de pointe développé par la compagnie française Wandercraft. Cet appareil robotique, qui soutient le corps et permet aux personnes à mobilité réduite de se déplacer, a ouvert de nouvelles perspectives à Valentin. Sa participation à cette course constitue un témoignage de la capacité de la technologie à transformer des vies et à repousser les limites du possible.

Derrière cette prouesse se cache Wandercraft, une entreprise spécialisée dans les exosquelettes de marche. Grâce à leur innovation, des milliers de personnes à travers le monde pourraient à leur tour retrouver une certaine autonomie et une meilleure qualité de vie. L’histoire de Valentin est un formidable vecteur de promotion pour cette technologie de pointe et un appel à soutenir la recherche dans ce domaine. Elle est un symbole d’espoir pour tous ceux qui luttent contre la paralysie et les troubles de la mobilité.


Billet du 20 septembre 2024 : Refoulement de fonds

Chaque année, des dizaines de millions de dollars destinés à des services essentiels dans les écoles du Québec retournent dans les coffres du gouvernement, faute d’avoir été dépensés. 1 Ces fonds, initialement alloués à des mesures protégées, comme l’aide alimentaire, le tutorat, l’acquisition de livres jeunesse ou encore les sorties culturelles, se retrouvent souvent inutilisés par les écoles en raison de règles contraignantes. Ainsi, au cours des six dernières années, près de 98 millions de dollars alloués à quarante des centres de services scolaires (CSS) et commissions scolaires de la province n’ont pas été dépensés. Par exemple, le CSS des Navigateurs a accumulé un solde de 117 948 $ sur le budget de l’aide alimentaire pour l’année 2021-2022, soit 44 % des sommes qui lui avaient été attribuées. À Montréal, le plus grand centre de services scolaires a quant à lui laissé plus de 1,26 million de dollars inutilisés pour le tutorat durant l’année scolaire 2022-2023.

Ces sommes, pourtant essentielles à la réussite scolaire, se heurtent à un labyrinthe administratif rigide, rendant impossible toute flexibilité dans l’utilisation des fonds. Les écoles qui peinent à gérer des budgets trop contraints dans certains domaines ne peuvent pas redistribuer les surplus d’une mesure protégée à une autre, et doivent par conséquent les rendre au gouvernement. Par exemple, le CSS du Lac-Saint-Jean a terminé l’année avec un excédent de 22 000 $ pour des sorties culturelles, tout en accusant un déficit d’environ 8 000 $ en aide alimentaire. Cette rigidité fait que même les initiatives les plus louables finissent par échouer face à des contraintes bureaucratiques, tout en aggravant les disparités entre les établissements.

Et pendant ce temps, le gouvernement récupère ces millions non dépensés pour financer d’autres « priorités », alors que le secteur public continue de se débattre avec des manques criants de ressources. Au lieu d’aider les élèves à réussir, l’argent prévu à cet effet finit par remplir des caisses gouvernementales au détriment du réseau des écoles publiques québécoises.

1 Goudreault, Zacharie. Des millions de dollars destinés aux élèves retournés dans les coffres du gouvernement. Le Devoir, Montréal. Le 19 septembre 2024.


Dans le cours de français

Il y a des merveilles qui circulent parfois sur les réseaux sociaux. Quelqu’un s’est amusé avec les mots et ç’a donné ceci :

Je n’ai malheureusement pas la source.


Dans le cours de français, deuxième période

Voici une photo que j’ai prise dans une pharmacie près de chez moi :

#LeProfCorrige

En fait, y a-t-il quelque chose à corriger, ici ? C’est difficile à affirmer.

Quand j’ai vu le mot champlure, j’ai tout de suite pris les dispositions pour en faire une rubrique de mon billet hebdomadaire. J’ai quand même effectué quelques vérifications.

Voici ce qu’en dit le Petit Robert :

L’ouvrage accepte donc le mot, tout en précisant son régionalisme canadien et son caractère familier.

Qu’en est-il du Larousse ? Là, rien. Le mot champlure n’y est pas mentionné, donc pas accepté.

Alors, voyons ce que l’Office québécois de la langue française (OQLF) recommande. La recherche du mot nous mène directement à robinet, sous la définition duquel on peut lire ceci :

Le mot champlure est donc toléré par l’OQLF. Son caractère familier est défini comme suit :

« L’étiquette familier signifie que le terme est employé dans des situations où l’on s’exprime sans contrainte et où l’on ne surveille pas son langage, généralement à l’oral. »

Ainsi, il n’y a pas de faute dans l’affiche que j’ai photographiée.


Dans le cours de musique

Il a fallu attendre huit longues années avant que le groupe Avec pas d’casque nous revienne avec du nouveau matériel. Cardinal, paru le 13 septembre dernier, constitue le sixième album du quatuor montréalais. Voici la première des dix plages, Mâcher tes bottes.

Avec pas d’casque – Mâcher tes bottes – Cardinal – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont récemment réalisé une avancée spectaculaire dans le domaine des prothèses en créant une jambe artificielle entièrement contrôlée par le cerveau. Cette prouesse technologique incroyable permet aux personnes amputées de retrouver une mobilité aussi fluide que naturelle, grâce à des électrodes implantées dans les nerfs restants. Ces électrodes captent les intentions motrices du cerveau et les transmettent instantanément à la prothèse, qui réagit en temps réel. Les patients ayant testé cette innovation parlent d’une sensation presque « miraculeuse » : ils peuvent bouger leur jambe artificielle avec une aisance qui semblait autrefois inimaginable, leur redonnant ainsi une autonomie inespérée.

Cette percée prometteuse ouvre des perspectives infinies pour les personnes amputées, car elle efface les limites des prothèses traditionnelles, souvent jugées trop rigides ou épuisantes à utiliser. Les chercheurs sont remplis d’espoir que cette technologie révolutionnaire deviendra accessible à un plus grand nombre de patients dans un futur proche, transformant de manière significative leur qualité de vie. Ce développement marque un véritable tournant dans la recherche sur les interfaces cerveau-machine, et pourrait bien être le point de départ d’une nouvelle ère pour les prothèses, apportant un changement important dans le quotidien des personnes en situation de handicap.


Billet du 13 septembre 2024 : Suer en silence

Un fabricant de thermopompes de Longueuil, Yvon Turcotte, a une idée aussi rafraîchissante que généreuse : offrir 1000 thermopompes pour climatiser les classes du Québec. Monsieur Turcotte, à près de 80 ans, ne demande rien en retour, si ce n’est de rendre la vie un peu plus supportable aux élèves en période de canicule. Mais voilà, la machine bureaucratique s’érige une fois de plus en obstacle, rendant presque héroïque un geste qui n’était pas difficile à accomplir.

Pourquoi est-ce que des dons si évidents semblent s’embourber dans les méandres des centres de services scolaires et du ministère de l’Éducation ? Il y a sûrement un bureau climatisé quelque part où l’on débat de la procédure à suivre. Peut-être un comité doit-il d’abord « évaluer » le bien-fondé d’un tel geste… pendant que les élèves et le personnel suent en silence. Si seulement la lenteur administrative pouvait être réduite aussi efficacement que la chaleur dans un local climatisé !


Dans le cours de français

Un de mes amis a pris cette photo, sur un boulevard des Basses-Laurentides.

Photo : Martin Lacasse

Il est inadmissible qu’on ait laissé passer non pas une, mais deux fautes en si peu de mots sur un panneau que des milliers de personnes voient quotidiennement.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire excepté, et non exepté.

Également, on aurait dû voir camions, au pluriel, plutôt que camion. À moins qu’un seul camion de cinq tonnes ne soit concerné.


Dans le cours de culture et citoyenneté québécoise

Je vous invite à lire le reportage de la journaliste Mylène Moisan, à propos d’un jeune enseignant en formation. 1

La réaction de la direction de l’école La Voie et du SPVM dans l’affaire entourant les propos homophobes subis par Francis Richer est non seulement inadmissible, mais profondément rétrograde. Se retenir d’intervenir correctement face à une situation aussi grave, en minimisant l’impact des menaces de mort, démontre un manque flagrant d’empathie et de leadership. Une telle attitude envoie un message inquiétant aux victimes, leur laissant croire qu’elles doivent se débrouiller seules face à la haine, tandis que les agresseurs, malgré qu’ils soient des adolescents, s’en tirent sans avoir à poser un seul geste de réparation.

Ce type de réponse institutionnelle, loin d’être une simple erreur de jugement, ramène notre société 40 ans en arrière, à une époque où l’on détournait le regard face aux injustices sociales et aux violences discriminatoires. Il est impensable qu’en 2024, nous soyons encore confrontés à de telles négligences. Le silence complice et l’inaction des autorités ne font que renforcer les préjugés et perpétuer la souffrance des gens qu’on tente de marginaliser.

1 Moisan, Mylène. «francis le gay vas mouriir». Le Soleil, Québec. Le 10 septembre 2024.


Dans le cours de musique

Alphonse Bisaillon, auteur-compositeur-interprète, vient de remporter le Prix Mouffe pour sa poésie musicale et sa capacité à capturer l’essence des émotions humaines dans des textes simples et poignants. Avec des styles variés et des mélodies dépouillées, il se distingue par sa sensibilité et son authenticité, qui lui ont permis de se faire une place dans la chanson francophone. Le prix, qui honore le talent émergent en chanson, a mis en lumière l’importance de ses contributions à la scène musicale québécoise. Ses chansons ont été pour moi une belle découverte cette semaine, offrant une profondeur et une sincérité qui m’ont particulièrement touché.

Tirée de l’album qui porte son nom, voici la pièce Station balnéaire (tango).

Alphonse Bisaillon – Station balnéaire (tango) – Alphonse Bisaillon – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Selon un reportage publié dans Le Devoir 2, il semblerait que l’enseignement des sciences au secondaire soit resté figé dans le temps, un peu comme si on essayait de téléporter nos jeunes de 2024 directement dans une classe des années 90. Heureusement, Patrice Potvin et son équipe ont décidé qu’il était temps de sortir le dépoussiéreur et de secouer un peu tout ça. Leur solution ? Former les enseignants pour qu’ils deviennent eux-mêmes des « chercheurs » en classe, armés de méthodes scientifiques pour comprendre ce que leurs élèves savent (ou croient savoir) sur des concepts comme les nuages ou le recyclage. Avec 3 millions de dollars en poche et une cohorte de curieux enseignants prêts à plonger dans l’inconnu, ils comptent bien redonner à la science scolaire le coup de neuf qu’elle mérite.

Mais attention, ce n’est pas juste un coup de peinture rapide. L’initiative va plus loin : diagnostic des idées fausses, tests de méthodes pédagogiques et comparaisons savantes entre différentes approches. On forme des enseignants qui, en retour, vont former des élèves critiques, prêts à débattre de sujets aussi sensibles que le climat, les vaccins, ou même le racisme. Et tout ça, sans que les enseignants soient livrés à eux-mêmes, mais bien accompagnés de chercheurs et de formations pointues. Bref, si l’on était prêt à une évolution dans l’enseignement scientifique, cette équipe prouve qu’on a enfin trouvé les bons ingénieurs pour la lancer.

2 Anctil, Gabrielle. Dépoussiérer l’enseignement de la science. Le Devoir, Montréal. Le 24 août 2024.


Billet du 6 septembre 2024 : Le choc des cultures

Selon un article récent de La Presse1, les directeurs d’écoles privées semblent avoir trouvé le filon d’or : ils gagnent jusqu’à deux fois plus que leurs homologues du réseau public. On parle de salaires frôlant les 300 000 $ par année. C’est plus que ce que gagne le premier ministre du Québec. On pourrait presque croire que, pour ce prix-là, ils viennent avec une limousine en guise de véhicule de fonction ! Pendant ce temps, dans le réseau public, on fait des miracles avec des bouts de ficelle et un tableau interactif qui plante un jour sur deux.

Là où ça devient encore plus cocasse — ou plutôt désespérant, selon son humeur — c’est que ces écoles privées sont subventionnées entre 50 % et 70 % par des fonds publics. Oui, ces mêmes fonds qui, en théorie, devraient servir à soutenir nos écoles publiques en difficulté. Pendant que les directeurs d’écoles publiques jonglent avec des budgets serrés et des salles de classe surpeuplées, leurs collègues du privé roulent littéralement sur l’or.

Et c’est là que je m’insurge. Parce que franchement, cet argent public pourrait (et devrait) servir à améliorer le réseau scolaire public, où les besoins sont criants. Au lieu de financer des salaires exorbitants, utilisons ces ressources pour offrir de meilleures infrastructures, des conditions de travail dignes et une éducation de qualité à tous. Après tout, l’éducation, c’est l’avenir… et non, ça ne devrait pas être un luxe !

1 Vailles, Francis. Écoles privées : Des directeurs payés deux fois plus qu’au public. La Presse, Montréal. Le 3 septembre 2024.


Dans le cours de français

Une publication sur X du parolier Stéphane Venne a piqué ma curiosité, cette semaine.

A-t-il raison ? A-t-il tort ?

Une consultation du site de l’Office québécois de la langue française (OQLF) fournit une réponse précise. On y inscrit d’abord la définition du mot enjeu :

« Ce que l’on peut gagner ou perdre, par exemple, dans un projet, une lutte, une élection ou une activité. »

Ensuite, on y va de cette explication :

« Dans l’usage, le sens du mot enjeu tend à s’étendre pour désigner notamment une préoccupation majeure ou un défi. Parfois employé abusivement, il pourrait être remplacé, selon le contexte, par des mots tels que problèmesujetquestionthèmeproblématiquedossierconséquenceobjectif, défi, préoccupation. »

Source : La vitrine linguistique de l’OQLF.

Venne a raison, bien que l’usage abusif soit toléré.


Dans le cours de français, deuxième période

Une autre publication sur X a particulièrement attiré mon attention.

#LeProfCorrige

Le mot cent étant masculin, PSPP a-t-il commis une faute ? S’il voulait utiliser l’expression québécoise, qui féminise cette pièce de monnaie, n’aurait-il pas été préférable d’écrire « une cenne », entre guillemets ? Encore ici, voyons ce qu’en pense l’OQLF.

« Cent est un nom masculin et se prononce [sɛnt] (sènnt), avec le t final, au singulier comme au pluriel. Au Québec, cependant, cent est habituellement employé au féminin et prononcé [sɛn] (sènn), ce qui explique que l’on rencontre parfois, dans un style plus familier, la graphie cenne. »

Source : La vitrine linguistique de l’OQLF.

Il y a donc ambiguïté, ici. L’OQLF, se basant sur l’usage, évoque le féminin tant avec cent qu’avec cenne. Le tolère-t-il ? Probablement. L’accepte-t-il ? C’est loin d’être clair.


Dans le cours de musique

Princesses, c’est un trio de jeunes femmes montréalaises qui donnent dans le rock. Un rock francophone avec un son du début des années 1980. Il n’en fallait pas plus pour que je m’y intéresse. La chanson qui fera l’objet de la #musiquebleue de cette semaine s’inscrira dans un album à paraître sous peu, Face B. La pièce s’intitule Ras-le-bol.


Princesses – Ras-le-bol – Face B – #musiquebleue


La bonne nouvelle de cette semaine

La clinique Vivago, fondée par Giovanni Arcuri, se distingue par son approche profondément humaine et individualisée pour répondre aux besoins en santé mentale des jeunes adultes. Face à l’augmentation des idées noires et du sentiment d’isolement chez cette population, la clinique propose une gamme complète de services allant de l’ergothérapie à la psychiatrie, en passant par la sexologie et la psychologie. Son approche innovante se fonde sur l’écoute des besoins spécifiques de chaque client, établissant des objectifs personnalisés pour mieux les soutenir dans leur quotidien. Grâce à des partenariats avec des compagnies d’assurance, Vivago facilite aussi l’accès aux soins en prenant en charge les démarches de remboursement, permettant aux jeunes de bénéficier des services sans avoir à avancer les frais.

Engagée envers les communautés marginalisées, la clinique Vivago œuvre à créer un espace sécuritaire et inclusif, notamment pour les personnes LGBTQ+, souvent confrontées à des stigmates dans le milieu médical. En parallèle, Vivago a lancé la campagne « Viv-Action Jeunesse » pour amasser 75 000 $, visant à offrir davantage de services gratuits aux jeunes adultes. Cet engagement témoigne d’une volonté de bâtir une véritable communauté de soutien pour accompagner la jeunesse vers un avenir plus serein et équilibré.


Billet du 14 juin 2024 : Une octave électrisante

Avant cette semaine, j’ignorais totalement qui était Edgar Morin, jusqu’à ce que je tombe par hasard sur l’une de ses réflexions. Edgar Morin, né en 1921, est un sociologue et philosophe français reconnu pour ses travaux sur la complexité et la pensée complexe. Son approche interdisciplinaire et ses nombreuses contributions intellectuelles ont profondément influencé la manière dont nous comprenons les interactions humaines et les dynamiques sociales.

Et je cite :

« Le grand remplacement est celui des idées humanistes et émancipatrices par les idées suprématistes et xénophobes. »

– Edgar Morin, alors âgé de 100 ans, le 17 octobre 2021.

La réflexion d’Edgar Morin résonne profondément dans le contexte actuel. En Amérique du Nord, les dernières années ont été marquées par une montée inquiétante des idéologies de division. Aux États-Unis, la résurgence des mouvements suprémacistes blancs, visibles lors des événements tragiques de Charlottesville en 2017, et la rhétorique xénophobe de certaines figures politiques ont révélé une fracture sociale profonde. Par ailleurs, le traitement des migrants à la frontière mexicaine, souvent déshumanisé, témoigne de ce glissement vers des idées qui s’opposent aux principes humanitaires et émancipateurs.

À l’échelle mondiale, la montée des mouvements nationalistes et populistes dans plusieurs pays européens illustre également ce phénomène. En Hongrie, les politiques anti-immigration de Viktor Orbán, axées sur la protection d’une prétendue identité nationale homogène, en sont un exemple frappant. En France, le discours de certains partis politiques sur le « grand remplacement » reflète une peur de l’autre qui alimente les divisions. Ces exemples montrent comment les idées suprématistes et xénophobes gagnent du terrain, remplaçant les valeurs d’inclusion et de solidarité. Les résultats des élections de dimanche dernier au Parlement européen confirment également cette tendance, avec une progression notable des partis nationalistes et eurosceptiques. Les propos de Monsieur Morin nous rappellent l’importance de résister à ces tendances et de réaffirmer notre engagement envers les principes humanistes.


Dans le cours de français

On dirait que Stéphane Venne accapare mon travail.

Y a-t-il des fautes de français dans ces affirmations ? Il y a une faute, oui, mais elle n’a rien de grammatical ni d’orthographique.

#LeProfCorrige

Désolé Monsieur Venne, mais octave est un nom féminin. Ne vous en déplaise, on dit « UNE octave ». LCN a bien accordé ses mots.

Justement, Monsieur Venne, l’ouvrier est toujours vivant et n’a rien ressenti de plus qu’un picotement ! 1

Alors où est la faute ?

On peut baisser un son, une note ou une fréquence d’une octave. Une chanson ? Pas vraiment. Des chansons, encore moins.

1 Pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine: un travailleur électrisé sur le chantier. TVA Nouvelles. Le 12 juin 2024.


Dans le cours de musique

Thomas Bélair-Ferland est un auteur-compositeur-interprète de musique folk pop. Son parcours musical a débuté par des interprétations, puis il s’est orienté vers l’écriture et la composition de ses propres chansons. Son talent a été reconnu dès son jeune âge, puisqu’il a remporté deux concours à l’âge de 14 ans. Il a également eu l’occasion de faire la première partie d’Émile Bilodeau, en 2019.

Après deux albums, en 2017 et en 2020, il nous a récemment offert le simple T’étais où ? Je vous le propose en #musiquebleue.

Thomas Bélair-Ferland – T’étais où? – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

L’artiste peintre montréalais d’origine haïtienne Manuel Mathieu connaît une ascension remarquable aux États-Unis, marquée par une présence croissante dans des galeries et institutions prestigieuses. Installé à Miami, Mathieu a su capter l’attention par ses œuvres qui explorent les thèmes de la mémoire, de la résilience et de l’identité, inspirées par son histoire personnelle et la culture haïtienne. Ses créations se distinguent par une fusion unique de couleurs vives et de textures dynamiques, reflétant à la fois la beauté et la complexité de son héritage.

Son succès est amplifié par une récente exposition solo au Pérez Art Museum Miami, qui a renforcé sa réputation sur la scène internationale. La reconnaissance de son talent ne cesse de croître, ouvrant des portes vers de nouvelles occasions et collaborations. Mathieu continue d’explorer de nouvelles techniques et narratives, consolidant ainsi sa place parmi les artistes contemporains influents de sa génération.