Billet du 9 mai 2025 : Déconstruire le stress

Il y a quelques années, mes collègues et moi avons eu le privilège d’assister à une formation donnée par la docteure Sonia Lupien. En pleine crise de la COVID-19, elle a offert à l’équipe scolaire une conférence intitulée « SPIN ton stress ». Son objectif était clair : nous outiller pour mieux comprendre et réduire le stress vécu par nos élèves dans un contexte sanitaire incertain et anxiogène. Inspirés par ses propos, mes collègues et moi avons ensuite mis sur pied une série d’ateliers pour aider nos élèves à gérer leur stress, notamment au moment délicat de la transition entre le primaire et le secondaire.

Neuroscientifique et directrice du Centre d’études sur le stress humain, Sonia Lupien a consacré sa carrière à l’étude du stress et de ses effets sur le cerveau. Selon ses recherches, une situation devient stressante lorsqu’elle contient un ou plusieurs des quatre ingrédients résumés par l’acronyme CINÉ : Contrôle faible, Imprévisibilité, Nouveauté et Égo menacé. Plus ces éléments sont présents, plus la réaction de stress est forte. Ce modèle simple nous aide à comprendre pourquoi certaines situations banales peuvent soudainement nous sembler accablantes.

Prenons un exemple concret. Un élève commence le secondaire dans une nouvelle école. Il ne connaît encore personne (nouveauté), ne sait pas exactement ce qui l’attend dans ses cours (imprévisibilité), ne peut pas choisir son horaire (faible contrôle) et redoute de ne pas être à la hauteur (égo menacé). C’est une situation typique où le stress est non seulement compréhensible, mais prévisible. Grâce au modèle CINÉ, enseignants et parents peuvent identifier les sources de stress et accompagner les jeunes de façon plus ciblée. Une fois les éléments repérés, on peut chercher à en diminuer l’impact : organiser une visite de l’école avant la rentrée, planifier des rencontres préparatoires avec des enseignants, mettre en place un système de mentorat ou encore valoriser les réussites pour renforcer la confiance. D’ailleurs, le fait d’avoir transmis ce modèle à mes élèves m’a permis de développer moi-même un réflexe salutaire : aujourd’hui, chaque fois que je ressens du stress, je passe mentalement en revue les composantes du SPIN ou du CINÉ, ce qui m’aide à désamorcer mes réactions.

Pour les enfants et les adolescents, madame Lupien a adapté le modèle en version SPIN : Sens du contrôle diminué, Personnalité menacée, Imprévisibilité, Nouveauté. Cet outil permet aux jeunes de mieux exprimer ce qu’ils vivent, et aux adultes de mieux intervenir. Comprendre le stress, c’est déjà commencer à l’apprivoiser. Et plus on l’intègre au quotidien, plus on outille nos élèves, et soi-même, à naviguer avec plus de calme dans les tempêtes de la vie.


Conseillance pédagogique en français

Avez-vous constaté une faute orthographique dans le bloc précédent ? Il y en aurait eu au moins une il n’y a pas si longtemps. Ce n’est en effet que depuis la plus récente rectification orthographique que le mot égo, avec un accent aigu, est accepté. Auparavant, la seule orthographe possible pour ce mot était ego.

On peut se demander s’il est utile de mettre l’accent sur un ego.


Dans mes écouteurs

Avec l’élection du pape Léon XIV, ce classique de Ferland, 55 ans plus tard, redevient très actuel.

Jean-Pierre Ferland – God Is an American – Jaune – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Un nouveau chapitre s’ouvre pour le théâtre du Rideau Vert avec la nomination de Benoit McGinnis à la direction artistique. L’acteur, reconnu pour son intensité, sa rigueur et sa passion contagieuse pour les arts de la scène, succédera dès le mois d’août à la grande Denise Filiatrault, qui aura marqué cette institution pendant plus de deux décennies. À 47 ans, McGinnis incarne un juste équilibre entre respect du legs et désir de renouveau. Il voit dans cette nouvelle fonction l’occasion de faire rayonner le théâtre avec des idées contemporaines, audacieuses et rassembleuses, tout en poursuivant sa carrière d’interprète.

Sous sa gouverne, le Rideau Vert espère séduire une nouvelle génération de spectateurs sans perdre l’âme chaleureuse et accessible qui en fait un pilier de la scène culturelle montréalaise. L’arrivée de Benoit McGinnis coïncide aussi avec un changement à la direction générale, ce qui augure un souffle nouveau sur l’une des plus anciennes scènes francophones au Canada. L’élan de créativité et d’ouverture annoncé promet de belles surprises, et il est réjouissant de voir un artiste chevronné mettre son amour du théâtre au service d’un lieu aussi emblématique.