Billet du 12 septembre 2025 : Laisser l’école s’éteindre à petit feu

Si les États-Unis avaient investi, il y a plusieurs décennies, dans un système d’éducation réellement accessible, équitable et ambitieux, Donald Trump n’aurait probablement pas été élu président. L’histoire récente le montre cruellement : un gouvernement qui souhaite contrôler son peuple commence souvent par l’affaiblir intellectuellement, en décourageant l’esprit critique et en sous-finançant l’école publique. Car une population moins instruite est plus facile à diviser, à manipuler et à distraire.

Cette dynamique est bien connue : qui contrôle l’éducation contrôle les esprits. Ce n’est donc pas un hasard si les régimes autoritaires s’attaquent souvent à l’école avant de museler complètement les médias.

L’histoire en regorge d’exemples : l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler a d’abord transformé les programmes scolaires et enrôlé la jeunesse dans la Hitlerjugend avant de prendre le contrôle total de la presse ; l’Union soviétique de Joseph Staline a façonné le « nouvel homme soviétique » dès les bancs d’école via la Jeunesse communiste (Komsomol) ; la Chine de Mao Zedong, pendant la Révolution culturelle, a purgé les enseignants et remplacé les cours par l’endoctrinement ; plus récemment, la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan a commencé par réécrire les manuels scolaires avant de museler la presse critique.

Parce que l’école touche tous les enfants et captive leur attention pendant des années, la mainmise sur l’éducation est le moyen le plus efficace de remodeler durablement une société à l’image du régime.

Et ce phénomène ne se limite plus aux régimes autoritaires. Des démocraties réputées stables empruntent aujourd’hui le même sentier glissant. Aux États-Unis, plusieurs États ont entrepris de réécrire leurs manuels scolaires pour les aligner sur une vision idéologique :

  • en Floride, sous l’impulsion du gouverneur Ron DeSantis, des manuels d’histoire minimisent l’esclavage et censurent les questions de racisme ou d’identité de genre ;
  • au Texas, certains contenus ont été modifiés pour atténuer les violences de la ségrégation et présenter l’Holocauste de façon « équilibrée » ;
  • ailleurs, comme en Oklahoma ou au Tennessee, on impose désormais aux enseignants de ne pas évoquer le racisme systémique ni les privilèges liés à la race.

Même au Canada, la province de l’Alberta vient récemment de retirer des bibliothèques scolaires plusieurs livres jugés « controversés ». On ne nie pas les faits : on les édulcore, on les relativise ou on les passe sous silence, pour fabriquer un récit plus confortable. Un récit qui rassure, mais qui appauvrit la pensée.

Et si, sans même s’en rendre compte, le Québec était tranquillement en train d’emprunter cette voie ?

Cette semaine, le vice-président de Debout pour l’école, Jean Trudelle, publiait dans Le Devoir une lettre d’opinion qui sonnait l’alarme : « changer de ministre sans changer de philosophie ne mènera nulle part. » Il y rappelait les mots du regretté sociologue Guy Rocher, qui disait avoir « honte de ce qu’est devenu le système scolaire au Québec ». 1

Dans ce texte, Trudelle décrivait une école à trois vitesses qui accentue les inégalités sociales, une explosion du nombre d’élèves à besoins particuliers sans les ressources suffisantes pour les soutenir, une pénurie d’enseignants masquée par l’embauche massive de personnes non qualifiées et une approche comptable centrée sur les taux de réussite plutôt que sur la qualité réelle des apprentissages.

Il soutenait que remplacer Bernard Drainville par Sonia LeBel ne changerait rien si la philosophie de gestion restait la même.

Cette gestion à courte vue de l’éducation publique n’est pas neutre, ajoutait Trudelle. Laisser l’éducation se décatir à petit feu, c’est courir à la catastrophe. C’est exactement ce qui s’est produit aux États-Unis, avec les conséquences sociales et politiques que l’on connaît.

Lorsque l’on accepte :

  • que des milliers d’enfants soient privés de services essentiels,
  • que l’on distribue des diplômes sans que les bases soient réellement maîtrisées,
  • que les inégalités deviennent structurelles,

on crée peu à peu les conditions d’une société plus docile, moins exigeante envers ses dirigeants, plus vulnérable aux discours simplistes et populistes.

Et pendant que le réseau public d’éducation se fragilise, un phénomène intrigant se manifeste : le soutien à l’option indépendantiste progresse rapidement chez les 18 à 34 ans, selon plusieurs sondages récents. On peut bien sûr y voir un regain de nationalisme, mais je crois qu’il s’agit de tout autre chose. Ces jeunes — qui sont pourtant les enfants de la mondialisation, du métissage culturel et de l’hyperconnectivité — ne réclament pas tant un pays qu’un projet. Un cap collectif. Une idée mobilisatrice capable de donner un sens à leurs efforts et à leur participation démocratique.

Aucun projet de société digne de ce nom n’a émergé ici depuis la Révolution tranquille. Depuis des décennies, la politique québécoise carbure aux petits calculs budgétaires, aux réformes cosmétiques et aux promesses rabotées à la mesure des sondages. Pendant ce temps, on a cessé de nourrir ce qui rend une société vivante : la vision, l’éducation, la culture, la créativité, le courage de rêver grand.

Et quand l’école publique elle-même se vide de son souffle, quand elle cesse d’être le lieu où l’on prépare l’avenir ensemble, comment s’étonner que les jeunes cherchent ailleurs ce que leurs institutions ne leur donnent plus ?

Investir dans l’éducation publique n’est pas un luxe : c’est un rempart contre l’autoritarisme, l’ignorance et la manipulation. Tant que les gouvernements traiteront l’école comme un simple poste budgétaire, et non comme un pilier démocratique, les dérives continueront.

Parce qu’affaiblir l’école, c’est préparer le terrain aux démagogues. Si nous laissons s’éteindre l’éducation publique, nous ouvrirons toute grande la porte à ceux qui rêvent d’un peuple docile et d’un pouvoir sans contrepoids.

Peut-être serait-il temps, comme le propose Trudelle, de convoquer de véritables États généraux sur l’éducation et de redonner la parole à celles et ceux qui vivent l’école au quotidien. Car c’est aussi là que se joue notre avenir démocratique.

1 Trudelle, J. (2025, 8 septembre). Remaniement ministériel sans changer de philosophie ne mènera nulle part. Le Devoir.


Dans les mémoires

Décédé la semaine dernière, Guy Rocher laisse derrière lui un vide immense et une œuvre magistrale. Je voue à ce sociologue québécois une profonde admiration. Artisan discret de la Révolution tranquille, dernier survivant de la commission Parent qui nous a donné le ministère de l’Éducation, il a su conjuguer rigueur intellectuelle et grande humanité. Par ses écrits limpides et ses interventions toujours mesurées, il nous rappelait que penser la société n’est pas un geste neutre, mais un acte de responsabilité. Il portait en lui cette rare alliance de lucidité et d’espérance, de mémoire et de vision. Alors que sa voix s’éteint, son œuvre, je l’espère, continuera de résonner comme une invitation à comprendre pour mieux transformer.


Dans mes écouteurs

Belle surprise pour moi, alors que Michel Rivard nous donne en avant-goût deux des treize pistes qui composeront son nouvel album, Après, on va où ?, qui sortira le 31 octobre prochain. Sublime, la pièce Magnolia magnolia constitue en quelque sorte son testament musical. Les paroles, la mélodie, les orchestrations, tout dans cette chanson se laisse savourer. Pour en compléter la poésie, mentionnons que le magnolia offre une magnifique floraison qui ne dure qu’une dizaine de jours, au printemps.

Michel Rivard – Magnolia magnolia – Après, on va où ? – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

À 18 ans, Ludovic Tamaro a reçu un diagnostic brutal : une leucémie myéloïde aiguë qui ne lui laissait que deux petites années devant lui. Six ans plus tard, il rayonne de santé grâce à un traitement expérimental mis au point à Montréal par l’hématologue Guy Sauvageau et la chercheuse Anne Marinier. Cette thérapie cellulaire novatrice, baptisée UM171, utilise des cellules souches provenant du sang de cordons ombilicaux pour reconfigurer la moelle osseuse et redonner vie au système sanguin.

Aujourd’hui étudiant en psychologie et de retour sur les terrains de soccer, Ludovic savoure chaque instant et rêve déjà à une future maîtrise. Il est reconnaissant envers toutes les mamans qui ont donné leur cordon, rappelant que leur geste a sauvé sa vie. Son histoire, empreinte de courage et d’espoir, illustre merveilleusement la puissance de la science et de la solidarité humaine : quand elles unissent leurs forces, même les pronostics les plus sombres peuvent être renversés.


Billet du 4 avril 2025 : Entre mots et monuments

Cette semaine, La Presse publiait un article intitulé Un portrait inédit des fautes de français.1 On y découvre les résultats d’une analyse menée à partir de l’épreuve ministérielle d’écriture de 6e année, tenue en juin dernier. Un millier de copies ont été étudiées pour dresser un portrait fidèle des erreurs les plus courantes chez les jeunes Québécois.

Sans surprise, les fautes les plus fréquentes concernent la graphie des mots (anfent, actualitée), les accords en nombre ou en genre, ainsi que les erreurs liées aux pronoms sujets (tu pourraient, on aurais). Plus de 87 % des élèves ont commis au moins une faute d’orthographe lexicale, et 70 % ont rédigé un texte d’environ 300 mots, ce qui représente un bel effort à cet âge.

Mais ce que soulignent les spécialistes consultés dans l’article, c’est que ces erreurs ne sont pas nécessairement le signe d’un effondrement de la qualité du français. Bien au contraire. Elles révèlent surtout un manque de pratique, une exposition inégale à la langue écrite et un accès inconstant aux outils de référence (dictionnaires, grammaires, Bescherelle).

Il appartient aussi aux familles, aux adultes et à l’ensemble des milieux fréquentés par les jeunes de valoriser la langue écrite. Lire à haute voix, encourager l’écriture à la maison, prendre le temps de relire un message avant de l’envoyer, modéliser une attitude respectueuse envers la qualité du français — tous ces gestes quotidiens comptent. Ils créent un contexte où la langue n’est pas seulement un objet scolaire, mais un outil de communication soigné et partagé.

Réviser ce qu’on écrit devrait devenir une norme sociale, pas un geste réservé aux seuls examens. Tant que les fautes seront perçues comme sans importance en dehors de l’école, le message envoyé aux jeunes sera contradictoire : on leur demande la rigueur à l’école, mais on banalise les écarts partout ailleurs. La cohérence sociale est essentielle si l’on veut que l’écriture reste un outil de crédibilité, de clarté… et de citoyenneté.

1 Larin, Vincent. Un portrait inédit des fautes de français. La Presse, Montréal. Le 2 avril 2025.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Il y a plusieurs années, je dirigeais un site de nouvelles sur Internet. À chaque élection, l’équipe et moi préparions un résumé des engagements électoraux des partis politiques, pour chacun des thèmes de la campagne. Sur un blogue hebdomadaire que je gère en solo, je suis heureux de constater que je n’aurai pas à me taper tout ce travail, puisque le quotidien Le Devoir nous offre ce service dans le cadre de la présente élection fédérale. La page est actuellement bien garnie, mais incomplète, car elle se bonifiera au fur et à mesure que les partis procéderont à leurs annonces.

Je dépose ici le lien pour y accéder.

Comparez les promesses des partis aux élections fédérales 2025 – Le Devoir


Dans le cours de musique

Le groupe saguenéen Blanc Dehors revient en force avec Diaphane, un album à la fois vaporeux et percutant, où les échos de la cold wave et du post-punk se teintent d’une poésie brute et lumineuse. Fidèle à son esthétique sombre et rêveuse, le quintette y explore les zones floues de l’existence. La pièce Nuit dense, en particulier, incarne à merveille cette tension avec la voix éthérée de Caroline Tremblay. Diaphane confirme que Blanc Dehors s’impose désormais dans le paysage musical québécois.

Blanc Dehors – Nuit dense – Diaphane – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Et si la technologie devenait un pinceau pour retoucher les merveilles du passé ? C’est exactement ce que proposent certains artistes et entreprises, comme Studio Drift, en alliant drones, savoir-faire et amour du patrimoine. Grâce à ces innovations, des monuments emblématiques comme la Sagrada Familia en Espagne, l’abbaye de Whitby en Angleterre ou même le Colisée à Rome retrouvent des fragments perdus de leur splendeur d’origine. Les drones capturent les moindres détails architecturaux, permettant des reconstitutions numériques ou physiques d’une précision étonnante. Loin d’être de simples gadgets, ces outils deviennent des alliés sensibles au service de la mémoire collective.

Ce mariage entre art et technologie ne se contente pas de préserver : il émerveille. En reconstituant les éléments manquants avec grâce, ces projets nous offrent une nouvelle façon d’admirer les chefs-d’œuvre du passé, tout en respectant leur histoire. C’est une invitation à voyager dans le temps, à travers des expériences visuelles qui nourrissent l’imaginaire. Une belle preuve que l’innovation, lorsqu’elle est guidée par la beauté et la culture, peut illuminer le monde avec douceur et justesse.


Billet du 28 mars 2025 : Faire bande à part

Les faits :

Il existe des consortiums de médias unis pour offrir une couverture impartiale des débats des chefs lors des élections, tant fédérales que provinciales. Pour les campagnes électorales canadiennes, le consortium est formé des médias suivants :

  1. CBC/Radio-Canada (anglais et français);
  2. CTV (Bell Media);
  3. Global News (Corus Entertainment);
  4. The Toronto Star;
  5. La Presse;
  6. Le Devoir;
  7. APTN (Aboriginal Peoples Television Network);
  8. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario;
  9. La chaîne CPAC (Cable Public Affairs Channel).

Deux autres médias ont déjà fait partie de ce consortium. Le HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021, ainsi que le réseau TVA, qui a choisi de quitter le groupe médiatique en 2012 pour faire bande à part et présenter ses propres débats.

Évoquant une situation financière difficile, le réseau TVA a demandé au Parti libéral du Canada (PLC), au Parti conservateur du Canada (PCC), au Nouveau Parti démocratique (NPD) et au Bloc québécois (BQ) de défrayer une partie des coûts de production de son débat 2025, à teneur de 75 000 $ chacun. Trois partis ont accepté, mais le PLC ayant refusé, le débat de TVA n’aura pas lieu.

Ceci a valu à Mark Carney, chef du PLC, d’être qualifié de « fragile et faible » par Pierre Poilievre, et de se faire accuser de « se foutre des Québécois » par Yves-François Blanchet.

Ce que j’en pense :

Carney a bien fait. Louer une table dans un marché de fruits et légumes pour y vendre ses récoltes est une chose. Assumer les frais de production d’un diffuseur qui a choisi de faire bande à part en est une autre.

En fait, je considère qu’aucun chef de parti n’aurait dû accepter. Le précédent aurait sans doute eu ses suites. TVA aurait probablement récidivé lors des élections subséquentes, ce qui aurait assurément fini par créer un malaise avec les autres médias. Et puis, sincèrement, il y a comme une incongruité à payer pour aller débattre.

Je rappelle aussi que cinq partis politiques sont actuellement représentés à la Chambre des communes. TVA n’invitait les chefs que de quatre d’entre eux. Lors des deux débats du consortium, six chefs seront conviés à débattre.

Carney est-il « fragile et faible » en raison de son refus de participer au débat de TVA ? Non. Il sera des deux débats du consortium. Est-ce qu’il « se fout des Québécois » pour la même raison ? Non plus. Les deux débats auxquels il participera se tiendront à Montréal, Québec.


Dans mon cahier de planification

On a parfois tendance à les mettre de côté, mais les émotions sont des actrices clés de l’apprentissage, surtout chez nos jeunes en pleine croissance. Après de belles années passées sur le terrain, j’ai pu constater à quel point la joie et la curiosité peuvent transformer une leçon ordinaire en une véritable aventure intellectuelle. Quand un élève est engagé émotionnellement, son cerveau est plus alerte, plus réceptif, et l’acquisition de nouvelles connaissances se fait de manière beaucoup plus naturelle et durable. À l’inverse, le stress ou l’anxiété peuvent créer des blocages importants, rendant l’apprentissage plus difficile et moins agréable. Un environnement scolaire où l’on se sent en confiance et valorisé est donc essentiel pour favoriser des émotions positives, véritables moteurs de la réussite. Développer son intelligence émotionnelle, c’est-à-dire apprendre à identifier et à gérer ses propres émotions tout en comprenant celles des autres, devient alors une compétence fondamentale qui dépasse largement les murs de la classe.

Intégrer la dimension émotionnelle dans l’enseignement, ce n’est pas juste une question de bien-être, c’est une stratégie d’apprentissage efficace. Proposer des activités variées, encourager l’expression des sentiments et aider les élèves à développer des stratégies d’adaptation émotionnelle contribuent à créer un lien plus profond avec ce qu’ils apprennent. Il faut savoir que nos émotions ont un impact direct sur le fonctionnement de notre cerveau, activant les zones liées à la mémoire et à l’attention. Grâce à la plasticité cérébrale, cette incroyable capacité de notre cerveau à se façonner en fonction de nos expériences, un environnement émotionnellement favorable stimule des connexions neuronales plus fortes et un apprentissage plus profond. En fin de compte, prendre en compte les émotions à l’école, ce n’est pas une option, mais une nécessité pour former des jeunes équilibrés, motivés et prêts à relever les défis de demain.


Dans le cours de musique

Le talentueux duo formé de Catherine Major et Jean-François Moran nous livre enfin leur premier album collaboratif, Bunker à ciel ouvert. Loin d’être un simple projet de couple, cet opus est une véritable immersion dans leur univers intime et créatif. Les mélodies riches et les arrangements soignés de Catherine Major se marient à la perfection aux textes poétiques et profonds de Moran, son complice de longue date et père de ses enfants. Chaque chanson est une fenêtre ouverte sur leur vision du monde. Voici La coda, la pièce d’ouverture de l’album.

Catherine Major et Jean-François Moran – La coda – Bunker à ciel ouvert – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans la ville pittoresque de Nara, au Japon, un professeur d’art nommé Hirotaka Hamasaki a trouvé une manière unique et inspirante de captiver ses élèves. En utilisant les feuilles mortes aux teintes vives de l’automne, il crée des œuvres d’art représentant des personnages bien-aimés de la culture populaire, tels que Pikachu ou Winnie l’Ourson. Cette initiative artistique non seulement éveille l’intérêt des élèves pour l’art, mais transforme également la salle de classe en un espace de créativité et de collaboration. Les élèves participent activement en suggérant les personnages qu’ils souhaitent voir prendre vie, rendant le processus encore plus amusant et engageant.

Grâce à cette approche innovante, Hirotaka Hamasaki a réussi à créer un environnement d’apprentissage dynamique où l’imagination et l’art se rencontrent. Ses créations, qui apportent une touche de fantaisie et de magie à l’école, ont non seulement gagné l’admiration de ses élèves, mais ont également attiré l’attention de la communauté locale. En intégrant l’art dans le quotidien scolaire de manière aussi ludique et interactive, ce professeur talentueux a su faire de chaque jour une nouvelle aventure artistique, laissant une empreinte durable dans le cœur de ses élèves.

Pour découvrir ses œuvres, visitez son profil Instagram : @hamacream.


Billet du 21 février 2025 : Vers un virage politique québécois ?

Le Québec est-il en train de basculer vers une droite plus autoritaire, à l’image de certaines tendances observées ailleurs dans le monde ? Les récentes controverses entourant l’ingérence de la ministre Pascale Déry dans le contenu d’un cours au Collège Dawson, le projet de loi québécois visant à limiter le droit de grève et les lacunes dans les statistiques sur l’absentéisme des élèves s’inscrivent dans un contexte politique plus large. Ces événements semblent refléter une tendance où l’État exerce un contrôle accru sur des sphères traditionnellement autonomes, qu’il s’agisse de l’éducation ou du droit du travail. Mais peut-on y voir un symptôme d’une montée de la droite politique, à l’image de ce qui se produit ailleurs dans le monde ?

L’intervention de la ministre Déry dans un cursus collégial soulève des questions sur la liberté académique et la neutralité de l’État face aux débats sociaux et politiques.1 Ce type d’ingérence rappelle certaines initiatives de gouvernements conservateurs qui cherchent à encadrer les contenus pédagogiques pour répondre à des pressions idéologiques. Aux États-Unis, le retour de Donald Trump à la présidence s’accompagne d’une multiplication de lois visant à restreindre l’enseignement de sujets jugés controversés, notamment en histoire et en sciences sociales. De façon plus générale, plusieurs gouvernements ont, à travers l’histoire, cherché à influencer le contenu éducatif afin d’orienter la perception des enjeux sociaux et politiques. Si nous sommes loin des formes les plus autoritaires de censure éducative, la question se pose : jusqu’où un État démocratique peut-il intervenir sans compromettre l’autonomie des institutions académiques ?

Le projet de loi québécois visant à limiter le droit de grève s’inscrit dans une logique similaire de contrôle accru sur les institutions démocratiques.2 Historiquement, la droite a souvent cherché à encadrer ou affaiblir les mouvements syndicaux afin de favoriser une plus grande flexibilité du marché du travail. Cette dynamique, observée dans plusieurs pays occidentaux, semble aujourd’hui gagner du terrain au Québec, avec le gouvernement actuel.

Les statistiques sur l’absentéisme scolaire au Québec sont incomplètes et mal documentées, ce qui nuit à l’analyse des causes et des solutions possibles. Le manque de données précises empêche d’évaluer l’ampleur réelle du problème et de cibler les interventions adéquates. Des chercheurs et des organismes en éducation ont dénoncé cette situation, soulignant que l’absence de chiffres fiables compromet la mise en place de politiques publiques efficaces.3 Ce déficit d’information peut également avoir des répercussions sur les décisions gouvernementales, en limitant la capacité à mesurer l’impact des réformes en cours ou à venir. Ce manque de transparence et de rigueur statistique rappelle les pratiques de certains gouvernements de droite qui, pour justifier des réformes axées sur la rigueur budgétaire et la responsabilisation individuelle, minimisent ou omettent des données essentielles. Un exemple marquant est celui du gouvernement conservateur de Doug Ford en Ontario, qui a mis en œuvre des compressions budgétaires en éducation tout en limitant la publication de données sur leurs effets concrets.4 La réduction du nombre d’enseignants et l’augmentation de la taille des classes ont été justifiées par des arguments d’équilibre budgétaire, mais les experts ont dénoncé l’absence de statistiques précises sur les élèves à besoins particuliers et les conséquences de ces réformes sur la réussite scolaire.

Ces trois situations, bien que distinctes, révèlent une tendance à la centralisation des décisions et à une remise en question des contre-pouvoirs traditionnels que sont l’éducation, les syndicats et les données publiques. Dans un contexte où la montée de la droite se manifeste de manière plus affirmée sur la scène internationale, il est pertinent de se demander si ces événements constituent de simples décisions isolées ou s’ils s’inscrivent dans un mouvement politique plus vaste visant à redéfinir l’équilibre des pouvoirs au Québec.

1 Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU). (2025, 19 février). Ingérence politique au Collège Dawson : la FQPPU dénonce une nouvelle atteinte à la liberté académique par la ministre Pascale Déry. CNW Telbec.

2 Radio-Canada. (2025, 20 février). L’APTS s’oppose à un projet de loi limitant le droit de grève. Info-Réveil.

3 Goudreault, Zacharie. (2025, 20 février). Absences scolaires préoccupantes… et mal connues. Le Devoir.

4 Ontario Secondary School Teachers’ Federation (OSSTF/FEESO). (2024, April 29). Ford government trying to hide significant cuts to education funding.


Dans le cours de français

Est-ce que l’emploi du « qui » ou du « dont » vous cause des maux de tête ? Si « qui » et « dont » étaient des personnages d’un film, « qui » serait celui qui aime se mettre en avant, toujours prêt à prendre la vedette en tant que sujet de l’action. « Dont », lui, jouerait un rôle plus discret, reliant les idées en toute subtilité. Plus concrètement, « qui » est un pronom sujet : il reprend un mot et devient le héros du verbe qui suit. Exemple : « C’est un enseignant qui explique avec passion. » Ici, « qui » est clairement celui qui mène l’action (et captive ses élèves, du moins on l’espère !).

« Dont », en revanche, est le maître des liens invisibles. Il s’invite lorsqu’un mot est relié à un verbe, un nom ou un adjectif qui nécessite la préposition « de ». Prenons cette phrase : « C’est une règle dont tout le monde se méfie. » Pourquoi utiliser « dont » et non « qui » ? Parce qu’on dit bien « se méfier de quelque chose ». Une astuce simple : si vous pouvez reformuler en incluant « de », c’est que « dont » est votre allié. Si le mot est sujet du verbe, « qui » prend le relais. Facile, non ?

Confondre « qui » et « dont », c’est un peu comme mélanger le sel et le sucre dans une recette : le résultat peut surprendre… mais rarement dans le bon sens ! Pour éviter les faux pas, posez-vous la question : « le mot remplacé est-il sujet ou complément introduit par “de” ? » Avec un peu de pratique, ces distinctions deviendront aussi naturelles que de choisir entre café et thé (ou les deux, si votre journée est bien remplie).


Dans le cours de musique

Damien Robitaille nous transporte dans un univers vibrant et coloré avec son nouvel album Ultraviolet. Fidèle à son style éclaté et éclectique, l’artiste franco-ontarien propose une mosaïque musicale où se côtoient rythmes dansants et mélodies envoûtantes. Parmi les morceaux marquants, Kaléidoscope se distingue par son énergie lumineuse et ses sonorités pop irrésistibles. Avec ce nouvel opus, Robitaille continue d’explorer et de réinventer son univers, livrant des chansons à la fois entraînantes et nuancées, à l’image du kaléidoscope musical qu’il façonne depuis ses débuts.

Damien Robitaille – Kaléidoscope – Ultraviolet – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

La Ville de Québec s’impose plus que jamais comme un terreau fertile pour les entreprises en quête d’un environnement compétitif et dynamique. Selon une étude récente de KPMG, elle figure désormais au deuxième rang des villes canadiennes offrant les coûts d’exploitation les plus avantageux, un bond remarquable depuis 2021. Cette progression témoigne d’une gestion efficace des ressources et d’un climat économique propice aux affaires. Avec des coûts énergétiques abordables, des espaces commerciaux accessibles et une fiscalité maîtrisée, Québec attire les entrepreneurs désireux de prospérer dans un cadre à la fois stimulant et stable. Cette reconnaissance confirme le positionnement de la capitale comme un moteur économique en pleine croissance.

Bien que certains défis subsistent, notamment en matière de charges fiscales sur la main-d’œuvre, la tendance est à l’amélioration et les avancées des dernières années sont de bon augure pour l’avenir. Québec se distingue non seulement par son accessibilité économique, mais aussi par la qualité de vie exceptionnelle qu’elle offre aux travailleurs et aux entreprises. En se hissant en tête du classement au Québec et en consolidant sa place sur la scène nationale, la ville prouve qu’elle a tous les atouts pour séduire les investisseurs et bâtir un avenir prospère.


Billet du 31 janvier 2025 : De la banalisation des symboles violents à la beauté du verbe

Calvin Robinson est un prêtre anglican, commentateur politique, écrivain et animateur britannique. Ordonné dans l’Église catholique anglicane, il est connu pour ses positions conservatrices et ses apparitions médiatiques controversées sur des chaînes comme GB News. Actuellement, Robinson officie comme vicaire d’une paroisse à Grand Rapids, une ville de l’État du Michigan, après avoir quitté le Royaume-Uni pour rejoindre l’Église catholique anglicane aux États-Unis.

Mais pourquoi diable est-ce qu’il est question de lui dans mon billet de cette semaine ?

Mercredi, lors du Sommet national pro-vie à Washington, Robinson a suscité une vive controverse en imitant à son tour, une semaine après Elon Musk, un salut nazi. À la fin de son discours, où il déclarait que l’Amérique était « le seul pays à se battre pour la vie », il a placé sa main sur sa poitrine avant de tendre le bras droit, paume vers le bas, dans un geste rappelant justement le salut nazi. Ceci a été accueilli par des rires et des applaudissements du public présent. De leur côté, de nombreux observateurs ont dénoncé cet acte comme étant non seulement de mauvais goût, mais aussi potentiellement dangereux, soulignant les risques de banalisation des symboles fascistes.

Cette escalade de gestes et de symboles à connotation fasciste est profondément troublante. Le retour de Donald Trump à la présidence semble avoir ouvert une boîte de Pandore, légitimant des comportements encore récemment considérés comme inacceptables. L’incident impliquant Calvin Robinson n’est malheureusement qu’un exemple parmi tant d’autres de cette tendance alarmante. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur les conséquences à long terme de cette banalisation des symboles d’extrême droite sur le tissu social américain et sur la démocratie elle-même. Il est crucial que nous restions vigilants et que nous condamnions fermement ces actes, car l’histoire nous a déjà montré les dangers qui guettent une société qui tolère la montée du fascisme. La frontière entre la provocation et l’adhésion réelle à ces idéologies dangereuses devient de plus en plus floue, et c’est précisément ce qui devrait nous inquiéter tous.


Dans le cours de français

Une chaîne commerciale connue dans tout le Canada tient dans ses rayons une marque de cartes de souhaits dont je tairai le nom ici. Je me contenterai de mentionner qu’au dos des cartes, il est inscrit qu’elle est produite par « une petite entreprise détenue et gérée par une femme ».

Le site web de cette entreprise nous fournit des détails supplémentaires : « Fondatrice et experte en multitâches ; mère célibataire de jumeaux adolescents et d’un animal de compagnie.  A transformé un diplôme en littérature anglaise en une entreprise. N’a pas accepté un non pour réponse lorsqu’on lui a dit qu’une femme ne pouvait pas manipuler une presse de 2 500 livres, puis a montré à une bande de compagnons comment s’y prendre. Génération X assumée. »

Jusqu’ici, je salue le travail de cette entrepreneuse. Là où ça se gâte, c’est quand on prend le temps de scruter la marchandise.

#LeProfCorrige

Sur la première carte, en admettant qu’on ferme les yeux sur j’veux (plutôt que je veux), sur je t’aime au bout (au bout’, en bon québécois) et sur le fait qu’il n’y a pas de point à la fin, il aurait fallu lire Tu es mon meilleur et non Tu est mon meilleur. Cette conjugaison est enseignée en troisième année du primaire.

Sur la deuxième carte, il aurait fallu lire Brillante et non Brilliante.

Il existe plusieurs outils pour vérifier la grammaire et l’orthographe. Là comme ailleurs, il est dommage qu’on ne se donne pas la peine de s’en prévaloir. Je refuse de donner à qui que ce soit une carte de souhaits affichant des fautes !


Dans le cours de musique

Avec Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé, Pierre Lapointe tisse une œuvre à la fois nostalgique et profondément intime, où chaque note semble caresser les âmes en peine. Dans cet album, il revisite avec élégance l’esprit des grandes chansons d’autrefois, s’appuyant sur des orchestrations feutrées et une écriture ciselée qui évoquent les amours fanées, les espoirs brisés et la beauté du chagrin. Lapointe ne cherche pas à suivre les tendances, il les ignore avec panache, préférant offrir une musique qui traverse le temps plutôt que de s’y conformer. Une collection de ballades mélancoliques qui, plutôt que d’appartenir au passé, rappellent que certaines émotions, elles, ne se démoderont jamais.

Extraite de cet album lancé au cours des derniers jours, voici la pièce Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas.

Pierre Lapointe – Hymne pour ceux qui ne s’excusent pas – Dix chansons démodées pour ceux qui ont le cœur abîmé – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Entre les lubies et les insanités de Donald Trump, et à travers les folies meurtrières de Benyamin Netanyahou, en subissant le silence inquiétant de Vladimir Poutine, il y a eu l’éclat de soleil de Chloé, la caricaturiste du Devoir. Je le dépose ici.

Il est inutile d’en écrire davantage.


Billet du 17 janvier 2025 : Une histoire à ma manière

Les Québécois se sentent-ils plus Nord-Américains ou Français ? La question méritait d’être posée, surtout dans le contexte actuel, et Léger s’en est chargé. Par ma langue, ma culture et la majeure partie de mes intérêts, je me sens personnellement plus Français. Par mon mode de vie et mon amour du baseball, je me sens plus Nord-Américain. En combinant les deux, je me sens peut-être plus français. Mais je fais partie d’une minorité.

Le récent sondage Léger, publié dans Le Devoir, révèle que la majorité des Québécois se sentent plus proches culturellement de l’Amérique du Nord que de la France.1 Il démontre que 73 % des Québécois s’identifient davantage à la culture nord-américaine, contre seulement 16 % qui se sentent plus proches de la culture française. Les résultats sont similaires indépendamment de l’âge, du genre et de la langue des répondants. Cette tendance reflète une perception croissante du Québec comme une région culturellement nord-américaine plutôt qu’européenne.

Le coup de sonde confirme une tendance que je remarque depuis de nombreuses années, principalement chez les plus jeunes générations. Leurs références musicales sont américaines, comme leurs références cinématographiques. Les influenceurs suivis sont pour la plupart québécois, mais promeuvent rarement des produits conçus ici.

Et qu’ont répondu les quelques jeunes, âgés de 11 à 22 ans, à qui j’ai demandé ce qu’ils pensaient de la proposition de Donald Trump de faire du Canada le 51e État américain ? Au mieux, ils ont affiché une indifférence. Au pire, ils aimaient l’idée.

C’est le triomphe du cheeseburger sur le camembert.

1 Baillargeon, Stéphane. Les Québécois se sentent nord-américains et loin de la France, révèle un sondage. Le Devoir, Montréal. Le 16 janvier 2025.


Dans le cours de français

Le mot de la semaine est oligarchie. Il a été employé par à peu près tous les grands médias de la planète.

Dans son discours d’adieux à titre de président des États-Unis, Joe Biden a mis en garde contre la montée d’une oligarchie aux États-Unis, où une poignée d’individus ultrariches concentrent le pouvoir et l’influence. Biden souligne que cette concentration de pouvoir menace la démocratie, les droits fondamentaux et les libertés individuelles. Il cite notamment les patrons de l’industrie technologique, comme Elon Musk, qui exercent une influence croissante sur les politiques publiques.

Ce discours a suscité un large écho dans les médias du monde entier, qui ont largement repris le terme « oligarchie » pour décrire la situation politique actuelle aux États-Unis.


Dans le cours d’art dramatique

Fanfreluche m’a raconté plein d’histoires à sa manière, pour m’amuser. Je revenais de l’école, j’allais jouer un peu dehors et je rentrais pour écouter Bobino d’abord, l’émission suivante ensuite. Une fois par semaine, c’était Fanfreluche.

Personnifiée par Kim Yaroshevskaya, la poupée commençait à lire une histoire, puis entrait dans son grand livre pour en modifier le cours. On peut dire qu’elle a largement contribué à m’initier à la littérature.

M’a-t-elle donné le goût de la lecture ? Un peu. Par contre, je lui dois une bonne part de mon goût de l’écriture, qui a commencé à se développer quand j’étais très jeune. C’est Fanfreluche qui m’a fait réaliser, la première, qu’on pouvait créer en écrivant.

Chapeau bien bas, madame Yaroshevskaya ! Bravo et merci pour votre œuvre, un merci particulier pour cette passion que vous avez contribué à m’inculquer. Avec une vie qui s’est éteinte à l’âge plus que vénérable de 101 ans, vous avez plus que mérité le droit de vous reposer.


Dans le cours de musique

Mélodie-Jade était une protégée de Corneille à l’émission La Voix. Offrant des notes de jazz versant dans la bossa-nova, avec l’accent québécois, elle vient de lancer son premier mini-album, Sens Cible. Voici la pièce Anormal.

Mélodie-Jade – Anormal – Sens Cible – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Dans un remarquable accomplissement qui fait la fierté du Québec, Myckaël Charbonneau, diplômé de l’UQAM, s’est distingué parmi 3769 candidats en remportant la médaille d’or à l’examen final des comptables professionnels agréés du Canada. Ce qui rend cette réussite encore plus inspirante, c’est que, contrairement à la tradition qui voit souvent les lauréats provenir des grands cabinets comptables, Myckaël a choisi de mettre ses talents au service du secteur communautaire en tant que comptable à la Maison d’Hérelle, un organisme qui accompagne les personnes vivant avec le VIH-Sida.

Cette victoire exemplaire illustre parfaitement comment l’excellence professionnelle peut s’allier à l’engagement social. Malgré les offres alléchantes des grands cabinets comptables suite à sa performance exceptionnelle, Myckaël reste fidèle à ses valeurs en poursuivant son travail à la Maison d’Hérelle, où il contribue activement à la mission de l’organisme tout en développant des projets novateurs en matière de gouvernance et de gestion financière. Son parcours inspire une nouvelle génération de professionnels à considérer le secteur communautaire comme un lieu d’épanouissement professionnel où les compétences peuvent avoir un impact direct sur le bien-être de la société.


Billet du 1er novembre 2024 : Les politiques qu’on mérite

Un article publié dans Le Devoir, cette semaine, explore la facilité avec laquelle les jeunes consomment de la drogue à l’école, soulignant que les substances sont de plus en plus variées et dangereuses.1 On y mentionne que les réseaux sociaux facilitent l’accès aux stupéfiants, et les incidents liés à la drogue dans les écoles secondaires du Québec sont en hausse, avec plus de 2900 incidents rapportés l’année dernière. Les écoles adoptent différentes approches pour gérer ce problème, allant de la tolérance zéro à la réduction des méfaits.

Le même jour, une entrevue avec la journaliste Jessica Nadeau a mis en lumière l’augmentation de la toxicité des substances illicites qui se retrouvent dans les écoles, ce qui s’avère de plus en plus préoccupant.2 Elle explique que, bien que la présence de drogues ne soit pas nouvelle, leur dangerosité croissante, notamment avec des substances comme le fentanyl, pose de sérieux risques pour les jeunes.

Face à cette situation alarmante, il est impératif de déployer des stratégies multidimensionnelles pour prévenir la consommation de drogues chez les jeunes et réduire les risques associés. Au-delà des actions menées au sein des écoles, il est essentiel d’impliquer l’ensemble de la communauté. Des campagnes de sensibilisation ciblées, des programmes de réduction des méfaits adaptés aux réalités locales et une collaboration renforcée entre les différents acteurs du milieu (santé, éducation, justice) sont autant d’éléments clés pour faire face à ce phénomène. En investissant dans la prévention, l’éducation et le soutien aux jeunes, nous pouvons espérer créer des environnements plus sécuritaires et favoriser leur bien-être.

1 Nadeau, Jessica. Consommer à l’école, un jeu d’enfant. Le Devoir, Montréal. Le 30 octobre 2024.

2 Legendre, Jasmine et Levasseur, Guillaume. Entrevue | Des substances illicites de plus en plus inquiétantes dans les écoles. Le Devoir, Montréal. Le 30 octobre 2024.


Dans le cours d’univers social
Volet éducation à la citoyenneté

Voici ce qu’on peut lire sur la quatrième de couverture du livre On a les Politiques qu’on mérite, de Chloé Morin, publié chez Fayard, en 2022 :

Des égoïstes. Des arrivistes. Des narcisses. Des incompétents. Des traîtres. Le théâtre politique regorge de ces créatures qui nous révulsent. Nous les critiquons, nous les jugeons et déjugeons. Nous adorons détester ce monde, mais nous nous garderions bien d’y mettre ne serait-ce qu’un orteil. Et jamais nous ne nous posons la vraie question : comment en sommes-nous arrivés là ? Y aurait-il eu – comme les complotistes et les désabusés l’affirment – une confiscation du pouvoir, à tous les niveaux, jusqu’au sommet de l’État ? La réponse est à la fois banale et dérangeante : au-delà de travers institutionnels, de gaspillages publics et autres labyrinthes administratifs qu’il est urgent de corriger, nous avons peut-être tout simplement… les Politiques que nous méritons. Quand l’air politique devient irrespirable, ne peuvent subsister que les héros et les dingos. Nous les rejetons, certes, nous déplorons de ne plus avoir le choix, mais ce non-choix, nous l’avons créé en rendant la vie impossible aux engagés et aux dévoués. À la veille d’une bataille présidentielle décisive, au sortir d’un quinquennat marqué par de longues crises (Gilets jaunes, Covid-19…) et dans un contexte toujours plus dégagiste, le temps est peut-être enfin venu de balayer devant notre porte. Et qui sait ? de se réconcilier avec nos Politiques.

C’était à la veille de l’élection présidentielle française de 2022. Tout ce qui précède la dernière phrase peut également s’appliquer à l’élection présidentielle américaine de mardi. Vendredi prochain, quand je publierai mon prochain billet, serai-je en mesure de commenter l’élection de Kamala Harris ou de Donald Trump ? Peut-être. Mais peut-être pas non plus. Il y a quatre ans, ce n’est que quatre jours plus tard, le samedi, que Joe Biden avait été proclamé vainqueur.

Qui le peuple américain mérite-t-il d’avoir à la tête de son pays et de son armée ? La réponse indiquera au monde entier où loge, en 2024, la plus grande puissance de la planète. Parce qu’au-delà de la personne qui sera assermentée en janvier, cette élection indiquera l’ampleur que prendra le tournant planétaire.

Pour notre plus grande sécurité, il est souhaitable que le virage se prenne en douceur.


Dans le cours de musique

Billie du Page est la fille de la comédienne Julie du Page. Œuvrant dans la chanson, elle vient de lancer un premier mini-album éponyme. Tirée de cet album, voici la pièce Si près si loin.

Billie du Page – Si près si loin – Billie du Page – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Je laisse l’espace à Isabelle Hachey, cette semaine. La chroniqueuse de La Presse y a publié un succulent texte dans lequel elle présente les beaux côtés de l’école Bedford, qui a fait les manchettes pour d’autres raisons, au cours des dernières semaines.3 L’article raconte l’histoire de l’école, située à Côte-des-Neiges et autrefois considérée comme un modèle d’intégration et de diversité. D’anciens enseignants de l’endroit se souviennent de l’ambiance chaleureuse et de la soif d’apprendre des élèves, avant les tensions culturelles qui ont émergé avec l’arrivée de nouveaux enseignants, menant à un climat toxique et à des accusations de racisme. Ils les relatent avec un enthousiasme rafraîchissant.

Bonne lecture !

3 Hachey, Isabelle. Bedford, avant le crash. La Presse, Montréal. Le 31 octobre 2024.


Billet du 25 octobre 2024 : Les mathématiques de Bernard Drainville

Le gouvernement du Québec a récemment lancé une consultation publique pour évaluer la possibilité d’abolir le changement d’heure.1 Cette initiative, qui se déroule du 22 octobre au 1er décembre 2024, vise à recueillir les avis des citoyens sur cette pratique instaurée durant la Première Guerre mondiale. Le changement d’heure, bien qu’ayant des origines historiques, suscite aujourd’hui des débats quant à son utilité et ses impacts sur la santé, l’économie et le quotidien des Québécois.

Personnellement, je suis en faveur de l’abolition du changement d’heure et de l’adoption permanente de l’heure d’hiver, également connue sous le nom d’heure solaire ou heure normale. Cette position est soutenue par plusieurs experts québécois, dont le Dr Charles Morin, professeur de psychologie à l’Université Laval. Selon lui, le maintien de l’heure normale tout au long de l’année pourrait améliorer la qualité du sommeil et réduire les risques de troubles de l’humeur, en particulier durant les mois d’hiver.

En adoptant l’heure d’hiver de façon permanente, nous alignerions notre horloge biologique avec le cycle naturel du soleil, ce qui favoriserait un meilleur bien-être général. De plus, cette mesure pourrait avoir des effets positifs sur la productivité et la sécurité routière, en réduisant les accidents liés à la fatigue. Il est donc crucial que les citoyens participent à cette consultation pour exprimer leur opinion et contribuer à une décision éclairée.

1 Consultation publique : Le changement d’heure, devrait-on l’abolir ?


Dans le cours de français

Il est un peu décevant de constater que même Le Devoir laisse passer une telle faute dans le titre d’un des articles qu’il publie.

Je me dois cependant de préciser que l’erreur a fini par être corrigée, plusieurs heures après publication.

#LeProfCorrige

Ici, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le mot victimes, qui est au féminin pluriel. Il aurait fallu lire dédommagées.


Et je cite :

« J’essaie de ne pas me laisser séduire par les slogans. Nous vivons à l’époque des slogans. Précisément, chacun nous promet un petit paradis. Le seul paradis que je préconise, moi, c’est le paradis de l’individu qui a sa liberté, même dans la société actuelle et même dans une société pire.
Je refuse qu’un groupe ou une secte m’embrigade, et qu’on me dise qu’on pense mieux quand mille personnes hurlent la même chose. »

– Georges Brassens (1921 – 1981)


Dans le cours de mathématiques

À l’émission Tout le monde en parle, dimanche dernier, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déclaré qu’il n’avait pour l’instant aucune intention de cesser de subventionner les écoles privées à vocation religieuse. En réponse à la comédienne Julie Le Breton, qui lui demandait si c’était parce qu’il craignait d’ouvrir la boîte de Pandore des écoles privées subventionnées à 60 % par l’État, le ministre a répondu par la négative, mais il a ensuite retourné la situation à l’envers pour justifier sa réponse. Selon lui, il est juste que les parents paient 40 % des frais scolaires de leurs enfants afin qu’ils puissent fréquenter une école privée. Il ajoute que l’arrêt des subventions aux écoles privées ne règlerait pas tous les problèmes du système public.

Là-dessus, il a raison. Ça ne règlerait pas tous les problèmes. Mais ce serait déjà un grand pas dans la bonne direction, une action qui rétablirait une grande partie des disparités entre les deux réseaux.

Ce que Drainville ne mentionne pas, c’est que les compétences du personnel enseignant s’équivalent, mais les ressources diffèrent. Les écoles privées subventionnées ont accès à des équipements technologiques de pointe, des gymnases équipés de matériel de qualité, des meubles récents et fonctionnels, ainsi que des infrastructures solides et bien entretenues.

Les écoles privées subventionnées peuvent également se permettre d’engager tout le personnel pouvant répondre aux élèves ayant des défis particuliers. Je sais aussi pertinemment bien que beaucoup d’entre elles engagent des enseignants suppléants permanents qui sont affectés à du soutien pédagogique les rares journées où tout le personnel est présent. Tout ceci alors que le réseau public subit une pénurie importante de personnel tous azimuts depuis de nombreuses années.

Drainville n’insiste pas non plus sur le fait qu’une école privée subventionnée, voire le Collège Lentendre, s’est acheté une forêt et deux chalets dans un centre de villégiature.

Finalement, Drainville ne dit pas que la province voisine, l’Ontario, dispose d’un réseau public d’éducation qui n’est certes pas sans failles, mais qui se porte incomparablement mieux que le nôtre.

Si vous avez répondu 0 %, vous avez raison. Les parents ontariens qui choisissent cette option pour leur enfant doivent en assumer 100 % des frais. C’est le pourcentage que devrait viser Drainville, à long terme, j’en conviens.


Dans le cours de musique

Le quintette Bon Enfant nous fait cadeau d’un troisième album, intitulé Demande spéciale. Avec ce groupe émergeant, nous obtenons du rock québécois à son meilleur. Pour une deuxième fois en #musiquebleue, les voici, cette fois avec la pièce Trompe-l’oeil.

Bon Enfant – Trompe-l’oeil – Demande spéciale – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Valentin, un adolescent de 17 ans vivant avec une paralysie cérébrale, a réalisé l’impensable en terminant un semi-marathon parisien. Ce jeune homme, qui n’avait jamais pu marcher auparavant, a accompli cet exploit grâce à un exosquelette de pointe développé par la compagnie française Wandercraft. Cet appareil robotique, qui soutient le corps et permet aux personnes à mobilité réduite de se déplacer, a ouvert de nouvelles perspectives à Valentin. Sa participation à cette course constitue un témoignage de la capacité de la technologie à transformer des vies et à repousser les limites du possible.

Derrière cette prouesse se cache Wandercraft, une entreprise spécialisée dans les exosquelettes de marche. Grâce à leur innovation, des milliers de personnes à travers le monde pourraient à leur tour retrouver une certaine autonomie et une meilleure qualité de vie. L’histoire de Valentin est un formidable vecteur de promotion pour cette technologie de pointe et un appel à soutenir la recherche dans ce domaine. Elle est un symbole d’espoir pour tous ceux qui luttent contre la paralysie et les troubles de la mobilité.


Billet du 13 septembre 2024 : Suer en silence

Un fabricant de thermopompes de Longueuil, Yvon Turcotte, a une idée aussi rafraîchissante que généreuse : offrir 1000 thermopompes pour climatiser les classes du Québec. Monsieur Turcotte, à près de 80 ans, ne demande rien en retour, si ce n’est de rendre la vie un peu plus supportable aux élèves en période de canicule. Mais voilà, la machine bureaucratique s’érige une fois de plus en obstacle, rendant presque héroïque un geste qui n’était pas difficile à accomplir.

Pourquoi est-ce que des dons si évidents semblent s’embourber dans les méandres des centres de services scolaires et du ministère de l’Éducation ? Il y a sûrement un bureau climatisé quelque part où l’on débat de la procédure à suivre. Peut-être un comité doit-il d’abord « évaluer » le bien-fondé d’un tel geste… pendant que les élèves et le personnel suent en silence. Si seulement la lenteur administrative pouvait être réduite aussi efficacement que la chaleur dans un local climatisé !


Dans le cours de français

Un de mes amis a pris cette photo, sur un boulevard des Basses-Laurentides.

Photo : Martin Lacasse

Il est inadmissible qu’on ait laissé passer non pas une, mais deux fautes en si peu de mots sur un panneau que des milliers de personnes voient quotidiennement.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire excepté, et non exepté.

Également, on aurait dû voir camions, au pluriel, plutôt que camion. À moins qu’un seul camion de cinq tonnes ne soit concerné.


Dans le cours de culture et citoyenneté québécoise

Je vous invite à lire le reportage de la journaliste Mylène Moisan, à propos d’un jeune enseignant en formation. 1

La réaction de la direction de l’école La Voie et du SPVM dans l’affaire entourant les propos homophobes subis par Francis Richer est non seulement inadmissible, mais profondément rétrograde. Se retenir d’intervenir correctement face à une situation aussi grave, en minimisant l’impact des menaces de mort, démontre un manque flagrant d’empathie et de leadership. Une telle attitude envoie un message inquiétant aux victimes, leur laissant croire qu’elles doivent se débrouiller seules face à la haine, tandis que les agresseurs, malgré qu’ils soient des adolescents, s’en tirent sans avoir à poser un seul geste de réparation.

Ce type de réponse institutionnelle, loin d’être une simple erreur de jugement, ramène notre société 40 ans en arrière, à une époque où l’on détournait le regard face aux injustices sociales et aux violences discriminatoires. Il est impensable qu’en 2024, nous soyons encore confrontés à de telles négligences. Le silence complice et l’inaction des autorités ne font que renforcer les préjugés et perpétuer la souffrance des gens qu’on tente de marginaliser.

1 Moisan, Mylène. «francis le gay vas mouriir». Le Soleil, Québec. Le 10 septembre 2024.


Dans le cours de musique

Alphonse Bisaillon, auteur-compositeur-interprète, vient de remporter le Prix Mouffe pour sa poésie musicale et sa capacité à capturer l’essence des émotions humaines dans des textes simples et poignants. Avec des styles variés et des mélodies dépouillées, il se distingue par sa sensibilité et son authenticité, qui lui ont permis de se faire une place dans la chanson francophone. Le prix, qui honore le talent émergent en chanson, a mis en lumière l’importance de ses contributions à la scène musicale québécoise. Ses chansons ont été pour moi une belle découverte cette semaine, offrant une profondeur et une sincérité qui m’ont particulièrement touché.

Tirée de l’album qui porte son nom, voici la pièce Station balnéaire (tango).

Alphonse Bisaillon – Station balnéaire (tango) – Alphonse Bisaillon – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Selon un reportage publié dans Le Devoir 2, il semblerait que l’enseignement des sciences au secondaire soit resté figé dans le temps, un peu comme si on essayait de téléporter nos jeunes de 2024 directement dans une classe des années 90. Heureusement, Patrice Potvin et son équipe ont décidé qu’il était temps de sortir le dépoussiéreur et de secouer un peu tout ça. Leur solution ? Former les enseignants pour qu’ils deviennent eux-mêmes des « chercheurs » en classe, armés de méthodes scientifiques pour comprendre ce que leurs élèves savent (ou croient savoir) sur des concepts comme les nuages ou le recyclage. Avec 3 millions de dollars en poche et une cohorte de curieux enseignants prêts à plonger dans l’inconnu, ils comptent bien redonner à la science scolaire le coup de neuf qu’elle mérite.

Mais attention, ce n’est pas juste un coup de peinture rapide. L’initiative va plus loin : diagnostic des idées fausses, tests de méthodes pédagogiques et comparaisons savantes entre différentes approches. On forme des enseignants qui, en retour, vont former des élèves critiques, prêts à débattre de sujets aussi sensibles que le climat, les vaccins, ou même le racisme. Et tout ça, sans que les enseignants soient livrés à eux-mêmes, mais bien accompagnés de chercheurs et de formations pointues. Bref, si l’on était prêt à une évolution dans l’enseignement scientifique, cette équipe prouve qu’on a enfin trouvé les bons ingénieurs pour la lancer.

2 Anctil, Gabrielle. Dépoussiérer l’enseignement de la science. Le Devoir, Montréal. Le 24 août 2024.


Billet du 19 janvier 2024 : Pour moi, ce sera non

Je dois demeurer conséquent avec mes propos tenus au cours des derniers mois et reproduis sur cette page dans mes deux billets précédents : la proposition gouvernementale ne sera pour moi acceptable que si elle permet d’arrêter les nombreux départs de membres du personnel scolaire et si elle ramène des étudiantes et des étudiants dans les facultés d’éducation de nos universités. J’ai réussi à mettre la main sur le texte de l’entente et j’ai pris soin de bien écouter les analystes qui l’ont commentée. À la lumière de ce que j’ai pu lire et entendre, le problème de relève et de rétention des effectifs demeurera entier, au mieux. Je voterai donc contre l’entente de principe. C’est aussi la recommandation de mon syndicat local.

Le point qui achoppe concerne la composition des classes. Il me faut admettre qu’un mécanisme complexe a été discuté et convenu entre les parties. Ce mécanisme prévoit des aides à la classe, dont le rôle se veut très limité, pour les classes contenant 50 % d’élèves à défis, qui auront préalablement été identifiés par un comité suivant des règles rigoureuses, dont on ignore pour l’instant la teneur précise. Ceci est conditionnel à la disponibilité du personnel. Dans le cas où ledit personnel ne serait pas disponible, une obscure compensation financière serait offerte à la personne titulaire de la classe. Relisez ce paragraphe.

La réalité ? Mon groupe d’élèves de cette année se classe parmi mes cinq plus difficiles en carrière. Je gère plus que j’enseigne. Je réussis à avancer, mais je suis complètement épuisé quand je termine mes journées et je suis fait fort. J’ai déjà de l’aide parce que mes collègues de niveau et moi avons pris le taureau par les cornes, l’an dernier, en instaurant une structure nous permettant de travailler les défis de notre future cohorte. Mais nous avons pu le faire, à même les budgets de l’école, parce que nous formons une équipe solide et que nous avons obtenu l’aval de notre direction et la collaboration de nos techniciennes en éducation spécialisée (T.E.S.). Les autres membres du personnel ont aussi participé en nous permettant d’obtenir un horaire adapté. Enlevez un seul de ces éléments, uniques à notre école, et plus rien ne tient. Et combien avons-nous d’élèves à défis ? En me basant sur mes propres critères, à défaut de connaître ceux qui viendront, je dirais entre 20 % et 25 %. On est loin des 50 % requis pour de l’aide officielle.

J’ai vécu une situation similaire il y a une vingtaine d’années, l’aide du personnel en moins, et j’avais réglé mon problème en m’affectant dans un autre milieu. Cette fois-ci, j’enseigne dans une des plus belles écoles de mon centre de services, située dans un des plus beaux milieux. Malgré cela, j’ai des collègues qui tombent au combat. Et une collègue du même niveau que moi qui, la semaine dernière, a carrément démissionné pour aller relever de nouveaux défis. Une excellente enseignante, très dévouée.

Ce que j’aurais aimé voir, ce qui m’aurait convaincu, c’est un plan d’action à long terme. Des engagements qui vont au-delà de la simple reconnaissance du problème et qui apportent des solutions dont les résultats se feront peut-être sentir plus tard, mais qui au moins donneront de l’espoir à celles et ceux qui finiront par en profiter. Il faut quatre années de baccalauréat et quatre stages non rémunérés pour obtenir un brevet d’enseignement. Pourrait-on remplacer la quatrième année par un stage d’une année complète, rémunéré, en milieu de travail ? L’expérience vaudrait tous les cours ainsi remplacés et on pourvoirait, par des personnes qualifiées ou en voie de l’être, bon nombre de postes jusqu’ici occupés par les « adultes » du ministre Drainville 1.

Pour permettre aux enseignants d’enseigner, il faut aussi considérer l’ajout de classes d’adaptation scolaire. L’intégration à tout prix a permis de sensibiliser les intervenants et la population à la réalité de plusieurs enfants injustement marginalisés jusque dans les années 1990, mais elle a créé l’éducation à trois vitesses et une dévalorisation importante de l’école publique. Entre deux extrêmes, il existe un juste milieu.

Il faut également valoriser le métier de T.E.S. et investir dans leur formation. Ce sont ces personnes qui apporteront la plus grande aide dans les classes. En collaboration avec l’enseignante ou l’enseignant, elles peuvent intervenir en classe ou à l’extérieur de celle-ci, avec un élève ou un petit groupe, tant pour des problèmes d’attitude que pour certaines situations didactiques. Elles soulagent les titulaires d’une multitude de tâches qu’on leur a octroyées à travers les décennies et qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce pour quoi ils ont étudié.

Finalement, il faut investir dans les bâtiments et le matériel. Si les nouvelles écoles sont construites pour répondre aux réalités du 21e siècle, il en existe aussi qui ont été inaugurées dans les années 1960, 1970 ou 1980 et pour lesquelles les infrastructures ont été entretenues, mais peu ou pas modifiées. Et certains ajouteront que même au niveau de l’entretien, les responsabilités n’ont pas été assumées.

Alors voilà. Même si on nous propose une augmentation salariale substantielle, elle est sans intérêt si aucune mesure n’est prise pour améliorer les conditions de travail en éducation. Cet accord de principe ne mérite donc pas notre appui. Depuis les trente dernières années, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de marteler que l’éducation constituait leur priorité, mais, chaque fois, ils ont géré au jour le jour et n’ont jamais élaboré de plan à long terme. On a vu des bâtiments en décrépitude, un écart s’accentuer entre l’école publique et l’école privée, des départs massifs de membres du personnel et des facultés universitaires qui se vident. On panse les plaies, mais on ne se préoccupe pas de la guérison du malade.

Jusqu’à récemment, je me suis tenu loin des questions syndicales. Pour être franc, ça m’ennuyait. Le militantisme me rebutait. J’ai mené cette fois la bataille parce que la cause était juste. Je pense que nous avons convaincu la population de la gravité de la situation. Ce qu’il faut maintenant comprendre, c’est qu’elle deviendra critique si on se contente de ce qui nous est proposé.

Mercredi prochain, je voterai contre l’entente de principe.

1 Saint-Arnaud, Pierre. Bernard Drainville confiant qu’il y a un adulte dans chaque classe pour la rentrée. Le Devoir, Montréal, d’après la Presse canadienne. Le 29 août 2023.


Dans le cours de français

On m’a fait parvenir cette photo, prise dans la vitrine d’une boutique d’un centre commercial.

#LeProfCorrige

Un manteau, des manteaux.
Un mental, des mentaux.

Rien à ajouter.


Dans le cours de musique

Victoria Malenfant est née à Paris, mais vit à Montréal depuis son adolescence. Donnant parfois dans la chanson française et parfois dans le jazz, elle combine ici les deux pour nous offrir sa version personnelle de La Javanaise, de Serge Gainsbourg.

Victoria Malenfant – La Javanaise – Live Session at Sud-Ouest Studio – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Plusieurs journalistes et chroniqueurs de La Presse, dont Mayssa Ferah, Hugo Dumas, Isabelle Hachey, Rima Elkouri et Yves Boisvert, ont fourbi leurs premières armes en participant aux stages d’été qu’offre depuis toujours le quotidien montréalais. Chaque été, je me plais d’ailleurs à rechercher la mention stagiaire sous le nom de l’autrice ou de l’auteur des articles. Eh bien, La Presse embauchera de nouveau des étudiants en journalisme et en photographie l’été prochain, afin de leur donner leur première chance. Une dizaine d’entre eux seront retenus, parmi celles et ceux qui auront soumis leur candidature avant le 16 février.

La relève journalistique, c’est mon Star Académie à moi !