Billet du 9 septembre 2022 : La politique s’occupera de toi

En ce début d’année scolaire, j’ai commencé à enseigner l’univers social à mes groupes de 6e année du primaire. L’univers social se divise en trois volets : la géographie, l’histoire, ainsi que l’éducation à la citoyenneté. C’est dans ce dernier volet que je compte couvrir l’actuelle campagne électorale québécoise.

Très peu de jeunes de 11 et 12 ans s’intéressent à la politique. C’est normal. Ce qui s’avère plus inquiétant, c’est que si je me fie à ce que je lis sur mes réseaux sociaux, il y a également très peu d’adultes, voire d’électeurs, qui s’intéressent à l’actuelle campagne électorale. Je m’attends à la sortie d’au moins un sondage, cette fin de semaine. Si, pour les cinq principaux partis, l’aiguille n’a pas bougé au-delà de la marge d’erreur, le désintérêt général se confirmera.

J’ai raconté l’histoire plusieurs fois, mais c’est par accident que j’ai créé #LeProfCorrige, lors de l’élection générale de 2018. Après avoir, en l’espace de 24 heures, mentionné tour à tour à Jean-François Lisée et Véronique Hivon les fautes de grammaire et d’orthographe qu’ils avaient commises dans leurs publications respectives sur Twitter, je me suis mis à en chercher dans celles de candidates et candidats des autres formations politiques, afin de ne pas me faire reprocher de ne m’attaquer qu’au Parti québécois. Il m’avait alors fallu moins d’une demi-heure pour en trouver partout, et moins d’une journée à plusieurs médias pour s’emparer de l’affaire et me propulser dans un tourbillon qui a duré 48 heures.

Le «buzz» médiatique ainsi généré m’a permis de constater que cette initiative avait créé un intérêt pour le contenant des messages de la campagne, le contenu ne soulevant aucune passion. Le taux de participation à l’élection de 2018 ne s’était d’ailleurs élevé qu’à 66,45 %, soit le deuxième plus bas en 91 ans.

Il se passe des choses importantes dans l’actuelle campagne. Des faux pas, de grands engagements, d’autres qui frappent par leur futilité. Quand un des principaux engagements de la semaine pour une formation réside dans la gratuité des permis de chasse et de pêche pour une catégorie d’âge, on passe outre de nombreux enjeux beaucoup plus considérables. Et à travers tout cela, on entend des propos indignes de gens qui aspirent à diriger ou à continuer de diriger un état.

Le manque d’intérêt des électeurs peut continuer de tirer le taux de participation vers le bas. Et c’est dans de telles circonstances que des surprises peuvent survenir. Le 8 décembre 2008, seulement 57,43 % de la population votante s’était présentée aux urnes. De minoritaire qu’il était alors, le premier ministre Jean Charest avait de cette façon remporté son pari de pouvoir « remettre les deux mains sur le volant ». C’est ce qui m’a fait dire à mes élèves, cette semaine, que si on ne s’occupe pas de la politique, la politique, elle, s’occupera de nous.


Dans le cours d’univers social, deuxième période
Volet éducation à la citoyenneté

C’est ce samedi que nous saurons officiellement qui remportera la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada. J’ose ici une prédiction : les militants devront choisir entre Pierre Poilievre ou une chance de reprendre le pouvoir à la prochaine élection. Ils n’obtiendront pas les deux.


Dans le cours de français

Après « Renpentigny » et « René-Lévèsque », la semaine dernière, voilà que le Parti conservateur du Québec revient avec « Unagva », sur ses affiches.

#LeProfCorrige

Ici, on aurait dû lire Ungava, et non Unagva.


Dans le cours d’éthique et culture religieuse
Volet éthique

La reine Elizabeth II est décédée. Le premier ministre du Québec annonce que les drapeaux seront mis en berne, le chef péquiste s’y oppose.

Je pose une question : si le lieutenant-gouverneur du Québec décédait durant son mandat, mettrait-on les drapeaux en berne ?

Dans l’affirmative, on doit faire de même avec la personne qu’il représente. C’est la simple logique.


Dans le cours de musique

C’est la deuxième fois que je présente une pièce de Lou-Adriane Cassidy, en #musiquebleue. Elle est une artiste que j’estime beaucoup. C’est dans son premier album que je puiserai, cette fois, avec la chanson qui me l’a fait connaître, Ça va ça va.

Lou-Adriane Cassidy – Ça va ça va – C’est la fin du monde à tous les jours – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

Kristof Lelièvre, un adolescent de 14 ans, subissait de graves maux de tête et des nausées. Il a fallu quelques visites à l’Hôpital de Montréal pour enfants pour que l’équipe médicale rencontrée découvre enfin la source du problème : le liquide cérébro-spinal contenu dans sa moelle épinière fuyait à plus de 15 endroits, dans son corps. L’intervention chirurgicale que nécessitait sa situation s’avérait des plus délicates. Mais le succès s’est présenté au rendez-vous et les douleurs ont complètement disparu.

Lire le reportage sur LaPresse.ca.


Journal de vacances du 26 août 2022

Je triche. Je m’autorise un dernier journal de vacances, alors que j’ai officiellement repris le travail cette semaine. Mais comme ma nouvelle cohorte d’élèves me rejoindra en classe seulement lundi prochain, j’étire la sauce. Et ça me permet d’adresser un certain pied de nez à tous ces commerces qui, à travers de nombreuses publicités diffusées dans tous les médias, nous plongent malgré nous depuis un mois dans l’esprit de la rentrée.

Même le géant Amazon s’est mis de la partie, concurrençant nos magasins de vêtements et de rabais. Nos papeteries également. C’est dans ce contexte que la Compagnie de la Baie d’Hudson a annoncé le retour prochain de la bannière Zellers. Pas question cependant d’occuper d’actuels locaux vides dans les centres commerciaux. C’est surtout en ligne que Zellers renaîtra de ses cendres, en plus de s’aménager un espace de la grandeur d’une boutique dans les magasins La Baie.

«Small is beautiful», avançait Leopold Kohr. Zellers a longtemps joué dans la cour des grands. Dans le monde actuel, il deviendra un petit joueur canadien qui tentera de gruger une part de marché à une puissance commerciale américaine. Si l’offre s’avère intéressante, ce dont je demeure persuadé, la bannière mérite que la clientèle sise au nord du 49e parallèle lui donne sa chance.

Mes billets réguliers reprendront la semaine prochaine.


Déformation professionnelle

C’est avec une publication de Jean-François Lisée sur Twitter qu’est né #LeProfCorrige, il y a quatre ans. J’ai eu l’occasion de revoir ses écrits à quelques reprises, depuis. Je le fais de nouveau cette semaine.

Source : Twitter (@JFLisee)

#LeProfCorrige, même en vacances

Je passe outre le fait qu’il ait inutilement abrégé les mots nouvelle et publicité, et qu’il ait omis l’accent grave sur le e de mème. Comme le on indique la troisième personne du singulier, on aurait dû lire Aurait-on, plutôt que Aurais-t-on.


Lecture de vacances

J’admire les gens qui se lancent en politique. Ainsi, lors de mes désaccords avec certaines mesures que ces personnes annoncent, je tente de critiquer leur travail, plutôt que les individus eux-mêmes. J’ai plusieurs fois, plus ou moins subtilement, décrié les actions (ou l’inaction) du ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, dans ce blogue. La journaliste Julie Marceau dresse un bilan objectif de son passage à ce portefeuille, à travers un excellent reportage publié sur le site de Radio-Canada.

Lire le reportage de Julie Marceau, sur Radio-Canada.ca.

Évidemment, il y est largement question des nombreux cafouillages de Roberge depuis le début de la pandémie. Souvent a-t-il dû reculer après s’être avancé dans une mauvaise direction. À l’autre bout du spectre, on souligne son sens de la communication et de la consultation. Aspect méconnu du grand public, parce que moins diffusé dans les médias, on cite certains intervenants qui, tout en déplorant avoir vu leurs positions être balayées par le ministre, confirment avoir été honnêtement consultés par ce dernier.

À plusieurs endroits, on explique les raisons pour lesquelles Jean-François Roberge s’inscrit dans la très courte liste des ministres québécois de l’Éducation ayant réussi à conserver ce portefeuille durant un mandat complet de son gouvernement. Tout se résume simplement : il travaille à faire avancer les positions soutenues par sa formation politique. En ce qui me concerne, la palme de la phrase-choc revient au président du conseil d’administration de l’École ensemble, un organisme qui milite en faveur de l’abolition du financement des écoles privées par l’État.

Et je cite :

« Le ministre Roberge fait partie d’un gouvernement d’hommes d’affaires qui sont convaincus qu’une bonne partie des choses se règlent avec l’argent, qu’on peut attirer des gens en leur donnant des primes. En éducation, ce n’est pas juste ça la solution. »

Claude Lessard, sociologue, professeur et ex-président du Conseil supérieur de l’éducation, propos publiés le 25 août 2022.

Dans mes écouteurs

Le titre de la chanson a d’abord attiré mon attention. Puisqu’il faut se lever réfère depuis longtemps à une populaire matinale radiophonique. Son écoute nous convainc rapidement de sa distinction de l’émission animée par Paul Arcand. L’auteur-compositeur-interprète se nomme Joémi Verdon et donne surtout dans le style country.

Joémi Verdon – Puisqu’il faut se lever – #musiquebleue

La bonne nouvelle de cette semaine

EA Sports a osé ! Sur la couverture de NHL 23, qui arrivera en magasin à l’automne, on verra une joueuse. L’effigie de Sarah Nurse, membre de l’équipe olympique canadienne de hockey, côtoiera celle de Trevor Zegras, des Ducks d’Anaheim, sur la pochette du jeu populaire.

C’est là une belle reconnaissance du hockey féminin.


Billet du 16 octobre 2020

Dans le cours de mathématiques

J’ignore comment s’avérera la deuxième vague de Covid-19 comparativement à la première, mais le Québec demeure, et de loin, l’endroit le plus touché au Canada en termes de nouveaux cas quotidiens et de décès. En ce qui concerne le nombre de décès dus à la Covid par 100 000 habitants, les statistiques démontrent que nous avons dépassé les États-Unis et rejoint le Brésil.

Le quotidien Le Devoir y allait d’une autre statistique, hier, indiquant que plus de 17 000 travailleuses et travailleurs du domaine de la santé avaient contracté le coronavirus depuis le début de la pandémie. De ce nombre, 13 en sont décédés et plus de 400 ont dû être hospitalisés. Et une a reçu un deuxième diagnostic.

Si la lutte à la Covid constitue une guerre, ces gens représentent les soldats qui nous défendent. Leur incapacité, même temporaire, à le faire nous place dans une situation précaire. Je leur lève mon chapeau et leur présente mes plus profonds respects.


Et je cite :

« L’insistance délibérée de nombreux partisans du CH à signer Taylor Hall même si l’équipe n’a pas l’espace salarial nécessaire : un éclairage inédit sur l’endettement des ménages québécois. »

Simon-Olivier Lorange, journaliste à La Presse, le 11 octobre 2020

Dans le cours d’éducation physique

J’ai toujours aimé voir des élèves du primaire former les équipes pour un jeu sur la cour ou au gymnase. On a beau s’attendre à les voir choisir pour gagner, étant donné qu’ils se plaignent régulièrement du manque d’équilibre des équipes, ils en viennent toujours à se regrouper prioritairement entre amis.

J’aime de moins en moins la façon dont le Canadien de Montréal repêche ses joueurs. Comprenez bien, je salue les dernières acquisitions et renouvellements de Marc Bergevin. Le directeur général vient d’améliorer grandement son équipe. Mais lui et Trevor Timmins, son adjoint et directeur du recrutement, sont de nouveau passés à côté de très bons joueurs québécois lors du repêchage de la semaine dernière, n’en sélectionnant aucun. Et pour ajouter à la situation, ils ont échangé un de leurs choix aux Blackhawks de Chicago qui, eux, l’ont utilisé pour repêcher un défenseur des Saguenéens de Chicoutimi.

Stéphane Leroux, journaliste affecté depuis des lustres à la couverture de la LHJMQ, a publié un billet sur la situation. Ce billet rejoint précisément ma pensée. Il mentionne qu’au cours des sept derniers repêchages, le Canadien n’a choisi aucun joueur québécois lors des quatre premières rondes, soit en 29 sélections. Il a ainsi levé le nez sur quelques joueurs d’impact, dont Anthony Beauvillier. Pour avoir moi-même couvert les activités de l’Armada de Blainville-Boisbriand lors de ses six premières saisons dans la LHJMQ, et m’être régulièrement informé sur les recruteurs présents lors des matchs locaux, je confirme que plusieurs équipes de la LNH y ont envoyé des représentants beaucoup plus assidûment que le Canadien.

Comme Leroux, je suis d’avis que le Tricolore ne doit pas coûte que coûte repêcher des joueurs francophones au détriment du talent et des autres critères de qualité. Toutefois, la situation commence à devenir gênante quand on constate l’intérêt plus grand des autres formations pour nos joueurs de la LHJMQ. Seuls quatre anciens joueurs du circuit Courteau (Paul Byron, Phillip Danault, Jonathan Drouin et Jake Allen) s’alignent actuellement avec le Canadien, et ils ont tous été obtenus via le marché des transactions. Le rendement très mitigé de Trevor Timmins dans ses repêchages, tel que je le démontrais dans mon billet du 6 mars dernier, devrait selon moi inciter Bergevin à faire fi à l’occasion des recommandations de son recruteur en chef, et à tenter plus souvent sa chance avec des joueurs ayant poussé dans son jardin. Le bouquet ne pourrait que le faire mieux paraître.


Dans le cours d’univers social

Au cours de la dernière semaine, Paul St-Pierre-Plamondon est devenu le 10e chef de l’histoire du Parti québécois, le 9e successeur de René Lévesque. Beaucoup de travail attend celui qui est perçu comme un identitaire. Il récupère un parti qui forme la troisième opposition à l’Assemblée nationale, avec neuf députés, et devra diriger ses troupes vers un meilleur résultat d’ici deux ans. Il devra aussi composer avec le fait qu’historiquement, le PQ s’est montré plutôt impitoyable envers ses chefs, et que cette course à la chefferie n’a pas soulevé beaucoup d’intérêt dans la population.

Je me suis posé une question quand j’ai entendu que Monsieur St-Pierre-Plamondon devenait le 10e chef de l’histoire de cette formation. Combien de chefs, depuis le départ de René Lévesque, ont mené ce parti à une victoire lors d’une élection ? Si vous avez répondu trois, vous frappez dans le mille. Et encore, Jacques Parizeau demeure le seul à pouvoir revendiquer une victoire sans équivoque. Les troupes péquistes de Lucien Bouchard avaient fait élire le plus grand nombre de députés en 1998, mais avaient perdu le vote populaire, alors que celles de Pauline Marois, en 2012, ont formé un gouvernement minoritaire qui s’est effacé après seulement 18 mois au pouvoir.

Quant à Bernard Landry, il a occupé le poste de premier ministre désigné durant 25 mois, succédant à Lucien Bouchard. Sa seule campagne électorale à titre de chef du PQ s’est soldée par une défaite, en 2003.

En 1985, Pierre Marc Johnson a fait élire 23 députés, soit 57 de moins qu’à l’élection précédente. En 2007, André Boisclair en a fait élire 36, alors qu’en 2018, Jean-François Lisée a mené ses troupes à leur pire résultat en 45 ans, avec 10 députés. Reste Pierre Karl Péladeau qui, élu chef en 2015, quittera la fonction un an plus tard, évoquant des motifs familiaux. Jusqu’à la fin de semaine dernière, il demeurait le seul chef de la formation à ne pas l’avoir dirigée au cours d’une campagne électorale.

Paul St-Pierre-Plamondon hérite d’un parti qui fait actuellement 17% dans les sondages, à mi-chemin entre Québec Solidaire (12%) et le Parti libéral du Québec (22%), face à une Coalition Avenir Québec qui trône toujours à 48%. (Source) Par où commencera-t-il la reconstruction ? La réponse à cette question sera déterminante pour l’avenir de sa formation.


Jouons avec les mots

En réponse à la question de la semaine dernière, croyez-le ou non, le mot s’avère être le seul de la langue française à contenir un u accent grave. La plupart des claviers offrent-ils donc une touche ù pour un seul mot ? Pas si on considère que cette lettre trouve également son utilité dans des mots d’origines bretonne et italienne.

La question de cette semaine, maintenant : Pouvez-vous nommer une dizaine de mots de la langue française qui ne riment avec aucun autre ? Du moins, qui ne riment avec aucun nom commun. Un indice : deux sont des nombres consécutifs.

Réponse dans mon billet du 23 octobre.


Dans le cours de musique

Nominée deux fois au Prix de la chanson de la SOCAN, en 2016 et en 2017, l’auteure-compositrice-interprète granbyenne Rosie Valland donne dans la pop, avec un son qui rappelle les succès français des années 1990. Je l’ai personnellement remarquée avec sa reprise très bien rendue de Désenchantée, de Mylène Farmer.

En #musiquebleue, je vous présente cette semaine la pièce Chaos, tirée de l’album Blue, lancé cette année, cinq ans après la parution de son premier album. À noter que le mois prochain, l’artiste fera paraître un autre album, Bleu, qui reprendra à la voix et au piano six titres de l’album Blue.


La bonne nouvelle de cette semaine

Je l’ai souvent mentionné, je ressens toujours une fierté quand je constate que des gens d’ici s’illustrent à l’étranger. Que ce soit à travers une oeuvre, une entreprise, une prestation sportive ou artistique, le talent québécois reconnu internationalement mérite d’être souligné. C’est donc pour moi une excellente nouvelle d’apprendre que la série Claire et les vieux, du réalisateur Charles Grenier, a remporté le prix de la meilleure série courte lors de la troisième édition du festival CANNESERIES, tenu cette semaine à Cannes. Ce festival honore les séries du monde entier, un peu à la manière de son pendant cinématographique, tenu au même endroit.

Diffusée en six épisodes sur TV5 au cours de l’été, la série Claire et les vieux sera reprise par Tou.tv, cet hiver. Elle raconte l’histoire de Claire (Irlande Côté), une jeune fille de 9 ans qui se voit contrainte d’aller vivre chez sa grand-mère (Muriel Dutil) dans une résidence pour aînés.


Image en titre du billet : Shutterstock